Revista Del Museo De La Plata''> , 1
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RAPPORT PRELIMINAIRE SUR MON EXPÉDITION GÉOLOGIQUE UANS LA CORDILLÉRE ARGENTINO-CHILIENNE DU 40" ET 41" LATITUDE SUD REGIÓN DU N AH U E L-H U API ) V A l< D" LEO WEHRLI GÉOLOGUE DE LA SECTION D 'eXPLORATIONS NATIONALES AU MUSÉE DE LA PLATA AVEG PLANCHE Tomo IX I 7 RAPPORT PRELIMIN AIRE SUR MON EXPÉDITION GÉOLOGIQUE DANS LA CORDILLÉRE ARGENTIf^O-CHILIENNE DU 40° ET 41° LATITÜDE SUD (REGIÓN DU NAHUEL- HUAPI ) PAR Dr. LEO WEHRLI GÉOLOGUE DE LA SECTION d'exPLORATIONS NATIONALES AU MUbÉE DE LA PLATA [. DESCRIPTION CHRONOLOGIQUE DU VOYAGE I . Départ pour Puerto Montt Notre zone d'exploration étant fixée pour cette campagne aux 40" et 4i°latitude sud de la Cordillére argentino -chilienne, nous quittámes La Plata, le 24 novembre 1897, pour passer au Chüi par Mendoza et Uspallata et commencer nos travaux par Textrémité ouest du cóté du Pacifique. A Mendoza, les fameuses institutions du chemin de fer Trasandino, que nous connaissions déjá depuis l'expédition de i'année derniére, nous ont retenus jusqu'au matin du i"'' décembre. C'est ainsi que jai eu le temps de visiter la región du charbon mediocre de Challao. Le 2 décembre, au soir, nous atteignimes Santiago avec Tintention de nous embarquer aussitót á Valparaíso pour Puerto Montt, port de la cote sud du Chüi, qui était designé comme point de départ pour notre expédition. A Valparaíso, mon coilégue M. le Dr. Charles Burckhardt tomba ma- lade. Nous avions déjá entrepris ensemble Fexpédition de la saison pas- sée C) et ce n'est qu'avec le plus grand regret que je l'ai dü laisser á Valparaíso, oú íl resta jusqu'au mois de févríer. J'étaís done seul pour díriger l'expédition, bien qu avec le concours aímable de M. Charles Bruch. photographe allemand du Musée de La Plata, qui m a beaucoup (^) Wehrli el Burckhardt: Rapport prcliminaire sur une expédition gcologique dans la (Cordillére argeniino-chilienne, <^ Revista del Museo de La Plata''> , 1. VIII, p. 3 7 3 et suivantes. 224 secondé pendant toute la durée du vo\age: ce que je tiens a constater a\ec reconnaissance. Le I 2 décembre, á midi. le vapeur «Amazonas» entra dans la baie paisible de Puerto Montt. Partís le 6 de Valparaíso, nous avions eu en route le temps de visiter Talcahuano avec les collines environnantes et le systéme pittoresque du fleuve Valdivia: du reste, sans resultáis scientifiques. 2 . Calbuco et Tronador De Puerto Montt, une voiture nous conduisit, le 19 décembre. de bon matin, a Puerto Varas, petit village de type allemand au bord du grand Lac Llanquihué. Notre honorable directeur, M. le docteur Fran- cisco P. Moreno, arrivé un de ees jours-lá par le Detroit de Magellan avec «l'Azopardo», a bien voulu nous accompagner jusqu'á ce point. Je quittai Puerto Varas le soir du 20 décembre. iongeant a cheval le bord sud du lac pour étudier ses anciennes lignes de rive et les terrasses. Le iendemain, je me trouvai sur la lave du Calbuco qui s'est déversée comme un torrent volcanique presque jusqu'au niveau du lac pendant l'éruption qui a eu lieu il y a juste quatre ans. A cause du mauvais temps, le sommet méme du volcan n'était pas accessible. II fallait done shabituer á l'état inconstant du temps qui distingue, dans ees latitudes, les zones occidentales de la CordiUere. A peine peut-on compter sur un tiers de beaux jours. et six semaines de pluie continuelle ne sont point une rareté. Quel aspect diíTérent du ciel constamment bleu de la Cordillére a six degrés plus au nord ! Le 2 2 décembre, je rejoignis au bord oriental du lac Llanquihué mon personnel qui avait re^u 1 ordre de s'y rendre directement par va- peur. Les bagages ont été transportes á Pétrohué sur des chars bien pri- mitifs, passant une región en partie marécageuse, en partie extrémement pierrieuse par les masses de débris et laves sanidiniques de l'Osorno, volcan élégant et couronné de neige et de glaces éternelles. Pétrohué est situé au bord ouest du Lago Todos los Santos ( lac de la Toussaint). Nous y passámes la Noel dans une pluie inépuisable et froide. et ce n'est que le 2 7 décembre en dépit des meilleurs barométres et hipsométres que le t^mps nous a parmis de passer sur la rive opposée de ce lac étendu et de forme topographique anguleuse. Aprés un beau tour de lac sur une barque á voile, durant dix heures environ. une bonne brise venant du sud -ouest nous permit de débarquer á Peulla. á 1 em- bouchure de la riviére du méme nom. C"est la, au bord est du lac, un site magnifique. La maison Wiederhold fréres (á Puerto Montt et á Puerto Varas) vient d'y établir un chalet hospltalier. — 225 — Pendant le trajet, plusieurs vues photographiques ont pu ctre prises, de mCMiie que quelques esquisses des montagnes environnantes. Sur un petit canot pliant de toile á voile (qui, du reste, ne servait sans danger qu'á ceux qui sussent nager!), je suis alié chercher des échantillons de pierre au bord et sur les ílots du lac. C'étaient des roches cristallines appartenant aux familles granilique et dioritiqíie. Peulla niéme repose sur du granit. C est un beau lac, celui de la Toussaint avec ees foréts sombres! 11 rappelle, en partie. le lac des Quatre-Cantons de notre chére Suisse. mais il est plus vierge encoré, puisque dans cette ,\mérique du Sud on n"a pas encoré le temps ni la facilité d'apprécier ees beautés naturelles. Les parois granitiques montrent des surfaces moutonnées, témoins du travail des anciens glaciers. Le lac doit avoir atteint, dans le temps, un niveau plus haut: presque tout autour. á cinquante métres au-dessus du niveau actuel, on voit développée une ligne de bord, soit comme reste d'une terrasse d'érosion marqués dans la roche en place, soit comme niveau d une terrasse accumulée de cailloux roulés. C'est par l'érosion rapide du rio Petrohué dans les laves de 1 Osorno que le lac a dú baisser. Le 2g décembre, nous montámes á pied la vallée du Rio Peulla. Pour la premiére fois. étaient visibles les trois sommets du Tronador avec leur manteau de nevés et de glace. s'élevant grandiosement du fond boisé d une petite vallée latérale, presque comme la célebre Jungfrau vue d'ln- terlaken. En face du massif du Tronador, nous passámes la nuit a Casa Pangue^ maison qui appartient aux fréres Wiederhold, oü nos bagages devaient nous suivre. En attendant, je passai la ligne de faite au Boquete de los Raulies A la nuit, nous nous trouvons á Textrémité occidentale du célebre lac Nahuel-Huapi pour nous réveiller le lendemain, au dernier jour de Tan- née, dans un coin vraiment enchanteur, sous les fleurs de myrte partu- mant l'air d'un lac charmant et d'une profonde sériosité. Les montagnes de mille métres de hauteur, baignant leur pied granitique ou couvert de forét épaisse de hétre dans les eaux calmes et d'un bleu foncé inouT, en- tourent le golfe de trois cotes, tandis que vers Test le lac ouvert se perd entre des iles et des presqu'ilcs et se dissout dans le bleu celeste du lointain. Une barque a voiles nous transporte par le bras de Puerto Blest dans la partie principale et ouverte du lac, et, aprés six heures de traver- sée, nous descendons á Puerto Moreno (bord sud). Un colon allemand nous préte quelques bons chevaux, et, au galop, nous arrivons, le soir méme, au bord est du lac chez don JoséTauschek. vieux Bohémien qui s'y est installé depuis des années. i — 22G — C'est ici que se trouvait une partie de la VIP Commission de limi- tes argentine et le chasseur du Musée de La Plata avec les chevaux et les mules designes á mon expédition. Prévoyant avoir besoin plus tard d"un plus grand nombre danimaux, j envoyai le chasseur au nord pour m'en procurer encoré d'autres. Cette excursión préliminaire au Nahuel - Huapi, prolongée encoré vers 1 est par une promenade a che\al au Rio Limar, nous donnait une orientation genérale de tout le profil transversal de la Cordillére que aliáis lever. i M. C. G. Lehmann, premier ingénieur auxiliaire de la VIT Com- mission de limites, devant lever une carte topographique de la región du Tronador et des contrées situées directement au sud du Nahuel-Huapi, nous sommes con\enus de travailler ensemble dans ees régions. Nous avions trois raisons principales pour ce projet : d'abord, le lever topo- graphique ne pouvait que gagner par une explication continuelle géo- logique sur place: ensuite, pour mes propres travaux géologiques, je désirais ou je devais plutót avoir une base topographique qui prit en considération la faénese géologique des formes dans la topographie de l'écorce terrestre. Et enfin, la végétation des régions en question. extré- mement épaisse et riche, rappelant les descriptions des forets du Brésil tropique, empéchait, ainsi que les nevés et les nombreux glaciers, les re- cherches consciencieuses de telle maniere, que 1 emploi combiné de tout notre personel pour pénétrer dans les t'oréts, pour le transport des baga- ges et des vivres, etc., nous paraissait avantageux, gagnant ainsi remar- quablement du temps. A Puerto Moreno, j'ai acheté une embarcation neuve a quatre rames par laquelle nous sommes partis, onze personnes, de Casa Piedra (á une lieue á louest de Puerto Moreno), le 7 janvier 1S98, á huit heures du soir. Le lac paraissait tranquille aprés plusieurs jours d'orage et de tem- péte, dignes de la mer.