Grenelle : pour un vrai pilotage 146 de la santé bucco-dentaire p. 26 Agir contre les violences faites aux femmes 2016 n° p. 12 Une stabilisation Avril du numerus clausus en 2016 p. 15 Dentexia : quelles mesures pour les patients piégés ? SOMMAIRE 26 4 L’ÉVÉNEMENT Dentexia : quelles mesures pour les patients piégés ? DOSSIER ACTUALITÉS UN GRENELLE POUR UN VRAI PILOTAGE 8 TOURISME DENTAIRE L’errance thérapeutique d’un patient DE LA SANTÉ BUCCO-DENTAIRE « soigné » à Budapest 11 HUMANITAIRE JURIDIQUE 40 artistes s’engagent 33 DROIT DU TRAVAIL pour le Bus dentaire En droit, harceler un salarié sans le savoir, c’est possible… 12 SOCIÉTÉ Une affiche pour accompagner 37 MODERNISATION les praticiens dans la lutte contre DU SYSTÈME DE SANTÉ les violences faites aux femmes Comment le Conseil constitutionnel a censuré le tiers payant généralisé 15 ENSEIGNEMENT SUPÉRIEUR Le numerus clausus se stabilise 18 QUALIFICATIONS PROFESSIONNELLES Autoriser l’exercice en ville des praticiens à diplôme hors UE 19 SITES INTERNET RÉGIONAUX L’avènement des Paps 20 PROFESSION PORTRAIT Zaltrap® : risque d’ostéonécrose 42 IRIS MITTENAERE de la mâchoire Belle, mais pas que Communiquer tout changement professionnel LA LETTRE EXPRESS 43 Ce qu’il faut retenir 21 EN BREF pour votre exercice 22 APPEL À CANDIDATURES Élections des membres des conseils régionaux et interrégionaux 24 AVIS DE RECHERCHE 2 LA LETTRE NO 146 Avril 2016 L’ÉDITO Lien Depuis plusieurs années, sous l’impulsion de mon prédécesseur, Christian Couzinou, que je veux remercier ici pour sa vision juste et son implication totale, l’Ordre n’a eu de cesse de démontrer que le modèle des nouveaux centres associatifs dentaires créés sous couvert de la loi Bachelot porte le germe d’une insupportable dérive commerciale de notre pratique dentaire. On peut se demander quel projet politique réel a motivé la disposition de la loi qui favorise une telle dérive et si les décideurs avaient bien conscience de ses conséquences. Ce sont aujourd’hui plus d’un millier de patients qui ont été piégés et qui en font les frais. Comment comprendre un tel niveau de dérégulation, qui invitait de nouveaux acteurs à se défaire de nos règles déontologiques et de notre éthique, ciments de la confiance nécessaire entre le patient et le thérapeute ? D’où peut-on tenir que, sous couvert d’une politique sociale, il faudrait les voir se délier de nos principes ? Comment peut-on envisager sérieusement que, sans garde-fous, ce type de centres de soins dentaires échapperait au lucre ? Car tous ces nouveaux acteurs n’ont en effet qu’une seule perspective en vue : maximiser leurs profits. L’incendie s’est déclaré. Gilbert Bouteille L’alerte avait été donnée. Président du Conseil national L’Ordre a aujourd’hui retrouvé sa place, en première ligne, puisqu’il s’agit de défendre une pratique dentaire de qualité au service des patients, et non pas une pratique commerciale qui les transforme en clients. Le temps est aux mesures urgentes, appropriées, apportant des réponses à celles et à ceux qui ont été lésés et qui souffrent. Après ces réponses urgentes viendra le temps des mesures fortes, nécessaires Maximiser les profits : tel est le mot pour empêcher d’ordre de centres dentaires associatifs qu’un tel désastre dévoyés. L’incendie s’est déclaré. ne se reproduise. L’alerte avait pourtant été donnée… L’Ordre rappellera alors que la déontologie et l’éthique ne sont pas des freins aux soins. Bien au contraire. Nos principes sont le garant du respect dû au patient, pris en sa qualité de personne qui peut, d’égal à égal, recevoir de son thérapeute un traitement dédié individualisé et dispensé dans une confiance absolue. Ce lien est hélas fortement malmené par ce système associatif dévoyé. C’est ce lien que l’Ordre entend restaurer. LA LETTRE NO 146 Avril 2016 3 L’ÉVÉNEMENT CENTRES LOW COST Dentexia : quelles mesures pour les patients piégés ? 4 LA LETTRE NO 146 Avril 2016 CENTRES LOW COST L’ÉVÉNEMENT ucun dispositif Parmi ces dérives, il est dé- La mise en liquidation n’avait été pré- sormais révélé publiquement judiciaire, le 4 mars 2016, vu alors que ce que les patients de ces Asso- de cette Association de modèle génère, ciations sont invités à payer enA lui-même, un tel risque. par avance une forte partie type loi 1901 qui s’était Les juridictions judiciaires re- de leurs soins, lesquels sont adossée, comme tant d’autres connaissent pourtant régu- axés essentiellement sur la lièrement, mais sans en tirer prothèse ou l’implant. Par- désormais qui ont pris encore pleinement les consé- fois même, c’est la totalité des ou repris son modèle financier, quences, le détournement de soins futurs, qu’ils doivent à des sociétés commerciales la loi Bachelot sur lequel se payer par avance. Au risque fonde la démultiplication des qu’ils ne leur soient pas dis- au profit d’âpres investisseurs créations récentes de ces As- pensés. C’est ce qu’ont subi qui en attendent des sociations. L’IGAS, depuis majoritairement les patients avantages qu’ils ne prennent juillet 2013, l’avait déjà poin- de l’Association mise en li- té. Les ARS, de multiples fois quidation judiciaire : le piège même plus la peine interpelées, ne manquent pas s’est alors refermé sur eux de masquer, a provoqué de souligner, le plus souvent après qu’ils aient répondu un vif émoi. en le regrettant, leur absence aux sirènes publicitaires mé- de pouvoirs et de moyens. La diatiques que déploient ces CPAM de même. centres. C’est dans ce contexte qu’il Les patients se sont alors tour- faut désormais faire face à nés, désespérément, vers tous l’une des conséquences in- les interlocuteurs qui leur duites par ce modèle écono- semblaient compétents, parmi mique qui se délie des soins lesquels le Conseil national de de premier recours. L’on ne l’Ordre. mesure encore que partielle- Mais les patients ont alors dé- ment l’ampleur et les diverses couvert que les centres den- ramifications des dérives, taires, qui les avaient appelés à alors que se font jour de très grand renfort de publicité vers multiples violations de nos leurs structures, estimaient règles déontologiques qui sont n’avoir aucune soumission refusées par ces Associations, aux règles déontologiques ap- quand il est clair qu’elles fa- pliquées à la pratique dentaire vorisent ce désastre sanitaire. qui leur était dispensée par Les patients pris au piège de l’intermédiaire de ces organes. ces centres posent, en effet, Ils ont appris à leurs dépens des problèmes inédits. que ces Associations dénient Aucune des solutions esquis- aux Ordres professionnels le sées pour les prévenir – au droit d’intervenir. rang desquelles l’impossibili- Ils ont découvert aussi que ces té de s’adosser à des sociétés Associations font même sou- commerciales – malgré les in- tenir par un de leurs syndicats terpellations constantes que le que la publicité de leurs pres- Conseil national lançait, n’ont tations implantaires et prothé- été jusqu’ici retenues. tiques constitue une « saine LA LETTRE NO 146 Avril 2016 5 L’ÉVÉNEMENT CENTRES LOW COST avancée » qui devrait être suivie par toute la profession. Il faudrait donc que, nous tous, Le Défenseur des droits chirurgiens-dentistes, nous deve- interpelle la Ministre nions des commerçants vendant de la prothèse et de l’implant fût- ce au mépris du soin conserva- teur ! Telle n’est pas la position de l’Ordre. Le recul des règles déontologiques, voire leur négation par ces centres dentaires a – car tel est bien l’ob- jet de leur recours systématique à la publicité – démultiplié et facili- té les dérives qui interviennent au- jourd’hui au préjudice de plus de 1 500 patients qui se sont regrou- pés pour tenter de faire entendre leur voix. Ces patients dupés sont dos, maintenant qu’il est établi que blics, mais aussi avec le concours aujourd’hui au cœur du disposi- les multiples alertes du Conseil na- des bonnes volontés. Notamment tif où s’impliquent l’Ordre natio- tional étaient même en deçà des celles des praticiens qui seront im- nal et les ordres départementaux drames aujourd’hui subis par la pliqués dès lors que le champ de appelés auprès du ministère de patientèle. leurs responsabilités, nécessaire- la Santé, des ARS et de la Cnam. L’Ordre a ainsi déjà permis de sau- ment particulières, aura été explo- Des réunions d’urgence au plus vegarder et de protéger les données ré à cette occasion. haut niveau ont eu lieu notam- médicales des patients lésés et il Le Conseil national pourrait, à l’oc- ment pour définir la priorité des apportera son concours à la mise casion de ce drame humain, choi- multiples questions se posant à di- en œuvre opérationnelle des récu- sir d’articuler des griefs sur le vers degrés qui concernent la santé pérations dans le cadre des sollici- manque de réactivité par le pas- dentaire mise à mal par les centres tations qui lui parviendront. sé de ses interlocuteurs à qui il a concernés. Et ce en dépit de la demande de constamment dénoncé les risques La mesure de la gravité des faits l’Association concernée qui exige que faisait courir l’interprétation subis par les patients a été évo- qu’il soit interdit à l’Ordre de se commerciale défendue par ces quée, mais il faudra des bilans, manifester et d’être contrôlée de nouvelles Associations dentaires. des expertises, des enquêtes et droit car elle estime qu’il faudrait Il pourrait aussi rappeler son com- une mise à plat pour en connaître qu’une Association, appelée à trai- bat contre l’affirmation selon la- l’ampleur exacte. Au-delà de la stu- ter des (dizaines) de milliers de quelle ces acteurs devraient n’avoir peur qu’engendrent les drames patients, échappe néanmoins aux aucune obligation de veiller, ni de humains, c’est à la création d’un règles de la pratique dentaire.
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