DOMAINE ARTS, LETTRES ET SCIENCES HUMAINES MENTION GEOGRAPHIE PARCOURS ENVIRONNEMENT ET AMENAGEMENT DU TERRITOIRE

MEMOIRE DE MASTER EN GEOGRAPHIE

L’INFLUENCE DE LA CAPITALE

NATIONALE SUR LE

DEVELOPPEMENT DU DISTRICT

DE

Présenté par Herizo RAZANAKOTOARIMANANA Sous la direction de Gabriel RABEARIMANANA, Maître de Conférences

Février 2018

DOMAINE ARTS, LETTRES ET SCIENCES HUMAINES

MENTION GEOGRAPHIE

PARCOURS ENVIRONNEMENT ET AMENAGEMENT DU TERRITOIRE

MEMOIRE DE MASTER EN GEOGRAPHIE

L’INFLUENCE DE LA CAPITALE NATIONALE SUR LE DEVELOPPEMENT DU DISTRICT DE MANJAKANDRIANA

Présenté par Herizo RAZANAKOTOARIMANANA Sous la direction de Gabriel RABEARIMANANA Maître de Conférences

Membres du jury Président : M. James RAVALISON, Professeur titulaire Rapporteur : M. Gabriel RABEARIMANANA, Maître de Conférences Juge : Mme. Ravoniarijaona VOLOLONIRAINY, Maître de Conférences

26 février 2018

REMERCIEMENTS Pour la réalisation de ce dossier, nos sincères remerciements, pour le Domaine de Formation Arts, Lettres et Sciences Humaines qui nous a permis de faire ce travail, y compris le Département de Géographie et à tous les enseignants chercheurs qui ont contribué à notre formation pour arriver à ce cursus.

En outre, notre reconnaissance s’adresse spécialement aux jurys qui auront une grande responsabilité pour ce dossier

- M. James RAVALISON, Professeur titulaire.

- Mme. Ravoniarijaona VOLOLONIRAINY, Maître de Conférences.

Nous remercions, particulièrement de son aide précieux, le Directeur de Recherche Gabriel RABEARIMANANA, Maître de Conférences, qui a appuyé à l’élaboration de ce dossier.

Enfin et non le moindre, nos vifs remerciements aux acteurs de cette recherche, nos familles, nos amis qui nous ont soutenu durant la préparation de ce travail.

Veuillez recevoir l’expression de nos sincères remerciements.

i

SOMMAIRE REMERCIEMENTS ...... i

SOMMAIRE ...... iii

RESUME ...... iii

TABLE DES ILLUSTRATIONS ...... iv

ACRONYMES ...... vi

INTRODUCTION ...... 1

Première partie : LES MULTIPLES FORMES D’INFLUENCE D’ SUR LE DISTRICT DE MANJAKANDRIANA ...... 12

Chapitre I : LA FORTE DOMINATION D’ANTANANARIVO SUR MANJAKANDRIANA ...... 13

Chapitre II : LA DEPENDANCE TOTALE VIS-A-VIS D’ANTANANARIVO ...... 20

Deuxième partie : L’INEGALITE DE L’INFLUENCE DE LA CAPITALE SELON LES COMMUNES ...... 35

Chapitre III : IMPACTS ET PERCEPTIONS DIFFERENTS DE L’INFLUENCE D’ANTANANARIVO ...... 36

Chapitre IV : DES IMPACTS POSITIFS POUR LES ACTEURS ECONOMIQUES ET POUR LA COMMUNE ...... 44

CONCLUSION ...... 53

BIBLIOGRAPHIE ...... 55

ANNEXES ...... 58

TABLE DES MATIERES ...... 63

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RESUME L’analyse des relations étroites de Manjakandriana avec la capitale intéresse le géographe. Avec la démarche multi scalaire, il ressort que la proximité entre la capitale et le district, distant seulement de 47 km génère des trafics permanents, denses et multiformes. Le district est sous la domination de la capitale. La vie sociale et économique est totalement dépendante d’elle. Par ailleurs, l’intensité de l’influence de chaque commune du district est très différente entre autre l’accessibilité et le mode de transport qui sont les premiers facteurs les plus plausibles entrainant des zones mal reliées, plus démunies et des zones mieux reliées, plus favorables.

L’influence de la capitale n’est pas sans impact sur le district, elle est déterminante dans l’accroissement du revenu monétaire des acteurs économiques et à l’augmentation des ressources financières de la commune. Cependant, l’influence n’apporte pas vraiment de véritable développement, le bien être ressenti par les habitants n’est pas accompli. Et en fin de compte, les habitants restent dans une situation de pauvreté.

Mots clés : Manjakandriana, démarche multi scalaire, domination, dépendance, développement, pauvreté.

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TABLE DES ILLUSTRATIONS Liste des croquis

Croquis 1: Localisation de la zone de recherche ...... 3 Croquis 2: Effectif et répartition de la population dans le District de Manjakandriana ...... 4 Croquis 3: Flux de marchandise entre Antananarivo et les communes de Manjakandriana .... 24 Croquis 4: Les flux d’approvisionnement d’Antananarivo en charbon de bois ...... 27 Croquis 5: La production laitière de la Région d’ ...... 29 Croquis 6: La production de miel en liquide de la Région d’Analamanga ...... 33 Croquis 7: La production de miel en brèche de la Région d’Analamanga...... 34

Liste des tableaux

Tableau 1: Nombre d’infrastructures sociales d’Antananarivo équivalentes au District de Manjakandriana ...... 7 Tableau 2: Catégories et nombre de personnes enquêtées ...... 10 Tableau 3 : Répartition des ménages enquêtés sur chaque commune ...... 11 Tableau 4: Effectifs des élèves et résultat du Baccalauréat du District (2017) ...... 14 Tableau 5: Nombre des établissements sanitaires du District ...... 15 Tableau 6: Nombre de commerçants des quatre (4) communes échantillonnées...... 22 Tableau 7: Production en charbon de bois des quatre (4) communes en juin 2016 (en sacs et en tonnes) ...... 26 Tableau 8: Production laitière de la Région du Vakinankaratra (Unité : Millions de litres) .. 28 Tableau 9: Effectifs des apiculteurs de la région d’Analamanga ...... 30 Tableau 10: Nombre de taxi-brousses desservant chaque commune ...... 36 Tableau 11: Rendement par type de produit agricole dans la commune de et d’Ambohibary ...... 41 Tableau 12: Les frais de transports d’Antananarivo vers Manjakandriana ...... 45 Tableau 13:Les recettes fiscales et non fiscales de la Commune Urbaine de Manjakandriana 47 Tableau 14:Le montant à payer pour le permis de coupe selon la superficie exploitée ...... 49 Tableau 15: Nombre de laissez- passer délivrés par le CEEF et des superficies exploités et estimation des revenus en permis de coupe collectées par la Commune ...... 50 Tableau 16:Les taxes payées par les marchands aux marchés hebdomadaires ...... 52

Liste des figures

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Figure 1: Répartition des producteurs de miel par district ...... 31 Figure 2: Circuit de commercialisation dans le district de Manjakandriana ...... 32 Figure 3: Procédure pour la production et la commercialisation légales du charbon de bois (outils, acteurs et coûts associés) ...... 51 Liste des photos

Photo 1: L’Université d’Antananarivo ...... 14 Photo 2: Le CHRD2 de Manjakandriana ...... 16 Photo 3: Boutique Airtel de Manjakandriana ...... 18 Photo 4: Les marchandises vendues sur les marchés hebdomadaires ...... 21 Photo 5: Vendeurs en gros et détaillants de Manjakandriana ...... 23 Photo 6: Les taxi-brousses reliant Manjakandriana ...... 23 Photo 7: Taxi-brousses transportant des marchandises ...... 37 Photo 8: Multiservice de Miadanandriana...... 40

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ACRONYMES TCE : Tananarive Cote Est

RN : Route Nationale

CISCO : Circonscription Scolaire

CNTEMAD : Centre National de Télé-Enseignement à

CSB : Centre de Santé de Base

CHRD2 : Centre Hospitalier de Référence du District Niveau 2

CRINFP : Centres Régionaux d’Institut Nationale de Formation Pédagogique

OTIV: Ombona Tahiry Ifampisamborana Vola

CECAM: Caisse d’Epargne et Crédit Agricole Mutuel

SAHA: Sahan’Asa Hampandrosoana ny eny Ambanivohitra

HARDI : Harmonisation des Actions pour la Réalisation d’un Développement Intégré

CDAM : Cercle Départemental des Agriculteurs de Manjakandriana

ONG : Organisation Non Gouvernementale

PROSPERER : Programme de Soutien aux Pôles de Micro-entreprises et aux Economies Régionales

CEEF : Cantonnement de l’Environnement, de l’Ecologie et des Forêts

vi

INTRODUCTION

L’évolution actuelle des campagnes d’Afrique Noire et de Madagascar est le résultat du contact entre les civilisations traditionnelles de ces régions, presque exclusivement rurales, et la civilisation urbaine apporté par les colonisateurs de l’Europe occidentale. Cette évolution est donc principalement le résultat de contacts entre des villes et des campagnes qui font naître de nouveaux besoins dans le monde rural, parfois imposés, comme l’argent pour le payement des impôts, ou le plus souvent suggérés, comme les besoins en bien de consommation ou d’ordre culturel1. Notre recherche porte sur le District de Manjakandriana, fortement influencée par la capitale d’Antananarivo à la fois centre urbain de consommation mais également une procuration des biens et des services. En effet, la proximité d’Antananarivo et l’existence des réseaux routiers génèrent des trafics permanents et multiformes dont ils jouent un facteur plus ou moins décisif et considérable aux développements du District et apportent des biens être aux populations locaux.

1. Localisation et choix du sujet

Le District de Manjakandriana se situe dans la région d’Analamanga, généralement une région montagneuse et rocheuse avec une précipitation moyenne de 299mm. Il se trouve à 48 km de la Capitale d’Antananarivo traversé par la RN2 et le chemin de fer TCE. Le district de Manjakandriana est délimité administrativement : au Nord par le district d’, au Sud par le district d’, à l’Est par le district de Moramanga et à l’Ouest par la préfecture d’Antananarivo Avaradrano et sur une fine partie du Nord-Ouest par le district d’. Le district est composé majoritairement de populations rurales dont elle comporte 24 communes rurales et une seule commune urbaine, compte environ 209695 habitants dans une superficie de 1.337 Km².

Nous avons choisi de s’intéresser à ce sujet pour deux raisons bien précises. D’une part originaire de Manjakandriana, nous voulons connaître le district avec ses multiples activités qui complètent des occupations importantes. Et d’autres part, l’analyse de l’intensité et les rôles des flux d’échanges sur la structuration économique et sociale des habitants et le développement du district qui est une nécessité pour un géographe.

1 PORTAIS (M), 1974, Le bassin d’Ambalavao influence urbaine et évolution des campagnes, 179p 1

Ainsi, ce sujet nous a conduit à poser une question fondamentale et une autre secondaire qui constitue notre problématique.

2. Problématique

Comment se présente l’influence de la capitale sur le District de Manjakandriana ? L’influence de la capitale est-elle également importante pour toutes les communes ?

Pour répondre à ces questions, nous avons adopté la démarche déductive. En effet a priori nous avons pensé que l’influence de la capitale Antananarivo a des impacts plutôt décisifs sur le développement du district. Nous avons cherché à vérifier cette hypothèse par les observations sur terrain et les enquêtes auprès des responsables administratifs et des habitants du district. A cette fin, nous avons établi un échantillonnage en choisissant trois (3) communes sur la base d’un critère spatial.

2

Croquis 1: Localisation de la zone de recherche

Croquis n°2 : Nombre de la population dans le District de Manjakandriana

3

Croquis 2: Effectif et répartition de la population dans le District de Manjakandriana

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3. La démarche de recherche

3.1 Cadre conceptuel

3.1.1 Notion d’aire d’influence

L’aire d’influence ou zone d’influence est une zone polarisée par un centre, pour un ensemble de catégories de relations culturelles, commerciales y compris l’aire de marché ou de chalandise 2 . La notion d’influence est difficile à préciser, elle se mesure à partir des fréquences ou des probabilités de déplacement des résidents de la région périphériques vers le centre lorsqu’ils recourent aux services offerts par le centre. Les aires d’influence ont des formes circulaires et la probabilité de fréquentation d’un centre décroît en fonction de la distance. Ainsi, l’influence est mesurée d’après l’extension du bassin d’approvisionnement en produits, d’après les navettes domicile-travail, la fréquence du recours des populations environnantes aux commerces et aux services urbains, le recrutement des élèves et étudiants ou d’après la diffusion de la presse régionale. L’étendue de la zone d’influence pour une même ville peut varier de quelques km à quelques dizaines, voire centaines de km de rayon.

La ville d’Antananarivo a été construite par le roi Radama, au 1ère siècle, de 1810 à 1828 pour servir de siège et de quartier général à son armée, une armée qu’il a modernisée. Le nom d’Antananarivo qui veut dire littéralement « ville des milles », a été hérité de cette armée dont l’effectif s’élevait à mille soldats. La ville s’est imposée pour devenir la capitale du royaume de l’Imerina dont l’ambition du souverain est de conquérir toute la grande île pour en former un seul royaume. La ville a joué un grand rôle dans la gestion administrative, politique et économique dans la Grande Ile depuis cette période de la royauté jusqu’à l’avènement de l’indépendance de 1960 où elle se trouva consacrée capitale de république malgache.

Comme toute les capitales du monde, elle est attractive. Cette attraction est le résultat du décalage qu’il y a entre la ville et la campagne. Ainsi, Antananarivo exerce une influence considérable sur le district de Manjakandriana. A la périphérie, elle est avantagée par la proximité environ 48 km de la capitale. En conséquence, le district est sous l’emprise d’Antananarivo.

2 PUMAIN (D), PAQUOT (T) et KLEINSCHMAGER, 2006, Extraits du « Dictionnaire La ville et l’urbain » : Définition de l’aire d’influence 5

3.1.2 Théorie de la centralité

Le terme de centralité urbaine3, a été proposé par Walter Christaller en 1993 dans sa théorie des lieux centraux (Die Zentralen Orte in Suddeutschland, Iena, Fisher). La centralité est la propriété conférée à une ville d’offrir des biens et des services à une population extérieure, résidant dans la région complémentaire de la ville. Le recours au service le plus proche s’organise par des niveaux hiérarchisés de centralité correspondant à la plus ou moins grande rareté des services offerts, qui se traduit elle-même par une hiérarchie de la taille des centres et de la dimension de leur aire d’influence. La centralité s’organise aux niveaux de services urbains, caractérisés chacun non seulement par le nombre, mais aussi par la variété, la diversité des services offerts. Les niveaux de centralité correspondent ainsi à des niveaux de complexité des fonctions et des organisations sociales dans la hiérarchie urbaine. La centralité avec ses significations apparaît ainsi comme la propriété fondamentale qui explique la formation des agglomérations urbaines, qui s’auto-entretient car la valorisation du capital économique, social et symbolique accumulé suscite localement des investissements visant à renforcer l’accessibilité du lieu central, au fur et à mesure de sa croissance, par rapport à celle des lieux avec lesquels il est en relation ou en concurrence, et ce surcroît d’accessibilité rend le lieu attractif pour de nouvelles activités.

En tant que capitale de Madagascar, la ville d’Antananarivo est un peu spéciale. Elle s’étend sur un rayon de 15 km et intègre le centre économique, administratif et culturel du pays. Elle est attractive sur trois (3) points de vue :

➢ Le phénomène d’urbanisation attire la population des autres sous-préfectures car sur l’ensemble, Antananarivo concentre 39% de la population de la région d’Analamanga, environ 5% de la population nationale. A l’opposé, le district de Manjakandriana compte respectivement 9% de la région d’Analamanga. Ainsi, la répartition de la population de la région d’Analamanga est inégale. ➢ Sur le plan de l’infrastructure sociale, Antananarivo Renivohitra offre des services plus sophistiqués (tableau n°1).

3 La centralité concept proposé par Walter Christaller 1993 6

Tableau 1: Nombre d’infrastructures sociales d’Antananarivo équivalentes au District de Manjakandriana

Établissements Etablissements Etablissement

sanitaires scolaires supérieur public

Antananarivo 99 663 1

Manjakandriana 46 336 - Source : Monographie de la région d’Analamanga 2003

Le nombre des établissements sanitaires et scolaires représentées ici sont l’ensemble des établissements privés et publics. Ces données sont très anciennes. Mais, cela permet de voir que le District de Manjakandriana est bien desservi avec une population de 20 000 habitants par rapport aux 900 000 habitants d’Antananarivo. Mais, la capitale reste le plus perfectionné en termes de matériel et le plus équipé en termes de personnel.

➢ Sur le plan économique, la capitale est le premier marché de consommation de l’île. La ville est implantée par des véritables unités industrielles (industries agro- alimentaires, la zone franche industrielle, industries de transformation et les industries de travail des cuirs et du fer) et des entreprises commerciales qui vont de la vente des produits locaux à celle des produits importés.

3.2 Documentation et travaux de terrain

La cadre théorique comporte deux (2) volets : la documentation et les travaux de terrain.

3.2.1 Documentation a) Les ouvrages recensés et consultés

La documentation est une phase important pour notre recherche, qui à commencé depuis août 2017. Cette phase nous a permis de réfléchir sur l’hypothèse de notre recherche. Ainsi, des ouvrages généraux, des thèses et mémoires, des articles et d’autres documents sur internet ont été consulté et appréhendé, en rapport avec notre sujet et surtout de la zone de recherche. La consultation et la lecture sont faites auprès des bibliothèques et d’institut de recherche qui sont la bibliothèque national d’Ampefiloha, la bibliothèque de l’université d’Ankatso, la bibliothèque de géographie et l’Institut de Recherche pour le Développement. Par contre, des

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problèmes ont été rencontrés notamment l’absence de certains ouvrages utiles à notre recherche. b) Les références bibliographiques

Nous avons retenu quatre références que nous ont particulièrement aidé dans notre recherche :

1-PORTAIS (M), 1974, « Le bassin d’Ambalavao influence urbaine et évolution des campagnes » (sud Betsileo Madagascar), géographie de l’ORSTOM, Paris, 179p.

PORTAIS analyse l’évolution des campagnes actuelles comme le résultat de contacts entre des villes et des campagnes. Ces contacts créent des besoins nouveaux, quelle que soit la nature est en effet la source de toute évolution. Les contacts entre villes et campagnes sont donc parmi les facteurs les plus importants de changement dans l’organisation de l’espace et à l’origine de la multiplication des petites villes. Celle-ci à travers la volonté de diffusion de l’infrastructure administrative, les services sanitaires et scolaires, et de faire pénétrer l’économie monétaire auprès de toutes les populations rurales. Or, par l’intermédiaire des petites villes centres que la majorité des ruraux sont actuellement en contact avec le fait urbain. L’auteur a pris le cas du bassin d’Ambalavao, une ville qui concentre pratiquement toutes les fonctions urbaines dont le paysan peut avoir besoin, tant sur le plan administratif que scolaire ou commercial. Ainsi, l’auteur évalue l’influence directe de la petite ville et son importance sur son environnement rural.

2-ANCEY (G). 1975, « L’influence d’un centre urbain sur la zone rurale environnante : l’exemple Bouaké-Brobo (Côte d’Ivoire), O.R.S.T.O.M, vol VII, n°4-70, 30p.

ANCEY analyse la réalité économique de la proximité d’une ville comme Bouaké théoriquement source de mains débouchées. L’auteur met en évidence les effets globaux de la ville sur la zone rurale environnante en examinant la mesure et le processus que la zone intègre dans ses structures le fait urbain. Deux points successifs ont été écartés : le poids de la ville sur le marché et le poids du marché sur les structures de production. L’auteur a constaté que la zone rurale n’est pas un milieu neutre et homogène et l’empreinte de la ville est certaine. Ainsi, la ville a donc sur son environnement des effets passablement ambigus.

3-RAJOELSON (H), 1976, « Analyse de l’espace géographique de Manjakandriana », Association des géographes de Madagascar, 138p.

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Dans son mémoire, RAJOELSON évoque la monographie de Manjakandriana. L’auteur analyse les traits caractéristiques physiques et multifonctionnels de l’espace. Plusieurs aspects montrent que Manjakandriana présente des relations exclusives avec Antananarivo du point de vue économique et social. Cela à travers l’analyse faite par l’auteur sur le développement des faits urbains en tenant compte de différenciation de catégories socioprofessionnelles. Ainsi, la région est fortement dominée par le secteur primaire puis le secteur tertiaire et enfin le secteur secondaire.

4-ROCHEFORT (M), LACROIX (N). 1965, Les relations entre les villes et les campagnes dans les pays tropicaux. In : les thèmes de recherche en géographie. Bulletin de liaison Sciences-Humaines-ORSTOM, (1), 9-31p.

ROCHEFORT et LACROIX présentent avec quelques réflexions l’approche des rapports villes-campagnes dans les pays tropicaux. Plusieurs approches ont été appréhendées notamment sur le phénomène urbain, le milieu rural, différenciation régionale des relations entre ville-campagne. Dans cette ouvrage, l’auteur évoque cinq (5) grands points qui regroupent les types de relations villes-campagnes qui sont les suivants : la ville, élément de pénétration de l’économie monétaire et de modification des activités agricoles traditionnelles ; la ville, consommatrice de la rente foncière ; la ville, centre de service ; les relations démographiques ; la ville, élément de polarisation de la vie régionale et son rôle dans la formation d’une région par son intervention dans tous les aspects de la vie régionale.

Ces publications nous ont aidés dans notre démarche de recherche car les informations fournies ont été réalisées avec des documents d’intervalle. Cela nous a donné une indication sur l’aspect de concevoir notre dossier de recherche et au dynamisme de notre zone de recherche.

3.2.2 Les travaux de terrain

Les travaux de terrain sont la mise en œuvre des démarches de recherche, qui se compose par : la préparation des travaux de terrain et les enquêtes sur terrain. a)-La préparation des travaux de terrain

Elle consiste à la conception des croquis et à l’élaboration des questionnaires en rapport avec le sujet et selon les catégories des différentes personnes à enquêter, qui sont les responsables administratifs, les acteurs économiques et les habitants à l’intérieur de chaque commune.

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Nous avons adopté en majorité des questionnaires semi-directifs afin que la réponse soit plus objective. Ces questionnaires sont donc notre principal outil de recherche car ils permettent de vérifier notre hypothèse et de comprendre réellement la réalité existante. Pour mieux organiser les travaux, nous avons établi une approche multi scalaire aux niveaux spatiaux à l’échelle du district et de la commune. b)-Travaux de terrain

Ils ont duré 15 jours, du 16 au 30 octobre 2017. A part la commune urbaine de Manjakandriana, nous avons travaillé dans trois communes sur les 25 communes concernées. Elles ont été choisies pour leur position géographique par rapport à l’éloignement de la RN2 : la commune rurale de traversée par la route nationale, la commune rurale d’Ambohibary à 4 km, la commune rurale de Miadanandriana environ 10 km. Notre recherche est très limitée car les trois (3) communes se situent en effet dans la partie méridionale du district. Mais nous avons estimé qu’elles sont à peu près représentatives du district de Manjakandriana. En tout cas, elles nous ont permis la formulation des résultats.

Pour confirmer la valeur scientifique de notre approche, la question représentative de nos enquêtes doit être posée. Durant ce court séjour, nous avons interrogé au total 117 personnes qui sont réparties comme suit :

Tableau 2: Catégories et nombre de personnes enquêtées

CATEGORIES NOMBRE

Responsables administratifs 19

Ménages 98

Total 117 Source : enquête de l’auteur

Pour les responsables administratifs, nous avons adopté une approche multi scalaire en interrogeant tout d’abord au niveau district, ensuite aux quatre (4) communes et enfin aux fokontany.

Nous nous sommes entretenus avec dix neuf (19) responsables : l’adjoint du chef de district et les services étatiques (chef cantonnement de l’environnement, de l’écologie et des forêts ; chef de service population ; consultant au poste d’élevage ; responsable statistique au CISCO

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de Manjakandriana ; médecin inspecteur au CHRD 2 de Manjakandriana ; un docteur au CSB2), quatre maires des quatre communes enquêtées, deux secrétaires comptables, un service administratif et cinq chef fokontany. Nous estimons qu’ils sont représentatifs parce qu’ils sont les organismes interférés par l’Etat à des pouvoirs et des compétences et connaissent la multifonctionnalité de leur territoire.

Pour être représentatif, nous avons choisi les 98 ménages selon la catégorie socioprofessionnelle, qui sont des agriculteurs et les ménages ayant des activités en rapport avec la capitale. Les 98 ménages sont repartis comme suit sur chaque commune :

Tableau 3 : Répartition des ménages enquêtés sur chaque commune

Communes Nombre des ménages Manjakandriana 40

Miadanandriana 21

Ambohibary 20

Sambaina 17

Source : enquête de l’auteur

Ces chiffres sont très faibles. Par rapport à l’effectif de la population dans le district, qui compte 209695 habitants, le taux d’échantillonnage est de 0,2% qui ne peut pas être représentatif du district, mais a permis de percevoir les ressentiments des habitants, qui sont en effet divergents. Entre autre, il nous a permis aussi d’obtenir un minimum d’information qui nous a aidés à la formulation des résultats de la recherche.

Ainsi le résultat de recherche est perçu à des niveaux spatiaux différents. La première partie évoque l’influence de la capitale à l’échelle du district et la deuxième partie à l’échelle de la commune.

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Première partie

LES MULTIPLES FORMES D’INFLUENCE D’ANTANANARIVO SUR LE DISTRICT DE MANJAKANDRIANA

L’influence de l’agglomération d’Antananarivo sur Manjakandriana est bien présente. Le district de Manjakandriana, dominé par des ruraux traditionnels vivant surtout en autosubsistance, se tourne vers la capitale. La vie sociale et économique du district sont fortement dominés et dépendantes d’Antananarivo.

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Chapitre I

LA FORTE DOMINATION D’ANTANANRIVO SUR MANJAKANDRIANA

1. La forte puissance d’appel d’offre d’Antananarivo La qualité d’offre et le nombre de services plus ou moins rares font d’Antananarivo un pôle d’attraction. L’attraction d’Antananarivo est vue sur de nombreux points mais nous allons se référer sur les faits sociaux.

1.1 Antananarivo : choix privilégié pour la continuation des études et par le soin des malades

La puissance d’appel d’Antananarivo se fait par la forte concentration de l’enseignement supérieur tel que les formations supérieures privées, les formations professionnelles et en particulier la présence de l’Université d’Antananarivo (photo n°1).

La capitale d’Antananarivo abrite la première université malgache dénommée « Charles de Gaulle ». Cela a intensifié la concentration des étudiants dans la capitale. L’université d’Antananarivo est donc la plus importante par sa dimension et par sa diversité de branches d’études par rapport aux autres centres universitaires régionaux. Elle comporte sept (7) établissements dont trois à régime facultaire (DEGS, Lettres, Sciences), deux à régime d’école (Agronomie et ENIII) et deux à régime intermédiaire entre école et faculté (Santé et Polytechnique). Parmi les étudiants des six Universités de Madagascar, plus de la moitié sont inscrits à Antananarivo. L’Université d’Antananarivo a façonné l’élite nationale actuelle dont les fonctionnaires nommés aux différents postes clés de l’administration.

D’autant plus, l’émergence des établissements de formation supérieurs privés qui se spécialisent dans des domaines divers embrassant différents spécialisations. Ces établissements privés délivrent des diplômes de techniciens supérieurs à ceux d’ingéniorat. Près d’une vingtaine d’établissements ont reçu l’homologation du Ministère chargé de l’enseignement supérieur.

L’enseignement professionnel est également très développé, il est surtout présent à la capitale d’Antananarivo. Ce type d’établissement est censé a préparer les étudiants à la vie professionnelle pour différents niveaux Les formations vont du commerce international à l’électromécanique en passant par l’informatique, le tourisme, l’hôtellerie, la gestion des entreprises voire philosophie.

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Photo 1: L’Université d’Antananarivo

Source : cliché de l’auteur 2017

Ainsi, les bacheliers de Manjakandriana sont attirés par l’importance de l’Université publique et privées d’Antananarivo. Le district de Manjakandriana ne dispose qu’une seule université privée, qui se base sur la formation de management, sur le développement rural. L’effectif des élèves allant vers Antananarivo est considérable (tableau n°3). D’après l’entretient avec l’adjoint du chef de district, 95% des élèves continuent leurs études vers Antananarivo.

Tableau 4: Effectifs des élèves et résultat du Baccalauréat du District (2017)

Nombre des Nombre de Nombre des admis vers candidats admis Antananarivo/ pourcentage

2099 1308 (62,85%) 1243 (95%)

Source : enquête de l’auteur auprès du CISCO de Manjakandriana

Ce tableau montre l’effectif des admis, d’après nos calculs, les 95% représentent 1243 des effectifs totals des admis. Les élèves qui ne finissent pas leur étude, sont très peu. Mais ce pourcentage reste à vérifier car la majorité de la population du district sont dans une situation de pauvreté.

En contre partie, la création du CNTEMAD dans le district en cette année 2017, une université publique mise en place par le Ministère de l’Enseignement Supérieur et de la

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Recherche Scientifique, ayant la disponibilité de plusieurs branches de formation, pourrait modifier ce pourcentage car elle élimine l’éloignement géographique qui est un obstacle insurmontable à la poursuite des études supérieures. Et actuellement elle compte 50 étudiants.

Sur le plan sanitaire, le district de Manjakandriana ne dispose qu’un nombre faible de services médicaux dont les CSB sont le plus ou moins nombreux (tableau n°4). Le choix vers Antananarivo dépend de la position géographique des communes par rapport à la capitale et la défaillance des services sanitaires en termes de compétence et la sophistication des équipements des services médicaux.

D’une part, pour le cas d’urgence les gens dans les communes proches d’Antananarivo comme , préfèrent aller directement vers Antananarivo. Et d’autre part, l’incompétence et l’insuffisance des équipements sophistiqués, à l’exemple d’une grande opération délicat du cœur, sont aussi à l’origine d’évacuation des malades vers la capitale, le cas des centres hospitaliers du district de Manjakandriana. Il faut noter que la plupart des infrastructures des centres de santé dans les communes rurales sont dans un état de vétusté, nécessitent des réhabilitations voire une reconstruction ; et la couverture sanitaire est très faible car les personnes soignant en charge des malades sont très insuffisantes.

Tableau 5: Nombre des établissements sanitaires du District

Etablissements Etablissements District CHRD2 privés publics Manjakandriana 7 42 2 Source : enquête de l’auteur auprès du CHR2

Les services médicaux présents ne couvrent pas le district entier car il n’y a que deux CHRD2 situés à Manjakandriana et Manakavaly. En occurrence, 90% des habitants préfèrent se soigner vers la capitale. En tout cas, ces services médicaux et les pharmacies se ravitaillent en médicaments vers Antananarivo. En exemple : le CHRD2 de Manjakandriana s’approvisionne au « Salama » (photo n°2).

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Photo 2: Le CHRD2 de Manjakandriana

Source : cliché de l’auteur 2017

1.2 Antananarivo : source d’emploi pour les habitants de Manjakandriana

Face à la puissance d’appel d’offre d’Antananarivo dans le travail de petits métiers, les mouvements vers la capitale du district de Manjakandriana connaissent une intensité notable. Les mouvements en dehors de Manjakandriana constituent les migrations des travailleurs saisonniers ou temporaires qui sont : les ouvriers-maçons, les charpentiers et les menuisiers, dont leur nombre nous échappe, travaillent à la demande et non de manière permanente. Les travaux de construction s’effectuent sur des contrats ; les couturières font de la confection comme les pantalons, les costards et les livrent chaque semaine à Antananarivo chez leur patron. D’une part et d’autre, la plupart des étudiants qui ont finis leurs études, obtiennent une poste importante à Antananarivo dans les secteurs privés ou les administrations. Remarquons qu’en sens inverse, les déplacements vers Manjakandriana sont aussi fréquents. Cela pour des raisons professionnelles : affectation des fonctionnaires originaire d’Antananarivo, qui d’après notre enquête auprès du service de la population, 80% viennent d’Antananarivo. Il y a aussi la formation établie par le CRINFP de Manjakandriana qui reçoit des gens venant d’Anjozorobe, Andramasina, et de Tana-ville suite à l’admission au concours à chaque CISCO. La mission principale est la mise en œuvre de la formation initiale des enseignants primaires et secondaires.

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2. Diffusion de nouvelles infrastructures économiques et d’innovation agricole

L’espace environnant rural du district est en train de se modifier. Ces modifications sont introduites par l’intermédiaire de la ville d’Antananarivo, et se manifestent sur des nombreux points.

2.1 Implantation des micro-finances et des téléopérateurs téléphoniques

La pénétration des organismes de crédits dans le district est une source de modernisation. En effet, le crédit est un outil indispensable aux producteurs pour qu’ils puissent faire face aux multiples obligations de la vie socio-économique rurale, au système d’épargne et répond aux besoins de trésorerie des groupements de producteurs. Les institutions financières dans le district sont peu nombreuses et leur taux de pénétration au niveau de la population rurale est encore assez faible. Les institutions existantes sont l’OTIV (Manjakandriana, , , Ambatomena) et le CECAM (Manjakandriana, Sadabe, Ambatomanga). Mais actuellement, il y a le développement d’une institution nouvelle comme le Microcrédit et les Assurances. Ceux-ci sont localisés dans la commune urbaine de Manjakandriana. Concernant la communication et la technologie, presque la majorité des habitants du district ne semble plus ignore la manipulation du téléphone et à l’emploi de l’internet. Les réseaux téléphoniques existant à Madagascar tels que Telma, Orange et Airtel peuvent être captés dans le district. En outre, la présence des boutiques de différents opérateurs téléphoniques est aussi à l’origine de cette évolution (photo n°3). On constante aussi le développement des taxiphones, qui permet l’achat de crédit par des transferts à des montants miniums. Le nombre est encore très faible.

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Photo 3: Boutique Airtel de Manjakandriana

Source : cliché de l’auteur 2017

2.2 Introduction de nouvelles techniques dans l’agriculture

L’influence de la capitale ne se limite pas simplement sur le plan social. Elle se traduit aussi par les programmes de développement des ruraux et d’appuis imposés par l’Etat ou le Ministère et les ONG. Ces programmes touchent en particulier le secteur agricole et l’élevage. L’objectif est en effet d’améliorer les niveaux de vie des paysans en optant à des techniques adéquates. En outre, les techniques rudimentaires des paysans sont modifiées.

Pour la filière apicole, le programme SAHA donne des informations sur la technique de ruche moderne tandis que l’ONG HARDI lance la technique de capture des reines avec les ruches modernes. D’après notre enquête, le nombre de producteurs qui ont opté pour les ruches peuplées à cadre est de 1939 et les ruches peuplées améliorées est de 152. Ces techniques sont plus rentables sur le plan économique et en termes de rendement.

A part les programmes d’appui, il y a aussi les sociétés privées comme AGRIFARM et AVITECH, implantées au sein du district. Elles fournissent de souches très performantes tant en production de viande que d’œufs. En conséquence, pendant ces cinq dernières années, la filière avicole s’est développée considérablement.

Sur le plan agricole, le CDAM de Manjakandriana, qui est une organisation de producteurs agricoles propose à ses membres des activités classiques, de formations techniques et organisationnelles et les appuies dans la création de coopératives agricoles. Elle est aussi à

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l’origine du fonctionnement d’un point de vente commun dans la commune d’Ambatoloana. Les produits des différents agriculteurs membres y sont stockés et vendus en commun (légumes secs, pommes de terre, miels, yaourts et l’artisanat. Ainsi, les membres du CDAM effectuent aussi des voyages notamment dans la commune de Betafo pour faire des échanges aux producteurs locaux et acquérir des techniques. Actuellement, il y a vingt quatre membres.

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Chapitre II

LA DEPENDANCE TOTALE VIS-A-VIS D’ANTANANARIVO

La capitale d’Antananarivo où débouchent les productions manufacturières de l’étranger, fait vivre une part de moins en moins négligeable de la population et ravitaille la quasi-totalité. Mais aussi les zones rurales plus ou moins proches écoulent les denrées alimentaires, une partie des produits locaux. Ainsi, Antananarivo est le centre d’écoulement et de ravitaillement du district.

1. Antananarivo, premier fournisseur de marchandise du district

1.1 Ravitaillement des marchés hebdomadaires

Le district de Manjakandriana comporte trois (3) marchés hebdomadaires qui sont : le marché d’Ambatomanga, de Manjakandriana et de Morokay. Deux de ces marchés sont dans le choix d’échantillonnage des quatre communes choisies.

Ces lieux de transactions directes et indirectes entre les producteurs et collecteurs, sont des centres de regorgement de divers produits en provenance de plusieurs localités dont les qualités sont extrêmement variables. Une part considérable des produits ou de la totalité importée par les vendeurs provient d’Antananarivo (photo n°4). On a constaté que les produits vendus sur ces deux marchés (Manjakandriana, Morokay) sont a peu prés le même et proviennent du même endroit : les friperies et les confections (habillements, sacs, chaussures) proviennent d’Andravohangy et de pochard ; les accessoires diverses (produits ménagères, scolaires, pièces détachées) proviennent de Tsaralalana et Behoririka. En fait, il y a une interrelation entre ces deux marchés car la plupart des produits mentionnés ci-dessus vendues sur le marché de Morokay viennent du marché de Manjakandriana. Les marchands de Manjakandriana ou d’autre localité (Ambatomanga, , Ambohitradriamanitra) viennent vendre les produits importés pendant le jour de marché de Morokay.

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Photo 4: Les marchandises vendues sur les marchés hebdomadaires

• Marché hebdomadaire de Morokay

• • Marché hebdomadaire de Manjakandriana

Source : cliché de l’auteur 2017

1.2 Approvisionnement des commerçants locaux vers Antananarivo

Le commerce tient une place importante dans l’économie du district. Le nombre exact des commerçants dans le district est difficile à saisir mais l’échantillonnage des 4 communes,

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estimées à peu près représentatives du district, nous ont permis de donner ce tableau suivant (tableau n°5).

Tableau 6: Nombre de commerçants des quatre (4) communes échantillonnées

Commune Commune Commune Commune Commune Urbaine de Rurale de Rurale Rurale de Manjakandriana Miadanandriana d’Ambohibary Sambaina

Effectifs des 1226 101 76 91 commerçants

Source : enquête de l’auteur

Les commerçants représentés ici sont les épiceries, les détaillants et les commerçants de gros (photo n°5). Le taux d’échantillonnage est très faible, on a enquêtés au total dix sept (17) commerçants. Mais les réponses apportées par chaque commerçants nous a permis de constater que la plupart s’approvisionne vers Antananarivo en fonction de leur moyen : 100% en produits manufacturés, 15 à 20% en PPN (Croquis n°3).

Pour le cas des commerçants enquêtés dans les communes échantillonnées, ce sont les commerçants implantés aux alentours du chef lieu de la commune, beaucoup plus aisé par rapport aux autres, qui s’approvisionnent directement vers Antananarivo ; ou des véhicules se rendent sur place comme le cas des grossistes et des détaillants du fokontany de Manjakandriana et de Sambaina, des épiceries du fokontany d’Ambohitsoabe et d’Ambohibary.

En occurrence, les autres commerçants moins aisés, implantés loin du chef lieu, se ravitaillent vers Manjakandriana où convergent tous les produits ; ou vers les marchés hebdomadaires du district à chaque jour de marché. Le ravitaillement en marchandise vers Antananarivo est occasionnel et les commerçants qui font de faveur aux chauffeurs de taxi-brousses pour faire quelques achats, sont très rares.

L’approvisionnement des commerçants se fait une fois par semaine, en fonction de la vente des marchandises. Grâce aux réseaux routiers, le district reste accessible. Plusieurs lignes de transports relient le district, l’une en partant de Mahazo desservant la partie méridionale et l’autre d’Andravohangy desservant la partie septentrionale (Photo n°6).

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Photo 5: Vendeurs en gros et détaillants de Manjakandriana

Source : cliché de l’auteur 2017

Photo 6: Les taxi-brousses reliant Manjakandriana

Source : cliché de l’auteur 2017

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Croquis 3: Flux de marchandise entre Antananarivo et les communes de Manjakandriana

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2. Antananarivo, principal marché d’écoulement des produits locaux

Antananarivo est un carrefour vers le quelle converge des produits venant des autres localités. Ainsi, la forte concentration de la population dans la capitale engendre un fort accroissement de la demande. Antananarivo est donc un marché d’écoulement des produits locaux notamment en charbon de bois, le lait, et le miel qui font la convoitise du district.

2.1 Le charbon de bois

A Madagascar, la consommation d’énergie est largement dominée par le bois en raison de sa disponibilité et de son coût abordable pour la population. Le bois énergie constitue le combustible de la cuisson privilégié pour 90% des ménages malgaches. Dans la région d’Analamanga, la consommation est de 100 kg/personne/an. A Antananarivo, la consommation en bois énergie ne cesse d’augmenter. Pour l’année 1988 les besoins de l’agglomération tananarivienne chiffraient à 126 000t, en 2011, elles frôlaient les 170 000t. Ainsi, le rythme de la croissance urbaine actuelle et le contexte de pauvreté persistant, font du charbon de bois, la source d’énergie privilégiée des ménages, compatible avec leur faible pouvoir d’achat. L’approvisionnement d’Antananarivo en charbon de bois se fait majoritairement par des plantations forestières paysannes, constituées en majorité d’eucalyptus, en particulier l’espèce « Eucalyptus robusta ».

Les plantations d’Eucalyptus robusta ont été imposées par l’administration coloniale avec des objectifs précis. Elles répondaient à une double préoccupation de la puissance coloniale : reboiser les collines dénudées et fournir une matière première ligneuse. L’administration coloniale mit en place des pépinières d’eucalyptus dès 1897, qui est le principal arbre que le service des forêts, crée par le général Galliéni. Ainsi, 51% de la superficie du district de Manjakandriana sont recouverte de végétation dont la majeure partie est vouée à l’exploitation de charbon de bois. Parmi les quatre (4) bassins d’approvisionnement d’Antananarivo, qui sont dans la partie d’Anjozorobe, d’, de Manjakandriana et d’Andramasina.

Le district de Manjakandriana est la plus grosse zone productrice de charbon de bois. Elle est le principal fournisseur de bois d’énergie de la capitale. Par ses plantations paysannes d’eucalyptus, elle fournit plus de 50% du charbon de bois et du bois de chauffe consommé à Antananarivo (plus de 1,5 millions de mètres cubes de bois exploités). L’acheminement des produits de Manjakandriana vers la capitale est facilité par un réseau routier et de pistes bien

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structuré. Ensuite viennent Andramasina et Ankazobe avec chacun 50 000 tonnes de charbon expédiés vers la capitale (Croquis n°4).

L’enquête auprès du cantonnement de Manjakandriana, nous a permis d’identifier la production en charbon de bois des quatre communes échantillonnées (tableau n°6).

Tableau 7: Production en charbon de bois des quatre (4) communes en juin 2016 (en sacs et en tonnes)

Commune Commune Commune Commune Communes Urbaine de Rurale de Rurale Rurale de Manjakandriana Miadanandriana d’Ambohibary Sambaina Production en charbon de 6510 (162,75t) 14050 (351,25t) 8880 (222t) - bois (sacs- tonnes) Source : Rapport Mensuel juin 2016 au CEEF

Pour la commune de Manjakandriana et d’Ambohibary, on n’a pas pu obtenir plus d’information mais pour Miadanandriana, l’entretien avec l’adjoint au maire nous a donné beaucoup plus d’informations. La commune est dominée par le reboisement de l’eucalyptus, qui couvre plus de 46% de la superficie de la commune. Chaque semaine, il y a environ 10 camions transportant 100 à 150 sacs de charbon de bois qui partent vers Antananarivo. Le trafic est assez dense pendant toute l’année et le nombre de voyages devient de plus en plus important dès que l’on s’approche de la saison des pluies.

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Croquis 4: Les flux d’approvisionnement d’Antananarivo en charbon de bois

50 000 t

15 000 t

140 000 t 50 000 t

140 000 t

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2.2 La filière laitière

Pour les paysans, l’élevage bovin est la première activité qui complète l’agriculture. D’après le recensement du poste d’élevage, le district compte 26257 têtes de bovin appartenant à 12910 éleveurs, ce qui représente deux (2) bêtes par éleveurs. La production bovine dans le district de Manjakandriana est surtout destinée à l’élevage laitier dont il est concentré au centre notamment à Manjakandriana, Alarobia, Ambatomanga, Sambaina, Carion. Les éleveurs pratiquent l’élevage extensif. En effet, le district fait partie du triangle laitier mais la capacité de production des éleveurs reste faible.

Tableau 8: Production laitière de la Région du Vakinankaratra (Unité : Millions de litres)

Année 2000 2001 2002 2003

Production 24 25,5 20,5 27 laitière Source : IPROVA, Juillet 2003

Ces chiffres montrent que la production de la région du Vakinankaratra reste plus performante par rapport à la région d’Analamanga (13.587.635 millions de litres), cela est due à des diverses raisons notamment la pratique de l’élevage à faible capacité (mauvaise conduite technique et mauvaise alimentation). La production laitière du district est estimée à 3.404.502 millions de litres dont 2.845.737 millions de litres sont vendus (Croquis n°5).

Sur le plan de la commercialisation, la production laitière est essentiellement destinée au marché de la capitale et dans une moindre mesure aux communes environnantes. Les trayeurs/des collecteurs circulant à bicyclette ou à moto vont de porte à porte d’éleveurs pour ramasser chaque jour du lait ensuite le vend notamment à l’industrie TIKO4 de Sambaina, par la suite fermée à cause de la crise politique 2009, et en détail vers Antananarivo dans le quartier d’Ambohidahy, d’Anjanahary etc. Le litre est estimé à 1600 Ar.

4 TIKO : une entreprise agroalimentaire 28

Croquis 5: La production laitière de la Région d’Analamanga

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2.3 La filière apicole

La présence des forêts naturelles et des plantations d’Eucalyptus sont donc des facteurs importants à l’exploitation de bois. La disponibilité en Eucalyptus et la proximité de la forêt naturelle du versant oriental constituent les deux facteurs précurseurs de l’apiculture dans le district. L’activité est partout présent dans le district mais à des concentrations différentes en fonction des localités et de la disponibilité des ressources. Au niveau de la région d’Analamanga, le district concentre plus de la moitié des apiculteurs (voir tableau n°8 et figure n°1).

Tableau 9: Effectifs des apiculteurs de la région d’Analamanga

Nombre District d’apiculteurs Antananarivo atsimondrano 37 Antananarivo avaradrano 49 Ambohitratrimo 4 Manjakandriana 407 Andramasina 150 Ankazobe 67 Anjozorobe 34 Antananarivo 6 Total 754 Source : Rapport de recensement des apiculteurs de la région d’Analamanga 2010.

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Figure 1: Répartition des producteurs de miel par district

6 Districts

4,5 0,8 4,9 Manjakandriana 6 Andramasina 8,9 Ankazobe Tana 103 54,4 Tana 102 Anjozorobe 20 Tana 101 Ambohidratrimo

Source : Rapport de recensement des apiculteurs de la région d’Analamanga 2010.

Ainsi, la production apicole est concentrée dans deux districts : Manjakandriana et Andramasina qui représentent 74,4% de l’ensemble des producteurs de la région d’Analamanga.

La production de la région d’Analamanga en miel liquide est de 25.772 litres dont la moyenne de production est 51 litres par exploitation et en miel en brèche est de 53.526 kg dont la moyenne de production est de 101 kg par exploitation.

Pour le district, la production en miel liquide est de 14.822 litres/an, 13.286 litres (90%) sont vendus. Et en miel en brèche 33.417 kg dont la totalité est vendu. En bref, le district de Manjakandriana tient la première place (Croquis n°6 et croquis n°7).

Le circuit de commercialisation se fait de l’amont à l’aval. La vente est assurée des multiples acteurs : tout d’abord par les apiculteurs au marché local puis collecté par les collecteurs dont il y a deux sortes :

• le petit collecteur apiculteur qui exerce l’activité de collecte tout au long de l’année. Le miel qu’il collecte provient de l’élevage mais également de la cueillette. Il s’approvisionne au niveau des marchés des communes : , Morokay, Vatosola auprès des apiculteurs. Pour le miel d’élevage, il achète les brèches qu’il va

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traiter par la suite de façon traditionnelle tandis qu’avec le miel de cueillette, il prend directement du miel liquide. A chaque marché, il arrive à colleter 40 à 50kg de brèche. • le petit collecteur marchand de PPN qui est un commerçant de profession dont le miel n’est qu’un produit parmi tant d’autre faisant l’objet d’un négoce. D’habitude, il s’approvisionne en PPN à Antananarivo et les vend à chaque jour de marchés des communes du district de Manjakandriana. Le miel n’est qu’une activité saisonnière car ce petit collecteur exploite seulement le miel d’élevage. Il collecte alors le miel des apiculteurs qui emmènent leurs récoltes aux marchés hebdomadaires : Merikanjaka, Morokay, Vatosola. Et il achète du miel en brèche qu’il traite artisanalement.

Et par l’intermédiaire, les collecteurs approvisionnent les détaillants de marché. Par ailleurs, grâce au taxi-brousse, certains collecteurs écoulent directement la production vers Antananarivo au marché municipal de Mahamasina ou auprès des ménages en faisant porte à porte à des clients accoutumés (voir figure n°2).

Figure 2: Circuit de commercialisation dans le district de Manjakandriana

Apiculteurs

Petits collecteurs

Détaillants

CONSOMMATEURS

Marché d’Antananarivo

Source : enquête de l’auteur

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Croquis 6: La production de miel en liquide de la Région d’Analamanga

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Croquis 7: La production de miel en brèche de la Région d’Analamanga

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Deuxième partie

L’INEGALITE DE L’INFLUENCE DE LA CAPITALE SELON LES COMMUNES

L’influence de la capitale est perçue différemment selon chaque commune. Le degré d’intensité de l’influence varie en fonction des positions et des situations géographiques des communes. L’influence d’Antananarivo n’est pas vraiment décisive aux développements du district mais des impacts palpables y sont apportés. Chacun y prennent part bénéficiaire et d’autre ont ses propres opinions et ressentiments de l’influence de la capitale.

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Chapitre III

IMPACTS ET PERCEPTIONS DIFFERENTS DE L’INFLUENCE D’ANTANANARIVO

1. Des impacts dissemblables d’une commune à l’autre

Sur les quatre communes échantillonnées, l’influence de la capitale est inégale. Effectivement l’inégalité de cette influence est le résultat de plusieurs facteurs. Les facteurs le plus plausible sont l’accessibilité en voie de communication et l’organisation des transports. L’influence de la capitale est donc notable pour les communes les mieux reliées.

1.1 Réseaux routiers et les transports

Chaque commune est plus ou moins accessible. Les réseaux routiers existants sont la RN2 et RIP. Les communes traversées par la RN2 sont le plus favorables par rapport aux autres communes car l’accès relie Antananarivo et Toamasina. Plus précisément la présence du port de Toamasina, le premier port de Madagascar où débouche toutes les marchandises internationales rend cette route le plus aminé et le plus empruntée de toutes les routes nationales. La commune urbaine de Manjakandriana et la commune rurale de Sambaina sont en effet sur le passage de la RN2 et l’accès vers Antananarivo reste moins difficile, la route est en bonne état. Par rapport à la route nationale, plusieurs RIP ne sont pas goudronnées et l’accessibilité des autres communes vers la capitale reste très difficile notamment en saison de pluies, le cas de la commune rurale d’Ambohibary à 4 km de la RN2 et en particulier la commune rurale de Miadanandriana à peu près 47 km d’Antananarivo, la route goudronné s’arrête à la commune rurale d’Ambatomanga et la suite est entièrement en route secondaire.

Au niveau de transport, les quatre (4) communes sont aussi dans une situation d’inégalité. Les effectifs des taxi-brousses5 reliant chaque commune vers Antananarivo sont différents (voir tableau n°9).

Tableau 10: Nombre de taxi-brousses desservant chaque commune

Communes Manjakandriana Ambohibary Miadanandriana

Nombres de véhicules 60 taxi-brousses 6 taxi-brousses 3 taxi-brousses Source : enquête de l’auteur

5 Taxi-brousses : moyen de transport desservant les régions. 36

Le nombre élevé de taxi-brousses reliant la commune de Manjakandriana, s’explique par la forte intensité de déplacements quotidiens de personnes, le plus remarquable c’est le ravitaillement de marchandises chaque semaine car en principe la commune desserve toutes les communes aux alentours (voir photo n°7). En conséquent, cette forte intensité de déplacement favorise aux jeunes d’Antananarivo à faire le métier de transporteurs à Manjakandriana.

Photo 7: Taxi-brousse transportant des marchandises

Source : cliché de l’auteur 2017

Par rapport à la commune de Manjakandriana, les deux communes ne connaissent qu’une intensité faible de déplacements. Cela s’explique par le nombre de tours faite par les transporteurs, un tour seulement (aller- retour) pour Miadanandriana, malgré le remplissage de deux heures aux stations, alors que les taxi-brousses de Manjakandriana peuvent faire deux à trois tours au plus par jour. Ainsi, le déplacement vers ses deux communes n’est pas fréquent à l’exception des jours de fêtes.

1.2 Inégalité de manifestation de l’influence

La manifestation de l’influence de la capitale sur chaque commune est différente ; ainsi que l’intensité, qui varie en fonction de l’accessibilité des communes.

Pour la commune de Manjakandriana, l’influence est très forte parce qu’elle est une petite ville où concentre toutes les services administratifs (service de l’agriculture, de l’élevage, des

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eaux et forêts, des domaines, le centre fiscal, de la population et de l’information et de la communication), les relations administratifs vers Antananarivo est très courant comme la convention pour la fourniture agricole auprès du Fonds de Développement Agricole au bâtiment de la Direction du Génie Rural de Nanisana. En outre, des infrastructures d’envergures y sont aussi présentes notamment le marché hebdomadaire d’Ampiadianombalahy, beaucoup plus attractive par rapport aux autres marchés du district car les marchands d’Antananarivo viennent pendant les jours du marché en apportant leurs produits et les vendent sur place. En rapport avec cela, les habitants aux voisinages de la commune sont attirés à faire des achats. Au niveau culturel, il y a la pénétration des nouveaux loisirs comme les salles de vidéo, les salles de jeu sont très fréquentes.

Par ailleurs, la forte influence de la capitale sur la commune de Manjakandriana est aussi perçue à travers la modification de l’espace notamment la construction de maison en brique et en moellons avec des toits en tôles qui se développe de plus en plus sur les périphéries du chef lieu, l’implantation de nouvelles constructions comme les boutiques et les banques.

Pour les autres communes, l’influence est faible notamment pour la commune de Miadanandriana. Du point de vue économique et sociale, la relation des habitants vers Antananarivo se limite au travail en ville pour les menuisiers et les charpentiers, leur séjour dure 4 ou 5 mois dont il gagne 40000 Ariary par jour selon l’employeur, et l’écoulement des produits agricoles des paysans lors de leur saison (pêche, bibas). Pour la commune elle-même, la relation vers la capitale repose sur les projets sociaux imposés par le Ministère comme le Pro-Tana pour l’agriculture ; le FORMA PROD pour l’élevage ; le PAPRIZ qui donne des formations, des encadrements et des semences pour avoir plus de rendement aux agriculteurs. En 2017, 40 ménages ont reçus la formation établie par le PAPRIZ.

Dans la même situation, la commune d’Ambohibary n’est pas aussi mieux reliée à la capitale. Leur relation est à peu prés la même que la commune de Miadanandriana. Selon l’enquête auprès des responsables administratifs, au niveau social, l’influence se focalise sur les prospectus donnés par les services médicaux d’Antananarivo au CSB2 pour les habitants comme la proprété et l’hygiène, et la fourniture en médicament comme le vaccin. Et aussi les actions des ONG à travers divers projets comme le projet Arina qui contribue à la formation des charbonniers à des nouvelles techniques de meule amélioré, le FORMA PROD qui apporte des techniques modernes sur l’élevage et l’agriculture et le PROSPERE une banque micro finance qui forme et finance les projets de culture de contre saison. En occurrence, ces

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actions touchent plus particulièrement les paysans vivant de l’agriculture. Le but c’est d’améliorer le niveau de vie des ménages en améliorant le taux de production ou la capacité de production pour la commercialisation. Cela permettra l’augmentation de revenu. Au niveau culturel, c’est l’évolution intellectuelle des jeunes à l’emploi de l’internet notamment à l’utilisation du Facebook6. Par ailleurs, l’implantation de nouvelles églises sont aussi constaté. Dans le temps, la commune d’Ambohibary n’a eu que deux églises : FJKM et FMTA mais actuellement il y en a neuf (9) récentes : FPVM, EKAR, JESOSY MAMONJY, PENTEKOTISTE, CEIM, ARA-PILAZANTSARA, RHEMA, APOKALYPSY, VAHAO NY OLOKO.

Pour la commune de Sambaina, l’enquête auprès du Maire nous a démontré que l’influence est basée sous un angle politique. Tous actes sont dictés par les entités politiques d’Antananarivo à l’exemple de l’incendie du TIKO, les pompiers d’Antananarivo sont venus exceptionnellement pour maîtriser et éteindre l’incendie. Ainsi, la relation de la commune vers Antananarivo se fait particulièrement à travers l’entreprise TIKO avant sa fermeture. Les produits laitiers fabriqués comme le yaourt, le fromage, sont écoulé directement vers la capitale.

Ainsi, le paysage ou l’espace de ces trois communes est encore dominé par les caractéristiques rurales. Mais quelques évolutions y sont constatées comme l’existence des multiservices dans la commune de Sambaina et Miadanandriana.

6 Facebook : est un réseau social en ligne 39

Photo 8: Multiservice de Miadanandriana

Source : cliché de l’auteur 2017

2. Perceptions divergentes de l’influence de la capitale

Chacun à ses propres perceptions de l’influence de la capitale. Les enquêtes auprès des responsables administratifs et des habitants ont démontré que chaque commune à ses degrés d’influence et qu’elles sont ressenti différemment. En occurrence, la présence d’Antananarivo n’apporte pas vraiment un véritable développement. D’ailleurs, la notion de développement est difficile à cerner. Trois critères permettent de mesurer qu’il a un véritable développement, qui sont : l’augmentation de revenu PIB par habitant, le niveau de vie et le bien être ressenti par la population.

2.1 Antananarivo : un facteur favorable et facteur de blocage aux développements

D’une part, la capitale est un facteur favorable parce qu’elle constitue le principal marché de l’écoulement des produits agricoles des paysans. En général, l’activité agricole tient encore une place importante. Les ménages des exploitants agricoles représentent 80% dans chaque commune échantillonnée et la majorité des ménages ne dispose que des petits exploitants agricoles.

Le mode cultural pratiqué, au niveau des 80% des ménages agricoles, reste majoritairement la polyculture. La culture le plus pratiqué est le riz ; de quelques produits de substitution

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notamment le manioc, la patate douce et enfin, de quelques autres produits comme le haricot, la pomme de terre ; en particulier les plantations fruitières (tableau n°10).

Tableau 11: Rendement par type de produit agricole dans la commune de Miadanandriana et d’Ambohibary

Commune de Commune d’Ambohibary Miadanandriana

Rendement Production Surface (ha) Surface (ha) Rendement t/ha t/ha

Riz 320 1,2t 665 1,885t

Manioc 170 2,25t 150 190,800t

Patate douce 75 750kg 75 150t

Pommes de terre 22 18t 30 90t

Haricot 50 0,8t 87 43,500t

Pêche 8000 fototra 45kg/pieds - 10t

Bibassier 1500 fototra 80kg/pieds - 3t

Source : enquête de l’auteur

L’utilisation de la production agricole dépend du type de produit cultivé. Pour les produits alimentaires de base comme le riz, le manioc et la patate douce, la principale utilisation reste l’autoconsommation 55% de la production. Les ventes n’en constituent que 25%. Par ailleurs, les autres produits comme la pomme de terre, le haricot et les produits fruitiers (la pêche, le bibas) sont voué à la vente plus précisément vers Antananarivo. En occurrence, la majorité des produits est vendue essentiellement vers la capitale car la vente local n’est pas très profitable dans le sens que tous les paysans disposent les mêmes produits.

En plus, les hôtelleries et les gargotes aux bordures de l’axe RN2 ont aussi des avantages car on a précisé auparavant que l’axe desserve le district et les autres régions. Quelques taxi- brousses font des escales auprès de ses hôtelleries et gargotes où les nourritures sont à des prix abordables.

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Et d’autre part, la capitale est aussi un facteur de blocage notamment sur le développement du commerce dans le district, car le prix de marchandise à Antananarivo est beaucoup moins cher par rapport au prix de marchandise des commerçants locaux du district. En effet, il y a une disparité ou décalage de prix entre le district et la capitale. Cette disparité de prix se base en fonction de la distance de la capitale, ainsi le prix de marchandise est élevé car les commerçants perçoivent des frais de déplacement et des marges bénéficiaires aux marchandises vendues afin de compenser les dépenses. Etant donné que le district est assez proche de la capitale, la plupart des habitants préfèrent aller vers Antananarivo pour faire leurs achats. En conséquence, l’implantation de vente au sein du district connait des difficultés.

2.2 Les problèmes existantes

Pour les habitants, l’existence d’Antananarivo n’apporte pas beaucoup d’avantage ni même de développement. Les raisons de leur séjour vers Antananarivo, à part la recherche de travail, sont : soit pour se soigner à cause de l’incapacité des services médicaux notamment les CSB2 dans certaine domaine comme l’auscultation des yeux, soit pour faire des visites familiales. Le déplacement se fait très rarement une fois par mois ou même une fois par an. Certaines personnes enquêtées ont même précisé que le déplacement vers Antananarivo n’est qu’une dépense et sans intérêt.

Par rapport à cela, la majorité des habitants vit encore dans une situation de pauvreté. Les niveaux de vie des habitants restent très faibles, le revenu des ménages par jour est inferieur à 1 dollar environ 2 500 Ariary pour les femmes et 3000 Ariary pour les hommes. A l’exemple dans la commune de Miadanandriana, elle ne dispose qu’un lycée qui est le lycée catholique romain. Nombreux sont les parents qui n’arrivent pas à subvenir au payement de leur écolage, qui pour les collégiens 7000 Ariary et les lycéens 10000 Ariary. En conséquent, 61 élèves étudient gratuitement. En outre, plusieurs bacheliers ne vont pas continuer leurs études vers la ville d’Antananarivo, mais travaillent comme porteur d’eau pour aider leur parent.

En occurrence, le besoin de base et le bien être de la population n’est pas encore satisfait. L’une d’elle est l’accès à l’eau potable, ainsi que la sécurité qui pose encore de problème dans les communes.

Pour le cas de Miadanandriana, trois fokontany (Ambohijanahary, Ambohitsinanana, Ambohitsoabe) sur 14 bénéficient d’adduction d’eau potable. Cette opération a été réalisée en

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coopération avec la FIKRIFAMA. Mais actuellement, l’infrastructure s’est dégradée et conduit à la fermeture des bornes fontaines dont elle n’a laissé le choix à la population que revenir vers les sources traditionnelles. Concernant le sentiment de sécurité, la population reste sous la menace des dahalo. Les attaques sont très fréquentes. La commune ne dispose pas encore de poste avancée de la gendarmerie.

Pour la commune d’Ambohibary, les dix fokontany n’ont pas beaucoup des bornes fontaines, par cela nombreux utilisent l’eau de puits qui en effet n’est pas très propre.

Pour la sécurité, il n’y pas aussi de poste avancé en cas de délit ou de crime, le système d’alerte se fait par le sifflet dans chaque foyer.

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Chapitre IV

DES IMPACTS POSITIFS POUR LES ACTEURS ECONOMIQUES ET POUR LA COMMUNE

En réalité, l’influence ne contribue pas au développement commun de l’ensemble de la commune mais chacun à ses propres intérêts personnels. Effectivement, l’influence de la capitale est un facteur positif pour la plupart notamment les acteurs économiques et la commune car elles étirent des profits ou des avantages considérables.

1. Avantages des acteurs économiques

1.1 Les commerçants et les transporteurs

Les commerçants locaux sont les premières bénéficiaires de la relation avec Antananarivo. Antananarivo est le centre de distribution et de diffusion de la plupart des produits commercialisés, les prix s’avèrent moins élevés et plus stables. Les commerçants locaux y prennent des avantages et en tirent de profits énormes car les produits de première nécessité sont importés à moindre coût vers la capitale et vendus à des prix pas trop élevés. Le district n’est pas très loin de la capitale et les routes sont plus ou moins praticable, il semble bien être desservi en général. Quelques commerçants ont été pris :

▪ L’une d’elle est un commerçant d’habillement dans le marché de Manjakandriana, qui obtient à prix de gros 160 balles d’habillements à 330000ar dont les 93 en bonne état sont accrochés sur des mannequins, vendu à 8000ar et le reste est étalé au sol sur une grande natte. En occurrence, elle gagne 2 fois plus de ce qu’elle a investie, qui permet de subvenir au payement de loyer et à la satisfaction de leur besoin. ▪ Un autre enquêté, qui est un vendeur de boissons alcoolisées et en même temps agriculteur. Chaque semaine il gagne à peu près 400 000 Ariary et pendant les jours de festivités comme le mariage, le « Famadihana7 », les réunions familiales ; en 3 jours il gagne 3 000 000 Ariary notamment pour le « Famadihana ».

Ce lien étroit vers Antananarivo présente aussi des impacts favorables pour les coopératives et les taxi-brousses. Les déplacements journaliers et l’existence des marchés hebdomadaires

7 Famadihana ou retournement des morts : est une coutume funéraire chez certaines ethnies de Madagascar notamment les Merina 44

induisent des trafics intenses, bénéfiques pour les quatre coopératives 8. Une coopérative possède en moyenne 20 taxi-brousses. Les frais de transports sont différents selon chaque commune (voir tableau n°11).

Tableau 12: Les frais de transports d’Antananarivo vers Manjakandriana

Commune Urbaine de Commune Rurale Commune Rurale Frais de transport Manjakandriana/ d’Ambohibary de Miadanandriana Commune Rurale de Sambaina

Frais journalier 2500 Ariary 3000 Ariary 5000 Ariary

Pendant les 3000 Ariary 3500 Ariary 5500 Ariary festivités

Source : enquête de l’auteur

Pour le cas des lignes desservant Manjakandriana, l’enquête auprès du guichetier nous a permis de constater que lors d’un voyage (aller-retour) les taxi-brousses en tirent 20000 Ariary si les 32 places sont bondées car ils obtiennent à peu prés 160000 Ariary. Et le reste, 140000 Ariary est contribué au versement et au carburant. Pour les périodes journalières, le lundi où se tient le jour de marché et le samedi où tous les voyageurs descendent pour les week-ends, sont le plus favorable. En bref, les taxi-brousses obtiennent des profits colossaux surtout pour les périodes de festivités car le frais à une hausse de 500 Ariary ; plusieurs travailleurs, gens originaires du district habitant à Antananarivo, viennent auprès de leurs parents et de leurs familles en ces périodes.

1.2 Les autres acteurs économiques

La plupart des paysans sont pluriactivités, ils ne vivent pas seulement de l’agriculture ni de l’élevage de bovin ou porcin, mais elles font aussi du charbon de bois, la commercialisation de certaines produits locaux comme le lait et les produits fruitiers sont les plus en vogue. Tous ces produits sont écoulés vers la capitale. Ces autres activités constituent une ressource de rentrées monétaires, en complémentarité de l’agriculture et de l’élevage mais en particulier

8 KOPIVA, FITAMI, FIFIVA, MAMI 45

pour compenser le période de soudure. Par cela, elle favorise l’augmentation de revenu et à l’amélioration de niveau de vie, cela a été constaté lors de notre enquête auprès d’eux. Quelques personnes ont été prises :

▪ L’une des personnes enquêtées est agriculteur et en même temps charpentier. Il écoule des produits fruitiers plus précisément la pêche et le bibas vers la capitale lors de leur saison. Pour le bibas, la saison est du mois de mai jusqu’au mois de septembre. Il écoule vingt cinq (25) paniers par semaine, le panier est estimé à 15000 Ariary et le kilo 3000 Ariary. Lors d’un voyage par semaine, s’il vend tous les paniers il obtient la valeur de 375000 Ariary. Pour la pêche, la saison est du mois de novembre jusqu’au mois de décembre. Il fait deux voyages chaque semaine dont il écoule quatre vingt dix (90) caisse à chaque voyage. La caisse est à 20000 Ariary et s’il vend tous les 90 caisses, il obtient la valeur 1800000 Ariary pour un voyage seulement. En occurrence, ces ventes lui permettent de s’investir dans une autre activité comme l’approvisionnement d’un hôtel en produit volatile (50 volailles par semaine dont une volaille vaut 4 000 Ariary). Cela lui procure plus d’argent et permet de subvenir à toutes les besoins quotidiens : aux études des enfants, l’argent pour l’achat des semences etc. ▪ Une autre enquêtée, qui est aussi agriculteur et éleveur de bovin et porcin mais en même temps un commerçant laitier c’est-à-dire il collecte de lait et le vend à Antananarivo. Le lait est collecté à chaque porte à 1000 Ariary le litre et il obtient 200 litres par jour, environ 10 bidons de 20 litres. Le litre est vendu à 1600 Ariary. La valeur de ces 200 litres s’il le vend tous est de 320000ar. En outre, ce métier lui a permis de faire vivre ces quatre enfants, de subvenir à ces études notamment l’une qui est étudiant à l’Université d’Antananarivo. A part, ce métier lui a permis d’installer un Canalsat avec abonnement sur sa maison. ▪ Une autre personne enquêtée, qui est un exploitant forestier qui fabrique du charbon de bois et de bois de chauffe. En effet, il y trouve son compte dans ce métier car celle- ci est une source de revenu important pour sa famille, étant donné qu’il ne dispose que de petites parcelles de culture. Cela est dû à l’accaparement de terre par les riches. En fait, il a y deux types d’exploitants : les exploitants propriétaires qui possèdent le bois sur pied légalisé par un titre foncier, en général possèdent leur propre moyen de transport pour acheminer leurs produits vers Antananarivo et les exploitants non propriétaires qui ne possèdent pas de titre foncier et achètent le bois sur pied à un

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propriétaire foncier (individuel ou collectivité locale), l’achat de bois sur pied s’élève à 1 000 000 Ariary pour 1 hectare. L’enquêtée est un exploitant non propriétaire. Ainsi, il achète de bois sur pied à des propriétaires fonciers. Pour 3 hectares, il obtient 2000 sacs de charbon et le sac est vendu à 7000 Ariary directement aux consommateurs ou à des clients particuliers à Antananarivo : aux grossistes ou aux détaillants. Les gains sont partagés, il y a le salaire des tâcherons ou salariés forestiers, qui est de 2000 Ariary par sacs ; et le frais du transport est de 240 000 Ariary, pour un camion de 160 sacs. Les exploitants propriétaires en tirent beaucoup plus de profit par rapport aux exploitants non propriétaires. En tout cas, la quantité du charbon de bois produite de dépend de l’hectare exploité et de la taille des eucalyptus. La période propice pour les exploitants, c’est pendant la saison de pluie car le prix du charbon s’élève.

2. Renforcement de la ressource financière de la commune

La répercussion au niveau de la commune se présente sous forme de renforcement financier à travers les recettes fiscales et plus particulièrement les recettes non fiscales, en effet représentent une part importante du budget (tableau n°12).

Tableau 13:Les recettes fiscales et non fiscales de la Commune Urbaine de Manjakandriana

Recettes non fiscales Année IFT9/IFPB10 IS11 en Ariary

13 883 877 2008 3 763 264 33 816 218 6 367 512

3 969 321 2009 0 33 395 282 2 788 897

10 362 016 2010 28 314 770 37 446 323 4 353 877

9 IFT (Impôt Foncier sur les Terrains) : un impôt annuel établi en raison des faits existant au 1ér Janvier de l’année d’imposition et perçu au profit du budget des Communes d’implantation. 10 IFPB (Impôt Foncier sur les Propriétés Bâtis) : un impôt annuel établi en raison des faits existant au 1ér Janvier de l’année d’imposition et perçu au profit des Communes. 11 IS (Impôt Synthétique) : représentatif et libératoire de l’impôt sur les revenus et des taxes sur les chiffres d’affaires, perçu au profit des Collectivités Territoriales Décentralisées. 47

Source : enquête de l’auteur

Ces recettes fiscales sont composées notamment par les produits des subventions affectées ou non affectées consenties par le budget de l’Etat, le produits des aides extérieures non remboursables et le produit des dons, les revenus de leur patrimoine, les emprunts, les prélèvements non fiscaux etc. Ainsi, ce tableau montre que les recettes non fiscales ne connaissent pas de telle variation par rapport aux recettes fiscales. Par cela, elle contribue fortement à l’augmentation des ressources financières de la commune.

En occurrence, la commune exerce des charges administratives sur les acteurs économiques notamment les commerçants, les transporteurs et les autres catégories d’acteurs économiques. Ils doivent payer des ristournes et des droits en rapport avec leur activité. Ces charges administratives alimentent les recettes non fiscales.

Pour les autres catégories d’acteurs économiques comme les paysans et les charbonniers, les produits de l’agriculture et des forêts, destinés à la vente locale sont soumis à un prélèvement qui profite aux Communes, Régions et Provinces. Les tarifs en sont fixés annuellement par délibération du Conseil Provincial. Les prélèvements sur les produits sont répartis conformément aux taux ci-après : 50% au profit du budget de la Commune, 30% au profit du budget de la Région et 20% au profit du budget de la Province. A l’exemple du charbonnier, des procédures administratives et réglementaires sont à suivre pour l’exploitation et la commercialisation du charbon de bois. A chaque étape, la procédure associe les outils utilisés et les acteurs impliqués (figure n°3). Le non respect de ces obligations est sanctionné et rend le produit illicite. Par cela, les charbonniers exploitants les forêts naturelles et reboisements de l’Etat doivent verser des droits et des ristournes auprès des administrations (tableau n°13 et figure n°3).

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Tableau 14:Le montant à payer pour le permis de coupe selon la superficie exploitée

Superficie exploitée Montant en en Ares Ariary

1 à 10a 60 000

Permis de coupe 10 à 50a 120 000

50 à 100a 180 000

100 à 150a 240 000

150 à 200a 300 000

Source : Budget primitif 2016 de la commune de Manjakandriana

En outre, l’enquête auprès du CEEF de Manjakandriana a montré qu’au mois de Juin 2016, le CEEF a délivré 1758 laissez-passer dont ils sont comme suit pour les quatre communes. Par cela, nous avons estimé les revenus des permis de coupe colletés par la commune. En espace d’un mois, chaque commune collecte en moyenne environ 420 000 Ariary.

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Tableau 15: Nombre de laissez- passer délivrés par le CEEF et des superficies exploités et estimation des revenus en permis de coupe collectées par la Commune

Estimation des Nombre de laisser revenus en Communes Superficies exploités passer délivrées permis de coupe en Ariary

Commune Urbaine 192 13ha44a47ca 420 000 Ariary de Manjakandriana

Commune Rurale de 175 22ha58a 480 000 Ariary Miadanandriana

Commune Rurale 194 13ha50a 420 000 Ariary d’Ambohibary

Commune Rurale de 01 1a56ca 60 000 Ariary Sambaina

Source : Rapport mensuel juin 2016 au CEEF

Mais il a y des problèmes qui font effectivement obstacle au recouvrement total des recettes. Cela s’explique par la présence des exploitations informelles et sauvages qui ont des répercussions défavorables pour les administrations. Par faute de moyens humains et financiers, les administrations peine à assurer sa mission de contrôle et de régulation de la production de charbon de bois.

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Figure 3: Procédure pour la production et la commercialisation légale du charbon de bois (outils, acteurs et coûts associés)

Source : enquête de l’auteur

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Pour les transporteurs et les marchands aux marchés hebdomadaires doivent effectivement payer des droits, celle-ci alimente aussi la caisse de la commune :

➢ Les droits de stationnement à payer par véhicules en guise des mouvements aller- retour et l’augmentation des taxi-brousses reliant Antananarivo et le district sont très favorable pour la commune, en conséquent doivent payer de droit de stationnement qui est de 6000 Ariary par mois. ➢ Le marché constitue une principale source de financement de la commune, à travers l’abonnement des marchands locaux par mois et les tickets de marché selon les produits vendus (tableau n°15). Ces marchés sont attractifs. Pour le marché d’Ampiadianombalahy à Manjakandriana qui a lieu le lundi, des marchands spécialement venu d’Antananarivo vendent leurs produits sur place. En plus, des interrelations sont aussi présentes à travers ces marchés car les marchands aux alentours de la commune viennent pendant les jours de marché. Ces droits de place ou tickets sont recueillis par les responsables de marché qui effectuent des recensements hebdomadaires à chaque jour de marché.

Tableau 16:Les taxes payées par les marchands aux marchés hebdomadaires

Types Taxes à payer par semaine

Pavillon sans étal 1500 Ariary

Pavillon de rive 2500 Ariary

Etal 250 Ariary

Par terre 150 Ariary

Source : Budget primitif 2016 de la commune de Manjakandriana

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CONCLUSION

A ce terme, l’analyse des niveaux spatiaux à différente échelle du district et de la commune, qualifie que l’influence de la capitale est en effet permanente.

Au niveau du district, l’influence se présente sous des multiples formes. La vie sociale et économique du district est plus particulièrement dépendante d’Antananarivo. La dépendance vers la capitale est claire et nette car Antananarivo est à la fois un marché de consommation, pour le ravitaillement des commerçants locaux et les marchés hebdomadaires. Et d’écoulement des produits locaux pour les autres acteurs économiques comme le charbonnier, le collecteur de lait etc. Cela se manifeste par un fort déplacement de flux à travers le va et vient journalière des taxi-brousses. Par ailleurs, la forte domination de la capitale semble ancrer à travers la recherche d’emploi, la continuation d’étude des bacheliers, et en particuliers de pénétration de nouvelles d’infrastructures économiques comme les boutiques, les banques ; et d’innovations agricole à travers le projet des institutions et des organismes extérieurs, y sont constatés. Celles-ci touchent essentiellement la vie sociale des habitants.

Au niveau de la commune, les échantillonnages montrent que l’influence est inégale selon chaque commune. Plusieurs facteurs est à l’origine de cette inégalité, le plus valable c’est la facilité d’accessibilité et le nombre de taxi-brousses desservant chaque commune. L’influence y est intense pour ceux qui sont les mieux reliées comme la commune de Manjakandriana tandis que la commune de Miadanandriana, mal desservie, semble être moins influencé. Par ailleurs, la manifestation de l’influence est très différente ainsi que l’intensité, qui varie selon chaque commune. Chaque responsable administratif interrogé a expliqué les relations existantes de la commune vers Antananarivo. Il a ceux qui ont une relation exclusivement politique, d’autre sur le plan social et culturel. D’autant plus, les perceptions de chaque ménage enquêté sur l’influence de la capitale ne sont aussi très différentes. Chacun à ses propres opinions.

Toutefois, l’influence de la capitale présente effectivement des impacts positifs, qui ne touchent pas tous les habitants du district, mais en faveur des acteurs économiques et de la commune. Ce sont les transporteurs, les commerçants et les autres catégories d’acteurs économiques qui profitent de l’existence d’Antananarivo. Ces acteurs y trouvent ses intérêts notamment les paysans qui font la vente des récoltes vers la capitale. Cela apporte plus d’argent par rapport à la vente locale et permet de compenser le période de soudure.

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Pour la commune, l’impact se présente sous forme de renforcement budgétaire à travers les recettes non fiscales. Le droit de stationnement des véhicules, le droit de place des marchands, et le droit et la ristourne des exploitants forestiers alimentent la caisse de la commune.

De ce fait, l’influence de la capitale peut être aussi mitigée comme la disparité de prix entre le district et Antananarivo, qui affecte l’implantation de vente. En tout cas, il n’y pas vraiment de développement réel et concret car en effet nombreux sont les ressentiments et les besoins de base des habitants non satisfaits par exemple de l’accès à l’eau potable et l’insécurité.

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BIBLIOGRAPHIE

Ouvrages généraux

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Mémoires

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Revues et articles

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12. RAMIARANTSOA (H), Les boisements d’eucalyptus dans l’Est de l’Imerina (Madagascar), p84-103.

Autres documents

13. BERNARD (A-G), RASAMINDISA (A), AUBERT (S), et DANFLOUS (J-P), 2015, Synthèse bibliographique sur la filière charbon de bois dans la région d’Analamanga polarisée par Antananarivo, 31p. 14. RANDRIANJOHARY (A-P), SOLONIONJANIRINA (N), et JAMES SAMUEL (H), 2015, Projet d’amélioration du système d’approvisionnement en lait autour d’Antananarivo, 105p. 15. HUYNH VAN NHAN et ROUHAN (M), 1972, Projet d’exploitation laitière dans la région de Manjakandriana (Imerina centrale) : étude technique, économique et financière, 98p. 16. LAGARDE (K) et RAKOTOVELO (N), 2004, Etude de la filière apiculture en vue du développement de l’exportation, 30p. 17. LAGARDE (K) et RAKOTOVELO (N), 2004, Etude de la filière apiculture en vue du développement de l’exportation : la commercialisation cas du marché d’Antananarivo, 23p. 18. RAMAHATRA (M), 2005, Contribution à l’amélioration de la codification du sport asa tany en vue de son institutionnalisation en tant que sport et loisir, 85p. 19. PLEURDEAU (G), 2009, Diagnostic technico-économique des potentialités de développement des centres de collecte de lait, 51p. 20. RAZAFINDRALAMBO (R), 2013, Evaluation finale du projet village du millénaire à Sambaina Madagascar, 74p. 21. « Dits et écrits : les processus de décentralisation et leurs actualités dans les Sud », 2011, 93p 22. La région d’Antananarivo, Monographie 2003, 139p. 23. Plan régional de développement 2015, 91p. 24. La monographie du district de Manjakandriana 2017. 25. La commune de Manjakandriana, Plan Communal de Développement 2005, 64p. 26. La monographie de la commune rurale d’Ambohibary 2017, 15p. 27. La monographie de la commune rurale de Miadanandriana 2016, 57p. 28. La monographie de la commune rurale de Sambaina 2015. 29. Rapport annuel d’élevage de Manjakandriana 2016.

56

30. Rapport final relatif au recensement des apiculteurs et de l’api cueilleurs dans la région d’Analamanga 2010, 29p. 31. Annuaire 2009-2010 statiques agricoles, 109p. 32. Loi n°2014-020, Relative aux ressources des Collectivités Territoriales Décentralisées, aux modalités d’élection, ainsi qu’à l’organisation, au fonctionnement et aux attributions de leurs organes, 111p.

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ANNEXES

ANNEXE 1 : LES QUESTIONNAIRES

I. Responsables administratifs : a) Chef de district et les services étatiques :

1-La proximité favorise-t-elle les échanges commerciaux et les relations sociales entre Antananarivo et le district de Manjakandriana ?

QUI ou NON

2-Quelles sont les échanges commerciaux et les relations sociales existant entre Antananarivo et le district de Manjakandriana ?

3-Les relations d’Antananarivo sur le district de Manjakandriana ont-elles des impacts positifs ou négatifs ? (du point de vue économique et social)

IMPACTS POSITIFS ou NEGATIFS. Expliquez votre réponse en citant quelques exemples ?

4- Les communes proches de la Route Nationale ou RIP ont-elles le même avantage de développement par rapport aux communes éloignées ?

QUI ou NON. Expliquez votre réponse ?

b) Les trois (3) Maires :

1-L’influence de la capitale est-elle intense ou moyen ou même aucune pour la commune?

INTENSE ou MOYEN ou AUCUNE. Expliquez la raison de votre réponse ?

2-L’influence d’Antananarivo est-elle décisive ou plus ou moins décisive aux développements de la commune ?

DESICIVE ou PLUS OU MOINS DESICIVE. Expliquez la raison de votre réponse ?

3-L’influence d’Antananarivo apporte-elle des innovations pour la commune ?

OUI ou NON. Donnez quelques exemples ?

4-Y a-t-il des perspectives aux développements de la commune ?

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II. Les acteurs économiques : a) Les commerçants :

1-Les commerçants de chaque commune s’approvisionnent-t-ils vers Antananarivo ?

OUI ou NON

2-Les commerçants entirent-ils bénéfice des produits ou des marchandises importées d’Antananarivo ?

OUI ou NON

3-Quelles sont les périodes ou les moments les plus favorables ?

b) Les transporteurs :

1-Les transporteurs reliant Antananarivo- Manjakandriana et les coopératives en tirent-ils des bénéfices ?

OUI ou NON

2-Combien sont les nombres de tours effectués par les taxi-brousses en une seule journée ?

2 ou 3 ou plus

3- Quelles sont les périodes ou les moments les plus favorables ?

Jour de festivité ou fin de mois ou autres

4-Pendant les jours festifs, le frais de transport est-il constant ?

QUI ou NON

c) Les autres acteurs économiques :

1-L’existence du marché d’Antananarivo est bénéfique pour vous?

QUI ou NON. Expliquez la raison de votre réponse?

2-Est-ce que l’écoulement des produits vers Antananarivo est-il plus rentable par rapport à la vente locale ?

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QUI ou NON. Expliquez la raison de votre réponse?

3 -Quelles sont les périodes ou les moments le plus favorable ?

III. Les habitants à l’intérieur de chaque commune :

1- Pour vous, la proximité favorise-t-elle le déplacement vers Antananarivo ?

QUI ou NON

2-Quel est la raison de votre visite vers Antananarivo ?

3-Combien de fois par semaine allez-vous vers Antananarivo ?

Une fois par semaine ou deux fois par semaine ou plus

4-Comment ressentez-vous l’impact de l’influence de la capitale sur leur vie quotidienne ?

5-L’influence de la capitale permet-elle d’améliorer le niveau de vie et d’apporter des biens être aux habitants ?

QUI ou NON. Expliquez la raison de votre réponse?

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ANNEXE 2 : BUDGET DE CHAQUE COMMUNE ENQUETEE

Commune Urbaine de Manjakandriana

NOMENCLATURE BUDGET PRIMTIF 2016 TOTAL

SECTION I RECETTES Investissements 47503200,00 47503200,00 COMPTES DES FONDS SECTION I RECETTES Fonctionnements 237516000,00 237516000,00 COMPTES DES PRODUITS TOTAL 285019200,00 285019200,00

SECTION I DEPENSES 47503200,00 47503200,00 Investissements COMPTES DES FONDS SECTION I

DEPENSES Fonctionnements 237516000,00 237516000,00 COMPTES DES PRODUITS

TOTAL 285019200,00 285019200,00

Commune Rurale de Sambaina

RECETTES 2017

FIXATION RECOUVREMENT ADDITIONNELLES PRIMITIVES DEFINITIVE EFFECTUEES

10 774 177,00 1 987401,13 12 761 578,00 1 987 401,13 INVESTISSEMENT

43 096 710,00 5 435 434,21 48 525 815,21 37 794 914,94 FONCTIONNEMENT

53 870 887,00 7 422 835,34 61 287 393,34 39 782 316,07 TOTAL

61

DEPENSES 2017

FIXATION PAIEMENT ADDITIONNELLES PRIMITIVES DEFINITIVE EFFECTUEES

10 774 177,00 1 987401,13 12 761 578,00 1 918 461,00 INVESTISSEMENT

43 096 710,00 5 435 434,21 48 525 815,21 37 185 952,91 FONCTIONNEMENT

53 870 887,00 7 422 835,34 61 287 393,34 39 104 413,91 TOTAL

Commune Rurale d’Ambohibary

RECETTES 2017 DEPENSES 2017 RUBRIQUES MONTANT(Ar) RUBRIQUES MONTANT(Ar) RECETTES IFT : 2.553.792.00 65486661,00 Fonctionnement FISCALES IFPB : 249.500.00 (subvention de fonctionnement) 1er-2eme-3eme Dépenses des Subvention ETAT Tranch2015= 11.222.890.00 Personnels 9.500.000.00Ar 1er Tranche 2016=6.000.000.00Ar FINANCEMENT 9954455,00 DIRECT FID ou investissement autres

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TABLE DES MATIERES

REMERCIEMENTS ...... i

SOMMAIRE ...... iii

RESUME ...... iii

TABLE DES ILLUSTRATIONS ...... iv

ACRONYMES ...... vi

INTRODUCTION ...... 1

1. Localisation et choix du sujet...... 1

2. Problématique ...... 2

3. La démarche de recherche...... 5

Première partie : LES MULTIPLES FORMES D’INFLUENCE D’ANTANANARIVO SUR LE DISTRICT DE MANJAKANDRIANA ...... 12

Chapitre I : LA FORTE DOMINATION D’ANTANANRIVO SUR MANJAKANDRIANA ...... 13

1. La forte puissance d’appel d’offre d’Antananarivo ...... 13

2. La diffusion de nouvelles infrastructures économiqueset d’ innovation agricole ...... 17

Chapitre II : LA DEPENDANCE TOTALE VIS-A-VIS D’ANTANANARIVO ...... 20

1. Antananarivo, premièr fournisseur de marchandise pour le district ...... 20

2. Antananarivo principal marché d’écoulement des produits locaux ...... 25

Deuxième partie : L’INEGALITE DE L’INFLUENCE DE LA CAPITALE SELON LES COMMUNES ...... 35

Chapitre III : IMPACTS ET PERCEPTIONS DIFERENTS DE L’INFLUENCE D’ANTANANARIVO ...... 36

1. Des impacts dissemblables d’une commune à l’autre ...... 36

2. Perceptions divergentes de l’influence de la capitale ...... 40

Chapitre IV : DES IMPACTS POSITIFS POUR LES ACTEURS ECONOMIQUES ET POUR LA COMMUNE ...... 44

1. Avantages des acteurs économiques ...... 44

63

2. Renforcement de la ressource financière de la commune ...... 47

CONCLUSION ...... 53

BIBLIOGRAPHIE ...... 55

ANNEXES ...... 58

TABLE DES MATIERES ...... 63

64