Grenelle : pour un vrai pilotage

146 de la santé bucco-dentaire p. 26 Agir contre les violences faites aux femmes 2016 n° p. 12

Une stabilisation Avril du numerus clausus en 2016 p. 15 Dentexia : quelles mesures pour les patients piégés ? SOMMAIRE

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4 L’ÉVÉNEMENT Dentexia : quelles mesures pour les patients piégés ? DOSSIER ACTUALITÉS UN GRENELLE POUR UN VRAI PILOTAGE 8 TOURISME DENTAIRE L’errance thérapeutique d’un patient DE LA SANTÉ BUCCO-DENTAIRE « soigné » à Budapest 11 HUMANITAIRE JURIDIQUE 40 artistes s’engagent 33 DROIT DU TRAVAIL pour le Bus dentaire En droit, harceler un salarié sans le savoir, c’est possible… 12 SOCIÉTÉ Une affiche pour accompagner 37 MODERNISATION les praticiens dans la lutte contre DU SYSTÈME DE SANTÉ les violences faites aux femmes Comment le Conseil constitutionnel a censuré le tiers payant généralisé 15 ENSEIGNEMENT SUPÉRIEUR Le numerus clausus se stabilise 18 QUALIFICATIONS PROFESSIONNELLES Autoriser l’exercice en ville des praticiens à diplôme hors UE 19 SITES INTERNET RÉGIONAUX L’avènement des Paps 20 PROFESSION PORTRAIT Zaltrap® : risque d’ostéonécrose 42 de la mâchoire Belle, mais pas que Communiquer tout changement professionnel LA LETTRE EXPRESS 43 Ce qu’il faut retenir 21 EN BREF pour votre exercice 22 APPEL À CANDIDATURES Élections des membres des conseils régionaux et interrégionaux 24 AVIS DE RECHERCHE

2 LA LETTRE NO 146 Avril 2016 L’ÉDITO

Lien Depuis plusieurs années, sous l’impulsion de mon prédécesseur, Christian Couzinou, que je veux remercier ici pour sa vision juste et son implication totale, l’Ordre n’a eu de cesse de démontrer que le modèle des nouveaux centres associatifs dentaires créés sous couvert de la loi Bachelot porte le germe d’une insupportable dérive commerciale de notre pratique dentaire. On peut se demander quel projet politique réel a motivé la disposition de la loi qui favorise une telle dérive et si les décideurs avaient bien conscience de ses conséquences. Ce sont aujourd’hui plus d’un millier de patients qui ont été piégés et qui en font les frais. Comment comprendre un tel niveau de dérégulation, qui invitait de nouveaux acteurs à se défaire de nos règles déontologiques et de notre éthique, ciments de la confiance nécessaire entre le patient et le thérapeute ? D’où peut-on tenir que, sous couvert d’une politique sociale, il faudrait les voir se délier de nos principes ? Comment peut-on envisager sérieusement que, sans garde-fous, ce type de centres de soins dentaires échapperait au lucre ? Car tous ces nouveaux acteurs n’ont en effet qu’une seule perspective en vue : maximiser leurs profits. L’incendie s’est déclaré. Gilbert Bouteille L’alerte avait été donnée. Président du Conseil national L’Ordre a aujourd’hui retrouvé sa place, en première ligne, puisqu’il s’agit de défendre une pratique dentaire de qualité au service des patients, et non pas une pratique commerciale qui les transforme en clients. Le temps est aux mesures urgentes, appropriées, apportant des réponses à celles et à ceux qui ont été lésés et qui souffrent. Après ces réponses urgentes viendra le temps des mesures fortes, nécessaires Maximiser les profits : tel est le mot pour empêcher d’ordre de centres dentaires associatifs qu’un tel désastre dévoyés. L’incendie s’est déclaré. ne se reproduise. L’alerte avait pourtant été donnée… L’Ordre rappellera alors que la déontologie et l’éthique ne sont pas des freins aux soins. Bien au contraire. Nos principes sont le garant du respect dû au patient, pris en sa qualité de personne qui peut, d’égal à égal, recevoir de son thérapeute un traitement dédié individualisé et dispensé dans une confiance absolue. Ce lien est hélas fortement malmené par ce système associatif dévoyé. C’est ce lien que l’Ordre entend restaurer.

LA LETTRE NO 146 Avril 2016 3 L’ÉVÉNEMENT CENTRES LOW COST

Dentexia : quelles mesures pour les patients piégés ?

4 LA LETTRE NO 146 Avril 2016 CENTRES LOW COST L’ÉVÉNEMENT

ucun dispositif Parmi ces dérives, il est dé- La mise en liquidation n’avait été pré- sormais révélé publiquement judiciaire, le 4 mars 2016, vu alors que ce que les patients de ces Asso- de cette Association de modèle génère, ciations sont invités à payer enA lui-même, un tel risque. par avance une forte partie type loi 1901 qui s’était Les juridictions judiciaires re- de leurs soins, lesquels sont adossée, comme tant d’autres connaissent pourtant régu- axés essentiellement sur la lièrement, mais sans en tirer prothèse ou l’implant. Par- désormais qui ont pris encore pleinement les consé- fois même, c’est la totalité des ou repris son modèle financier, quences, le détournement de soins futurs, qu’ils doivent à des sociétés commerciales la loi Bachelot sur lequel se payer par avance. Au risque fonde la démultiplication des qu’ils ne leur soient pas dis- au profit d’âpres investisseurs créations récentes de ces As- pensés. C’est ce qu’ont subi qui en attendent des sociations. L’IGAS, depuis majoritairement les patients avantages qu’ils ne prennent juillet 2013, l’avait déjà poin- de l’Association mise en li- té. Les ARS, de multiples fois quidation judiciaire : le piège même plus la peine interpelées, ne manquent pas s’est alors refermé sur eux de masquer, a provoqué de souligner, le plus souvent après qu’ils aient répondu un vif émoi. en le regrettant, leur absence aux sirènes publicitaires mé- de pouvoirs et de moyens. La diatiques que déploient ces CPAM de même. centres. C’est dans ce contexte qu’il Les patients se sont alors tour- faut désormais faire face à nés, désespérément, vers tous l’une des conséquences in- les interlocuteurs qui leur duites par ce modèle écono- semblaient compétents, parmi mique qui se délie des soins lesquels le Conseil national de de premier recours. L’on ne l’Ordre. mesure encore que partielle- Mais les patients ont alors dé- ment l’ampleur et les diverses couvert que les centres den- ramifications des dérives, taires, qui les avaient appelés à alors que se font jour de très grand renfort de publicité vers multiples violations de nos leurs structures, estimaient règles déontologiques qui sont n’avoir aucune soumission refusées par ces Associations, aux règles déontologiques ap- quand il est clair qu’elles fa- pliquées à la pratique dentaire vorisent ce désastre sanitaire. qui leur était dispensée par Les patients pris au piège de l’intermédiaire de ces organes. ces centres posent, en effet, Ils ont appris à leurs dépens des problèmes inédits. que ces Associations dénient Aucune des solutions esquis- aux Ordres professionnels le sées pour les prévenir – au droit d’intervenir. rang desquelles l’impossibili- Ils ont découvert aussi que ces té de s’adosser à des sociétés Associations font même sou- commerciales – malgré les in- tenir par un de leurs syndicats terpellations constantes que le que la publicité de leurs pres- Conseil national lançait, n’ont tations implantaires et prothé- été jusqu’ici retenues. tiques constitue une « saine

LA LETTRE NO 146 Avril 2016 5 L’ÉVÉNEMENT CENTRES LOW COST

avancée » qui devrait être suivie par toute la profession. Il faudrait donc que, nous tous, Le Défenseur des droits chirurgiens-dentistes, nous deve- interpelle la Ministre nions des commerçants vendant de la prothèse et de l’implant fût- ce au mépris du soin conserva- teur ! Telle n’est pas la position de l’Ordre. Le recul des règles déontologiques, voire leur négation par ces centres dentaires a – car tel est bien l’ob- jet de leur recours systématique à la publicité – démultiplié et facili- té les dérives qui interviennent au- jourd’hui au préjudice de plus de 1 500 patients qui se sont regrou- pés pour tenter de faire entendre leur voix. Ces patients dupés sont dos, maintenant qu’il est établi que blics, mais aussi avec le concours aujourd’hui au cœur du disposi- les multiples alertes du Conseil na- des bonnes volontés. Notamment tif où s’impliquent l’Ordre natio- tional étaient même en deçà des celles des praticiens qui seront im- nal et les ordres départementaux drames aujourd’hui subis par la pliqués dès lors que le champ de appelés auprès du ministère de patientèle. leurs responsabilités, nécessaire- la Santé, des ARS et de la Cnam. L’Ordre a ainsi déjà permis de sau- ment particulières, aura été explo- Des réunions d’urgence au plus vegarder et de protéger les données ré à cette occasion. haut niveau ont eu lieu notam- médicales des patients lésés et il Le Conseil national pourrait, à l’oc- ment pour définir la priorité des apportera son concours à la mise casion de ce drame humain, choi- multiples questions se posant à di- en œuvre opérationnelle des récu- sir d’articuler des griefs sur le vers degrés qui concernent la santé pérations dans le cadre des sollici- manque de réactivité par le pas- dentaire mise à mal par les centres tations qui lui parviendront. sé de ses interlocuteurs à qui il a concernés. Et ce en dépit de la demande de constamment dénoncé les risques La mesure de la gravité des faits l’Association concernée qui exige que faisait courir l’interprétation subis par les patients a été évo- qu’il soit interdit à l’Ordre de se commerciale défendue par ces quée, mais il faudra des bilans, manifester et d’être contrôlée de nouvelles Associations dentaires. des expertises, des enquêtes et droit car elle estime qu’il faudrait Il pourrait aussi rappeler son com- une mise à plat pour en connaître qu’une Association, appelée à trai- bat contre l’affirmation selon la- l’ampleur exacte. Au-delà de la stu- ter des (dizaines) de milliers de quelle ces acteurs devraient n’avoir peur qu’engendrent les drames patients, échappe néanmoins aux aucune obligation de veiller, ni de humains, c’est à la création d’un règles de la pratique dentaire. faire veiller, au respect des règles mouvement de cohésion de toute Face à cette crise sanitaire, une déontologiques applicables à l’art la profession que le Conseil natio- méthodologie respectueuse de la dentaire. Il ne le fera pas pour nal travaille. L’Ordre est, de fait, as- Santé publique, qui dresse et rap- l’heure. socié à la recherche des solutions pelle les droits des patients, doit Certes cette question reste cru- pragmatiques relevant de sa com- être mise en place pour organiser ciale. L’Ordre ne manquera pas pétence qui ne lui est plus discu- la reprise des soins lorsqu’ils ont de demander qu’un débat soit tée, en dehors de cette Association été mal ou non effectués. mené afin d’empêcher, et en tout et de quelques-uns de ses aficiona- Elle se fera avec les pouvoirs pu- cas prévenir, la réitération d’un tel

6 LA LETTRE NO 146 Avril 2016 L’ÉVÉNEMENT

désastre sanitaire. Mais la priori- posture sociale, seront en l’état Ce sont ces mêmes acteurs cy- té est d’abord de s’attacher à régler de la loi actuelle, combattus par niques qui estiment que l’on peut le sort de chaque patient délaissé. l’Ordre qui demande une applica- placer systématiquement des pro- Le Conseil national, avec tous les tion de la loi égale pour tous que thèses et des implants, en faisant acteurs qui se sont mobilisés, et ce soit à l’encontre des praticiens, contracter au besoin des emprunts, dont s’est exclu le principal syndi- des structures qui les accueillent si le patient n’a pas le moyen de cat des centres de santé fidèle à sa et au bénéfice des patients. Des payer les soins globaux qui lui sont démarche d’opposition, souhaite centaines de centres n’imaginent souvent imposés comme unique organiser pour les patients un dis- en effet pas de violer la loi. Ils sup- solution de traitement. Face à tous positif protecteur qui prenne en ces nouveaux acteurs marchands, compte chaque situation indivi- qui prônent la commercialité de duelle, chaque souffrance, chaque la pratique dentaire tout en se ca- irrégularité dentaire pour qu’un chant derrière des Associations loi plein remède leur soit apporté. 1901, c’est l’ensemble de la Profes- C’est sur cela aujourd’hui que sion qui doit réagir. l’Ordre concentre ses moyens et Le Conseil national dit avec force, actions qu’il a largement dédiés à comme l’a à juste titre considéré la lutte pour le respect des prin- le Défenseur des droits, que des cipes essentiels de notre profes- mesures doivent désormais être sion que méprisent ces centres prises pour placer nos règles déon- dentaires constitués par des socié- tologiques et professionnelles au tés commerciales et des investis- cœur du traitement du patient. seurs qui affichent une violation portent injustement, aujourd’hui, Il ne suffit pas d’appeler à l’aide frontale de la loi qu’ils détournent le retentissement négatif des pra- après la survenance du sinistre. en recherchant la lucrativité, bien tiques illicites auxquelles recourent C’est avant qu’il ne se réalise qu’il qu’elle soit interdite. les nouveaux acteurs. convient de l’empêcher. Il faut ain- C’est cette violation qui est la Ceux qui veulent prôner de telles si rendre aux patients soignés par source première du désastre com- pratiques sont ces mêmes cy- ces nouveaux centres dentaires mis à l’encontre des patients qui se niques qui font écrire, à l’atten- le droit au respect de nos règles concentrent vers ces centres den- tion de leurs investisseurs dans déontologiques et professionnelles, parmi lesquelles l’identification du L’Ordre, avec tous les acteurs mobilisés, souhaite praticien dont ils ne connaissent organiser pour les patients un dispositif protecteur pas même le nom, la relation hu- qui prenne en compte chaque situation individuelle. maine s’étant délitée à l’extrême. Il est clair que l’un des premiers taires qui les appellent à grand de jolies plaquettes commerciales, enseignements qui doit être tiré renfort de publicités qu’ils ont fer- qu’ils doivent profiter des opportu- est qu’il est inconcevable que le mement l’intention de maintenir. nités que leur offre ce marché den- fait de souscrire un traitement Ceux qui viennent prétendre au- taire dérégulé. dentaire auprès d’un centre den- jourd’hui que tous les nouveaux Ils osent même assurer que l’on taire associatif signifierait pour centres dentaires qui prônent la peut appliquer des traitements glo- le patient la perte de son droit à « réhabilitation globale », inten- baux à ces patients, hautement sol- la protection de la santé dentaire sifient les prothèses, contractent vables, qui ne les refuseront pas que vise justement à lui garantir avec des sociétés commerciales puisqu’ils ne les paient pas. le respect de nos règles déonto- qu’ils détiennent directement ou Cela lorsque leur cible prothé- logiques et professionnelles. Au- indirectement, doivent continuer tique privilégie les patients CMU cun patient ne doit plus, à l’ave- à se développer au prétexte d’une CMU-C. nir, en être privé.

LA LETTRE NO 146 Avril 2016 7 ACTUALITÉS TOURISME DENTAIRE

L’errance thérapeutique d’un patient « soigné » à Budapest

En franchissant les frontières, les Français du démontage, il aurait, bénéficient, a priori, de tarifs plus avantageux que nous citons, « coupé un implant en deux » et de­ dans l’Hexagone, notamment en matière de soins mandé, en conséquence, prothétiques et implantaires. À leurs risques à un autre praticien de re­ et périls, comme en témoigne l’histoire de ce patient. tirer la partie fracturée. Ce dernier constate alors que « tous les im­ haque année, des deux praticiens qui, selon plants ont été abîmés centaines de Fran­ son témoignage, ont pro­ au cours du démontage C çais sont tentés de cédé à une extraction to­ des bridges ». Malgré ce réaliser des soins den­ tale avant de poser 18 im­ constat et la douleur ex­ taires lourds à l’étran­ plants et deux bridges primée par le patient, les ger afin d’obtenir des ta­ céramiques. Les interven­ opérateurs de la clinique rifs – à première vue tions chirurgicales ter­ décident de poser des – moins élevés qu’en minées, le patient rentre « bridges provisoires sur France. C’est le cas d’un chez lui, en France, où il i mpl a nt s ». S’agissant des Français, sapeur-pom­ commence à ressentir de douleurs exprimées par le pier de son métier, qui fortes douleurs postopé­ patient, on lui répond la­ s’est laissé séduire par des ratoires. Il en fait part à coniquement qu’elles «i f ­ prix attrayants pour des la clinique hongroise qui niront par se calmer », soins prothétiques et im­ lui propose de revenir à sans plus d’explications. plantaires proposés sur Budapest pour procéder Le patient, en position de faiblesse, n’a d’autre choix Trois allers-retours à Budapest n’auront pas que de rentrer chez lui. Quelque temps plus tard, suffi à mettre un terme aux douleurs n’y tenant plus, toujours postopératoires aiguës dont souffre le patient. en proie à des douleurs aiguës, il joint la clinique Internet par une clinique aux « corrections implants et retourne pour une troi­ dentaire de Budapest et bridges ». sième fois, encore à ses (Hongrie). Ce qu’il fit en juin 2014 frais, à Budapest. Nous Tout commence au mois en se rendant une deuxiè­ sommes en juin 2015. de mars 2014 lorsque ce me fois, à ses frais, à Bu­ Le patient signe alors un patient se rend par avion dapest. Toujours selon son « document » attestant à Budapest pour se faire témoignage, un praticien qu’un Dr X doit « refaire le soigner dans une clini­ a procédé au retrait des travail avec garantie dans que située au cœur de la bridges céramiques « en sa clinique ». ville. Là-bas, il rencontre dix heures ». Au cours Pensant en avoir fini avec

8 LA LETTRE NO 146 Avril 2016 ACTUALITÉS

son errance thérapeu­ qu’il aurait omise dans le allers-retours par avion dre la clinique, mais reste tique, de retour en France, document dûment signé pour Budapest auxquels bloqué par la barrière de il contacte le Dr X afin de par le patient) ! Non sans s’est ajouté le coût d’un la langue puisqu’il ne fixer une date pour l’in­ lui signifier que les frais interprète lors des voya­ parle ni hongrois ni an­ tervention chirurgicale. devront être totalement ges effectués en 2014 et glais et que les salariés Ce dernier lui accorde un à sa charge, ce que le pa­ 2015, sans que ses travaux de la clinique ne sont pas, rendez-vous, cette fois tient refuse. dentaires soient pour au­ quant à eux, francopho­ dans une clinique basée Au total, cette personne tant achevés. nes. Démuni, ce patient au Monténégro (précision a déjà dû dépenser trois Depuis, il tente de join­ s’est tourné vers les auto­

LA LETTRE NO 146 Avril 2016 9 ACTUALITÉS TOURISME DENTAIRE

rités françaises pour obte­ nir de l’aide. Considérant Changer de praticien en cours que la requête relevait davantage des préroga­ de traitement ou à la suite d’un litige tives ordinales, le minis­ tère de la Santé a trans­ mis à l’Ordre le dossier de ce patient où ne figure pas (encore) d’expertise en bonne et due forme, mais de nombreux clichés at­ testant de soins a priori défectueux. Dans cette affaire, bien entendu, le Conseil na­ tional n’a pas autorité sur les praticiens de la cli­ nique hongroise. Il en est d’ailleurs de même pour l’Ordre hongrois puisque, dans un courrier adres­ sé au Conseil national, il explique que « la Cham­ bre médicale hongroise cale hongroise est l’auto­ hongrois précise que Des procédures éminem­ n’a pas le pouvoir d’en­ rité habilitée à entamer « si un chirurgien-den­ ment complexes lors­ gager une procédure ju­ une procédure déontolo­ tiste est condamné par qu’elles ont lieu dans une diciaire contre un cabi­ gique contre une person­ la Chambre, la décision langue étrangère, à des net ou un praticien. Cette ne physique à condition n’obligera pas ce praticien centai­nes de kilomètres procédure serait donc lais­ qu’elle soit enregistrée au­ à continuer ou à terminer du lieu de résidence du sée à l’initiative du requé­ près de la Chambre médi­ le traitement dentaire ». patient. rant, soit au niveau civil cale hongroise ». Reste alors une troisiè­ Ce sapeur-pompier doit (demande de réparation En supposant que le pa­ me solution : la « pro ­ décidément faire face à cédure parajudiciaire », un véritable parcours du À la barrière de la langue et aux frais qui consiste à se tour­ combattant. ner vers l’autorité hon­ Voilà un cas qui illustre engagés s’ajoutent des procédures groise en charge de la parfaitement les diffi­ complexes pour espérer réparation. protection des consom­ cultés rencontrées – no­ mateurs. Un médiateur tamment dans le suivi civile) soit au niveau pé­ tient choisisse cette deuxiè­ pourra l’assister dans sa postopératoire – lorsque nal (plainte pour mutila­ me solution, il devra adres­ « demande de réparation les soins sont réalisés à tion) ; il devra, dans ce cas, ser une plainte, en langue et de nouveaux soins den­ l’étranger. L’Ordre met en entrer en contact avec un hongroise, à la Chambre taires. Cette organisation œuvre les moyens dont avocat hongrois et avancer médicale hongroise en répond à l’obligation eu­ il dispose pour aider et les frais de traduction. En nommant le ou les prati­ ropéenne de mettre en conseiller ce patient, no­ revanche, conformément ciens dont il se plaint et place des mécanismes de tamment dans sa corres­ au code d’éthique hon­ en s’acquittant des frais réparation en cas de soins pondance avec les autori­ grois, la Chambre médi­ de traduction. L’Ordre transfrontaliers ». tés hongroises.

10 LA LETTRE NO 146 Avril 2016 HUMANITAIRE ACTUALITÉS

40 artistes s’engagent pour le Bus dentaire Une vente aux enchères réunissant les œuvres d’artistes contemporains a permis à l’association de récolter plus de 15 000 euros.

euros. 15 380 Tel est le montant recueilli par l’association Bus social dentaire lors d’une vente aux enchères organisée en janvier dernier, à la galerie Catherine Houard, à . 40 artistes se sont engagés pour le Bus den- taire : de Jean-Michel Al­ berola à Jacques Villeglé en passant par Hervé Di Rosa ou Jean Le Gac, tous ont offert une estampe, un dessin ou une photo­ graphie. Au total, 27 œu­ vres ont été vendues. Après avoir chaleureu- et de pérenniser l’inser- pour 1 600 nouveaux implication des bénévo­ sement remercié les ar- tion de ces patients ». patients. Un nombre de les et, notamment, des tistes, les partenaires et Exacte réplique d’un ca- consultations qui ne pour­ 35 chirurgiens-dentistes les acheteurs – parfois binet dentaire tradition- rait exister sans la forte qui y exercent. venus de fort loin – Paul nel, le Bus dentaire, créé Samakh, vice-président il y a 19 ans, sillonne les du Conseil national et rues de Paris, des Hauts- Le Bus dentaire président de l’association de-Seine, du Val-de-Mar­ a besoin de vous ! a rappelé que le Bus re­ ne et de la Seine-Saint- présente « le premier ni- Denis pour accueillir, veau relationnel offert soigner – souvent en ur- à des patients exclus du gence –, puis réorien- circuit habituel de soins. ter les patients venus sur Il forme ainsi une passe- place. Il accueille plus de relle spécialisée d’accès 2 000 patients par an. En aux soins, soucieuse de 2014, le bus a comptabi- conduire progressivement lisé 2 134 consultations

LA LETTRE NO 146 Avril 2016 11 ACTUALITÉS SOCIÉTÉ

Vous êtes une femme victime de violences Parlez-en à votre chirurgien-dentiste Il peut vous aider

VIOLENCES FEMMES INFO APPELEZ LE 3919 * *Appel anonyme et gratuit.

Numéro d’écoute et d’information anonyme http://www.stop-violences-femmes.gouv.fr/ et gratuit depuis tous les téléphones fixes et portables Ordre national des chirurgiens-dentistes

Outre l'affiche, proposée aux praticiens en quatrième de couverture et téléchargeable sur www.ordre-chirurgiens-dentistes.fr, des kits pédagogiques et d'information sont à la disposition des praticiens sur http://www.stop-violences-femmes.gouv.fr/

12 LA LETTRE NO 146 Avril 2016 ACTUALITÉS

Une affiche pour accompagner les praticiens dans la lutte contre les violences faites aux femmes

En quatrième de couverture de ce numéro de La Lettre et en téléchargement sur www.ordre-chirurgiens-dentistes.fr, l’Ordre met à la disposition des praticiens une affiche destinée à informer les patientes victimes de mauvais traitements. Les praticiens disposent d’informations permettant d’orienter les femmes victimes de violences vers une prise en charge et une aide adaptées. Cette opération est réalisée avec le concours de l’Ordre et conduite par la Miprof (Mission interministérielle pour la protection des femmes contre les violences et de lutte contre la traite des êtres humains).

haque année, une prise en charge insuf- clarifier la conduite à te- contre la traite des êtres « 223 000 femmes fisante de ces femmes. En nir et, pour ce faire, met à humains (Miprof), qui C sont victimes de tant que professionnels de la disposition des chirur- portent sur différents ty­ violences physiques et/ou santé, le rôle des chirur- giens-dentistes des kits pes de violences (sexuel­ sexuelles de la part de leur giens-dentistes peut être pédagogiques. Ces outils les, conjugales, sur les en- ancien ou actuel partenaire déterminant pour les aider. se composent de courts- fants, etc.) (1). […]. Parmi ces femmes vic- Dans le cadre de son exer­ métrages et de livrets d’ac­ En pratique, lorsqu’un times, 14 % déclarent avoir cice au quotidien, le chirur­ compagnement élaborés chirurgien-dentiste, dans déposé une plainte suite à gien-dentiste peut, et mê par la Mission intermi- le cadre de son exercice, se ces violen­ces. » Des don- me doit, agir en tant que nistérielle pour la protec- trouve en présence d’une nées émanant du gouver- professionnel de santé. Le tion des femmes contre femme victime de violen­ nement qui soulignent gouvernement souhaite les violences et de lutte ces, il doit délivrer un cer-

LA LETTRE NO 146 Avril 2016 13 ACTUALITÉS SOCIÉTÉ

tain nombre de conseils et d’informations : • Affirmer clairement que les violences sont inter- dites par la loi et que les actes de violence relèvent de la seule responsabilité de leur auteur ; • Conseiller à la patiente de se rendre, en cas d’ur- gence, dans les locaux des services de police ou de gendarmerie ou encore d’appeler soit le 17 soit le 112 (à partir d’un télé- Les praticiens peuvent également trouver les informations sur www.stop-violences-femmes.gouv.fr phone portable), numéros qui permettent de joindre ment d’un certificat mé- acte qui engage sa respon- dentiste, sauf s’il est éta- ces services ; dical initial dans le cas de sabilité. Le certificat ne bli qu’il n’a pas agi de • Inviter la victime à join ­ violences volontaires ou peut être produit sans un bonne foi. dre le 3919 (Violences Fem­ de blessures involontai­ examen médical puisqu’il Afin de soutenir l’action mes Info), numéro gratuit res subies. d’écoute et d’information Les atteintes à l’intégri- Inciter la patiente victime de violences anonyme qui n’est repé- té de la personne sont à joindre le 3919, le numéro gratuit rable ni sur les factures ni constitutives d’infrac- d’écoute et d’information anonyme sur les téléphones ; tions prévues et répri- • Informer la victime de mées par le Code pénal. l’existence d’associations La consultation médicale constitue la conclusion de de la Miprof, mais aus- d’aide aux victimes ; peut être une étape vers cet examen. Ce certificat si inciter les femmes vic- • Informer la victime de la révélation des faits de doit être délivré dans le times de violences à se la possibilité de porter violence. Elle constitue respect du secret médical, confier et à demander de plainte. alors le pendant médical ne peut être remis qu’au l’aide à leur chirurgien- Au-delà des conseils à dé- de la plainte que pourra patient concerné par l’exa- dentiste, l’Ordre a élaboré men médical (ou à son re- une affiche téléchargeable Une affiche destinée à susciter le dialogue présentant légal) et doit sur son site. Apposée en entre les femmes victimes de violences être rédigé avec objectivité bonne place dans le cabi- et leur praticien peut être téléchargée et prudence. Le certificat net dentaire, elle invitera sur le site de l’Ordre. ne doit pas être tendan- les femmes concernées à cieux : il ne peut être ré- franchir le pas et suscitera digé dans le but d’« arran- le dialogue. livrer, lorsque le chirur- déposer la victime. Néan­ ger » le demandeur. Geneviève Wagner gien-dentiste suspecte moins le chirurgien-den- Le signalement aux auto- un cas de maltraitance, il tiste doit être attentif au rités compétentes effec- (1) Les kits pédagogiques peut produire un « C er­ fait qu’il est légalement tué dans les conditions sont disponibles sur le site tificat médical initial » (2). responsable de ses écrits décrites ci-dessus ne peut stop-violences-femmes.gouv.fr Le chirurgien-dentiste et de leurs conséquences. engager la responsabi­ (2) Un modèle de certificat médical accompagné d’une fiche ne peut se soustraire à La rédaction d’un certifi- lité civile, pénale ou dis- explicative est téléchargeable une demande d’établisse- cat médical est donc un ciplinaire du chirurgien- sur le site de l’Ordre.

14 LA LETTRE NO 146 Avril 2016 ENSEIGNEMENT SUPÉRIEUR ACTUALITÉS

Le numerus clausus se stabilise Avec une place supplémentaire par rapport à l’année universitaire 2015-2016, le numerus clausus est en voie de stabilisation. Le point sur les places offertes dans le cursus « classique » et via les différentes passerelles.

vec une place sup­ ves classantes nationa­ plémentaire par les (ECN), totalise donc A rapport à l’année 1 199 places. Il existe par 2015, le numerus clausus ailleurs une cinquième passe de 1 274 à 1 275 pos­ passerelle permettant d’ac­ tes en 2016 -2017. Ces céder à la troisième année DEUXIÈME PASSERELLE dicale, audioprothésiste, 1 275 étudiants pourront de chirurgie dentaire. VERS LA DEUXIÈME ANNÉE technicien en analyses accéder à la deuxième an­ 13 étudiants seront auto­ biomédicales, technicien née d’études en odonto­ PREMIÈRE PASSERELLE risés à poursuivre leurs supérieur en imagerie mé­ logie l’année universi­ VERS LA DEUXIÈME ANNÉE études en odontologie à la dicale et radiologie théra­ taire prochaine. Parmi ce Parmi les 1 199 places, 21 fin de la Paces s’ils rem­ peutique, orthophoniste, contingent, 76 pourront bé­ sont réservées aux étu­ plissent les conditions orthoptiste ; néficier de l’une des qua­ diants non issus de la Paces, énoncées ci-dessous : • Justifier d’un exercice tre passerelles permettant mais qui devront valider, • Être titulaire de l’un professionnel d’une durée l’entrée en deuxième année à Paris V, Paris VII, Pa­ des diplômes ou certifi­ de deux ans au minimum (lire le détail ci-dessous). À ris XIII, Rouen ou Stras­ cats de capacité suivants : après l’obtention de l’un côté de ces qua­tre passe­ bourg une deuxième ou sage-femme, infirmier, des diplômes ou certificats relles, la voie « classique », troisième année d’une li­ ergothérapeute, masseur- mentionnés ci-dessus. qui suppose à l’issue de la cence adaptée. Ces 21 étu­ kinésithérapeute, psycho­ Les candidats ayant déjà première année commune diants ne seront pas dans motricien, pédicure-po­ bénéficié de deux ins­crip­ aux études de santé (Paces), l’obligation de passer les dologue, manipulateur tions en première année de satisfaire aux épreu­ ECN. d’électroradiologie mé­ du premier cycle des étu­

Évolution du numerus clausus (hors passerelles) depuis 10 ans Année 2006- 2007- 2008- 2009- 2010- 2011- 2012- 2013- 2014- 2015- universitaire 2007 2008 2009 2010 2011 2012 2013 2014 2015 2016 Nombre total de postes 977 1 047 1 097 1 154 1 154 1 200 1 200 1 200 1 198 1 199 ouverts

LA LETTRE NO 146 Avril 2016 15 ACTUALITÉS ENSEIGNEMENT SUPÉRIEUR

16 LA LETTRE NO 146 Avril 2016 ACTUALITÉS

des médicales ou phar­ maceutiques ou en pre­ L’ESSENTIEL mière année commune Cinq arrêtés parus au JO le 21 décembre 2015 aux études de santé ne fixent le nombre d’étudiants admis à poursuivre sont autorisés à prendre leurs études en deuxième ou en troisième qu’une seule inscription. année d’odontologie pour 2016-2017. Par le jeu des admissions parallèles, TROISIÈME PASSERELLE le numerus clausus est porté à 1 275 VERS LA DEUXIÈME ANNÉE pour l’entrée en deuxième année en 2016, 16 étudiants sont admis soit une place supplémentaire par rapport à 2015. à poursuivre leurs études en odontologie s’ils ont exercé leur droit au re ­ titres suivants : diplôme trois conditions énoncées mords. Il s’agit d’étu­ national de master, di­ ci-dessous : diants justifiant de la plôme d’études approfon­ • Soit être titulaires de validation d’au moins dies, diplôme d’études l’un des diplômes ou ti­ deux années d’études ou supérieures spécialisées, tres suivants : diplôme de 120 crédits européens diplôme des écoles de d’État de docteur en mé­ dans la filière choisie à commerce conférant le decine, diplôme d’État de l’issue de la Paces et qui grade de master, diplôme docteur en pharmacie, regrettent ce choix. Ils des instituts d’études po­ diplôme d’État de sage- peuvent alors être autori­ litiques conférant le grade femme, diplôme d’État sés à se réorienter dans de master, titre corres­ de docteur vétérinaire, la filière à laquelle ils pondant à la validation de doctorat, titre d’ingénieur pouvaient initialement 300 crédits européens ; d iplômé ; prétendre à l’issue des • Soit, en vue d’une ad ­ • Soit être anciens élèves ECN de première année. mission dans une filiè­ de l’une des écoles nor­ L’admission a lieu sur re différente de leur filiè­ males supérieures. Tou­ dossier avec un passage re d’origine, justifier de tefois, les élèves de ces devant un jury. L’étudiant la validation de deux an­ écoles peuvent deman­ devra préalablement dé­ nées d’études ou de 120 der à s’inscrire s’ils ont poser son dossier à l’UFR cré­dits européens dans accompli deux années dispensant la formation un cursus médical, odon­ d’études et validé une pre­ envisagée. tologique, pharmaceu­ mière année de master ; tique ou de sage-femme • Soit appartenir au corps QUATRIÈME PASSERELLE au-delà de la première des enseignants-cher­ VERS LA DEUXIÈME ANNÉE année. Il s’agit d’une ad­ cheurs de l’enseignement 47 étudiants sont ad­ mission directe, sur dos­ supérieur et exercer leurs mis à poursuivre leurs sier, avec passage devant activités d’enseignement études en deuxième an­ un jury. dans une unité de forma­ née, s’ils remplissent tion et de recherche de l’une des deux conditions PASSERELLE médecine, de pharmacie suivantes : VERS LA TROISIÈME ANNÉE ou d’odontologie. Il s’agit • Soit être titulaire (au 24 étudiants sont ad­ d’une admission directe, plus tard au 1 er octobre mis à poursuivre leurs sur dossier, avec passage de l’année considérée) études en odontologie, devant un jury. de l’un des diplômes ou s’ils remplissent l’une des Myriam Garnier

LA LETTRE NO 146 Avril 2016 17 ACTUALITÉS QUALIFICATIONS PROFESSIONNELLES

Autoriser l’exercice en ville des praticiens à diplôme hors UE L’Ordre plaide pour que les praticiens diplômés hors UE et souhaitant obtenir leur autorisation ministérielle d’exercice puissent effectuer leur année obligatoire de stage, aujourd’hui limitée à l’Hôpital, dans le cadre d’une collaboration en cabinet. Ci-dessous, le courrier du Conseil national au ministère de la Santé.

« ous n’êtes pas sans verture de l’exercice en ca- statut de collaborateur sa- torisation d’exercice en si- savoir que l’une des binet de ville à ces lauréats, larié du praticien titulaire tuation d’exercice libéral, V voies d’accès à la par la voie de l’inscription du cabinet ou de la socié- forme d’exercice qui sera profession de chirurgien- provisoire au tableau de té d’exercice. Il sera alors la leur par la suite, et de se dentiste en France consiste l’Ordre notamment. rémunéré par le praticien familiariser avec la régle- à obtenir une autorisation Dans ce cadre particulier, ou par la société d’exer- mentation applicable en ministérielle d’exercice, le candidat à l’inscription cice qui l’accueille dans cabinet dentaire. prévue aux articles L. 4111-2 au tableau obtiendrait une son cabinet s’il s’agit d’un Nous avions, en décem­ et D. 4111-1 et suivants du inscription d’un an au mi­ contrat de collaboration sa- bre 2011, soumis cette pro­ Code de la santé publique. nimum. Il serait égale- larié. En effet, les cabinets position au défenseur des Cette autorisation, néces- ment judicieux de prévoir de ville peuvent être au- droits […] qui s’inquiétait saire pour les praticiens ti- tout comme nous du nom­ tulaires d’un diplôme de Faute de postes disponibles, les praticiens bre de personnes, lauréa­ praticien de l’art dentaire titulaires d’un diplôme obtenu hors UE tes des épreuves de vérifi- délivré par un État non- ne peuvent satisfaire à leur obligation cation des connaissances, membre de l’UE, impli­ d’exercer pendant un an à l’hôpital. qui ne pouvaient accé­der que que les lauréats can­ à la dernière étape de la didats à la profession de une durée maximale à tant de lieux de stage et de procédure, faute de trou- chirurgien-dentiste doi­ cette inscription provisoire, pratique de la profession, ver un poste dans l’un des vent justifier d’une année afin de ne pas voir se pé- et les chirurgiens-dentist­es services visés par l’arti­ de fonctions accomplies renniser de telles situa- y exerçant, souffrant de la cle L. 4111-2. dans un service ou orga- tions dérogatoires. pénurie de praticiens tou- Le défenseur des droits, nisme agréé pour la for- Cette inscription provi- chant la profession, sont Dominique Baudis en mation des internes. Or, la soire a pour vocation de particulièrement désireux l’occurrence, l’avait parti- pratique nous a démon­tré lui permettre d’effectuer de partager leur savoir- culièrement bien accueil- que ces praticiens étaient l’année de fonctions pré- faire et leurs connaissan­ lie. Cette proposition a été dans l’impossibilité de vue à l’article L. 4111-2 ces avec un confrère qui discutée avec les instances remplir cette obligation, dans un cabinet de ville, pourra devenir, à plus ou représentatives de la pro- faute de services existants auprès d’un professionnel moins court terme, un as- fession […], qui partagent et par voie de conséquence libéral. La question du sta- socié ou un successeur. notre point de vue. » de postes offerts. Une des tut du candidat à l’autori- Une telle inscription per- André Micouleau solutions à cette situation sation d’exercice peut être mettrait, de surcroît, de Vice-président. Responsable pourrait consister dans l’ou­ résolue par l’adoption du mettre les candidats à l’au- du service des contrats

18 LA LETTRE NO 146 Avril 2016 SITES INTERNET RÉGIONAUX ACTUALITÉS

L’avènement des Paps Les Plates-formes d’appui aux professionnels de santé, qui centralisent les informations et les services à l’échelle régionale, sont désormais opérationnelles. Un outil pratique et utile à destination des étudiants et des praticiens sur l’offre de formation, l’installation et l’exercice.

« outes les clés d’âge et catégorie so- pour se for- cioprofessionnelle ain- T mer, s’instal­ si que leur évolution ; ler et exercer en ré- • La démographie des gion. » Tels sont les professionnels de san­ outils développés par té en nombre et en les Plates-formes d’ap­ densité ; pui aux profession­ • La consommation nels de santé (Paps), moyenne de soins qui sont désormais opé- (consultations et visi­ rationnelles. Forma­ tes), le nombre et le tion, lieux de stage, ai taux de bénéficiaires de à l’installation, mo­ d’autres soins (au- dalités d’exercice, be­ près de spécialistes, soins et offres de soins tés localement par chaque • L’accessibilité des profes- d’auxiliaires médi- en région : chaque Paps ci­ ARS, la nouvelle mouture sionnels de santé. caux, les médicaments ble les chirurgiens-dentis­ des Paps propose une en- Les utilisateurs peuvent consommés…), le nom­ tes et les étudiants en odon­ trée structurée autour des également bénéficier bre et le taux de patients tologie pour leur donner trois étapes clés du par- d’une étude d’implanta- pris en charge à 100 % au accès à des informations pra­ cours professionnel : « Je tion pour une zone géo- titre d’une affection de lon­ tiques et précises en quel­ me forme. » « Je m’ins- graphique définie livrant gue durée. ques clics. Les utilisateurs « talle. » J’exerce. » des informations sur : ont également la possibili- Des services de cartogra- • Les caractéristiques de Rendez-vous sur té de contacter un interlo- phie interactive donnent, la population par tranche http://paps.sante.fr cuteur privilégié et identi- par exemple, accès à des fié, sur la base de coordon- données détaillées sur L’ESSENTIEL nées directes. L’objectif : l’offre et la consommation Les Plates-formes d’appui aux professionnels faciliter la mise en relation de soins dentaires sur le de santé (Paps) regroupent les informations avec le référent Installation plan régional, départemen­ régionales nécessaires à l’exercice des chirurgiens- de l’Agence régionale de tal, cantonal et communal, dentistes (en formation ou installés). santé (ARS) en orientant selon cinq thématiques : Les Paps sont construites les chirurgiens-dentistes • La consommation d’actes ; autour de trois thématiques : « Je me forme. » « Je m’installe. » « J’exerce ». (en formation ou installés) • L’activité moyenne sur Les Paps donnent accès rapidement vers le bon interlocuteur. une année ; aux coordonnées des référents Installation Avec un portail national et • La densité ; de l’Agence régionale de santé (ARS). des sites régionaux pilo- • L’attractivité ;

LA LETTRE NO 146 Avril 2016 19 ACTUALITÉS PROFESSION

Zaltrap® : risque d’ostéo- nécrose de la mâchoire nformation émanant sé après un traitement à identifié. Zaltrap® peut vasives constituent égale- de l’ANSM destinée base d’oxaliplatine. être un facteur de risque ment un facteur de risque I aux chirurgiens-den- Des cas d’ostéonécrose de supplémentaire à la sur- identifié d’ostéonécrose de tistes, stomatologues, la mâchoire ont été rap- venue d’une ostéoné - la mâchoire. Un examen chirurgiens maxillo-fa- portés chez des patients crose de la mâchoire. Ce bucco-dentaire ainsi que ciaux, oncologues, gastro- atteints de cancer et trai- risque doit particulière- des soins dentaires pré- entérologues, et pharma- ventifs appropriés doivent ciens hospitaliers. Un examen bucco-dentaire et des soins dentaires être recommandés avant Zaltrap® (afliber - préventifs appropriés sont recommandés d’instaurer un traitement cept) en association avant d’instaurer un traitement par Zaltrap® par Zaltrap®. Chez les pa- avec la chimiothérapie tients traités par Zaltrap® irinotécan/5-fluorou- tés par Zaltrap®. Plusieurs ment être pris en consi- et qui ont précédemment racile/acide folinique d’entre eux avaient reçu dération lorsque Zaltrap® reçu ou qui reçoivent des (FOLFIRI) est indiqué un traitement concomi- et les bisphosphonates in- bisphosphonates intra- chez les adultes atteints tant à base de bisphospho- traveineux sont adminis- veineux, les interven- d’un cancer colorectal nates intraveineux, pour trés de façon concomi- tions dentaires invasives métastatique (CCRM) ré- lesquels l’ostéonécrose de tante ou séquentielle. Les doivent, si possible, être sistant ou ayant progres- la mâchoire est un risque interventions dentaires in- évitées.

Communiquer tout changement professionnel dresse et coordon- ticiens doivent déclarer ces informations permet maladie de la situation nées profession- auprès de leur CDO leur à l’Ordre d’assurer sa mis- des praticiens. Enfin, il est A nelles, diplômes, adresse mail leur permet- sion qui vise, entre autres, important de mettre à jour statut, mode d’exercice, tant d’être informés des à veiller aux principes de ces données dans le cadre contrats… Tout change- messages de sécurité dif- probité et d’indépendance de la réserve sanitaire qui ment dans la vie profes- fusés par les autorités sa- des praticiens ainsi qu’à oblige le praticien à sionnelle d’un praticien nitaires. Cette information leur respect des règles signa­ler à l’Ordre les doit être transmis par ce doit être régulièrement professionnelles. éventuel­les modifica- der­nier au conseil dépar- mise à jour et transmise De plus, depuis la mise tions relati­ves à son lieu temental de l’Ordre (CDO) aux autorités sanitaires à en place du RPPS, l’Ordre de résidence jusqu’à dont il dépend. Par ail- leur demande. Au-delà constitue le guichet uni­ trois ans après avoir leurs, lors de l’inscrip- d’une obligation déontolo- que et doit être en capaci- quitté la profession et avoir tion au tableau, les pra- gique, la transmission de té d’informer l’assurance été retiré du tableau.

20 LA LETTRE NO 146 Avril 2016 EN BREF ACTUALITÉS

Suspension de l’utilisation des implants dentaires ICC (I-CÔNE) et HE L’Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé (ANSM) a mis en évidence des non-conformités réglementaires dans l’activité de la société MEDICAL PRODUCTION relatives à ses implants dentaires I-CÔNE et HE. En conséquence, il est demandé aux chirurgiens-dentistes de ne plus utiliser les implants dentaires de cette société jusqu’à nouvel ordre. Le texte de cette décision est disponible sur le site de l’ANSM, qui rappelle aux professionnels de santé que tout incident ou risque d’incident grave avec un dispositif médical doit être déclaré dans le cadre de la matériovigilance à l’ANSM (Direction de la surveillance : [email protected] – Fax : 01 55 87 37 02).

Publication JMMS sont l’occasion pour les professionnels Prévention et gestion de santé de se rencontrer dans une ambiance du risque contentieux confraternelle en pratiquant leurs sports favoris en odontologie, coécrit (judo, natation, échec, athlétisme, etc.). par Delphine Tardivo Pour s’inscrire, rendez-vous sur le site et Frédéric Camilleri, www.medigames.com président du conseil départemental Erratum de l’Ordre du Vaucluse, Une coquille s’est glissée à la page 27 n’a pas d’équivalent de La Lettre n° 145 de février-mars. Le résumé dans la littérature concernant la SAS est erroné : le décret médicale. Construit de 1948 a été abrogé par le décret du 26 juin en deux parties, cet ouvrage publié aux éditions 2013 (à l’exception du 4e alinéa de l’article 22). CDP traite dans un premier temps les obligations Cette juridiction est régie par les articles R. 145-5 ainsi que les bases administratives, juridiques et suivants du Code de la sécurité sociale. et légales de la profession sans oublier l’aspect fiscal et comptable ni le fonctionnement d’un cabinet dentaire. Dans une seconde partie sont exposées les procédures et la gestion Distinctions honorifiques des litiges. Les typologies des dossiers sont Pour leur dévouement et leur engagement au évoquées avec la place et le rôle des institutions, service de l’Ordre, se sont vus décerner : des assureurs et des instances judiciaires. - la médaille de Vermeil du Conseil national : Alain CHANTREAU, Maurice CHATEAU, Marcel es 37 Jeux mondiaux Patrice DOUSSEAU, Jean-François JORRY, Alain de la médecine et de la santé ROULLET RENOLLEAU ; Du 28 mai au 4 juin prochains se tiendront, - la médaille d’Argent du Conseil national : pour leur 37e édition, les Jeux mondiaux Jean-Louis BRUNELOT, Jean-Jacques GAY, Dinh de la médecine et de la santé (JMMS) Bau TRINH. à Maribor en Slovénie. Ouverts aux membres Le Conseil national de l’Ordre des chirurgiens- des professions médicales et de santé, les dentistes leur adresse ses félicitations les plus vives.

LA LETTRE NO146 AVRIL 2016 21 ACTUALITÉS APPEL À CANDIDATURES

ÉLECTIONS DES MEMBRES DES CONSEILS RÉGIONAUX ET INTERRÉGIONAUX RENOUVELLEMENT DES CONSEILLERS SORTANTS

Conformément aux dispositions : de ceux qui ont été l’objet de sanc- gée en français sur une page qui ne • de l’article L. 4124-11 du Code de la tions disciplinaires conformément peut dépasser le format de 210 mm santé publique et de l’article R. 4142-5 à l’article L. 4124-6 du Code de la x 297 mm en noir et blanc. Elle ne du Code de la santé publique relatifs santé publique et à l’article L. 145-2 peut être consacrée qu’à la présenta- à la composition des conseils régio- du Code de la sécurité sociale, tion du candidat au nom duquel elle naux et interrégionaux ; compte tenu de l’application des lois est diffusée et à des questions en- • des articles R. 4124-1 et R. 4124-1-1 d’amnistie. trant dans le champ de compétence du Code de la santé publique régle- En application de l’article R. 4125-1 de l’Ordre défini à l’article L. 4121-2 mentant les élections des membres du Code de la santé publique, le des conseils régionaux et interrégio- candidat à l’élection doit être ins - du Code de la santé publique. naux, les conseils régionaux et in- crit au tableau du conseil départe- terrégionaux de l’Ordre des chirur- mental concerné par l’élection. Le Le retrait par un praticien de sa candi- giens-dentistes procéderont au candidat doit être à jour de sa coti- dature ne pourra intervenir que dans renouvellement de leurs membres, sation ordinale. Les conseillers sor- l’intervalle compris entre le dépôt titulaire(s) et suppléant(s). tants, titulaires et suppléants, sont de celle-ci et le vendredi 10 juin 2016. rééligibles. Le retrait doit être notifié au conseil Cette élection est fixée au SAMEDI régional ou interrégional par lettre 2 JUILLET 2016 à 10 heures au ÉLECTEURS recommandée avec avis de réception siège de chaque conseil régional Seuls sont électeurs les membres ou déposé au siège du conseil contre ou interrégional de l’Ordre dont titulaires des conseils départemen- récépissé. l’adresse est indiquée dans le tableau taux (article R. 4124-1 du Code de la ci-après. santé publique). MODALITÉS DE VOTE Les électeurs votent pour les titu- Chaque conseil régional ou interré- DÉCLARATION DE CANDIDATURE gional est composé de 9 membres ti- Conformément aux dispositions de laires et les suppléants dans les condi- tulaires et de 9 membres suppléants, l’article R. 4124-1 du Code de la san- tions prévues aux articles R. 4123-4 à l’exception de celui d’Île-de-Fran­ce té publique, les déclarations de can- à R. 4123-8 du Code de la santé qui comprend 13 membres titulaires didature doivent parvenir par lettre publique. et 13 membres suppléants. recommandée, avec demande d’avis Le vote par procuration n’est pas ad- de réception, au siège de chaque mis (article R. 4125-1 du Code de la Le tableau page 23 fait état de la ré- conseil régional ou interrégional, santé publique). partition des sièges à pourvoir par 30 jours au moins avant le jour de Le vote a lieu par correspondance. département. l’élection, c’est-à-dire au plus tard le Il est adressé au siège du conseil ré- jeudi 2 juin 2016, à 16 heures. gional ou interrégional concerné par ÉLIGIBILITÉ Toute candidature parvenue après l’élection. En application des articles L 4123-5 l’expiration de ce délai est irrecevable. Le dépouillement a lieu sans désem- du Code de la santé publique et Le candidat indique sa date de nais- parer, en séance publique (articles L. 145-2-1 du Code de la sécuri- sance, son adresse, ses titres, son té sociale sont seuls éligibles les mode d’exercice et, le cas échéant, sa R. 4123-12 et R. 4123-13 du Code de praticiens de nationalité française qualification professionnelle et ses la santé publique). ou ressortissants de l’un des États fonctions dans les organismes pro- membres de l’Union européenne ou fessionnels. Il doit signer sa déclara- RÉPARTITION d’un autre État partie à l’accord sur tion de candidature. DES POSTES À POURVOIR l’Espace économique européen qui Il peut joindre une profession de MT : membres titulaires sont inscrits à l’Ordre, à l’exclusion foi à l’attention des électeurs, rédi- MS : membres suppléants

22 LA LETTRE NO 146 Avril 2016 ACTUALITÉS

Alsace Inter Antilles-Guyane Nord – Pas-de-Calais Maison dentaire Domus Medica Eurasanté – Parc Galénis 10, rue de Leicester 80, rue de la République Bât. D – 55, rue Allende 67000 STRASBOURG MT MS 97200 FORT-DE-FRANCE MT MS 59373 LOOS-LÈS- Cedex Bas-Rhin 5 4 2 1 MT MS - 1 3 3 3 3 Haut-Rhin Nord Guyane - 1 Pas-de-Calais 2 2 Franche-Comté Basse-Normandie 134, boulevard Wilson 16, rue Ambroise-Paré Immeuble Le Venoix 33000 BORDEAUX MT MS BP 22801 97, boulevard Yves-Guillou Gironde 4 1 25011 BESANÇON Cedex MT MS 14000 MT MS Landes - 1 Doubs 2 3 Calvados 2 2 Lot-et-Garonne - 1 Haute-Saône 1 1 Manche 1 2 Pyrénées-Atlantiques 1 2 Jura 2 1 Orne 2 1 Île-de-France Haute-Normandie Maison dentaire 9 et 11, rue Théophile-Gautier 67, avenue Chastellain 5, rue de Ceyrat 75016 PARIS MT MS 76000 ROUEN MT MS 63000 CLERMONT-FERRAND MT MS Paris 3 3 Eure 1 1 Allier 1 - Essonne 1 1 Seine-Maritime 4 4 Haute-Loire 1 1 Seine-Saint-Denis 1 1 Puy-de-Dôme 2 4 Val-de-Marne 1 1 Bourgogne - BP 90006 MDPL – 285, rue Nobel 68, rue de la Commune 21801 QUETIGNY MT MS 34000 MT MS 44400 REZÉ MT MS Côte-d’Or 2 3 Aude 1 1 Loire-Atlantique 2 - Nièvre 1 1 Gard 2 2 Maine-et-Loire 1 2 Saône-et-Loire - 1 Hérault 1 1 Mayenne 1 1 Yonne 2 - Lozère 1 1 Vendée 1 2 Bretagne Picardie 14, rue Dupont-des-Loges 31, rue Hoche Le Tennessee 35000 RENNES MT MS 87000 MT MS 47, avenue du Royaume-Uni Côtes-d’Armor 1 - Corrèze 2 3 80090 MT MS Finistère 1 1 Creuse 1 1 Aisne 2 2 Ille-et-Vilaine 2 3 Haute-Vienne 2 1 Oise 2 3 Morbihan 1 1 Somme 1 - Centre Poitou-Charentes 27, rue du Colombier 25/29, rue de Saurupt Maison dentaire 45000 ORLÉANS MT MS 54000 NANCY MT MS 18, boulevard du Grand-Cerf Eure-et-Loir 1 1 Meurthe-et-Moselle 3 1 86000 POITIERS MT MS Indre 1 - Meuse - 1 Charente 1 - Indre-et-Loire 1 1 Moselle 1 2 Charente-Maritime 2 3 Loir-et-Cher 1 1 Vosges 1 1 Deux-Sèvres 1 1 Loiret 1 2 Vienne 1 1 Champagne-Ardenne Midi-Pyrénées PACAC 4, allée Santos-Dumont Parc d’activités de la Plaine 174, rue Consolat BP 282 – Bât. A7 1er étage 9, avenue Gonord 13004 MARSEILLE MT MS 51687 REIMS Cedex 2 MT MS 31500 TOULOUSE MT MS Alpes-de-Haute- 1 1 Ardennes 1 1 Aveyron 1 1 Bouches-du-Rhône 1 1 Aube 1 1 Haute-Garonne 1 1 Corse-du-Sud 1 1 Marne 2 2 Gers 1 1 Var 1 1 Haute-Marne 1 1 Hautes-Pyrénées 1 1 Vaucluse 1 1 Tarn-et-Garonne 1 1 Inter Réunion et Rhône-Alpes Conseil de l’Ordre CS 50022 des chirurgiens-dentistes 69454 LYON Cedex 06 MT MS de la Réunion – Rampes Ozoux Ardèche 1 - 5 E Résidence La Rivière 1 1 97400 SAINT-DENIS Drôme MT MS Loire 1 1 Mayotte 1 1 Rhône 1 1 Réunion 4 4 Savoie 1 1 Haute-Savoie - 1

LA LETTRE NO 146 Avril 2016 23 ACTUALITÉS AVIS DE RECHERCHE

SEINE-ET-MARNE Éléments dentaires importants Le corps d’un homme partiellement calciné a été découvert • Bridge de 3 éléments céramiques le 3 novembre 2014 à MITRY-MORY (77) en extérieur. de 45 à 47 Signalement • Promandibulie avec version Sexe : masculin. Poids : 70 kg. Taille : 1,75 m environ. Âge estimé : linguale du bloc incisivo-canin entre 30 et 50 ans. Âge dentaire estimé : 40 ans +/- 8 ans. mandibulaire Peau blanche ou claire. Yeux foncés. Cheveux bruns grisonnants. •  Absence ante mortem 18, 15, Renseignements 28, 36 Tous renseignements susceptibles de permettre l’identification •  Défauts de minéralisation de la personne sont à faire parvenir à Bruno Duquesne, de l’émail du bloc incisivo-canin officier de police judiciaire, Direction régionale de police judiciaire, supérieur (stries, puits et taches Brigade criminelle – 19, avenue de Paris – 78000 VERSAILLES blanches) Tél. : 01 39 24 73 12 (direct) – 06 27 28 43 42 – 06 27 28 43 43 Fax : 01 39 24 71 98, •  Anomalies punctiformes Mail : [email protected] de l’émail vestibulaire de 43 et 33

Maxillaire 18 absente ante mortem 17 amalgame occluso-mésial 16 s oin endodontique incomplet et couronne métallique 15 absente ante mortem 21 fracture angle mésial 24 d ébris radiculaires, perte ante mortem de la totalité coronaire 25 soin endodontique incomplet et couronne métallique 26 soin endodontique incomplet et couronne métallique 28 absente ante mortem Mandibule 38 d ébris radiculaires, perte ante mortem de la totalité coronaire 37 a malgame occlusal, mésio-version avec contact sur face distale de 35 36 absente ante mortem, édentement ancien 32 fracture post mortem 45 pilier antérieur de bridge céramique, traitement endodontique 46 intermédiaire de bridge céramique 45 à 47 47 p ilier postérieur de bridge céramique, traitement endodontique 48 racines dévitalisées, perte ante mortem de la totalité coronaire

Vue Bridge Radiographie Radiographie Radiographie Radiographie du maxillaire mandibulaire 47 à 45 47 à 45 37 à 34 17 et 16 25 à 27

24 LA LETTRE NO 146 Avril 2016 ACTUALITÉS

RHÔNE Des ossements humains ont été découverts le 25 novembre 2014 Éléments dentaires dans les bois sur la commune de SAINT-DIDIER-AU-MONT-D’OR (69) importants Signalement • Bridge à facettes Sexe : féminin. Âge estimé : environ 65 ans +/- 5 ans. Type : leucoderme. esthétiques 3 éléments Renseignements de 23 à 25 Tous renseignements susceptibles de permettre l’identification • Déchaussement de la personne sont à faire parvenir au major Franck Chevrier de 3 mm au moins au niveau Brigade de gendarmerie de Limonest de toutes les dents 108, avenue du Général-de-Gaulle – 69760 LIMONEST Tél. : 04 78 35 80 77 résiduelles Fax : 04 78 66 89 38 • Pas de poche parodontale Mail : [email protected]

Maxillaire 15 : amalgame mésio-occluso-distal, 18 : a bsente ante mortem reprise carie mésiale sous amalgame 17 : amalgame occluso-mésial 14 : couronne à incrustation vestibulaire, matériau non défini, 2 tenons radiculaires 16 : amalgame mésio-occluso-distal 13 : composite mésio-palatin, angle ébréché, mylolyse vestibulaire 12, 11, 21 : a bsentes post mortem 22 : co uronne à incrustation vestibulaire, matériau non défini 23 : pilier de bridge 23-25, couronne à incrustation vestibulaire, matériau non défini 24 : inter de bridge à incrustation vestibulaire, matériau non défini 25 : p ilier du bridge 23-25, couronne à incrustation vestibulaire, matériau non défini 26 : couronne ajustée type nickel-chrome 27 : volumineux amalgame occluso-vestibulaire, carie mésiale 28 : a bsente ante mortem Mandibule absente

Radiographie côté droit : 17 à 14 Radiographie côté gauche : 23 à 27

LA LETTRE NO 146 Avril 2016 25 DOSSIER GRENELLE DE LA SANTÉ BUCCO-DENTAIRE

Un Grenelle pour un vrai pilotage de la santé bucco-dentaire

26 LA LETTRE NO 146 Avril 2016 DOSSIER

Une journée « accès aux soins dentaires pour tou s. » C’est autour de ce thème de travail et de débats à la symbolique forte que le pour imaginer Conseil national de l’Ordre et son un pilotage président, Gilbert Bouteille, ont L réuni plus’ de 170 participants lors du Gre- de la médecine bucco- nelle de la santé bucco-dentaire, le 28 jan- dentaire de demain. vier dernier à Paris. Cette problématique a été interrogée, débattue et mise en perspec- Tel était l’objectif tive par tous les acteurs majeurs du secteur du Grenelle de la santé dentaire : autorités de tutelle, associations de patients, institutions représentatives, finan- bucco-dentaire ceurs, associations scientifiques, étudiants, qui a mobilisé Université et syndicats. Ce qui pose ce Grenelle comme un acte fon- l’ensemble dateur, c’est peut-être avant tout l’esprit de des acteurs du secteur. collégialité avec lequel les participants ont Les propositions avancées échangé leurs idées par le prisme d’un dia- logue libre, ouvert, constructif et créatif dé- lors de cette journée passant les clivages catégoriels. feront l’objet Concrètement, deux temps forts ont rythmé cette journée. Le matin, cinq tables rondes d’un livre blanc, ont réuni plus de 50 acteurs du secteur en téléchargement bucco-dentaire pour engager un travail pros- pectif portant sur les thèmes suivants : sur le site de l’Ordre • Formation ; courant avril. • Démographie ; • Prévention ; • Financement ; • Cabinet du futur. Les débats ont donné lieu à des propositions présentées l’après-midi de façon synthétique, devant plus de 170 auditeurs. L’investisse- ment de l’ensemble des acteurs de la profes- sion et des participants a été total, comme en témoignent les nombreuses discussions et échanges de vues, parfois passionnés, tou- jours constructifs. Le Grenelle de la santé bucco-dentaire se solde par un succès à la hauteur des en- Un Grenelle jeux fixés par l’Ordre, comme l’explique Gil- bert Bouteille : « On ne pouvait rêver mieux. Je suis satisfait de la qualité des interve- pour un vrai pilotage nants, des échanges et du nombre de par- ticipants aussi bien lors des ateliers que de la plénière. Il est très satisfaisant d’obser- de la santé bucco-dentaire ver que les échanges de vues ont dépassé

LA LETTRE NO 146 Avril 2016 27 DOSSIER SÉCURITÉGRENELLE INFORMATIQUE DE LA SANTÉ BUCCO-DENTAIRE AU CABINET DENTAIRE

les débats de chapelle. Nous nous sommes tous réunis autour d’un but commun : faire avancer la santé ATELIER « FORMATION » bucco-dentaire. » Le Grenelle de la santé bucco-den- Geoffrey Migliardi, président de l’Union nationale taire donnera lieu à la publication des étudiants en chirurgie dentaire, rapporteur de l’atelier courant avril d’un livre blanc re- cueillant des propositions concrètes Aller vers une plus grande « médicalisation » destinées à replacer la question de la formation et développer la recherche bucco-dentaire dans l’agenda des dé- fondamentale en multipliant les postes cideurs. Ce livre blanc sera adressé de praticiens hospitaliers. aux autorités de tutelle, au premier rang desquels la ministre de la San- Développer les partenariats entre l’Université té, de même qu’à l’ensemble de la et les praticiens afin de créer une formation profession et des médias à l’occasion « en alternance ». de la Journée mondiale de la santé Développer le thème de la prévention dentaire bucco-dentaire. Les praticiens pour- au sein de la formation initiale. ront se procurer ce document en téléchargement libre sur le site In- Impulser dès la formation initiale la conception ternet de l’Ordre. Nous publions ci- d’équipe médicale en clarifiant les compétences après une synthèse des principales des assistantes dentaires. propositions émanant des ateliers.  Renforcer les relations chirurgiens-dentistes/prothésistes parfois mises à mal par les nouvelles technologies. Permettre à la profession de se réapproprier sa formation continue.

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ATELIER « DÉMOGRAPHIE » Marco Mazevet, ancien président de l’European Dental Student’s Association, rapporteur de l’atelier Adapter la démographie en fonction des besoins réels des territoires, le numerus clausus national ne répondant pas totalement aux besoins de la population. Orienter le stage actif d’une journée par semaine vers un stage en continu, ce qui permettrait à des cabinets dentaires éloignés des centres universitaires d’accueillir des étudiants. Créer une « année civique » ou de « tutorat » post-formation dans les zones sous-dotées. Renforcer le contrôle du niveau de formation des praticiens à diplôme étranger, repenser le « minimum décent » nécessaire, dresser un bilan européen des formations cliniques.

LA LETTRE NO 146 Avril 2016 29 DOSSIER SÉCURITÉGRENELLE INFORMATIQUE DE LA SANTÉ BUCCO-DENTAIRE AU CABINET DENTAIRE

ATELIER « PRÉVENTION » Jacques Wemaere, vice-président de l’UFSBD,rapporteur de l’atelier

Sortir de la dimension curative pour proposer une « médecine orale des 6 P » : préventive, prédictive, participative, personnalisée, de preuve, de plaisir. Favoriser la transversalité dans les programmes de formation de la filière santé (médecins, sages-femmes, assistants, etc.) pour permettre une prise en charge globale incluant le chirurgien-dentiste. Créer autour du patient une culture commune de la santé orale avec de nouveaux métiers (éducateurs/animateurs) en santé orale en lien avec les réseaux de soins. Adapter les messages de prévention en fonction des cibles.

30 LA LETTRE NO 146 Avril 2016 ATELIER « CABINET DU FUTUR » Julien Laupie, vice-président de l’UFSBD, en charge du cabinet dentaire et des relations avec les organisations professionnelles, rapporteur de l’atelier

Accompagner les chirurgiens-dentistes dans la révolution numérique, y compris lors de la formation initiale, pour leur permettre d’aller vers un cabinet de groupe « connecté » tout en restant ouvert sur l’humain. Favoriser une organisation en réseau avec les patients, les autres professionnels de santé et l’hôpital. Engager le cabinet du futur dans une démarche qualité contrôlée par ses pairs. Développer de nouvelles compétences chez les praticiens qui devront suivre une formation initiale et continue ad hoc. Libérer du temps pour le praticien grâce aux nouvelles technologies qui prendront le relais de certains actes en préservant une relation humaine à son plus haut niveau.

LA LETTRE NO 146 Avril 2016 31 DOSSIER SÉCURITÉGRENELLE INFORMATIQUE DE LA SANTÉ BUCCO-DENTAIRE AU CABINET DENTAIRE

« Stop au dentist bashing »

ATELIER « FINANCEMENT ET ACCÈS À LA SANTÉ BUCCO-DENTAIRE » Éric Haushalter, responsable du département des actes médicaux Cnamts,rapporteur de l’atelier

Unanimes, les participants, parmi lesquels les financeurs dont l’assurance maladie, se sont accordés sur le diagnostic suivant : le système est à bout de souffle. Ils ont également souligné la nécessité d’un « changement de paradigme » qui exige l’implication de l’ensemble des financeurs et des acteurs. L’objectif de cet atelier n’était pas de négocier des tarifs, mais de rechercher les priorités des postes de financement. Amplifier le financement de la prévention en prenant en charge de nouveaux actes tels que les tests salivaires. Chercher à améliorer le suivi du patient, notamment au-delà de 18 ans (consultations spécifiques). Valoriser les soins « précoces » et conservateurs afin d’équilibrer la pratique. Proposer des consultations différenciées selon l’état de santé et l’âge du patient. Sensibiliser la population à l’importance de la santé bucco-dentaire comme composante indissociable de l’état de santé général. Responsabiliser les assurés sur la dimension financière de leur parcours de soins.

32 LA LETTRE NO 146 Avril 2016 DROIT DU TRAVAIL JURIDIQUE

En droit, harceler un salarié sans le savoir, c’est possible…

n 2016, la chambre sociale de la Cour de cassation E a rendu deux arrêts ayant pour thème le harcèlement moral invoqué par un chirurgien-dentiste salarié. Ces arrêts donnent l’occasion de rappeler la définition juridique du harcèlement et les règles légales relatives à la preuve du harcèlement. Dans les deux espèces, l’employeur a été condamné car il a mal agi (en motivant le licenciement du praticien salarié par référence à un harcèlement, selon lui, imaginaire) ou réagi (en adoptant une attitude critiquable face à un comportement à tout le moins contestable du chirurgien-dentiste salarié). Cette chronique entend également sensibiliser le lecteur sur le fait que le harcèlement peut être retenu même si le praticien employeur n’a ni conscience ni la volonté de harceler.

dentaire. Du reste, peu importe cette dernière précision : les rè­gles juridiques sont les mêmes, que l’employeur soit un centre den- Le harcèlement (qu’il soit taire ou un praticien libéral. sexuel ou moral) est assez régu- Dans la première décision (1), le lièrement invoqué devant les ju- chirurgien-dentiste salarié a sai- ridictions du travail (le conseil de si le juge d’une demande de « ré - prud’hommes) par les salariés ; il siliation de son contrat de travail est souvent soulevé à l’occasion aux torts de l’employeur au mo- d’un contentieux portant sur la tif d’un harcèlement moral ». Que rupture du contrat de travail. L’ob- comprendre ? Un raisonnement servation des arrêts récents de la juridique en deux temps doit être Cour de cassation en livre deux il- mené. Tout d’abord, le harcèle- lustrations, lesquelles concernent ment est-il (ou non) caractérisé, des chirurgiens-dentistes sala­ prouvé ? Ensuite, s’il l’est, le juge riés, en l’occurrence d’un centre prononce la rupture du contrat de

LA LETTRE NO 146 Avril 2016 33 JURIDIQUE DROIT DU TRAVAIL

travail, dont les effets sont alors que l’on croit imaginaire (ni mê à des reproches incessants, à ceux d’un licenciement nul ; à me y faire allusion). Certes, cer- des ordres/contre-ordres se tra- ce titre, le salarié, ayant en l’espèce tains penseront que la Cour de duisant par une mise à l’écart deux ans d’ancienneté, pourra cassation ouvre une brèche (« l a à l’origine d’un état dépressif a solliciter une indemnité de licen- mauvaise foi du salarié »), mais été qualifiée de harcèlement (2). ciement, une indemnité compen­ elle nous semble très étroite : il En outre, devant les juridictions satrice de préavis (à laquelle s’ajou­ est, en effet, extrêmement diffi- du travail, le harcèlement peut te une indemnité de congés payés cile de prouver la mauvaise foi être caractérisé même si l’em- sur préavis égale à 10 % de l’in- du salarié qui invoque un har- ployeur n’a ni conscience ni la vo- demnité de préavis allouée par le cèlement. D’autant que le risque lonté de harceler ; aussi certains juge) et des dommages-intérêts attaché à la mention du harcèle- employeurs ont-ils été condam- en raison de la nullité de la rup- ment dans la lettre de licencie- nés alors même qu’ils consi- ture. Bref, une addition relative- ment est important : celui-ci est déraient ne pas être des harce- ment salée ! déclaré nul par les juges, « sanc- leurs… Chacun l’aura compris, Mais encore faut-il, rappelons-le, tion » dont le coût est important le facteur déterminant est la preu­ que le harcèlement soit reconnu. pour l’employeur. Par ailleurs, ve des éléments constitutifs du harcèlement (les agissements, Selon le Code du travail, leur caractère répétitif et leurs ef­ fets concrets). le harcèlement doit être établi Or, le législateur a choisi de sim- par la présence d’agissements à caractère plifier la tâche probatoire du sa- répétitif à l’origine d’effets concrets. larié ; le fardeau de la preuve ne pèse pas totalement sur ses Cependant, parallèlement, l’em- l’un des grands débats sous-ten- épaules. L’article L. 1154-1 du ployeur a réagi : il a licencié pour du dans cette affaire concerne Code du travail prévoit un dis- « faute grave » (est-il précisé) le la perception humaine du har- positif en trois temps. Premiè- praticien salarié, notamment cèlement et la réalité en droit du rement, le salarié présente « les parce qu’il estimait l’accusation harcèlement. faits qui permettent de présumer de harcèlement totalement in- On peut avoir le sentiment d’être l’existence d’un harcèlement », le fondée ; il a rédigé la lettre de li- harcelé sans que le harcèlement verbe « présu mer » montrant un cenciement en ce sens. Mal lui soit juridiquement avéré. Selon allégement probatoire favorable en a pris : « Après avoir constaté l’article L. 1152-1 du Code du tra- au salarié. Deuxièmement, il ap- que la lettre de licenciement était vail, le harcèlement suppose des partient à l’employeur de « prou- en partie motivée par l’accusa­ « agissements répétés […] qui ont ver que ses agissements ne sont tion de harcèlement moral que pour objet ou pour effet une dé- pas constitutifs d’un harcèle- l’employeur estimait infondée, la gradation des conditions de tra- ment » et que ceux-ci « sont jus- cour d’appel a, sans méconnaî­ vail [du salarié] susceptible de tifiés par des éléments objectifs tre le principe de la contradic- porter atteinte à ses droits, à sa étrangers à tout harcèlement », tion, estimé que la mauvaise foi dignité, d’altérer sa santé phy- le verbe « prouver » et l’expres- du salarié n’était pas établie et sique ou mentale ou de compro- sion « éléments objectifs étran- décidé à bon droit que la men- mettre son avenir profession- gers […] » attestant le poids pro- tion de ce grief emportait à lui ne l ». Cette définition apparaît batoire plus lourd supporté par seul la nullité de plein droit du abstraite ; donnons-en une illus- l’employeur en comparaison des licenciement […]. » tration tirée d’une décision de exigences pesant sur le salarié. La leçon est donc la suivante : ne justice : la méthode de gestion Dans le cadre de ce deuxième jamais motiver un licenciement qui consiste à soumettre le sa- temps, l’employeur doit se justi- par référence à un harcèlement larié à une pression continuelle, fier, expliquer la rationali-

34 LA LETTRE NO 146 Avril 2016 JURIDIQUE

35 JURIDIQUE DROIT DU TRAVAIL

té de son comportement, ce qui n’est pas toujours chose aisée. Troisièmement, « le juge forme sa conviction […] » ; le convaincre, tel est l’enjeu du litige. C’est jus- tement là que réside le point cen- tral de la seconde affaire sou- mise à la Cour de cassation (3).

Voici les faits mis en avant par le chirurgien-dentiste d’autres chirurgiens-dentistes pas faire… mais l’on ignore com- salarié : « interventions dans le du centre témoignant du fait ment il faut agir. Selon nous, bureau du salarié en présence que c’est le praticien salarié qui il eût été préférable, une fois de celui-ci et de patients, accu- était à l’origine de tensions et constatés les faits commis par sations et reproches en présence que ce dernier avait notamment ce praticien, de mettre en place des patients, invectives et vio- violemment injurié Mme Y. de- une procédure disciplinaire, lences verbales » ; s’y ajoutent vant son patient », ainsi que des pouvant aller jusqu’au licencie- « une surveillance étroite de son « attestations d’assistants den- ment disciplinaire pour faute. activité, le directeur du centre taires faisant état de menaces, Reconnaissons que la situation dentaire le soupçonnant de se de tentatives de corruption, de ainsi décrite est (fort heureu- livrer à un détournement de demandes de faux témoignages sement) exceptionnelle dans la clientèle au profit d’un autre ou d’abus de pouvoir ». Bref, se- pratique, mais elle appelle à res- centre médical concurrent » et lon l’employeur, il ne harcelait ter vigilants quant aux situations « une baisse du nombre de pa- pas, il réagissait, un peu vive- de « harcèlement sans le sa- tients confiés à ce praticien sa- ment il est vrai, à une conduite voir ou le vouloir »… Une préci- l a r ié ». Il a été considéré que ces inadmissible du chirurgien- sion supplémentaire s’impose : faits laissaient présumer l’exis- dentiste salarié. le harcèlement est un délit pé- tence d’un harcèlement. Et la conviction du juge ? La cour nal « puni de deux ans d’empri- Au tour de l’employeur, cette d’appel a conclu au harcèlement. sonnement et de 30 000 euros fois-ci, de prouver, de justifier Le centre dentaire a alors formé d’amende (4) ». Pour conclure, la que son attitude est étrangère un pourvoi en cassation que la relation de travail demeure une à un harcèlement. Il souligne haute cour rejette : « La cour d’ap­­ relation humaine, avec tout ce que son comportement a pour pel, qui n’avait pas à entrer dans qu’elle suppose. cause celui du praticien salarié le détail de l’argumentation des David Jacotot « vis-à-vis de ses collèges, et tout parties ni à s’expliquer spéciale­ particulièrement ses contourne- ment sur les éléments de preuve (1) Soc., 10 février 2016, pourvoi ments des procédures internes qu’elle écartait, a estimé que ces n° 14-13792, non publiée au Bulletin. lui ayant permis de détourner faits n’étaient justifiés par au- (2) Soc., 10 mars 2009, Revue de droit du travail, 2009, p. 109, certains patients vers lui au dé- cune cause étrangère à tout har- note Ch. Radé. triment des autres praticiens » ; cèlement ; que le moyen n’est (3) Soc., 10 février 2016, pourvoi ce faisant, il produit en jus- pas fondé. » À la lecture de cette n° 14-13791, non publiée au Bulletin. tice des « attestations émanant décision, l’on sait ce qu’il ne faut (4) Article 222-33-2 du Code pénal.

36 LA LETTRE NO 146 Avril 2016 MODERNISATION DU SYSTÈME DE SANTÉ JURIDIQUE

Comment le Conseil constitutionnel a censuré le tiers payant généralisé

a loi n° 2016-41 du 26 janvier 2016 dite « de modernisation L de notre système de santé » prévoit la généralisation du tiers payant. Cette loi a été soumise au Conseil constitutionnel, qui a déclaré son article 83 – en partie seulement – non conforme à la Constitution. Cette chronique présente non seulement les objections suscitées par ce texte chez les parlementaires (60 députés et 60 sénateurs), mais aussi les observations (en réplique) du gouvernement ainsi que la décision du Conseil constitutionnel. Elle a également pour objet d’indiquer les dispositions conformes à la Constitution, et donc applicables.

nel contrôlant la conformité de la loi avec la Constitution française. Celui-ci a été saisi, comme prévu par les textes, par 60 députés et Chacun sait que la 60 sénateurs. loi n° 2016-41 du 26 janvier 2016 L’objet de cette chronique est de dite « de modernisation de notre présenter non seulement les ob- système de santé » contient, dans jections formulées par ces par- son chapitre II intitulé « Garantir lementaires (en substance, sans l’accès aux soins », un article 83 entrer dans le détail), mais aussi relatif à la généralisation du tiers les ripostes du gouvernement, et payant. Cette loi a été soumise d’évoquer la décision du Conseil au Conseil constitutionnel, le- constitutionnel, en insistant sur quel a déclaré cet article – en par- les dispositions conformes à la tie seulement – non conforme à Constitution, et donc applicables. la Constitution (1). Ainsi le légis- Ce avant quoi il est nécessaire lateur ne peut-il agir comme il d’exposer le contenu du très long l’entend, le Conseil constitution- article 83 (2).

LA LETTRE NO 146 Avril 2016 37 JURIDIQUE MODERNISATION DU SYSTÈME DE SANTÉ

Il y est écrit : « I. Le déploiement du mécanisme du tiers payant, permettant de pra- tiquer la dispense d’avance de frais pour les bénéficiaires de l’assurance maladie, s’effectue, sous les conditions et garanties fixées au présent article, selon les modalités suivantes […]. » Le législateur a retenu ici une ap- proche progressive (à la fois d’un point de vue temporel et sur l’étendue du tiers payant, part prise en charge par l’assurance maladie, tant obligatoire que complémentaire) relativement à la mise en place du tiers payant. Première séquence temporelle : « 1° À compter du 1er juillet 2016, les professionnels de santé exer- çant en ville peuvent appliquer le tiers payant aux bénéficiaires de l’assurance maladie atteints d’une affection de longue durée mentionnée aux 3° et 4° de l’ar- ticle L. 160-14 du Code de la sé- curité sociale, pour les soins en relation avec l’affection concer- née, ainsi qu’aux bénéficiaires de l’assurance maternité, sur la part des dépenses prise en charge par l’assurance maladie exclusivement sur la part prise professionnel choisit cette voie. obligatoire. L’ensemble des or- en charge par l’assurance mala- Une critique a été formulée : qui ganismes d’assurance maladie die obligatoire. Dit autrement, sont « les professionnels de san- est tenu de mettre en œuvre le non seulement la part prise en té exerçant en ville » ? La loi se- tiers payant effectué par ces pro- charge par l’assurance complé- rait imprécise et ne permettrait fessionnels. » Que comprendre ? mentaire n’est pas visée, mais le pas d’identifier les praticiens Les professionnels de santé ont praticien n’est pas contraint de concernés. Ce à quoi le gouver- la faculté (d’où l’emploi du verbe recourir au tiers payant : il dis- nement a répondu : « Les profes- conjugué « p e uvent ») de recou- pose d’un droit d’option. En re- sionnels de santé concernés sont rir au tiers payant dans deux do- vanche, l’assurance maladie obli- parfaitement identifiés. L’ar- maines particuliers (affection gatoire est tenue de permettre ticle L. 1111-15 du Code de la san- de longue durée et maternité), le recours au tiers payant si un té publique distingue ainsi déjà

38 LA LETTRE NO 146 Avril 2016 JURIDIQUE

Deuxième séquence temporelle : Conseil constitutionnel juge « 2° À compter du 31 décembre de manière constante qu’il est 2016, les professionnels de san- loisible au législateur d’appor- té exerçant en ville appliquent ter à la liberté d’entreprendre, le tiers payant aux bénéficiaires qui découle de l’article 4 de la de l’assurance maladie atteints Déclaration de 1789, des limi- d’une affection de longue du- tations liées à des exigences rée mentionnée aux 3° et 4° du constitutionnelles ou justifiées même article L 160-14, pour les par l’intérêt général, à la condi- soins en relation avec l’affection tion qu’il n’en résulte pas d’at- concernée, ainsi qu’aux bénéfi- teintes disproportionnées au re- ciaires de l’assurance maternité, gard de l’objectif poursuivi. sur la part des dépenses prise en Il convient de souligner que charge par l’assurance maladie l’instauration du tiers payant ne obligatoire. » Quelle est la diffé- constitue qu’une modalité d’or-

Le Conseil constitutionnel récuse l’argument des parlementaires selon lequel les principes de libre choix du praticien et de paiement direct des honoraires par le patient seraient bafoués.

rence avec la période antérieure ganisation du système de santé au 31 décembre 2016 ? Cette et de l’assurance maladie. Il ne fois, les praticiens n’ont plus de modifie pas substantiellement droit d’option ; lorsque le légis­ les conditions d’exercice des pro- lateur utilise le présent de l’in- fessionnels de santé concernés. dicatif (« appl iquent »), il édicte La généralisation du tiers payant une obligation, doublement li- contribue au respect de l’exi- mitée aux deux domaines pré- gence constitutionnelle de pro- cités et à la part de l’assurance tection de la santé en amé- maladie obligatoire. liorant l’accès aux soins. Une Évoquons à ce stade une nou- enquête sur la santé et la protec- velle critique soulevée par les tion sociale, réalisée en 2014 par les professionnels de santé exer- 60 députés et les 60 sénateurs. l’Irdes, montre qu’entre 22,9 % çant en ville et les profession- L’article 83 remettrait en cause et 37 % des assurés dont le re- nels exerçant en établissement les principes de libre choix du venu est inférieur à 2 120 euros de santé. » Le Conseil constitu- médecin et de paiement di- par mois (soit 80 % de la popu- tionnel s’estime convaincu par rect des honoraires par le pa- lation) ont renoncé à au moins la réplique du gouvernement tient, et aurait pour effet une un soin pour des raisons finan- (considérant n° 48). L’on en dé- méconnaissance de la liberté cières en 2012. » duit que les professionnels qui d’entreprendre des médecins li- Le Conseil constitutionnel par- exercent hors établissement de béraux. L’une des grandes liber- tage la position du gouverne- santé (dont les chirurgiens-den- tés de nature constitutionnelle ment : « Les dispositions contes- tistes) entrent dans le champ est ainsi mise en avant. À tort tées, qui ont seulement pour d’application du texte. prétend le gouvernement : « L e objet de fixer des modalités d’or-

LA LETTRE NO 146 Avril 2016 39 JURIDIQUE MODERNISATION DU SYSTÈME DE SANTÉ

ganisation du système de san- ce choix un flux unique de paie- en charge par l’assurance ma­ té ainsi que les conditions selon ment. Ce rapport est établi no- ladie obligatoire et sur celle cou- lesquelles est assuré le paiement tamment au vu des attentes ex- verte par leur organisme d’assu- de la part de la rémunération primées par les professionnels rance maladie complémentaire. des professionnels de santé exer- de santé. Il détermine et éva- L’ensemble des organismes d’as- çant en ville qui est prise en lue la faisabilité opérationnelle surance maladie ainsi que les charge par les régimes obliga- et financière des solutions tech- organismes d’assurance ma- toires de base d’assurance mala- niques permettant d’assurer aux ladie complémentaire, pour die, ne portent aucune atteinte professionnels de santé la sim- le bénéfice de l’article L. 871-1 à la liberté d’entreprendre de ces plicité de l’utilisation, la lisibi- du Code de la sécurité sociale, professionnels de santé » (consi- lité des droits et la garantie du sont tenus de mettre en œuvre dérant n° 49, complété par le paiement. Il mentionne les ca- le tiers payant effectué par ces considérant n° 48). Par consé- lendriers et les modalités de professionnels. » quent, jusqu’à présent, l’arti­ test des solutions envisagées au Quelle différence avec les sé- cle 83 est conforme à la Consti- cours de l’année 2016, en vue quences antérieures ? Le recours tution, et donc applicable. de parvenir à ouvrir à tous le bé- au tiers payant n’est plus limi- L’article 83, décidément très néfice effectif du tiers payant à té à deux domaines (affection long, contient un « 3° ». Aux compter du 1er janvier 2017. Le de longue durée et maternité), termes de celui-ci, « les caisses rapport est remis au plus tard mais généralisé ; il n’est plus cir- nationales d’assurance maladie, dans un délai d’un mois à comp- conscrit à la part des dépenses les mutuelles, les institutions de ter de la promulgation de la pré- prise en charge par l’assurance prévoyance et les sociétés d’as- sente loi ». maladie obligatoire, mais étendu à la part des dépenses prise en charge par l’organisme d’assu- Seul le recours obligatoire au tiers rance maladie complémentaire, payant sur la part des dépenses prise d’où la généralisation. Incontes- en charge par l’assurance maladie tablement, le chirurgien-den- complémentaire est désavoué. tiste est concerné. Néanmoins, les praticiens disposent, juridi- surances transmettent conjoin- Une feuille de route préalable à quement, d’un droit d’option, tement au ministre chargé de la la généralisation du tiers payant ainsi qu’en atteste l’emploi du Sécurité sociale un rapport pré- est, en quelque sorte, décrite. terme « p e uvent » suivi du verbe sentant les solutions techniques On relèvera que, textuellement, « appl iquer ». Il est, toutefois, né- permettant la mise en place au l’intérêt des praticiens est pris cessaire d’articuler le « 2° » et le profit de l’ensemble des béné- en compte dans leurs attentes « 4° » ; ce faisant, aucune obliga- ficiaires de l’assurance maladie d’un système simple, lisible, qui tion légale ne naît, du moins sur du mécanisme du tiers payant ne néglige pas les conditions de « la part du régime complémen- simultanément sur les parts garantie du paiement. Sur ce t a i re » pour les domaines autres couvertes par les régimes obli- point encore, aucune inconstitu- que les deux visés ; en revanche, gatoires d’assurance maladie et tionnalité n’est reconnue. le recours est obligatoire pour le sur celles couvertes par les or- Nouvelle séquence temporelle : praticien s’agissant des deux do- ganismes d’assurance maladie « 4° À compter du 1er janvier maines et de la part des dé- complémentaire. Il inclut néces- 2017, les professionnels de san- penses prise en charge par l’as- sairement le déploiement d’une té exerçant en ville peuvent ap- surance maladie obligatoire. solution technique commune pliquer le tiers payant aux béné- Dernière séquence temporelle : permettant d’adresser aux pro- ficiaires de l’assurance maladie « 5° À compter du 30 novembre fessionnels de santé ayant fait sur la part des dépenses prise 2017, les professionnels de san-

40 LA LETTRE NO 146 Avril 2016 JURIDIQUE

Le gouvernement conteste : connu l’étendue de sa compé- « Ces nouvelles obligations ne tence ; que, dès lors, les mots “et sont nullement contradictoires sur celle couverte par leur orga- avec les dispositions de l’ar- nisme d’assurance maladie com- ticle L. 162-5 du Code de la sé- plémentaire” et les mots “ainsi curité sociale relatives à la ges- que les organismes d’assurance tion des conditions d’exercice de maladie complémentaire, pour la médecine générale par des le bénéfice de l’article L. 871-1 conventions nationales. En effet, du Code de la sécurité sociale”, il appartiendra aux partenaires figurant au 4° du paragraphe I conventionnels de définir les de l’article 83, sont contraires à modalités de mise en œuvre de la Constitution ». l’obligation posée par le législa- C’est le donc le recours obliga- teur et notamment d’arrêter les toire au tiers payant sur « la part modalités techniques de trans- des dépenses prise en charge par mission des informations néces- les organismes d’assurance ma- saires pour éviter toute charge ladie complémentaire » qui est administrative supplémentaire censuré, et donc non applicable. pour les médecins. » Quant au Cette cause d’inconstitutionnalité té exerçant en ville appliquent le Conseil constitutionnel, il consi- n’est pas vraiment rédhibitoire : il tiers payant à l’ensemble des bé- dère, au visa de l’article 34 de suffit (!) que le législateur (dans néficiaires de l’assurance mala- la Constitution aux termes du- un texte futur) prescrive les me- die sur les dépenses mention- quel la loi détermine « les prin- sures manquantes. nées au 4°. » Il en résulte que le cipes fondamentaux des obliga- David Jacotot recours au tiers payant est géné- tions civiles et commerciales et ralisé et impératif. de la sécurité sociale », que les Rapportons une autre critique dispositions de l’article 83 « ne présentée par les parlemen- prévoient pas des mesures équi- (1) Décision n° 2015-727 DC taires : « […] En raison de la valentes en ce qui concerne l’ap- du 21 janvier 2016. (2) À l’exception de son II, coexistence des dispositions in- plication du tiers payant aux dé- lequel prévoit la rédaction troduites par l’article 83 et des penses prises en charge par les et la remise de rapports, de son III, qui détaille les dispositions amendées dispositions législatives pré- organismes d’assurance mala- du Code de la sécurité sociale, voyant la fixation des condi- die complémentaire en vertu de son IV, qui modifie le Code rural tions d’exercice de la médecine des dispositions du 4° du para- et de la pêche maritime, et de son VI, (3) qui mentionne la mission de pilotage par des conventions nationales graphe I , et qu’en se bornant confiée à l’assurance maladie. entre l’Union nationale des à édicter une obligation rela- (3) Les mesures concernant caisses d’assurance maladie et tive aux modalités de paiement l’organisme d’assurance maladie obligatoire visent les conditions les organisations syndicales de de la part des dépenses prise en dans lesquelles est garanti médecins et énonçant le prin- charge par les organismes d’as- au professionnel de santé le paiement cipe du paiement direct des ho- surance maladie complémen- de la part des honoraires prise en charge par les régimes obligatoires noraires par le patient est éga- taire sans assortir cette obliga- de base d’assurance maladie ; lement méconnu l’objectif de tion des garanties assurant la le respect d’un délai de paiement valeur constitutionnelle d’acces- protection des droits et obliga- qui sera précisé par décret et le versement d’une pénalité sibilité et d’intelligibilité de la tions respectifs du profession- en l’absence de respect de ce délai ; loi. » Ce n’est donc plus la liberté nel de santé et de l’organisme la fourniture au professionnel de santé des informations nécessaires d’entreprendre qui sert de fon- d’assurance maladie complé- au suivi du paiement de chaque acte dement juridique. mentaire, le législateur a mé- ou consultation.

LA LETTRE NO 146 Avril 2016 41 PORTRAIT IRIS MITTENAERE

Belle, mais pas que « e rêve de devenir chirurgien- [ 2015, dentiste depuis l’âge de six ans », NDLR] ce qui m’arrivait. Elle a été Jconfie Iris Mittenaere, élue ma bouée de sauvetage au moment . Encore un peu où la vague d’émotions me sub- de patience donc, avant que cette mergeait. C’était mon repère. » Lilloise de 23 ans, en cinquième an­ Iris Mittenaere répond certes aux née d’odontologie à Lille, n’at- canons contemporains de la beau- teigne son rêve. Car, pour l’heure, té, mais elle s’est également fait Iris Mittenaere elle troque sa blouse blanche et remarquer par sa culture en ob- son masque chirurgical contre tenant, lors des sélections, la meil- 1993 : Naissance à Lille l’écharpe et la couronne de Miss leure note au test de culture gé- 2011 : Baccalauréat scientifique France. Fille d’enseignants dans nérale, avec 17,5/20. Un score qui 2012 : Paces e le Nord – Pas-de-Calais, Iris Mitte- survole la moyenne générale des 2015 : 5 année d’odontologie à Lille naere ne se prédestinait pas à goû- autres prétendantes établie à 13,5. 2015 : Élue Miss France 2016 ter, un jour, à l’univers Miss France. Être Miss France, c’est vivre une Son élection s’est bien plutôt jouée année à enchaîner les « sho ot i n gs » sur un concours de circonstances. photos, les soirées mondaines, les avantages dépassent largement les Elle raconte : « J’ai été contactée pour galas, les interviews et les plateaux inconvénients. J’en profite à fond. l’élection de Miss Flandre en 2015 télé dans la peau de la plus belle On fait de belles rencontres, et en raison du manque de candida­ femme de France. Que ressent-on notre médiatisation permet de dif- tes. J’ai surtout accepté pour décou- lorsque l’on incarne une telle per- fuser des messages ». vrir un nouvel environnement et sonne publique ? « On se réveille Loin de l’univers médical, Iris Mit- passer une bonne soirée, puis je un jour en réalisant qu’on est de- tenaere n’en oublie pas pour au- tant sa future profession et milite Être à la fois chirurgien-dentiste en faveur d’un meilleur accès aux et ex-Miss France peut faciliter la relation soins dentaires des personnes en situation de handicap via l’asso- avec les enfants grâce à une approche ciation universitaire Dent’icap à moins médicale pour lever les appréhensions. Lille. Elle souhaite achever rapide- ment ses études pour exercer en me suis prise au jeu et je suis de- venu quelqu’un d’autre, qu’on est tant qu’omnipraticienne avant de venue, quelques mois plus tard, Miss France ! Il faut se dévoiler réfléchir à une éventuelle spécia- Miss Nord – Pas-de-Calais, et enfin tout en préservant son intimité. lisation. Être à la fois chirurgien- Miss France. » Comme un signe C’est une balance parfois difficile dentiste et ex-Miss France n’a rien du destin, c’est chez elle, à Lille, à équilibrer. » Mais pour Iris Mit - d’incompatible pour cette Lilloise. le 19 décembre 2015, qu’Iris Mit- tenaere, ce sacre est une « c h a nce Au contraire : « La relation avec les tenaere remporte le concours de inouïe. Qui ne rêve pas de voyager enfants peut en être facilitée grâce à beauté. « Quand on a prononcé mon à travers le monde ? Bien entendu, une approche moins médicale pour nom, j’ai tout de suite demandé à le planning est chargé, mais les lever les appréhensions. »

42 LA LETTRE NO 146 Avril 2016 LA LETTRE EXPRESS

Ce qu’il faut retenir pour votre exercice

RETRAIT DES IMPLANTS DENTAIRES ICÔNE ET HE L’Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé (ANSM) suspend l’utilisation des implants dentaires de la société MEDICAL PRODUCTION jusqu’à nouvel ordre. L’ANSM a mis en évidence des non-conformités réglementaires dans l’activité de cette société relatives à ses implants dentaires I-CÔNE ET HE.

CERTIFICAT MÉDICAL jusqu’à trois ans En cas de litige, un « nouveau » après avoir quitté la profession praticien ne peut endosser et avoir été retiré du tableau. la responsabilité des précédents traitements. Il doit pratiquer SITE INTERNET un examen très complet et Les Plates-formes d’appui procéder à tous les examens aux professionnels de santé complémentaires nécessaires (Paps), qui centralisent les pour établir un certificat informations et les services médical initial qui permettra à l’échelle régionale, sont de séparer sans ambiguïté désormais opérationnelles. Ces les actes relevant de sa sites Internet destinés responsabilité de ceux aux étudiants et aux praticiens qui résultent du ou des précédents CHANGEMENTS recensent les données sur l’offre intervenants. Un modèle PROFESSIONNELS de formation, l’installation et de certificat médical initial Un praticien doit informer son l’exercice. est téléchargeable sur le site conseil départemental de tout de l’Ordre. changement impactant sa vie professionnelle : mail, adresse et coordonnées professionnels, diplômes, statut, mode d’exercice, contrats… Au-delà d’une obligation déontologique, il est important de mettre à jour ces informations dans le cadre de la réserve sanitaire qui oblige le praticien à signaler à l’Ordre les éventuelles modifications relatives à son lieu de résidence

La Lettre no 146 – Avril 2016 Directeur de la publication : Gilbert Bouteille/Ordre national des chirurgiens-dentistes – 22, rue Émile-Ménier – BP 2016 – 75761 Paris Cedex 16 Tél. : 01 44 34 78 80 – Fax : 01 47 04 36 55 /www.ordre-chirurgiens-dentistes.fr/ Conception, rédaction et réalisation : Texto Éditions – Tél. : 01 58 30 70 15 Direction artistique : Ewa Roux-Biejat. Secrétariat de rédaction : Corinne Albert. Illustrations : Dume et Bruno Mallart. Couv. : Ewa Roux-Biejat. Photos : Philippe Delacroix : p. 3. Fotolia : pp. 1, 14, 44. DR : pp. 11, 19, 21, 24, 25. Xavier Lahache : pp. 2, 26-32. SIPA-Benjamin Decoin : p. 42. Imprimerie : Corlet/Les articles sont publiés sous la seule responsabilité de leurs auteurs/Dépôt légal à parution ISSN n° 12876844

LA LETTRE NO 146 Avril 2016 43 Vous êtes une femme victime de violences Parlez-en à votre chirurgien-dentiste Il peut vous aider

VIOLENCES FEMMES INFO APPELEZ LE 3919 * *Appel anonyme et gratuit.

Numéro d’écoute et d’information anonyme http://www.stop-violences-femmes.gouv.fr/ et gratuit depuis tous

Ordre national des chirurgiens-dentistes les téléphones fixes et portables