EDJTE PAK LA liEOION C(>M?.IIMSTE DI NOKD Compte rendu de la Conférence Régionale des 17 et 18 Octobre U38 A LIL' E

RAMETTE, Dèoulé, Seoréiaire général de la Région Nous sommi's Te Grand Parti Conijyiuniste aux mili- tantfi d^vouéfi et pauvres, ^nt les noms n’ont jamais ôté mêlés à aucun scandale et que la corruption ne peut atteindre. Nous sommes deÿ^jmjrüsans du plus pur et du pins noble idéal qu^ p'»ssênt ike.piiif)ji()ser les hommes ».

RAPPORT du Camarade Arfhur RAMETTE SECRÉTAIRE GÉNÉRAL

Notre dernière conférence régionale s’est tenue en Décembre 1935 à quelques semaines du congrès de Villeurbanne. L’influence du Parti allait alors en croissant de jour en jour. Ses ef­ fectifs augmentaient sans arrêt. La politique unitaire menée avec consé­ quence par le Parti Communiste avait pour résultats d’accroître la con­ fiance des masses travailleuses à son égard. Tout le Parti se préi>arait dans l’enthousiasme à affronter la ba­ taille électorale. Depuis, que de chemin parcouru! Les succès remportés, et qui peuvent se traduire en chiffres éloquents, ont dépassé toutes les espérances que nous pouvions foimuler alors.

NOTRE GRAND PARTI Le Parti Communiste recueillait 1.500.000 voix, doublant ainsi le nombre de ses suffrages par rapport à 1932. Au lieu de 10 députés dems la législature précédente nous en comptons à présent 72. Dans le département du , de 77.627 voix en 1932, nous passons à 105.364, soit im gain de 27.737 voix. Nous avions deux élus, aujourd’hui, six. Toutes les circonscriptions minières et industrielles de Valenciennes et de nous sont acquises. La 10* circonscription de , jusqu’alors détenue par la réaction, est enlevée par le Parti Communiste, et dans la 4* de Lille, notre camarade Hentgès n’est distancé que de 600 voix, le Parti réalisant sur son nom un gain de 1.795 voix par rapport à 1932. Mais le résultat le pl\*s important, c’est le développement prodigieux de notre Parti au cours de ces derniers mois. Les effectifs du Parti atteignaient 42.000 membres en 1934. Pour- le Congrès de Villeurbanne nous approchions des 100.000. Aujourd’hui, le Parii Communiste compte plus de 275.000 adhérents et au rythme du recrute­ ment, il comprendra 300.000 membres pour la fin de Décembre. La progression des Jeunesses Communistes n’est pas moindre de 15.000 cartes placées en 1934 elles passent à 27.000 en 1936, pour attelj^e ac­ tuellement, 95.000 adhérents. Pour la fin de l’année nous aurons rassemblé autour de nos drapeaux, 400.000 travailleurs, jeunes et adultes, 400.000 hommes, femmes et jeunes, groupés, rassemblés pour que triomphe le communisme et qui veulent par lui, réaliser xme France, libre, forte et heureuse La progression des effectifs du Parti, pour être d’abord plus lente fiftna notre région, s’inscrit, à préseitt, par des résultats aussi encourageants que ceux que je viens de citer. 2 -

Nous ne sommes i>*is restés en arrière. Plus lent peut-être à nous met­ tre en branle nous avions quelque retard sur d’autres réglons, aujourd’hui la distance qui existait entre elles et le Nord est, je puis dire, comblée. Com­ me nous ne manquons pas, quoique homme du Nord, d’enthousiasme et que nous savons y joindre une grande ténacité, nous poursuivrons notre che­ min en enregistrant de nouveaux succès. En 1933, la région du Nord comptait pour les deux départements qui la composaient alors, 3.515 adhérents. Pour 1934, elle en comptait 4.455. Pour le 31 Octobre 1935, 8.260, dont 5.657 pour le seul département du Nord. Or, en fin Septembre, nous comptions dans le Nord 16.270 timbres de contrôle placés dans les cellules. Si nous ajoutons 8.000 timbres pour le Pas- de-Calais, ceci fait, en tout. 24.000 adhérents au lieu de 3.513 en 1933 et 4.465 en 1934, groupés dans les anciennes limites de la région du Nord. Grâce au succès qu’il a remporté depuis deux années, le Parti com­ muniste est, par son influence et son rayonnement dans les masses, par la place prépondérante qu’il a prise dans la politique de ce pays, tout autant |ne par l’importance de ses effectifs et la valeur de ses cadres, le plus grand Parti politique de la France. Mais, ce quil faut retenir, c’est que la progression du Peirti Commu­ niste, tant en influence qu’en effectif, résulte normalement des succès po­ litiques qu’il a remporté grrâce à une action conforme aux intérêts des grandes masses laborieuses. Le Parti Conomunlste, depuis 1920, depuis le Congrès de Tours ne s’est p>a8 résigné à la scission du prolétariat. Il a lutté pendant quinze rtih sans répit pour la liquider. Ce combat, il l’a mené sans transiger sur les princi­ pes fondamentaux qui sont à la base du socialisme marxiste. Il a développ>é les enseignements de Lénine. Et nous pouvons bien effirmer, aujourd’hui, ce que l’histoire enregistrera sans l’existence d’un fort Parti Communiste le prolétariat de ce pays aurait été écrasé par le fascisme, comme l’a été celui des p>ay8 ou la social-démocratie a dominé et a pu faire p)énétrer à forte dose le poison de « l’opportunisme ».

LES RAISONS DE NOS SUCCES Le mérite de notre Parti réside dans le fait que, sans abandonner sa lutte Idéologique pour la constitution d’un véritable Parti politique du pro­ létariat, il a su se mettre au premier plan de la lutte pour les revendications innumédiates des classes laborieuses. Ein agissant ainsi le Parti Communiste s’inspirait du manifeste commu­ niste de Marx et Engels, dont les p>ages restent et resteront longtemps encore, pleines d’actualités et où l’on pout lire: € Les commvmistes combattent pour les intérêts et les buts immédiats de la classe ouvrière, mais dans le mouvement présent, ils défendent et représentent en même temps l’avenir du mouvement. » p)ermettre aux travailleurs de ce pays de combattre victorieu­ sement contre le capitalisme pour « ses intérêts et ses buts immédiats » les communistes ont indiqué aux travailleurs le moyen indispensable: l’unité d’action. Nous avons été, depuis 16 ans, les ap)ôtre3 du Front unique. Avec des foitxmes diverses nous avons poursuivi inlassablement notre chemin. Les refus et les Insultes ne noua ont pas rebutés. Notre confiance dans le prolétariat restait entière. — 2 —

POUR UNIR Il serait difficile de relater toutes les étape» de notre action pour abou­ tir à la réalisation du Front Unique. Déjà, le grand rassemblement d ’Amsterdam Pleyel, convoqué par Romain Rolland et notre regretté Henri Barbusse, avait connu un grand succèe, grâce à notre participation. Les événements de Janvier et de Février 1934 firent le reste. Même quand on nous répondait « non > les travailleurs étaient acquis à cette idée du Front Unique dont nous avions été les protagonistes. Devant la menace du fascisme, il devint tme réalité et nous avons abouti à la «égna- ture du Pacte d'unité d ’action qui reste et restera toujours pour nMis, les communistes, une chartre inviolable. Ce qui restera a .lamais l’honneur de notre Parti Communiste, c’est non seulement d ’avoir su trouver le chemin de l’unité politique du prolé­ tariat, mats aussi, d ’avoir su à temps, imir les classes moyennes au pro­ létariat pour conjurer le danger fasciste et orienter la politique de ce pays vers « un cours nouveau.. » Le 9 Octobre 1934, deux jours après le premier tour de scrutin des élections cantonales, au cours d ’une séance du comité de coordination, les représentants de notre Parti Commvmiste proposaient à nos camarades so­ cialistes « d ’étendre le pacte, d ’attirer de nouvelles forces, de travailler ensemble à l’imité syndicale. » L’accueil ne fut pas très chaleureux.

LE FRONT POPULAIRE S’EST REAUSE Seulement les communistes ont cette qualité d ’être tenaces et de ne pas céder quand il le faut. Le lendemain, dans un meeting à la salle BuUier, notre camarade Thorez lançait, au nom de notre comité central, l’idée d ’un vaste rassem­ blement populaire: « Nous sommes prêts, disait-il en notre nom, à aider et à soutenir tout effort réel pour le maintien des libertés démocratiques, pour la résistance aux attaques des bandes fascistes. > Il ajoutait < nous avons proposé au Parti Socialiste de dresser le pro­ gramme des revendications populaires du Front Unique. Ziromskl nous a dit que cela était possible. Tamt mieux. Ainsi nous avancerons. Ainsi nous cour­ rons sceller l’alliance des classes moyennes avec la classe ouvrière... » € ... A l'œuvre tous les communistes seront comme toujours à la pointe du combat pour le pain, pour la liberté et pour la paix. » Quinze jours plus tard, à la veille du congn:és radical de Nantes, et dans cette ville, renouvelait publiquement les propositions de notre Parti Communiste: € L’action populaire, disait-il, que nous proposons pour barrer la roule au fascisme, peut susciter un grand courant d ’enthousiacme dans le pays. Nous sommes prêts à nous engager de toutes nos forces dans cettq^g^lctlon et à soutenir ces revendications avec une telle force qu’elles pourront abou­ tir môme sur le terrain parlementaire. € Convaincus que la thèse d ’un gouvernement d ’union nationale est absolument contraire à la pensée des travailleurs, nous sommes prêts à met­ tre tout en œuvre pour organiser solidement, jusque dans les plus petits villages, autour des comités élus par tous les travailleurs, le large front populaire qui fera triompher la cause de la liberté et de la paix. — 4

€ Notre appel loyal a tous les partisans de la liberté ne restera pas sans écho parmi les travailleurs radicaux, c’est le souhait que nous formu­ lons et les événements de demain permettront, nous en somm^ certams, que se constitue au front de la réaction et du fascisme, le Front Populaire de la liberté, du travail et de la paix. > Certes, les critiques n’ont'pas manqué. Elles s élevaient de droite ; mais, aussi, a’au très voulaient absolument apparaître de gauche. C’était le moment, ne l’oublions pas, où tout une floraison de plans plus ou moins miraculeux venaient d ’éclore. Chacun voulait avoir le sien. On reprochait au programme que nous soumettions pour base de se rassemblement de ne pas contenir des mesures de « nationalisation » et de ■r .socialisation s>. Un ministre d ’Etat de l’actuel gouvernement déclarait alors qu’il se considérerait comme déshonoré s’il apposait sa signature au bas d ’un tel programme. Dans une lettre au Conseil National Socialiste, le 24 Novembre 1934, le Bureau Politique de notre Parti Communiste disait: <■ La défense des revendications Immédiates des masses travailleuses constitue un des points essentiels de la lutte antifaciste autrement efficace à l’aide desquels d ’aucuns prétendent sauver le monde. » La réponse qui vient, écrite tout entière par notre camarade Blum, fût Il nous paraît impossible d ’apposer la signature de notre Parti et la signature du vôtre, au bas d ’un « programme commun » qui ne contient pas une seule mesure d ’essence socialiste. » La réponse de notre comité central précisant la conception du Parti Conimuni.ste disait :

V La population laborieuse des villes et des campagnes supporte le poids écrasant d ’une crise sans précédent et les fascistes essaient de faire miroiter à leurs yeux des solutions miraculeuses. Nous pensons qu’il est indispensable de rassembler ces travailleurs sur un programme d ’action cor­ respondant à leurs préoccupations immédiates. Tout en proclamant sa volonté de renverser l’ordre social tradition­ nel et d ’instaurer le socialisme, le Parti Communiste, sans demander à qui que ce soit d ’épouser « à priori » ses conceptions entend tout mettre en œuvre pour dr6.sser face au fascisme le front populaire du travail, de la liberté et de la paix. « Il fera tout pour que les victimes de la crise, au lieu de se laisser aller au désespoir, redressent la tête, entrent en bataille et soient à même de percevoir par delà les luttes revendicatives quotidiennes la grande ba ­ taille que finiront par Uvrer la cl^se ouvrière et ses alliés à la féodalité financière moderne, au régime capitaliste qui, pour se survivre, s’engage dans la vole du fascisme. > Quand on relit ces lignes, à deux années de distance, l’on ne peut, en toute bonne foi, s empêcher de constater la clairvoyance prophétique de notr^ Parti Communiste. Au mirage des plans, à l’illusion d ’un socialisme s’intégrant pièce par piece, morceau par morceau dans le régime actuel, il a opposé « un pro­ gramme d action correspondant aux préoccupations immédiates « des tra- vailleuis qui était seul susceptible de rassembler le maximum de parti­ sans pour la lutte contre le fascisme. » Il fallait tout faire pour que « les victimes de la crise au lieu de se laisser aller au désespoir, redressaient la tête >, et noua y sommeeparvenu®- i.^POIE DES MASSES LABORIEUSES \^dmarade9, maintenant que deux années se sont écoulées, depuis lors, nous pouvons dire à tous les raisonneurs d ’alors « qui a eu raison ? » Nous pouvons bien dire que sans le Front Unique, sans l’union des classer moyennes et du prolétariat, le fascisme aurait triomphé. Le déses ­ poir et le découragement aurait pris place là où noue avons su créer la confiance et l’enthousiasme. Nous avions dit: « Il est possible sans aller encore vers la République des Soviets de France que veulent et que réaliseront les communistes de faire une autre politique que celle de Doumergue et de Laval. > Cette politique elle a été entreprise depuis juin dmier. La liste des lois sociales votées en quelques semaines est impressionnante et, parmi cel­ les-ci, se détachent la loi de quarante heures, les congés payés, les con­ trat® collectifs, l’office du blé pom* les paysans et quelques mesures par trop timides encore pour les classes moyennes, le petit commerce et la petite industrie. ------Nous, les communistes, qui avons oeuvré de toutes nos forces pour que se réalise l’unité syndicale, nous qui sommes les initiateurs du F'ront Popu­ laire, avec quelle joie nous saluons le développ>ement prodigieux de la C.G.T. au cours de ces derniers mois. Juin 1936 a connu le mouvement social le plus important qui se soit _ déroulé dans ce pays depuis la Commune de Paris. Les ouvriers ont employé une tactique nouvelle: l’occupation des ’ si- nes qui, dans l’état d ’organisation dans lequel se trouvait alors le proléta­ riat, pouvait seul leur permettre de triompher. Il faut le dire, parce que c’est à la fois une vérité et un enseignement sans ce mouvement social, au cours duquel la classe ouvrière de ce pays a montré sa maturité politique en le maintenant dans !« cadre corporatif et revendicatif ainsi que par son calme et sa discipline, les grandes lois so­ ciales votées ne l’auraient paa été avec une aussi grande rapidité. Il a permis de vaincre les hésitations, les réticences et les résistances. Le Sénat, si lent à se mouvoir d ’ordinaire, a rais, cette fois, un empressement qu’on souhaiterait lui voir adopter toujours pour permettre à la majorité du Front Populaire de poursuivre sa mission jusqu’au bout. Cette grève a permis aux ouvriers de retrouver, en partie, le pouvoir d ’achat perdu et, ce qui est mieux, de faire respecter le droit syndical de ­ puis longtemps méconnu et bafoué. Le résultat le plus important peut-être qui on est résulté c’est une C.G.T. forte à présent de 5.000.000 d ’adhérents, dont le poids spécifique et la force morale qu’elle représente pèsera d ’une façon décisive clans la mar­ che en avant des forces de démocratie contre la réaction et le fa.^cisme. Camarades, quand notre Parti peut se louer d ’avoir été l’initiateur du Front Unique et du Front Populaire, quand cela ne fait aucun doute pour l’immense majorité des travailleurs de ce pays, il n’est pas étonnant qu’il puiiæe enregistrer un afflux sans cesse accru de nouveaux combattants qui rejoignent ses rangs.

FIDELES AU FRONT POPULAIRE * Nous les communistes, nous avons servi loyalement la cause du Front Populaire. Quand on nous a invité à prendre place dans le ministère que préside notre camarade Léon Blum, nous n’avons pas accepté et nous avons dit pourquoi. Les événements de l’heure nous donnent encore une fois de plus raison. CTest vrai que la réaction et le fascisme auraient pu arguer de notre présence au sein du gouvernement pour rendre difficile sa tâche par la pression, exerce auprès d’ime parüe des clauses moyeimes La cam^ne engugée contre nous, depuis plusieurs semaines, en particuliei, ne fait que confirmer cette appréhension. . D’autres que nous auraient été plus pressés oe devenir ministres. L hon­ neur que réclame un communiste c’est de servir le peuple. Quand 1 heure fut venue pour nos camarades espagnols d’entrer dans le gouvernement du Front Populaire, ils n’ont pas hésité. Nous souhaitons de^n’être pas acculé à la situation ’dan.s laquelle sont placés nos camarades d’^^pague. Il suiriia pour cela d’appliquer intégralement et sans défaillance, le programme du rassem­ blement populaire. Mais, si d’aventure il en était ainsi, nous saurions prendre la place de combat qu correspondrait à nos responsabilités. Mais, sans être dans le gouvernement, nous avons agi avec loyauté vis- à-vis de nos mandants et des engagements pris. Notre camarade Léon Blum a dit à Lens, dimanche dernier : « Nous sommes le premier gouvernement auquel le Parti Commimiste ait accordé im soutien que lui-même a tenu à qualifier de collaboration ». Il aurait pu ajouter que ce soutien fut sans éclipse et détaché de toutes les manœuvres parlementaires habituelles et que jamais il n’a trouvé d’obsta­ cles de notre part pour réaliser le programme du ra.çsemblement popv.laire. Mais, si nous sommes loyaux, nous tenons qu’on le soit à nos côtés et que le même respect des engagements pris soient observés par toutes les partie» contractantes du Front Populaire. L’on ne nous taxera pas d’impatience et de nervosité. L’œuvre entreprise n’est pas mince. Notre camarade Duclos au nom du B. P. a écrit « qu’il n’y Souvenirs d’ancien soldat ! aurait pas trop de toute une législature pour réaliser et mettre au point le programme du Front Populaire ». Il ne s’agit pas, en effet, seulement, de voter les lois, il faut encore les apppliquer. Des mesures doivent être envisagées pour mettre au pas les saboteurs et leur empêcher de nuire. Il faut surtout empêcher les factieux de semer la division dans le pays et de préparer la guerre civile. L’œuvre entreprise est loin d’être achevée. Il faut la mener jusqu’au bout en faisant une réalité de la partie du programme qui a trouvé sa tra­ duction dans notre législature.

LA DEVALUATION Or, la condition première, pour mener jusqu’à son terme normal l’expé­ rience du Front Populaire et ne pas le discréditer, c’est de ne pas s’écarter du programme qui nous est commun. Or’ nous considérons que la dévaluation monétaire aurait pu être évitée si 1 on s en était tenu strictement au programme du rassemblement populaire. L on a qualifié cette manipulation de notre monnaie, « d’alignement monétaire », de « traité de paix financier ». Il fallait bien donner un nom à cet enfant, mais cela s’appelle : la dévaluation. Et, quelles que soient les mesures prises, les conséquences n’en seront pas heureuses pour les travail- lei^. Nous sommes assez avisés par les expériences des autres pays qui nous ont précédés aans cette voie, la Belgique, en particulier, pour savoir que cette mesure qui suit toujours une politique de déflation, n’a d’autres fins que celles e mre payer les pauvres. Quand le capitalisme a usé jusqu’aux termes possibles dre la d^ation pour sauvegarder les profits, en faisant supporter les conséquences de la crise aux travailleurs, il a recours aux manipulation.s monétaires en vue desquelles il a auparavant prémuni ses capitaux. La dév^uation, c’est la hausse des prix que l’on le veuille ou pas. C’est donc pour 1 ouvrier, un salaire déprécié, pour le fonctionnaire, un traitement réduit, aineâ que pour les petits rentiers et l’épargnant, la réduction de leurs nus fixes. Certes, ies véritables responsables ce sont les hommes de réaction, les Doumergue, les Laval, dont la politique de déflation et de décrets-lois de misère, faite au profit du grand capital, devait préparer la dévaluation. Ce sont eux, qui ont laissé une trésorerie grevée de 7 milliards de défi­ cit et pins de 14 milliards d’inflation camouflée. Ce sont elles, les obgarrhies fmancière.s qui ont toiit fait pour détourner l’épargne française de l’empnint et qui ont provoqué l’hémorragie d’or et de devise pour acculer le gouvernement à la dévaluation. Cela est vrai, mais, il est non moins exact que l’on aurait pu l’éviter si on en était tenu aux engagements pris. Notre camarade Vincent Auriol a révcélé à la tribime de la chambre, au cours de la première session de cette législature que 60 milliards étaient « thésaurisés », dont 25 milliards d’expor­ tés par ceux qui se prétendent « grands patriotes ». Alors, ce qu’il fallait, c’était prélever sur les capitaux ou tout au moins, prélever un impôt progressif et supplémentaire sur les gros revenus, en établissant un contrôle rigoureux sur les sorties d’or, en frappant sans défail­ lance ceux qui font litière des intérêts de la nation en exportant l’or. Il y a clans le programme du rassemblement, des noesures financières et fiscales qui auraient pu permettre d’éviter cette opération monétaire. Ce qu’il y a de g^ave, c’est que l’on a la nette impression que l’on recule devant la réaction et le fascisme. L’on ne peut concevoir la politique qui mène à la dévaluation d’un autre point de vue. C’est parce que l’on hésite, on recule devant la mesure qui con­ siste à faire payer les riches que l’on a laissé acculer à la dévaluation moné­ taire.

IL NE FAUT PAS RECULER DEVANT L’ENNEMI Ce n’est pas seulement à ce propos que l’on enregistre une politique de concession. Le patronat sabote les lois sociales, se refuse de les appliquer et c’est contre les ouvriers que l’on se tourne, non seulement pour leur reprocher de faire grève ; mais, pour les chasser des usines par la force comme dans le XV' arrondissement. L’agitation fasciste reprend de plus belle, Dorgères tente d’affamer Paris, La Rocque et Doriot mobilisent leurs troupes à Paris, et l’on interdit les meetings communistes dans la Capitale et en Alsace-Rorraine, cédant ainsi aux chantages de la réaction, et du fascisme de l’intérieur et de Hitler. Cette politique de capitulation sur le plan intérieur se conjugue avec le recul devant le fascisme et l’hitlérisme. L’on propose à Genève de chasser le représentant de l’Ethiopie de la S. D. N. et sous prétexte de neutralité, on établit im véritable blocus autour de l’Espagne Républicaine. De plus en plus, la réaction et le fascisme redressent la tête, et dans le même temps, notre Parti Communiste est l’objet d’attaques haineuses et convergentes de leur part. Nous ne pouvons que nous féliciter d’avoir mérité leur haine. C’est la preuve que nous servons vraiment la cause du peuple. Evidemment, la bourgoisie capitaliste prend peur en constatant le déve­ loppement formidable de notre Parti Communiste. La C.G.T., dont les ef­ fectifs ont sextuplés est elle-même l’objet d’attaques violentes des agents de la réaction. L’on voudrait nous abattre, détruire cette force ouvrière qu’est notre Parti et que constituât, d’autre part, les syndicats. • La chose n’est pas si aisée et facile. Elle s’en rend compte, la grande bourgeoiBie, mais nous aurions tort, surtout en France, de sous-estimer sa capacité de manœuvres et d’action. ^ i Elle comprend très bien que tant que le Front Populaire ^tera, d sera malaisé de porter des coups décisifs à notre Parti et a la classe ouvrière. De là son acharnement à le rompre. . , , Dans la mesure où l'on recule devant elle en se refusant de la faire payer et en pratiquant la dévaluation qui lui est profitable, elle ne peut que s’en servir pour aviser le mécontentement des masses de travailleurs qui s'îndigfnent de voir que certains engagements ne sont pas respectés.

LES MANŒUVRES DES ENNEMIS DU PEUPLE L’on tente d’opposer la classe ouvrière aux paysans et aux classes moyennes. La presse réactionnaire insiste, en exagérant leur importance, sur les grèves et les occupations d’usines. L’on se tait sur le fait que les patrons ne tiennent pas leurs engagements et ’on parle de « soviétisation des usi­ nes ». C'est le grand patron du textile, Thiriez, qui donne le ton, et ce men­ songe est repris en cœur par une pre,sse servile et vénale qui essaie de ren­ dre le Parti Communiste responsable des grèves et de l’occupation des usi­ nes. La révolution est même annoncée à date fixe. Quant au Parlement nous demandons des mesures pour protéger la clas­ se ouvrière, tout au moins en partie, contre les conséquences de la dévalua­ tion, la réaction nous reproche de sacrifier les paysans aux ouvriers. Cette accusation est reprise au Sénat par un homme qui doit cependant beaucoup à la classe ouvrière qui lui a épargné le poteau de Vincennes. L’on veut ignorer que seul notre Parti a su tenir aux grévr-ites, en Juin dernier, im langage clair pour le prémunir contre les exagérations, quand notre camarade 'Thorez déclarait « tout n’est pas po.ssible », il faut savoir ter- mmer une grève quand les principales revendications sont obtenues, l’on ou­ blie les déclarations de notre camarade Frachon à la conférence nationale de notre Parti, à propos de l’occupation des usinea Si ias grèves persistent c’est que le patronat ne respecte pas sa signa ­ ture, c’est même parce que cela rentre dans le cadre de sa politique de les provoquer, de les susciter pour aboutir dans son entreprise de division. Ce ^nt ceux-là même qui ont poussé la paysannerie à la ruine qui ten­ tent aujourd hui de la dresser contre le Front Populaire en lui faisant croi­ re qu’il agit au privilège exclusif de la classe ouvrière. L on voudrait nous ramener à. .Tuin 1848, ou après avoir dressé les pay- sa^ contre la classe ouvrière on put se permettre de la saigner, politique qm devait conduire la France dans les bras de Louis Napoléon Bonaparte. ' oici maintenait que notre Parti ne peut plus organiser une réunion ^ voire de compte rendu de mandat de ses élus sans être ac" cusé de fomenter la révolution. Ils sont parvenus, reconnaissons-le, à impressionner nos alliés du Front tie “S dernières semaines, au point que les interdic- ont été prlseï en oinclusion de leur campagne de chantage. avec force sur la nécessité de ne as capi­ tuler sans arrêt devant le fascisme avec^"t^do%^nr populaire, pour lequel nous avons œuvré défaillance. Nous som­ mes restes fldeles au serment du 14 juillet 1935 et notre volonté c’est de tout faire pour conduire l’expérience jusqu’au bout voionie, c est ae nea travaiUeurs, des paysans, des classes moyen­ nes .,ur le danger que représenterait pour eux la rupture du Front populaire. Nous n.u . .dressons r .ut particunérement à nos ca^iar^^ à nos — 9 amis radicaux, à tous Ica démocrates sincères, en un mot, à tous ceux avec qui nous luttons en commim contre îa réaction et le fascisme pour leur faire comprendre et entrevoir quelle menace renferme pour le pays une tell» éventualité. Lia rupture du front populaire pourrait avoir pour conséquence la mise à l’encan des lois sociales votées depuis Juin dernier. n est évident qu’il faudrait compter sur la résistance ouvrière. Mais, U faut prendre garde que les désillusions qui résulteraient dans les mc.'^ses d’un échec du Front Populaire se traduiront par répercussion en un affai­ blissement des forces ouvrières organisées. C’"!st à quoi tend la grande bourgeoisie qui voudrait mettre obstacle à l’appKcation des 40 heures, des congé® payés et des contrats collectifs. C’est ce que désirent les grandes oligarchies financières, les trusts qui veulent continuer de pressurer les paysans et les classes moyennes. Cest ce que veulent les deux cents familles qui ont la volonté de faire de la dévaluation une opération fructueuse dont le prolétariat et tous les travailleurs feraient les frais. Par les désillusions et le décoiuagement. par une répression plus bru­ tale que jamais, ce à quoi ils voudraient aboutir, c’est ouvrir la voie au fascisme. Les communistes ne sont pas décidés à se laisser acculer à une telle éventuaité. H a su dresser dans le pays toutes les forces saines désireuses de ne pas laisser la France être la proie de la barbarie fasciste. Il maintiendra cette cohésion des forces répubbeaines quoique l’on fasse. Le plus grave à l’heure actuelle, c’est que la campagne menée par la pire des réactions trouve des échos dans les rangs des partis qui composent le Front Populaire. Les récentes mesure.s pri.s€s par le Gouvernement à notre égard en interdisant les réTinions en Alsace Lorraine, les discours de Cihautemps à Angers, prouvent, non seulement que l’on cède au chantage des adversaires, mais qu’on se laisse gagner à leurs arguments et à ceux des radicaux qui, comme Eîmile Roche, ont pris l’initiative, à l’aide de faux, d'engager une croisade anti-communiste dans le pays.

NOUS NE PERMETTRONS PAS QU’ON BRISE L’UNION DES OUVRIERS DES PAYSANS, ET DES CLASSES MOYENNES Mais ce qui nous peine le plus — je ne dirai pas nous gêne — c’est de trouver des militants socialistes pour faire écho à cette campague si bien orchestrée de l’adversaire. Dans la tribime libre du POPULAIRE il n’y a place que pour des at­ taques venimeuses contre notre Parti. Dans des articles où la vérité est sciemment déformée l’on se prête à des interprétations fantaisistes de notre politique. Dans les journaux comme la BATAILLE, i’ECLAIREUR, l’AVENIR, l’on peut constater sur six ou sept articles, en première page, cinq ou six dirigée contre le Peirti Communiste. Dans le POPULAIRE de samedi 11 Octobre on peut lire sous la plume d’ un article où, après avoir Indiqué qu’ü n’y a place pour aucune critique à l’égard de la réaction, mais par contre voici ce qu’on dît de bous: — 10

C ar sans esprit de polémique aucun, on peut bien dire que les raisons données'par nos camarades communistes pour expliquer les revnremente fan ­ tastiques que leur parti a opérés depuis deux ans, si eiks font apparaître ia présence d’hommes clairvoyants à la direction du Kommtern, ne sont pas s^- fisantes pour empêcher les ouvriers du Nord de se dire que îa scission a été pour le moins inutile et qu’on a perdu quinze longues années, puisque, tout compte fait, sous des vocables peut-être un peu différents, on en est revenu à des inétliodes d’action et à des conceptions qui fd:ent toujours celles du so ­ cialisme français. , . ^ „ A. LAURENT. Qu’il nous soit permis de ne pas répondre à une telle argumentation. Ce que nous sommes heureux de constater c'est que, tandis que nos effectifs atteignent présentement 17.000 membres, la Fédération Socialiste prétend en compter 19.000 et. loin de chicaner ce chiffre comme des boutiquiers, nous nous réjouissons en pensant que l’unité politique réalisée — car nous y son ­ geons toujours camarade Laurent - - nous serions 36 à 40.000 membres au départ dans la Région du Nord du Parti Unique de la classe ouvrière, II faut en finir avec cette politique de division. Il n ’y a pas de Front Populaire possible sans le Parti Communiste. Des hommes comme Roche, Dominique et d’autres tentent de propulser cette idée qu’il faut faire sans le Parti Conununiste, qu’il faut le « jeter par-dessus bord ». Le Parti Commu­ niste c'est 275.000 membres, 1.500.000 électeurs et plus demain encore. Le Parti Communiste c’est l’initiateur, l’aile marchante et la plus agissante du Front Populaire et sans lui il n ’existe pas. Sans le Front Populaire, c’est la place aux coalitions du centre qui ne peuvent qu’avoir pour but dans la situation actuelle de préparer comme Brü- ning, Schleicher, von Papen, la venue du fascisme. Le radical Albert Bayet vient de dire ce qu’il pensait à cet égard dans l’ŒUVRE en termes excellents: Rompre cette alliance, ce serait frayer la voie aux hommes de l’heu- « re H, favoriser les organisateurs de guerre civile, livrer la France au fas- « cisme. » On ne peut parler plus clairement. Et ici j’ajoute que si parmi ceux qui se laissent aller au chantage des adversaires du Front populaire, certains croient trouver grâce auprès du fascisme par leurs attaques contre le communisme, qu’ils prennent garde, il ne leur pardonnera pas. L’exemple de l’Allemagne est là édifiant à cet ^ard. Hitler a tout plié à sa loi, les syndicats, le clergé. Personne n ’a trouvé misé­ ricorde auprès de lui. Qu’il me soit parmis de citer encore un extrait de l’article du citoyen Albert Bayet qui met en garde certains de ses amis contre cette dangereuse illusion : « Il est vrai que les fascistes affectent de dire, depuis quelque temps € qu ils en veulent aux seuls communistes, mais quoi, Herriot était-il com ­ muniste quand ils 1 ont traîné dans la boue ? Daladier était-il communiste « quand üs ont organisé contre lui l’émeute sanglante? Chautemps était-il « communiste quand ils l'ont traité d’assassin? Non seulement ils ne l’étaient « pas, mais le Parti radical, en majorité, avait accepté l’Union Nationale. C’est « en réponse a cette concession que les fascistes ont tiré sur lui à boulets « rouges. » Combien le citoyen Bayet a raison d’avertir ses amis que toutes con ­ cession envers le fascisme se traduit par une plus grande arrogance de

Parlant du caractère même du fascisme et de sa variété la plus réac­ tionnaire, le fabisme hitlérien, notre camarade Dimitrov, héros du procès de Leipzig, disait dans son rapport au VII» congrès de l’I.C.; 11 —

« ... Ce n’est pas seulement un nationalisme bourgeois, c’est un chau­ vinisme bestial. C'est un système gouvernemental de banditisme politique, un des éléments révolutiomiaires de la paysannerie, de la petite bourgeoisie et système de provocations et de tortures à l’égard de la classe ouvrière et des intellectuels. C’est la barbarie médiévale et la sauvagerie. Que ceux qui seraient prêts à céder au fascisme en lui sacrifiant le cora- munLsme réfléchissent et méditent sur ces paroles du vaillant militant bulgare qui a eu le courage d'affronter et de tenir tête à la meute hitlérienne. Quant à nous, les communistes, nous ne sommes pas réélus à nous laisser impressionner par les menaces de ceux qui rêvent de réduire le peu­ ple de France au plus odieux des esclavages.

CE QUE NOUS VOULONS Nous voulons éviter à notre pays les horreurs de la bai'barie fasciste et nous mettrons toutes les ressources de notre énergie pour lui barrer la route définitivement. Nous, les Communistes du Nord, nous avons assez souffert de l’exploita­ tion capitaliste pour permettre à la pire des réactions de faire la loi chez nous. Dans ce département au sol si fertile, au sous-sol si riche en houille, où l’industrie est à la fois si concentrée et si puissante, nous voulons que ceux qui peinent vivent de leur travail. Nous voulons aider les ouvriers à arracher au patronat arrogant et sans pitié de notre département une part toujours plus large de son profit pour que leur existence soit moins misérable. Nous voulons que l’ouvrier puisse vivre ailleurs que dans ces taudis infects sis dans des ruelles étroites et puantes, sans air et sans soleil. Nous le voulons parce qu’il faut sauver notre race et mettre un terme à la dénatalité qui met en péril notre pays. Nous le voulons avec d'autant plus de force que les prolétaires que nous semmes, nos pères, nos arrières-grand’pères, nous avons par notre travail donné naissance aux fortunes immenses que possèdent les barons du tex­ tile et les magnats de la houille et du fer. Nous le voulons avec d’autant plus d’énergie que grâce à ces fortunes, ils peuvent insulter notre misère par l’étalage de leur luxe, en bâtissant des châteaux et des demeures princières tandis que nous sommes astreints à nous loger dans les taudis, dans les corons noirs et tristes. Or, si le fascisme triomphait ce serait pour des années toute nos espé­ rances déçues. Ce serait la fin de nos libertés et nous serions rejetés dans la plus noire des misères, pour des années et des années dans une vie sans lu­ mière et sans joie. Nous sommes sûrs que ces sentiments sont partagés par nos camarades socialistes et par tous les travailleurs qui tiennent à la liberté comme à la prunelle de leurs yeux. Plus que jamais, il est nécessaire que les communistes préconisent l’union de tous les travailleurs. ------« Sans cette union, proclame le manifeste du congrès de Villeurbanne, la nuit noire se serait abattue sur notre pays. « L’union qui nous a sauvé jusqu’à maintenant des malheurs du fascisme peut seule nous sauver définitivement. » ,Ces paroles ont aujourd’hui encore leur plein sens comme, alors, au Con­ grès de Villeurbanne. Notre tâche esaentieUe reste pour nous, communistes ,celle fixée par notre VIII* Congrès National: Réaliser la réconciliation française, l’union de la Chaque semaine, les secrétaires régionaux et les membres du bureau présents à Lille, discutent de « L’En­ chaîné » avec les camarades rédacteurs. lie gauche à. droite ; Hentgès, Descharaps, Casteur, des J. C. ; Æangulne, üfartha Desruniaux. - Debout : ■|\<ï«meton et De Vestele. ______13 —

PAS « D’UNION SACREE », PAS « D’UNANIMITE » S’agit-il, comme certains l’ont prétendu, de ressusciter « l’union sacrée » à propos de notre « front français. s> Jamais-nous n’accepterons d’unir le sort du prolétariat à celui du ca­ pitalisme exploiteur. Ce n’est d’ailleurs pas nous qui avons parlé « d’unanimité possible en cas de guerre. Nous ne croyons pas possible une telle unanimité de la Nation car elle ne pourrait résulter que de l’abandon de la lutte contre la bourgeoisie capitaliste, de l’abandon de notre doctrine révolutionnaire. On ne peut faire l’unanimité entre les exploités et Içurs exploiteurs. On n’as­ socie pas les bourreaux et leurs victimes. Mais nous pensons qu’une large politique d’union peut rassembler tous ceux qui vivent de leur travail à quel que titre que ce soit. Ne peut-on pas, en excluant de cette union les 200 familles et ceux qui servent leur politique d’oppression, leurs prébendiers, leurs garde-chiourmes et les chefs factieux à leur solde, tout faire pour rapprocher du Front Populaire la masse des travailleurs qui a été entrainée jusqu’à ce jour derrière les par­ tis de réaction. Ne pas tenter cela, c’est laisser à nos pires ennemis le soin de disposer de près de la moitié de la France qui ne peut pas être et n’est pas entière­ ment fasciste et qui ne peut être indifférente à une politique hardie de ré­ forme sociale. On a essayé de nous raillier parce que nous tendions la main aux vo­ lontaires nationaux, croix de feu qui, travailleurs, paysans, fonctionnaires, techniciens se sont égarés dans les rangs de l’armée de La Rocque. Pouvons- nous les consdérer comme irrémédiablement perdus pour notre cause parce que les événements ne leur ont pas permis de nous connaître et que leur désir d’œuvrer pour le bien de leur pays les poussant à agir, ils ont cru trouver dans l’organisation de H.a Rocque la possibilité de lutter pour le triomphe de leur idéal. Il faut que nous prenions à leur égard une attitude telle que nous puissions faire appel à leur raison. La lettre de notre cama­ rade Cachin à un volontaire national a fait plus de bien à la cause du Front Populaire et porté plus de préjudices, par conséquent, à l’organisation du colonel-comte qu’une volée d’injures à l’égard des membres de cette asso­ ciation factieuse. Cela ne veut pas dire qu’il ne faut pas appliquer la loi aux factieux, au contraire, tout en tendant la main à ceux que La Rocque a pu tromper, il faut, sans merci, appliquer à ce dernier la loi et plus que jamais nous crierons : « La Rocque en prison. » Nous tendons aussi une main fraternelle aux ouvriers chrétiens. N’avons- nous pas eu raison de proclamer notre fraternité envers ces derniers? Dans les grèves qui viennent de se dérouler n’ont-ils pas été aussi ardents que leurs camarades socialistes et communistes à mener le combat contre le patronat.

LES COMMUNISTES ET LES TRAVAILLEURS CATHOLIQUES A ce propos continuant la critique de notre mot d’ordre Front Français, l’on pouvait lire dans le journal < LE POPULAIRE » du 3 Septembre der­ nier, un article dans lequel l’auteur reprochait à notre Parti d’avoir réprou­ vé ceux qui, à Garches, avaient cru bon d’organiser une mascarade anti­ religieuse et il concluait en écrivant: « Les ouvriers du Nord surtout n’apprendront peut-être pas sans éton- 14 — nement qu’ils auront désormais à ® ils leur Èurivent d’avoir tant soi peu cner; hou. hou. la crotte. » NouT^r^yons que nos camarades socialistes ont tort de con^mner les efforts que nous faisons pour entrau^r les de lutte pour le pain quotidien et le maantien de nos libertés et de la paix. Il nous aurait été bien plus aisé de critiquer, sino^ l avions v^u alors, nos camarades Salengro et Lebas qui, ayant tout fait pour solutionner le conflit du textile, pensaient alors que l’on pouvait s adresær au cardi^ Liénart pour lui demander d’ouvrir la voie à la conciliation et à la médiation. Lies dirigeants des syndicats refusèrent, à notre avis. Ils eurent plei­ nement raison, car dans un conflit social, comme celui^à, ce n’est pas une intervention < divine > qui fait fléchir l’intransigeance patronale, c est seu­ lement l’unité des travailleurs en y comprenant, bien sûr, les ouvriers chré ­ tiens. Oui, parfois, dans les manifestations nous entendons ces mots: « A bas ia calotte ». Qn nous rendra cette justice que nous avons banni depuis longtemps ce mot d’ordre de nos démonstrations. Nous savons très bien ce qu’il exprime. La religion s’est confondue dans notre région du Nord d’une façon presque indissoluble avec l’exploitation capitaliste. Les ouvriers du Nord se souviennent encore de « Notre Dame de l’Usine » qu’il fallait obigatoirement prier avant d’avoir le droit de travail­ ler pour enrichir son patron. Les religieuses, les curés, se sont faits les agents du patronat, que dis-je, sous prétexte de bonnes œuvres, ils se sont faits les délateurs des ouvriers, camouflant sous des allures charitables la pire des inquisitions. Pourquoi les ouvriers du Nord ne confondraient-ils par leur immense majorité l’église, la religion avec le capital quand un grand patron catho­ lique, M. Thiriez, membre de la fabrique, met tant de hargne pour écarter les légitimes revendications des ouvriers du textüe ? Il est évidmit que si en bon chrétien qu’il se prétend, M. Thiriez « aimait son prochain comme soi-même » il se ferait un honneur de permettre à ses ouvriers de manger à leur faim, de vivre sans la crainte obsédante de la misère, tandis que son égoïsme de grand patron repu veut ignorer des aspirations de ceux qui se tuent pour l’enrichir. Dernièrement, le grand prélat de Lille, M. le cardinal Liénart, dans une allocution aux Jocistes, blâmait « ceux qui élèvent le poing et tendaient une main secourable à tous ceux qui souffrent. » M. le cardinal Liénart ne se trompe pas sur la signification du poing levé qui veut dire < soyons unis comme les doigts de la main » et nous ne pourrions que nous associer à lui lorsqu’il « tend une main secourable. » Mais en cette circonstance, on eût aimé entendre de la bouche du prélat des paroles qui ^ient la condamnation de l’égoïsme d’un patronat qui se croit le droit divin. Il aurait pu le faire en se rappelant que Jésus « chas- saat les marchands du Temple ». Il n’a pas su formuler ces paroles chré ­ tiennes, couvrant ainsi, par son silence complice, les méfaits de ceux qui sont les piliers de son église. Et lor^ue l’ouvrier du Nord crie « en bas la calotte! » nous tra- dmsons: « A bas le capitalisme affameur! » nécessaire de proférer cet anathème trop souvent 1 ouvner catholique. Ne Vaut-ü pae mieux s’efforcer de KSS am conception de la lutte pour le pain contre le pa­ tronat qui 1 exploite sans merci leur langage: « les communistes aiment comme toi-même leur procham. C est pourquoi, sans croire au paradis du ciel aue te pro- met le pretre pour que tu te résignes à souffrir sur teïre ü irdem^de de réaliser d^s ce monde un paradis possible ou tu ^^iras vtS^ toi et ta famille dans l’aisance et le bien-être. » Pourras vivre, 15

Quand les communistes agissent ainsi ils n’abandonnent rien encore de leur conceptioo. de matérialiste mandste et léniniste. Nous restons fidèles à la pensée de nos maîtres, à Jules Guesde, qui déclarait ; « la servitude économique est la source de toutes les servi­ tudes politiques et religieuses. L’émancipation intellectuelle ou morale ne précédera pas, elle ne peut que suivre la société socialiste, qu’il en sera alors fini de toute religion ou superstition, seul, le paradis réalisé par tou» dans la vie pouvant et devant faire disparaître juSqu’à l’idée du paradif^ dans la mort. » ...... Ecoutons aussi Lénine: — « La religion berçant de l’espoir d'une récompense céleste celui qui peine toute sa vie dans la misère, lui enseigne la patience et la i*éei- gnation. Quant à ceux qui vivent du travail d’autrui, elle leur enseigne à pratiquer la bienfaisance ici bas, leur offrant ainsi une justification aisée de leur existence d’exploiteurs, leur vendant à bon compte des cartes de participation à la félicité céleste. La religion est l’opium du peuple. » Mais après noua avoir défini si justement et d’ime façon si ccaicise la raison même de la religion, Lénine nous indique: « Il serait absurde de croire que, dans une société fondée sur l'op­ pression sans fin et l’abrutissement des masses ouvrrièrea, les préjugés reli­ gieux puissent être dissipés par le seul moyen de la propagande... ni li­ vres, ni prédicateurs, n’éclaireront le prolétariat, s’il n’est pas éclairé par la lutte qu’il soutient lui-même contre les forces occultes du capitalisme. L’unité de cette lutte réellement révolutionnaire de la classe opprimée pour se créer im paradis sur terre nous importe plus que l’unité d’opinion des prolétaires sur le paradis du ciel. » Comme on le voit, nos deux grands chefs se sont étroitement rejoints sur ce point, la conquête de l’ouvrier catholique ne peut se faire dans une discussion purement théorique sur l’existence ou la non-existence du pa­ radis céleste. Elle se fera dans la conquête par la lutte du paradis terres­ tre. C’est fidèle à leur enseignement que nous tendons la main à l'ouvrier catholique pour la conquête de ce paradis sur terre par la lutte pour le pain, la paix, la liberté. AU SERVICE DU PEUPLE Plus que jamais les communistes doivent mettre en premier plan la lutte pour les revendications immédiates de la classe ouvrière, des pay­ sans et des classes moyennes. La lutte pour le pain doit continuer d’occuper le premier plan. CTest pourquoi nous devons unir au maximum les forces travailleuses de ce pa5rs pour réaliser le progp'amme du Front Populaire. n faut s’opposer de toutes ses forces aux sabotages par les oligar­ chies financières et industrielles des lois sociales votées par le Parlement. Il faut, avec plus de soin que jamais, veiller à la défense des intérêts des classes moyennes, des boutiquiers, des artisans, accablés par la crise, écrasés sous le poids des dettes et des charges fiscales. Il faut, surtout dans le Nord, défendre la paysannerie contre l’em­ prise des trusts et des hobereaux qui s’acharnent à rendre inopérant l’Of­ fice National du Blé, pour les empêcher de le transformer en une entrepri­ se de domination sur la petite paysannerie. Sous la direction de son C.C. et avec le concours de notre camarade Renaud Jean, le Parti Communiste a déjà fait beaucoup pour les paysans. H s’agit de faire connaître cette ac­ tion aux travailleurs des chamns, mais il faut que les communistes tenant compte de la diversité même des modes de propriété, des méthodes cul- — 16 lions aux centres où ils sont appelés à Qu’on me permette d’insister sur ce point. On a trop coutume d ordi­ naire dans notre région, de s’imaginer que la paysannerie ne constitue qu’une infime partie de l’activité economique et politique de ce départe­ ment C’est une erreur profonde. L’agriculture fait vivre a des titres divers 850 habitants pour 1.000. En tenant compte de la proportion que je viens de citer, c’est donc plus de 710.000 habitants dont 1 existence dépend de la prospérité de l’agriculture de notre département. ... , . Il faut pienser à la jeunesse qui doit pouvoir s’instruire et vivre dans le bonheur et la joie. Il faut soulager efficacement les chômeurs par une a,ugmentation suf­ fisante de leurs allocations et surtout par la mise en train de grands tra ­ vaux. Il faut donner aux vieux une pension leur permettant de vivre leurs derniers jours sans soucis. Il est nécessaire de lutter contre la vie chère. Par une hausse injus­ tifiée du coût de la vie le patronat tente de reprendre d’une main ce qu’il a donné de l’autre. ------La dévaluation pose devant nous de nouvelles perspectives. A la hausse injustifiée du coût de la vie voulue par le grand patronat, se joindra celle qui résulte d’une monnaie dont le pouvoir d’achat se déprécie d’abord sur le marché extérieur, puis sur le marché extérieur par les phénomènes naturels que Marx a si bien définis dans la théorie de la valeur. Il faudra que la classe ouvrière, les fonctionnaires, les pensionnés et les anciens com­ battants luttent pour réadapter leurs salaires, traitements et pensions. L’article 15 quater de la loi monétaire qui institue une sorte d’échelle mobile ne s’appliquera pas par automatisme. Ce serait une dangereuse illusion de le croire. QUI VA SOLDER L’ADDITION ? La dévaluation n’a pas régie non plus la situation financière et budgé­ taire. Le déficit persiste et demeui'e. Si l’on veut entreprendre de grands travaux d’utilité ouvrière et paysanne il faudra bien trouver de l’argent. L on doit dépenser 14 milliards en quatre ans pour la sécurité du pays. Qui va solder l’addition? Les communistes disent, les riches doivent payer? Il faut instituer la carte d’identité fiscale. Réprimer les fraudeurs de l’impôt avec rigueur. II faut instituer un imprôt exceptionnel et progressif sur les revenus au- dessus de 75.000 francs. .. refondre la fiscalité pour dégrever les classes laborieuses. L’im­ pôt doit avoir pour base le revenu réel de chaque citoyen. L impôt sur la patente, sur le chiffre d’affaires qui écrase le commer­ çant doivent disparaître. De l’argent, il y en a en France. Il faut prélever sur le capital et nous aurons, sans manipulation monétaire, et sans amputer le franc, les sommes nécessaires pour donner du travail et du pain aux travailleurs. Avec le pain la lutte pour la liberté. ^Ixiger la dissolution effective des ligue# fascistes

IL FAUT EN FINIR AVEC LES FACTIEUX

1- ^ avec les factieux qui, avec plus d’arrogance que jamais, relèvent la tete. Il est tout de même inadmissible qu’après ses déclarations a Valenciennes, La Rocque soit encore en liberté. Cela est d’autant plus inadmissible que cédant à la pression du fas- — i": cisme et de la réacilcn aux reprcfrcntants de Hitler et de ses agents en France, l’on prétend interdire notre propagande dans le paj’s. Défendre les libertés démocratiques, les élargir selon le programme du rassemblement populaire c’est mettre en prison ceux oui fomentent la guer­ re civile et donner à la classe ouvrière plus de libertés encore. C’est faire passer un souffle républicain dans nos institutions, la police, et l’armée. L’exemple de l’Espagne nous enseigne qu’il est nécessaire de ne pas transiger sur ce point . POUR LA PAIX Avec le pain et la liberté, la paix! Les communistes luttent pour la paix. Ils ont subi les peines d’em­ prisonnement pour la défendre et pour s’opposer aux guerres impérialistes. Nous, qui habitons le département du Nord, nous savons ce que coûte la guerre. Depuis toujours, nos plaines si fertiles ont été le théâtre de la guerre. Nos villes, nos villages, ont été détruits et rebâtis sans répit. Que d’efforts! et que de sang versé! pour assurer, malgré le fléau de la guerre, la prospérité de notre région d’autre part si favorisée. Aussi comprenons-nous plus que d’autres que la paix avec la liberté est le bien le plus précieux de l’homme. Les communistes luttent .pour la paix en voulant supprimer le capi­ talisme fauteur de guerre, en voulant instaurer une république des Soviets en France. ------Le seul pays qui a lutté d’une façon conséquente pour la paix, c’est l’Union Soviétique, parce que le communisme c’est la paix. Nous pensons que la politique suivie depuis quelque temps n’est pas faite pour sauver la paix. En face d’Hitler qui prépare la guerre, qui réa­ lise peu à peu les étapes de son « Mein Kampf », nous pensons que, tout en tendant la main au peuple allemand, à l’Allemagne de Thaelman, il n’est pas besoin de capituler au fur et à mesure devant ses exigences de plus en plus exorbitantes. Qu’il faut s’orienter de plus en plus vers l’application de l’assistance mutuelle contre l’agresseur, pour la paix indivisible. Ne pas abandonner ou délaisser le pacte franco-soviétique. Dans la mesure où cette voie n’a pas été suivie avec constance et fer­ meté par la France, nous avons perdu nos meilleurs appuis, en particulier en Europe Centrale où l’inquiétude est grande parmi les Etats de la Petite Entente qui craignent de subir le soi’t de l’Ethiopie. C’est Titulesco, l’ami de notre pays, qui est chassé du pouvoir par les gardes de fer de Hitler. Ce qui est plus grave encore c’est la récente décision de la Belgique trans­ mise au monde par le discours du roi Léopold III. La décision de redeve­ nir neutre n’a pas de signification, n’a-t-elle pas pour corollaire la ruptu­ re des engagements pris par la Belgique et qui nous permettrait d’espérer qu’en cas d’agression de l’Allemagne hitlérienne contre notre pays, le peuple belge lierait son sort au nôtre. C’est donc désormais, notre frontière natu­ relle livrée à l’invasion. C’est aussi le triomphe des rexistes et des natio­ naux flamands, agents de Hitler. Il faut également ne pas laisser écraser la force de paix qu’est l’Es­ pagne républicaine et démocratique, car c’est renforcer les pesitions de l’agresseur hitlérien. Nous ne demandons pas que l'on intervienne, ce qui équivaudrait à l’immixion dans la politique intérieure de l’Espagne, mais qu’on en finisse avec la duperie tragique de la neutralité qui instaure le blocus de l’Espa­ gne républicaine au profit des rebelles à la solde de Hitler et de Muus- solini. — 18

« UNIR POUR AGIR » En demandant que l'on observe cette attitude, nous sommes en plein accord avec le programme du Front Populaire, donc notre camarade Thorez a rappelé les termes dans son discours au parc des Princes^ Camar. Unir pour Agir ». Tel est notre mot d ordre. >îous lutterons contre tous ceux qui vedlent diviser les forces du tra­ vail, de la démocratie et de la paix. ^ • Nous avons signé le pacte d ’unicé d action, nuus 1 avons toujours res­ pecté Nous en demandons l’application et nous^ nous adressons aux travail­ leur socialistes qui, comme nous, désirent l’unité politique pour quils exi­ gent avec nous le respect de ses clauses. Nous renouvelons à. nos camarades socialistes nos propositions d assem­ blées communes pour étudier et discuter les ,problèmes politiques et mettre au point la charte d ’unité. Camarades, l’oeuvre que nous avons à accomplir est immense; mais c’est le plus bel idéal qu’il soit. Nous voulons le bonheur de l’humanité et notre but, à nous, commu- niste^; français, c’est œuvrer de toutes nos forces notre mission; la Répu­ blique des Soviets de France.

NOUS ACCOMPLIRONS NOTRE MISSION Cette mission nous l’accomplirons, non pas en exerçant la contrainte ccntr; le peuple de France, mais, après avoir gagné sa confiance par sa volonté et non contre elle. Mais, nous, qui sommes des réalistes, nous voulons servir le peuple p£ir-dessus tout et dans l’étape actuelle de notre histoire, nous voulons que réussisse l’expérience en cours. Nous ne prendrons jamais la responsabilité de rompre le Front Popu­ laire et nous l’avons prouvé lors des débats sur la dévaluation, où, malgré nos désaccords, nous avons assuré l’existence du gouvernement Léon Blum pour qu’il continue à appliquer le programme qui nous est commun. Mais ce qu’il faut comprendre, c’est que l’essentiel pour accomplir la mission qui nous est confiée, ne se résume pas dans une juste politique. Il faut encore des hommes pour la réaliser et la mettre à l’épreuve de la pratique de la lutte quotidienne. I-es hommes, s’ils n’en choisissent pas le cadre économique social, font i"hiistoire, car ils peuvent modifier ce dernier dans un sens ou dans l’autre et imprimer à son développement une direction.

NOS HOMMES x^es hommes, c’est le Parti, détachement organisé et ses cadres. La valeur du Parti, de ses hommes et surtout de ses cadres, en même tempe que 1 entrainement à la lutte, la capacité de manœuvre, le dévouement, labnégation dont peuvent faire preuve l’ensemble de ses membres sont des Cléments décisifs de la victoire. Parmi jous, camarades délégués, beaucoup sont adhérents du Parti depuis une date récente. Nous avons grandi vite, et parmi nos 16.000 mem; bres, près de 10.000 n’ont pas une année de Parti. Ce n’est pas moi qui leim en ferait le reproche d ’être venu depuis peu, il fallait le temps et les événemente pour qu’ils puissent venir à nous. J’ajoute que nous ne reste- h 16.000 ; notre ambition c’est de progresser sans répit et d ’être JO.Oü' « *a xin ue tannée et pour débuter dans l’autre. 19

Je voudrais cependant, camarades, qui êtes depuis peu parmi nous, vous dire, moi qui sruis déjà un ancien, quelque chose que je vous demande de toujours retenir. « Souvenez-vous à jamais que ceux qui ont fait le Parti tel qu’il est aujourd’hui ont lutté pendant des années et des années sans répit. Il leur a fallu bien du courage et de l’abnégation. Ils étaient souvent seuls dans leur village, dans leur quartier ou dans leur usine. Ils devaient lutter con­ tre tout et contre tous. Ils étaient les objets de la vindicte patronale et parfois, ce qui n’était pas la moindre de leurs adversités, la risée de ceux qu’ils défendaient. » « Ils étaient à quelques-uns dans ce département d’agitateurs qui se sont formés par l’étude après leur dure journée de labeur et dans la pra­ tique même au contact des masses et dans la réfutation de l’adversaire. / U y a ceiix qui se consacrèrent à la vente de la presse, de « L’HUMA­ NITE » et de « L’ENCHAINE », mettant autant d’acharnement à conqué­ rir un lecteur qu’une armée peut en déployer pour la prise d’une place forte. Pensez aussi que l’on se battait alors, dans une période ou la gloire et les succès étaient loin d’être la récompense. Et aux efforts inlassables que de sacrifices s’ajoutaient. Que de souf­ frances physiques et morales. Des amitiés perdues et des journées sans pain parce que l’on avait perdu son emploi, chassé par un patronat qui ne pouvait vous pardonner d’être communiste. € Camarades, ceux qui ont fait le Parti, je ne veux pas vous les oppo­ ser, loin de là ma pensée. Je veux vous les donner en exemple, déjà vous avez fait preuve de combativité, de courage, de mâle résolution. Vous devez les imiter. Un communiste se donne et se doit entièrement à son Parti. Il n’y a rien au monde au-dessus de l’idéal qui nous est commun: libérer le monde de la sei^ritude capitaliste. Nous serons bientôt 20.000 communistes dans le Nord. Il faut que ce soit 20.000 militants de la même trempe que ceux-là qui ont fait le Parti. Avec quelle confiance nous pouvons envisager l’avenir. Nous sommes un Parti uni, le seul dans ce pays. A notre direction des chefs de grande valeur: Cachin, qui incarne la fidélité; Marty, le héros de la mer Noire; Maurice Thorez, enfsint du Nord, que nous sommes fiers d’avoir pour gui­ de; Duclos, qui a tant fait pour diriger la propagande du Parti et aider la jeunesse, et toute une pléiade de militants éprouvés que groupve notre Comité Central. A la tête de la région du Nord vous avez Hentgès, militant fidèle, il aurait pu comme d’autres prendre la route qui mène aux honneurs et aux profits, il a préféré servir le prolétariat. C’est Martha, ouvrière du textile, venue à nous à l’issue d’une grève, elle qui ne savait ni lire ni écrire, une fois conquise au communisme, elle n’a qu’un but: servir sa classe dont elle connaît les souffrances, de toutes ses forces, avec ce dévouement qui sou­ lève jusqu’à l’admiration des adversaires. C’est la militante écoutée et vé­ nérée. C’est notre camarade Boumeton, qui nous vient du Midi, dont les connaissances du mouvement ouvrier nous sont si précieuses; Manguine, qui s’est fait une place si grande dans le mouvement; Moerman, Casier, Boetœn, qui dirigent avec tant de fermeté le Parti à , Tourcoing et Halluin. Ce sont nos députés ouvriers dont vous connaissez les qualités. De jeunes cadres comme Boussingault, dont la conduite fut admirable dans la lutte contre la guerre impérialiste et qui est aujourd’hui l’espoir de Va­ lenciennes. Et tant d’autres que je m’excuse de ne pas citer et qui constituent un mei-veilleux état-major d’hommes valeureux susceptibles de vous conduire à la victoire. Avec une telle direction nous devons être à même de hausser tout le Parti dans notre région à la grandeur de sa tâche. 20

Notre sollicitude doit aller vei’s nos cadres. Tout ^ doit être mis en œuvre pour les aider dans leurs tâches. Il nous faut les éduquer. Pour cela multiplier nos conférences de seci’étaires de cellules, de secrétaires de rayons. Organiser des réunions éducatives, réservées aux membres du Parti et des assemblées d’information ouvertes à nos sympathisants. Des écoles doivent être organisées à tous les échelons. La première force permanente que nous mettrons au service du secrétariat régional sera un instructeur chargé de l’organisation des écoles et de l’éducation en général. Les rayons faibles doivent être sidés par de nomoreuses visites des membres du comité régional.

EN AVANT ! Il nous faut planter l’organisation du Parti partout. Il faut en finir avec cette situation comme celle que nous constatons dans deux arrondis­ sements : Hazebrouck et Dunkerque. Pour cela, nous devons fréquemment déverser nos cadres d’agitateurs, aujourd’hui si nombreux, vers les parties déshéritées. Nous sommes le département le plus important après la Seine. Dans l’histoire du mouvement ouvrier ' il a tenu et il tiendra encore une place de premier plan. L’importance de son industrie, la densité de son prolétariat et la proxi­ mité même de la frontière en font un département dont la conquête est décisive pour le succès de notre cause. Si le fascisme tentait en France, par la guerre civile et la rébellion, de susciter de tels événements que ceux qui désolent aujourd’hui l’Espagne, nous devons être à même de conduire les prolétaires du Nord, qui sont de véritables héros, au combat pour la défense de nos libertés. Nos mineurs égaleraient, jen suis sûr, en courage, ceux des Asturies. Cette éventualité peut nous être épargnée si comme nous l’avons dit, ont veut appliquer avec fermeté la loi aux factieux, alors la force créa­ trice des ouvriers et des prolétaires du Nord n’en sera que plus salutaire. C est nous qui avons, camarades, la charge de guider les valeureux tra­ vailleurs de notre département vers un avenir meilleur. Soyons dignes d’eux! En avant. Vive le Front Unique! Vive l’Unité politique au Prolétariat! Vive le Front Populaire du Pain, de la Paix, et de la Liberté! Vive l’Union de la Nation Française! Pour une France libre, forte et heureuse! LE DISCOURS de notre Camarade MARTHA DESRUMAUX à la Conférence Régionale

Il y a 10 ans dans cette même salle se tenait le congrès national de notre Parti. Quel changement ! A 10 ans d’intervalle, voilà que, maintenant, nous sommas devenus un tel Parti, que le local où avait lieu nos assises nationales est devenu presque trop petit pour nos assises régionales.

Martha DESRI MAI X, Secrétaire Régionale Ça été une bien grande joie pour le Bureau Régional, de visiter les rayons à la veille de notre conférence et de constater que hommes et femmes, jeunes et adultes travaillant avec entrain à la réalisation de nos tâches ainsi qu’à la réussite de notre conférence. PROGRESSION ININTERROMPUE Ah ! camarades, que n’a-t-on dit et écrit sur notre Parti et ses militants ! • Durant des années, calomnies, injures, diffamations, s’abattaient drues sur

L. 22 notre Parti qui aloi«. n ’était pas nombreux. Nous ne nous sommes décou- l’ag'és. Nous avons fait front à toutes les attaques et surmonté quantité d'obs­ tacles et d’embûches. Aujourd’hrü, il suffit de consulter ce tableau pour cons­ tater les heureux résultats de notre persévérance et de l’application de la ligne juste de notre Parti. ^ A fin décembre 1935, la région commumste comptait 5.657 membres dans le Nord. En 1936 elle en groupait : Fin Mai : 7.263. Fin Juillet : 12.350. Fin Septembre ; 16.270. Les timbres contrôles délivrés aux cellules se décomposent comme suit ; Ordinaires ...... 11.561 Chômeurs ...... 5.104

LES JEUNESSES COMMUNISTES La Région du Nord et du Pas-de-Calais, qui n ’est pas encore décentra- .'làée à l’heure actuelle, a fait des progrès sérieux durant cette dernière pé- iiode. — L

DES LOCAUX CLAIRS, AERES, PROPRES Nous sommes un grand Parti et nous devons nous comporter en corusé- quence, en toutes occasions. C’est pourquoi la r^;ion lance le mot ’dordre suivant ; dans chaque rayon, il nous faut une maison du Parti. Il ne faut pltis avoir des locaux qui apparaissent comme des taudis. Les âèges de nos réunions, de notre organisation doivent revêtir un aspect agréa­ ble, être bien teniis, l’air et la lumière doivent y pénétrer à flots : il faut qu’il y ait des jeux de cartes, des billards, des coins de lecture, où les cama­ rades peuvent non seulement travailler, s’instruire, mais aussi se divertir sainement. Sachons, même dans les plus i>etits détails de notre activité quotidienne, nous montrer dignes de la confiance que les masses mettent de plus en plus en nous.

LES DEVOIRS FAMILIAUX DES COMMUNISTES Nous sonames vm Parti, au sein duquel les preuves de dévouement et de désantéressement abondent. Or, les adhérents de notre Parti, jeunes et vieux, presque chaque soir, sont retenus, soit pour une réunion, soit pour im travail pratique, soit par la propagande. Camarades, une semblable attitude est réconfortante et montre combien vous êtes attachés à notre grand Parti ; mais n’oubliez pas que, ayant ime famille, il faut vous arranger pour passer de temps en temps un moment avec elle, c’est-à-dire avec votre femme et vos enfants qui, eux aussi, ont besoin de connaître un peu de joie, de .distractions. Notre Parti qui travaille à la réalisation d’ime France, libre, forte et heureuse, entend que ses militants assurent le maximum de bonheur et de satisfactions à leurs entourage fami­ lial. Vous êtes de bons militants de notre Parti, soyez également .des hommes attachés à votre foyer. Nous sommes ime grande famille et nous voulons que les familles de nos camarades soient aussi heureuses que possible. Je veux rappeler les paroles du camarade Gitton au congrès de ViUeu- banne : « Le Parti doit être la grande faanille, où règne la plus parfaite amitié. « L’adhérent est un homme précieux qui mérite notre attention, notre pré- € venance. Il faut s’occuper de lui, s’inquiéter de sa situation, de sa santé, « s’intéresser à sa famiUe, lui .permettre d’être à la fois l’homme du Parti « et du foyer familial. La femme, les enfants du communiste ne sont pas « pour nous des étrangers >. € Par l’intermédiaire de l’adhérent, ils font corps avec notre Parti, ils « sont sovis notre sauvegarde. Eît oombden sera plus joyeux, plus léger, pour « le communiste, l’aocomplisoement de sa tâche, s’il sent toute sa famille « entourée de l’affection du Parti ». Siège de h> Région d., Xord. 258, rue de Paris, à LUle — 25 -

DE LA BONNE FINANCE, C’EST DE LA BONNE POLITIQUE Nooia attachons un-e grande importance à la question financière. Cama­ rades, persuadez-vous bien de ceci : le trésorier de cellule ne doit pas être seulement un marchand de timbres. Un trésorier doit être un homme poli­ tique sérieux ; il doit rechercher la meilleure manière de récupérer les som­ mes nécessaires au bon accomplissement des tâches que nous avons à assu­ mer. La recherche des fonds ne doit pas se faire seulement parmi les mem­ bres du Parti, mais aussi parmi les travailleurs, artisans, petits commerçants, professions libérales, avec qui l’occasion nous est donnée de leur révéler quels objectifs nous nous proposons d’atteindre. A ceux-là, il faut expliquer à quoi sert l’argent que nous collectons. Qu’ü s’agisse de la propagande, de l’impression des tracts, d’affiches, de campyagne électorale comme celle de Mai dernier, faites fonctionner sérieu­ sement vos commissions de contrôle. Trésoriers, surveillez attentivement la marche des finances qui vous sont confiées, soit pour la solidarité dans les luttes ouvrières, grèves, luttes antifascistes, soit aussi pour l’aide à apporter à nos frères d’Espagne, aux journaux du Parti ou à notre Parti lui-même. Inspirez-vous de l’exemple de la région qui a terminé la campagne légis­ lative de Mai 1936 sans un sou de dette. Et cependant, elle a dû venir en aide à de nombreuses circonscriptions privées de ressources. Imprimeurs, fournisseurs d’enveloppes, frais divers de propagande, etc., etc., tout a été réglé rubis sur l’ongle. Cela est une réponse à ceux qui évoquent toujours « l’or de Moscou », alors que tout le matériel électoral de Mai a été payé, grâce aux gros sous des travailleurs. Un Parti qui compte dans ses rangs des milliers d’hommes et de femmes convaincus et combatifs est une force. Mais cette force est décuplée si elle a à sa disposition une organisation qui remplit son rôle méthodiquement, avec le maximum d’ordre et de minutie.

EN AVANT POUR LES 20.000! Camarades, poursuivons nos efforts ! Plus que jamais, en avant. Des lors, nous pourrons enregistrer, fin 1936 sur nos livres de contrôle, plus de vingt mille adhérents à notre Parti.

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î»^»iujjfc l■>V 'II' -» J DISCOURS du Camarade Joseph HENTGÈS

MUNIdPAIJTES ET CLASSES MOYENNES

Hier, notre camarade Ramette, dans un rapport documenté, a eaqpooé toute la ligne et l’aotion de notre Parti Communiste devant les grands pro­ blèmes de l’heure, dans le domaine de la politique et de réoonomie nationale. Notre camarade n’a pu cei>endant traiter de toutes les questions qui inté­ ressent notre Parti, en liaison avec la défense des intérêts des masses labo­ rieuses. — En tant que responsable, vis-à-vis des municipalités communistes, il m’incombe de vous entretenir quelque peu de oette importante question, de même qu’il me faudra examiner aussi rapidement que possible, notre position devant la situation de détresse des classes moyennes.

NOS PROGRES SUR UE TERRAIN MUNICIPAL Comme chacun le sait,, l’influence de notre Parti, tout au moins i’ûx- fluence extérieure, ne date pas seulement de cette année, elle s’était déjà manifestée ime première fois aux élections cantonales 1934, puis davantage en­ core aux élections municipales de 1935, par la conquête d’un nombre impor­ tant de Momicipalités ouvrières et paysannes à travers tout Le pays. C’est ainsi que dans notre département du Nord, nous avons enlevé 31 mxmicipaütés, auxquelles nous devons encore ajouter celle de Rumilly, cité agricole du Cambrésds, nouvellement conqxûse par notre Parti, à la suite d’une élection partielle. C’est là une victoire à l’actif de notre rayon de Cam­ brai, que nous devons féliciter. Tout cela est très bien, mais voyons un peu si notre liaison est suffisam­ ment établie dans ce domaine, avec l’ensemble de nos municipalités et si nous avons à nous montrer satisfaits du travail accompli sur le terrain mu­ nicipal. LES DIFFICULTES DES MUNICIPAUTES Certes, nous ooimaissons les nombreuses difficultés avec lesquelles sont aux prises les municipalités, difficultés dont la question financière est la cause initiale. La crise capitaliste a contribué à diminuer dans une large mesure les ressources mimicipales. La diminution du centime communal, la diminution des redevances minières, la prise en charge par les communes, d’une partie des indemnités de chômage, l’augmentation des contingents d’as- àstance, la prolongation de la scolarité jusque l’âge de 14 ans, ont pour effet de diminuer les recettes commimales d’une part, et d’accentuer les dépenses d’un autre côté. IL FAUT REALISER Cependant, noua estimons que malgré tout, que nos municipalités com­ munistes doivent s'efforcer à mettre debout, à établir, un programme de réa­ lisations sociales, en accord avec les intérêts des masoee laborieuses. — 28

Dans ce domaine, nous devons dire que des réalisations ont été effec­ tuées dïîs un bon nombre de nos municipalités et que d'autres sont en cours d^fésaSition que les réalisations effectuées ont ete fortement appréciées pir ÏÏ popïïktions, qui jugent les élus municipaux de notre Parti Commu- mste en boL administrateurs, ce qui contribue évidemment a augmenter encore davantage notre influence. , _ ïf fauT don! .persévérer dans cette voie, pour mener a ta» l’œuvre entre- prise notre bureau des municipalités s’ettorcera toujours, d’aider les mum- !S!lités à trancher les difficultés et les différends qu’elles pourraient avoir, dans l’accomplissement de leurs tâches. + Au point de vue administratif, est-U besoin de souligner tout l’interet noiitioue au’il y a pour notre Parti, à ce qu’il y ait une unité de vue dans l’application de certains problèmes de l’heure, qui engagent la responsabilité des municipalités. - + - C’est partant de ce principe, que nous avons convoque tout récemment les maires de nos municipalités, afin d’examiner ensemble la question du

Joseph HENTGES, Secrétaire régional

barême des salaires et traitements des ouvriers et employés municipaux, une solution unanime est sortie de cette réunion, nous ne pouvons que nous en réjouir. —■ Il reste en suspens la modalité de l’emploi du barème des indemnités allouées aux chômeurs, cette question qui n’a pu être solutionnée définitive­ ment fera l’objet de l’ordre du jour d’une prochaine réunion. Avant d’en terminer sur le travail de nos municipalités, nous -voulons dire encore qu’il y a un gros intérêt politique à ce que l’harmonie la plus complèto règne entre l’administation municipale et l’ensemble du personnel qui doit se comporter en collaborateurs. Rien de plus néfaste en effet, que les conflits qui surgissent entre ou- 29 vriers et employés municipaux et leur municipalité, surtout lorsqu’il s'agit dune municipalité communiste ou de front populaire. Les adversaires ne manquent pas de s accaparer et d’exploiter le différend, cela fait évidemment le jeu de la réaction et des partis factieux. C est le problème des rapports de nos municipalités avec les syndi- câts de la Fédération dos sorvicos publics, qui est engagé. c e.st pourquoi nous voudrions que les revendications des travailleurs municipaux soient prises en considération par nos municipalités communistes dans la rnesure où la lég'islation le permet. Parmi celles-ci nous pensons que l’application immédiate de la semaine de 40 heures serait d’un exemple heu­ reux et d’une initiative facile pour, notre Parti. Nous devons par là, donner la preuve qu’aucun des problèmes intéres­ sant la classe ouvrière ne nous échappe. Nous devons démontrer que dans tous les domaines, les communistes savent appliquer leurs principes. Il faut encore que nos municipalités doivent nous faire parvenir régu­ lièrement les bulletins municipaux qu’elles éditent et nous tenir au courant de toutes les manifestations diverses qu’elles organisent, c’est là évidemment, la meilleure façon d’être en liaison constante avec la direction de notre Parti Nous avons la ferme conviction que les municipalités communistes sau­ ront se montrer à hauteur de leurs tâches sur tous les rapports. POUR LES CLASSES MOYENNES Passant maintenant à un autre problème, je veux examiner la question des classes moyennes. C’est un fait incontestable que les petits commerçants, les artisans, les paysans voient régresser chaque jour leur situation sociale et que beaucoup d’entre eux se trouvent aujourd’hui, dans un état de détresse accentué, qu’ils n’arrivent plus à faire face à leurs échéances, qu’ils ne peuvent plus payer leurs impôts et se trouvent dans l’obligation de fermer leur porte ou de dé­ poser leur bilan. Les petits commerçants sont en effet impuissants à lutter contre la con­ centration capitaliste, qui les concurrence sous la foime de grandes sociétés anonymes, de grands magasins, des monos-prix, des uni-,prix, des sociétés à succursales multiples, des coopératives patronales, alors que leur chiffre d’affaires baisse chaque jour par suite de la diminution du pouvoir d'achat des masses travailleuses, alors qu’ils sont écrasés par de multiples charges, par des impôts excessifs. Aussi, ce n’est un secret pour personne, qu’un vif mécontentement anime cette catégorie de travailleurs, qui ne voient plus d autres perspectives que de venir grossir l’armée des prolétaires, des sans-travail, avec cette aggra­ vation qu’il ne pourront même pas obtenir 1 indemnité de chômage. ^ Ausisi, ce n’est pas par hasard que les petits commerçants et àitisans, que les classes moyennes, sont actuellement en butte à la démagogie fasciste, QQ côté un terrain facile au recrutement et tentent ainsi de séparer les classes moyennes des masses travailleuses, en faisant d’eux des adversaires du‘Front Populaire. pour toutes ces raisons, que notre Parti communiste, que nos mili­ tants doivent apporter une attention soutenue à la situation de détresse des clacses moyennes, il faut s’intéresser à elles, s’intéresser de leurs revendi­ cations, et de faire apparaître en toutes circonstances, notre Paru comme étant leur meilleur défenseur. ,,.4. -j- • Du reste notre Parti Communiste ne manquera pa*. par 1 intermed-..!:ie de «’es élus d’intervenir avec force è la rentrée du Parlement, pour défendre l’ensemble des revendications des travailleurs appartenar: aux classp.s moyen­ nes Il insistera tout pa; liculièrement «^ur que soit votée, a n-toime de la . — 30 loi fiscale et que la multitude d’impôts qui écrasent actuellMnent les petits commerçants, eodent remplacés par un impôt unique et progressif sur le revenu. Læi solution qui s’impose, c’est de faire payer les riches. Il faut donc dans toutes nos réunions, traiter de la situation des classes moyennes, de la lier étroitement à celle des travaiUeurs. Il faut également traiter continuellement de cette question dans toute notre presse, dans les journaux de rayons et de cellules, dans les buUetiiZHS d’entreprise, etc.., ne rien négliger enfin, pour que notre Parti Communhate apparaisse comme étant le parti politique qui défend le mieux les intérêts des classes moyennes. Si nous savons nous appliquer à cette tâche, nous aurons oeuvré à etug- menter encore l'influence de notre Parti, en attirant une couche de tra- vailleuns, qiii, par leur profession, sont bien placés pour faire d'exœBente agents de propagande peumi la nmsse des traTaJllefurs et des ménagère» (jm la coudoit joumellement. C’est à rapphcation de ce travail que notre comité l églonal vous convie. DISCOURS du Camarade BOURNETON

Dajis eon l’apport, le camaiade Ramette a attiré l’attention de la coofé- rence sur les conêpéquences qu’avait «u la politique d'union de notre Parti duraoit la période qui a prêché les évènenaents de Juin et deimis oes évène­ ments jusqu’à maintenajat. interventions qui ont été faites tout à l’heure par les délégations des cellules conununistes d’entreprises venues saluer notre conférence, ont montré combien la justesse de la politique de notre Parti avait eu de réper­ cussions au sein môme des entreprises, parmi les ouvrierspréoccupés de l’ap­ plication des lois sociales et des accords signés avec le Patronat.

UES EVENEMENTS DE JUIN Les évènements de Juin ont été le résultat incontestable de l’accumula­ tion du mécontentement qu’a provoqué l’aggravation de la crise, du chômage et de la misère, mais nous pouvons bien dire que l’explosion en a été rendue possible, grâce à la politique d’imion préconisée par notre Parti. C’est dans la mesure où les masses laboriexises de ce pays ont eu la cer­ titude que leur union enfin réalisée avait accru leur force qu’eües ont engagé la bataille pour obtenir leurs revendications. C’est donc, grâce à la poditlq^le de notre Parti qu’ont pu se dérouler les évènements de Juin et que nous avons pu remporter les succès que vous connaissez. Notre Parti a contribué pour beaucoup à la réalisation de l’Unité Syndicale et nous avons été très large­ ment « payés » par les évènements de Juin. Ceux d’entre nous qui ont pu douter à certains moments, de la valeur de l’Unité Syndicale, se sont rendu compte, grâce à ces évènements, de l’im­ portance de sa réalisation et de toutes les conséquences qm pouvaient en résulter. Vous voyez par conséquent que nous avons tout lieu de nous féli­ citer de la politique de notre Parti. Je voudrais maintenant parler du dérou­ lement des évènements, parce qxie c’est dans l’examen de cette période et di rôle qu’y a joué notre Parti que nous décèlerons le mieux, comment il faut se comporter dans le moment présent, vis-à-vis de la situation nationale et internationale.

LE ROLE DES COMMUNISTES On a dit ; « Ce sont les communistes qui ont déclanché les évènements de Juin >. Ce n’est pas exact, ce qui a déclanché les évènements de Juin, c’est le mécontentement des masses. Il est exact que les communistes ont été les plus sensibles à ce mécontentement. Je me rappelle qu’au moment où s’est décàanchée la lutte, alors que les évènements de Paris avaient gagné la province, et que dans notre région se manifestaient les premières actiems _ 32 —

■qui devaient se répandre avec une rapidité foudroyante dans toutes usines, nous affirmions qu’il n’était pas possible d’arrêter ce mouvement, et que es organisations syndi-cales devaient en prendre la direction, pour 1 organiser et le diriger. Nous disions ceci contre ceux qui prétendaient que c était un mouve­ ment anarchique se développant en dehors de la discipline syndicale. Nous montrions alors que ce mouvement s’établissait sur la base des revendica­ tions que de mouvement syndical avait propagées depuis de longues années. C’est ainsi que lorsque dans les usines, les ouvriers déclanchaient la grève et occupaient les usines ; ils établissaient immédiatement un cahier de revendi­ cations dans lequel nous retrouvions invariablement la question des salaires, les congés payés, les contrats collectifs, les 40 heures. C'est ainsi que dès le début de leur entrée en grève, les ouvriers en appelaient au syndicat et orga­ nisaient un recrutement général. Cela nous donnait la certitude que les ou­ vriers, mêmes inorganisés étaient en accord avec le mouvement syndical, ainsi qu’avec le programme du rassemblement populaire. Tout le monde ne de comprenait pas. Malgré ces résistances, les masses agissaient. C’est ainsi qu’en peu de jours, notre département fut gagné tota­ lement par la lutte et qu’un très grand nombre d’entreprises privées furent occupées. Nous étions placés devant un mouvement d’une importance et d’une ampleur telle que jamais nous n’en avions vu de pareil et il est abso­ lument juste de dire que sans l’intelligenice des meilleurs ouvriers dans les entreprises, éduqués par la poUtique juste de notre parti, ce mouvement n’aurait pu être dirigé par les organisations syndicales de la C. G. T., jus­ qu’alors si faiblement organisées dans les entreprises. C’est l’iznité de pensée de tous nos cadres qui leur permit de jouer un rôle si important dans ce mou­ vement. Jamais, à aucun moment, nous n’avons perdu notre sang-froid. Il n’en fut pas toujours de même chez certains dont nous nous rappelons encore les appels presque désespérés, à un moment où rien ne pouvait plus empê­ cher le mouvement ouvrier d’atteindre ses objectifs revendicatifs.

IL FAUT SAVOIR TERMINER UNE GREVE Nous ne perdions pas notre sang-froid, car nous savions que cette lutte n’était pas la lutte décisive, que ce n’était pas la lutte finale. C’est ce qui permit à notre parti de dire très tranquillement, au moment où c’était devenu nécessaire : « lout n’est pas possible dans cette lutte ». C’est ce qui nous permit de nous opposer très tranquillement à ceux qui préconisaient dans certains cas, non seulement d’occuper l’usine, mais de la mettre en marche, et de se substituer à la direction patronale. Nous disions très tranquilleiment, que nous n^étions pas d’accord avec cette méthode, parce que nous considérions que de tels actes, ne pourraient qu’échouer et se retourner contre la classe laborieuse du pays. Quand après dos semaines de luttes, il fut évident que les ouvriers de ce pays avaient atteint les objectifs qu ils pouvaient et qu’ils devaient atteindre, notre parti intervint pour dire . « Il faut savoir terminer une grève ». A.lors que tous les appels puis ou moins officiels lancés par T, S. F*, ou par la presse, n’avaient pu arrêter ce mouvement dans sa marche ascendante, il suffit que notre Parti parle pour qu immédiatement les ouvriers comprennent que le moment était venu de consolider et d organiser les résultats acquis. Nous avions été les plus énergiques jusqu’à ce moment-là, aussi nous fut-il rela­ tivement facile de convaincre les ouvriers que nous ne bénéficierions de Is victoire obtenue que dans la mesure où nous la consoliderions et la ferions mettre totalement en application. — 33

L’OCCUPATION DES USINES. . . . Il nous fut ég-alement possible à ce moment-là d’indiquer avec autorité, que 1 occupation des usines, qui avait fait capituler le patronat, tellement elle avait été spontanée, avait atteint son objectif et qu’il convenait de ne pas abuser de cette méthode, si on ne voulait pias la discréditer. Nous prévoyions alors que le patronat, qui avait été obligé de capituler devant l’importance du mouvement, ne manquerait pas de se reprendre, si des erreurs étaient commises. Nous savions, nous, les communistes, que la bourgeoisie tenterait de discréditer l’action des organisations syndicales, en vue de dresser contre elles une partie de la classe laborieuse de ce pays (Petits paysans, commerçants, etc.) et par cela même atteindre et disloquer le Front Populaire.

... ET LE FRONT POPULAIRE

Nous ne nous sommes pas trompés. Remette expliquait hier soir com­ ment la droite à la Chambre des députés et la majorité des sénateurs au Sénat, se sont élevés contre le Gouvernement en l’accusant de ne penser qu’à la classe ouvrière. Cette protestation n’était pas totalement dénuée de fon­ dement. Elle partait du fait qu’il devient nécessaire d’accorder des avantages aux autres catégories des classes laborieuses. Les communistes ne prouvaient et ne peuvent pas ne pas tenir compte de ce facteur important dans leur action quotidienne. C’est ce qui explique la prosition qui a été prise par notre Parti en ce qui concerne la fin des grèves et l’occupation des usines. Frachon est venu à la conférence nationale de notre Parti déclarer que si les ouvriers avaient dû occuper les usines, c’est parce qu’ils voulaient empêcher que le patronat pratique sa manœuvre habituelle de division et ne les fasse fonctionner avec des jaunes recrutés, grâce à des moyens scanda­ leux. Mais il a ajouté que cette méthode ayant p)ermis à la classe ouvrière de regrouper toutes ses forces, il lui serait désormais possible de faire la grève comme autrefois, c’est-à-dire sans qu’il ne soit nécessaire d’occuper à nouveau les usines. Cette déclaration faite en pleine conférence du Parti, tenait compte des répercussions qu’ont eues les occupations d’usines parmi les différentes catégories qui composent le Front Populaire. Quand notre Parti a dit ces choses, certains ont été surpris de les entendre dire par des communistes. Une nouvelle fois notre Parti a su se prononcer, au moment même où il fallait déjouer la manœuvre de la bourgeoisie, en vue de dislo­ quer le Front Populaire.

LES PROVOCATIONS PATRONALES

Les choses se sont passées telles que notre Parti les avait prévues. C’est parce qu’on a trop fait de concessions devant les contre-attaques de la bour­ geoisie après la victoire de juin, que celle-ci a pu remporter certains succès, qui ont mis la classe ouvrière dans une situation un peu difficile. La bour­ geoisie sent bien que le moment n’est pas venu de la transformation sociale de la société. Elle sait bien que les communistes voient juste quand ils s’ef­ forcent, par tous les moyens, de réaliser et de maintenir l’union du peuple de France pour la sauvegarde de la Démocratie, contre le danger du fascisme. La bourgeoisie sait très bien ces choses, c’est pourquoi, sans perdre de temps, elle prépare ses contre-attaques, en vue de la désorganisation du Front Populaire, ses contre-attaques en vue du sabotage des lois sociales. ■ 34 —

œNTRE LES CONVENTIONS COLLECTIVES Regardez avec queUes difficultés nous luttons m^tenant pour l’élabo­ ration et pour la signature de nos conventions collectives. Nous sommes en butte psxtout à ûgs difficultés multiples tendant à en empêcher 1 application. La bourgeoisie sait bien que ces conventions collectives, même quand elles ne jwot pas excellentes, constituent un moyen de consolidation des forces de la ouvrière, lui permettant, non seulement de lutter pour en faire appli­ quer les clauses, mais aussi de les préparer à l’action, pour de meilleures, convections et de plus larges objectifs.

Charles BOURNETON, Membre du Bureau Régional L’exemple des patrons charbonniers de Roubaix-Tourcoing retirant leur prqpre projet de contrat collectif, au moment où les ouvriers étaient disposés à le prendre pour base de disciassion, nous montre que les patrons n’en sont pas à une manœuvre près pour saboter l’application des lois sociales.

CONTRE LES DELEGUES D^USINES multiples provocations dont sont l’objet les délégués ouvriers élus pai’ leu9B camarades n’ont d’autre but que de les empêcher d’accomplir leurs foootions. Les organisations syndicales eUes-mêmes sont l’objet d’attaques permanentes qui tendent à leur destruction. Le Consortium textile s’était engagé, si on acceptait d’induré son mode d’éiection dans le contrat collectif, à irespecter et à faire respecter dans tou— F'-- 35 tes les usines les délégués élus par les organisations syndicales. Les sjwidC- oats ont accepté cette propKXSition, maie cela n ’empêche pas le consortimn, de se livrer à ime attaque forcent contre les délégués. Dans 15 uednes, tes délégués sont renvoyée ; évidemmeait, le consortium tente de justifier ces mesures draconiennes, jsar de soi-disantes violations de la convention. Cela nous montre — a’Ü en est encore besoin — combien il faut être attentif dans l'exercice des fonctions de délégué ouvrier. De même que nous avons su prendre nos responsabilités quand ü a’eet agi de la fin de la grève ou des occupatians d’usdnes, de môme auJourdTÏHd, nous nous permettons d’attirer l’attention de nos camarades déléguée d’ate­ liers. sur la façon dont ils doivent jouer leur rôle.

L’ACTION DES DELEGUES OUVRIERS Nous avons dit et nous le répétons : les délégués d’ateliers sont élus et fonctionnent en application d’ime loi. Nous estimons que ces délégués cTate- liers doivent s’en tenir à l’application de cette loi. Nous insistons là-desaue, cai‘ si les délégués d’ateliers, mus par un sentiment personnel ou tombapot dans le piège patronal, outrepassent leurs droits ils risquent de ee mettra dans une situation déücate et rendre difficile leur défense i>ar le syndicat. Chaque échec dans ce domaine est une atteinte à la valeur des conreo- tions collectives et à l’autorité des délégués d’ateliers. On comprendre aisément que pour atteindre ce résultat, les patron© se livrent à des provocations. C’est justement i>arce qu’il y a danger de provocations patronales, qjue les délégués d’atelier doivent être si attentifs à. leur attitude, dans leur tra­ vail. Réj>ondre aux provocations patronales, dans un tel moment, c’est fevo- iTser le plan d’attaque de la bourgeoisie, non seulement contre la classe ou­ vrière, mais aussi contre le Front Populaire, dans la mesure où elle en papo- fite pour mettre en opposition les ouvriers d’une part, les classes moyennes et les commerçants d’autre part. Nous ne pouvons pas ignorer que la diek>- cation ective de nouvelles défaites. Or, nous ne devons p€is nous laisser acculer à cela. Il est facile de se rendre compte par exemple, qu’en ce qui concerne les délégués d’ateliers, non seulement ils ne pourraiefit plus accomplir leur tâche, mais encore il ne se présenterait pliis de candidete pour remplacer ceux qui auraient eu à subir la répression patronale. Vous voyez quelle importance il y a à ne pas s’énerver, à examiner tou­ jours, en communigte, chaque action de la vie quotidienne, en rapport avec la situation nationale et internationale.

POUR UNE PROCEDURE DE CONCILIATION C’est ce qui explique notre accord avec la procédure de conciliation et d’arbitrage des conflits préconisés par le bureau de la C. G. T. et publiée par VHumcMité d'hier. Cette méthode que le bui'eau de la C. G. T. préconise et désire voir appli­ quer, par décision gouvernementale, dans le plus bref délai, nous devons te, soutenir, la propager. Nous devons tout faire pour la voir entrer en applica­ tion, car elle nous donne plus de garanties pour l’application des lois socdalee, tout en privant la bourgeoisie de la posBihUité d’effrayer les classes moyen­ nes. les paysans en exploitant les conflits auxquels nous sommes obligés cte recourir. Voilà, pourquoi les communistes doéveot être dans le momefït pr4- — 36 — sent, les meilleurs conseillers des ouv’^riers, que les inanœuvres patronales énervent. ----- Au cours de notre discussion avec Léon Blum et Chautemps, lors du con­ flit du textile de Lille, nous leur avons fait des déclarations très nettes et très catégoriques sur notre façon de juger les conventions collectives. Nous avons déclaré à ces personnalités gouvernementales, que nous con­ sidérons un contrat collectif comme un traité de paix. La signature et le respect mutuel d’un contrat collectif donne la garantie que la grève sera évitée et qu’aussi sera évitée l’occupation de rusdne. Léon Blum et Chautemps savaient que ceux qui déclaraient cela étaient communistes. Quand nous avons fait une telle déclaration, nous permettions à nos camarades communistes au Parlement d’œuvrer à la consolidation du Front Populaire. Notre camai-ade Ramette sut d’ailleurs e’en servir au cours d’une interruption qu’il fit à Léon Blum, au cours du dernier débat sur la dévaluation monétaire. LA CONVENTION COLLECTIVE EST UN TRAITE DE PAIX Mais nos déclarations n’avaient pas seulement ce but. Nous pensions et nous pensons encore que le contrat collectif est un traité de paix qui garan­ tit — dans la mesure où les clauses en sont respectées mutuellement — pour une période déterminée (un an ou plus) ime activité dans les entreprises sans heurts, sans grève et surtout sans que les ouvriers n’aient à subir une atteinte à leurs intérêt* et à leur liberté. C’est un traité de Paix que les communistes seront les premiers à faire respecter, parce qu’il permet aux ouvriers de consolider leurs forces, tout en garantissant l’application des conditions de salaires et de travail contenues dans la convention. POURQUOI OCCUPER LES USINES C’est dans ces conditions que peut se poser clairement la question des occupations d’usines et même de la grève tout simplement. On ne doit faire grève que quand on ne peut faire autrement. Il faut préalablement tout tenter pour éviter la grève, sans pour cela abandonner les intérêts de la classe ouvrière. Quand il s’avère cependant qu’on ne peut éviter la grève, pourquoi occu­ per les usines ? L’occupation des usines a germé dans l’esprit des ouvriers parce qu’ils étaient trop habitués à voir que pendant leur grève, le patronat recrutait des jaunes, avec lesquels il disloquait le bloc des grévistes et les mettait en échec. Maintenant, le patronat ne peut plus faire cela. Presque tous les ouvriers sont syndiqués. Presque tous sont attachés à l’organisation syndicale et notre rôle c’est de faire tout pour qu’ils y restent, mieux, pour qu’ils y viennent plus nombreux encore. La conquête des quelques éléments retardataires qui se trouvent encore dans les entreprises, nous donne la garantie que la grève, si c’est nécessaire, pourra se dérouler sans que les usines soient occupées. L’occupation des usines correspondait à une nécessité, au moment des évènements de Juin. Cette occupation a donné des résultats excellents. Maintenant, elle risque de se retourner contre la classe ouvrière, en raison de la campagne qu’a su mener la presse bourgeoise, surtout ces derniers temps. Ramette le disait hier soir, je le rappelle ; Voici que la bourgeoisie prenant prétexte de l’oc­ cupation des usines tente d’apeurer les paysans et tous ceux qui ont une petite propriété en leur faisant croire qu’après avoir pris les usines, les ouvriers s’empareront de leur ferme, de leur boutique, de leur magasin et il faut le reconnaître, cette campagne prend en ce moment, une telle ampleur, qu’elle peut devenir dangereuse. 37 —

UNIR — UNIR C’est pourquoi les communistes doivent être attentifs à tous les évène­ ments. Les communistes veulent réaliser l’xmion de la nation française ; ils veulent consolider le front populaire : ils veulent l’tmion des ouvriers et des paysans, des ouvriers des villes et des campagnes, ils veulent que soient appli­ quées toutes les lois sociales, tout le programme du front populaire. Ils le veulent, car ils considèrent que tout cela est encore loin d’être atteint. Ils pensent que pour réaliser ces objectifs, il faudra encore beaucoup d’efforts et de bonne volonté pour le maintien et la consolidation du front i>opulaire. On a dit que nous voulions la soviétisation des usines ! Nous répondons très tranquillement, que ce que nous voulons, c’est le pain et la liberté, dans le cadre du régime démocratique. Forts de notre expérience, de la justesse de notre tactique, nous sommes en mesure de jouer notre rôle dans tous les évènements. — Après les succès grandioses remportés par notre Parti, sur la base de sa politique d’union, nous avons la garantie que nous sommes sur la bonne voie. Le délégué de l’usine métallurgique qui nous disait tout à l’heure que tous les ouvriers de son usine méritent d’être communistes, avait parfaite­ ment raison. Notre parti est le parti de la classe ouvrière et il est normal que chaque ouvrier partage sa politique. Nous n’avons pas à nous effrayer des dangers qiri nous menacent à droite et à gauche, si nous savons gardei’ très tranquillement notre sang-froid. Grâce à l’application ferme de notre politique non seulement nous renforcerons notre position, non seulement nous obtiendrons l’application des lois sociales, mais nous réaliserons l’union de la nation française et nous empêcherons la bourgeoisie de diviser nos forces. Nous sommes l’espoir du pays et cela nous donne la garantie que nous serons vainqueurs.

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juV'.' * . DISCOURS prononcé par îacques DUCLOS à la Conférence Régionale du Nord le 18 Octobre

Camarades, Mes premières paroles seront pour saluer au nom du Comité Central votre magmfique assemblée de la région communiste du Nord, qui se tient ici, à Lille, au cœur d’une région où la classe ouvrière a été la pre­ mière en France, à s’inspirer des enseignements de Marx. C’est ici, en effet, que Guesde et Lafargue ont trouvé le terrain ouvrier qui leur a permis de faire pénétrer le marxisme dans les cerveaux et cianjs les cœurs des prolétaires de France. Eîn évoquant le nom de Lafargue qui fut député de Lille, qu’il me

Vioe-PrésWent de la Chambre des Députés

soit permis de vous dire que dans la banlieue de Paris, à Draveil, où il mourut voici 25 ans, les organisations communistes se préparent à ériger une statue à sa mémoire, et je suis sûr que la région du Nord sera large­ ment représentée lorsque nos municipalités inaugureront le monument à la mémoire de Paul Lafargue. Je veux ajouter aussi que si c’est surtout par le canal du prolétariat du Nord que le marxisme a pénétré en France, le grand mérite de notre Parti Coi^uniste, c'est d’avoir fait pénétrer le marxisme dans les range du nrolétarlat parii.len, qui a été particuüèrement sensible au grand exetn- ele de 1?. Révolution r’.is'"?. — 40 —

Est-il besoin d’insister pour aémontrer l’importance politique d’une tel­ le situation ? C’est parce que notre Parti a plongé ses racines dans les couches porfondes du peuple de la capitale qu’aux heures même les plus difficiles de son histoire il a conserve une influence prédominante, et c’est ce qui nous a permis de faire triompher l’unité d’action en dépit de toutes les difficultés que nous avons rencontrées sur notre chemin. Or, vous le savez bien, si nous avons la joie de saluer aujourd’hui votre région du Nord qui s’est considérablement développée dans la dernière pé­ riode, puisque vous comptez maintenant plus d’adhérents pour le seul dé­ partement du Nord que vous n’en comptiez auparavant pour les deux dé­ partements du Nord et du Pas-de-Calais, si nous pouvons saluer le magni­ fique développement du Parti Communiste dans cette région si importante, c’est parce que la classe ouvrière, les couches profondes du peuple travail­ leur de France comprennent que si l’union de toutes les forces de paix et de liberté s’est réalisée en France, c’est grâce à la persévérance, à la téna­ cité de notre grand Parti Communiste. Voilà qui explique la croissance rapide de notre Parti. Nous sommes en droit de nous enorgueillir des 277.000 adhérents qui composent aujour­ d’hui notre Parti, de même que nous sommes en droit d’être fiers de la confiance que placent en nous plus de 97.000 jeunes communistes qui, sans doute, appartiennent à une organisation indépendante, mais dont les mani­ festations de confiance et d’affection à notre Parti sont si touchantes.

NOTRE PARTI Cette conférence donne un magnifique spectacle de confiance récipro­ que et d’unité de pensée. Nous ne sommes pas un parti comme tant d’autres. On ne voit pas chez nous des luttes intestines comme on en voit ailleurs. Nous ne som­ mes pas un parti de politiciens vulgaires, nous sommes un parti de mili­ tants révolutionnaires qu’anime une même volonté et que guide un même idéal. Nous sommes le plus magrnifique groupement d’hommes qui puisse, exister, un groupement d’hommes unis sur la base de mêmes aspirations, unis par un même esprit de sacrifice, unis par un même idéal, le plus beau que l’on puisse proposer aux hommes, idéal qui consiste à lutter de toutes nos forces pour délivrer le travail des chaînes du capitalisme. Notre idéal à nous, consiste à lutter ix>ur réaliser demain une communauté humaine où l’homme sera un frère pour l’homme, tandis que dans la jungle du ca­ pitalisme, l’homme est un loup pour l’homme. Je trouve ici, dans cette conférence, la même atmosphère de confiance et d’union que nous avons trouvée ces deux derniers jours à la session du Comité Central de notre grand Parti. Avec un parti comme le nôtre, nous avons le droit d’avoir confiance dans l’avenir, et je comprends que vous, dans le Nord, vous soyez fiers d’être devenus une organisation puissante avec.vos 17.000 adhérents. D’ail­ leurs, je suis sûr que sous peu vous aurez doublé le cap des 20.000. Mais si vous êtes devenus une organisation puissante, votre rôle poli­ tique a augmenté d’autant, et l’importance à la fois économique et poli­ tique de ce département est telle que ce qui se passe ici à des répercussions sur l’ensemble de la vie politique et économique du pays. Qu’on regarde ce département du point de vue industriel ou du point de vue agricole, qui donc pourrait contester ce que je viens de dire, et si on le regarde du point de vue de sa position géographique, on est en droit de poser ici avec une force particulière le problème de la paix. 41 — quelques de où frontière, à internationaux surTa lesquels “èï^ljïîî Je m’étendraivTnïenTde da4itage' ’Tftou“ à l’hSirf tant'=d’érénTâeTtrse^T?rTu.eTTsu?^e^STir‘‘T“T ne peuvent pas ne pas sentir l’importance des effons qtfil' s^StTdéTioÿS sommes, et c’eist notre fierté, le grand Parti de

LA CONFIANCE DU PEUPLE Le peuple a une g'rande confiance en nous. Le Front Populaire dont nous nous honorons d’avoir été les initiateurs a suscité de g ’randes espérances. Ces espérances, nous n’avons pas le droit de les décevoir. _ Personne ne peut plus n’sr maintenant le rôle que nous avons joué pour constituer dans ce pays le Front Populaire du pain, de la liberté et de la paix. Et si nous avons fait cela, c’est parce que jamais nous n’avons opposé les intérêts de notre Parti aux intérêts du peuple, c’est parce que nous avons brandi avec force le drapeau de l’union du peuple français, c’est ce qui explique que de plus en plus on voit en nous dans les profondeurs de la masse populaire, l’avenir de la France, On finit par savoir ce que nous avons fait pour l’unité d’action, pen­ dant 13 ans, alors que sans nous laisser décourager nous avons lutté pour que les ouvriers socialistes et commimistes, sans être d’accord sur un cer­ tain nombre de problèmes politiques, s’unissent cependant pour se défendre contre leur ennemi commun, le capitalisme, qui les exploite les uns et les autres. * Jamais, d’ailleurs, on. ne démontrera assez les incessants efforts dé­ ployés par notre Parti pour réaliser cette unité d’action qui a été le pré­ lude du Front Populaire. Ici peut-être plus que dans d’autres régions, vous avez connu des résis­ tances et des difficultés au cours de cette rude bataille menée pour l’unité, bataille qui est la gloire de notre Parti, bataille qui nous a permis d’empê­ cher les hommes du 6 Février de réaliser leurs plans criminels dans ce pays, bataille qui nous a permis, après avoir uni les masses de la classe ou­ vrière, de réaliser l’union de la classe ouvrière et des classes moyennes. Sans les efforts de notre Parti peut-être aurions-nous déjà connu en France un sort semblable à celui que subit le peuple d Allemagne, mai - tyrisé par Hitler. Au lieu de cela, nous avons créé les conditions de la victoire électo­ rale du 3 Mai dernier, victoire dont nous nous sommes réjouis, victoire qui est en grande partie notre œuvre, victoire dont il importe maintenant de faire sortir tous les fruits qu’en attend la classe ouvrière et le peuple de France. LE PROGRAMME DU FRONT POPULAIRE Nous avons un gouvernement que nous avons assuré de notre soutien loyal, sans éclipse, poL appliquer le programme du Front Populaire J ajoute que nous ne séparons pas la notion d’application du programme de la notion de soutien du gouvernement. Quand on compare la liste des revendications contenues dans le program­ me du Risemblement Populaire et la liste des réalisationsobtenues depuis Juin dernief^n est obligé de constater qu’il reste encore plus à faire qu il n’y a de fait Sautant plus qu’il ne suffit pas de voter des lois, il faut encore __ xo les appliquer, et à ce propos il faut bien souligner que beaucoup de lois sociales tant sur les 40 heures que sur les contrats collectifs et les congés payés font l’objet de nombreuses violation de la part d’un patronat de combat qui n’hésite pas à provoquer la classe ouvrière. Nous voyons un peu partout se produire en effet des provocations inso­ lentes qui témoignent de la volonté des 200 familles et de leurs agents de poursuivre une bataille sans répit pour contrecarrer la volonté du peuple légalement exprimée le 3 Mai dernier. Et surtout il ne faudrait pas croire que c’est en faisant preuve de faiblesss à l’égard de ces représentants du grand capital qu’on peut obtenir d’eux une atténuation à leurs campagnes malfai­ santes. On n’a que trop pratiqué une politique d’abandon, on n’a que trop reculé au lieu d’agir contre les oligarchies financières, pour que nous insistons sur la nécessité de s’arrêter sur une telle voie qui ne peut aboutir qu’aux pires déceptions pour le peuple. Il faut bien dire que c’est parce qu’on n’a pas osé s’attaquer avec la vigueur nécessaire aux gros possédants, parce qu’on n’a pas voulu prendre, en application du programme du Rassemblement Populaire, des mesures attei- gfnant les grosses fortunes que le gouvernement a été contraint à la déva­ luation. Vous savez quelle position nous avons prise. Adversaires de toujours de la dévaluation qui aboutit à effectuer un pré­ lèvement sur les pauvres, nous avons rappelé que si on avait abouti à cela, c’est parce qu’on n’a pas osé procéder, comme nous l’avons demandé, à la réalisation d’xm prélèvement sur les gfrosses fortunes au-dessus de 1 million, parce qu’on n’a pas osé procéder à une réforme démocratique de cet ordre, qui, au heu d’aboutir à un prélèvement sur les pauvres, aurait eu comme conséquence de faire payer les riches. Cela nous l’avons dit, et nous le répétons, et partout il convient de dire pourquoi le gouvernement a été poussé à la dévaluation en rappelant la posi­ tion prise par notre Parti. Mais si la réaction veut se mêler à nos discussions, si elle essaie d’iden­ tifier notre politique en ce qu concerne la dévaluaton à ses attaques de cir­ constance à elle, soi-disant contre la dévaluation, n’oublions jamais qu’il faut montrer les responsabilités qui pèsent sur les épaules des hommes de la réaction, qui, en pratiquant leur politique néfaste de déflation ont créé les conditions de la ruine du franc. C’est M. Laval qui a apphqué les méthodes préconisées par M. De Wendel au Congrès de la Fédération Républicaine, en Avril 1935. C’est M. Pierre Laval qui a fait des économies sur le dos des petites gens, soi-disant pour équilibrer le budget, alors que l’actuel gouvernement a trouvé un budget avec un déficit de près de 7 milliards de francs. Non ! les hommes de la réaction, les Laval, Tardieu et consorts n’ont pas le droit de critiquer la dévaluation qui est l’enfant de leurs œuvres. Nous avons le droit de dire, nous Communistes, que c’est parce qu’on n’a pas été assez hardi pour faire payer les frais de cette politique par les riches, par ceux-ci qui en sont les responsables, qu’on a été amené à la dévaluation. Mais nous ne permettrons pas aux réactionnaires de se mêler aux dis­ cussions qu’il peut y avoir entre socialistes et communistes, car nous savons trop bien que ce qu’ils veulent, c’est nous diviser, c’est dresser les ouvriers lec ccr-trc les autre';, c’est dresser les classes moyennes contre la classe ouvrière, cax il font leur, la formule de cette italienne qui régna sur la — 43 —

NE LAISSONS PAS TOUCHEE A L’UNION C’est notre <^it et notre devoir de discuter avec les camarades socia- listes, de leur expliquer leu raisons de notre position, d'autant plï^t^ils sont nombreux a penser exactement comme nouaf l P us, nu , qu’il ne faut pas mettre en relief tout ce que le Front Populaire a donne, car pour la première fois cette année il y a des honmes qui ont travaillé toute leur existence sans jamais avoir de congés payée, et qui ont pu se reposer quelques jours avec ce sentiment réconfortant d'être ^traités comme des hommes et non comme des esclaves. L/essentiel, avec toutes les forces groupées dans le Front Populaire, c’eet d© faire en sorte que les lois votées ne soient pas lettre morte, de faire en sorte qu’elles soient appliquées. Plus que jamais, l’Union est nécessaire pour faire reculer le grand patro­ nat dans sa politique de provocation et d ’insolence, car il ne manque jamais d ’utiliser les manifestations de faiblesse pour pousser plus loin son offensive contre la classe ouvrière et le Front Populaire. Les oligarchies financières trament dans ce pays un complot pour diviser les forces populaires. Elles voudraient dresser les classes moyennee contre la classe ouvrière, elles voudraient renouveler l’histoire de 1848, isoler la classe ouvrière pour pouvoir l’attaquer et détruire ensuite toutes les libertés démocratiques, et imposer à la population laborieuse la misère et l’esclavage. Eîn 1848, ceux qui préparaient les journées de Juin firent une campagne abominable de mensonges auprès des petites gens, des paysans, pour montrer les ouvriers de Paris comme des paresseux, des malfaiteurs publics, pour créer contre eux xme hostilité générale qui devait aboutir aux massacres des journées de juin. Mais en conclusion de cela, vous savez ce qui est arrivé. Les journées de Juin préparaient en définitive, le coup d ’Etat du 2 Décembre de Louis Napoléon Bonaparte. C’est pourquoi dans la lettre que notre Comité Central vient d ’adresser au président Daladier, et au congrès radical de Biarritz, nous avons pu dire très nettement que nous ne voulions pas de journée de Juin, parce que nous ne voulons pas de 2 Décembre. Non, nous ne voulons pas que l’on puisse isoler la classe ouvrière, nous ne voulons pas que l’on puisse dresser les classes moyennes contre la^ classe ouvrière, et nou ne permettrons pas que l’on colpvorte les pires calomnies sui les ouvriers qu’un patronat rapace oblige à défendre leur pain. Notre Parti a donné dans ce domaine comme dans les autres assez de preuves de courage pour qu’il nous soit permis de parler haut et clair. Seul notre Parti a, le 11 Juin dernier, par la voix de son secrétaire général, notre camarade Maurice Thorez, déclaré qu’il faut savoir terminei une grève dès que les revendications essentielles sont satisfaites, et c est un de nos meilleurs militants, le camarade Frachon, secrétaire de la C. G. T. qui a, à diverses reprises, conseillé aux ouvriers de ne pas se laisser provoquer a la grève, et, autant que possible, de ne pas occuper les usines. Qu’est-ce que cela signifie, si ce n’est que POur notre part no^ ne saurions souscrire à une restriction quelconque des libertés de la classe ouvrière que si nous lui conseillons la prudence c'est pour empecher que ses eoi.e’.o7. le puissent se servir de certains faits pour semer la panique et poursuivre leur œuvre misérable de division. Quand on narle d ’ordre dans certains milieux, on se retourne du côté de la^^^ ouvrit mais les ouvriers veulent l’ordre, ils veulent le respeci LloÏÏ^œiiel efcrque l’on oubüe peut-être un peu trop ^ns certains ^eSï c%?t q^é les exploiteurs qui violent les lois sociales détermment U désordre. 44 —

Il y a en France une situation qui rappelle, par certains traits, de ce point de vue. la situation en Espagne avant l’insurrection du 18 Juillet. Là-bas. on a vu des ouvriers faü’e grève pour défendre leur pain, qui vivaient dans des conditions misérables. La réaction a utilisé ces grèves pour colporter les bruits les plus invraisemblables, parler de la révolution qui se préparait, etc., etc... Et dans de nombreux cas, on a vu les patrons dont les provocations à la grève ne réussissaient pas, proclamer le lock-out afin d’obtenir quand même et malgré tout, des conflits sociaux. J’ai l’impression qu’il y a en France des hommes qui semblent s’inspirer de ces méthodes et qui veulent à tout prix provoquer la classe ouvrière en vue de gêner, en vue d’empêcher l’application du programme du .Front Popu­ laire. Ce qui est important pour la classe ouvrière de notre pays, c’est que maintenant elle a une organisation syndicale puissante, avec plus de 5 mil­ lions de membres, et cela pèse dans la balance pour défendre les revendi­ cations. Je n’apprendrai rien à personne en disant que la grève n’est pas la seule arme pour le combat de la classe ouvrière. D’autres moyens de pression peuvent être exercés avant de’n arriver à la cessation du travail. Le Front Populaire se doit d’assurer la défense effective des revendica­ tions de la classe ouvrière et aussi de l’ensemble de la population laborier'^e du pays. Nous devons défendre les intérêts des payans, des fonctionnaires, des anciens combattants, des commerçants, des vieux travailleurs, nous de­ vons défendre les intérêts de toutes ces ‘couches diverse de la population travailleuse de notre pays. ,

LES RICHES DOIVENT PAYER Et si aujourd’hui la dévaluation a été faite, ii ne faut pas croire que notre mot d’ordre ; faites payer les riches, est désormais dépassé. Au con­ traire, il est d’une actualité brûlante, et c’est pourquoi nous qui sommes des hommes politiques, nous. entendons continuer à mener notre bataille pour faire payer les riches. Nous allons insister pour demander la réalisation d’une véritable réforme fiscale introduisant en France l’impôt sur le revenu en s’nspirant de ce qui existe en Angleterre où l’impôt direct fournit plus de 50 % des recettes de l’Etat, tandis qu’en France l’impôt direct n’en fournit que 18 <%, ce qui implique que le reste est couvert par des impôts indirects qui ont comme conséquence de frapper les consommateurs, de faire payer les pauvres. En demandant l’introduction dans la fiscalité française d’un impôt véri­ table sur le revenu, nous ne faisons nullement oeuvre de révolutionnaires. Ce n’est pas la première fois que la question est posée dans le pays. Il fut un polititien qui s’appelait Paul Doumer qui préconisa autrefois l’impôt sur le revenu ; il mena à travers le pays une campagne, et comme il commençait à devenir gênant, on lui confia le gouvernement général de l’Indo-Chine, ce qui met fin à sa campagne tumultueuse. Plus près de nous, M. Joseph Caillaux a préconisé lui aussi un système d’impôts sur le revenu qui s’inspire dû système fiscal anglais. Les petites gens trouveraient leur compte à l’établissement d’une telle fiscalité. D’abord, il faudrait prévoir naturellement un abattement à la base. En Angleterre, cet abattement est d’environ 26.000 francs, ce qui veut dire que les gens disposant de petits revenus seraient exempts de l’impôt ; et les paysans, et les petits commerçants, au lieu de payer des impôts sur la patente, sur le foncier, etc..., paieraient sur le revenu réel contrôlé, ce qui aboutirait à alléger aussi leurs charges fiscales. n

Mais par contre. i tous ceux qui disposent d’énormes Vpvprn possédants et de iu.tice, aJln de penrettre ?n h, “ a>OM^ies, comme c’est ijemin! ^ procurer les ressources dont il a propositions tendent à diminuer le volume des imnots indirects, il faut dire que c’est 1à voiume aes impôts raison de l’influence de ces d’actualité en TvmiiiATnp Hp lo int+o mpotsSiStHuri? sur le pnx de la vie à un moment ou le ^ A^e ïronof mn parüculièrement important. A ce propos, laissez-moi vous dire que le camarade qui a parlé tout à Php!i?r?p^?llp^^nn“® d’évoquer le problème de la lutte contre la

'•1 TMP o/^'f • P^an là grouper de nombreuses ménagères, et qu ü me soit Pf^is d insister sur la nécessité de ne pas considérer la lutte contre la vie chère comme une lutte des ouvriers contre les petits commer ­ çants, mais au contraire comme une lutte menée en commim par les ouvriers, le» paysans et les petits commerçants, victimes eux aussi de la spéculation qui est cause de la vie chère.

LE PARTI ET LES FEMMES On s est plaint tout à l’heure de l’insuffisance du nombre des femmes dans notre Parti. J ’ai le sentiment que, de ce point de vue, on n’a pas encore très bien vu comment il faut aborder les larges masses de la population féminine. Ce n’eet pas seulement sur le plan de l’éducation que l’on peut rassembler les femmes dans notre Parti, et si la lutte contre la vie chère p>eut être une base de rassemblement très large pour les femmes travailleuses, il faut dire qu’il y a d’autres bases de rassemblement. Et ici, qu’il me soit permis de rappeler que dans certaines villes de la banlieue parisienne on a pu grouper les femmees pour tricoter pour les enfants des chômeurs, et les femmes qui se sont ainsi réunies pour cette œuvre de solidarité ouvrière n’auraient peut-être pas répondu à d’autres appels qui leur auraient lancé sur im autre plan. Aujourd ’hui même, je connais des endroits où des femmes se rassem­ blent pour tricoter des paase-montagnes, des cache-cols pour les miliciens espkagnols à qui il faut maintenant des vêtements chauds. Je veux simplement me borner à évoquer ces choses pour rappeler que pour trouver les formes pour les entraîner à l’action, il faut se garder de schématiser, et ii faut savoir répondre aix préoccupations tant économiques que morales des femmes travailleuses de !.iotre pays.

AVEC L’ESPAGNE REPUBLICAINE J ’en arrive maintenant tout naturellement, après cette évocation des nailiciens gouvernementaux qui luttent autour de Madrid, au problème tra­ gique des évènements d’Elspagne. , ■ . r Et tout d’abord je veux dire que La Rocque et les fascistes fi^ç^ ne seraient pas si audacieux s’ils n’avaient pas devant eux l’exemple de 1 Elspia- gue où les Franco et les Mola ont organisé la rébellion avec le soutien ou fascisme international, tandis que les républicains eapagn^ols ne sont pas aidés comme ils auraient dû l’être par la dém^ratie mternaüonale. C’est d’ailleurs un scandale de voir que La Rocque peut contmuer à faire ses réunions, à provoquer, sans que la main de la justice se soit abattue sur lui. Ce n’est pas seulement la pensée des communistes, mais c'est au^ le <5*^ socialistes que je suie sûr de tradu.re. en d.aant que 46

La Rocque doit être mis en prison et que les ligues doivent être effectivement diasoutes. ------Si. après avok' reculé devant les 200 familles dans l’action à menea: pour la défense du j>am des travailleurs, on recule aussi devant le fascisme Inté­ rieur dans l’action à mener pour assurei- la défense de la liberté, ai au lieu de mettre La Rocque en prison, on restreint la liberté de réunion pour le Parti Communiste tant dans la Région Parisienne qu’eu Alsace-Lorraine, alors ce n’est plus appliquer le programme du Rassemblement Populaire, c’est plus exactement lui tourner le dos. Et ce n’est pas seulement reculer devant le fascisme intérieur. J’ai le sentiment trèse net qu’on recule aussi devant le fascisme extérieur ; et c’est ça qui est à l’origpne de la position prise par le Gouvernement Français en ce qui concerne la question espagnole. Chacun sait en effet que c’est le Gouver­ nement Français qui a pris l’initiative de la politique dite de neutralité qui aboutit en fait à empêcher les républicains espagnols de se ravitailler, alor» que les rebelles sont abondamment pourvus en armes et en munitions par Hitler et Mussolini qui se servent du Portugal comme de pays de transit. M. Yvon Delbos a déclaré que la neutralité ne devait pas être une dupe­ rie, et cette même thèse a été soutenue par l’I. O. S., par la C. G. T., par le comité du Rassemblement Populaire. Par conséquent, on comprend difficilement qu’après le réquisitoire fait par le Ministre des Affaires Etrangères de l’Espagne, Alvarez Del Vayo, le gouvernement n’ait pas pris des mesures pour mettre un terme à une politi­ que qui sert directement les rebelles. On a en fait, violé le droit international et appliqué au Gouvernement Bspagfnol des sanctions qu’on n’a jamais appliquées à l’Italie fasciste dési ­ gné comme pays agresseur de l’Ethiopie par la S. D. N. Eît c’est sans doute pour cacher ce qu’il y a d ’inadmissible dans une telle position qu’une campagpie a été lancée contre le Parti Communiste, tendant à nous présenter comme voulant la guerre, comme des partisans de l’inter­ vention en Espagne, alors que jamais nous n’avons demandé l’intervention en Elsi>agne. Nous nous sommes toujours bornés à demander l’application du droit international et la levée du blocus dont est victime l’Espagne républi­ caine. Non, la neutralité ne pc|ut pas continuer à être une duperie. Ce aérait vraiment vouloir être dupe en pleine connaiasance de cause. Et c’est pour­ quoi rUnion des Républiques Sociales Soviétiques a traduit la pensée pro­ fonde des travailleurs de tous les pays en dénoniçant les violations de la poli­ tique (dite de neutralité, dont se sont rendus coupables les Etats fascistes d ’Allemagne et d ’Italie. , Plus que jamais, nous devons avec tous les partisans de la liberté et de la paix montrer que la bataille qm se joue en Espagne est une bataille qui intéresse le sort des travailleurs du monde.. Nous devons montrer que ce iftit ceux qui veulent permettre à Franco et à Mola de remiwrter la victoire pour le compte d ’Hitler et de Mussolini, qm créent pour demain les conditions d ’in­ sécurité et de guerre en Europe.. D’ailleurs, n’oublions pas que si on colporte contre noua cette caJcannie, tendant à nous (présenter comme des partisans de la guerre, ce serait une erreur de négliger cette attaque répandue à des centaines de milhers d ’exem- pdaires chaque jour, et qui peut tromper de braves gens, surtout dans un ■paye comme celui où l'on aime la paix plus qu'aUIeurs peut-être parce qu'on se souvient de ce qu’a été la guerre. Nous n’avons pas le droit de laisser les calomniateurs du oommunisoae faire croire aux ouvriers, aux paysans, aux commerçants du Nord, que nous voulons la guerre. Nous devons leur mcaitrer que nous sommes le parti de — 47 —

SOUCI de défendre la paix. U faut faire cela avec d’autant plus de force ou« cette catomme poi^aat influencer certains camarades socfaï^ÏÏ ^%a2it aux radica^ noubhona pas qu’ils ont ici dans leur fédération du Nord, un n préoccupation est de dénoncer le soi-disant bellicisme de notre Parti.

LA DEFENSE DE LA PAK Dans cette région du Nord, nous avons une grande bataille à mener, la bataille poui 1 union du peuple, la bataille (pour la défense de la paix. Cette bataille pour la paix devient d’autant plus importante aujourd’hui, que nous venons de voir ,1e Roi des Belges et son Gouvernement, dénoncer leo accords internationaux, dans des conditixxns telles que cette opération poli­ tique apparaît comme un nouveau succès pour Hitler. Là aussi, on peut se rendre compte que la politique de recul, de pusilla­ nimité, pour ne pas dire de capitulation, devant le fascisme international, ne sert ni la sécurité, ni la dignité de la France. Il semble qu’on soit encore dominé par l’esprit de Laval qui, au moment où l’Italie attaquait l’Ethioipie, ne pensait qu’à faire suivre par la France une politique de Ponce Pilate, portant par cela même un coup au principe de la sécurité collective et de la paix indivisible. D’ailleurs, il faut ajouter qu’à la dernière session de la S. D. N., lorsqu’il s’est agi de savoir si les délégués de l’Ethiopie pourraient siéger à Genève, la position de la France n’a été un modèle ni de clarté, ni de courage. On donne l’impression que la France est plus ou moins fidèle à ses enga­ gements et c’est sans doute cela qui est à la base de ce changement d’atti­ tude de la Belgique. ------Méfions-nous que demain, une telle attitude ne détache de la France lee pays de la Petite Entente. Méfions-nous de voir la France perdre toutes ses amitiés parce qu’elle n’aura pas su résister à la politique de chantage à laquelle se livre le fascisme international. Jamais on n’a vu les hommes du fascisme international agir avec autant d’insolence et d’audace. On va jusqu’à demander que notre camarade Mau­ rice Thorez soit condamné parce qu’ü s’est permis de citer des passages de « Mein Kampf », dans lesquels M. Hitler déclare que la France est un pays abâtardi et négroïde, parce qu’il a cité des textes montrant que le but de l’hitlérisme c’est d’anéantir la France. Et nous, qui voulons la paix dans l’honneur et la dignité de la Fraooe, nous pensons que ce n’est pus en reculant à chaque inst^t devant le fhs- cisme international, qu’on sauvegarde la paix. Au contraire, on la compro­ met. Voüà que maintenant Hiüer, après avoir injurié les communistes, ^t injurier par sa presse le camarade Jouhaux, qui doit parler aujourd hm mêia® à Strasbourg. Où va-t-on avec une telle politique ? Les manifestaüons de l’ingérence de l’hiU^isme dans les affaires Üe la France se multiplient et pour un ,peu c’est la France que 1 on accuserait. Nous disons très nettement nous, communiât^ ^ de France, qui avo^ la terre de notre pays à nos souliers, que nous attendons défendre la paix de toutes nos forces, et de toute notre foi. Nous mn avexM -tnneché les h-r-- «lu 6 Février de faire leur coup crimioel, nous enten-cions bien ne pas laisser »WTrir les porte® de notre awx fascdstes de l’extérieur. Pour sauver la pais, ifi faut unir les peuples pacifiques dont la collabo- nea^n étroite doit assuror ht sécurité collective dans le principe de la paix aiOvïsible. Pour la défense de la paix, nas que la guerre ensanglante à nouveau ces région® profères. Pour le pain, pour la liberté, pour la i)aix, nous devons unir le peuple. Unir, unir, unir, telle est notre formule. Et quand nous parlons d’union, »ous ne parlons jamais de l’union avec les 200 familles, c’est ce qui nous dif- férsDcie du camarade Léon Blum, qui récemment a parlé de « la France «anime ». Pour notre part, nous excluons de cette unanimité, les hommes ëee oligarchies financières et les agents de Hitler en France. J’en arrive mamtenant à ma conclusion. Comme vous l’avez entendu, nous disons ce que nous pensons à la fois de oe qui a été fait et de ce qui n’a pas été fait en application du programme du Front Populaire, et nous sommes sûrs que nos critiques sont approuvées par les camarades socialistes qui se rendent parfaitement compte que de l’application du programme dépend le triomphe du Front Populaire. Li’essentiel, c’est de dire ce que nous avons à dire dans des termes tels que personne ne puisse ee sentir froissé ,parce que ce que nous voulons,ce n’est pas critiquer pour le plaisir de critiquer, c’est critiquer pour surmonter les obstacles que l’on rencontre, dire ce que noue avons à dire, afin d’obtenir lew changements indispensables. Notre loi suprême doit être de travailler à runion des masses popu­ laires. C’e^ la grande tâche qui yous attend, voue qui êtes devenus mainte- lumt une grande organisation régionale avec des chefs connus non seulement dans votre coin, mais à travers tout le pays, comme c’est le cas avec votre secrétaire, le camarade Ramette qui est en même temps secrétaire de la frac- Mœ parlementaire et secrétaire de la Chambre, comme c’est le cas, avec une nifiitante, dont vous avez le droit d’être fiers, notre camarade Martha Des- rumaux, que j’ai entendu tout à l’heure comparer à la Pasdonaria. Et à la tête de votre région à côté de Ramette et de Martha, il y a de nccnbreux militants dont certains ont acquis une grande autorité dans le mouvement syndical, et sont capables de conduire notre parti et la popula­ tion laborieuse, vers les combats de demain. 4» —

11 ne faut pas natureU-ement oubiier que ria*»* un grand parti comme le nôtre, il ne aiiffit pas de quelques hommes pour

INTERVENTION d un ex - volontaire national

Camarades,

Je tiens à faire une déclaration en tant qu’ex-volontaire national. Ayajit répondu à l’appel de Thorez, je tiens à préciser pourquoi, comment je suis rentré aux volontaires nationaux. Pourquoi, comment, je me suis inscrit au Parti Communiste?

POURQUOI AI-JE ETE VOLONTAIRE NATIONAL Vient-on au monde avec l’esprit fasciste ou communiste? Non! il convient de se situer dans le milieu au sein duquel on a vécu. Ce sont les parents qui quelquefois ne veulent pas admettre que l’on pour­ rait bien ne plus penser de la même fa.çon qu’eux. C’est aussi le bourrage de crâne des, journaux bourigeois qui font que des jeunes gens, des jeunes hommes qui n’ont rien de fasciste, s’enrôlent dans les ligues soidisant pa­ triotes. C’est le chômage dans lequel sont plongés des milliers de jeunes, qui sert de tremplin à ceux qui rêvent de devenir des Hitler ou des Mussolini. Pourquoi suis-je rentré aux volontaires nationaux? J’ai la certitude que mon cas est celui de beaucoup de jeunes hommes, et mêmes des classes moyennes. Le 6 Février 1934 une émeute a lieu à Paris. L’affaire Stavisky va servir les dictateurs en herbe. Les dirigeants Croix de feu vont profiter de tout cela pour recruter tous les gens sans travail, tous ceux qui sont dans la misère, tous ceux qui sont accablés d’im­ pôts, pour leur dire: « Vous voyez le régime parlementaire est pourri, des ministres, des députés sont impliqués dans le scandale Stavisky. Nous, ntius sommes au-dessus, des partis. Venez avec nous. >y Et à cette époque-là c’est vrai, je pensais comme eux, je disais: tous les députés sont de salauds, pen- dans les élections, ils nous promettent tout, après, rien. Et quand je parlais du communisme, je trouvais que c’était impossible de le mettre en applica­ tion. Comme vous le voyez, j’ai changé d’avis! Donc je rentre aux volontaires nationaux où j y trouve les mêmes théories que l’on m’avait inculquées dans ma jeunesse, inculquées sans que j’ai le droit de me rendre compte si elles étaient vraies ou fausses. Ces tîiéories vous les connaissez: Patrie, famille, drapeau, la France aux fran­ çais, les étrangers à la porte; ce sont eux qui font le chômage. Il n’y a rien d’étonnant à ce que l’on se laisse prendre pai de seinblables arguments. Voilà pourquoi dégoûté par le scandale Stavisky, savamment utilisé par les croix de feu, animé par le désir de vouloir que ça change, je m’inscrivis aux volontaires nationaux. — 52 —

POURQUOI LES AI-JE QUITTES Pourquoi je les ai quittés. La première réunion à laquelle j’assist8.is fût pour mol une vraie déception. Alors que je croyais que l’on allait nous fournir un programme qui rendrait la prospérité à la France, on nous paria du danger communiste dont les militants prenaient leurs ordres à Moscou. En même temps on nous disait; nous sommes au-dessus des partis, et ai un parti, même le parti communiste nous présente un programme, en ac­ cord avec les intérêts de la France, nous sommes prête à le soutenir. Alors je ne comprenais plus, ou plutôt, je commençais à trop comprendre. Vous allez me dire; mais alors, pourquoi ne pas les avoir quittés tout de suite. Comme je vous le disais tout à l’heure, vous comprendrez que l’on ne se dégage pas du jour au lendenaain, des préjugés, des traditions, de l’égoïsme qui furent inculqués dans la jeunesse. Mais c’est justement en y restant comme je l’ai fait que j’ai pu voir les fissures, tout le superficiel du mouvement croix de feu.

QUELQUES FAITS EDIFIANTS J’ai comprLs que le « bonjour, camarade », du gros industriel à l’ou­ vrier n’était qu'un bonjour de commande et que, derrière cette fausse cama­ raderie, on continuait à mépriser l’ouvrier, en un mot, le peuple des tra­ vailleurs. J’ai compris que ces belles raadames qui éprouvaient le besoin de se couvrir de fourrures et de bijoux pour aller distribuer des bons de pain ou de viande, se comportaient en véritables snobs. Je me souviens qu’un jour un ouvrier qui, paraît-il, appartenait au Parti Communiste devait être présenté au président de la section. Au lieu de le recevoir à bras ouverts, tout le monde le regarda comme une bête curieuse et le président lui fit cette recommandation ; « 'Tu sais, ici, il faudra marcher droit, on t'aura à l’œil ». Je fua gêné pour ce pauvre type du ton employé à son égard et je compris que derrière le mouvement se dissimu­ laient des forces occultes. Où je fus dégoûté complètement, ce fût le jour où le colonel de La Rocque déclara que si les croix de feu étaient dissous 20.000 enfants se­ raient privés de vacances. Cette bonté conditionnelle, ce chantage dirais-je, à l’enfance malheu­ reuse, m’enleva tout ce qui me restait de confiance vis-à-via de ce sauveur de la France. Voilà comment et pourquoi je quittai mes camarades volon­ taires nationaux, mais j’espère pas pour longtemps car je compte bien qu’ils vont bientôt venir me rejoindre!

LA REUNION COMMUNISTE DU PALAIS RAMEAU, A LILLB Pourquoi comment je me suis inscrit au Parti Communiste? Oh! il ne faut pas croire que je suis devenu communiste aussi vite que j’étais devenu volontaire national. Non, non, pas du tout! Un jour je lis sur une affiche, qu’il y a un meeting au Palais Rameau, avec Maurice Thorez et Marcel Cachin. Je ne les avais jamais vus, et je n’avais entendu que des abominations sur eux. Je me suis dit; tiens, il faut que je me rende compte de ce que peut bien être un meeting commu­ niste. Allons voir ce qu’il raconte! A la fin de la réunion tout le monde chanta « L’Internationale » le poing levé, j’aurais bien voiüu en faire autant, mais je n’osai pas; je ne me sentais pas encore assez sincère pour chanter cet hymne grave, magni­ fique, qui exprime si bien la pensée des exploités et je me suis demandé; 4: comment al-je pu être avec les autres? ceux-là ont raison, ils crient lefur — 88 — miB*re, après tout, ce sont toujours les mêmes qui paient, toujours les mêmes qui souffrent. » _ . Et depuis ce jour-là, je cherchais partout où je pourrais causer avec des militants, je passais ue longues heures avec quelques-uns d’entre eux, je les harcelais, je les questionnais sur le parti, sur tous les problèmes. MON ADHESION AU PARTI CX)MMUNISTE Ma première réunion de cellule fût le jour et la nuit avec la première des croix de feu. Je craig^iais que l’on me signale comme à l’ouvrier sîidisant communiste qui s’inscrivit aux croix de feu : « Marche, toi, on t’aurs à l’œil... » Rien de tout cela! J’avouais franchement que j’avais été aux volontaires nationaux. On nif reçut cordialement et le soir même j’avais le droit d’intervenir et «le poser des questions. Alors j’avais compris où était la vraie démocratie, la vraie liberté. Suis-je un renégat! Oui, je suis un renégat du capitalisme, un renégat des deux cents familles qui se refuse à défendre plus longtemps leur coffre fort. Comment ne serait-on pas communiste auand on sait ce que veut lu Parti: faire payer les riches, faire disparaître l'exploitation de l’homme pa» l’homme. Quand on voit ce qu’a fait l'U.R.S.S., quand on (tonnait l'abnég.i- tion, la propreté morale des militants? Comment ne serait-on pas communiste (^uand on a vu au congrès 'y,' i**': -*' . TABLE DES MATIÈRES •

DISCOURS DU CAMARADE ARTHUR RAMETTE Pllg«3 Notre grand Parti...... 1 Les raisons de nos succès...... " Pour unir...... 3 Le Front Populaire s’est réalisé...... 3 L’espoir des masses laborieuses...... 5 Fidèles au Front Populaire ...... 3 La dévaluation ...... 6 Il ne faut pas reculer devant l’ennemi ...... 7 Les manœuvres des ennemis du peuple...... 8 Nous ne permettrons pas qu’on brise l’union des ouvriers, des paysans et des classes moyennes ...... 9 Ce que nous voulons...... 11 Pas « d’imion sacrée », pas « d’unanimité > ...... 13 Les communistes et les travailleurs cathoUquos...... 18 Au service du peuple...... 13 Qui va solder l’addition ? ...... 16 H faut en finir avec les factieux...... 16 Pour la Paix...... 17 « Unir pour agir »...... 18 Nous accomplirons notre mission ...... 18 Nos hommes ...... 18 En avant ! 20

DISCOURS DE NOTRE CAMARADE MARTHA DESRUMAUX

Progression ininterrompue...... 21 Multiplions los cellules d’entreprises ...... 22 Des locaux clairs, aérés, propres ...... 28 Les devoirs famlliavix des communistes ...... 23 De la bonne finance c’eat de la bonne politique...... 26 En avant pour les 20.000 ...... 25

DISCOURS DU CAMARADE J. HENTGES

Municipalités et classes moyenne ...... 27 Lee difficultés dos municipalités ...... 27 Il faut réaliser...... 27 Pour le* classes moyannss...... 29 DISCOURS DU CAMARADE CHARLES BOURNHTON • P«C««

1108 Evènements de Juin...... J.es Rôles des Communistes ...... 81 11 faut savoir terminer \me grève ...... 32 I j’çccupation des Usines...... 33 ICt le Front Populaire ...... 33 Les Provocations patronales ...... 33 i lontre les délégués d’usines ...... •. • • • 34 1 /action des délégrués ouvriers ...... 35 Pour une procédure de concUiation...... 35 I Convention collective est un traité de Paix...... 36 Unir, Unir...... 37

DISCOURS PRONONCE PAR NOTRE CAMARADE

Noti’e Parti ...... 40 Du confiance du Peuple...... 41 lit' Programme du Front Populaire...... 41 Ne laissons pas toucher à Tunion ...... 43 II î6 riches doivent payer...... 44 I .e parti et les femmes...... 45 Avec l’Espagne républicaine ...... 46 lia défense de la Paix ...... 47

INTERVENTION D’UN EX-VOLONTAIRE NATIONAL

Pourquoi ai-je été volontaire national...... 51 Pourquoi je les ai quittés...... 62 (Quelques faits édifiants ...... 52 I lE réunion commimiste du Palais Rameau, à Lille...... 62 Mon adhéal^in au Parti Communiste...... 63 Avec toi Thorez, de tout mon cœur ...... 58

-O-

77.i|in voix comniilsies dans le nord ex w 104.502 en 1936

Circonscription en 1932 en 1936 gain perte

|n* Circonscription 1 de Lille 918 1.629 711 2® « « ;, ' 2.157 2.608 451 3® « « 1.695 2.188 493 4e «