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Rd Responsable du volum: Col. (R) Dr. Gh. Nicolescu Traduction en français: Ruxandra Lupan Cet ouvrage a été publié avec le concours et le généreux appui de la FONDATION „GENERAL ŞTEFAN GUŞA” COMMISSION FRANÇAISE COMMISSION ROUMAINE D’HISTOIRE MILITAIRE D’HISTOIRE MILITAIRE GUERRE ET SOCIÉTÉ EN EUROPE Perspectives des nouvelles recherches Coordination générale: Prof. émérite Dr André CORVISIER Prof. Dr Dumitru PREDA Editions EUROPA NOVA BUCAREST 2004 2 Couverture: Maria PAŞOL Mise en pages: Mariana IONIŢĂ ISBN 973-8158-38-9 Imprimé en Roumanie. 3 GUERRE ET SOCIÉTÉ EN EUROPE Perspectives des nouvelles recherches ans l’historiographie militaire, plus que dans les autres domaines de l’histoire, les barrières culturelles, tout comme DD les frontières nationales constituent une difficulté pour la recherche. C’est contre quoi lutte la Commission Internationale d’Histoire Militaire, en proposant à ses membres (une trentaine de commissions nationales) des études en commun de thèmes bien définis. Ces confrontations permettent des réflexions qui, au-delà de la consolidation de nos connaissances, invitent à des interprétations plus objectives des sensibilités nationales et des comportements des hommes. Plus rares sont les appels adressés par les historiens d’une nation à leurs collègues des autres pays pour s’informer de leurs méthodes et amorcer ou renforcer les échanges. Aussi convient-il de saluer l’initiative d’un jeune historien français, Emanuel Constantin Antoche, visant à établir des contacts directs entre la France et la Roumanie au moyen d’une publication commune. D’origine roumaine, il a suivi d’une manière constante, entre 1992 et 1998, les travaux de mon séminaire «Armées et Sociétés» à la Sorbonne où il a présenté plusieurs exposés concernant l’art militaire en Europe Centrale et Orientale, axés particulièrement sur l’histoire de la Roumanie aux époques médiévale et moderne: La stratégie de Vlad l’Empaleur, prince de Valachie contre les Ottomans pendant la guerre de 1461-1462 (séance de 01.12.1992 avec le professeur Matei Cazacu); Deux ans après Poltava. Campagne de Pierre le Grand en Moldavie et la bataille de Stănileşti – 1711 (séance de 16.03.1993); La formation des Etats médiévaux roumains. La Grande Armée et les premières batailles pour l’indépendance au XIV e siècle (séance de 19.12.1994); L’organisation de la Petite Armée en Moldavie et en Valachie aux XIV e - XVI e siècles (séance de 20.03.1995) etc. Emanuel Constantin Antoche a cru bon de s’adresser à moi pour coordonner la publication d’un ouvrage franco-roumain. Il est vrai que mes contacts avec l’histoire de la Roumanie (un mémoire de maîtrise) remontent à 1940... Nous sommes tombés d’accord sur le fait que les historiens militaires français ne représentaient pas à eux seuls l’histoire militaire «ouest-européenne». Il convenait d’associer à notre entreprise au moins un historien anglais et un historien allemand, étant donné la place qu’occupent dans l’historiographie militaire actuelle ces deux pays. J’ai reçu un accueil très favorable des historiens français, anglais et allemands auxquels je me suis adressé. 4 Notre projet fut chaleureusement accueilli par nos collègues roumains à l’instar du professeur Dumitru Preda, ami de longue date, à ce moment-là (automne 2001) directeur des Archives diplomatiques de la Roumanie, qui occupe par ses travaux une place éminente parmi les historiens de son pays et qui est bien connu des instances scientifiques internationales. Dumitru Preda a pu nous assurer d’abord le patronage de la Fondation «Général Berthelot». On ne pouvait mieux souhaiter que cette figure emblématique de l’alliance franco-roumaine pendant la Grande Guerre. Puis, en ajoutant à nos efforts le colonel Gheorghe Nicolescu, longtemps chef des Archives militaires roumaines de Piteşti, et enfin, obtenant le support généreux, moral et matériel, de la Fondation «Général Ştefan Guşă», remarquable figure de l’armée roumaine pendant la Révolution de 1989 et les premiers ans après, notre volume a réussi paraître peu temps après le Colloque de notre Commission Internationale d’Histoire Militaire de Bucarest (août 2003). Coïncidence heureuse et à la fois significative pour la coopération intellectuelle de nos commissions. Le présent ouvrage contient donc deux volets. Dumitru Preda a accepté la charge de coordonner le volet roumain, alors que la charge de celui «ouest-européen» m’était échue dès l’origine. Au total neuf historiens de Roumanie ont participé par leurs travaux à la rédaction de l’ouvrage, parmi lesquels plusieurs ont effectué des investigations dans les archives françaises ou de leur pays, ce qui rend leurs contributions concernant les relations militaires et diplomatiques franco-roumaines fortement inédites. La partie «ouest-européenne» est représentée par les études de huit historiens: six Français, un Allemand et un Anglais qui se sont attachés comme certains de leurs collègues roumains à aborder plutôt les problèmes de perspectives de recherches en donnant des exemples et les problèmes de méthode, afin de répondre aux attentes de l’autre. Le lecteur sera peut-être surpris de constater que la période contemporaine semble avoir été négligée par les Français. C’est que les rencontres internationales ont permis de faire connaître dans ce domaine, la production abondante et de valeur de la Commission Française d’Histoire Militaire, d’autant que l’histoire ancienne, médiévale et moderne qui offre encore à l’échelle temporelle et spatiale un vaste champ d’étude et qui nécessite davantage une certaine érudition et formation classique rend toujours aux contributions originales une place importante non seulement au sein de l’historiographie militaire, mais aussi dans la recherche historique en général. L’apport «ouest-européen» comporte deux sortes d’interventions. Cinq études présentent des exemples de champs divers de recherche et trois exposent l’activité et les caractères de la recherche en France, Allemagne et l’Angleterre. 5 Emanuel Constantin Antoche , doctorant à l’Ecole Pratique des Hautes Etudes à la Sorbonne, ouvre le feu avec une étude originale sur l’emploi tactique des chariots sur les champs de bataille, concernant surtout l’Antiquité et le Moyen Âge, tactique d’instinct remontant aux premières utilisations de ce véhicule, devenu un véritable système d’armes reposant sur un substrat social, auquel les Hussites ont donné sa réputation en Europe. Le Moyen Âge militaire français ne pouvait mieux être représenté que par le professeur Philippe Contamine , membre de l’Institut et président de l’Académie des Inscriptions et Belles Lettres. Avec Les méridionaux dans les armées des rois de France 1270-1340 , l’historien démontre, en dehors de toute légende, comment l’union des pays de langue d’Oc à ceux du Nord s’est faite, dès les origines, en grande partie par l’armée. «Un pays, c’est (ou c’était) d’abord des gens qui ont (ou avaient) l’habitude, qui trouvent (ou trouvaient) naturel de se battre ensemble contre un ennemi commun ». Le professeur Jean Chagniot , directeur d’études à l’Ecole Pratique des Hautes Etudes à la Sorbonne, nous plonge dans les tréfonds de la sensibilité des officiers français du milieu du XVIIe siècle. Pour cela, il intègre avec bonheur l’histoire littéraire à l’étude politique et sociale des comportements. Quelques manifestations de la sensibilité baroque des officiers français du XVII e siècle nous montre des militaires tentés de manière contradictoire par le stoïcisme chrétien de Juste Lipse et par le sens de l’honneur individuel ou collectif, procédant d’un individualisme qu’allait combattre la professionnalisation des armées sous Louis XIV et Louvois. Ce sont encore des moments dans des comportements récurrents bien qu’opposés qu’évoque André Corvisier , à propos des Paysans français du XVI e au XX e siècles face à la guerre. Le paysan français n’aime pas aller à la guerre, mais si la guerre vient à lui, il la fait. La conscription imposée dès 1668, faute de volontaires, est restée très impopulaire jusqu’au désastre de 1870. Cependant le paysan français a participé à la «revanche», en fournissant non seulement la plus forte proportion des combattants de la Grande Guerre, mais surtout le plus fort pourcentage des morts au champ d’honneur. L’histoire financière et économique de la guerre ne devait pas être absente. C’est Matei Cazacu , professeur à l’Institut National des Langues et Civilisations Orientales (INALCO), chargé de recherche au CNRS, qui l’aborde avec Guerre et argent: le cas des Principautés roumains (XVII e – première moitié du XX e siècle). L’idée principale est que les guerres entre Turcs (Ottomans), Russes et Autrichiens sur le territoire de la Valachie et de la Moldavie entre 1768 et 1877-1878 ont eu comme effet bénéfique l’entrée des monnaies étrangères (or, argent) dans des pays qui ne frappaient 6 plus la monnaie, ce qui entraîna aussi la baisse des prix et l’accumulation du capital réinvesti dans diverses affaires. Un jeune universitaire allemand, le professeur Ralf Pröve , qui a élargi le champ de recherche des historiens militaires en faisant appel à toutes les ressources qu’offre l’histoire locale, par une thèse pionnière Stehendes Heer und städtische Gesellschaft im 18. Jahrhundert. Göttingen und seine Militärbewölkerung 1713-1756 (Armée permanente et population urbaine au XVIII e siècle. Göttingen et sa population militaire, 1713-1756), présente un tableau très suggestif du renouvellement de l’historiographie militaire allemande depuis deux dernières décennies. Bernhard Kroener a été le principal artisan de l’élargissement récent du champ de recherches de l’école historique allemande dans ce domaine. Figée par le Troisième Reich, celle-ci, après une période de difficultés à aujourd’hui, non seulement avait comblé un certain retard, en renouant les contacts avec les universités, mais se trouve à la pointe de la recherche; un exemple à suivre dans les pays qui s’affranchissent du totalitarisme.