O Rche Stre De P Aris | a Cce N Tu S | L Au Re Nce E Qu Ilb Ey
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MERCREDI 29 MAI - 20H Hector Berlioz Les Nuits d’été* entracte Felix Mendelssohn 2013 Athalie (version originale en français) Mercredi 29 mai Mercredi Orchestre de Chambre de Paris Accentus Laurence Equilbey, direction Véronique Gens, soprano* Karen Vourc’h, soprano Tove Dahlberg, mezzo-soprano Marie-George Monet, alto Mathieu Genet, récitant Christian Biet, dramaturge Coproduction Cité de la musique, Orchestre de Chambre de Paris et Accentus. Ce concert est surtitré. Orchestre de Paris | Accentus | Laurence Equilbey | | Laurence Equilbey Orchestre | Accentus de Paris Fin du concert vers 22h. 1 Hector Berlioz (1803-1869) Les Nuits d’été Villanelle Le Spectre de la rose Sur les Lagunes – Lamento Absence Au Cimetière – Clair de lune L’Île inconnue Composition : février 1838 - juin 1841 ; 1843-1856 pour l’orchestration. Paroles : Théophile Gautier. Dédicace : Louise Bertin. Effectif original : voix et piano. Effectif : voix et orchestre (2 flûtes, hautbois, 2 clarinettes en la et si bémol, 2 bassons ; 3 cors en fa ; harpe ; cordes). Durée : environ 30 minutes. Berlioz ne nous dit quasiment rien de la genèse de ces mélodies dont les textes furent choisis parmi le recueil de Théophile Gautier La Comédie de la mort, mais il en précise la spécificité : « six morceaux de chant de divers caractères. C’est curieux, mais cela exige une bien grande délicatesse d’exécution. C’est pour petit orchestre, avec très peu d’instruments à vent. » Il s’agit d’un Berlioz intime, à l’opposé des forces gigantesques déployées dans le Requiem. Une apparente simplicité prévaut avec l’adoption de formes strophiques (Villanelle et Le Spectre de la rose), proches du rondo (Sur les lagunes, Absence et L’Île inconnue) ou du lied (Au Cimetière). Mais à chaque fois, les variations tant de la mélodie que de l’orchestration transforment cette fausse naïveté en un raffinement subtil. Échappant au domaine de la nuit, la dernière mélodie lance un pont vers un ailleurs inaccessible, oriental, où l’amour serait éternel, avec une touche de mélancolie teintée d’ironie. Lucie Maudot-Kayas 2 Felix Mendelssohn (1809-1847) Athalie, musique de scène pour la tragédie de Racine, op. 74 Ouverture Tout l’Univers est plein de sa magnificence Quel Astre à nos yeux vient de luire ? Ô Promesse ! Ô menace ! Marche de guerre des Prêtres Partez, partez, enfants d’Aaron Tout l’Univers est plein de sa magnificence Date de composition : 1843, version définitive en 1845. Effectif : flûtes, hautbois, clarinettes et bassons par deux ; 2 trompettes, 2 cors, 3 trombones, ophicléide (de nos jours : saxhorn) ; 2 trompettes en coulisse ; timbales ; harpe, cordes ; 2 sopranos soli, 2 altos soli, chœur mixte, récitant. Durée : environ 60 minutes. Entre 1841 et 1844, Mendelssohn se voit confier d’importantes responsabilités musicales par le roi de Prusse Frédéric-Guillaume IV ; celui-ci, partant d’un bon sentiment, veut transformer son royaume trop guerrier en un pays de haute culture, en émulation avec son confrère Louis Ier de Bavière qui embellit Munich. Mais ce roi très conservateur ne jure que par l’Antiquité, la grécomanie et les auteurs d’antan. L’exigeant Mendelssohn sera déçu par ses belles paroles et ses minces réalisations ; quoi qu’il en soit, ce protecteur lui aura suggéré la ravissante musique de scène pour le Songe d’une nuit d’été de Shakespeare. Athalie revêt la même fonction, elle est une sorte d’écrin musical pour la pièce de Racine. La reine Athalie a massacré tous ses descendants pour s’arroger le pouvoir, et se trouve confrontée à un petit-fils inattendu, Joas. Les prêtres, transformés en résistants politiques, protègent le jeune Joas, le proclament roi légitime et Athalie finit par trouver la mort. Mendelssohn s’est arrangé pour écrire une sorte de petit oratorio choral, où les interventions des solistes font le « zoom » sur certains détails ou sentiments de l’action. Si, pour les besoins de la pièce, ces chœurs jouent un rôle commentateur à la grecque, ils se réfèrent à l’Éternel et tournent vers Lui leurs regards en un beau modèle de musique sacrée. L’ouverture, parfois interprétée séparément, est une forme sonate assez riche où interagissent trois éléments : le thème initial, solennel ; le second thème, gracieux, présenté aux bois et assorti de harpe (à l’effet « antique ») ; et un tourbillon de cordes orageux qui annonce les affrontements de la pièce. Les deux thèmes principaux apparaissent dès l’introduction lente, assez idyllique et en majeur ; ils continuent dans l’allegro vif et mouvementé, où le premier thème revient en mineur. Les chœurs, généralement très verticaux, homophones, ont un caractère hymnique ou déclamatoire. Ainsi, le premier chœur, d’allure monumentale, est une action de grâces avec quelques zones d’ombre en mineur. Le deuxième chœur démarre par des récitatifs (choraux) confiés successivement aux sopranos, altos, ténors et basses. 3 La marche des prêtres devenus guerriers ressemble un peu à la célèbre marche nuptiale du Songe : si timbales et trompettes sont censées suggérer quelque détermination belliqueuse, l’ensemble, de forme rondo, sonne plus réjoui que rebelle. Le quatrième chœur oscille entre un doux navrement aux belles harmonies et une décision de révolte, en fonction du texte. Le cinquième chœur, très guilleret, porte bien la marque rapide et aérienne de son auteur, et se voit assorti de cuivres en coulisse. Un bref mélodrame (déclamation sur fond musical) est suivi du dernier chœur, qui reprend le thème du premier avec des effets accrus de grandeur. Isabelle Werck La Fable d’Athalie IXe siècle av. J.-C. Joram, septième roi d’Israël eut d’abord une fille, Josabet. Élevée dans la religion, Josabet resta fort pieuse et épousa Joad, le Grand-Prêtre du Temple de Jérusalem. Josabet et Joad eurent un fils, Zacharie et une fille, Salomith. Joram épousa ensuite Athalie, femme impie, admiratrice du dieu Baal, qui le convainquit d’édifier un temple à cette divinité rivale de Yhwh, le Seigneur. Joram et Athalie eurent un fils, Ochosias, impie comme ses parents et demi-frère de Josabet. Ochosias eut plusieurs enfants, dont Joas. Athalie, elle, était fille d’Achab et de Jezabel, grands persécuteurs des Prophètes juifs. Si bien que Dieu, décidé à combattre les impies, envoya Jéhu en Samarie qui tua Achab et jeta la reine Jézabel par une fenêtre, la livrant aux chiens. Il tua aussi leur fils, Ochosias. Athalie, à Jérusalem, rendit coup pour coup et tenta d’exterminer la race de David en sacrifiant tous les fils d’Ochasias, ses petits-fils, tous ses neveux et petits-neveux. Mais Joas survécut, sauvé par sa tante, Josabet, qui le confia à Joad, son mari, Grand-Prêtre du Temple de Jérusalem. Et Joad, dans le Temple, cacha Joas sous le nom d’Éliacin. 4 [C’est à ce moment que commence la tragédie d’Athalie.] Joas doit être proclamé roi de Juda (l’un des deux États du royaume d’Israël). Joas est celui qui assure la continuité de la lignée d’Abraham et de David, celui qui rend possible la Lumière et permet la naissance du Messie, et c’est pourquoi Joad, Grand-Prêtre du Temple et mari de Josabet, a préservé l’enfant. Ainsi, Joad doit combattre la reine impie, la grand-mère monstrueuse, Athalie, et son conseiller Mathan. Joad parvient à organiser le sacre de Joas en s’appuyant sur les Prêtres et les gardiens du Temple (les Lévites) armés, prenant la reine à son propre piège : elle qui assiégeait le temple se perd en y entrant. Derrière l’espoir de l’arrivée du Messie, cet épisode prédit la ruine du Temple et la fin du Royaume de Juda (l’un des deux Etats du royaume d’Israël). Joad, en effet, dans le même temps qu’il permet le sacre de Joas, prophétise qu’après un règne juste et pieux de trente ans, Joas tuera Zacharie, le fils de Joad et de Josabet et déclenchera, à nouveau, la colère de Dieu. « Ce meurtre commis dans le Temple fut une des principales causes de la colère de Dieu contre les Juifs, et de tous les malheurs qui leur arrivèrent dans la suite. » (Racine, Préface à Athalie). 5 1691 Jean Racine, Athalie Janvier 1691 : Trois répétitions-représentations à Saint Cyr, devant Louis XIV et Mme de Maintenon (ni décor, ni costumes, ni orchestre, les jeunes filles chantant sur les airs de Jean-Baptiste Moreau au son du clavecin). 1710 à Paris sous forme de grand spectacle, vu par Voltaire (une superbe tragédie sans amour) et admiré par tous (14 représentations). Sans les chœurs, apparemment. Entre 1710 et 1770 Athalie est toujours un grand spectacle religieux (Lekain en témoigne) mais se joue toujours sans chœurs. 1770 : Athalie, tragédie musicale en alternance de paroles et de chant, est représentée avec les chœurs de Jean-Baptiste Moreau à l’Opéra de Versailles. 1845 Felix Mendelssohn-Bartholdy, Muzik zu Athalia von Racine für Chor und Orchester, op. 74 À la demande du roi de Prusse, Frédéric, Mendelssohn compose, à partir de l’automne 1841, quatre musiques de scène: Antigone et Œdipe à Colone, d’après Sophocle, Athalie d’après Racine et le Songe d’une nuit d’été d’après Shakespeare ; ces œuvres pour solistes, chœur de femmes, chœur d’hommes, chœur mixte et orchestre furent toutes représentées entre 1841 et 1845 à Potsdam, exceptée Athalie, qui fut donnée à Berlin dans sa version originale, en français. Pourquoi représenter la Bible ? Et pourquoi représenter cet épisode de Joas et Athalie, cette histoire d’enfant sauvé des griffes de sa grand-mère impie ? Pour figurer, comme dans les grandes tragédies, une haine familiale, ou plutôt le lien entre haine familiale et combat religieux. Pour magnifier l’action d’une fidèle de Dieu, Josabet, épouse de Grand-Prêtre et tante miséricordieuse sauvant Joas pour qu’il sauve à son tour le royaume d’Israël.