Les Mouvements Sociaux Et Le Chômage
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Institut de Sciences Humaines et Sociales Département de Sciences Sociales Les mouvements sociaux et le chômage : Quelles sont les ressources que les chômeurs mobi lisent pour défendre ce qu’ils identifient comme étant leurs intérêts ? Mémoire présenté par Christophe Cusumano En vue de l’obtention du grade de licencié en Sociologie Promoteur : Monsieur Marc Jacquemain Lecteurs : Monsieur Marc Poncelet Madame Marie Pierlot Année Académique 2006 - 2007 Remerciements La préparation et la rédaction d’un mémoire ont représenté une aventure personnelle faite de découvertes, d’épanouissement et d’enrichissement intellectuel et humain. Ce cheminement a comporté aussi des moments de difficultés tant intellectuelles qu’émotionnelles. Ainsi, l’aide de bon nombre de personnes m’a été indispensable. Je voudrais ici les remercier de leur soutien, des encouragements, des conseils et des différents coups de main qu’elles m’ont apportés en tentant d’en oublier le moins possible. Mes remerciements vont tout d’abord à Mr Jacquemain pour l’aide qu’il m’a portée, me permettant de corriger certains de mes défauts, tout particulièrement lors de la question de départ. Il m’a amené à bien préciser et surtout à bien circonscrire l’objet de ma recherche, évitant ainsi les écueils d’une recherche partant dans tous les sens. Cela m’a permis aussi de gagner un temps précieux et de commencer dès fin décembre mon travail de prospection sur le terrain. Son concours a également été précieux lors de la première lecture de mon travail, ce qui m’a permis de mieux mettre en relief mes données empiriques. Je suis fort reconnaissant à Didier Brissa pour son accueil cordial et l’intérêt qu’il a porté à ce travail. M’ayant ouvert de nombreuses portes, j’ai pu m’intégrer plus facilement sur le terrain. De même, il m’a apporté une série de réflexions intéressantes et, enfin, il m’a été d’une grande aide pour m’orienter dans les multiples facettes du chômage (ressenti individuel, administrations, organisations militantes, …). Je remercie le personnel de la Fondation André Renard, de la bibliothèque Graulich ainsi que celui l’Institut d’Histoire ouvrière économique et sociale (I.H.O.E.S.) à Seraing, pour toute la documentation, les informations et les explications qu’ils ont eu la bienveillance de mettre à ma disposition. Je tiens également à saluer Mr Polizzi pour la relecture de mon mémoire et ses incessantes interrogations sur le sens de certains passages. Je suis fort reconnaissant pour le soutien chaleureux, compréhensif et réconfortant de mes proches, amis et famille. Par leur gentillesse, leurs encouragements et leur appui indéfectible dans les moments difficiles, ils m’ont porté et m’ont permis de parvenir au bout de ce projet. Je tiens, enfin, à remercier ici tous les chômeurs militants et non-militants que j’ai rencontrés durant cette recherche. Ils m’ont livré leur histoire, leurs ressentis, leurs visions et leurs pratiques. Ce mémoire, aventure sociologique, a également été très riche humainement. 1 Introduction générale. Ce mémoire étudie la question des mouvements sociaux liés à la question du chômage. Ainsi, il s’agit d’étudier cette catégorie sociale que sont les chômeurs non par rapport à leur réinsertion dans la "vie active"(le travail salarié), sujet abondamment traité, mais plutôt dans une perspective de la protestation. Plus précisément, la question de départ de cette étude, est "Quelles sont les ressources que les chômeurs mobilisent pour défendre ce qu’ils identifient comme étant leurs intérêts ?" Cette question recouvre trois éléments importants : les chômeurs, leurs intérêts et les ressources. Pour répondre à cette question, il faut parler du chômage et des chômeurs. Les chômeurs constituent la population de base de mémoire. Il s’agira donc de partir de ce groupe social. Cela conduit à un travail de catégorisation. Il faudra à la fois délimiter ce groupe et discerner les différences au sein des chômeurs. J’étudierai la particularité de leur ressenti et de leur condition de vie. Le deuxième élément concerne les intérêts. En effet, un mouvement social ne s’organise pas sans objectif. La protestation a toujours un but qu’il soit positif (gain) ou négatif (lutte contre le changement). Il est question de déceler les intérêts à travers une perspective à la fois comparatiste, subjectiviste et matérialiste. Il s’agit aussi d’étudier leurs discours, leurs sentiments, leurs aspirations et leurs frustrations ainsi que leur condition de vie, leur situation en comparant ces deux aspects. Il ne s’agit pas de déterminer de manière surplombante ce que sont les intérêts des chômeurs mais de les découvrir à travers la vie du chômage car la réalité sociale est plus que des chiffres et des mots, elle est avant tout composée des humains qui la crée. En effet, on ne peut séparer les intérêts des individus. Le troisième porte sur les ressources. Il se situe à l’inter-jonction des deux précédents. C’est l’élément central et principal de cette question. Il s’agit de voir à la fois les ressources dont ils disposent, celles qu’ils créent et celles existantes déjà qu’ils mobilisent. La notion de ressource dépasse bien sûr le cadre purement matériel (argent, bâtiment, voiture, …) pour également reprendre des ressources sociales (contact, relation, sociabilité, …), culturelles (savoir), politiques (connaissance en la matière et aptitude à politiser, …) et organisationnelles (collectifs, aptitude à s’organiser soi-même et les autres, à travailler en groupe, …). Ainsi, les ressources sont autant des réalités concrètes et palpables (argent, personnes, bâtiment), des connaissances que des compétences. Dans ce mémoire, la principale ressource étudiée sera l’organisation de protestation. Elle sera analysée via les groupes spécifiques des Travailleurs Sans-Emploi (TSE) liégeois de la F.G.T.B. et de la C.S.C. ainsi que via "Chômeur actif", "Chômeur pas chien !" et "Stop chasse aux chômeurs". 2 Chapitre 1 : Cadre Méthodologique. A) Introduction Il s’agit d’élaborer sur la thématique de ce mémoire à la fois une analyse empirique nourrie théoriquement et une théorie fondée empiriquement. L’outillage théorique a pour but d’éviter l’écueil d’un empirisme incapable d’interpréter les éléments d’informations collectés. L’élaboration, puis l’utilisation d’une grille d’analyse et d’hypothèses de travail ont pour fonction de faciliter la compréhension de la réalité observée et de permettre d’en dégager des conclusions théoriquement fondées et, empiriquement validées. Mais il s’agit tout autant d’éviter que cette entreprise de théorisation soit purement abstraite et déconnectée de la réalité empirique elle-même. Il s’agit donc d’élaborer un va-et-vient auto-renforçant entre une recherche empirique, des lectures apportant des outils analytiques et des informations, et un processus de théorisation basé sur ce que le terrain peut dévoiler. Le centre de mon travail consiste à étudier les ressources mobilisées dans la lutte sociale liée à la question du chômage. Pour bien comprendre cette problématique, il est nécessaire d'envisager trois niveaux d'analyse : le micro-social, le méso-social et le macro-social. En effet, toute organisation (le niveau méso-social) est le produit de ce qui la construit. Il s'agit ainsi de comprendre également à un niveau individuel (le micro-social) le développement d'un mouvement social. On ne peut saisir un phénomène social sans se référer aux actions et comportements individuels. Et autant les individus que les organisations n'agissent pas dans le vide ; ils agissent en fonction de leur environnement (le niveau macro-social). En fonction de ce choix théorique, j'ai opté pour trois méthodes de recherche : l'entretien, l'observation et la recherche documentaire (inspirée des sciences historiques). L'entretien me permet d’entrer dans les représentations mentales, élément indispensable pour comprendre ce qui pousse (ou gène) les gens à entrer en lutte. L’entretien est notamment une voie royale pour saisir le sentiment d’injustice. Il permet de capter les éléments subjectifs d’un mouvement social. Ainsi, l'entretien m'offre des données empiriques pour le niveau micro-sociologique. Néanmoins, une distorsion volontaire et/ou inconsciente s’opère entre, d’un côté, le discours et les représentations mentales et, d’un autre côté, ce qui se passe réellement. L’observation permet, à mon sens, de combler ce déficit, c’est-à-dire de mettre en relation le discours et la pratique, élément essentiel quand on aborde la question de l’organisation. Dans ce cadre, je n’envisagerai pas l’observation dans une perspective compréhensive, comme c’est le cas dans de nombreuses recherches par observation directe, mais plus dans une perspective explicative. Ce sont plus les actes de lutte et d’organisation que je chercherai à analyser par l’observation. L’approche compréhensive se fera surtout via les entretiens. Ainsi, les deux méthodes me permettront d’avoir une approche à la fois compréhensive et explicative. Cette observation m'offre essentiellement des données empiriques pour le niveau méso-sociologique. Les données fournies par les documents (via une méthode inspirée des sciences historiques) me permettront d'avoir des informations sur l'environnement et sur l'histoire du mouvement social lié au chômage. Il s’agit de dépouiller et d’étudier une série de documents issus des différents collectifs ( plate-forme ''Stop chasse aux chômeurs", la F.G.T.B., la C.S.C., ...), des journaux, des sources provenant du FOREM, ... Cette méthode a pour but, d'une part, de reconstituer, à l’aide des traces, les luttes sociales liées à la problématique 3 du chômage et l'évolution de la situation du chômage et, d'autre part, de découvrir des informations pertinentes de l'environnement des chômeurs pouvant éclairer leurs actions. Cette méthode a, avant tout, une vue descriptive.