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M 75 / 75 1 75 CHRONIQUE DES ARTS PLASTIQUES DE LA FÉDÉRATION WALLONIE-BRUXELLES 1er QUADRIMESTRE 2018 EDITO Si, depuis les années 90, le cinéma est apparu comme l'un des principaux vecteurs au travers duquel penser l'art contemporain, de plus en La Fédération Wallonie-Bruxelles/ plus nombreux sont aujourd'hui les films d'artiste Administration générale de la Culture, à emprunter au registre cinématographique, tant a pour vocation de soutenir la en son langage qu'en son économie et modes de littérature, la musique, le théâtre, le cinéma, le patrimoine culturel et les ONT COLLABORÉ production, en même temps qu'ils chorégraphient arts plastiques, la danse, l’éducation littéralement l'image écranique en des dispositifs permanente des jeunes et des adultes. Muriel Andrin spatiaux de plus en plus complexes. Elle favorise toutes formes d’activi- Raya Baudinet-Lindberg Quels sont les facteurs qui favorisent ces rapports tés de création, d’expression et de Véronique Bergen diffusion de la culture à Bruxelles et d'influence ? Qu'apporte le cinéma à l'art contem- Catherine Bizern en Wallonie. La Fédération Wallonie- Sandra Caltagirone porain, et inversement ? Quelles sont les conditions Bruxelles est le premier partenaire de Jean-Baptiste Carobolante d'exposition et les circuits de diffusion ainsi qu'en tous les artistes et de tous les publics. Pascale Cassagnau amont, d'enseignement et de production de ces Elle affirme l’identité culturelle des Emmanuelle Chérel Belges francophones. films d'artiste ? Sandrine Colard ème Laurent Courtens Cette 75 livraison de l'art même se penche Clémentine Davin sur ce champ des écritures singulières que con- Colette Dubois stitue plus que jamais la création filmique et vidéo- ÉDITEUR RESPONSABLE Annabelle Dupret André-Marie Poncelet graphique contemporaine en un panel de contri- Benoît Dusart Administrateur général de la Culture Anaël Lejeune butions qui, selon des approches différentes mais 44 Boulevard Léopold II, Olivier Mignon complémentaires, rendent compte de l'indéniable 1080 Bruxelles Yogan Muller fécondité des formes et processus qui y sont à Magali Nachtergael RÉDACTRICE EN CHEF M l'œuvre. Plasticité de l'image ou ciné-matière, Mickaël Pierson 75 / 75 Christine Jamart Eva Prouteau équilibre tout en tension entre narrativité et plas- Sinziana Ravini 2 ticité, spectacularisation et effet-cinéma, mise en SECRÉTAIRE DE RÉDACTION Ivo Ghizzardi Mathilde Roman crise de la représentation du réel, performativité de Karolina Svobodova l'image et de son enregistrement, dispositifs per- GRAPHISME Jeffrey Tallane ceptifs émancipateurs, réinterprétation de sources Pam&Jenny Septembre Tiberghien archivistiques en des mises en récit qui démon- Pour nous informer de vos activités : CONSEIL DE RÉDACTION tent la fabrique des images, autant de questions [email protected] Chantal Dassonville abordées en ce dossier qui postule de la capacité [email protected] Bruno Goosse commune à l'art et au cinéma contemporains à Anaël Lejeune reconfigurer par-delà la fiction et la transgression > l’art même n’est pas Anne-Françoise Lesuisse responsable des manuscrits Toma Muteba Luntumbue des genres notre rapport au réel. et documents non sollicités. Eric Van Essche Christine Jamart Les textes publiés Maïté Vissault Rédactrice en chef n’engagent que leur auteur. Jean-Philippe Van Aelbrouck CONTEMPORAIN ART & CINÉMA Photo ©Gert-Jan van Rooij. Courtesy carliergebauer, Berlin Amsterdam (2013). Museum Stedelijk vue de l’installation, exposition Aernout Mik, Communitas (2010), (2010), Communitas , 75 M 75 / 75 3 Courtesy Marcelle Alix, Paris. Photo ©Uwe Walter. 2010, Film HD, Production 6. Berlin Biennial, CAC Brétigny. Marie Voignier, DOSSIER Hearing the shape of adrum , Cinéma & Art & contemporain Cinéma Marie Voignier, Hinterland, prolonge dès le début des années 2000 son Côté Court à Pantin, deux festivals aux projets 2009, Film HD. Production Capricci, CAC Brétigny. Courtesy Marcelle Alix, Paris. Photo : Stofleth. travail cinématographique par un travail d’instal- éditoriaux très distincts, vont devenir les lieux lation à l’exemple de From the other side conçu de diffusion privilégiés de ce cinéma élaboré en 2002 pour la documenta 11 après la réali- par de jeunes artistes. Dans la continuité de sation, à la frontière entre les Etats-Unis et le l’art vidéo, le format court sied aux artistes DU CINÉMA Mexique, de son film De l’autre côté. tandis que la question documentaire, ou plus À ce mouvement d’ouverture de l’art contempo- largement du document, imprègne dans ces rain au cinéma répond un mouvement inverse, mêmes années tout un pan de l’art contempo- ET DE L’ART plus récent, de la part du cinéma traditionnel rain. Jean-Pierre Rehm au FID comme Jacky et des lieux de diffusion qui l’incarnent — les Evrard à Côté Court font le même constat : ces festivals mais aussi les salles d’exploitation œuvres sont riches des nouvelles écritures qui CONTEMPORAIN, commerciales—, vers la production d’artistes. traversent l’art contemporain et renouent avec Ce mouvement est d’abord une opération de un cinéma libre et foisonnant, au moment où le Johan Grimonprez, Dial History, curiosité et d’appropriation d’œuvres conçues 1997 une commande du Centre Georges-Pompidou, coproduit par la Documenta 10. cinéma traditionnel s’enferme dans des formes DESCRIPTION exclusivement ou conjointement par et pour le convenues pour des raisons économiques ou marché de l’art. En 2006 par exemple, le fes- dogmatiques. Le court métrage français s’est D’UNE tival de Cannes montrait en sélection officielle appauvri, victime d’un mode de financement hors compétition le film de Douglas Gordon Si l’on regarde ce mouvement selon le prisme basé sur le scenario, tandis que le documen- et Philippe Parreno Zidane : portrait du XXIème plus modeste de la situation française, les taire est verrouillé entre les attentes de la télé- DYNAMIQUE siècle qui sortira en salle dans la foulée de sa années 2000 sont marquées par l’éclosion vision et le modèle de la fiction. présentation cannoise. Le cinéma traditionnel, d’une génération d’artistes qui entrent en Le nouveau souffle qu’apportent alors les films industrie dominante du marché de la culture, a cinéma de manière revendiquée, contraire- d’artistes va se propager en Europe dans l’en- compris que de l’art contemporain émergent ment à leurs précurseurs Pierre Huyghe ou semble de la sphère des festivals de cinéma. des formes et des manières qui peuvent l’enri- Dominique Gonzalez-Foerster. Bénéficiant de Ceux-ci vont ouvrir leur programmation de chir et lui permettre de se renouveler et qu’il l’arrivée dans les musées de l’art vidéo et de manière plus ou moins affirmée, plus ou moins y a ainsi avantage à intégrer les artistes dans l’installation, ceux-ci avaient alors construit leur opportuniste et volontariste aussi, à l’expéri- ses rangs. démarche comme en miroir au cinéma. Jouant mentation et à l’hybridation des genres. CPX Apitchapong Weerasethakul dont on pourrait des notions de durée, de linéarité, d’ellipse, et DOX est créé en 2003 à Copenhague, mêlant résumer le cinéma par ces mots1 : “tout ce qui de leurs références tant formelles que scéna- les milieux de l’art et des galeries à la produc- est imaginable peut être réel” est représenta- ristiques, leurs œuvres étaient moins du cinéma tion audiovisuelle documentaire traditionnelle. tif de cette intégration réussie sur le versant que des précipités, voire des instantanés ciné- En 2006, le Forum, dédié au jeune cinéma recherche à la marge du cinéma commercial. matographiques. Ces jeunes artistes qui, à innovant au sein de la Berlinale, crée “Forum Il obtient la Palme d’or à Cannes en 2010 avec l’instar de Clarisse Hahn, Clément Cogitore Expanded” pour accueillir l’image mouvement Oncle Boonmee tandis que ses installations ou Jean-Charles Hue, sont aussi représentés dans ses formes les plus étendues (Art vidéo, font le tour des grandes institutions muséales en galerie, vont désormais accéder au cinéma installations, performances filmées…). du monde. Steve McQueen, quant à lui, fut le dans le cadre de leur formation en école d’art. Aujourd’hui, une attention grandissante est représentant de la scène britannique émer- Ils y sont aidés par l’évolution des techniques portée aux jeunes artistes et notamment aux gente des années 80, aujourd’hui en pleine numériques qui donnent accès à du maté- étudiants du Fresnoy ou du Royal College of expansion. Son œuvre vidéo est empreinte riel à la fois bon marché et performant. Cette Art de Londres et, ce, même par des festivals Depuis sa création, la Documenta est considérée Cette tendance à la perméabilité entre art du classicisme de la Renaissance et des démocratisation des outils de production qui au plus près de l’industrie audiovisuelle comme comme le lieu où se renouvellent les formats contemporain et cinéma n’est pas chose nou- avant-gardes russes à la fois littéraires, sociales va accélérer la création de passerelles entre art La semaine de la critique ou la Quinzaine des de l’exposition et de l’art en général. En 1997, la velle. Dès 1990, au Centre Georges-Pompidou et cinématographiques. Après Hunger, Caméra contemporain et cinéma coïncide avec d’autres réalisateurs à Cannes, La Berlinale, La Mostra Documenta X entérine la présence de la forme à Paris, la grande exposition Passage de d’or à Cannes en 2008 et Shame en 2011, il facteurs importants dont la création en 1997 du de Venise ou encore le Festival International du cinématographique dans le champ de l’art contem- l’image consacrée aux images contemporaines signe avec 12 Years a slave en 2014 une œuvre studio des Arts Contemporains, le Fresnoy. Le Documentaire d’Amsterdam. Tout festival qui issues de la photographie, de la vidéo et du qui s’inscrit au cœur du marché, coproduite par Fresnoy est conçu comme une école d’art où s’intéresse aux nouvelles formes et aux nou- porain.