Visages De L'algérie : Sig En Oranie
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Visages de l'Algérie Sig en Oranie André Noraz Visages de l'Algérie Sig en Oranie la pensée universelle 4, rue charlemagne - paris-4 © André Noraz et « La Pensée Universelle » 1983 ISBN : 2-214-05473-9 AVANT-PROPOS Le pays où on est né, s'il n'est pas le plus beau, est toujours le plus attachant. Le cœur y reste ancré, quelles que soient les vicissitudes de la vie. C'est un oasis de jeunesse et de fraîcheur, qui fait oublier les désillusions, les rancœurs. Dans les moments de solitude et d'amertume, c'est un hâvre de paix et de sérénité. C'est le paradis perdu, dont on rêve, où on refait ses forces, où on retrempe son idéal et son espoir. Les souvenirs qu'on en a gardés, embellis au fil des ans, ont conservé une couleur de joie et de simplicité. Tels ces arbres toujours verts en dépit du froid et de l'hiver, signes d'une espérance que rien ne peut flétrir. Car le passé est la garantie du présent, et c'est lui qui sou- tient les promesses de l'avenir. Il est cette fondation sans laquelle aucun édifice ne peut tenir. Et, tant que l'homme y reste fidèle, le vent, les orages, la tempête peut survenir. Une paix solide et inébranlable le préserve de sombrer dans l'inexorable destin qui entraîne parfois sa vie. Le pays de sa naissance, qui peut l'oublier ? CHAPITRE PREMIER DE LOINTAINES ORIGINES Ce que je fus dès l'origine S'est effacé avec la nuit des temps. Mais mon cœur est né en ces siècles lointains. C'est lui que tu, entends battre dans cette terre qui est la tienne. UN PEU DE GEOGRAPHIE L'Afrique du Nord a une étendue approximative de 4 mil- lions de km Elle regroupe : l'Algérie, la Tunisie et le Maroc. Trois pays distincts, mais qui forment malgré tout une cer- taine unité, grâce à la chaine de l'Atlas qui les traverse de bout en bout, et aux Berbères qui en ont été les premiers habitants. Le relief, de plaines, de déserts et de massifs montagneux, a la variété de l'océan, toujours différent sous la lumière du soleil. L'ensemble forme un vaste quadrilatère, serré entre les eaux de l'Atlantique, celles de la Méditerranée, et les sables du Sahara. Si, du Nord au Sud, l'accès n'est pas des plus aisé, d'Est en Ouest, par contre, les communications sont faciles. Les conquérants successifs de la Berbérie, qui l'ont toujours envahi par les points extrêmes, l'avaient déjà bien réalisé. L'Algérie recouvre une superficie de 2 381 731 km compris entre le 9 degré de longitude ouest et le 12° de longitude est, entre le 37e et le 19 parallèle nord. Limitée au Nord par la Méditerranée, elle a des frontières communes, à l'Est avec la Tunisie et la Lybie, à l'Ouest avec le Maroc, au Sud avec le Mali, le Niger et la Mauritanie. De par sa superficie, elle est le 10 pays du monde après le Soudan, et le plus étendu à la fois des pays africains et des pays arabes musulmans. L'Oranie. Trois provinces se partagent l'Algérie : l'Algérois, l'Oranais et le Constantinois. La partie occidentale de la Maurétanie césarienne qui s'ap- pelle aujourd'hui l'Oranie, représente, avec ses 200 000 km sans les territoires du Sud, plus du tiers de la France, soit l'équivalent des treize départements qui correspondaient autrefois aux trois provinces du Languedoc, du Roussillon et de la Provence jusqu'à Digne. C'est dire la diversité des paysages, des cultures et des mentalités qu'on peut y rencontrer du Nord au Sud. Elle est située entre le 32e et le 36e de latitude nord, le 1 et le 4° de longitude ouest. C'est la partie la plus basse en longitude de toute l'Algérie : Nemours, sur le littoral, est à la même altitude qu'El Kantara, situé à 280 km de la mer en territoire constantinois. Son relief offre le même aspect général que celui de l'Algérie. Le long du littoral, ce sont les Basses Plaines, de la M'léta, entre la Sebka d'Oran et le Tessala, du Tlelat, du Sig, de l'Habra et de la Mina. Puis ce sont les montagnes de l'Atlas Plissé, où on remarque d'Ouest en Est : — le massif de Trara, entre Nemours et Nedroma, où domine le Filouacen à 1200 m. et le Murdjadjo à 500 mètres — le massif du Tessala, dont le plus haut sommet culmine à 960 m — les monts des Ouled Ali — les Beni Chougrane — et enfin la partie ouest de l'Ouarsenis. Passées ces montagnes, on entre dans les Hautes Plaines intérieures de Marnia, Tlemcen, Bel Abbès, Mascara et Tiaret. Au-delà, c'est l'Atlas Tabulaire, avec les monts de Tlemcen, de Bossuet, de Saïda et de Frenda qui s'élèvent jusqu'à 1 400 m. Plus bas, les Hautes Plaines de steppes couvertes d'alfa, avec, au Sud, les monts des Ksours et du djebel Amour, qui font déjà partie de l'Atlas Saharien. Tous ces reliefs et ces dépressions sont coupées par les vallées des grands oueds : — la Mina — la Tafna, qui vient du nord de Sebbou, longue de 177 km, et dont le débit annuel moyen est de 75 millions de m — le El Hammam, 264 km, qui prend sa source près de Bossuet sous le nom d'Habra. Il rejoint l'oued Sig pour for- mer la Macta et se jette dans la mer. Son débit moyen est de 120 millions de m — le Sig-Mekerra, 246 km, venu de Ras-el-Mâ, à 1 500 m. d'altitude, au Sud-Est de Bedeau, et dont le débit est de 25 millions de m Né sur les hauts plateaux, il sinue paresseusement à travers la plaine de Bel Abbès avant de s'enfoncer dans une vallée étroite terminée par une gorge profonde, d'où il débouche dans la plaine La plaine du Sig. Entre la plaine d'Oran à l'Ouest et la plaine de Perregaux à l'Est, est enclavée la plaine du Sig. Comme ses voisines, de l'Habra et de la Mina, elle est le résultat d'un effondrement qui a été progressivement comblé par les alluvions descendues des montagnes de l'Atlas Tellien. Elle forme, avec la plaine du Ceirat, une vaste ellipse de 50 km de diamètre sur 22. Elle est entourée de tous côtés par une ceinture de mon- tagnes de l'époque tertiaire, ce qui explique les nombreux fossiles qu'on découvre un peu partout dans le sol. A l'embouchure de la Macta, on remarque une large coupure. C'est le seul point où les eaux ont accès à la mer. Il est pro- bable que cette plaine était jadis un lac salé, qui s'est peu à peu asséché au quaternaire au fur et à mesure que le niveau de la mer s'abaissait. Il en est resté la forte teneur en sel qu'on relève dans tous les terrains de la région. Saint-Denis-du-Sig. La commune du Sig, qui borde la plaine, était, avec ses 12 542 km l'une des plus petites du départe- ment. Située à 50 m d'altitude et à une dizaine de km à vol d'oiseau de la mer, elle est limitée, au sud, par les monts des Ouled Ali, dont le djebel Touakes 429 m domine l'aggloméra- tion, et, dans la direction de Mascara, par le djebel Bou Sella, au-dessus de l'ex-Union, enfin, par le djebel Ben Djouane, 419 m. Des djebels dont les flancs sont le plus souvent ravinés par l'érosion, et où l'absence de forêts a provoqué de nombreux glissements de terrain. Sur les pentes, une maigre végétation de diss, de genêts épineux, d'asperges et de lavande, avec, dans les parties les plus basses, les eucalyptus, les faux poivriers, les sapindus, cactus, aloès et chênes verts. Au Sud, les mamelons des Hammar et les plateaux des Cheurfas. Au Nord, la forêt de Mulay-Ismaël et l'Ouggaz. SIGNIFICATION D'UN NOM Un village, une ville, c'est d'abord un nom. Un nom que la tradition lui a donné, et qui, depuis des générations, a fixé son visage et sa personnalité. Son paysage, le temps l'a modifié. Son nom, lui, reste le fidèle témoin d'une époque où l'homme vivait près de la terre, et en connaissait les moindres recoins, peuplés d'anecdotes et de légendes. D'où vient le nom de SIG ? Quelle est l'origine de ce mot, rude et sec, comme les pentes désolées des hauts djebels ? Personne ne peut le dire de façon certaine. Là aussi, le mystère du passé demeure, avec ses incertitudes et ses interro- gations auxquelles nous n'apporterons sans doute jamais de réponse définitive. Deux opinions toutefois, semblent plus apparentées à la légende qu'à l'histoire. La première affirme que le nom de Sig viendrait d'un hom- me célèbre : Sig Ben Ahmed, qui aurait vécu dans des temps très anciens et dont le nom aurait été donné à son village. Il est fort possible que Sig Ben Ahmed ait été un homme influent et qu'il soit né au Sig, mais aucun document jusqu'ici ne permet de voir une correspondance quelconque entre son nom et celui du Sig. Pour d'autres, le nom de Sig viendrait d'un rabbin plus ou moins illustre ou d'un curé. C'est une pieuse étymologie, mais qui n'a absolument rien à voir avec la réalité.