Innovation Technologique De Défense : Ruptures Et Convergences Industrie
Total Page:16
File Type:pdf, Size:1020Kb
Industrie de l’armement terrestre : quelques fondamentaux Hélène Masson 2 Armement terrestre : de l’Europe à l’export - Cartographies Patrick van den Ende 5 Innovation technologique de défense : ruptures et convergences Emmanuel Chiva 7 Filières robotiques civile et de défense françaises : des liens à affermir Frédéric Coste 10 ST Kinetics ou les ambitions de Singapour dans l’armement Kévin Martin 12 La Third Offset Strategy américaine Philippe Gros 17 COP21 : un succès politique, un statu quo pour le climat Alexandre Taithe 20 Rencontres Défense & Industries Armement terrestre (09.06.2016) Naval militaire (12.10.2016) 22 Industrie de l’armement terrestre : quelques fondamentaux Intensité opérationnelle rebond est attendu en Europe à l’hori- cas échéant la présence de l’Etat au L’intensité opérationnelle caractérise zon 2015-2020 lorsque les armées capital (Thales). Les cultures d’entre- le niveau d’engagement très élevé des renouvelleront leur parc. Il vaudra prise diffèrent, les stratégies d’interna- mieux concourir avec un allié à ces tionalisation des activités et de parte- forces terrestres françaises sur les 2 appels d’offres qu’en ordre dispersé » . nariats également. théâtres d’opérations extérieures depuis 2011 (Harmattan, Serval, Force est de constater qu’en 2016 Au cours de la dernière décennie, une Barkhane, Sangaris, Chammal) et sur le cette approche des marchés est tou- entreprise de ce panel aura réussi à jours réalisé en ordre dispersé. territoire national depuis 2015 tirer son épingle du jeu, le suédois (opération Sentinelle). Comme le met Un manque criant d’harmonisation des Volvo Group. A défaut d’une consoli- en exergue le rapport d’information besoins entre les principaux Etats pro- dation nationale des acteurs indus- sur « les conséquences du rythme des ducteurs (France, Royaume-Uni, Alle- triels français, Renault Trucks Defense opérations extérieures sur le MCO des magne, Italie, Espagne, Finlande, no- (via la reprise de RVI), ACMAT puis matériels »1, trois phénomènes opéra- tamment), auquel vient s’ajouter l’ab- Panhard3, tous fournisseurs histo- tionnels se conjuguent avec pour con- sence de grands programmes menés riques de l’armée de Terre, ont été séquence l’usure prématurée des en coopération et une politique indus- tour à tour rachetés par le construc- équipements déployés ou leur destruc- trielle davantage tirée par une logique teur suédois de poids lourds, des opé- tion : la surintensité (liée aux condi- d’ouverture des marchés publics à la rations lui permettant d’élargir sa tions climatiques et de terrain), la su- concurrence, n’auront pas créé un gamme au segment des véhicules ractivité (utilisation des matériels au- environnement favorable à l’émer- tactiques légers et moyens à roues et delà de leur potentiel « normal ») et gence d’un acteur européen de l’arme- d’entrer de plain-pied dans le pro- les dommages de guerre (de plus en ment terrestre disposant de la taille gramme français Scorpion (associé à plus fréquents et graves). Dans un tel critique. Nexter et Thales au sein du Groupe- contexte, la problématique du renou- La diversité des business model des ment Momentané d’Entreprises-GME). vellement du parc de véhicules mili- principaux maîtres d’œuvre européens Nexter n’en était alors que plus isolé. taires se pose avec une nouvelle acui- du domaine aura également représen- Ajoutons également, en Allemagne, té. té un frein sur la voie de la concentra- début 2010, la constitution d’une JV Dynamique de la demande, dispersion tion (donc d’une réduction du nombre entre Rheinmetall Defence et le pro- de l’offre d’acteurs). En effet, le secteur voit ducteur allemand de poids lourds intervenir des groupes de défense aux MAN SE (Rheinmetall MAN Military Le lancement du programme Scorpion activités multisectorielles (BAE Sys- Vehicles-RMMV) sur le segment des en France et du programme Ajax au tems, RUAG et Patria), des construc- blindés à roues et des camions mili- Royaume-Uni, ainsi que la multiplica- teurs de véhicules présents dans le taires. En 2014, l’obtention par RMMV tion des appels d’offres sur le marché civil tout en disposant d’activités dans d’un marché potentiel de plus de européen depuis deux ans, et plus la défense (Volvo Group, Iveco), des 2 000 camions logistiques en Scandina- généralement sur les marchés grand entreprises spécialisées dans l’arme- vie (acquisition conjointe de la Nor- export (Asie, EMEA, Amérique du Nord ment terrestre (KMW, Nexter), et des vège et de la Suède ; contrat cadre sur et Amérique latine), illustrent la dyna- électroniciens au double positionne- la période 2014-2025) confirmait la mique de la demande. Après une pre- ment d’équipementier et d’intégrateur pertinence du mouvement opéré par mière période de renouvellement des (Rheinmetall Defence, Thales). Rheinmetall Defence. A contrario, véhicules blindés autour des années A cela s’ajoute un profil actionnarial KMW misait sur la spécialisation dans 2010 (avec le cas échéant des contrats le domaine des blindés chenillés, privi- additionnels visant à adapter / tout aussi diversifié : entreprises non légiant une stratégie d’intégration améliorer la protection des véhicules), cotées à participation publique (Nexter, Patria et RUAG), entreprise verticale par le biais de la reprise d’ac- la période actuelle est celle du lance- teurs de niche (production de chenilles ment des programmes de véhicules contrôlée par un actionnariat familial (KMW), groupes cotés en bourse à et de suspensions, MCO, simulation). blindés médians de nouvelle généra- Cette stratégie l’éloignait d’autant de tion et de la modernisation du parc de l’actionnariat diversifié (Rheinmetall, Volvo Group, BAE Systems, Iveco via sa Rheinmetall Defence. chars lourds. En 2006, Luc Vigneron, alors PDG de Nexter, soulignait « Le maison mère CNH Industrial) avec le 2 Ouverture des marchés à la grâce à ses produits phares CV90, (MIV), avec une offre dérivée du véhi- concurrence : le cas britannique BvS10 et Bv206. cule Stryker (démonstrateur Light Ar- Le britannique BAE Systems a frôlé Seule consolation pour BAE Systems au moured Vehicle LAV, équipé d’une l’éviction sur son marché domestique Royaume-Uni, la notification, en jan- tourelle Kongsberg PROTECTOR). GD (terrestre). Si la dernière décennie a vier 2015, d’un contrat de 50 M£ (sur est d’autant plus à l’offensive à l’ex- marqué la pénétration réussie du 5 ans) relatif au soutien des véhicules port que la situation est difficile sur 6 groupe sur le marché américain de militaires légers, médians et lourds . son marché domestique, avec notam- l’armement terrestre à la suite des Pour le MoD, ce marché est aussi là ment la perte du marché américain pour maintenir des compétences na- JLTV. rachats des prime United Defense Industrie (2005) et Armor Holdings tionales dans les domaines survivabili- Marchés export : prérequis té, système de combat et vétronique. (2007), elle est aussi celle de la chute Faute d’opérations d’intégration hori- Le prochain marché de remise à niveau vertigineuse des ventes de sa branche zontale, les acteurs européens conti- des 227 chars lourds Challenger 2 (LEP véhicules militaires au Royaume-Uni. nuent donc à se concurrencer dans le - Life Extension Project visant à les En effet, le souhait du MoD britan- cadre des principaux appels d’offre maintenir en service jusqu’en 2035 ; nique de limiter sa dépendance vis-à- lancés en Europe (sans oublier les marché d’études de 24 mois) est éga- vis de BAE Systems (principal OEM de ambitions des industriels polonais et lement susceptible de remettre en la flotte de véhicules militaires en ser- tchèques notamment). Sur les mar- selle BAE Systems Land UK, à la tête de vice, et fournisseur des systèmes d’ar- chés grand export, la situation est la Team Challenger 2, laquelle ras- tillerie et munitions, soit plus de 95% encore aggravée en raison de la pré- semble Qinetiq, Leonardo (ex Finmec- des équipements de l’armée britan- sence de multiples concurrents (turcs, canica), Moog, Safran et General Dyna- nique) s’est traduit par une ouverture américains, asiatiques, russes, sud- mics Mission Systems. Le groupe amé- à la concurrence des marchés publics africains, etc.). Par ailleurs, les exi- ricain a ici fait le choix de se position- de défense et la sélection pour deux gences grandissantes des Etats clients contrats majeurs d’offres portées par ner en tant que partenaire de rang 2. en matière de transferts de technolo- les filiales britanniques des groupes General Dynamics, désormais incontour- gies et de savoir-faire impliquent pour américains General Dynamics (GD) et nable sur le marché européen les maîtres d’œuvre (et leurs princi- Lockheed Martin (historiquement Au-delà de la réussite de GD UK au paux équipementiers) d’être présents implantés outre-Manche dans le do- sur les marchés ciblés très en amont maine aéronautique militaire). Royaume-Uni, le groupe américain a étendu en quelques années son in- des appels d’offre (bureau commercial, C’est ainsi que GD UK (présent dans le fluence sur le Vieux Continent par le installation d’une filiale, création d’une terrestre depuis l’obtention en 2001 biais de rachats d’entreprises de taille co-entreprise avec un acteur local, du contrat Bowman) remportait, en moyenne fragilisées (le constructeur rachats d’entités) et d’être en mesure septembre 2014, un marché d'un suisse de blindés légers à roues d’initier une dynamique de partena- montant de 3.5 Mds£ pour la fourni- 7 MOWAG , le principal producteur riats dans le cadre du contrat (avec des ture de 589 Véhicules spécialisés 8 espagnol SantaBarbara Sistemas , acteurs locaux choisis ou imposés…). (programme FRES / tranche véhicules l’entreprise autrichienne Steyr-Daimler Dans de telles conditions, disposer de de reconnaissance Scout rebaptisé 9 -Puch ). Aujourd’hui, ces dernières la taille critique et être en mesure depuis « AJAX » ; sélection de l’offre sont consolidées au sein de la branche d’innover (dans l’optique de conserver ASCOD 2)4, suivi en juin 2015 d’un General Dynamics European Land une avance technologique) apparais- marché de MCO du parc de futurs Systems (GDELS), qui emploie 1800 sent comme de véritables prérequis véhicules Ajax de 390 M£.