Le Joual Et Les Mutations Du Québec. La Question De La Langue Dans La
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ALEXANDRE LAFRENIÈRE LE JOUAL ET LES MUTATIONS DU QUÉBEC La question de la langue dans la définition de l'identité québécoise Mémoire présenté à la Faculté des études supérieures de l'Université Laval dans le cadre du programme de maîtrise en sociologie pour l'obtention du grade de Maître ès Arts CM.A.) Département de sociologie FACULTE DES SCIENCES SOCIALES UNIVERSITE LAV AL QUEBEC 2008 . © Alexandre Lafrenière, 2008 RESUME Le joual, qu'il soit critiqué ou louangé, fait partie intégrante de l'identité québécoise. Contrairement à ce que l'on a prétendu pendant longtemps, les démêlés autour de la langue parlée n'ont pas commencé avec les Insolences du Frère Untel, en 1960. Déjà, en 1902, naissait la Société du parler français, qui tentait de sensibiliser les Canadiens français à l'usage du bon parler. C'est vraisemblablement à partir de là que s'est enclenché le débat sur la langue parlée au Québec. Le contexte dans lequet la « querelle du joual» s'est mise en branle est important puisqu'il a contribué à forger une toute nouvelle identité chez les Canadiens français, identité qualifiée de québécoise, annonçant ainsi une volonté nette de rompre avec l'identité canadienne-française traditionnelle. Si le parler joual existe encore aujourd'hui, sous différentes formes peut-être, c'est qu'il a possiblement permis à beaucoup de Québécois de ne plus avoir honte de ce qu'ils sont et de s'exprimer à leur façon plutôt que de se taire ou d'accepter de parler une langue qui ne représente pas leur réalité. Le débat reste sensiblement le même d'hier à aujourd'hui, et les ~ommentaires et opinions sur le joual sont encore d'actualité, près d'un demi -siècle après la première sortie du , Frère Untel. TI semble que maintenant plus que jamais, s'attaquer au joual, c'est s'attaquer à l'élément le plus fondamental de l'identité québécoise. III REMERCIEMENTS Merci à M .. Simon Langlois, mon directeur, d'avoir eu quelques temps libres malgré sa surcharge de travail pour diriger mes travaux et lectures sur la langue au Québec . Un merci sincère à M. Claude Poirier, le « négociateur» de la langue au Québec, qui a su me stimuler dans ma démarche et dans ma recherche. À tous ceux et celles avec qui j'ai discuté de la langue parlée au Québec, à mes comparses de la maîtrise, Jo, Bryan, Jean-François, Fanny, Marie-Pierre, Benjamin, Edith, François, Ghislain, Cédric, Marie-Claude, Nathalie, Daniel. À ceux qui m'ont permis de m'exprimer sur le joual et de continuer ma recherche sur la langue parlée au Québec tout au long de ma maîtrise à l'Université Laval, Messieurs Guy Fréchet, Alfred Dumais, Richard Marcoux et Pierre Saint-Arnaud. Un merci particulier à Mathieu Simard, pour les suggestions et corrections. Merci d'avoir été là au bon moment dans ma vie. Je tiens à remercier tout spécialement ma compagne et complice Josée, qui a. dû composer avec mes angoisses et découragements tout au long de l'écriture de ce mémoire. IV T ABLE DES MATIERES RÉsuMÉ ••••••••••••••••••• ~ ••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••• 11 REMERCIEMENTS •••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••• III TABLE DES MA TIÈRES ••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••• IV INTRODUCTION ••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••• 5 CHAPITRE 1 : DEFINITION DU JOUAL •••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••• 7 1. LES NOMBREUSES INTERPRÉTATIONS DU JOUAL DEPUIS 1960 ................................. 7 1.1. PREMIÈRE INTERPRÉTATION: LE JOUAL COMME PHÉNOMÈNE LINGUISTIQUE .......................... 9 1.2. DEUXIÈME INTERPRÉTATION: LE JOUAL COMME PHÉNOMÈNE LITTÉRAIRE ET POLITIQUE ...... 13 1.3. TROISIÈME INTERPRÉTATION: LE JOUAL COMME PHÉNOMÈNE SOCIOLOGIQUE ...................... 16 2. DÉFINITION DU TERME « JOUAL » ••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••• 19 2.1. LISTE DES DÉFINITIONS DU TERME « JOUAL » ........................................................................ 20 2.2. LE JOUAL COMME CRÉOLE ..................................................................................................... 32 2.3. LA DÉFINITION DU TRÉSOR DE LA lANGUE FRANÇAISE AU QUÉBEC (TLFQ) ........................... 34 CHAPITRE 2 : L'ÉMERGENCE DU JOUAL ••••••••••• ~ ••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••• 37 1. COMMENT LE JOUAL EST-IL APPARU ? •••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••• 38 1.1. L'INFLUENCE DE L'ANGLAIS SUR LE FRANÇAIS DU QUÉBEC ................................................... 38 1.2. LES JURONS, BLASPHÈMES ET SACRES .............................................................................. ...... 46 1.3. ÉVOLUTION lANGUE/IDENTITÉ..................... .......................................................................... 56 2. LES ENJEUX DE SOCIÉTÉ RELIÉS À LA QUALITÉ DE LA LANGUE AU QUÉBEC ••••••••• 60 2.1. LE « MAL FONDÉ» DU COMBAT SUR LA lANGUE .................................................................... 61 2.2. LES ATTITUDES ...................................................................................................................... 64 2.3. « L'AUTODÉTERMINATION CULTURELLE DU CANADA FRANÇAIS» .......................................... 67 CHAPITRE 3 : LE DÉBAT CONTEMPORAIN SUR LA QUALITÉ DE LA LANGUE AU QUÉBEC •• 75 1. LES ORIGINES DE LA LEXICOGRAPHIE DU FRANÇAIS CANADIEN ............................ 76 1.1. LA CONSTRUCTION DU MOUVEMENT PURISTE AU QUÉBEC (1860-1930) ................................ 77 1.2. LA SOCIÉTÉ DU PARLER FRANÇAIS AU CANADA (1902-1962) .................................................. 84 1.3. L'ÉLÉMENT DÉCLENCHEUR: LES INSOLENCES DU fRÈRE UNTEL ........................................... 86 2. L'AFFIRMATION DU JOUAL DANS LES ANNÉES 1960-1970 : LES IMPACTS •••••••••••••• 89 2.1. LE JOUAL ET LA LITTÉRATURE ................................................................................................ 91 2.2. LE JOUAL ET L'IDENTITÉ QUÉBÉCOISE ................................................................................... 98 2.3. LES PRISES DE POSITION ACTUELLES: AMÉNAGISTES VS PURISTES ........................................ 111 CONCLUSION •••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••• 120 BIBLIOGRAPHIE •••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••• 124 5 INTRODUCTION La langue est depuis des décennies un véritable cheval de bataille au Québec. Plus particulièrement la langue parlée, qui ne cesse d'être fustigée d'un côté et d'être reconnue comme étroitement liée à l'évolution linguistique des Québécois, de l'autre. « Intéressons les Québécois à leur langue, à leur histoire », propose Claude Poirier, linguiste et professeur au département de linguistique à l'Université Laval. «Si l'on expliquait l'évolution de la langue au lieu de reprocher aux gens de mal s'exprimer, on découvrirait qu'il s'est passé aussi de belles choses, qu'on y a gagné de beaux mots et pas uniquement des anglicismes» (Poirier, cité par Tremblay, 1998). À cela, Claude Poirier ajoute qu' «à la Conquête, une grande partie des élites françaises a pris le bateau pour l'Europe et c'est la langue populaire qui s'est imposée. Un tas de mots nous viennent des provinces françaises [et ont] fini par gagner tout le Québec. Les termes techniques nous viennent souvent de l'anglais parce que les patrons parlaient chez nous cette langue-là. Les anglicismes ont suivi» (Poirier, cité par Tremblay, 1998). Ce n'est qu'à partir du XXe siècle qu'on commence à découvrir la terminologie française de beaucoup de mots du vocabulaire du français québécois. Dans ce mémoire, nous voulons retracer la formation et l'évolution de la langue parlée au Québec, plus particulièrement .de la langue dite «jouale », qui aidera à mieux comprendre pourquoi. les Québécois ont parlé et parlent encore cette langue. Ce mémoire est construit en trois parties distinctes. La première rend compte de la définition du ·mot «joual» lui-même. Pour ce faire, nous en aborderons d'abord les principales caractéristiques par le biais des interprétations qu'en ont faites les différents acteurs au fil des années, autant dans les domaines de la linguistique et de la sociologie que de la littérature et de la politique. Cette première section se terminera ensuite par la définition du vocable même, dans tout ce qu'il suppose, à travers une liste importante, sans toutefois être exhaustive, des usages du mot joual dans différents discours, revues, articles et essais depuis sa toute première apparition sur la place publique en 1870. Nous aborderons ensuite la notion de «joual comme créole », comparaison que certains 6 intellectuels avaient avancée à plusieurs reprises, pour finalement terminer le premier chapitre en nous arrêtant sur la définition proposée par l'équipe du ~résor de la langue française. Le deuxième segment de ce travail traite de la dimension sociologique du phénomène du joual. TI y sera question d'abord de l'émergence du joual dans la société québécoise. Dans cette première section, nous ferons état de l'influence de l' anglai.s sur le français du Québec, de la distinction entre juron, blasphème et sacre, composants essentiels dans la définition du joual pour, finalement, aborder