Le Quattrocento : Essai Sur L'histoire Littéraire Du Xve Siècle Italien
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Mercèie opère capitali dei maestri delCltalia nuova, del Carducci, del D'Ancona, di Francesco De Sanctis, di Pio Rajna, del Villari;mercè la salda scuola di erudi- zione ch'essi hanno suscitata e la cui indefessa attività dà agli studiosi un si puro esempio di dirittura scienti- fîca; merce le ricerche, merce gli aiuti del Barbi, del Fla?nini, del Ferrari, del Gabotto, del Luiso, del Luzio, del Morpurgo, del Novati, del Pèrcopo, del Renier, del Torraca, delloZippel, e fra tantialtri amici, colleghi e scolari tuai, di Remigio Sabbadini e di Vittorio Rossi, poterono infatti, quali che sieno, essere scritte. Cosi come sono, esse non hanno altra pretensione che di far conoscere un po' più da vicino e un po' pià largamenle uno dei secoli, se non de' più grandi, almeno dei più importanti, del tuo paese, poichè col Quattrocento l'Ita- lia si mise a guida délia cultura europea. E offrendole a te, mi pare di pnrgerle a tutti loro. Accettale quale debole pegno di gratitudine per la nobile tua patria che mio padre mapprese a conoscere e che tu inaiutasti ad amare. F. M. LE QUATTROCENTO LIVRE PREMIER INTRODUCTION CHAPITRE I LA SIGNORIE I. Le Quattrocento: ses limites, son importance et son caractère. — La commune italienne : grandeur héroïque de cette commune. — La commune italienne étudiée à Florence. II. Causes de la déchéance de la commune. — Le système organique de la commune. — La paix, le commerce et l'argent. — L'esprit muni- cipal. — Dans quelles conditions se trouve un ambitieux au début du Quattrocento. — Avènement de la Signorie. III. Le prince italien. — Ses origines, sa position et sa force. — Les canailles : Everso d'.Vnguillara, Ferrante d'Aragon, Galeazzo Sforza, Philippe-Marie Visconti, Sigismond .Malatesta. — Les bons princes. — Culture exquise du prince italien. IV. La guerre au Quattrocento. — Condotlas et condotliéres : Atten- dolo Sforza et Braccio da Montone. — Transformation des conditions de la guerre : la guerre devient un art. — Le prince, homme de guerre. V. La politique au Quattrocento. — Le régime du fait succède au régime du droit. — La politique devient une science expérimentale. — Le prince, artiste politique. — Le prince dans ses rapports avec le peuple. — Le prince et la signorie. I Le Quattrocento, par quoi il faut entendre le xv" siècle d'Italie, est un des moments les plus consi- dérables de l'esprit humain. Il comprend, au-delà des dates rigides que lui assigne la chronologie, la |)ériodc d'histoire qui s'étend de la mort de Pétrarque à la naissance de i'Arioste, du déclin 1 i LE QUATTROCENTO des Giottesques à la Cène de Léonard, et, si Ton veut, du tumulte des Ciompi à l'invasion étrangère. Durant cet espace de cent ans, notre âme contemporaine s'est élaborée et saisie. Avant, c'était la commune, la sco- lastique, la foule : après c'est l'Etat, le libre examen, l'individu ; avant, c'était Va prioin de l'autorité et la foi entière de l'ascétisme; après, c'est la méthode expéri- mentale, le triomphe de la raison, le triomphe de la joie; avant, c'était saint Thomas, Dante, Giotto; après, c'est Machiavel, l'Arélin, le Vinci; avant, c'était le moyen âge; désormais, c'est l'âge moderne. Cent ans ont suffi pour donner une autre direction à la pensée, un autre cours à l'histoire, une autre face à l'humanité, qui s'est agrandie d'un ancien monde, l'antiquité, qui s'est enrichie d'un nouveau monde, l'Amérique, et qui s'oriente vers une voie qu'elle fraie et que la Réforme et la Révolution ne feront, en der- nière analyse, que creuser et accomplir. Le Quattrocento, placé à un tournant d'histoire, est donc, par excellence, un siècle de passage, riche en contrastes et en contra- dictions, fertile en anachronismes et en antinomies, semé de détritus et de germes, de ruines et d'ébauches, de traditions et de pressentiments qui se repoussent, se détruisent ou se mélangent dans un travail inces- sant. Il en résulte que le Quattrocento est presque impos- sible à définir. On ne sait sous quelles catégories com- prendre cette époque ambiguë et perplexe, attirante et décevante, oii rien ne se ressemble ni ne se continue et qui semble d'autant plus instable, mobile et fugace que le passé avait été plus constant, identique et régulier. Ce qui est vrai ne l'est jamais qu'à demi ; toujours l'exception controuve la règle ; aucun absolu n'apparaît si évident qu'on ne puisse lui opposer l'absolu contraire, vérifié sur une série d'exemples et de faits aussi concluants. Nous n'avons pas affaire à un seul pays, l'Italie, groupé autour d'un centre LA SIGNORIE 3 imprimant à Icnsemble un mouvement unique; nous avons ù faire à vingt pays, Florence, Milan, Naples, Venise, Rome, Ferrare, Mantoue, Bologne, Urbiu, Rimini, gardant chacun sa physionomie, éclosant cha- cun à son heure et représentant chacun un degré de culture différent. Dans la même rue. au môme instant, des personnalités disparates à paraître la négation historique l'une de l'autre se coudoient, sans qu'on puisse légitimer par rien le hasard de telles rencontres. Et la même conscience humaine, au lieu d'offrir la valeur représentative d'un groupe ou d'un moment, subit souvent tant de contacts, participe à tant din- fluences, qu'il est impossible de la saisir dans ce qui la constitue ou la déiruit. Tout est divers, muable, fuyant. La bigarrure règne à l'état chronique dans les fresques et les âmes. Entre le passé et l'avenir qui coexistent, le présent échappe. Et dans cette mêlée d'idées en puissance et d'éléments en fusion, aboutissant aux monuments les plus composites, aux combinaisons h^s plus imprévues et aux alliages les plus fortuits, on renoncerait d'arrêter une ligne et d'établir une loi, si quatre siècles ne s'étaient écoulés depuis lors, et que la lumière tranquille de l'histoire ne montrât jusqu'en une certaine mesure le travail de cette heure troublée. Comme le disait Léonard de Vinci : « La vérité est la fille du temps. » Le grand fait historique qui domine le Quattrocento est la transformation de la commune en signorie. Non. à vrai dire, que cette Iransformation soit proprement limitée au xv* siècle. A la fin du siècle précédent, l'Italie comptait déjà beaucoup de tyrans, et quelques- uns d'entre eux avaient disparu. Frédéric II, le prince à moitié chrétien et à moitié musulman, mort en 12ôU, qui demandait à ses docteurs arabes si l'àme est immortel le et qui ouvrait les entrailles des hommes pour étudier le fonctionnement des organes, est. à fran- chement parler, le premier seigneur italien. Mais le 4 LE QUATTROCENTO long travail, qui subordonne la volonté de tous au caprice d'un seul et qui substitue au cœur populaire battant sur la place l'intelligence égoïste et pensive d'un prince isolé dans son palais, se généralise et s'ac- complit au Quattrocento. C'est au Quattrocento que Florence, demeurée libre, se soumet au joug des Médi- cis; et c'est au Quattrocento que la commune, brisant ses anciens cadres, s'achemine vers une forme de gou- vernement plus voisine de la nôtre. La commune italienne avait été grande. Elle avait fait de grandes choses. Elle s'était dégagée du Pape. Elle s'était dégagée de l'empereur. Elle avait réalisé, en face de l'émiettement ou de l'universalité cosmo- polite du moyen âge, la première unité nationale, d'oii la société moderne devait sortir. Elle s'était battue contre les uns et contre les autres, ^jro lihertate acqui- renda; elle avait créé le citQyen; elle avait conquis l'égalité du travail; elle avait rôvé d'une démocratie plus farouche que celle de 89; elle avait surtout inauguré une âme puissante, collective et fraternelle, dont l'envergure et la simplicité sont pour étonner le monde. A étudier sa physionomie austère dans ses chroniques et ses poètes ; à écouter dans ses ordon- nances et ses statuts, qui parlent au nom de Dieu, sa voix solennelle comme une cloche d'église; à mesurer sa taille dans ses monuments de pierre aux faisceaux géants et aux murailles nues, on se sent en contact d'un moment d'humanité où les hommes sont plus hauts que nature. Regardons Florence. « Dedans l'antique enceinte de ses murs, dit le poète, Florence vivait en paix, sobre et pudique i». Elle n'avait point de chaînettes, point de guirlandes, point 1- « Fiorenza, dentro dalla cerchiaantica .. Si stava in pace, sobria e pudica. Non avea catenelle, non corona, Non donne conlif,'iate, non cintura Che fosse a veder più che la persona. » Dante, Divin. Com., Parad., XV, 9ii.