Deuxième Séance
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* Année 1965. — N° 28 (suite) A. N. JOURNAL OFFICIEL Mercredi 1.2 Mai 1965 ,* ASSEMBLÉE NATIONALE CONSTITUTION DU 4 OCTOBRE 1958 2° Législature 2° SESSION ORDINAIRE DE 1964-1965 COMPTE RENDU INTEGRAL SEANCE 2° Séance du Mardi 11 Mai 1965. En effet, lors d ' une précédente session, M. le rapporteur SOMMAIRE général de la commission des finances et moi-même avions tous deux souligné, dans nos rapports respectifs, le paradoxe — Modification de l'imposition des entreprises et des revenus 1. résultant de la coexistence d'un volume excessif de disponibi- de capitaux mobiliers. — Suite de la discussion d'un projet de lités monétaires et d'un marché financier incapable de répondre loi (p. 1245). aux besoins des entreprises. Discussion générale (suite) MM. Sanson, Duffaut, Ramette, Lepeu, Valentin . — Clôture. Le montant global des émissions de valeurs mobilières ne cesse de diminuer et il convenait de rendre plus attrayante . Chaze Motion de renvoi à la commission présentée par M la souscription à ces valeurs mobilières . Le rapport de la MM . Chaze, Giscard d'Estaing, ministre des finances et des affaires commission Lorain indique que le nombre des porteurs fran- commission des finances, économiques ; Palewski, président de la çais de valeurs mobilières peut être évalué à environ un mil- de l'économie générale et du plan . — Rejet au scrutin. lion de personnes, soit un adulte sur trente, alors que la Renvoi de b suite du débat. proportion est d'un adulte sur sept aux Etats-Unis . Ce rappro- 2. — Dépôt d ' un projet de loi (p . 1255). chement donne donc une idée de la clientèle qu'il est possible d'attirer vers le marché financier. 3. — Ordre du jour (p. 1255). Enfin, il n'était pas possible que se perpétuât l ' inégalité du système fiscal français par rapport à ceux des autres pays PRESIDENCE DE M. ACHILLE PERETTI, du Marché commun puisque, comme le rappelle l'exposé des motifs, pour distribuer un revenu de 100 francs à un action- vice-président. naire, une société française doit gagner 200 francs alors qu'une société allemande n'a besoin de gagner que 130 francs 60 La séance est ouverte à vingt et une heures trente minutes. et une société belge 117 francs 60. M. le président. La séance est ouverte. Mais il faudrait encore aller plus loin et faire en sorte que les souscripteurs puissent participer à la vie de l ' entre- prise qu'ils contribuent à financer, en étant au premier chef largement informés de la marche des affaires sociales de façon MODIFICATION DE L'IMPOSITION DES ENTREPRISES sincère et détaillée. ET DES REVENUS DE CAPITAUX MOBILIERS Il faudrait pouvoir disposer de bilans clairs et lisibles et connaître, en particulier, l'emploi donné aux bénéfices non Suite de la discussion d'un projet de loi. distribués. Les sociétés étrangères n'hésitent pas à préser,,.er des bilans M. le président. L'ordre du jour appelle la suite de la discus- consolidés donnant toutes informations, non seulement sur la sion du projet de loi modifiant l'imposition des entreprises société mère mais encore sur ses filiales . Les bilans conso- et des revenus de capitaux mobiliers (nO' 1309, 1349). lidés ne sont qu'exceptionnellement donnés par les sociétés Cet après-midi, l'Assemblée a commencé la discussion géné- françaises. rale. Dans la plupart des cas, le public n'est pas en mesure de Dans la suite de cette discussion, la parole. est à M. Sac( m. se former un jugement sur les conditions de gestion des (Applaudissements sur les bancs de l'U. N. R: U . D . T.) sociétés. Si l'actionnaire français se désintéresse de la gestion, c'est M. René Sanson. Mes chers collègues, M . le ministre des finances rappelait récemment, avec beaucoup de pertinence, que qu'on l'a peu à peu découragé d'exercer le droit qu'il tient d'une loi fiscale réside dans de la loi. Les assemblées générales des sociétés les plus impor- l'intérêt sa philosophie. tantes se tiennent le plus souvent devant un public restreint, A cet égard, la loi qui nous est aujourd'hui soumise présente limité aux représentants des banques et aux agents de change us intérêt certain. auxquels les actionnaires Ont délégué leur pouvoir. *. 34 1246 ASSI':Mltl .l-;E NATIONALE — SEANCE III ; I1 )1A1 l'. ;tl Cela n'a pas échappé à M . Bloch-Lainé dans son ouvrage L'industrie textile connait une régression supérieure à 20 p . 100 La réforme de l'entreprise qui suggère à bon escient la sup- et, dans de nombreuses régions, notamment dans les Vosges, pression de la pratique des pouvoirs en blanc. Avec le méme dans le Nord, cette situation est douloureusement ressentie. auteur, nous préconisons la constitution d'un corps de com- Le secteur du cuir est aussi durement touché . Les constructions missaires aux comptes ayant qualité d'officiers ministériels et navales, l'automobile, la construction mécanique, bien d'autres dont les rapports impartiaux seraient la meilleure garantie de encore, connaissent des temps difficiles et certains secteurs, l'information exacte des actionnaires. jusqu'à présent en pointe, tels que les constructions électriques ou l'électronique, ont cessé actuellement de progresser. En Cela posé, la présente loi revêt un intérêt double : d'abord résumé, les industries productrices de biens d'équipement conti- elle canalise le grand public en dehors des chemins de la nuent de stagner au niveau le plus bas ; les industries produc- spéculation immobilière vers les entreprises qui ont besoin de trices de biens de consommation sont à leur tour entrées en capitaux pour se développer et faire face à la concurrence crise . Et c'est d'ailleurs ce qu'exprime éloquemment l'indice étrangère ; ensuite, elle offre des possibilités plus grandes de la production industrielle. Au plus haut, il avait atteint le d'autofinancement à ces mêmes entreprises. chiffre 140 ; pendant quelques mois, il a ensuite plafonné légère- En fait, les marges bénéficiaires devraient être normalement ment en-dessous de cet indice 140 pour retomber, en décembre partagées en quatre objets : la rémunération du capital. et en janvier, à 135,5, se redresser d'une façon éphémère au l'augmentation des salaires du personnel, l'autofinancement, mois de février et se retrouver, au mois de mars, à 136, après la baisse des prix. une nouvelle chute. Depuis plusieurs mois, il se situe nettement au-dessous du niveau de l'année antérieure. Par rappor t au plus L'heureuse conjoncture de plein emploi au cours de ces haut, la baisse est de 3 p . 100 et elle se produit dans un pays dernières années a eu pour contrepartie malheureuse d'amenui- où, dans le même temps, la population augmente de plus de ser jusqu'à les annihiler les marges qui auraient dû être vouées 1 p . 100 par an . Et cette situation serait d'ailleurs beaucoup à la baisse des prix et à l'autofinancement, c'est-à-dire à l'inves- plus marquée si certains secteurs tels que l'énergie, la chimie, tissement. n'avaient continué de progresser, masquant ainsi une dégradation générale qui est certainement beaucoup plus accentuée. Certes, on ne manquera pas de faire ressortir que ce projet de loi, s'il répond à des besoins économiques certains, favorise Et, pendant ce même temps, nous observons que, dans un les revenus du capital mais omet de favoriser parallèlement les pays comme l'Allemagne, la progression industrielle a atteint revenus du travail au-delà de ce qui existait déjà. en 1964 près de 10 p . 100 . Ce pays a sorti 2.900 .000 voitures, soit 300 Certes aussi, l'épanouissement de l'entreprise et son dévelop- .000 de plus que l'année précédente et nous retombions pement constitueront des facteurs d'amélioration pour tous, mais à 1 .600.000 ; pendant ce même temps, le Japon est passé à 1 .700.000, marquant une progression de 40 p . 100 et nous l'amélioration du présent ne doit pas se faire, pour les travail- leurs non plus, au détriment de l'avenir. reléguant au cinquième rang dans la liste des producteurs mondiaux . Ce fait n'est pas sans créer en nous quelque Il faut que. à un moment donné de l'existence de l ' entreprise, inquiétude alors que, cet après-midi, l'industrie française était tous ceux qui ont participé à son développement puissent tôt ou classée au quatrième rang des producteurs mondiaux . Aux Etats- tard participer aux bénéfices qui en résultent, en fin de compte. Unis méme, la progression économique est supérieure à 10 p. 100 ; le revenu y a atteint 620 millards de dollars, soit Le surcroit de salaires que la conjoncture empêchera de donner actuellement 3 .000 milliards de nos francs et ces résultats sont tout de suite devra se transformer en salaire différé et nous obtenus sans véritable hausse des prix puisque, aux Etats-Unis constatons avec satisfaction que ces préoccupations n ' ont pas notamment, le coût de la vie progresse à une cadence de 1 p . 100 échappé au Gouvernement puisque, à l'article 34, il facilite par an qui est parfaitement supportable pour l'économie. l'attribution gratuite d'actions ou de parts sociales au personnel des entreprises. Alors, nous sommes obligés d'en conclure que les thérapeu- tiques américaines et allemandes sont certainement meilleures C'est dans cette voie qu'il faut persévérer . Elle seule permettra que les nôtres et je voudrais rappeler à M . le ministre des de substituer définitivement le mot d'évolution à celui de révo- finances les paroles d'un de ses éminents prédécesseurs dont lutiois et de remplacer, pour l'avenir, dans un monde apaisé, la il est lui-même, d'ailleurs, l'éminent successeur car, monsieur lutte des classes par la réconciliation du capital et du travail.