Le Monde Français du Dix-Huitième Siècle Volume 5, Issue-numéro 1 2020 Transposition(s) and Confrontation(s) in the British Isles, in France and Northern America (1688-1815) Dirs. Pierre-François Peirano & Hélène Palma Transformation de l’autre exotique dans Les Indes galantes de Rameau et Fuzelier (1736) Catherine Gallouët Hobart & William Smith Colleges
[email protected] DOI: 10.5206/mfds-ecfw.v5i1.10548 2 Transformation de l’autre exotique dans Les Indes galantes de Rameau et Fuzelier (1736), ou comment l’autre se construit sur la scène* Le 23 août 1735 se tient, à l’Académie Royale de Musique située au Palais Royal, la première représentation des Indes galantes,1 l’opéra-ballet de Jean-Philippe Rameau (musique) et Louis Fuzelier (livret), composé d’un « Prologue » et de deux « Entrées ». Devant l’accueil réservé du public, les auteurs refondent cette première version. Une nouvelle entrée, « Les sauvages » est ajoutée le 10 mars 1736. Cette version définitive comporte quatre entrées, Le « Turc Généreux », « Les Incas du Pérou », ainsi que « Les Fleurs. Fête persane ». Le compositeur en donne les raisons dans la « Préface » de l’édition Boivin de 1736 : Le public ayant paru moins satisfait des scènes des Indes galantes, je n’ai pas cru devoir appeler de son jugement ; et c’est pour cette raison que je ne lui présente ici que les symphonies entremêlées des airs chantants, ariettes, récitatifs mesurés, duos, trios, quatuors et chœurs, tant du prologue que des trois premières entrées, qui font en tout plus de quatre-vingts morceaux détachés, dont j’ai formé quatre grands concerts en différents tons.2 Rameau adopte la nouvelle formule de l’opéra-ballet où la musique l’emporte sur le récitatif rendu « mesuré », où le divertissement se déploie en « différents tons » qui chacun distingue une entrée, en Turquie et en Perse, au Pérou et en Amérique du Nord, et transforment l’opéra-ballet en panorama musical du monde exotique.