LE CHRISTIANISME EN MAURÉTANIE CÉSARIENNE ET LA NOTION D’IDENTITÉ PROVINCIALE

Anne Salitot Docteur en Histoire romaine

Après quatre siècles de présence romaine, la Maurétanie césarienne est décrite par certaines sources tardives comme toujours en marge de la romanité1, qui ne veut pas même passer pour une région africaine2 et dont les habitants ont une vie et des mœurs de barbares bien qu’appartenant à l’Empire3 &H MXJHPHQW FRQWLQXH j LQÀXHQFHU O¶KLVWRULRJUDSKLH FRQWHPSRUDLQH  PDOJUp OH SHX d’études d’ensemble qui lui ont été consacrées4, les historiens considèrent que cette province est restée barbare et en révolte constante, ce qui s’expliquerait par le maintien d’une forte présence tribale hostile à Rome à l’intérieur même des frontières provinciales. Du fait de ces particularismes supposés – sur lesquels il serait nécessaire de revenir5 –, la province romaine de Maurétanie césa- ULHQQHGDQVVRQFDGUHWDUGLI KRUV6LWL¿HQQH HVWXQWHUUDLQSURSLFHjO¶pWXGHGHODQRWLRQG¶LGHQ- WLWpSURYLQFLDOHWHOOHTX¶

1. &RQFLOHGH&DUWKDJHGH &&6/  2. $XJXVWLQ(SLVWXODMauritania tamen Caesariensis, occidentali quam meridianae parti uicinior, quando nec Africam se uult dici… ; Lepelley 2005. 3. Expositio totius mundi et gentium LX. 4. /DGHUQLqUHpWXGHYLHQWG¶rWUHSXEOLpH+DPGRXQH 5. Salitot, à paraitre. 6. Briand-Ponsart, Modéran 2011. 7. Modéran 2011, p. 10. 8. Ibid., p. 24. 98 ANNE SALITOT de Serge Lancel sur le christianisme en Byzacène9, va précisément dans ce sens en concluant que la mise en place de son Église révèle un sentiment d’unité fondé sur l’appartenance à la province10. En revanche, c’est un phénomène différent que J. Desanges met en lumière en Numidie11OHV limites ecclésiastiques révèlent que la région a conservé la mémoire de son ancienne appartenance au royaume numide, puisque l’Église de Numidie s’est inscrite dans les limites territoriales de l’ancien royaume. Au moment de la publication de ces études, la question de la notion d’identité provinciale ne se posait pas dans les mêmes termes qu’aujourd’hui. Elles apportent pourtant des éléments qui permettent de comprendre les mentalités des populations et la façon dont celles-ci SHUFHYDLHQWODSURYLQFHXQIDFWHXUGHFRKpVLRQHQ%\]DFqQHXQVLPSOHFDGUHDGPLQLVWUDWLIHQ Numidie. Elles invitent alors à mener une enquête similaire sur le développement du christianisme HQ0DXUpWDQLHFpVDULHQQHD¿QGHYpUL¿HUVLO¶RUJDQLVDWLRQHFFOpVLDVWLTXHGHODSURYLQFHSHXWFRQWUL- EXHUDX[UpÀH[LRQVDFWXHOOHVVXUODQRWLRQG¶LGHQWLWpSURYLQFLDOH

Nous avons connaissance de chrétiens en Maurétanie césarienne dès le début du IIIe siècle, quand Tertullien évoque une persécution menée par un gouverneur de la province dans un traité adressé à Scapula, le proconsul d’Afrique12. Mais il ne précise ni la localisation de la persécution, ni les lieux de vie des chrétiens ou leur nombre. Cette brièveté caractérise les premiers témoignages chrétiens, notamment les documents littéraires, comme une lettre de Cyprien du milieu du IIIe siècle13FHOXLFLGHPDQGHjO¶pYrTXH4XLQWXVGHGLIIXVHUODSRVLWLRQGHO¶eJOLVHG¶$IULTXHVXU le baptême des hérétiques auprès de ceux qui sont « là-bas », c’est-à-dire auprès des autres évêques de la province. Les documents archéologiques14 et les récits de martyres15 ne sont pas plus précis. La seule communauté attestée avec certitude au début du IVe siècle, parce que son évêque est pré- sent au concile d’Arles en 31416, est celle de Caesarea. Il est toutefois probable qu’une autre

9. Lancel 1964. 10. Ibid., p. 152. 11. Desanges 1980. Dupuis 2014 a proposé une autre hypothèse pour tenter d’expliquer cette singularité des limites ecclésiastiques de la province. Elles feraient référence à la circonscription domaniale de . Ces deux hypo- thèses montrent que la province ne devait être qu’un simple cadre administratif pour les populations qui préféraient s’en référer soit à l’héritage numide, soit à la structure qui organisait leur vie quotidienne. 12. Tertullien, Ad Scapulam,9Nam et nunc a praeside Legionis, et a praeside Mauritaniae uexatur hoc nomen, sed gladio tenus, sicut et a primordio mandatum est animaduerti in huiusmodi. Sed maiora certamina maiora sequuntur praemia. 13. Cyprien, Epistula 71. 14. À Altaua et à Castellum TingitanumODGDWHG¶pGL¿FDWLRQGHVEDVLOLTXHVHVWDPELJXsHWHPSrFKHG¶DWWHVWHUDYHFFHUWL- tude l’existence d’un évêque, et donc d’une communauté, dans ces deux localités au début du IVe siècle. La construc- tion de la basilique de Castellum TingitanumDXUDLWWRXWMXVWHFRPPHQFpHQCIL VIII 9708 ; Février 1990, p. 27. La dédicace d’AltauaVHSODFHUDLWHQWUHHW0DUFLOOHW-DXEHUWQo 19 ; Duval 1982, p. 412-417. Mais pour OHVGHX[FLWpVDXFXQpYrTXHQ¶HVWFRQQXDYDQWOD¿QGXVe siècle. Une épitaphe d’ datée de 318 (CIL9,,,  pourrait être la première attestation de chrétiens dans la cité. Mais la religion du défunt n’est pas assurée. L’évocation aux Dieux Mânes est en effet suivie de l’expression donis memoriae spiritantium. La présence du participe issu du verbe spiritareHQIHUDLWXQVLJQHGHFKUpWLHQWp0RQFHDX[/DVVqUHS¬Sufasar a été retrouvée O¶pSLWDSKHGHGHX[PDUW\UVSHXWrWUHGRQDWLVWHVGDWpHGH0DLVODSUpVHQFHGHPDUW\UVQHVLJQL¿HSDVQpFHVVDLUH- PHQWTX¶XQHFRPPXQDXWpH[LVWDLWAÉ 1979, 689 (Sufasar /HYHDXS 15. Par exemple celui de Typasius à TigavaBHL 8354 ; Dearn 2001. 16. Concilium Arelatense a. 314 &&6/ *X\RQet al. 2016. Cette communauté se serait précocement consti- LE CHRISTIANISME EN MAURÉTANIE CÉSARIENNE 99 communauté ait existé à où la fouille de la basilique17 de l’évêque Alexandre a révélé la présence de neuf sarcophages qui pourraient être les tombeaux des prédécesseurs de l’évêque18. 3DUFHTXHOHVVLqJHVGHVpYrTXHVQHVRQWSDVSUpFLVpVRXTX¶LOVQHVRQWSDVLGHQWL¿DEOHVHWGHPHXUHQW GHVOLHX[LQFRQQXVSDUFHTXHOHVGRFXPHQWVVRQWLVROpVLOHVWGRQFGLI¿FLOHGHSUpVHQWHUXQpWDWGHV communautés chrétiennes de Maurétanie césarienne au début du IVe siècle, contrairement à la Pro- FRQVXODLUHHWjOD1XPLGLHRSOXVLHXUVFRPPXQDXWpVVRQWGpMjLGHQWL¿pHV19. Les documents mau- rétaniens montrent néanmoins la présence de chrétiens dans différentes régions20 de la province. Il faut attendre le début du Ve siècle pour pouvoir mesurer le développement du christianisme et son essor, grâce notamment aux Actes de la Conférence de en 41121. Des communautés chré- WLHQQHVRUJDQLVpHVVRQWDLQVLSUpVHQWHVGDQVXQHYLQJWDLQHGHFLWpVHWGDQVGHVWHUULWRLUHVUXUDX[j Mecheraa Asfa22, à Bourkika23, à la Kherba des Aouissat24 et à Mediouna25. Il n’est toutefois pas possible d’en conclure à l’existence de communautés chrétiennes organisées en ces lieux, contrai- rement à d’autres dont les communautés sont représentées par un évêque à la Conférence26. Le christianisme s’est donc développé dans les cités, dans les campagnes, mais aussi dans des terri- toires marqués par les traditions libyques27. Certains évêques pourraient en effet être les représen- tants d’une agglomération ou d’une communauté aux origines tribales, tel l’évêque de la plebs Milidiensis28, peut-être la gens Milidiorum d’une inscription de Mechtras29, ou celui de Numidia30, un village dépendant de la cité de Sufasar qui se serait constitué autour d’un petit groupe tribal.

tuée au cours du IIIeVLqFOHCIL VIII 9585 (dédicace d’un tombeau collectif où parmi les défunts se trouvait la mère d’un presbyter HWCIL VIII 9586 (poème épigraphique concernant une concession funéraire pour la communauté FKUpWLHQQH +DPGRXQHS 17. /DEDVLOLTXHDXUDLWpWpFRQVWUXLWHjOD¿QGXIVe siècle ou au début du Ve siècle, ce qui ferait remonter le plus ancien évêque au milieu du IIIe siècle. Cette datation, fondée sur le style des mosaïques et des inscriptions, ne permet pas une datation précise de la construction. Février 1986, p. 793 ; Hamdoune 2018, p. 216. 18. CIL VIII 20903 (Tipasa CIL VIII 20905 (Tipasa  19. *X\RQet al. 2016, p. 101. 20. Voir supra note 14. 21. Lancel 1972a. 22. 7URLVpSLWDSKHVFKUpWLHQQHVRQWpWpUHWURXYpHVGDQVFHWWHORFDOLWpDXVXGGHO¶2XDUVHQLVCIL9,,,      23. AÉ 1921, 37 (Bourkika, IVeVLqFOH $XGpEXWGXXXe siècle ont été découverts à 5 km de Bourkika, dans la plaine de la Mitidja, entre Tipasa et CaesareaOHVVRXEDVVHPHQWVG¶XQpGL¿FHVHPLFLUFXODLUHTXLDEULWDLWODWRPEHGH deux martyrs. La sobriété du formulaire de la dédicace souligne la rusticité des dédicants et le caractère sans GRXWHPDMRULWDLUHPHQWUXUDOGHV¿GqOHVTXLSRXYDLHQWOHXUUHQGUHXQFXOWHRXTXLVHVRQWIDLWHQWHUUHUjOHXUVF{WpV Duval 1982, p. 384-386. 24. eSLWDSKHGHPDUW\UVG¶LQWHUSUpWDWLRQGLI¿FLOHHQUDLVRQG¶XQHSLHUUHEULVpHHWG¶XQFRQWH[WHGHGpFRXYHUWHLQFRQQX BCTHS&&, .KHUEDGHV$RXLVVDW 'XYDOS 25. Table de calcaire trouvée à Mediouna, commune située à 3,5 km de Renault, portant la dédicace d’un monu- ment funéraire, peut-être une chapelle, en souvenir d’un groupe de martyrs, CIL9,,, 0HGLRXQD  Duval 1982, p. 402-405. 26. Hamdoune 2018, p. 243-244. 27. Ibid., p. 246-248. 28. GestaO S  29. AÉ 0HFKWUDVRX  30. GestaO S  100 ANNE SALITOT

La dynamique ne se dément pas au cours du siècle puisqu’en 484, la Notitia Prouinciarum et Ciuitatum Africae31 recense cent vingt-six sièges épiscopaux en Maurétanie césarienne. Cette liste, présentée par les catholiques pour montrer leur supériorité lors de la conférence de février 484, permet de dresser une nouvelle carte des communautés chrétiennes de Césarienne, avec GpVRUPDLVSOXVG¶XQHFLQTXDQWDLQHGHVLWHVFKUpWLHQVIDFLOHPHQWORFDOLVDEOHV YRLU¿JXUH32 /D présence chrétienne s’est renforcée sur l’ensemble du territoire. Tout comme en Proconsulaire HWHQ1XPLGLHHOOHDSULVDSSXLVXUOHVFLWpVDYHFGHVFRPPXQDXWpVLGHQWL¿pHVGDQVOHVWURLV quarts des cités connues au début du IIIe siècle, quel que soit leur statut. Elle suit donc les axes GHODSpQpWUDWLRQURPDLQHOHOLWWRUDOODYDOOpHGX&KpOLIHWODpraetentura sévérienne. Et tout comme l’implantation urbaine, elle se concentre dans la Maurétanie centrale et orientale alors qu’elle est plus espacée à l’ouest. La présence des chrétiens en dehors du cadre urbain a éga- lement continué à progresser au cours du Ve siècle33. La plupart des évêchés non localisés pourrait d’ailleurs être des villages ou des agglomérations modestes et avoir été créés au cours du siècle. Dans d’autres localités, la présence de chrétiens est envisagée en raison des vestiges retrouvés comme à Labiod Medjadja, à une trentaine de kilomètres de Castellum Tingitanum, où le linteau d’une porte en calcaire pourrait être le vestige d’une Église34. À Damous35, les fouilles ont révélé des épitaphes chrétiennes, mais comme elles ont été trouvées aussi avec des épitaphes païennes et que le contexte de ces découvertes est inconnu, il n’est pas possible de savoir si une communauté organisée y vivait. C’est une question similaire qui se pose pour la cité de où des épitaphes chrétiennes ont également été trouvées36. Ces témoignages tar- GLIVFRQIRUWHQWPDOJUpWRXWO¶K\SRWKqVHG¶XQHGLIIXVLRQGXFKULVWLDQLVPHHQPLOLHXUXUDO(Q¿Q il est possible qu’il ait également continué à se diffuser en milieu tribal si le rapprochement entre certains sièges de la Notitia GH  HW GHV QRPV GH WULEXV HVW DYpUp  Masuccabensis Qƒ HWODgens Masc[---]orum37 ; Tablensis Qƒ HWOHVTablanenses de l’arrière-pays de Caesarea38 ; Ma”c”urbensis Qƒ HWOHVMacurebi/Makchoureboi39. Ces communautés chrétiennes ont été concernées, comme leurs voisines de Numidie et de Proconsulaire, par le schisme donatiste. Il est probable que l’essor du christianisme dans la pro- vince au cours du IVe siècle s’explique en partie par la concurrence entre les deux Églises, comme ce fut le cas dans la Numidie d’Hippone40. Les populations de la province apparaissent en effet assez favorables au donatisme. Ses partisans sont présents à Tipasa41 dans la seconde moitié du

31. Lancel 2002. 32. 'HQRXYHOOHVK\SRWKqVHVRQWpWpIRUPXOpHVVXUFHUWDLQVGHVVLqJHVQRQLGHQWL¿pVTXHQRXVQ¶DYRQVSXUHSRUWHUVXU ODFDUWH+DPGRXQHS 33. Ibid., p. 292-303. 34. AÉ 1991, 1737 (Labiod Medjadja, VeVLqFOH %HQVHGGLN 35. Février 1986, p. 805-809. 36. Par exemple CIL9,,,    RX   37. CIL VIII 9195 (  38. AÉ 6LGL%RX]LG  39. Pline, Histoire naturelle V, 21 ; Ptolémée IV, 2, 20. 40. Lancel 1984a ; 1990, a montré comment la concurrence entre les catholiques et les donatistes avait favorisé le déve- loppement de la nouvelle religion dans la Numidie d’Hippone. Même sans évêque aussi emblématique qu’Augus- tin, il est probable qu’un phénomène identique se soit produit en Césarienne. Hamdoune 2018, p. 241. 41. Optat, Traité contre les donatistes II, 18, 4-5. LE CHRISTIANISME EN MAURÉTANIE CÉSARIENNE 101

IVe siècle, à Ala Miliaria, qui est l’un des foyers42 du schisme, et Emeritus43, l’évêque donatiste de Caesarea HQWUH OD ¿Q GX IVe siècle et le début du Ve, entretient une correspondance avec Augustin. Avec d’autres collègues donatistes de la province, ils sont les plus nombreux à avoir fait le déplacement à la Conférence de 411 et plusieurs inscriptions font connaître des martyrs44 TXLSRXUUDLHQWDYRLUpWpYLFWLPHVGXFRQÀLWHQWUHOHVGHX[eJOLVHV3DUDLOOHXUVOHVWpPRLJQDJHV45 de martyrs, qu’ils soient donatistes ou non, sont d’un nombre plus élevé en Maurétanie césarienne que dans les provinces orientales46. Il s’agit d’hommes et de femmes, ou de couples, inconnus en dehors de la province, voire parfois en dehors du lieu où leur tombe fut retrouvée. Ces témoi- gnages sont au nombre de seize et se répartissent dans des cités47 comme dans des zones rurales48. L’écho du schisme et l’importance des dédicaces aux martyrs locaux tendent à prouver une LPSODQWDWLRQSURIRQGHHWGXUDEOHGXFKULVWLDQLVPHHQ0DXUpWDQLHFpVDULHQQHFHTXHFRQ¿UPHOD longévité des témoignages chrétiens. En effet, dans la partie occidentale de la province, certaines pSLWDSKHVVRQWGDWpHVGHOD¿QGXVIe siècle49.

Les évêques en charge de ces communautés sont connus essentiellement grâce à la liste des participants à la Conférence de Carthage en 411 et à la Notitia de 484. Ils se font remarquer pour leur présence aléatoire et restreinte aux réunions épiscopales. Ils sont par exemple absents à Milev en 40250H[FXVpVSDUOHXUVFROOqJXHVGH6LWL¿HQQHj&DUWKDJH51 en 403 ou encore à nouveau absents en 418 au concile du 1er mai52. En 411, ils sont seulement une quinzaine à se déplacer à Carthage pour la Conférence entre catholiques et donatistes, ce qui a conduit à supposer que beaucoup n’avaient pas fait le déplacement, contrairement à leurs collègues des autres provinces.

42. Découverte de caveaux funéraires appartenant à des ecclésiastiques donatistes, CIL VIII 21570 (Ala Miliaria  21573 (Ala Miliaria  Ala Miliaria *VHOO/DPDUW\UH5REEDHVWpJDOHPHQWRULJLQDLUHGH cette cité, AÉ 2000, 1804 (Ala Miliaria *VHOO/DQFHOESQ 43. Saint Augustin, Gesta cum Emerito Donatistarum episcopo ; Epistula/;;;9,,Desiderabili et dilecto fratri Emerito, Augustinus ; Lancel 1984c, p. 258. 44. Le seul cas avéré est celui de Robba, à Ala Miliaria, en 434 dont la dédicace précise qu’elle a été cede tradi[tor(um)] uexata (AÉ &¶HVWSHXWrWUHOHFDVGH0D[LPXVHW'DWLYXVGHSufasar en 322 qui ont succombé dans une rixe (AÉ GXJURXSHGHPDUW\UVGH0HGLRXQD CIL9,,, HQHWGXPDUW\UGHOD.KHUEDGH Aouissat en 400 (BCTHS&&,  45. Duval 1982, p. 720-724. 46. Ibid., p. 716-717. En Proconsulaire, en Byzacène et en Numidie, les dédicaces de martyrs sont au nombre de dix et célèbrent, dans leur grande majorité, des groupes de martyrs. 47. IbidS©/HV0DXUpWDQLHVRQWOLYUpOHSOXVJUDQGQRPEUHG¶pSLWDSKHVGHPDUW\UV VXUWRXWOD&pVDULHQQH ª/HV attestations les plus nombreuses viennent de Tipasa (AÉ /HVIRXLOOHV de l’église de Salsa et de la basilique d’Alexandre laissent supposer qu’il pourrait y avoir d’autres martyrs inhumés. Les autres textes viennent de Sufasar (AÉ Castellum Tingitanum (CIL9,,, Car- tenna  Ala Miliaria (AÉ  (AÉ  48. Bourkika (AÉ 0HGLRXQD CIL9,,, .KHUEDGHV$RXLVVDW BCTHS&&, 49. Par exemple, CIL9,,, 7LDUHW  Altava AÉ 1985, 981 (  Pomaria,  0DUFLOOHW-DXEHUWQo 224 (Altaua  50. $XPRPHQWGHFRQ¿UPHUOHVGpFLVLRQVSULVHVORUVGHVFRQFLOHVSUpFpGHQWVOHVSULPDWVGH1XPLGLHHWGH6LWL¿HQQH font part de leur accord à l’évêque de Carthage. Personne ne se prononce pour la Maurétanie césarienne, peut-être SDUFHTX¶LOQ¶\DSDVHQFRUHGHSULPDWQRPPpRXTX¶DXFXQpYrTXHGHODSURYLQFHQ¶HVWSUpVHQWproemium entre le FDQRQHWOHFDQRQ &&6/  51. &DQRQ &&6/  52. &DQRQ &&6/  102 ANNE SALITOT

Plusieurs facteurs peuvent expliquer cette situation, à commencer par la géographie. La province présente un relief plus escarpé que les provinces orientales auquel s’ajoutent des conditions cli- PDWLTXHVSDUIRLVGLI¿FLOHVHWGHVULVTXHVG¶DWWDTXHV/HVORQJVWUDMHWVYHUVODORLQWDLQH&DUWKDJH notamment pour les évêques des cités de l’Ouest, pouvaient donc représenter un danger que certains ont pu ne pas vouloir prendre. Le repli de la présence romaine dans cette région de la province a aussi été invoqué pour expliquer cet absentéisme53. Mais il s’agit d’une hypothèse à prendre avec prudence. D’une part, parce qu’elle est fondée sur le silence des sources. L’absence GHGRFXPHQWVRI¿FLHOVDSUqVOD¿QGXIIIe siècle avait fait supposer un abandon de la région sous la tétrarchie54, mais la découverte55 de bornes milliaires et d’inscriptions municipales a contredit cette datation, pour la repousser au milieu du IVe siècle. Il ne s’agit donc toujours que d’une VXSSRVLWLRQTXHGHQRXYHDX[WpPRLJQDJHVSRXUUDLHQWLQ¿UPHU'¶DXWUHSDUWO¶pYHQWXHODEDQGRQ GHODUpJLRQSDU5RPHQHVLJQL¿HSDVSRXUDXWDQWTXHODYLHPXQLFLSDOHDLWFHVVp'HVPDJLVWUDWV devaient toujours s’occuper des affaires de la cité et devaient être à même de transmettre les convocations. Celles-ci parvenaient également dans les évêchés ruraux et en dehors des territoires urbains par l’intermédiaire des seniores ou des responsables des domaines sur lesquels ils se trouvaient56ODNotitia de 484 montre en effet que l’Église de Carthage, même si l’autorité romaine a cessé de s’exercer dans la région, reste informée de la situation d’un point de vue religieux. Une autre hypothèse peut aussi expliquer la présence d’un petit nombre de délégués VHXOHPHQWjOD&RQIpUHQFHFHOOHG¶XQHRUJDQLVDWLRQOHQWHGHO¶eJOLVHSURYLQFLDOHHWGHODGpVL- gnation des évêques à la tête des communautés chrétiennes. Supposer que des évêques n’ont pas fait le déplacement ou supposer qu’il y a une sous-représentation des délégués maurétaniens, c’est déjà supposer qu’ils existent. Or le recensement des communautés organisées à l’époque constantinienne montre qu’il faut être prudent57. Si certaines cités n’étaient pas représentées, c’est peut-être parce qu’elles n’avaient pas encore de représentant. Le fait que le premier primat connu de Césarienne58 ne date que du concile de 407 pourrait également aller dans le sens de cette lente HWGLI¿FLOHRUJDQLVDWLRQGHODSURYLQFHHFFOpVLDVWLTXH,OHVWFRPSOLTXpGHUHWUDFHUODFKURQRORJLH des détenteurs de cette fonction, soit parce qu’ils sont absents des conciles, et donc des débats, soit parce que la fonction n’est exercée que de façon épisodique. Le primat de 407 est sans suc- FHVVHXULPPpGLDWLGHQWL¿p/DYLVLWHG¶$O\SLXVGH dans la province entre les derniers mois de 410 et le début de 411 pourrait avoir eu pour objectif de suppléer à l’absence de primat en essayant de persuader ses collègues de faire le déplacement à la Conférence59. Et en 418, l’évêque qui devait devenir primat a été sanctionné et privé d’accéder à cette fonction, laissée alors vacante60. Or c’est au primat que revient la tâche de présider aux ordinations et de tenir à jour les registres ecclésiastiques de la province61. Par ailleurs, depuis la création du primat de

53. Lancel 1972b, p. 149. 54. Courtois 1955, p. 79-90 ; Carcopino 1940, p. 349-448 ; Albertini 1928, p. 33-48. 55. Salama 1959, p. 346-354 ; 1966, p. 1291-1311. 56. Hamdoune 2018, p. 236. 57. *X\RQet al. 2016. 58. &DQRQ &&6/  59. Lancel 1972b, p. 251 ; n. 1. 60. Augustin, Epistula CCIX, 8. 61. Lancel 1994a, p. 1946. LE CHRISTIANISME EN MAURÉTANIE CÉSARIENNE 103

Numidie, la règle veut que ce soit l’évêque le plus ancien dans la fonction qui exerce la primatie. /¶DSSDULWLRQWDUGLYHGXSULPDWGH&pVDULHQQHSRXUUDLWGRQFLQGLTXHUODGLI¿FXOWpGHVpYrTXHVGH la province à s’organiser, à se fédérer, voire à communiquer entre eux. Cela pourrait également expliquer les rappels à l’ordre à l’encontre de plusieurs d’entre eux qui font dire à Augustin que « cette Église est agitée de soulèvements62 ». L’évêque d’Hippone rapporte par exemple le cas d’un sous-diacre de Manliana qu’on laissait défendre depuis plusieurs années des idées mani- chéennes63, mais aussi une ecclesiastica necessitas64 qui l’a mené dans la province à l’été 418 à la demande du pape Zosime et qui aurait abouti à des sanctions à l’encontre de trois évêques65, ou bien encore la crise de succession66 de l’évêque Deuterius de Caesarea ¿QGpEXW  /¶pYrTXHG¶+LSSRQHGpFODUHjFHWWHRFFDVLRQTXHODFRQ¿UPDWLRQQHSRXUUDMDPDLVrWUHGRQQpHj un évêque qui contrevient aux directives des conciles67, qui est soupçonné d’intrigues68 et qui a pris possession de son siège uniquement parce que son père l’y a placé69, sans en référer à ses supérieurs, au moment de son départ pour le siège de Caesarea. Tout se passe comme si aucune autorité locale ne s’était imposée et c’est par l’intermédiaire de Carthage ou d’Augustin, que les affaires graves se règlent.

/HFKULVWLDQLVPHHQ0DXUpWDQLHFpVDULHQQHVHGp¿QLWGRQFSDUGHX[WUDLWVHVVHQWLHOVVRQ implantation durable et profonde sur l’ensemble du territoire, aussi bien parmi les populations urbaines que parmi celles des campagnes, dont certaines pouvaient être d’origine tribale ; les GLI¿FXOWpV G¶RUJDQLVDWLRQ GH O¶eJOLVH SURYLQFLDOH HW OD OLEHUWp G¶DFWLRQ GRQW IRQW SUHXYH VHV pYrTXHV/DTXHVWLRQTXLVHSRVHDORUVHVWGHVDYRLUVLFHVpOpPHQWVGHGp¿QLWLRQpWDLHQWSURSUHV à la Maurétanie césarienne et s’ils ont pu être un facteur de cohésion pour ses habitants. L’adhésion des populations provinciales au christianisme ne permet pas de déceler un élément qui serait propre à la Césarienne. L’aspect à la fois urbain et rural de la christianisation s’observe en effet également dans les provinces orientales. Dès 411, Alypius, évêque de Tha- gaste70, en constatait l’existence à l’échelle de toute l’Afrique lorsqu’il opposait les évêques de ces évêchés de type rural à ceux qui étaient ordonnés dans des civitates. Son témoignage est FRQ¿UPpSDUO¶LGHQWL¿FDWLRQSOXVSUpFLVHHWDVVXUpHG¶pYrFKpVUXUDX[GDQVOHVFRQ¿QVVXGGX diocèse d’Hippone71 et en Byzacène72. Le ralliement d’une partie des populations au donatisme n’est pas non plus une singularité de la province, le foyer principal du schisme étant en Numi-

62. Augustin, Epistula$ OInterea illa ecclesia – quod constat – seditionibus agitatur. 63. Augustin, Epistula CCXXXVI. 64. Augustin, Epistula CXC, 1, 1 ; Possidius, Vita Augustini, 14, 1. Lancel 1972b, p. 186-187 ; 1984b. 65. Augustin, Epistula CCIX, 8. 66. Augustin, Epistula 22*, 5, l. 73-75 ; 7, l. 107-109 ; Lancel 1984c, p. 251-262. 67. Augustin, Epistula 22*, 5, l. 84-86. 68. Augustin, Epistula 22*, 7. 69. Augustin, Epistula 22*, 8, l. 136-139. 70. Gesta SAlypius, episcopus ecclesiae catholicae, dixitVFULSWXPVLWistos omnes in uillis uel in fundis esse episcopos ordinatos, non in aliquibis ciuitatibus. 71. Lancel 1984a. 72. Lancel 1964, p. 143-145. 104 ANNE SALITOT die. Et l’existence d’un sous-schisme qui n’aurait rassemblé qu’un petit nombre de partisans73, n’est pas non plus un cas unique puisqu’un sous-schisme est aussi né en Byzacène et qu’il a connu une diffusion plus large avec près d’une centaine de partisans lors de son premier ras- semblement en 393744XDQWDX[PHVXUHVGLVFLSOLQDLUHV75, il n’est pas rare d’en trouver aussi à l’encontre de membres des Églises de Proconsulaire ou de Numidie. Elles contribuent, selon S. Lancel76, à l’instabilité qui caractérise l’ensemble de l’Église africaine. Aussi, même si notre FRQQDLVVDQFHGXFOHUJpPDXUpWDQLHQGRLWEHDXFRXSDX[DUELWUDJHVG¶$XJXVWLQLOHVWGLI¿FLOHGH IDLUHGHFHWWHLQVWDELOLWpXQHVSpFL¿FLWp(QUHYDQFKHOHVGLI¿FXOWpVG¶RUJDQLVDWLRQGHODSUR- vince ecclésiastique apparaissent comme des éléments plus prononcés en Maurétanie césa- rienne que dans les autres provinces africaines. Bien que son existence en tant que province ne remonte qu’aux réformes tétrarchiques de 30377OD0DXUpWDQLHVLWL¿HQQHHQYRLHSOXVUpJXOLqUHPHQWGHVGpOpJXpVDX[UpXQLRQVpSLVFR- pales78 et son Église obtient le droit d’être représentée par un primat au concile d’Hippone en 39379. En Byzacène, autre province d’existence administrative récente, l’organisation ecclésias- tique semble encore plus rapide puisque dès la première moitié du IVe siècle, la province tient des synodes locaux804XDQWjODSURYLQFHHFFOpVLDVWLTXHGH1XPLGLHHOOHHVWHQJHVWDWLRQGqV le IIIe siècle81. Ses évêques, ou du moins une partie d’entre eux, commencent à se rassembler dès cette époque pour se concerter et formuler une position commune. Rien de tel ne semble VHSURGXLUHHQ&pVDULHQQH&HVRQWDXFRQWUDLUHGHVGLI¿FXOWpVG¶RUJDQLVDWLRQTXHQRXVIRQW envisager les témoignages, dues probablement à l’absence d’une autorité ecclésiastique locale capable de structurer et de fédérer les évêques. Ces derniers apparaissent ainsi comme désunis, ne cherchant pas à parler d’une voix collégiale ou à faire entendre la parole de la province ecclésiastique de Maurétanie césarienne. La mise en place de cette dernière ne semble donc DYRLUpWpXQIDFWHXUGHFRKpVLRQQLSRXUOHVpYrTXHVQLSRXUOHVSRSXODWLRQVO¶XQLWpQHV¶HVW pas faite autour de la notion de province, comme en Byzacène. Elle ne s’est pas non plus faite autour de l’ancien souvenir du royaume maure ou de l’ancienne grande province de Césa- ULHQQHSXLVTXHO¶DWWLWXGHGHOHXUVFRQIUqUHVGH6LWL¿HQQHPRQWUHTXHFHVGHUQLHUVVHVRQWUDSL- dement dissociés de leurs anciens compatriotes. Au lieu de s’en remettre à l’évêque de Caesa-

73. ¬OD¿QGXIVe siècle, l’évêque donatiste Rogatus de Cartenna s’oppose à l’Église donatiste, à laquelle il reproche son intolérance doctrinaire et ses violences. Les caractéristiques de ce mouvement dissident, tout comme l’identi- ¿FDWLRQGHVHVPHPEUHVVRQWHQFRUHÀRXHVHWQRVFRQQDLVVDQFHVUHSRVHQWVXUTXHOTXHVFRPPHQWDLUHVG¶$XJXVWLQ L’évêque d’Hippone mentionne un mouvement non violent, dont les partisans sont aussi victimes de persécutions. /¶DXGLHQFHGH5RJDWXVIXWOLPLWpHjXQHGL]DLQHG¶pYrTXHVHWXQSHWLWQRPEUHGHSDUWLVDQVQRQLGHQWL¿pV$XJX- stin, Epistula XCIII, 11, 21 ; Contra litteras Petiliani II, LXXXIII ; Contra epistulam Parmeniani I, X, XI. De Veer 1968 ; Shaw 2011. 74. Lancel 1964, p. 148. 75. 3DUH[HPSOHFRQWUHO¶pYrTXH$QWLJRQXVj0DGDXUH &&6/ 9LFWRU$E]LULWDQXV  &UHVFRQLXVGHVilla Regia   76. Lancel 1994b, col. 213. 77. Laporte 1996. 78. 3DUH[HPSOHHQ &&6/ HQ  HQ  HQ  /DQFHOE col. 209. 79. Breviarium Hipponense &&6/ /DQFHOEFRO 80. Lancel 1964, p. 152, n. 38. 81. Duval 1984, p. 516-517. LE CHRISTIANISME EN MAURÉTANIE CÉSARIENNE 105 rea ou au primat de Maurétanie césarienne au nom du passé qui avait uni les deux régions, ils ont organisé leur propre Église, ce qui semble montrer qu’ils avaient conscience d’être désor- mais les représentants de communautés appartenant à une autre province. Ces derniers devaient se sentir plus proches de leurs collègues de Numidie et de Proconsulaire tant géographiquement qu’idéologiquement et se sont distingués de leurs collègues de Césarienne82, allant peut-être MXVTX¶jDI¿UPHUOHXUSUppPLQHQFH

Au terme de cette enquête, il faut bien reconnaitre que la mise en place de la province ecclésiastique de Maurétanie césarienne ne paraît pas avoir été un facteur de cohésion pour ses populations, que ce soit autour de la notion de province ou autour d’une autre réalité plus SURFKHGXYpFXGHVKDELWDQWV3RXUWDQWVHVVSpFL¿FLWpVVRQWUpHOOHV6RQeJOLVHHXWGHVGLI- ¿FXOWpV j V¶RUJDQLVHU DYHF XQH DXWRULWp HFFOpVLDVWLTXH ORFDOH TXL Q¶HVW MDPDLV SDUYHQXH j V¶LPSRVHU (OOH pWDLW SHUoXH SDU O¶eJOLVH G¶$IULTXH FRPPH XQH eJOLVH GHV FRQ¿QV83, sans UHODWLRQFRQWLQXHDYHFVHVYRLVLQHVFHQ¶HVWTX¶HQFDVGHQpFHVVLWpTXH&DUWKDJHRXSOXW{W $XJXVWLQLQWHUYHQDLWSRXUUpJOHUOHVFRQÀLWV(OOHpWDLWSHUoXHSDUO¶eJOLVHG¶$IULTXHFRPPH livrée à elle-même la plupart du temps. Ces éléments font l’originalité de la province ecclé- VLDVWLTXHGH0DXUpWDQLHFpVDULHQQHHWSHUPHWWHQWGHGp¿QLUVRQLGHQWLWpREMHFWLYHF¶HVWjGLUH une identité fondée sur des faits observables, qui auraient pu faire naitre ou alimenter une FRQVFLHQFHLGHQWLWDLUH&HQ¶HVWDSSDUHPPHQWSDVOHFDVQRXVQ¶DYRQVSXSHUFHYRLUFKH]OHV évêques maurétaniens un sentiment d’appartenance à la province qui les aurait encouragés à s’unir et à s’exprimer collectivement pour le bien de tous. Nous n’avons pas non plus trouvé d’éléments qui auraient montré l’attachement des populations au royaume maurétanien ou aux religions passées. Au contraire, la christianisation ne fut pas moins marquée qu’ailleurs. La présence de chrétiens y est mentionnée dès le IIIe siècle, même si c’est au Ve siècle que V¶DI¿UPHQW OH GpYHORSSHPHQW HW O¶RUJDQLVDWLRQ GHV FRPPXQDXWpV FKUpWLHQQHV /H FKULVWLD- nisme s’est diffusé sur l’ensemble du territoire occupé par les Romains, dans les cités ou en dehors de celles-ci, et son implantation fut durable et profonde. La notion de province, en tout cas dans son organisation ecclésiastique, ne semble donc pas avoir fait sens pour les populations maurétaniennes, ou du moins elle ne fut pas un élément fédérateur. D’autres aspects de l’organisation provinciale doivent désormais être étudiés pour comprendre la place particulière qu’occupait de la Maurétanie césarienne parmi les autres provinces de l’Afrique romaine84.

82. ,OVHPEOHG¶DLOOHXUVTXHOD6LWL¿HQQHIXWUDWWDFKpHSHQGDQWTXHOTXHVDQQpHVjODSURYLQFHGH1XPLGLHDYDQWGH pouvoir se doter d’un primat. Hamdoune 2018, p. 218-219. 83. Augustin, Epistula &RQFLOHGH&DUWKDJHGH &&6/  84. Salitot à paraître. 106 ANNE SALITOT

Carte –Développement des communautés chrétiennes en Maurétanie césarienne

e Communautés chrétiennes au début du IV siècle

1. Caesarea 2. Tipasa

e Communautés chrétiennes au début du V siècle

3. 13. Manliana 4. Aquae Sirenses 14. Sufasar 5. Quiza 15. Lambdia 6. Timici 16. Thanaramusa Castra 7. Vagal 17. 8. Aioun Sbiba 18. Rusubbicari 9. Cartenna 19. Cissi 10. Castellum Tingitanum 20. Rusuccuru 11. Tigava 21. Tigisi 12. Zucchabar 22.

e Communautés chrétiennes à la fin du V siècle

23. Numerus Syrorum 36. Oppidum Novum 24. Pomaria 37. Aquae Calidae 25. Altava 38. Elephantaria 26. Albulae 39. Obori 27. Regiae 40. Rusguniae 28. Tasaccora 41. Rapidum 29. Castra Nova 42. Souk El Khemis 30. Ballene Praesidium 43. Caput Cilani 31. Mina 44. Usinaza 32. Ala Miliaria 45. Rusippisir 33. Arsenaria 46. 34. Columnata 47. Bida 35. Gunugu

Présence de chrétiens

48. Damous 52. Kherba des Aouissat 49. Portus Magnus 53. Mediouna 50. Mecheraa Asfa 54. Labiod Medjadja 51. Tiaret 55. Bourkika

À noter l’existence possible d’autres communautés difficiles à localiser précisément, dans les environs de Caesarea (les Tablanenses et les Nurconenses GHSufasar (les Numidae G¶(O/LPQW /HVTamazucenses HW de Rapidum (les Masuccabenses 9RLU+DPGRXQHSRur plus de précisions. LE CHRISTIANISME EN MAURÉTANIE CÉSARIENNE 107

Bibliographie

ALBERTINI(  ©/DURXWHIURQWLqUHGHOD0DXUpWDQLH&pVDULHQQHHQWUH%RJKDUHW/DOOLD0DJKQLDª Bulletin de la société de géographie et d’archéologie d’ (cinquantenaire), p. 33-48. BENSEDDIK 1   © 1RXYHOOHV FRQWULEXWLRQV j O¶DWODV DUFKpRORJLTXH GH O¶$OJpULH ª GDQV L’ Romana, VII/2, p. 746-751. BRIAND-PONSART C., MODÉRAN< GLU    Provinces et identités provinciales dans l’Afrique romaine. Table ronde du cinquantième anniversaire du centre Michel de Boüard tenue à l’Université de Caen Basse Normandie, Caen, Publications du CRAHAM. CCSL 149 = Concilia africae, C. MUNIER pG 7XUQKRXW%UHSROV &RUSXV&KULVWLDQRUXP6HULHV/DWLQD   CARCOPINO-  ©/D¿QGX0DURFURPDLQªMélanges d’archéologie et d’histoire, 57, p. 349-448. COURTOIS&  Les Vandales et l’Afrique, Paris, Arts et métiers graphiques. DE VEER $&   ¯uvres de saint Augustin. Traités Anti-Donatistes, vol. IV, Paris, Desclée de Brouwer (Bibliothèque augustinienne, 4eVpULH  DEARN$  ©7KHPassio S. Typasii veterani as a catholic construction of the past », Vigiliae Chris- tianae, 55, p. 86-98. DESANGES-  ©3HUPDQHQFHG¶XQHVWUXFWXUHLQGLJqQHHQPDUJHGHO¶DGPLQLVWUDWLRQURPDLQHOD Numidie traditionnelle », Antiquités Africaines, 15, p. 77-89. DUPUIS;  ©'¶XQHVSDFHDGPLQLVWUDWLIjO¶DXWUHDX[RULJLQHVGHOD1XPLGLHHFFOpVLDVWLTXHªGDQV Centres de pouvoir et organisation de l’espace. Actes du Xe colloque international sur l’histoire et l’archéologie de l’Afrique du Nord préhistorique, antique et médiévale, Caen&%ULDQG3RQVDUW GLU  Caen, PU de Caen, p. 577-586. DUVAL<  /RFDVDQFWRUXP$IULFDHLe culte des martyrs en Afrique du IVe au VIIe siècle, Rome / Paris, École française de Rome / De Boccard. —  ©'HQVLWpHWUpSDUWLWLRQGHVpYrFKpVGDQVOHVSURYLQFHVDIULFDLQHVDXWHPSVGH&\SULHQªMÉfR, 96/1, p. 493-521. FÉVRIER3$  ©$X[RULJLQHVGXFKULVWLDQLVPHHQ0DXUpWDQLHFpVDULHQQHªMÉfR, 98/2, p. 767-809. —  Approches du Maghreb romain, W3RXYRLUVGLIIpUHQFHVHWFRQÀLWV, Aix-en-Provence, Édisud. GESTA 1 = LANCEL 6 D  Capitulation générale et actes de la première séance *HVWD   3DULV 6RXUFHVFKUpWLHQQHV  GSELL6W  Fouilles de Benian, Paris, E. Leroux. —  ©/HFKULVWLDQLVPHHQ2UDQLHDYDQWODFRQTXrWHDUDEHªBulletin de la société de géographie et d’archéologie d’Oran (cinquantenaire), p. 17-32. GUYON J., BARATTE F., CANTINO WATACHIN G., HEIJMANS0  ©/DGLIIXVLRQGXFKULVWLDQLVPHHW ses incidences topographiques sur les villes et les campagnes de l’Occident constantinien », dans Acta XVI congressus internationalis archaeologiae christianae, Rome&LWpGX9DWLFDQ3RQWL¿FLR,VWLWXWR di Archeologia Cristiana, p. 3-124. HAMDOUNE C. (2018), $G¿QHV$IULFDH5RPDQDHLes mondes tribaux dans les provinces maurétaniennes, %RUGHDX[$XVRQLXVeGLWLRQV 6FULSWD$QWLTXD  LAPORTE-3  ©8QHLQVFULSWLRQGH et la date de séparation des Maurétanies Césarienne et 6LWL¿HQQHªGDQVL’Africa Romana, XII, p. 1111-1121. LANCEL6  ©2ULJLQDOLWpGHODSURYLQFHHFFOpVLDVWLTXHGH%\]DFqQHDX[IVe et Ve siècles », Cahiers de Tunisie, 45-46, p. 139-155. — D  pG Actes de la Conférence de Carthage en 411, 4 vol., Paris, Éditions du Cerf, (Sources FKUpWLHQQHV  — E  pG Actes de la Conférence de Carthage en 411, t. 1. Introduction générale, Paris, Éditions GX&HUI 6RXUFHVFKUpWLHQQHV  108 ANNE SALITOT

— D ©eWXGHVVXUOD1XPLGLHG¶+LSSRQHDXWHPSVGHVDLQW$XJXVWLQªMÉfR, 96/2, p. 1085-1113. — E ©6DLQW$XJXVWLQHWOD0DXUpWDQLH&pVDULHQQHOHVDQQpHVjODOXPLqUHGHVQRXYHOOHV lettres récemment publiées », RÉA, 30, p. 48-59. — F ©6DLQW$XJXVWLQHWOD0DXUpWDQLH&pVDULHQQH  O¶DIIDLUHGHO¶pYrTXH+RQRULXV DXWRPQH SULQWHPSV GDQVOHVQRXYHOOHVOHWWUHV  HW $ªRÉA, 30, p. 251-262. —  ©eYrFKpVHWFLWpVGDQVOHVSURYLQFHVDIULFDLQHV IIIe-IVeVLqFOHV ªGDQVL’Afrique dans l’Occident romain, Ier-IVe siècles apr. J.-C. Actes du colloque de Rome, Rome, École française de Rome &eI5 S — D ©&KULVWLDQLVPHªGDQVEncyclopédie berbère, XIII, Aix-en-Provence, Édisud, p. 1942-1951. — E ©AfricaRUJDQLVDWLRQHFFOpVLDVWLTXHªGDQVAugustinus Lexicon, I, col. 206-216. LANCEL6 pG   9LFWRUGH9LWDHistoire de la persécution vandale en Afrique, Paris, Les Belles Lettres. LASSÈRE-0  ©&KRL[G¶LQVFULSWLRQVUHODWLYHVjO¶KLVWRLUHGHO¶$IULTXH7UDGXFWLRQVDYHFpOpPHQWV de commentaire », dans L’Afrique romaine de 69 à 439%&DERXUHW GLU 1DQWHVeGLWLRQVGXWHPSV p. 34-73. LEPELLEY&  ©/¶$IULTXHHWVDGLYHUVLWpYXHVSDUVDLQW$XJXVWLQªGDQVSaint Augustin, la Numidie et la société de son temps. Actes du colloquede la Sempam, Ausonius, Bordeaux6/DQFHO pG 3DULV 'H%RFFDUG 6FULSWD$QWLTXD S LEVEAU3  ©SufasarPXQLFLSHGH0DXUpWDQLH&pVDULHQQH $PRXUD2XHG&KRUID ªAntiquités Africaines, 14, p. 135-153. MARCILLET-JAUBERT-  Les inscriptions d’Altava, Aix-en-Provence, Ophrys. MODÉRAN<   ©/D SURYLQFH WURLVLqPH SDWULH " ª GDQV Provinces et identités provinciales dans l’Afrique romaine. Table ronde du cinquantième anniversaire du centre Michel de Boüard tenue à l’Université de Caen Basse Normandie&%ULDQG3RQVDUW<0RGpUDQ pG &DHQ3XEOLFDWLRQVGX CRAHAM, p. 9-40. MONCEAUX3  ©6XUXQHLQVFULSWLRQURPDLQHG¶Auzia $XPDOH ªBSAF, p. 224-226. SALAMA3  ©%RUQHVPLOOLDLUHVHWSUREOqPHVVWUDWpJLTXHVGX%DV(PSLUHHQ0DXUpWDQLHªCRAI, p. 346-354. —   © 2FFXSDWLRQ GH OD 0DXUpWDQLH &pVDULHQQH RFFLGHQWDOH VRXV OH %DV(PSLUH URPDLQ ª GDQV Mélanges d’archéologie et d’histoire offerts à André Piganiol 5&KHYDOLHU pG  3DULV 6(93(1 e3+e S SALITOT A., à paraître, La Maurétanie césarienne à l’époque impériale. 6SpFL¿FLWpV HW LGHQWLWp G¶XQH province africaine, thèse de doctorat, université de Caen, soutenue en 2014. SHAW %   Sacred Violence. African Christians and Sectarian Hatred in the Age of Augustine, Cambridge, Cambridge UP.