Vol.4 No.1 2011
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Vol.4 No.1 2011 Measuring History / Quantifier l’histoire Vol. 4 No. 1 2011 CANADIAN JOURNAL FOR SOCIAL RESEARCH 2 REVUE CANADIENNE DE RECHERCHE SOCIALE Introduction Jocelyn Létourneau Editorial Committee / Comité de rédaction Michael Adams, Environics Research Group 6 Donna Dasko, Environics Research Group Canadians and Their Pasts Jean-Marc Leger, Leger Marketing Christian Bourque, Leger Marketing David Northrup Stuart Soroka, McGill University 20 Ariela Keysar, Trinity College Barry Kosmin, Trinity College The Missing Links in History Education John Biles, Citizenship and Immigration Canada Mairi Cowan and Christopher Landon Minelle Mahtani, University of Toronto Rodrigue Landry, Institut canadien de recherche 31 sur les minorités linguistiques Historical Thinking in Canadian Schools Jon Pammett, Carleton University Peter Seixas and Kadriye Ercikan Jack Jedwab, Association for Canadian Studies 42 Editor / Rédacteur en chef Jack Jedwab De l’influence d’une visite au musée sur la conscience historique des élèves du primaire Managing Editor / Directeur à la rédaction Jeanne-Mance Cormier et Hélène Savoie Sarah Kooi Editorial Assistants / Assistants éditorial Siddharth Bannerjee Translation / Traduction Victoria Chwalek INTRODUCTION Dans un monde connu pour la rapidité de ses chan- dans leurs apprentissages et poussés à la réflexion par gements où tout se défait et se refait dans le temps de le leurs professeurs, ceux-ci font souvent la différence entre dire, l’histoire reste bon gré mal gré une référence une bonne instruction et une instruction ordinaire. Pour cardinale au présent et le rapport au passé demeure un s’en tenir à l’histoire comme matière enseignée, il semble lien valorisé par les contemporains, qu’ils soient jeunes ou que les élèves peuvent emmagasiner plus de connais- vieux, hommes ou femmes, très instruits ou peu scola- sances, et surtout maîtriser davantage de compétences, risés, cossus ou désargentés, d’ici ou d’ailleurs. que ce que leur propose le régime pédagogique existant, Au cours des dernières années, l’importance qui reste fondé sur une fâcheuse séparation entre l’his- accordée au passé a été démontrée de bien des façons, toire telle qu’elle est à l’université et l’histoire telle qu’elle d’abord aux États-Unis et en Australie, puis au Canada est professée à l’école, particulièrement à l’école secon- par la suite. daire. « Plus d’analyse et moins de mémorisation », tel est S’appuyant sur une longue enquête menée à travers le cri du cœur lancé par bon nombre de jeunes relative- tout le pays entre mars 2007 et avril 2008 (n = 3,119), le ment à l’histoire qu’ils apprennent sur les bancs d’écoles. projet Les Canadiens et leurs passés a permis de faire état À l’instar de plusieurs observateurs, Cowan et Landon de la présence du passé dans la vie quotidienne des gens insistent sur la nécessité de relations plus étroites entre ordinaires. Dans l’article qu’il publie ici, David Northrup les chercheurs en histoire et les didacticiens de met en relief l’intérêt et l’importance qu’accordent les l’histoire, étant donné qu’ils sont des professionnels dont Canadiens au passé, et plus particulièrement au passé les sensibilités particulières devraient s’influencer mutuel- familial. À travers son étude, il devient évident que le fait lement plutôt que se disjoindre. Ils soulignent de s’inscrire dans une continuité, celle de la famille en l’importance de soumettre le plus tôt possible les jeunes l’occurence, est une nécessité humaine que la condition aux apprentissages de la pensée historique, vecteur et hypermoderne n’a pas abolie. facteur d’avancement intellectuel pour les débutants dans Sans entrer dans le détail du texte de Northrup, il ce domaine. existe un autre aspect de la place du passé dans le présent Nul doute que cette recommandation sonne comme des gens sur laquelle il faut insister. Il s’agit de l’intérêt une bonne nouvelle aux oreilles de Peter Seixas, qui attribué à l’histoire par ceux qui se déplacent géographi- défend depuis longtemps l’idée d’une éducation quement. Ce lien semble important à un point tel que l’on historique plus réflexive. Dans l’article qu’il signe avec pourrait avancer l’hypothèse selon laquelle l’être humain Kadriye Ercikan, Seixas cherche à voir dans quelle mesure compense ses déracinements dans l’espace par des enraci- les principes pédagogiques de la pensée historique sont nements dans l’histoire, celle-ci jouant en quelque sorte le effectivement appliqués en classe, plus précisément à rôle de lien entre les intermittences qui marquent la l’école secondaire. Se fondant sur une enquête explora- destinée discontinue des migrants – une catégorie sociale toire menée auprès d’élèves (n = 196) et d’enseignants de plus en plus importante aujourd’hui. (n = 56) provenant de la Colombie-Britannique, du Si le rapport au passé demeure un aspect central de Québec et du Nouveau-Brunswick, Seixas et Kadriyan l’existence humaine, même à une époque décrite par parviennent à une conclusion modérément optimiste. On certains observateurs comme étant posthistorique, l’en- pourrait la résumer en disant que, sur le plan de la trans- seignement et la diffusion de l’histoire restent cependant mission de la pensée historique, les intentions et les des enjeux majeurs dans la création de sociétés contempo- accomplissements des enseignants sont grands tandis que raines. C’est cette question qu’abordent de manière les accomplissements des élèves restent modérés. Selon les différente les auteurs des trois autres articles composant auteurs, des recherches plus approfondies, notamment sur ce numéro. la perception et de la réception par les étudiants des Dans leur texte, Mairi Cowan et Christopher Landon objectifs d’un enseignement fondé sur les principes de la plaident pour une formation plus poussée des enseignants pensée historique, seront nécessaires pour établir plus en histoire et des historiens en pédagogie. Si l’idée n’est justement les dynamiques propres à l’éducation historique pas nouvelle, elle s’appuie cette fois sur une enquête réflexive en classe. Pour Seixas et Ercikan, il n’y a toutefois menée auprès d’étudiants (n = 458) d’une université onta- pas de méthode plus appropriée d’enseigner l’histoire que rienne qui, inscrits dans un cours d’introduction aux celle qui tire profit de la capacité d’intelligence critique études historiques, réfléchissent sur la formation en des jeunes. histoire qu’ils ont reçue au secondaire. À l’encontre de ce Dans le dernier texte, Jeanne-Mance Cormier et que l’on pourrait croire, les jeunes veulent être stimulés Hélène Savoie font état d’un exercice de recherche fort 2 INTRODUctION intéressant impliquant des écoliers de 5e année (n = 200) a permis à Cormier et Savoie d’établir les changements en visite au Musée acadien de l’Université de Moncton. dans les représentations historiques des élèves. Sans Leur objectif était de voir dans quelle mesure la visite divulguer les conclusions de l’étude ici, on peut cependant commentée d’une exposition à caractère historique noter au passage que le musée détient un grand potentiel pouvait, chez des jeunes dont la conscience historique en tant que lieu d’apprentissage et ressource éducative n’est jamais complètement vierge de connaissances et de pour les écoliers. références au passé (faut-il le rappeler ?), générer des effets Au lecteur voulant s’apprivoiser avec l’univers de la de structuration, de déstructuration ou de restructuration conscience historique populaire et celui de la réception du sur leurs perceptions entourant l’expérience acadienne. La savoir historique des jeunes, les textes de ce numéro comparaison des thématiques mentionnés par les jeunes offrent quatre cas stimulants de recherches empiriques relatives au passé acadien, avant et après la visite d’une bien appuyées. exposition consacrée à l’aventure acadienne dans le temps, Jocelyn Létourneau 3 INTRODUCTION In a modern world defined by incessant change, ment and stimulated by their teachers, who are perceived history remains a constant in our lives, and the relation- as being a decisive factor in the quality of the education ship that binds us to a past is a connection that is highly students get. As for history as a subject matter, it appears valued by all individuals, young and old, male and that students can store more knowledge and better female, wealthy or poor, highly educated or not, born master their learning skills than what is presently being here or elsewhere. offered by the existing curriculum, a curriculum which In recent years, the importance that individuals is still based on the unfortunate divide between the attach to the past has been demonstrated in a number of approach to history that is taught in university and the studies conducted first in the United-States and one taught in high school. “More analysis and less Australia, and then in Canada. memorization” is what youth appear to plead for in Based on an extensive research undertaken relation to the history they learn in the classroom. As throughout the whole country between March 2007 and many observers have pointed out in the past, Cowan and April 2008 (n=3, 119), the project Canadians and Landon also insist on the necessity of closer relation- Their Past gives an account of the presence of the past in ships between researchers in the field of history and the the daily lives of ordinary people. In his article, ones in field of history didactics; since they share similar David Northrup exposes the importance and the interest sensibilities, their work should mutually influence each that Canadians give to their past, and more particularly, other instead of being disjointed. Cowan and Landon to their family history. Throughout his research, it also insist on the importance of teaching students about becomes clear that being able to insert one’s life story historical thought, which is an important factor of intel- into a chronology, especially a family storyline, is a lectual development for beginners in the field.