Elections Et Gouvernements En Belgique Depuis 1945
Total Page:16
File Type:pdf, Size:1020Kb
Elections et gouvernements en Belgique depuis 1945 Pascal DELWIT Les élections A l’échelle nationale/fédérale Depuis 1945, la Belgique a connu vingt et une élections législatives. Le système d’allocation des sièges à la Chambre des représentants n’a pas évolué dans son principe : depuis 1899, nous vivons dans un système proportionnel. Néanmoins, depuis 1945, certaines réformes ont modifié quelque peu la donne. Pointons les principaux changements. Le nombre de sièges a évolué. En 1946, il s’établit à deux cent deux. La loi du 18 mai 1949 modifie le nombre de sièges pourvus à la Chambre des représentants 1. Il passe de deux cent deux à deux cent douze, répartis dans trente arrondissements : Anvers, Malines, Turnhout, Gand-Eeklo, Termonde, Saint-Nicolas, Audenarde, Alost, Bruges, Furnes-Dixmude-Ostende, Roulers-Tielt, Courtrai, Ypres, Hasselt, Tongres- Maaseik, Bruxelles-Hal-Vilvorde, Louvain, Nivelles, Mons, Soignies, Tournai- Ath-Mouscron, Charleroi, Thuin, Huy-Waremme, Liège, Verviers, Namur, Dinant- Philippeville, Arlon-Marche-Bastogne et Neufchâteau-Virton. A la suite de la réforme de l’Etat en 1993, le total des sièges à pourvoir à la Chambre a été ramené à cent cinquante et le nombre d’arrondissements électoraux pour l’élection des députés, à vingt : Anvers, Malines-Turnhout, Gand-Eeklo, Saint-Nicolas-Termonde, Alost-Audenarde, Bruges, Courtrai-Roulers-Tielt, Furnes-Dixmude, Ypres-Ostende, Hasselt-Tongres-Maaseik, Bruxelles-Hal-Vilvorde, Nivelles, Mons-Soignies, Tournai- Ath-Mouscron, Charleroi-Thuin, Huy-Waremme, Liège, Verviers, Namur-Dinant- Philippeville et Arlon-Marche-Bastogne-Neufchâteau-Virton. 1 Le Moniteur, 19 mai 1949. Ibid., 9 octobre 1993. 320 LES PARTIS POLITIQUES EN BELGIQUE En 00, le législateur a provincialisé les circonscriptions électorales, à l’exception partielle de la situation dans l’ancienne province du Brabant : trois arrondissements étaient maintenus – Nivelles, Louvain et Bruxelles-Hal-Vilvorde – avec possibilité d’un apparentement alternatif 3. Au surplus, les partis néerlandophones avaient la possibilité de déposer une liste identique dans la circonscription de Louvain et de Bruxelles-Hal-Vilvorde. La Cour d’arbitrage – devenue Cour constitutionnelle –, saisie par des responsables du CD&V, du Vlaams Belang, de la N-VA et de Vivant a suspendu puis annulé cette disposition et enjoint le législateur de modifier la situation 4 sans pour autant, comme on l’a répété à l’envi dans l’espace politique médiatique néerlandophone, exiger de scission : « En maintenant la circonscription électorale de Bruxelles-Hal-Vilvorde, le législateur traite les candidats de la province du Brabant flamand différemment des candidats des autres provinces, puisque, d’une part, ceux qui se présentent dans la circonscription électorale de Bruxelles-Hal-Vilvorde se trouvent en compétition avec des candidats qui se présentent ailleurs que dans cette province, et que, d’autre part, les candidats qui se présentent dans la circonscription électorale de Louvain ne sont pas traités de la même façon que ceux qui se présentent dans la circonscription électorale de Bruxelles-Hal-Vilvorde. Toutefois, la mesure procède du souci, déjà constaté dans l’arrêt n° 90/94, de recherche globale d’un indispensable équilibre entre les intérêts des différentes communautés et régions au sein de l’Etat belge. Les conditions de cet équilibre ne sont pas immuables. Mais la Cour substituerait son appréciation à celle du législateur si elle décidait qu’il doit être mis fin, dès à présent, à une situation qui a jusqu’ici emporté l’adhésion du législateur, alors qu’elle n’a pas la maîtrise de l’ensemble des problèmes auxquels il doit faire face pour maintenir la paix communautaire. En cas de maintien des circonscriptions électorales provinciales pour l’élection de la Chambre des représentants, une nouvelle composition des circonscriptions électorales de l’ancienne province de Brabant peut être accompagnée de modalités spéciales qui peuvent différer de celles qui valent pour les autres circonscriptions électorales afin de garantir les intérêts légitimes des néerlandophones et des francophones dans cette ancienne province. C’est au législateur et non à la Cour qu’il appartient d’arrêter ces modalités » 5. L’accès à la représentation parlementaire a été modifié en 2002. Un seuil de 5% a été introduit à l’échelle des circonscriptions – provinciales – à la Chambre, communautaires pour le Sénat. En ce qui concerne la qualité d’électeur, trois modifications substantielles sont intervenues depuis la fin de la guerre. La première est relative au vote des femmes. La loi du 4 mars 1948 attribue le droit de vote aux femmes pour les élections législatives 6. Celles-ci jouissent de cette prérogative pour la première fois aux élections législatives de 1949. D’autre part, l’âge de la majorité électorale a été abaissé de 1 à 18 ans . 3 Possibilité d’un groupement de listes dans deux des trois arrondissements (BHV-Nivelles, BHV-Louvain ou Nivelles-BHV). 4 Arrêt nº 3/003 de la Cour constitutionnelle, 6 mai 003. 5 Ibid., p. 33. 6 Le Moniteur, avril 1948. Ibid., 1 juillet 198. ELECTIONS ET GOUVERNEMENTS EN BELGIQUE DEPUIS 1945 321 Enfin, la loi du 18 décembre 1998 a octroyé le droit de vote aux Belges résidant à l’étranger. Les élections régionales et communautaires − Le Parlement de la Région bruxelloise Dernière-née des institutions décentralisées puis fédérées, la Région bruxelloise est la première à avoir expérimenté le principe de l’élection directe des députés régionaux. Les fondements de ce scrutin direct sont définis dans la loi du 12 janvier 1989. Jusqu’aux accords du Lombard (2001), le nombre de députés était fixé à soixante-quinze répartis entre listes francophones et néerlandophones à la proportionnelle et aux plus forts restes. En 00, le législateur a accru le nombre de parlementaires qui passent à quatre-vingt-neuf ; soixante-douze francophones et dix- sept néerlandophones. Pour accéder à la distribution des sièges, un parti doit atteindre 5% dans son collège linguistique. Mentionnons la possibilité d’opérer un groupement de listes pour la répartition des sièges. La distribution des sièges s’opère sur la base du diviseur D’Hondt. − Le Parlement de la Région flamande et le Parlement flamand La loi du 16 juillet 1993 consacre l’élection directe des parlementaires régionaux flamands. Ceux-ci sont au nombre de cent dix-huit. Jusqu’en 2003, l’élection s’effectue dans des arrondissements avec apparentement provincial : Bruges, Furnes-Dixmude- Ypres-Ostende et Courtrai-Roulers-Tielt pour la province de Flandre occidentale ; Alost-Audenarde, Saint-Nicolas-Termonde et Gand-Eeklo pour la province de Flandre orientale ; Anvers et Malines-Turnhout pour la province d’Anvers ; Hal- Vilvorde et Louvain pour le Brabant flamand ; et la province du Limbourg. Depuis 2003, les circonscriptions sont provincialisées. Un seuil de 5% est nécessaire dans la circonscription pour accéder à la représentation parlementaire. Le diviseur D’Hondt est utilisé pour répartir les sièges. Les élus néerlandophones de Bruxelles siégeant au parlement de la Communauté flamande (Parlement flamand) Jusqu’en 00, les six élus bruxellois néerlandophones siégeant au Parlement de la Communauté flamande étaient des élus régionaux bruxellois choisis en proportion des résultats électoraux du scrutin régional bruxellois parmi les élus néerlandophones. Depuis les accords du Lombard, ces six parlementaires sont des élus directs. − Le Parlement de la Région wallonne (Parlement wallon) La loi du 16 juillet 1993 règle aussi l’élection des parlementaires wallons. Celle- ci se déroule dans des arrondissements avec apparentement provincial : Charleroi, Mons, Soignies, Thuin et Tournai-Ath-Mouscron pour la province du Hainaut ; Liège, Verviers et Huy-Waremme pour la province de Liège ; Namur et Dinant-Philippeville pour la province de Namur ; Arlon-Marche-en-Famenne-Bastogne et Neufchâteau- Virton pour la province du Luxembourg ; la province du Brabant wallon. La distribution des sièges s’opère au quotient simple puis à la plus forte moyenne. 322 LES PARTIS POLITIQUES EN BELGIQUE − Le Parlement de la Communauté germanophone L’élection directe des parlementaires du Parlement de la Communauté germanophone est réglée par la loi du 6 juillet 1990. Vingt-cinq députés sont élus dans le cadre d’une seule circonscription. Pour accéder à la distribution des sièges, une liste doit atteindre le seuil des 5%. La distribution des sièges s’effectue selon le diviseur D’Hondt. Les élections législatives Les résultats des élections législatives que nous présentons reprennent le total des voix et le pourcentage en voix de chaque formation à quatre niveaux : celui de Bruxelles à partir de 1995, de la Flandre 8, de la Wallonie et du Royaume 9. Pour la facilité de la présentation et des comparaisons, nous avons repris dès l’élection législative de 1946 le sigle PLP-PVV pour la famille libérale. Un tableau de synthèse de la distribution des sièges est présenté à la fin de la section. Résultat des élections législatives de 1946 Wallonie Flandre Royaume Voix % Voix % Voix % PLP-PVV 79 427 9,26 88 979 7,71 211 143 8,93 PSB-BSP 311 882 36,34 317 275 27,48 746 738 31,57 Cartel PSB-PLP 17 600 2,05 20 244 1,75 37 844 1,60 PSC-CVP 231 860 27,02 649 423 56,24 1 006 293 42,54 PCB-KPB 184 309 21,48 60 107 5,21 300 099 12,69 UDB 29 873 3,48 12 137 1,05 50 995 2,16 Divers 3 255 0,38 6 583 0,57 12 526 0,53 Résultat des élections législatives de 1949 Wallonie Flandre Royaume Voix % Voix % Voix % PLP-PVV 261 297 14,71 324 479 13,16 767 180 15,25 PSB-BSP 672 089 37,83 603 587 24,48 1 496 539 29,74 PSC-CVP 568 137 31,98 1 342 812 54,46 2 190 898 43,54 PCB-KPB 223 526 12,58 85 642 3,47 376 765 7,49 Concentration flamande 0,00 89 907 3,65 103 896 2,06 Classes moyennes 35 982 2,03 10 934 0,44 52 430 1,04 Divers 15 626 0,88 8 394 0,34 43 718 0,87 8 Compte tenu du découpage des arrondissements, il n’est pas possible d’inclure les cantons flamands de l’arrondissement de Bruxelles-Hal-Vilvorde dans les résultats en Flandre jusqu’en 1995.