Livre 1 - Adi Parva Livre Du Commencement
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Extraits choisis du Mahābhārata Jean-Claude Pivin Livre 1 - Adi Parva Livre du commencement Livres 2 à 6: Voir site http://www.mahabharata.fr "Premiere partie: Les semaillles des Kurus" Livres 7 à 18: "Deuxieme Partie: Le sacrifice" 1 Sommaire : • Introduction de l'auteur 4 • Premier intermède: à propos des Upanishads, Purānas, Nara et Nārāyana 5 • La malédiction des Vasus et de Mahābisha 13 • L'histoire du roi Shantanu 16 • 2ème intermède: à propos des varnas et ashramas 17 • La promesse de Gangā 22 • 3ème intermède: à propos des hôtes célestes 26 • Le vœu de Bhīshma 30 • Les filles du roi de Kashi 36 • La naissance de Pāndu et Dhritarāshtra 42 • Kuntī, fille de Shūrasena 52 • Duryodhana qui brayait comme un âne à la naissance 55 • 4ème intermède: des origines de la dynastie lunaire 57 • Yayāti et la vérité 59 • Pūru, le meilleur des fils 64 • Pāndu et la leçon de karma 68 • La naissance des Pāndavas 71 • 5ème intermède: Vedanta 77 • Le premier méfait de Duryodhana 86 • Drona fils de Bharadvāja 90 • L'affront de Drupada 94 • Eklavya et la jalousie d'Arjuna 98 • Comment Karna devint l'ami de Duryodhana 103 • Le combat d'Arjuna et Drupada 106 • 6ème intermède: sur un champ de bataille 110 • Le rakshasa Hidimba 118 • La naissance de Dhrishtadyumna et Draupadī 125 • Le départ des Pāndavas pour Pānchāla 129 • La rencontre avec Angāraparna, roi des gandharvas 130 • L'histoire de Nandinī, la vache d'abondance 137 • 7ème intermède: la vache sacrée 141 • Le svayamvara de Draupadī 142 • Comment d'une parole Kuntī noua le destin de ses fils 155 • 8ème intermède: la vie de Krishna 157 • Vyāsa raconte l'histoire des Indras 167 • La fondation d'Indraprastha 171 • 9ème intermède: cours de botanique 173 • L'infraction d'Arjuna et son exil 180 2 • L'enlèvement de Subhadrā 183 • L'incendie de la forêt de Khāndava 186 • L'acquisition de Gāndīva 188 • La complainte de Dhritarāshtra 199 • Lexique 206 3 ` Om nārāyanam namaskrtya naram caiva narottamam devīm sarasvatīm caiva tato jayam udīrayet Om! Après s'être prosterné devant Nārāyana et Nara, l'Homme Suprême et aussi la déesse Sarasvatī, il convient de dire Victoire. [Le traducteur] Cette phrase commence chacun des 18 livres du Mahābhārata. Elle débute par la syllabe Om, parfois écrite AUM et que l'on appelle aussi pranava, omkara et utvita. C'est la première syllabe prononcée par Brahmā - en expirant l'air, le souffle de vie, appelé prāna - en préambule à l'édition de l'alphabet et des Vedas, qui est le livre de la connaissance. L'Omkara est une invocation du Brahman, le Tout indéfinissable, infini, éternel, la Vérité Suprême. Il exprime l'acquiescement à cette vérité et peut-être considéré comme un credo.ārāyana N ou Bhagavān est la Personne Suprême, la Présence, l'Esprit du Brahman, dont on parle en disant "Lui" (Sah), tandis que le Brahman est impersonnel, indéfini et par conséquent parfois désigné par "Ceci" (Tat). Nara ou purusha, au sens commun désigne la personne de sexe mâle. Avec une majuscule ou en y accolant le qualificatif suprême (uttama donnant Narottama ou Purushottama), le mot désigne l'Homme qui se manifeste en donnant forme à l'univers dans le Brahman et en lui insufflant vie et pensée (bhuvah, svah). Il est appelé l'Homme car les humains ne sauraient donner au créateur une forme autre qu'humaine. Dans le Bhagavad Gītā Il dit de Lui-même: "Je suis la graine universelle de tous les êtres". Pour utiliser une autre image, disons qu'Il est le code source, l'ADN de l'Univers-Brahman, qui au début de chaque création lui donne forme par son souffle de vie. Bhagavān ou Nārāyana est l'Ame de cet univers, Celui que l'on appelle aussi Parama-ātmā (l'Ame Suprême). J'ai déjà dit quelques mots de Sarasvatī, en la présentant comme une rivière qui change de cours au pays des Bhāratas, la rivière des pensées. Dans un univers d'une inextricable complexité, elle est aussi la déesse de la connaissance, de la musique et de la poésie. Elle est la compagne de Brahmā, l'une des trois faces de la Trimurti hindoue Vishnu- Shiva-Brahmā. La murti est la forme, l'image, l'idole, et au sens figuré l'aspect du divin que l'homme choisit de vénérer. Sans déflorer plus le sujet à ce stade, Brahmā est Dieu sous son aspect créateur et Sarasvatī ne saurait être la compagne d'aucun autre dans cette trinité, puisque c'est en prononçant la syllabe Om, l'essence des connaissances, qu'il initie la création. 4 Cette phrase qui introduit chacun des livres du Mahābhārata a été choisie judicieusement car elle en constitue en fait le sujet. Cette conclusion, je vous invite à y réfléchir après l'avoir lu. Section I Le glorieux Vyāsa, s'adressantà Brahmā, dit: "O divin Brahmā, un poème qui inspire le respect de tous a été composé par moi. Le mystère des Vedas et tous les autres sujets y sont exposés: les rituels des Upanishads et des Angas; la compilation des Purānas et de l'histoire qui y est mise en forme par moi et nommée d'après les trois divisions du temps, passé, présent et futur; l'explication de la nature de la dégradation, la peur, la maladie, l'existence et la non-existence; la description des croyances et des différents modes de vie; les règles des quatre castes et l'importance des Purānas; u ne description de l'ascétisme et des devoirs d'un étudiant en religion; les dimensions du soleil et de la lune, des planètes, constellations et étoiles, ainsi que les durées des quatre âges; le Rik, leāma, S et l'Yajur Veda, ainsi que l'Adhyātma; les sciences nommées logique, prononciation (linguistique) et traitement des maladies; la charité et le pashupatadharma (de dharma, devoir moral, et pashupata, un courant de pensée ésotérique); les avènements divins et humains pour illustrer certains propos; une description des lieux de pèlerinage et autres lieux saints parmi les rivières, montagnes, océans, cités célestes et kalpas (âges); l'art de la guerre; les différentes nations et langages; les façons de vivre des hommes; l'esprit qui imprègne tout; tout ceci y est présenté. Mais en fin de compte, il n'y a pas un écrivain sur terre pour mettre cette œuvre sur le papier. Brahmā dit: "Pour ta connaissance des mystères divins, j'estime que tu précèdes le corps entier des célèbres munis (sages) qui se distinguent par la sainteté de leur vie. Je sais que tu as révélé la parole divine, dès le moment de sa prononciation (par moi), dans le langage de la vérité. Tu as appelé ton œuvre un poème, par conséquent ce sera un poème. Il n'y aura pas de poète dont le travail égalera la nature de ton poème, tout comme il n'y a pas de mode d'existence (āshrama) qui égale en mérite celui de chef de famille. Envisageons, O Sage, que Ganesha soit le scribe qui écrive ce poème (fasse le travail technique de calligraphie qui n'est pas un mince exploit). [Le traducteur] La première phrase de l'œuvre invoquant ārāyanana,N Nara et Sarasvatī avait en fait été prononcée par un de ces munis assemblés en conclave, dans leur ermitage au cœur de la forêt de Naimisha. Ce muni, ayant pour nom de naissance Ugrashrava et surnommé Sauti était un spécialiste des Purānas. Les autres munis lui demandèrent de leur raconter l'histoire du nom de Bhārata composée par le grand rishi Dvaipāyana Vyāsa. J'ai omis ce passage car l'introduction elle-même promet d'être longue. Ayant rapporté cette conversation de Brahmā et Vyāsa, Sauti continua son récit. 5 Sauti dit: "Brahmā ayant ainsi parléà Vyāsa, se retira dans sa demeure. Alors Vyāsa appela à sa pensée Ganesha. Et Ganesha, celui qui efface les obstacles, toujours prêt à exaucer les désirs de ses dévots, n'était pas sitôt invoqué qu'il apparut dans l'endroit où Vyāsa était assis. Quand il eut été salué puis assis, Vyāsa s'adressaà lui en ces termes: "O guide des Ganas (Suite de Shiva dont Ganesha est le fils), sois l'écrivain du Bhārata que j'ai conçu dans mon imagination et que je vais te répéter". Ganesha, adressé en ces termes, répondit: "Je vais devenir le scribe de ton œuvre, à condition que ma plume ne cesse un seul instant d'écrire." Vyāsa dità cette div inité: "À chaque passage que tu ne comprendras pas, arrête-toi d'écrire". Ganesha, ayant acquiescé en répétant la syllabe Om, se mit à écrire. Vyāsa commença en prenant soin de faire diversion en tricotant les mailles de sa composition extrêmement serrées, ce qui lui permit de dicter son œuvre en remplissant ses engagements. J'en connais 8000 et 800 vers et Suka, ainsi que peut-être Sanjaya, autant que moi. O sages, personne à ce jour n'a été capable de pénétrer toute la complexité de ces shlokas tricotés si serrés. Même l'omniscient Ganesha devait y réfléchir un instant, tandis que Vyāsa continuait à composer les vers en grande abondance. La sagesse de cette œuvre est telle un collyre qui ouvre les yeux jusqu'alors aveuglés par la noirceur de l'ignorance (tamas) sur le monde de l'investigation. Comme le soleil dissipe l'obscurité, ainsi le Bhārata dissipe l'ignorance des hommes par ses discours sur la religion, ce qui est bénéfique, le plaisir et la libération finale. Comme la pleine lune par sa douce lumière fait éclore le bouton du nénuphar, ainsi ce Purāna exalte l'intelligence humaine en exposant les lumières des shrutis (le corps des Vedas).