Procès D'un Résistant En Sortie De Guerre
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Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne Ecole d’histoire de la Sorbonne Centre d’histoire sociale des mondes contemporains L’affaire Maurice Grapin : procès d’un résistant en sortie de guerre (1946 – 1949) Mathieu Blanchard Mémoire de Master 2 préparé sous la direction de Fabien Théofilakis 2019 – 2020 Juin 2020 1 2 Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne Ecole d’histoire de la Sorbonne Centre d’histoire sociale des mondes contemporains L’affaire Maurice Grapin : procès d’un résistant en sortie de guerre (1946 – 1949) Mathieu Blanchard Mémoire de Master 2 préparé sous la direction de Fabien Théofilakis 2019 – 2020 Juin 2020 3 Remerciements Je tiens à exprimer toute ma reconnaissance à mon Directeur de mémoire, Monsieur Fabien Théofilakis. Je le remercie de m’avoir encadré, aidé et orienté. Sa disponibilité, ses conseils avisés et ses relectures indispensables ont contribué à la réalisation de mon mémoire. Je remercie également Madame Pascale Goetschel et Madame Julie Verlaine qui m’ont fourni les outils et les connaissances nécessaires à la réussite de mon master et de ce mémoire. 4 Sommaire Introduction Une histoire inexplorée : les procès des résistants en sortie de guerre Une historiographie renouvelée Sources et limites d’une micro histoire Première partie : l’instruction de Maurice Grapin (1946-1949) Chapitre 1 : La mise en accusation d’un résistant : un désir de représailles dans un contexte de sortie de guerre ? (1946-1947) I. L’arrestation de Maurice Grapin II. Le basculement de l’année 1947 III. La stratégie de défense de l’ancien résistant Chapitre 2 : La construction d’un procès épuratoire : l’épuration d’un résistant (1947 – 1949) I. Maurice Grapin : du statut de résistant à celui de délateur ? II. L’instruction de l’affaire Alliance : un cas similaire à celui du réseau Comète ? III. Fixer la date du jugement Deuxième partie : La trajectoire de Maurice Grapin pendant l’Occupation (1940-1944) : figure d’un « traitre par accident » ? Chapitre 3 : Maurice Grapin alias « Panda » (1939-1943) I. De la « drôle de guerre » à son basculement en résistance (1939-1942) II. La montée en puissance : le chef régional du secteur de Marseille (1942-1943) III Janvier 1943 première vague d’arrestation dans le réseau Alliance : Quelle responsabilité pour Grapin ? Chapitre 4 : Le logeur de Vanves (1943-1944) I. Une reprise de l’activité résistante : que faire après une démobilisation forcée ? (mai - décembre 1943) II. Les journées du 17 et 18 janvier 1944 III. Comment vivre la fin de la guerre après de telles déconvenues ? (février - août 1944) Troisième partie : le procès Maurice Grapin-Jacques Desoubrie (7-20 juillet 1949) Chapitre 5 : Procès ordinaire ou procès exceptionnel ? Comment les institutions envisagent cette affaire ? I. Quels acteurs interagissent avec le procès ? II. Imaginaires et représentations : Quelle conception ont les acteurs du jugement ? III. Le procès Grapin-Desoubrie : une influence sur la vie politique et médiatique ? Chapitre 6 Punir ou pardonner : l’enjeu du procès Grapin-Desoubrie I. L’usage des témoins et témoignages II. Le verdict tombe : pourquoi cette peine ? Conclusion 5 Introduction « L’histoire ne présente pas aux hommes une collection de faits isolés. Elle organise ces faits. Elle les explique, et donc pour les expliquer elle en fait des séries, à qui elle ne prête pas une égale attention. Car, quelle le veuille ou non, c’est en fonction de ses besoins présents qu’elle récolte systématiquement, puis qu’elle classe et groupe les faits passés. C’est en fonction de la vie qu’elle interroge la mort »1. Ces quelques lignes, écrites par Lucien Febvre, définissent à elles seules le travail de l’historien. En fonction des évènements contemporains dont il est le témoin, l’historien interroge le passé selon une rigueur scientifique pour établir une interprétation modérée et légitimée par des sources. L’histoire de la Résistance intérieure française constitue, en ce sens, un parfait exemple qui illustre ses propos. En plus d’être un héritage central de l’histoire de France au XXe siècle, la Résistance touche, de près ou de loin, l’ensemble de la population française et continue d’être une référence majeure dans de multiples secteurs tels que l’art, la politique, et plus généralement dans toutes les représentations du passé2. Sans cesse interrogée, sans cesse écrite, elle demeure l’un des champs de recherche les plus prolifiques en termes d’études et de questionnements. Ce mémoire n’entend pas révolutionner et déconstruire tous les apports qui ont été établis jusqu’à ce jour mais plutôt explorer et comprendre un phénomène encore largement délaissé par la communauté scientifique et qui n’a pas fait l’objet d’une étude plus avancée. Ainsi, les procès des résistants survenus pendant l’épuration restent encore une part méconnue de l’histoire de la Résistance intérieure française et de la sortie de guerre de la France de la Seconde Guerre mondiale. 1 FEBVRE, Lucien, Combats pour l’Histoire, Paris, Armand Colin, 1952, p. 437. 2 ALBERTELLI, Sébastien ; BLANC, Julien ; DOUZOU, Laurent, La lutte clandestine en France : une histoire de la Résistance, 1940-1944, Paris, Edition du Seuil, 2019. 6 Une histoire inexplorée : les procès des résistants en sortie de guerre Le choix d’un tel sujet semble, au premier abord, être une évidence. Toutefois, il est le fruit de plusieurs mois de réflexions sur la manière d’approcher une histoire qui a été oubliée mais dont le champ historiographique a été mainte et mainte fois travaillé. Dans un premier temps, les thématiques étudiées se sont portées vers les usurpateurs qui se sont infiltrés dans les réseaux à la Libération et la reconnaissance qu’ont pu obtenir les résistants dans la société française après la Seconde Guerre mondiale3. Cependant, ces sujets sont beaucoup trop vagues pour constituer un travail de recherche de master. Qui plus est, ils ont déjà fait l’objet de plusieurs monographies, articles et études4. Par conséquent, une telle étude n’aurait fait qu’ajouter un énième ouvrage dans un champ historiographique déjà extrêmement dense. Dans un second temps de ma réflexion, la lecture de l’article « La Résistance en accusation. Les procès d’anciens FFI et FTP en France dans les années d’après-guerre » rédigé par Fabrice Grenard, directeur du département de recherche et de pédagogie de la Fondation de la Résistance dans le XVe arrondissement de Paris, ainsi qu’un entretien avec ce dernier, ont aiguillé mes réflexions vers ce sujet5. Néanmoins, cette entrevue n’a pas pour autant établi le sujet définitif ici présent : elle en a seulement délimité les contours. En effet, le choix s’était tourné vers les procès des résistants communistes Francs-tireurs et partisans (FTP) entre 1947 et 1953. Malheureusement, les difficultés rencontrées pour obtenir des sources adéquates dans la région Ile-de-France m’ont donc poussé vers l’analyse d’une étude de cas bien précise mais qui n’en reste pas moins intéressante : le procès du résistant Maurice Grapin. Les procès des résistants survenus entre 1945 et 1950 dans le cadre l’épuration restent à ce jour un aspect inexploré de l’histoire politique et judiciaire de la France dans les années d’après-guerre. Ces procès démontrent toute la difficulté qu’a la société française à cicatriser les blessures liées à l’Occupation et à Libération, ainsi qu’au malaise instauré par les conditions de déroulement de l’épuration. A partir de 1947, le Parti communiste français (PCF) utilise ce phénomène pour mobiliser ses adhérents et les anciens combattants autour de lui afin de montrer la manière dont a été « trahie » la Résistance. De l’autre côté, l’extrême droite et une minime partie de la droite se servent de ces procès pour dénigrer les actions de la Résistance, et notamment les maquis. Pourtant, cette question d’anciens résistants impliqués dans des procès 3 Cf. WIEVIORKA, Olivier, « Les avatars du statut de résistant en France (1945-1992) », Vingtième Siècle. Revue d'histoire, 1996, n° 50, p. 55-66. 4 Cf. GRENARD, Fabrice, Maquis noirs et faux maquis 1943-1947, Paris, Vendémiaire, 2011 ; DOUZOU, Laurent, « Les silences d’un résistant », Le Genre humain, 2012, n° 53, p. 21-27. 5 GRENARD, Fabrice, « La Résistance en accusation Les procès d’anciens FFI et FTP en France dans les années d’après-guerre », Vingtième Siècle. Revue d'histoire, n° 130, 2016, p. 121-136. 7 est un sujet essentiel, car elle mobilise également l’histoire culturelle et sociale. La tension qui entoure ces procès et la mise en accusation d’anciens résistants indiquent à quel point la France est loin de se rassembler autour du mythe résistancialiste qui proclame une « France fière, digne et unie contre l’occupant » et de cette mémoire qui voulait que tous les Français et les Françaises se soient réunis autour de cette même volonté de résistance6. Certes, quelques ouvrages se sont penchés sur les affaires les plus célèbres mettant en avant des chefs de maquis reconnus, tels que Georges Grégoire-Guingouin7, sans pour autant expliquer le phénomène dans son ensemble. En effet, plusieurs milliers de résistants ayant appartenus aux Forces françaises de l’intérieur (FFI) et aux Francs-tireurs et partisans (FTP) ont été arrêtés par la justice civile et militaire entre 1945 et 1950. A partir d’un cas précis, le procès du résistant Maurice Grapin, qui se déroule entre 1946 et 1949, j’envisage de recomposer le climat dans lequel se situe le procès au sein de la société française. Pendant l’Occupation, Maurice Grapin s’est retrouvé mêlé aux activités de Jacques Desoubrie, un agent d’infiltration belge de la Geheime Feldpolizei (traduit littéralement par « Police de terrain secrète », GFP), qui a décimé plusieurs réseaux de résistance comme le « groupe de Compiègne » du réseau Hector, Comète, Turma Vengeance et l’Organisation civile et militaire (OCM).