Maurice Benguemale « Les Évêques De
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Maurice Benguemale « Les évêques de Mauretanies dans l’antiquité (IIIe, Ive, Ve siècles) » -------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------- Benguemale Maurice. « Les évêques de Mauretanies dans l’antiquité (IIIe, Ive, Ve siècles) », sous la direction de Yann Le Bohec. - Lyon : Université Jean Moulin (Lyon 3), 23 mars 2012. Disponible sur : www.theses.fr/2012LYO30024 -------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------- Document diffusé sous le contrat Creative Commons « Paternité – pas de modification » : vous êtes libre de le reproduire, de le distribuer et de le communiquer au public à condition d’en mentionner le nom de l’auteur et de ne pas le modifier, le transformer ni l’adapter. INTRODUCTION Nous nous proposons dans la présente étude de faire une analyse prosoprographique des évêques de Maurétanie (Césarienne et Sitifienne) des IIIème IVème et Vème siècles. Le projet ainsi défini fait montre d’un caractère ambitieux, compte tenu de la rareté des documents qui se rapportent de manière précise à la question et surtout de leur hétérogénéité (épigraphique, archéologique, textes et documents ecclésiastiques, etc…) qu’il convient d’interroger avec beaucoup de prudence. Pour éviter toute équivoque, il faut préciser quels évêques sont concernés. En effet la crise donatiste qui a divisé l’Eglise d’Afrique au IVème siècle éclate à Carthage au début de l’épiscopat de Caecilianus. Un diacre de Carthage du nom de Félix, avait violemment critiqué l’empereur dans une lettre. Pour échapper à l’autorité civile, il se refugie chez son évêque mensurius lequel refuse de le livrer et se voit convoquer à Rome pour s’en expliquer. Le prélat gagne sa cause devant l’empereur mais il meurt avant de rentrer chez lui. Pour le remplacer on choisit son diacre Caecianus qui reçoit aussitôt l’ordination épiscopale des mains de Félix d’Abthugi. Celui-ci était assisté de ses collègues Novellus de Thizica et de Faustino de Thuburdo. Le choix de Caecilianus fut bientôt contesté. En effet on accusa Félix, le principal consécrateur, de traditeur c'est-à-dire celui qui a livré les Ecritures pendant les persécutions et on mit en doute la validité de son acte. Plus d’une soixantaine d’évêque surtout de Numidie se rendent à Carthage où ils convoquent Caecilianus qui refuse de comparaître. Les prélats Numides engagèrent de longues négociations avec Caecilianus mais sans succès. Ceux-ci condamnèrent le nouvel évêque de Carthage en son absence et ordonnèrent un autre évêque en la personne du lecteur Maiorinus. Le schisme donatiste était né. Désormais l’Eglise d’Afrique comptait deux communautés rivales : une catholique et une autre donatiste du nom de Donat, farouche défenseur du mouvement schismatique. Caecilianus et Carthage ont l’appui de l’extérieur. Et lors de la cession du tribunal ecclésiastique réuni à Rome le 02 octobre 313, Caecilianus a en face de lui Donat qui s’impose et apparaît comme le chef de file de la nouvelle religion. 1 Il faut souligner que malgré les différends qui les opposaient rien au niveau du dogme ni même dans la liturgie ne distingua les deux églises désormais rivales dont les bâtiments culturels étaient le plus souvent inter changeables. C’est surtout la question des lapsi qui est à l’origine du schisme donatiste. En effet que ça soit du côté des donatistes que de celui des catholiques, chacun se réclamait de la « vraie église » de Dieu. Les premiers traitaient les seconds de « traditeurs », les catholiques parce que fidèles à l’autorité de Rome et soutenus par le pouvoir public, s’estiment les « vrais successeurs » de Jésus. Ce mouvement empoisonne durablement la vie de l’Eglise africaine tout au début du IVème siècle. Les conflits vont être très violents notamment en Numidie où la secte a vu le jour et où il trouvait un terrain favorable en la présence des Circoncellions, ces ouvriers agricoles, saisonniers et itinérants qui étaient en quelque sorte le « bras armé du clergé donatiste ». Cet affrontement entre donatistes et catholiques, précisément dans les Maurétanie avec Emeritus comme chef de file des schismatiques, modifie le visage du Christianisme africain de l’époque. Enfin, plus que partout ailleurs en Afrique, c’est dans les deux Maurétanie que se multiplient, avec l’expansion de la nouvelle religion, les diocèses dits ruraux. Au milieu IVème siècle jusqu’au début du Vème siècle. Cette situation coïncide avec des grands problèmes que traverse l’Eglise d’Afrique de l’époque. Il s’agit surtout de l’invasion des vandales qui sonne le glas du christianisme nord africain. Certes, le problème du christianisme en Maurétanie a été plus ou moins débattu par quelques auteurs modernes ; en témoigne l’état des lieux que nous publions dans cette introduction. De là se pose la question de savoir quel intérêt peut revêtir la présente étude, et surtout comment entendons nous relancer le débat. En effet l’un ou l’autre de nos prédécesseurs ont essayé d’aborder le problème dans un cadre général. Pourquoi les Maurétaniens sont elles restées longtemps en retard sur les autre provinces ecclésiastiques de l’époque ? Comment expliquer la « tragique » disparition de l’église Maurétanie dont les leaders comme Emeritus, pour la part schismatique, ont brillé tant par leur personnalité que par leurs œuvres ? Quels types de relations existaient entre les différents responsables des deux communautés ? Viennent s’ajouter à ces interrogations celles 2 de connaître les origines des diocèses et surtout celles des évêques dont les nominations ont suscité beaucoup de controverses et de polémiques au sein de l’Eglise d’Afrique. Nous avons choisi les Maurétanie pour répondre à deux préoccupations. Dans un premier temps, nous voulons approfondir un travail que nous avons soutenu dans le cadre de notre D E A il y a quelques années. Au cours de cette soutenance le regretté professeur S. Lancel a trouvé notre thème intéressant et nous avait demandé de l’étendre aux deux Maurétanies. Il nous avait aussi été recommandé d’ouvrir une deuxième partie consacrée à l’interprétation des données prosopographiques ; laquelle interprétation devait donner lieu à l’histoire des origines du christianisme, des évêques et des différents diocèses dans les Maurétanies césarienne et sitifienne. Par ailleurs les Maurétanies, nous le constatons, ont occupé une place importante dans le processus de christianisation en Afrique romaine au Bas Empire. En effet, comme les autres provinces ecclésiastiques, elles n’appartenaient pas à l’église officielle. Aussi, malgré le retard enregistré dans le contact avec la nouvelle religion, les évêques des Maurétanies se sont fait parler d’eux dans les grandes rencontres, les conciles africains et régionaux des premiers siècles. On les voit surtout défendre les causes de leurs provinces lors du grand débat qui réunit catholiques et donatistes à Carthage, sous le légat de l’empereur, pour régler les différends liés au schisme. Toutes les interrogations liées aux origines, à l’évolution et à la disparition du christianisme en Afrique Romaine, même si elles ont été soulevées et parfois débattues par d’éminents chercheurs, demeurent encore d’actualité quant aux provinces des Maurétanies. C’est à travers une étude prosopographique, suivie d’une analyse des différentes données rassemblées que nous comptons y apporter des éléments de réponse. Nos démarches ont été orientées par quelques sources d’information. Celles-ci sont de plusieurs types. Pendant longtemps la lecture des ouvrages dont certains ont paru clés sur le sujet a été au centre de nos préoccupations. L’inaccessibilité à certains documents nous a rendu la tâche parfois ardue. Néanmoins nous avons pu trouver des documents de base grâce à la collection « Sources Chrétiennes » située rue de l’Abbaye à Paris et à la bibliothèque de l’université catholique de Lyon. Nous avons aussi eu à consulter des ouvrages traduits de latin en français surtout pour la partie consacrée à la prosopographie. 3 Notre méthode de travail. La configuration de notre étude devrait, en principe, nous imposer une méthodologie historico-géographique, sinon interdisciplinaire. Nous avons choisi l’approche analytique qui nous permet d’étudier les évêques (leur vie, leurs œuvres,…) ; les débuts du christianisme, son expansion et les causes de son déclin dans les Maurétanies. La nature et l’étendue du travail font appel à quelques précisions méthodologiques. En effet, le mérite de la méthode prosopographique nous la reconnaissons surtout pour la période qui va du IVème au Vème siècle de notre ère, époque où l’Eglise d’Afrique est dans son pleine expansion et où nombre de ses chefs se font parler d’eux à travers des œuvres qui sont restées jusque là célèbres. Par contre la situation se présente tout autrement pour le IIIème siècle qui correspond au début du christianisme africain. On ne connaît pas grand-chose sur les évêques africains de l’époque. Les renseignements les concernant sont laconiques. Beaucoup d’hypothèses sont avancées quant à l’appartenance de tel ou tel évêque à tel diocèse. On hésite parfois sur la transcription des noms, des évêques ou des diocèses. Cette collecte de données prosopographiques s’est effectuée de manière chronologique. Ainsi pour le Bas Empire qui est notre période d’étude, nous avons commencé à rassembler les informations sur les évêques de l’IIIème et enfin du Vème siècle. C’est ici que les documents de Sources Chrétiennes nous ont été d’un grand