Le ulletin BBulletin no 18 Décembre 2007 Souvenirs de la famille Perron ous consacrons une bonne partie de ce numéro à la N famille Perron. Ces protestants convaincus ont marqué de leur action le milieu canadien-français et nous voulons ici leur rendre hommage. Plongeons d’abord dans les souvenirs de Wilfrid-Henri Perron qui se remémore ses débuts à l’Institut de la Pointe-aux-Trembles en 1911 et un premier Noël loin de chez lui. Nous donnerons ensuite quelques indications sur sa vie, sa famille et son entreprise. Un autre Perron, Louis, paysagiste de renom, mérite aussi qu'on souligne ses réalisations. n o r r

La famille Perron e P

s D’après un manuscrit inédit de Wilfrid-Henri Perron, voici i u o L

comment la famille se serait convertie. Son père Arthur et sa m

mère Olivine Gagnon étaient de bons catholiques et ils ont bap - u b l A

tisé leurs premiers enfants selon les règles. Ils avaient accepté un :

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jour qu’un colporteur méthodiste leur laisse une bible. S’ils la r u o

trouvaient intéressante, il viendrait se la faire payer plus tard. S Olivine qui savait lire et écrire 1 trouvait ce livre tout à fait à son Arthur et Olivine Perron vers 1898 goût et y intéressa son mari. Survient alors le curé qui aperçoit (Arthabaska) dans la région des Bois-Francs 6. Huit années la Bible sur la table de la cuisine et interdit à Arthur de la lire et durant, Arthur et sa famille regagnait en hiver l’usine des États- lui ordonne même de la brûler. Arthur répond qu’il préfère la Unis pour se procurer le nécessaire au défrichement et à la con - lire jusqu’au bout avant de la remettre au colporteur, s’il juge struction d’une maison pour loger leurs enfants qui naissaient qu’il y trouve quelque chose de répréhensible. « Ou vous la chaque année (voir généalogie sommaire à la page 3). brûlez ou vous n’aurez pas l’absolution », rétorque le prêtre. Selon Louis Perron, qui a aussi écrit son autobiographie, son Devant une telle intransigeance, Arthur, Olivine, ses frères père était strict alors que sa mère était la bonté même. Ses pa - Gagnon, son père et tous les garçons Perron décident d’aban - rents priaient Dieu matin et soir et lui rendaient grâce à chaque donner le catholicisme et se mettent à fréquenter la petite église repas. Chaque matin, après le déjeuner, sa mère lisait sa Bible et de Danville 2. D’autres mécontents comme les Béliveau, Dupuis, le soir, avant d’aller au lit, elle en lisait encore un passage à tout Farelle et Vallière se joignent à eux pour former le noyau de la le monde et entonnait un cantique 7. mission méthodiste du Coin Saint-Philippe, près de l’endroit où Le dixième enfant de la famille naquit le 18 avril 1897; il se habitent les Perron 3. Devant cette évolution, le curé demanda à prénommait Wilfrid en l’honneur du premier ministre admiré ses paroissiens en pleine chaire de ne plus faire affaire avec les de l’époque, Sir Wilfrid Laurier, qui avait habité pendant trente Perron et même d’éviter de passer sur leur terre « de peur d’être ans le village d’Arthabaska. Très tôt, Wilfrid s’intéressa à la cul - engloutis vivants »! 4 La communauté se construisit une église, ture des fleurs et des légumes et réussit le premier dans la région un presbytère et une école 5. à faire mûrir des tomates en pleine terre. Il forma un verger fait Le père de Wilfrid-Henri, Arthur, originaire des Éboule - de pommiers et pruniers sauvages trouvés dans les environs. ments, avait dû émigrer aux États-Unis dès l’âge de huit ans, Déjà, il collectionnait les catalogues de graines et considérait avec sa famille probablement, pour trouver du travail dans les comme une faveur de pouvoir commander lui-même les usines textiles de la Nouvelle Angleterre. À 19 ans, le 6 jan vier semences de son choix 8. 1883 à Lowell, Mass., il avait épousé Olivine Gagnon, qui avait L’instruction étant jugée essentielle dans cette famille, trois connu une émigration semblable. Quatre ans plus tard, il était de ses frères plus âgés (Archille, Alfred, Elie) seront pension - venu s’établir comme colon à Saint-Philippe-de-Chester naires à l’Institut méthodiste français (Westmount). En 1916, Elie émigrera à Glover au Vermont, suivi mission. Ce sont : Napo léon, Wilfrid et les lieux pendant l’abattage, le sciage et la peu après par Alfred, Archille et Ernest 9. Arthur. Quelques années plus tard, la liste confection des billots en bois de char- Leur père, Arthur, se rapprochera d’eux s’allonge, et c’est le tour de Benjamin, pente et la construction d’une nouvelle et après la mort de son épouse (1921), Ernest, Paul, Gabrielle, Blanche et Louis. grande demeure encore habité[e] aujour - accompagné de Blanche; il se remariera Avant 1911, trois plus vieux avaient d’hui, après certaines rénovations[,] par au Massachusetts en 1923. Finalement, fréquenté l’Institut Méthodiste. la famille Oswald Perron, fils de Gabrielle les rejoindra mais les autres C’est tout un travail cette préparation Benjamin 12 . enfants demeureront au Québec. pour l’école. Notre mère doit passer de

En 1911 à quatorze ans, Wilfrid longues soirées à la lampe pour découdre, n a devint élève de l’Institut français tailler, coudre, rapiécer et raccommoder – m w e

évangélique de la Pointe-aux-Trembles il s’agit de nous habiller de façon N - n o

qu’il fréquenta pendant six ans (1911- présentable. C’est la première fois que r r e

1916). Il payait ses cours avec le fruit de nous montons à bord du train. Des mem - P

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son travail durant les vacances. Laissons- bres de la famille St-Cyr qui font le voy - e i r b le nous raconter la suite, alors qu’il est age pour la deuxième fois s’offrent de a G

: président de l’Association des anciens et nous conduire à bon port. Chaque e c r

nouveaux élèves de l’Institut en 1960. moment nous apporte de nouvelles u o

Nous en avons retenu les passages sui - impressions, surtout le trajet par tramway S vants, transcrits tels quels. de [la gare] Bonaventure au collège. Photo ancienne de la maison reconstruite Le Dr. Brandt nous reçoit amicale - Après une conflagration ou désastre Réminiscences de la ment mais ne manque pas de nous rap - quelconque [,] il était de coutume pour Pointe-aux-Trembles peler qu’à l’école, il y a des règlements les voisins de former une équipe d’entre- La famille Perron était pauvre, comme la qu’il faudra suivre. Courte visite de l’é - aide et de passer par les rangs afin de plupart des familles d’habitants du temps cole sous l’égide d’un surveillant et nous recevoir pour la famille frappée toutes – descendants de colons, mais elle était transportons nos malles ou paquets dans marchandises dont les donateurs pou - heureuse, contente de son sort et le grand dortoir où il nous assigne à cha - vaient se passer. Nous avions reçu un lit joyeuse. Elle ne connaissait certainement cun un beau lit simple en fer avec matelas en érable solide mesurant 6 1/2 à 7’ de pas le luxe auquel les habitants d’aujour - et couvertures, ainsi qu’une armoire à clé largeur par 10’ de longueur; avec mon - d’hui sont habitués. Il y avait de la nour - pour y installer nos quelques effets. Nous tants assez hauts en ovale et tournés à la riture, de la gaieté et du travail pour tous. devons nous-mêmes faire nos lits et ba - renverse. Il devait peser près d’une tonne. Les divertissements étaient clairsemés. layer le dortoir à tour de rôle, sous la sur - La monture aurait pu servir pour bâtir un Chaque rencontre et bavardage entre veillance d’un maître ou planton. chaland ou une arche de Noé. Une fois voisins était un délassement. Lorsque les installé, personne ne pensait à le changer rares occasions s’offraient pour les habi - d’appartement. Imaginez le nombre de tants de se ren contrer en soirée, ils n’ou - sacs et le temps qu’il a fallu pour fabri - n o bliaient jamais le violoneux et personne r r quer la paillasse et la remplir de paille. e P ne se faisait prier pour « swinger » la

s Nous couchions quatre et jusqu’à sept en i u

bacaisse autour de la boite à bois. o

L travers. On y dormait confortablement

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u mais [nous] étions souvent dérangés par b l A des racontars et de petites querelles, spé - :

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r cialement lorsqu’on se couchait trop tôt u o

S après avoir fait « rasebus » de la chau - Georges Licop, Paul et Louis Perron dans le dor - dronnée de fèves au lard du samedi soir. toir de l'IFE vers 1919 À l’école [de Pointe-aux-Trem bles], il Coucher un par lit [,] c’était nouveau faut s’ajuster à un nouveau genre de vie. pour nous. Je me rappelle qu’un certain Les premiers jours sont remplis de jour de mars [le 9 mars 1903] notre mai - tristesse chaque fois que la sirène des gros son fut rasée par le feu en pleine nuit et chars se fait entendre; nous pensons aux toute la famille avait juste eu le temps de nôtres que nous avons quittés pour la n o

r se sauver, à moitié habillés et les pieds première fois, et les larmes nous viennent r e P

nus, jusqu’à la grange, à même laquelle se malgré nous. Cependant, il faut se con - s i 11 u trouvait l’étable . La nouvelle s’était tenir et ne pas le laisser voir ou d’en par - o L

m répandue, et dès le lendemain, de bon ler dans nos lettres. Heureusement que u b l matin, les voisins [les Gagnon et les ce nuage de mélancolie se dissipe peu à A

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e Morrissette] offrirent de prendre soin des peu à mesure que le contact se fait plus c r u

o plus jeunes alors que les parents et les intime entre les élèves, le personnel S plus vieux des enfants s’installèrent dans enseignant et le directeur. Nous finissons Enfants Perron vers 1911. 1 re rangée : Blanche, Louis, Gabrielle, 2 e rangée : Paul, Wilfrid, Ernest une maison qui avait fait son temps et par se faire de vrais amis et les études [avait été] délaissée par une famille de nous intéressent de plus en plus, même C’est en 1911 que la famille Perron de colons établie en même temps que le certains sports, tout spécialement le St-Philippe-de-Chester (dix-huit enfants couple Perron, mais qui n’avait pu tenir hockey; mais il nous faut jouer avec des ayant reçu de l’aide financière des bonnes le coup. Une fois les poutres époussetées, débris, des manches sans palette et des dames de l’Église Presby térienne 10 ), lavées et tapissées avec des journaux, elle morceaux de charbon – quand ce n’est décide d’envoyer à l’École de la Pointe- était devenue habitable, surtout à mesure pas autres choses. On s’amuse quand aux-Trembles trois de ses enfants, les que la température se réchauffait. Cela même, les couleurs nous reviennent avec mieux préparés [par] l’École de la petite avait permis à la famille de demeurer sur la joie de vivre.

2 Généalogie sommaire de la famille d’Arthur Perron et Olivine Gagnon

Arthur Perron (baptisé Herculan, 18.10.1863, Les Éboulements – 1.6.1930, St. Johnsbury, VT), Inhumation à Danville, Qc (fils de Ignace et de Adèle Lizotte) épouse 1 - 6.1.1883, Somersworth, NH 2 - 1.1.1923, Newburyport, MA

1. Olivine Lumina Gagnon (22.2.1865, Saint-Paul-de-Chester – 3.4.1921, Saint-Philippe-de-Chester) (fille de Benjamin et de Lumina Morrissette) 2. Eva Benoit ( - )

18 enfants , tous nés à Saint-Philippe-de-Chester (Coin Saint-Philippe)

1. Archille (23.7.1884 – 25.9.1955, Glover VT) m. Marie-Anne Grenier 9 enfants 2. Domitille (4.5.1886 – meurt la même année) 3. Joseph Alfred (30.11.1887 – 14.12.1952, Glover VT) m. Noellia Morency 8 enfants 4. Un garçon (1888 ou 1889, meurt en enfance) 5. Élie (26.12.1890 – 18.10.1966) m. 1. Celina Morency 4 enfants

2. Emma Lavertu 13 enfants 6. Philippe Félix (26.3.1892 – 18.9.1985) m. Anna Gagnon 7. Un garçon (1893, meurt en enfance) 8. Benjamin (18.3.1894 - 28.10.1988 ) m. Eliza Blouin 4 enfants 9. Napoléon (4.3.1896 – 22.6.1961) m. Catherine Fotheringham

10. Wilfrid-Henri (18.4.1897 – 19 août 1977) épouse 5.9.1927 à Buckingham Alice Charbonneau (20.12.1907 – 28.11.1990 à Montréal) (fille de Louis-Aristide Charbonneau) Enfants Henri-Wilfrid ( 2.8.1928, Paris - ) m.Hélène Brown Jeannine Alice (27.7.1931, à Montréal - 1997) célibataire Camille Arthur (10.10.1935, Montréal – ) m. Ghislaine Carlos 4 enfants Yves Lionel ( 22.7.1939, Montréal - accidentellement 4.12.1975) m. 1. Carmen St-Laurent m. 2. Suzanne Lapointe

11. Arthur Adélard (18.8.98 – 7.8.1968) m. Jeannette Roy 12. Olivine (14.3.1899 – v. 9.1901) 13, Ernest (16.6.1901 – 18.8.1979, Glover VT) m. Maria Gagnon 19 enfants 14. Paul (28.2.1903 – 13.6.1989 ) m. Yvonne Lavertu 15. Lumina (1904 – v.1911 d’une appendicite selon certains, d’un accident selon d’autres) 16. Gabrielle (15.11.1906 – 24.2.1978) m. Gédéon Gagnon

17. Louis Joseph (15. 9. 1907 – 17.6.1990) épouse le 5.7.1941 Éliane (Lily) Lévesque (1.1.1915 - 26.6.1990 à Laval) Enfants Gérald (8.2.1943 – 4 mai 1993) Louise (11.5.1947 - ) 18. Blanche (2.11.1908 – 26-27?.5.1981) m. Arthur McClure (Richmond)

3 Les vacances des fêtes sont annoncées le Directeur Brandt. Je ferais preuve

au tableau. Pour nous [,] il ne faut pas y T d’ingratitude impardonnable si je ne A P

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penser; nous n’osons même pas en parler mentionnais en particulier C. A. e r i o dans nos lettres, de peur d’embêter nos t Chazeaud, qui a été pour moi un ami des s i h ' d parents. Nous en tirons notre parti le plus dévoué et sincère pendant toute la r e i l e plus philosophiquement que possible en t durée de mon stage à cette école. Il n’a A

e i s jouant, travaillant, lisant, et en pompant i cessé de m’aider moralement et souvent o t r u l’eau pour le collège au moyen de la o financièrement. J’ai eu le plaisir d’en - c

t e grosse pompe à bras. Ce pompage est seigner, pendant deux vacances d’été, M T

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confié à quelques personnes plus âgées et s alors qu’il était pasteur, à Grenville . e v i h beaucoup plus fortes que nous, mais c Quelques années plus tard, lors de son r A

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nous pompons quand même car cela e mariage avec Eva Brandt, j’étais son c r u nous rapporte à chacun un billet de o garçon d’honneur, accompagné de Mlle S tramway par semaine, ce qui nous per - Le premier tramway de Pointe-aux-Trembles Régina Boucher, votre directrice, demoi - mettra d’aller à Montréal, passer le Jour dans les années 1900 selle d’honneur. de Noël chez la famille Martin. rempli à craquer. Quel pique-nique pour Le Révérend Louis Martin 13 avait nous ! En revenant dans la soirée, tassés prêché et enseigné plusieurs années à St- comme des sardines, je me trouve en face Philippe et nous estimions beaucoup tous d’une élève de la 5 ème année, jolie, élé - les membres de sa famille. Nous y gante même, avec cheveux blonds frisés sommes reçus à bras ouverts et assistons très fins. Comme nous étions tous deux au dépouillement de l’arbre de Noël de pendus aux courroies, chaque arrêt du n a

tramway ou passage d’un cahot nous ba - e l’Église du Sauveur. Le bon pasteur St- j s

14 o Germain nous donne à chacun un joli lançait l’un contre l’autre. Malgré ma r G

e sac contenant une orange, une pomme et grande timidité et le sang qui me montait r r e i

beaucoup de bonbons. Nous gardons à la figure, je finis par trouver quelque P

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longtemps les pelures d’orange dans les chose à dire et même à lui donner des e c r u poches de notre habit du dimanche parce bonbons que je gardais depuis plusieurs o S que ça sentait bon. Trois jours après, de jours dans ma poche. Lorsque mon tour Chapelle et presbytère de Grenville vers 1916 nouveau à l’école. Nous sommes bien était venu d’aller au village, je m’étais traités et on nous permet de dormir plus laissé tenter par de jolis bonbons en Grenville, endroit enchanteur, où longtemps, d’aller au village plus souvent, forme de cœur, de toutes les couleurs, demeuraient les familles les plus aimables la nourriture est meilleure, on nous sert avec des écri tures – c’est là que j’avais et hospitalières : les Beauchamp, Brise - même deux fois des coqs en sauce dépensé mon 10¢, résultat de mon tra - bois, Cowan, Renaud, Pelletier et au - blanche avec [des] beignes comme vail de plusieurs jours. tres 19 . Je me rappelle toujours de cette desserts; un seul sermon par dimanche. Premier coup de foudre; le voyage bonne madame Pelletier qui lavait et Lorsqu’il fait mauvais temps, nous jouons dure le temps d’un éclair, ainsi que mes repassait mon linge pour un prix aux cartes en cachette 15 mais nous ne jolis bonbons. Les impressions cepen - dérisoire. J’avais acheté de Jos Paré un fumons pas, et pour deux raisons : (1), dant demeurent beaucoup plus long - habit usagé pour la somme de $4 ou $6, c’est strictement défendu; (2) nous temps – je dors peu cette nuit là. Les j’en avais un autre que je conservais n’avons pas d’argent pour s’acheter du jours se passent et j’ai toujours hâte de comme mes yeux pour l’école du tabac. descendre au réfectoire, sa table étant en dimanche et autres cérémonies, acheté Nous recevons de bonnes et longues face de la mienne et j’ai souvent la tout neuf, $15.00. Quant à celui de Jos, lettres de nos parents. Notre mère nous chance de la regarder sans qu’elle s’en la deuxième année, il avait tellement été donne toutes les nouvelles possibles et aperçoive. Le zèle pour les études risque rapiécé avec de la « strip » 20 qu’on nous parle beaucoup du Bon Dieu. même de se ralentir lorsque deux Don aurait dit qu’il avait été écarri [équarri] à Notre père nous envoie à chacun une Juan, moins timides et plus agressifs, la hache. Madame Pelletier me dit : piastre pour nos petites dépenses pour la réussissent tour à tour à la rendre indif - « J’veux ben faire mon possible mais, en balance de l’hiver 16 . Il me confie person - férente à l’attention que lui porte le petit passant le fer, tout se prend ensemble, et nellement la gérance de cet argent, car, gars de St-Philippe. [le] Guiable ne déprendrait pas ça ». d’après lui, j’étais le meilleur administra - La plaie finit par se guérir à mesure Avec les pommes que les Mlles teur. N’avais-je pas conservé pendant que le désir de connaître prend de l’am - Hamilton me donnaient et celle que j’ac - toute une année la somme de 5¢ qu’il pleur. Tout va pour le mieux. À la fin de ceptais sans qu’elles me les donnent, plus m’avait donnée à l’âge de huit ans pour l’année scolaire, nous décrochons assez les framboises des champs, bleuets, ceris - aller porter un fanal chez le voisin qui de prix en argent, entre nous trois, pour es à grappes et prunes sauvages, j’accu - demeurait à un mille et demi de chez payer notre passage, acheter une canistre mulais pendant l’été assez de confiture et nous, le jour de ma fête, [c’était] le 18 [bidon] à lait de 30 gallons pour notre de gelées nous permettant, mes frères et avril 1905? Avant la fin des vacances, père et six boites de sardines Brunswick moi, de suppléer aux rations du réfec - j’avais fait des résumés à date de nos pour notre mère. toire. Tout ce qu’il fallait[,] c’était de principaux cours et un résumé spécial sur La deuxième année, nous sommes s’arranger pour monter des tranches de l’histoire du pour le fils du Maire fiers de reprendre le chemin de la Pointe- pain sans que ça paraisse. Pas surprenant de Longueuil 17 , ce qui me rapporta 10¢, aux-Trembles où de nombreux amis que je suis détenteur d’une maîtrise en payé[s] comptant. nous attendent. Que de dévouement et confitures. En février, le Directeur invite un de sincérité de la part de tout le person - Les années se suivent mais ne se groupe imposant d’élèves à l’accompag - nel enseignant; les Lapointe, Beaulieu, ressemblent pas. Les affaires sont ner à l’Église Erskine. Le Tramway est Rey, Stock, Hoffer, Raguin, Chazeaud et meilleures et les études vont bien –

4 même très bien, en onzième classe . C’est arrivé si pendant la demande en mariage et blanc. Entre 1936 et 1952, la valeur la préparation pour les examens me per - sur le terrain même de l’école, tout près des commandes qui étaient rattachées au mettant de rentrer à l’Université. Le Dr. de l’arbre en question, en lui serrant la catalogue se sont multipliées par six. C’est Brandt organise un rassemblement pour main, je lui eus tordu le bras jusqu’au dire son importance pour la maison. la classe finissante par un beau jour de corps – elle m’aurait peut-être tordu le Rapidement, elle élargit son marché. mai [1916]. Il s’agit de planter un arbre cou! W. H. Perron vend aussi en gros et mi- et d’enfouir avec les racines une bouteille Études post-graduées. Je suis à même gros aux maraîchers, fleuristes, pépi- scellée contenant tous les noms des finis - de choisir entre trois bourses d’études; niéristes et autres marchands. Il occupe sants. Je vais moi-même chercher un bel une pour le Canada, une pour les États- les immeubles voisins, fait cons truire un orme à la pépinière du cimetière du Bout Unis et une pour la France. J’opte pour entrepôt de six étages, établir des la France. Le mariage a lieu à pépinières et des jardins d’essai, bâtir un Buckingham [dans l’Outaouais] et nous centre d’emballage, etc. Il s’adjoint qua - partons im mé diatement pour Paris 25 . tre agronomes, agrandit l’espace qu’il Cours de deux ans complétés en une consacre à certains services, mais doit en année et nous revenons avec un petit abandonner d’autres. En plus des 1500 parisien : Henri-Wilfrid. C’est alors que variétés de graines, il propose des engrais, la maison qui porte mon nom est terreaux, insecticides et une multitude fondée 26 elle existe encore aujourd’hui. 27 d’outils et accessoires utiles dans les potagers et les jardins. n o r r e P

e s i c r u e o L m

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Napoléon, Arthur, Wilfrid Perron, soldats en 1918 u o S de l’Ile. La plantation terminée, le Dr. Magasin principal, rue Saint-Laurent, section des Brandt nous fait un discours de circons - Jardiniers et fleuristes, 1952 tance et me demande immédiatement, «Chez Perron, tout est bon ». Il faut n o r sans avertissement préalable, de dire r s’imaginer, dit la revue Commerce en avril e P

quelques mots. J’hésite, j’étouffe, je e 1952, le vaste entrepôt où s’empilent des l i c prononce quelques mots, et, sans m’en e sacs et des sacs de graines de toutes prove - C

: apercevoir, je saisis une des branches de nances et de toutes espèces, les caves rem - e c r

l’arbre que je tortille jusqu’au tronc, et u plies d’oi gnons et de tubercules, les o l’arbre s’arrache complètement. La plan - S semences, les engrais qu’il faut protéger tation est à recommencer. C’est ma pre - Catalogue du 50 e anniversaire des insectes, des rats, des maladies qu’il mière expérience en discours de W. H. Perron et C ie Ltée faut maintenir à une certaine température, circonstance, et je dois travailler très fort Dans les années 1920, la vente par cata - ou à une certaine humidité, ou à une cer - par la suite pour combattre cette timidité logue est un moyen courant utilisé par taine lumière. […] Il faudra encore véri - qui m’englobe malgré moi. les grainetiers. Dès 1930, W. H. Perron fier le % de germination, faire l’essai des L’année suivante, j’obtiens avec succès & C ie Ltée , installée au 935, boulevard graines; les enduire, dans certains cas, 21 le « Model School’s Diploma » pour Saint-Laurent, au centre-ville, publie le d’engrais ou de désinfectant ou d’hor - l’enseignement et c’est à la Pointe-aux- mone. Bref, réaliser dans la marchandise le sien à 100 000 exemplaires; il était Trembles que je fais mes débuts. En slogan de la maison. » (p. 18) expédié principalement au Québec, mais 1918[,] nous nous retrouvons tous les Ses commis devaient tout savoir sur la trois, Napoléon, Wilfrid et Arthur, dans aussi en , au Nouveau-Brunswick culture et ses problèmes; lui-même se un camp d’entraînement en Angleterre 22 . et dans certains États américains. Sa pré - tenait à jour sur les tendances nouvelles, La guerre terminée, les économies et paration était artisanale et elle était l’œu - les modes, grâce à la collaboration de prestations d’après-guerre pour réhabili - vre de Wilfrid pour les textes explicatifs scien tifiques de fermes expérimentales du tation me permettent enfin de mettre en des semences, importées particulière - Canada et des États-Unis. Au lendemain exécution mon grand désir de parfaire ment de France, d’Angleterre, de de la Deuxième Guerre, les Québécois mes connaissances en agriculture avec Hollande et d’Israël. sentent le besoin d’aménager les alen - spécialisation en horticulture 23 . Diplômé Le catalogue sert aussi bien à ceux qui tours de leur maison, particulièrement en 1923 et premier prix en horticulture 24 , y découpent de belles gravures qu’à ceux dans les banlieues qui se développent, en [je fais ] quatre années d’apprentissage qui l’utilisent pour préparer des cours y soignant leur pelouse et en l’ornemen - chez un grainetier de Montréal [Dupuy d’horticulture. Durant des années, « cette tant d’arbustes et de fleurs. Des orga - et Ferguson]. Entre-temps, je rencontre bible du monde horticole » a permis à nismes comme les chambres de une jolie demoiselle, étudiante à la l’entreprise d’en tirer près du tiers de ses commerce, les fédérations horticoles, les Pointe-aux-Trembles, du nom d’Alice revenus. Wilfrid H. avait un sens aigu de clubs 4-H, les sociétés d’urbanisme et Charbon neau – coup de foudre presque la mise en marché et profitait de ce que les autres soutiennent cet intérêt. atomique. Une chance que ma timidité clients étaient trente fois plus sensibles En 1954, Wilfrid Perron choisit de est devenue contrôlable. Que serait-il aux pages couleurs qu’aux pages en noir déménager à L’Abord-à-Plouffe 28 où il

5 et de l’alimentation de l’Université Laval logue sous le nom de Horticlub (en pour lui permettre d’inaugurer une chaire Ontario, Dominion Seeds House) et se d’horticulture ornementale, la première défait du magasin de détail au profit e c

r à voir le jour en milieu universitaire d’une compagnie ontarienne White Rose. e

m cana dien. En plus de la formation d’a - Au début de l’année 1989, Monsieur m

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C gronomes et d’horticulteurs pro fes- Claude Lemieux devint le 3 président de

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u sionnels, la chaire poursuit « des l’histoire de Horticlub. En 1990, toutes v e R

re cherches sur l’adaptation des plantes au les opérations sont concentrées dans les :

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c froid, sur la création de nouvelles variétés, nouveaux locaux modernes qui se trou - r u

o sur la résistance aux maladies et sur vent au 2914, boulevard Curé-Labelle. S Magasin WH Perron à L'Abord-à-Plouffe en 1952 plusieurs autres problèmes particuliers à Après une expérience d’une dizaine d’an - avait acquis un immense terrain. Il y con - cette discipline». Victorin Lavoie, au nées, White Rose ferme en février 1999 struisit sa demeure et continua d’en - moment de l’inauguration de cette les succursales W.H. Perron (huit au tretenir des liens d’affaires avec les chaire, signalait que pour lui, Wilfrid Québec et deux en Ontario) et provoque producteurs de fruits et légumes de la Perron représentait un idéal de la mise à pied de 315 employés. Depuis, région. Une équipe voyait à coordonner dynamisme, de courage, d’honnêteté NORSECO a acquis les Grands jardins un réseau d’essais de fleurs annuelles professionnelle et de compétence. Il de Laval qui prolongent l’expertise de la achetées aux États-Unis et en Europe. admirait son intelligence et sa bonté, son compagnie. C’est ainsi qu’il est devenu distributeur sens de l’humour et sa sagesse profonde exclusif pour le Canada de grainetiers comme son sens critique et son goût de la * * * américains qui admiraient la façon de nouveauté même si cela comportait une faire de l’entreprise québécoise. Il faut part de risque 31 . Louis Perron, architecte paysagiste Le plus jeune frère de Wilfrid apporta rappeler que ce commerce a ceci de parti - Wilfrid Perron fréquenta la paroisse d’une autre façon sa contribution au culier que le temps fort se situe sur une unie Saint-Jean à Montréal où il demeura monde de l’horticulture en laissant sa courte période du printemps au début de longtemps un membre actif, participant marque comme pionnier de l’architecture l’été. Les semences permettent de réaliser au conseil des anciens. Il a même con - paysagiste au Canada. Né le 15 septem - à ce moment-là pour la moitié du chiffre tribué à la rénovation d’une salle du sous- bre 1907, il fréquenta aussi l’IFE auquel d’affaires, les plantes et les outils sol qui porte aujourd’hui fièrement son il gardera un profond attachement. Il représentant le reste. nom. L’Institut évangélique français mar - poursuivit ses études en 1935 à En 1959, plusieurs arpents de terrain quait fortement ceux qui l’avaient l’Université Cornell, dans l’État de New sont achetés à Boisbriand pour y produire fréquenté et leur protestantisme continu - York, et y devint, deux ans plus tard, le arbres, arbustes, conifères et plantes ait de s’affirmer tout au long de leur vie. premier Québécois à obtenir un diplôme vivaces. On y retrouve alors les champs Wilfrid, avec son frère Louis dont nous universitaire dans une école d’architec - d’essais. C’est son fils agronome Henri- parlerons plus loin, a participé au finance - ture du paysage. Wilfrid, qui a étudié à Oka 29 et au collège ment du journal L’Aurore et il fut un des Macdonald, qui y dirige la pépinière principaux animateurs du Fonds du Prêt depuis 1951. C’est aussi ce dernier, vice- d’honneur dans un premier temps, puis président depuis 1954, qui passe à la après la fermeture du collège, de la direction de l’entreprise 30 quand son père Fondation de l’IFE qui offrait des bour ses prend sa retraite en 1969. Mais toujours d’études à ceux qui en faisaient la actif, Wilfrid prépare son importante demande. Le pasteur Finès parle de lui Encyclopédie du jardinier horticulteur , comme d’un « homme de foi et de cœur, qui paraîtra en 1971, fruit de ses quarante à la fois humble et charitable ». 32 ans de métier. Jusqu’à la fin de sa vie, il Après le décès de son fondateur, la continuera d’ailleurs de faire de la compagnie a créé en 1978 l’Iris d’or pour recherche appliquée sur des légumes et souligner le travail de personnes ayant contribué à l’avancement de l’horticul -

des arbustes ornementaux. n o r

ture au Québec. Un des premiers réci - r e P piendaires fut Monsieur Pierre Bourque, s i u

alors directeur du Jardin Botanique. o L

En 1980, la compagnie participe m u b l

activement aux Floralies Internationales A

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de Montréal. Le jardin Perron se fait e c e r c u r o

e décerner les deux prix les plus pres - S m

m tigieux, « Le grand prix d’honneur » et la

o Blanche, Louis et Gabrielle Perron à l'IFE vers 1917 C

« Meilleure participation privée » par la e

u Il fallait donc faire connaître cette v Chambre de commerce de Montréal. En e R

nouvelle profession en même temps : 1981, elle ouvre un nouveau centre de

e

c qu’établir sa propre réputation. Il n’y r jardin à Boisbriand; peu après, un u

o manqua pas. Au cours de sa carrière, il a S département d’aménagement du paysage. Inauguration de la Chaire d'horticulture à Dans les années 1980, la compagnie se probablement conçu plus de mille plans l'Uni versité Laval en 1976. Dans l'ordre: Camille, restructure. En 1986, alors que Camille de jardins, parcs publics et terrains de jeu, Henri, Wilfrid-H Perron est vice-président et horticulteur, la com - de Montréal à Amos ou à Asbestos, en 33 passant par des dizaines de villes et vil - En 1976, une année avant sa mort, pagnie prend le nom de NORSECO . lages du Québec et de l’Ontario 34 . Wilfrid Perron fait un don de 210 000$ Elle garde la vente aux marchands et L’aménagement paysager de la résidence à la Faculté des sciences de l’agriculture grossistes, regroupe les achats par cata -

6 n o r r e P

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Louis et Éliane Perron avec Gérald et Louise vers 1950 b l A

: de Samuel Bronfman à Westmount sem - e c r

ble avoir aidé de façon importante à l’a - u o vancement de sa carrière. Dès 1938, on S lui confie l’organisation du jardin Jeanne Louis Perron la veille de sa mort à Belle-Rivière le 16 juin 1990 en compagnie de membres de d’Arc qui fait partie du parc des Champs- l'Association IFE. On l'aperçoit à la gauche du pasteur Jacques Labadie. de-Bataille à Québec. Dans une page que universelle de 1967 de même que le d’architectes paysagistes. l’on trouve en ligne, on précise que Pavillon chrétien lui-même, le circuit Il a épousé Élaine Lévesque le 5 juil - « Louis Perron a réussi à y combiner la équestre de Bromont qui servira lors des let 1941 et a eu deux enfants, Louise et structure géométrique du jardin français Jeux olympiques de 1976. « Partout où Gérald. Ce dernier (1943-1993) est (allées en ligne droite, rangée d’ormes, je vais dans la province de Québec, je devenu aussi paysagiste, pionnier de l’é - entrées face à face, etc.) et la végétation vois de mes travaux. Cela fait bien plaisir clairage des jardins et des systèmes d’irri - débordante, spontanée, d’allure naturelle de voir tout ce que j’ai accompli », disait gation au Québec et ses réalisations ont à l’anglaise. » Louis Perron au journal L’Aurore en jan - fait l’objet de reportages dans de pres - vier 1985. tigieuses revues américaines. Louise, « Louis Perron a, de toute évidence, maintenant à la retraite, a été longtemps joué un rôle de premier plan dans le employée au bureau du régistraire du développement de l’architecture du cegep Vanier. paysage au Québec. » Dans un mémoire Habitant pendant plus de quarante à la commission Parent, à titre de prési - ans Saint-Laurent, il fréquentait assidû - dent de l’Association des architectes ment l’église unie Saint-Jean au centre- paysagers et urbanistes du Canada qu’il ville de Montréal où il participait avait contribué à fonder, il rappelait activement au conseil de paroisse. Sa notamment « que l’architecte paysagiste conviction héritée de la fréquentation de devait être un dessinateur, un architecte, la Pointe-aux-Trembles se manifestait n o

r un ingénieur, un botaniste, un historien, aussi dans le soutien de son Alma Mater, r e 35. P

un urbaniste et un géographe » Il a mi - d’abord jusqu’à sa disparition en 1972 s i u

o lité pour la conservation des espaces verts puis par sa participation active dans L

m et leur multiplication. Il fallait penser à l’Association des anciens élèves qui le u b l l’avenir et non au seul présent et agir en mena a mettre en place la Fondation IFE A

:

e conséquence. à laquelle il a contribué de sa personne et c r

u Pendant une dizaine d’années, il a de ses dons. Cette Fondation offrait l’a - o S transmis ses connaissances à des étudi - vantage de pouvoir aider d’autres œuvres Louis Perron au centième anniversaire de ants à l’École des beaux-arts de Montréal protestantes plutôt que de se limiter à la l'Association (1887-1987) puis pendant dix autres années, à ceux du seule attribution de bourses aux élèves. Parmi ses réalisations, on dénombre collège Macdonald de Sainte-Anne-de- C’est ainsi qu’elle a soutenu L’Aurore et des terrains de golf, des aménagements Bellevue. « Les gens qui l’ont côtoyé gar - le projet de la « Bibliothèque-Musée » industriels, beaucoup de jardins privés, dent de lui l’image d’un homme (centre d’archives) de Belle-Rivière, qui de nombreux parcs municipaux, la réor - généreux et travailleur, doué d’un sens n’a malheureusement pas été ni bien ganisation des terrains entourant exceptionnel de la communication. pensé ni bien réalisé 37 . Louis Perron a été l’Institut évangélique français, aussi bien Malheureusement, il avait un côté actif dans cette Association jusqu’à sa que la nouvelle façade du Parc Belmont brouillon qui en faisait un gestionnaire mort en juin 1990 38 qui lui a porté un en 1963, l’aménagement de la roseraie, parti culier. »36 Il existe un Prix Louis dur coup 39 . du jardin des sculptures de l’Exposition Perron destiné à couronner le travail

7 Notes 10. « Il y avait à Québec des dames missionnaires [pres - l’enseignement primaire de l’époque. Enseigner à Pointe- bytériennes] qui s’occupaient de venir en aide à de très aux-Trembles (de septembre 1916 à mars 1917) est un 1. Elle avait même montré à son mari comment signer et gros ses familles dans le besoin. Nous avons choisi moyen de gagner un peu d’argent. Il suit durant l’été de comment lire les textes écrits en lettres moulées ou l’Institut évangélique de la Pointe-aux-Trembles [à cause cette année-là des cours spéciaux à l’Université McGill imprimées. de cela]. « Mémoires », op. cit. pour obtenir un « French Specialist Certificate ». 2. Le manuscrit parle de « la petite église presbytérienne de 11. Il manquait Lumina qui dormait dans une chaise 22. Il se porte volontaire dans l’Armée canadienne pour Danville ». Nous croyons que W. H. fait ici erreur, car haute. C’est Philippe qui la sauva en cassant une fenêtre pouvoir choisir son régiment (qui sera l’artillerie de la 79 e l’église de Danville est alors méthodiste. Cela expliquerait de la cuisine. « Mémoires », op. cit. batterie). Son frère Arthur s’enrôle avec lui et après une bien mieux que les aînés de la famille aient fréquenté période d’entraînement, ils partent pour l’Angleterre. Ils l’Institut méthodiste français, comme on le verra plus 12. A la mort de son épouse en 1921, Arthur avait vendu y retrouvent leur frère Napoléon qui s’était enrôlé avant loin. Et le pasteur Louis Martin l’était également. la ferme à son fils Eli, qui l’avait à son tour vendu à son frère Benjamin en 1925, puis c’est le fils de ce dernier, eux et était déjà « franc tireur ». L’entraînement se 3. Ce Coin Saint-Philippe est situé à la jonction du rang Oswald qui l’a possédé à partir de 1953 comme l’indique poursuit en 1918, mais ils ne vont pas au front et la Saint-Philippe avec la route Goupil et du rang Grenier Wilfrid dans sa conférence. En 1963, c’est un voisin, guerre se termine le 11 novembre 1918. Selon aujourd’hui, à deux kilomètres environ au nord de la Gustave Grenier, qui s’en est porté acquéreur. C’est «Mémoires », op. cit. route principale actuelle (161), à trois kilomètres environ maintenant son fils, Réjean, qui possède la ferme. 23. Il acquiert ses premières vraies connaissances en hor - du centre de Chesterville, ainsi baptisée en 1984 après L’ancien rang Perron est devenu le rang Grenier! s’être appelée depuis 1891, Saint-Paul-de-Chester et ticulture en s’inscrivant à la « Khaki University », mise auparavant, simplement le village de Chester, à quelque 13. Cet ancien prêtre catholique, né vers 1859 en France, sur pied par l’armée canadienne (1917-1919), dans la avait été ordonné en 1886 et avait occupé son premier vingt-cinq de kilomètres de Victoriaville. région où il est cantonné, ce qui lui donne l’occasion de poste au Wisconsin. Il s’était épris de sa servante qu’il visiter plusieurs grands centres horticoles du Royaume- 4. Selon les « Mémoires – Wilfrid Henri Perron, fils de avait épousée peu après et s’était déplacé à Montréal. Il Uni. colon, devenu agronome », manuscrit inédit conservé avait alors défrayé la chronique en 1890 quand il avait dans la famille et dont nous n’avons pu lire que quelques mystérieusement disparu. On avait tenté de le ramener au 24. Wilfrid passe un peu vite sur ses études et activités au passages qu’on nous a transmis. On sait par ailleurs que catholicisme en l’isolant de son épouse et en payant ses Québec. Il est engagé au collège Macdonald et il s’inscrit la communauté méthodiste de Danville se met en place dettes. Il sera membre de l’église Saint-Jean à Montréal en même temps au cours d’agronomie qui s’y donne. en 1884 sous la gouverne de Thomas Dorion, qui est quelques années après, mais sa vie peu rangée gênait la Pendant ses vacances, il peine chez des maraîchers de la probablement le colporteur qui a fourni la bible à la communauté qui le blâmera en 1893. Il sera pasteur au Côte-des-Neiges, comme vendeur à la commission d’ar - famille Perron. Kansas en 1899 et à Saint-Philippe en 1902-1903 et bres fruitiers ou d’insecticides, ou comme jardinier des 1907-1909. Il reviendra à Montréal et sera simple mem - professeurs. Et pendant l’année, il vend des chaussures ou 5. En 1890, un habitant de Saint-Philippe offre un ter - bre de la paroisse du Sauveur dans le quartier Saint-Jean- des abonnements à des revues. Il fait de la course à pied, rain de 8 acres et la somme de 25 dollars pour construire Baptiste avant d’en devenir syndic cinq ans plus tard. Il a de la littérature, des concours d’élocution. En somme, une église; d’autres y ajoutent leurs dons et, en quelques écrit un livre en 1891, Mon voyage à Tracadie, qui donne des années bien remplies! mois, la communauté a plus de cent dollars en réserve. un portrait de sa famille. Les protestants méthodistes de Saint-Philippe et de Saint- 25. Il obtiendra de nombreux prix à la fin de ses études. Paul se regroupent en 1891 et construisent l’église deux 14. Pacifique-Edouard St-Germain est le pasteur de la À l’automne 1927, il suivra des cours à l’École munici - ans plus tard. La paroisse est officiellement créée en paroisse du Sauveur depuis mai 1911 et il a vu à la con - pale et départementale de Saint-Mandé. Là encore, il en 1894; elle progresse en nombre jusqu’en 1903 où elle se struction de son temple qui est achevé au cours de l’an - profite pour visiter les plus belles régions horticoles de stabilise autour d’une trentaine de membres. Laura née. Il y décédera en février 1914 à l’âge de 58 ans. (Voir plusieurs pays européens. sa biographie dans Belle-Rivière : 1840-2006, tome 2, Fruitier enseigne aux enfants à l’automne 1904 et 26. Le 7 novembre 1928. En fait, à son retour, il accepte encourage la communauté à se doter d’une école; en 392-394.) Voir des exemples de Noëls de cette époque dans le Bulletin no 6 de décembre 2004. un poste de gérance chez Dupuy et Ferguson qui l’avait 1905, on a recueilli plus de cent dollars pour la constru - employé auparavant. S’étant vu refuser net un augmenta - ire et à l’automne 1907, ce semble chose faite quand la 15. Chez les protestants stricts, jouer aux cartes le tion de salaire, avec ses économies et la collaboration fille du pasteur Martin accepte d’y enseigner. Voir dimanche était considéré comme frivole et peu financière de quelques amis, il amasse les 5000$, quelque Dominque Vogt-Raguy, « Les communautés protes - respectueux du jour du Seigneur. Même dans une insti - 75000$ en dollars d’aujourd’hui, qui lui serviront à tantes », p. 613, 617, 708 entre autres. tution religieuse, les enfants prennent parfois des libertés démarrer son entreprise. (Deschênes) avec les principes enseignés! 6. Il y avait à l’époque un bureau de poste à Saint- 27. Wilfrid H. Perron, « Discours du Président », La Philippe et autre à Saint-Paul. Saint-Philippe perdait de 16. Ce dollar de 1911 équivaudrait approximativement à Feuille de tremble , février 1960, extraits, p. 34-36. l’importance et Saint Paul en gagnait, de sorte qu’on une somme de 20$ en monnaie d’aujourd’hui. construisit la nouvelle église à Saint-Paul. Les dénomina - 28. Aujourd’hui intégré dans la ville de Laval. Le maga - 17. Le maire de Longueuil de 1909 à 1912 est Amédée sin se situait au 515, boul. Curé-Labelle. tions changent parfois selon les époques, mais la réalité Geoffrion! est toujours la même et les Perron naissent au Coin Saint- 29. En 1945. il est le seul protestant parmi 250 étudiants; 18. En fait, Camille Chazeaud était encore étudiant en Philippe, partie de Saint-Paul-de-Chester en 1891. La il y complète la préparatoire et les deux premières années; théologie et il faisait des remplacements au cours de l’été maison paternelle se trouve au bout du rang Grenier en 1948, il fait des études plus approfondies en horticul - comme cela se passait couramment. W.H. Perron actuel (rang Perron alors) à 1200 mètres de l’intersection ture au Collège Macdonald. du rang Saint-Philippe et de la route Goupil. enseigne à l’école de Grenville l’été. Camille Chazeaud est un Français d’origine dont la famille semble s’être 30. Henri dirigea l’entreprise jusqu’en 1988. 7. Selon de témoignage de Gabrielle Perron-Newman établie en Alberta où il a commencé des études. Il migre 31. On trouve des extraits de l’allocution du Dr Victorin dans Wayne Alexander, The Perron Families of Glover, voir au Québec en 1911. C’est à ce moment qu’il est pro - Lavoie lors de cette inauguration dans L’Aurore , janvier- à la note 9 ci-dessous, p. 200-201. fesseur à Pointe-aux-Trembles (1912-1914). Il passe février 1977, p. 8. 8. En 1952, le magazine Commerce lui avait consacré un peut-être un temps aux États-Unis avant 1917. Il doit alors faire son service militaire en France (1917-1919). Il article le retenant comme « L’homme du mois ». Bon 32. Dans la nécrologie de L’Aurore , septembre-octobre revient au pays, termine ses études de théologie, est nombre de nos informations viennent de cette source 1977, p. 6-7. ordonné en avril 1921et poursuit son action missionnaire dont s’est d’ailleurs aussi inspiré Gaétan Deschênes dans au Cameroun où il est directeur d’école jusqu’en 1927 au 33. Pour North American Seed Company. Histoire de l’horticulture au Québec, Saint-Laurent, 1996, moins. Il sera de retour en Amérique en 1929 et enseigne Editions du Trécarré aux pages 81-91 auquel nous 34. Ses archives (1937-1980) font état de 1200 projets. le français à l’Institut Hampton en Virginie (160 pro - emprunterons aussi quelques passages. Nous devons fesseurs, 1000 élèves). En 1933, il y devient administra - 35. Dans G. Deschênes, op. cit., p. 91. Il a fait aussi par - beaucoup aux membres de la famille pour divers ren - teur et s’occupe de l’attribution des bourses d’études tie d’autres associations américaines du même genre. seignements, Camille Perron, de Dorval, Henri Perron, entre autres. En 1948, il passera à Paris où il travaillera 36. Idem, p. 92. d’Ottawa, Jules Perron et Gabrielle Perron-Newman de pour les Missions Évangéliques à préparer les mission - Sherbrooke, Michel Perron, de Nepean, Louise Perron, naires qui désirent aller évangéliser les peuples d’Afrique. 37. Nous avons détaillé l’histoire de ce projet et de sa de Sainte-Adèle, Cécile Perron, de l’Ile Bizard, qui est Il est probable qu’il y ait terminé sa vie. réalisation dans notre livre sur Belle-Rivière, op. cit., l’éditrice du bulletin de l’Association des Perron, Vue du p. 319-329 où on aborde aussi la fête des cents ans de Perron auquel René Péron, bien connu de nos lecteurs, 19. On peut trouver plusieurs indications sur Grenville à l’Association en 1987. contribue régulièrement. Tous sont membres à divers cette époque dans Belle-Rivière, op. cit., p. 277-282. 38. C’est par erreur que mon livre Belle-Rivière la situe titre de cette Association qui possède aussi un site 20. Ce mot nous est inconnu. Il s’agit vraisemblablement en 1989. Internet : http://membre.oricom.ca/pperron/. Qu’ils de bandes d’étoffe collées sur le vêtement pour le soient ici remerciés de cette précieuse collaboration. rapiécer. 39. Il existe des fonds d’archives à la Bibliothèque et Archives nationales du Québec au nom de Perron. Les 9. Wayne H. Alexander a consacré un livre généalogique 21. En 1916, il a obtenu une bourse de 175$ (= 3500$ archives de l’Associations des anciens et nouveaux élèves complet aux descendants de ces quatre familles : The aujourd’hui) pour suivre les cours de l’École normale de l’IFE devraient être bientôt acheminées aux Archives Perron Families of Glover, Vermont. A Genealogy. 249 Macdonald de l’Université McGill à Sainte-Anne-de- nationales du Québec à Montréal. pages. Hors commerce. Illustré de nombreuses photos de Bellevue. Diplôme qui permet d’enseigner au niveau pri - famille. maire, « l’école modèle » étant la deuxième partie de 8 Marginalisation et « raison Robert Arsenault, Henri Lanctin, d’être » du chrétien réformé messager de la grâce, francophone du Québec 2007, Distribué par La Bonne ason N. Zuidema a publié dans La Revue Farel une conférence qu’il a pronon - Nouvelle Christian Book Shop, J cée en novembre 2006 et qui s’intitule « Marginalisation et “raison d’être” du Moncton, N.B. chrétien réformé francophone du Québec » (no 2, 2007, p. 1-19, que l’on peut lire en ligne sous Institut Farel>publications). Il y fait un intéressant survol du protes - tantisme de langue française au Québec depuis les origines à nos jours. Il s’adressait à un public très large dans le cadre de la North American Presbyterian and Reformed Council et n’entrait donc pas dans les détails. Dans son survol, l’auteur souligne que le chrétien réformé est protestant dans une société catholique, français dans un continent anglais, réformé dans un milieu protestant de type baptiste, engagé selon une morale biblique dans une société post- moderne. Dans sa vue d’ensemble du régime français, il reprend trop facilement une explication traditionnelle de l’historiographie protestante ancienne et aurait eu avantage à tenir compte de l’apport des livres de Robert Larin sur l’immigration en Nouvelle-France et son rôle dans la colonie. Pour le 19 e siècle, il met en évidence que l’évangélisation des Canadiens français a été particulièrement l’affaire des Église anglophones, et au début du 20 e siècle, il rappelle avec raison que l’évangélisation des catholiques francophones n’est plus une priorité pour les dirigeants des dénom - inations canadiennes majeures. Si pour lui, c’est le rejet des « valeurs d’une société profondément catholi que » qui permet la prolifération des égli- Une autre contribution à l’histoire fran - ses évangéliques, mais co-protestante vient de paraître aussi des sectes, dans les touchant cette fois l’Acadie. Robert années 1960, il ne voit Arsenault, qui travaille comme réalisa - pas de contradiction teur à la radio de Radio Canada, vient dans le fait que ces de publier un deuxième livre sur les mêmes églises inté - Franco-protestants en Acadie. Le pre - t e

n ressent « à cause de r mier, en 2005, touchait l’œuvre de son e t n

I [leur] piété fervente,

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r chaleureuse, et pra -

u Puis, M. Arsenault, ayant tellement o S tique », ce qui à notre entendu parler d’Henri Lanctin, ce Un festival Gospel au Québec avis est exactement ce pionnier évangélique de la radio dans que faisait les églises catholiques auparavant. Il explique ensuite la création de les Provinces maritimes, a décidé de l’Église Réformée du Québec (1988) justement pour « se distinguer du protes - faire les recherches nécessaires pour le tantisme libéral ». Sa réfle xion finale porte sur le fait que la société québécoise a présenter au public. Cela nous a donné perdu le sens « des valeurs familiales Henri Lanctin : messager de la grâce que les églises réformées auraient (publié par l’auteur lui-même à gardé précieusement ». Il termine en Moncton, 2007), illustré de nom - signalant un discret rappel à « la sta - breuses photos et même accompagné bilité et à la profondeur de la théolo - d’un CD d’émissions de La Bonne gie biblique et réformée ». Nouvelle (vers 1950). On le voit, la position est conser - Henri Lanctin (1892-1986) a émi - vatrice et on peut la contester, mais gré de la France aux États-Unis à l’âge l’article offre une vue d’ensemble de seize ans et s’est converti en 1909. intéressante du mouvement franco- Pendant quelque temps, il s’est formé à protestant au Québec. l’Institut Feller et a œuvré pour la JLL Mission (baptiste) de la Grande-Ligne

9 dans deux endroits éloignés à la frontière er, le livre de Robert Arsenault est bien documents pertinents. de la Gaspésie et du Nouveau Bruns- documenté car l’auteur a consulté les Henri Lanctin impressionne par son wick. Son travail missionnaire a été inter - sources protestantes principales, cer - courage, sa persévérance, sa simplicité, rompu parce qu’il dut faire son service taines sources catholiques et la corres - sa créativité et ses connaissances militaire dans l’armée française pendant pondance de La Bonne Nouvelle; il bibliques. Ses émissions de radio l’ont la Première Guerre mondiale. Il revint ajoute même une contribution intéres - rendu célèbre chez les Acadiens au ensuite au Canada, mais contracta la sante touchant le rôle controversé du point qu’on ne disait plus par moquerie tuberculose en 1931. Rétabli « mira- pasteur Lanctin selon les médias et les « un Chiniquy » mais « un Lanctin ». culeusement », il fonda la mission La politiciens. Son introduction présente, Dans cette veine, comme personne n’est Bonne Nouvelle, devenant un pionnier pour la première fois à notre connais - parfait, quelques témoignages se char - de l’évangélisation par la radio et par la sance, un survol des débuts de l’œuvre gent de nous rappeler ses limites. diffusion du livre, au moyen d’une franco-protestante dans les Provinces En bref, Robert Arsenault éclaire librairie à Moncton. Avec une ferveur qui maritimes. L’auteur explique bien le une époque et l’action d’un leader rappelle celle de Chiniquy parfois, mais contexte de départ complexe et les charismatique dans une société ho - semble-t-il avec plus de douceur, Grand- développements subséquents de l’œu - mogène qui, en général, recevait mal cet père Lanctin a rencontré quantité vre, et il s’intéresse aux détails his - étranger qui diffusait un message jugé d’obstacles et beaucoup d’hostilité dans toriques. Cependant ses chapitres étranger. Pourtant Lanctin et sa famille sa proclamation différente de l’évangile. parfois très courts nous laissent sur ont touché bien des personnes et ont Ce livre est à mi-chemin entre une notre faim comme c’est le cas pour les contribué à transformer bien des vies et histoire objective et une histoire édifi - problèmes linguistiques au Nouveau à élargir le champ de la libre expression ante. M. Arsenault partage la théologie Brunswick, par exemple. Parce qu’il en Acadie. Ce livre offre une bonne et les objectifs d’Henri Lanctin. Cela aborde de nombreuses situations qui introduction à tous ceux qui voudraient paraît souvent comme dans les écrits de sont nouvelles pour nous, le livre nous comparer l’accueil à la Bonne nouvelle Duclos, Villard, Nelson Thomson, donne parfois l’impression de rester en reçu en Acadie et au Québec, la pre - Hervé Fines et d’autres. Le livre se ter - surface. À la fin de son survol, M. mière étant encore moins réceptive que mine par plusieurs témoignages des Arsenault fournit tout de même à l’in - la seconde. C’est aussi une bonne façon membres de sa famille et de ses amis qui tention des futurs chercheurs les de resserrer nos liens avec nos cousins font penser à des éloges au moment des références nécessaires à la correspon - acadiens. funérailles. Malgré cette volonté d’édifi - dance de l’auteur et indique d’autres Richard Lougheed

Mémoires de la Société Dugua de Mons et la Nouvelle-France » de Georges MacBeath : « Parce qu’il ne qui trace en une dizaine de pages une s’intéressait qu’au commerce en tant que généalogique canadienne- biographie précise et soignée du cofon - source nécessaire des fonds qu’exigent la française, vol 58, no 3, dateur de Québec et de son intérêt pour colonisation et la découverte, il a sacrifié cahier 253, automne 2007. la Nouvelle-France bien au-delà de ce son bien personnel afin d’atteindre un moment. Il cite en conclusion un passage objectif plus élevé dans la poursuite « 400 ans d’histoire – duquel Champlain fut son allié indé - Champlain et la fondation fectible. » (p. 209). Et l’article se termine sur ces mots : « Jusqu’à présent, les his - de Québec ». toriens ne lui avaient pas toujours attribué la place qui lui revenait. Ce n’est ous voulons signaler à nos lecteurs plus le cas puisqu’un monument vient N le dernier numéro des Mémoires d’être érigé à la mémoire de Pierre qui vaut le détour. Dugua de Mons, cofondateur de On ne craint pas de rappeler la part Québec. » protestante dans la fondation de Québec. On trouve à la page 210 une illustra - Marcel Trudel dans « Ce qui reste à con - tion du monument à de Mons érigé le 3 naître de Champlain » signale en juillet 2007 dans un parc de Québec. quelques mots son importance (p. 196). D’autres articles offrent aussi de l’in - Gaston Deschênes dans « Opinion – Un térêt comme cette notice sur Abraham cadeau-surprise pour le 400 e anniversaire Martin dit l’Écossais (parce qu’il aurait de Québec : un autre fondateur? » résidé sur la rue d’Écosse à Dieppe) dans apporte diverses nuances aux commé - l’article de Denise Gravel sur « Les pre - morations qui ont marqué la réhabilita - mières familles de Québec » ou ce por - tion de Dugua (prononcer Dugas) de trait fictif de Dugua de Mons qui illustre Mons pour bien faire « la part des l’article d’Hélène Lamarche, « Cham - choses » entre les deux « cofondateurs » plain, Henri Beau et la peinture d’his - de Québec. Troisième article et le plus toire » (p. 259). important, par Michel Barbeau, « Pierre

10 Un monument est dévoilé en l’honneur de Pierre Dugua de Mons À la mémoire du cofondateur de Québec F C G

Québec, le 3 juillet 2007 – M. Jacques Gourde, député de S

a l Lotbinière-Chutes-de-la-Chaudière et madame Andrée e d

P. Boucher, mairesse de Québec, ont procédé aujourd’hui, en r e i n r

présence d’une délégation de la ville de Royan dirigée par mon - u o F

sieur François Chabaneau, maire adjoint, et du président de la l e c Société historique de Québec, M. Roger Vallières, au dévoile - r a M

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ment du buste de Pierre Dugua de Mons, lieutenant général du e c roi Henri IV et cofondateur de Québec. r u

e o À la veille des célébrations du 400 anniversaire de sa fonda - S tion, la Ville de Québec rend aujourd’hui hommage à un per - Ce monument offert par Parcs Canada à la Ville de Québec, sonnage clé de son histoire. C’est en effet sous les ordres et avec est une copie identique du buste de Pierre Dugua de Mons les deniers du sieur de Mons que a con - installé à (Fort-Anne) en Nouvelle-Écosse en struit, le 3 juillet 1608, une habitation qui s’avérera le premier 1904, une œuvre du sculpteur Hamilton MacCarthy. Il est établissement français permanent en Amérique. installé sur la terrasse Saint-Denis, en contrebas du glacis de la « En 1898, la Ville de Québec a érigé un monument à Samuel Citadelle, propriété de la Commission des champs de bataille de Champlain. En vue de son 400 e anniversaire, la Ville tenait à nationaux. Ce lieu sera officiellement renommé « terrasse Pierre- élever un monument en l’honneur de Pierre Dugua de Mons, Dugua-de Mons ». Ce projet de commémoration a aussi été réa - cet autre important personnage de l’histoire de Québec, trop lisé en partenariat avec la Société historique de Québec qui en a longtemps oublié, sur l’emplacement nommé « Mont du Gas » inspiré la mise en place. par Champlain lui-même, dans un de ses récits de voyage publié Le buste a été fondu par l’Atelier du bronze d’Inverness. en 1613. Les cofondateurs de Québec auront ainsi sur ce L’aménagement et la conception du socle sont de l’architecte promontoire, à quelques centaines de mètres l’un de l’autre, la Jean Jobin. La coordination du projet a été assumée par le place qui leur revient », a indiqué la mairesse de Québec, Service de la culture de la Ville de Québec. madame Andrée P. Boucher. COM-07-354, Communiqué de la ville de Québec. Forum pour le 390 e anniversaire Exposition de la Réformation Rébellions 1837-1838, La Fraternité œcuménique pour le renouveau de la spiritualité (FORES) est un regroupement d’universitaires qui cherchent à Patriotes vs Loyaux réfléchir sur les grandes questions de l’heure, et tenter d’y apporter des réponses ou de suggérer des pistes de réflexion. Le 28 octobre l’occasion du 170 e anniversaire des rébellions patri - dernier, il voulait marquer le 390 e anniversaire de la Réforme par un À otiques de 1837 et 1838, le musée de Pointe-à- Forum de réflexion sur le sujet. C’est le pasteur Jean Fils-Aimé qui Callière présente du 6 novembre 2007 au 27 avril 2008 l’avait organisé et qui avait réussi à obtenir la participation d’environ une exposition de grande qualité sur ce moment impor - 2000 personnes, principalement de la communauté haïtienne. tant du combat pour la démocratie au Canada. Elle Il brossa magistralement un panorama de la Réformation inscrite dans le contexte de la Renaissance. Lui succéda Jean-Louis Lalonde peut intéresser les protestants francophones dans la pour évoquer la présence de la minorité protestante des premiers mesure où elle présente le contexte houleux où les tout huguenots à la multiplication actuelle des groupes évangéliques au premiers missionnaires s’établissent dans la vallée du Québec en passant par les tentatives d’évangélisation du 19 e siècle. Richelieu. On notera que la Déclaration d’indépen - Finalement la période des exposés se termina par la communica - dance du Bas-Canada (1838) proclame déjà des valeurs tion du pasteur Charles-Poisset Romain, venu de Haïti pour l’occa - pour lesquelles les protestants se battront : la séparation sion. Docteur en ethnologie, théologie et sociologie, auteur d’une de l’Église et de l’État, la tolérance et la liberté de reli - vingtaine d’ouvrages et d’articles scientifiques, ancien ministre de l’é - gion, de presse, la généralisation de l’école publique ducation dans son pays, recteur de l’université d’État et actuel doyen pour tous, l’égalité des droits, mais pas encore chez ces de l’Université Jean-Price Mars, le pasteur Romain est le spécialiste le patriotes celui de l’égalité des hommes et des femmes plus avisé de l’histoire du protestantisme en Haïti. (juridiquement et politiquement). Les couleurs du dra - Il a retracé les étapes de la progression du protestantisme dans son peau rappellent la participation irlandaise, britannique pays tout en s’interrogeant sur les difficultés de cette existence en rap - port avec le catholicisme et la tradition vaudoue. Le protestantisme et canadienne-française à la nation. Une curiosité : l’im - a-t-il joué et joue-t-il encore le rôle de ferment dans la pâte? Jusqu’où mense Bible traduite d’après la Vulgate par Lemaître de les Haïtiens prennent-ils en main la transformation de leur pays? Ses Sacy (1696, qui avait reçu l’imprimatur du Cardinal de envolées lyriques comme ses remarques humoristiques rejoignaient Noailles, exposée dans une réédition datant du milieu les racines mêmes de l’auditoire qui l’a chaleureusement applaudi. du 18 e s) qui était en possession du Chevalier de L’heure tardive n’a pas permis d’accorder beaucoup de temps aux Lorimier, le patriote qui sera pendu au Pied du courant questions que ces interventions avaient suscitées. Espérons que le en 1839 et qui nous a laissé un testament si touchant. prochain forum aura autant de succès. JLL

11 La célébration du 51 e anniversaire mennonite au Québec a d a n a C

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e t i n o n n e M

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e c r u o S Les premiers missionnaires apprennent le français à l'Institut biblique de Montréal. Présentation d'un collage commémoratif aux pionniers encore vivants. Dans l’ordre: Dans l'ordre: Tilman Martin, Melvin Schmidt, ?, Pauline et Harold Reesor. Tilman Martin, Harold Reesor, Melvin et Ellen Schmidt, Leeta Horst, Luke Martin. Arrière-plan: Nicole Ouimet, Mary-Lou Docherty et André Ouimet. e 10 novembre dernier, la commu - Ils ont choisi Montréal-Nord et leur a offert des collages de photos. Les L nauté mennonite a fêté le 51 e Joliette pour leur œuvre parce que ces jeunes des églises ont préparé le repas anniversaire (eh oui!, elle a manqué le villes étaient dépourvues d’églises fran - laissant leurs aînés profiter pleinement 50 e) de l’œuvre mennonite au Québec. co-protestantes en 1957. La commu - de leurs retrouvailles et du rappel de Une centaine de personnes se sont réu - nauté de Montréal-Nord progressa leurs souvenirs. Jean-Calvin Kitata a nies à la Maison d’Amitié, rue Duluth à rapidement même si elle ne rejoignait le filmé la soirée à l’intention des absents Montréal, pour un banquet, des diapo - plus souvent que des gens d’origine et pour la postérité. De son côté, ramas et plusieurs témoignages. Luke anglaise ou d’autres ethnies plutôt que Richard Lougheed avait réalisé des Martin et Lyne Dufresne ont animé la des Canadiens français. À Joliette, le interviews avec les familles pionnières et soirée. En particulier, on a rendu hom - contrôle social catholique était encore d’autres intervenants, documents qui mage aux deux couples missionnaires de très fort. L’assemblée a entendu diver ses seront conservés dans les archives. 1956 (Harold et feue Pauline Reesor et anecdotes parfois amusantes, rappelant La nouvelle Société d’histoire men - Tilman et feue Janet Martin) qui ont comment il a fallu s’y prendre pour nonite du Québec qui a organisé l’évé - rappelé à l’assemblée pour leur part obtenir une charte conjointe avec les nement a d’ailleurs l’intention de créer leurs débuts au Québec. On a aussi sa - Frères mennonites, comment un ex- des archives locales, d’interviewer d’au - lué deux autres couples pionniers, les maire de Joliette a été surpris par un tres pionniers et de souligner à l’avenir Horst près de Joliette et les Schmidt à jeune évangéliste, par les traits parti - d’autres anniversaires touchant les Rawdon, qui travaillaient à l’œuvre sans culiers des missionnaires (y compris leur Mennonites, les Frères Mennonites et même demander de salaire. accent) et par la joie des premiers con - les Frères en Christ. À l’occasion de Imaginez pour commencer quatre vertis, baptêmes (par immersion), cène, cette fête, nous avons préparé un diapo - couples ontariens avec de jeunes camp des jeunes, etc. Avec humour, un rama regroupant les photos les plus enfants, parlant à peine le français, qui sketch a souligné le contraste entre hier signi ficatives des assemblées et dressé se réunissent dans la foi pendant des et aujourd’hui. « Tellement proche de une liste des membres de chacune. années à Montréal-Nord ou à Joliette ce que nous avons vécu», a déclaré Il existe même un projet de livre sur pour le culte hebdomadaire en français Harold Reesor. les débuts de ces groupes au Québec. (chants, sermons, lecture de la Bible, Ce qui se dégageait de la soirée était Des grands progrès pour l’histoire de ce etc.) dans l’espoir que des Québécois de l’humilité et la douceur des premiers petit groupe réalisé par un comité souche se joignent à eux! Dans cette missionnaires; ils n’ont pas créé un dynamique de seulement cinq person - période d’avant la Révolution tranquille grand royaume confessionnel, mais ils nes. Si des lecteurs s’intéressent parti - et Vatican II, ils ont dû faire face à l’hos - ont établi pour leur groupe une réputa - culièrement à cette histoire, il leur suffit tilité générale, à de l’obstruction et à tion d’intégrité et de souci des margi - de contacter les bureaux de la MCC, la des menaces. Il leur a fallu un temps naux, qui perdure. Judith Snowdon et Menonite Church of Canada. assez considérable pour s’adapter au Jeannine Lambert ont composé une Québec, aidés par leurs enfants, comme belle chanson en hommage aux pion- Richard Lougheed c’est souvent le cas chez les immigrants. niers et le Comité central mennonite

LE BULLETIN SHPFQ POUR COMMUNIQUER Responsables ISSN 1712 - 5898 AVEC LA SOCIÉTÉ du Bulletin Dépôt légal : Bibliothèque nationale 2285 Ave. Papineau, Montréal, Qc H2K 4J5 Jean-Louis Lalonde : (514) 733-1783 du Québec et Bibliothèque nationale [email protected] ou Richard Lougheed : Alain Gendron : (450) 447-7608 du Canada (514) 526-2003, poste 28