LE CAHIER DES CURIEUX

LA SAGOUINE UN TEXTE D’, MIS EN SCÈNE PAR PATRICK OUELLET

ABÉCÉDAIRE DE L’UNIVERS J. « Je me penche sur Radi, ma mémoire, l’enfant que je n’ai jamais cessé de traîner DE LA SAGOUINE avec moi et qui fait semblant de ne pas voir venir la fin. » « J’ai pris la décision de fermer les portes de mon cerveau, de laisser vraiment parler mon - A. Maillet, tiré du documentaire inconscient, mon subconscient, de laisser venir de Ginette Pellerin ce qui allait sortir d’instinct, que je possédais Radi, c’est son double, c’est Madame Maillet enfant et qui était moi. Je me suis dit : si j’ai vraiment avec qui elle discute souvent. L’enfant qui la ramène quelque chose à dire, ça va venir, si j’ai rien sur le droit chemin, qui la corrige. à dire, ça viendra pas et je me tairai. C’était mon test ultime. Et j’ai écrit La Sagouine. » Radi, c’est l’alter ego d’Antonine Maillet âgée de 10 ans qui apparaît dans une de ses premières oeuvres, A. Maillet On a mangé la dune, en compagnie de Radegonde, sa version adulte et vieillissante. Antonine Maillet, A. Acadie qui a l’habitude de dialoguer avec ses personnages, y met en scène cette relation qu’elle entretient avec D’abord habité par les peuples Mi’kmaq et Malécites, eux. le territoire acadien est identifié par des explorateurs européens au XVIe siècle qui l’appelle « Arcadie » Radi est certainement le personnage qui l’habite le qui signifie « paradis » en grec antique. Il inclut alors plus avec qui elle discute le plus. Assurément, elle la Nouvelle-Écosse, Terre-Neuve et le Nouveau- est dans sa tête, mais l’entend-elle vraiment ? Quoi Brunswick actuel. C’est en Acadie, sur l’île de la qu’il en soit, il s’agit très certainement d’un mélange Croix, située en plein cœur de la Rivière de la Croix, entre créer ce qu’elle entend et entendre de ce qui sépare le Nouveau-Brunswick du Maine, que qu’elle crée. les premiers colons s’installent en compagnie de Samuel de Champlain et Pierre Du Gua en 1604. K. Kent L’hiver est désastreux et ils décident de s’installer à Nommé en l’honneur de Prince Edward, duc de Kent Port-Royal de l’autre côté de la baie en 1605. et de Strathearn, le comté de Kent, au Nouveau- En 1613, les guerres territoriales commencent entre Brunswick est celui qui englobe la municipalité de les Anglais et les Français alors que des Anglais Bouctouche. La municipalité compte une population remontent la côte en partance de la Virginie. Ils de 2 361 âmes dont 90 % d’entre elles sont franco- appellent l’Acadie « Nouvelle-Écosse » et y chassent phones au moment du recensement de 2016. Dans les colons français pour y installer des colons écos- tout le comté, 69 % des 30 475 citoyens s’expriment sais. Le territoire repassera des mains des Anglais fièrement en français. Le territoire, d’abord occupé aux mains des Français et vice versa à six reprises par les Mi’kmaqs et d’autres premières nations, entre 1632 et 1713. Cent ans pendant lesquels les accueille ensuite les premiers colons français : les Acadiens sont toujours pris entre les deux clans et Acadiens. Il sera ensuite occupé par les Anglais, évitent de prendre parti pour ne pas s’attirer de repré- qui le peupleront avec les loyalistes venus du sud et sailles. En 1713, à la signature du traité d’Utrecht, les des immigrants irlandais et écossais. Il sera finale- Français cèdent l’Acadie aux Anglais, ce qui équivaut ment repris par les Acadiens lors de leur retour dans alors au territoire de l’actuelle Nouvelle-Écosse, du les années 1760. Cette succession d’occupants fait Nouveau-Brunswick, de la Gaspésie et du Maine. Ils en sorte qu’aujourd’hui, l’héritage est vaste dans le conservent donc l’Île Saint-Jean ( maintenant l’Île-du- comté de Kent où la tradition orale recèle encore Prince-Édouard, appelée Epekwitk par les Mi’kmaq ) plusieurs secrets. et l’Île Royale ( actuelle Île du Cap-Breton ) et y L. Langue de la Sagouine installent leur nouveau poste de pêche à Louisbourg, la nouvelle capitale. Au début du XIXe siècle, les Acadiens n’ont encore aucune institution qui leur est propre, les écoles fran- Jusqu’en 1744, l’Angleterre ne fait presque aucun cophones sont rares et les enseignants sont pour la effort de colonisation, ce qui permet à la population plupart des maîtres d’école itinérants se promenant acadienne de s’accroître très rapidement. À partir de de village en village. Le transfert de savoir acadien 1745, les tensions se raniment entre les deux pays se fait donc oralement. Ayant été isolés, autant des rivaux, poussant les Anglais à investir davantage les Français que des Anglais suite à la colonisation et territoires par crainte d’une éventuelle invasion. En à toutes les guerres de territoires, les Acadiens ont 1755, commence la déportation des communautés conservé le même français que celui des premiers acadiennes ( voir Déportation ) qui dure jusqu’à la colons arrivés au début du XVIIe siècle. victoire des Anglais, en 1763. Les Anglais s’appro- prient alors le territoire et éliminent tout l’héritage Dans le cadre de ses recherches de doctorat, acadien et autochtone. Ils commencent par unifier Madame Maillet entreprend un voyage autour de le territoire pour former la Nouvelle-Écosse ( N.E. ), l’Acadie pour aller à la rencontre des gens et de mais vont finalement y détacher l’Île Saint-Jean en leur langue. En conjuguant l’étude de Rabelais 1769 ( qui deviendra l’île du Prince-Édouard ( I.-P.-É ) ( 1494-1553 ), auteur humaniste de la renaissance, en 1799 ). Le Nouveau-Brunswick ( N.B. ) sera aussi et la tradition orale acadienne, elle découvre que la séparé en 1784. Les Acadiens vont revenir tran- langue acadienne comporte au moins 500 mots qui quillement et reprendront péniblement possession sont propres à l’époque de Rabelais. Contrairement de leurs terres à partir de 1763. Quarante ans plus au , qui emprunte à l’anglais, l’acadien est une tard, ils sont environ 8500 répandus au N.-B., en langue qui descend directement du français du N.-E. et à l’I.-P.-É. Au tournant du siècle suivant, on XVIIe siècle et à laquelle les Acadiens ont ajouté en compte alors 140 000. Malgré leur étendue, les un accent particulier, un accent de la mer comme communautés acadiennes s’unissent en convention l’explique l’autrice. à partir de 1881, ce qui leur permettra de discuter d’enjeux comme le développement agricole, l’édu- « Quand elle ( la Sagouine ) dit Barguigné, elle ne cation en français et le clergé acadien, permettant le traduit pas de bargain, elle donne le vieux mot, ainsi le maintien d’une communauté unie et forte. Ils qui était barguigné que les Anglais nous ont pris. » mettront sur pieds la Société nationale de l’Acadie, se doteront d’un drapeau, d’une fête nationale, d’une A. Maillet, en entrevue avec devise et d’un hymne national, symbole de leur fierté Marie-Louise Arsenault. et résilience. L’acadien de la Sagouine est aussi teinté par sa B. Bouctouche classe sociale, son statut et son éducation. Ce sont les mêmes distinctions que les Québécois font « Il y avait tout à Bouctouche pour aussi avec leur français, le joual, qui se décline en stimuler la créativité » plusieurs variétés et plusieurs niveaux de langue. La Sagouine joue ainsi un rôle fondamental dans l’élar- A. Maillet, en entrevue avec gissement de la vision qu’on se fait du français, et Marie-Louise Archambault permet à différentes variétés d’exister.

Inspiration première d’Antonine Maillet pour tous ses M. Maillet, Antonine personnages, cette petite ville côtière du Nouveau- Brunswick est celle qui a vu naître et grandir l’autrice. Le parcours impressionnant d’Antonine Maillet Son nom, à l’origine Chebooktoosk, a été donné par débute à Bouctouche le 10 mai 1929. Née dans la communauté Mi’kmaqs. Il signifie « grand petit une famille de neuf enfants, elle est entourée de havre » puisque le village est le plus grand des petits parents qui l’encouragent dans sa créativité. Enfant, havres de pêcheurs. Comme ses personnages, elle raconte déjà des histoires et elle se met à l’écri- Antonine Maillet est, elle aussi, grandement influen- ture dès qu’elle le peut. Ses deux parents, maîtres cée par son environnement, et son village, devenu d’école, lui donnent une éducation riche et l’encou- ville au fil du temps. Encore aujourd’hui Madame ragent à développer sa curiosité. Elle deviendra Maillet confie que tous ses rêves prennent vie dans ainsi enseignante, suite à l’obtention de son bacca- la cuisine de sa jeunesse à Bouctouche. lauréat, en acceptant la mission de participer à la survie de l’Acadie. Avant son départ pour Montréal en 1970, Antonine Maillet se concentrera davantage « C’est dire qu’i’ y a de quoi, dans la terre qui t’a mis sur sa carrière académique ; les années 60 seront au monde, qui te r’semble. consacrées à ses études aux cycles supérieurs Une parsoune, c’est un petit brin coume un âbre ou lors desquels elle approfondira ses recherches sur un animau : a’ finit par prendre la couleur de la terre Rabelais et la tradition acadienne. Elle partira pour qui l’a nourrie. J’avons la peau brune et un petit brin Paris en 1962, puis reviendra au Nouveau-Brunswick craquée ; et à mesure que je vieillizons, j’avons des pour poursuivre l’enseignement à l’Université de seillons dans la face coume un jardinage. Moncton. Elle enseignera jusqu’à son départ pour Montréal en 1970, où c’est cette fois avec son œuvre Une parsoune est ben obligée de ressembler au qu’elle réalisera pleinement sa mission : s’assurer que pays qui l’a nourrie et mise au monde, et c’est ça l’Acadie ne tombe pas dans l’oubli. Après le succès qui la tchent amarrée chus eux et la fait ennuyer. » de La Sagouine en 1971, Antonine Maillet quittera définitivement l’enseignement pour se consacrer extrait du texte Le Printemps, La Sagouine uniquement à l’écriture.

C. Création de la Sagouine En s’installant à Montréal, Madame Maillet veut partager ses racines et sa culture. Elle apporte avec La Sagouine, ce n’est pas une, mais plusieurs elle l’Acadie et tout son univers. femmes qu’a côtoyées Antonine Maillet. C’est Sarah Cormier, Loretta Jo et plusieurs autres, qui portent « J’ai pas quitté l’Acadie, je l’ai transplanté » les traditions de l’Acadie au fond de leur cœur. Le personnage de la Sagouine est apparu dans l’œuvre A. Maillet, en entrevue avec d’Antonine Maillet avec Les Crasseux, sa première Marie-Louise Arsenault. pièce de théâtre en 1968. C’est deux ans plus tard, alors qu’elle s’est exilée à Montréal, qu’un réalisa- Ses études littéraires et ses recherches de doctorat teur de Radio-Canada de Moncton lui passe une sont perceptibles dans ses œuvres. Plusieurs réfé- commande de billets et de monologues pour la radio. rences au patrimoine littéraire permettent de donner La Sagouine se voit alors octroyer le rôle principal à celles-ci les qualités d’un mythe ou d’une odyssée. d’une série de textes qui allait ravir les francophones Vivant désormais à Montréal, elle acquiert la distance du Nouveau-Brunswick. nécessaire pour écrire sur l’Acadie et permettre à La Sagouine sera ensuite adaptée au théâtre. des personnages comme la Sagouine de prendre D’abord présenté au Théâtre d’expression fran- vie. Depuis Pointe-aux-Coques en 1958, c’est plus çaise en Acadie puis à Saskatoon dans le cadre du de 40 œuvres littéraires qui sont nées de l’imaginaire Dominion Drama Festival, le spectacle s’installe à d’Antonine Maillet. Sa plume de romancière et celle Montréal en octobre 1972, au Théâtre du Rideau de dramaturge sont des facettes distinctes de son Vert. Partout, le succès est incontestable. En 1977, écriture, questionnant les mêmes enjeux. la pièce est adaptée pour la télévision de Radio- Canada par Jean-Paul Fugère puis, encore une fois « Qu’est-ce que nous sommes ? en 2006, par l’Acadien Phil Comeau. C’est à l’oc- D’où venons-nous ? Où allons-nous ? casion du 50e anniversaire de La Sagouine que Le Pourquoi sommes-nous passés ici ? Théâtre du Trident redonne un nouveau souffle à ce Qu’est-ce qui me distingue des autres ? personnage mythique. Quelle est mon identité à moi ? »

A. Maillet, en entrevue avec D. Déportation Marie-Louise Arsenault Dès 1713, le traité d’Utrecht autorise le départ des Acadiens, mais ceux-ci préfèrent rester sur leur terri- N. Notre-Dame d’Acadie toire puisque les autres territoires français ne leur offrent pas les mêmes conditions agricoles. Les Avant l’arrivée des congrégations religieuses, il n’y a Anglais quant à eux, tirent profit de la présence des que très peu d’Acadiens professionnels. Les Sœurs Français acadiens et de leur exploitation pour appro- des Congrégations de Notre-Dame ont donc joué un visionner leur garnison anglaise. À partir de 1745, rôle très important dans l’éducation des Acadiens, la tension monte entre les Anglais et les Français à partir de la deuxième moitié du XIXe siècle, en dans l’Atlantique. Des postes militaires s’organisent leur permettant d’obtenir une éducation de qualité du côté des Anglais, principalement à Halifax où la et d’accéder à de meilleurs emplois. capitale est déplacée, et du côté des Français qui C’est suite au décès de la mère d’Antonine Maillet construisent des forts sur plusieurs fronts. Si un que Mère Jeanne de Valois offre à l’autrice une conflit opposant les Anglais aux Français, aidés des bourse pour entrer au Collège Notre-Dame d’Acadie Mi’kmaqs, advenait, le gouverneur anglais craint que à Moncton en 1944. En 1950, Antonine Maillet fait les Acadiens se rebellent et s’allient au clan ennemi. partie des quatre premières femmes acadiennes à Il leur demande donc de prêter serment d’allégeance obtenir un diplôme de baccalauréat. à la couronne britannique, au risque d’être déportés. Les Acadiens refusent d’abord de prêter serment À la graduation, Mère Jeanne de Valois fait un à la couronne britannique, mais ils acceptent fina- discours aux femmes pour leur dire que l’avenir lement à contrecœur, ce qui ne satisfait pas le de l’Acadie repose sur leurs épaules en tant que gouverneur Charles Lawrence qui entreprend la futures institutrices des nouvelles générations. déportation en août 1755 pour ensuite peupler le Madame Maillet entre donc au couvent au Collège territoire de colons anglais en qui il a confiance pour Notre-Dame d’Acadie, et devient professeure avec se défendre contre les Français. Les trois quarts de comme motivation de sauver l’Acadie. C’est là la population sont déportés entre 1755 et 1762 vers d’ailleurs qu’elle y fait la rencontre de Viola Léger, les colonies anglaises de la côte est américaine. Si elle aussi enseignante. Elles y font d’ailleurs leurs certains de ceux qui échappent à la déportation débuts au théâtre en jouant du Molière, ainsi que réussissent à s’enfuir sur le territoire de la Nouvelle- les premiers textes de l’autrice Entreacte ( 1957 ) et France, d’autres vont se cacher chez les Mi’kmaqs Poire-Acre ( 1958 ). C’est donc lors de ses années et plusieurs vont mourir de faim ou de maladie. au couvent, dans son petit appartement du Collège, Pendant toute la guerre de Sept Ans, les Acadiens qu’Antonine Maillet crée ses premiers textes. C’est et les Mi’kmaqs maintiendront leurs attaques contre au même endroit que naîtra la Sagouine, à travers les Anglais sur le territoire acadien. les premiers brouillons des romans Les Crasseux ( 1968 ) et Antonine Maillet quittera finalement le À la fin de la guerre de Sept Ans, en 1763, comme les couvent, sachant que sa place est ailleurs. Anglais ont gagné contre les Français, ils permettent aux Acadiens de revenir à la condition d’être divisés « Je savais que le monde s’en allait vers quelque en communautés de dix familles ou moins, séparées chose d’autre et je voulais être aux premiers les unes des autres. Ils reviennent péniblement se rangs de ce nouveau monde » réinstaller sur leurs territoires ancestraux en consen- tant aussi à prêter serment. S’installent également A. Maillet les fugitifs qui ont échappé à la déportation et les prisonniers qui sont libérés. La majorité des O. Outremont Acadiens vont se réinstaller dans l’est du Nouveau- Brunswick et dans la Baie-des-Chaleurs. Certains Arrondissement de Montréal où Antonine Maillet vont aussi sur l’île du Cap-Breton, sur la pointe ouest s’est installée en 1974, sur une rue portant désormais de la péninsule de la Nouvelle-Écosse ainsi que sur son nom. Dès son arrivée à Montréal et à Outremont, l’Île-du-Prince-Édouard. Même si la communauté se Madame Maillet, qui vient d’une toute petite ville, se reconstruit, ils restent toujours marqués par ce qu’on sent chez elle. Dans ce quartier chaleureux où tout a appelé le Grand Dérangement. le monde est sympathique et se salue, elle passera presque l’entièreté de sa carrière d’autrice à créer des œuvres dans le grenier de sa grande maison, « Quand c’est que t’as pu le droit à ta terre, qu’elle habitera jusqu’en 2013. ni à tes biens, ni à ton pays, bin t’as encore droit à ta souvenance. »

A. Maillet. Tiré de la préface d’Évangéline deusse. P. Pays de la Sagouine

E. Évangéline « Incarnation populaire d’une œuvre littéraire. » David Lonergan, chroniqueur culturel « En littérature, un écrivain émerge parce qu’il sait marquer les distances avec ce qui le précède. Site touristique et culturel installé en 1992 sur l’Île- Antonine Maillet a su faire ça par rapport au mythe aux-puces, dans le village natal d’Antonine Maillet, d’Évangéline. » Bouctouche. permet aux Propos de Raoul Boudreau, directeur du personnages de prendre vie, année après année, département des études françaises, Université de sous forme de différents sketchs et pièces de Moncton, tiré du documentaire Antonine Maillet – théâtre. Encore aujourd’hui, c’est l’autrice, assis- Les possibles sont infinis de Ginette Pellerin. tée de quelques jeunes dramaturges, qui rédige les textes dramatiques des personnages, puisés non seulement dans La Sagouine, mais aussi dans Personnage, créé de toute pièce par le poète améri- toutes les œuvres du « cycle de l’Île-aux-puces », cain Henry W. Longfellow en 1847, pour éveiller les incluant Mariaagélas. Jusqu’en 2017, il était encore consciences en racontant cette histoire d’amour possible d’y voir la Sagouine, interprétée par Viola rendue impossible par le Grand dérangement des Léger, personnage maintenant retiré de la program- Acadiens. Le poème raconte l’histoire d’Évangé- mation suite au départ de Madame Léger. Le Pays line qui voit son fiancé Gabriel être emporté sur un de la Sagouine est, depuis sa création, un acteur bateau par les Anglais le jour de leur mariage en très important pour la culture acadienne et la culture août 1755. Elle doit elle aussi quitter Grand-Pré, son francophone du Nouveau-Brunswick. Par l’univers village, et se promener de village en village puisque d’Antonine Maillet, c’est tout l’héritage et la culture les Acadiens ont beaucoup de difficulté à s’établir. traditionnelle acadienne qui est mis en valeur. C’est Sur son chemin, elle se dévoue à soigner les blessés aussi sur l’Île-aux-puces qu’a lieu tous les ans l’un et se rendra jusque dans la région de Philadelphie des plus grands de toute l’Acadie pour où elle retrouve finalement son fiancé qui meurt dans célébrer la Fête nationale des Acadiens, le 15 août. ses bras.

Évangéline et son destin tragique deviennent le Q. Québec symbole des Acadiens. Une héroïne parfaite dans laquelle beaucoup de familles acadiennes se La pièce fait son entrée au Québec par le Théâtre retrouvent. Toutefois, l’intérêt accordé à Évangéline du Rideau Vert en 1972, après avoir été refusée fait en sorte qu’elle a remplacé la vraie histoire, dans plusieurs théâtres, sous prétexte qu’elle serait occultant les vrais héros en étant érigée comme incompréhensible pour le public du Québec. Ce symbole de résilience et de résistance passive et sont finalement Yvette Brindamour et Mercedes en masquant la résistance du peuple acadien par sa Palomino, reconnues pour leur fougue et leur appétit beauté. L’église s’est aussi emparée du personnage du risque, qui accueilleront La Sagouine au Théâtre mythique pour en faire un modèle féminin ne collant du Rideau Vert les lundis, plage horaire réservée aux finalement pas du tout à l’identité acadienne. spectacles plus audacieux et aux propositions plus « risquées ». Même si dans les dix premières minutes Le personnage de Longfellow a tout de même été Antonine Maillet dit avoir vu des gens s’interroger sur très présent dans la littérature acadienne jusqu’aux ce que la Sagouine disait, les spectateurs s’habitue- années 50. Son poème a été traduit en français par ront rapidement à la langue de celle-ci. le poète Pamphile Le May et adapté entre autres en chansons par Michel Comte. Antonine Maillet raconte, dans le documentaire de Ginette Pellerin, que la réaction a été tellement L’avènement de la littérature d’Antonine Maillet, avec positive que le public s’est levé à l’entracte pour l’arrivée de La Sagouine, propose désormais aux applaudir. C’en fut juste assez pour convaincre les Acadiens un modèle de femme forte représentant la directrices de programmer La Sagouine en saison résistance plutôt que les martyrs. La Sagouine met régulière, lançant ainsi les débuts d’un succès de l’avant la culture acadienne, ce qui a été construit en devenir. L’accueil de La Sagouine au Québec et reconstruit. marque pour Antonine Maillet l’entrée de l’Acadie dans la francophonie canadienne, la reconnaissance Pour en savoir plus sur la résistance acadienne : de sa juste place.

https://ici.radio-canada.ca/premiere/emis- sions/aujourd-hui-l-histoire/episodes/448762/ R. Religion rattrapage-du-mardi-26-novembre-2019 « C’est point la mort qui m’intchette, c’est ce Interprétation de la chanson de Michel Comte par Marie-Jo Tério https://www.youtube.com/watch?v=J4QtS_n49GU qui vient après… C’est-i’ ben vrai tout ce qu’ils racontent dans le gros catéchîme en image ? Le pigatoire, les limbes, l’enfer… » F. Féminisme Extrait de La mort, La Sagouine Au début des années 60, Antonine Maillet ne luttait pas pour la place des femmes, mais bien pour la place de la littérature en Acadie. À cette époque, La Sagouine fait tout ce qu’elle peut pour être une dans le milieu universitaire, les femmes devaient bonne chrétienne et pour respecter les commande- être doublement compétentes pour obtenir un poste ments de la religion et les consignes du curé pour d’enseignement. Alors enseignante à l’Université de éviter les conséquences. Toutefois, il est difficile Moncton, on lui accorde un congé d’une année pour pour une femme comme la Sagouine, qui a eu douze faire ses études de doctorat à Paris. Comme on ne enfants, dont neuf décédés « dans les langes », de fait pas un doctorat en une année, elle demande le suivre et d’écouter à la lettre les prêtres. Dans sa renouvellement pour une deuxième année, ce que jeunesse, la Sagouine n’a d’autre choix que d’utili- le doyen refuse pour des raisons personnelles. En ser son corps pour gagner sa vie. Elle attend donc lui refusant la possibilité d’accomplir son doctorat, les matelots venus d’ailleurs, appuyée sur le poteau on lui interdit en même temps de demeurer ensei- de téléphone. Elle vit donc constamment déchirée gnante à l’Université de Moncton puisqu’il s’agit entre ce qui est nécessaire pour survivre et le péché d’une exigence pour le poste de professeur. C’est qu’elle doit se faire pardonner. Mais « si tu veux te ce refus qui, très vite, lui donnera envie de partir, de faire pardouner tes péchés, faut que t’ayis regret pis s’établir ailleurs. Elle se dirige donc vers Montréal le farme propos de pu recoumencer » ce qui n’était en 1970. Avec le recul, ce refus s’avèrera aussi une pas chose facile à faire pour la Sagouine ni pour les bénédiction puisqu’il lui donnera la distance néces- femmes de son époque. saire pour écrire La Sagouine. S. Sagouin e Une fois à Montréal, elle aura beaucoup de difficulté ⋅ à trouver un poste dans une Université. Sa passion Au moment d’écrire La Sagouine, le mot « sagouin » pour la littérature orale lui fera perdre un poste d’en- existe uniquement au masculin pour désigner un seignement à McGill, alors que le nouveau Directeur homme malpropre qui fait des travaux sales. Cette du département de français précise que seule la expression est probablement inspirée de la première grande littérature est enseignée dans leur établis- signification du mot qui désigne un petit singe sement. Elle obtiendra finalement son doctorat en d’Amérique du Sud, un ouistiti, selon le dictionnaire littérature à l’Université Laval et se verra décerner Multi. Antonine Maillet s’est donc approprié le terme un doctorat honorifique par l’Université de Moncton. « sagouin » pour en inventer l’équivalent féminin et ainsi créer la Sagouine, cette femme de 72 ans qui C’est en 1989 qu’Antonine Maillet verra le retour du travaille durement et salement à laver des planchers. balancier en étant nommée chancelière de l’Univer- Le personnage est inspiré de plusieurs femmes sité de Moncton. ayant croisé le chemin de l’autrice, mais surtout des Acadiennes Sarah Cormier, Lorette à Jos et Caroline. « Ce n’était pas une vengeance pour moi, c’était un retour des choses. Et chaque fois que le retour des Madame Maillet raconte, en entrevue avec Marie- choses s’est présenté, je l’ai offert aux femmes. Louise Arsenault, qu’un jour, elle a fait la rencontre C’est là mon féminisme. » d’une dame âgée, toute courbée, qui a pris sa valise dans une luxueuse demeure où elle était accueil- A. Maillet, tiré du documentaire lie en Europe. L’hôte lui demande alors « Est-ce que de Ginette Pellerin ça existe encore des Sagouines ? » Madame Maillet explique : « La femme est en train de ramasser ma G. Guerre serviette qui est tombée. Elle était à genoux devant moi. Je l’ai regardé pour qu’on me voie la regarder À partir du Grand Dérangement de 1755, plusieurs et j’ai dit « Oui Monsieur, ça existe encore. » Le ton vagues de migration provenant de l’Allemagne se a changé. » succéderont au Canada et en Acadie, faisant en sorte que le commerce maritime avec l’Allemagne T. Tremblay devient très important au début du XXe siècle. Les premières œuvres d’Antonine Maillet, écrites à Avec l’avènement de la Deuxième Guerre mondiale la fin des années 50, sont rédigées dans un français en 1939, le Canada se donnera le pouvoir d’empri- plus standard. Elle-même, fille de maîtres d’école, ne sonner toute personne qui agirait de manière préju- parle pas la langue populaire acadienne au quoti- diciable à la sécurité de l’état. Des centaines de dien. C’est en 1968, avec Les Crasseux que l’au- Canadiens allemands et d’Allemands en territoire trice mettra la langue acadienne dans la bouche de canadien sont donc emprisonnés, entre autres, ses personnages. Comme en parle la professeure au centre de détention du Nouveau-Brunswick, à en études acadiennes de l’Université de Moncton, Fredericton. Marie-Linda Lord, dans le documentaire de Ginette « … Pis un jour, ils avont déclairé la guerre, la darniére. Pellerin, l’avènement du langage populaire dans Et le steamer a été pogné à l’embouchure de la baie ; l’œuvre d’Antonine Maillet coïncide avec l’apparition et ils avont jeté les matelots en prison. Par rapport du joual sur la scène québécoise avec Les Belles qu’ils étiont du mauvais bôrd. Seurement, je savons- Sœurs de Michel Tremblay. Les deux œuvres étant t-i’ de quel bôrd qu’est le bon monde ? Pis tout toutes deux parues en 1968, on sent une volonté de le bon monde est-i’ du même bôrd ? » faire entrer la langue populaire dans la littérature et le théâtre. Au même moment, dans deux francophonies Extrait de La Jeunesse, La Sagouine distinctes, les deux auteurs transgressent les normes linguistiques, les règles de bonnes conduites et se La guerre amènera aussi son lot d’aides gouverne- libèrent de la rigidité de leur éducation en valorisant mentales. La situation économique est tellement la culture populaire et leur héritage culturel. mauvaise pour les Acadiens que lorsqu’une crise se présente, qu’il s’agisse de la Grande Dépression ou U. Univers des personnages de la Deuxième Guerre mondiale, c’est souvent signe d’aide gouvernementale. Suite à la crise économique « Un jour, quand il y a une petite fille de cinq ans de 1930, le gouvernement canadien mettra finale- qui m’a demandé : « Combien vous avez eu ment sur pied le régime d’assurance-emploi. Comme d’enfants ? J’ai dit : « Sais-tu, si je les compte, le dit la Sagouine dans La Guerre : « Bin oui, durant c’est pas loin de 2000 » la dépression, les temps sont venus assez mauvais qu’une parsoune pouvait point descendre pus bas. A. Maillet, en entrevue avec Ben quand c’est que t’es bas assez, là, ils se déci- Marie-Louise Arsenault. dont de faire queque chouse pour pas te laisser corver. » Si la Guerre aura apporté beaucoup de Ses enfants sont ses personnages, dont les univers travail et de revenus pour les familles, même celles se croisent à travers l’entièreté de son œuvre. dont l’homme était parti, celle-ci a heureusement une Lorsque Antonine Maillet s’installe à Outremont, à fin, mais cette fin signifie aussi le retour à la normale Montréal, elle fait de son grenier un espace de créa- et à la misère pour la classe ouvrière acadienne. tion où ses œuvres prennent vie. Elle écrit quoti- «Et j’avons pus rien qu’une chouse à faire : C’est diennement en compagnie de ses personnages qui de guetter qu’il s’en vienne une autre guerre l’attendent dans son bureau. Elle leur parle, les fait qui nous ressortira encore une fois du trou » prendre vie autour d’elle. Elle discute avec eux et surtout avec Radi, son double, enfant éternelle, sa Extrait de La Guerre, La Sagouine mémoire. En déménageant, elle les a laissés derrière elle, dans son grenier d’Outremont. Cette sépara- tion symbolise pour elle une coupure avec le passé, tandis qu’elle se tourne maintenant vers l’avenir pour écrire de nouvelles histoires.

« j’ai plus le goût maintenant de dire « Comment on va s’en sortir » que de dire « comment on est sortie du reste »

A. Maillet

V. Victor Levy Beaulieu

Victor-Lévy Beaulieu est un journaliste, dramaturge, romancier né en 1945, donc très actif profession- nellement dans les mêmes années que Antonine Maillet. Il se dit lui-même polémiste, et s’exprime avec outrance sur tous les sujets qui lui tiennent à cœur. Très chargé idéologiquement et politiquement en plus d’être un fervent défenseur de la souverai- neté du Québec, il se plait à moquer la langue de la Sagouine et à dénigrer le français utilisé par Antonine Maillet et la langue des Acadiens. Le succès que reçoit Antonine Maillet ne lui plait pas du tout ; il critique son assurance qu’il qualifie de désinvolte, la considère arriviste et arrogante avec ses récoltes de prix. Il représenta en quelques sortes la jalousie des Québécois envers une Canadienne française qui reçoit une reconnaissance de ses paires à travers le monde. Pourtant, Antonine Maillet a toujours reçu les critiques positives au nom de l’Acadie, mais aussi aux noms du Québec et de la francophonie canadienne. H. Honneurs

Rapidement étiquetée comme la première grande W. Wilder écrivaine de l’Acadie, Antonine Maillet a su récolter Ancienne appellation de l’avenue sur laquelle les honneurs tout au long de sa carrière et en récolte Antonine Maillet s’est installée dans Outremont, où encore aujourd’hui. Le travail de Madame Maillet, elle y a passé plus de la moitié de sa vie. L’avenue souvent reconnu pour son excellence et sa capacité Wilder a été renommée la rue Antonine-Maillet à faire rayonner la francophonie canadienne, aura en 1981 pour honorer son prix Goncourt reçu en permis à l’autrice de recevoir de grands honneurs, 1979. Il est assez rare qu’une personnalité publique dont le titre d’Officier de l’Ordre du Canada en 1976. se voie attribuer le nom d’une rue de son vivant, ce Cette haute distinction honore ceux et celles ayant qui créera d’ailleurs de drôles de situations puisque contribué à améliorer de façon notoire le pays, et les Antonine Maillet habitera justement sur ladite rue. considère comme un exemple de la devise « désireux En effet, l’autrice raconte qu’un jour, appelant le 911 d’une patrie meilleure ». La même année, Madame pour signaler un incendie, le répondant à l’autre bout Maillet se voit octroyer le grade supérieur de l’Ordre de la ligne ne comprend pas s’il s’agit de son nom du Canada, soit celui de Compagnon, une promo- ou de celui de la rue, alors qu’il s’agit bien des deux ! tion particulièrement rapide. Quelques années plus tard, en 1979, elle reçoit le Prix Goncourt pour son Il est à noter également que le remplacement de roman Pélagie-la-Charrette. Elle devient ainsi la Wilder, cet héritage anglais, par le nom d’Anto- sixième femme de l’histoire à recevoir ce prix, en nine Maillet, représente une autre victoire au nom plus d’être la première à le remporter au Canada. de l’Acadie. L’autrice sera ensuite nommée Grande Elle recevra aussi par la suite plus d’une dizaine de Montréalaise en 1991, puis recevra la clé de la Ville prix au Québec, au Canada et en France, recon- de Montréal par la Mairesse Valérie Plante au début naissant tous son apport considérable à la culture, de l’année 2020. à la littérature et au rayonnement des arts et de la francophonie partout dans le monde. X. Xénophobie En 1989, sa partenaire artistique, Viola Léger, se verra décerner le titre d’Officier de l’Ordre du Canada, elle « Hostilité systématique manifestée à l’égard aussi pour sa contribution notoire à faire du Canada des étrangers » une meilleure patrie. Elle sera également récipien- daire de l’Ordre des francophones d’Amérique en Définition du Larousse 1998 et de l’Ordre du Nouveau-Brunswick en 2007. De la xénophobie, il y en a partout dans l’œuvre et la I. Identité vie d’Antonine Maillet. La peur de l’autre s’est d’abord installée dans ses racines les plus profondes en 1755 avec la déportation des Acadiens et surtout « Pour l’amour de Djeu, où c’est que je vivons, les difficultés qu’ils ont eues à élire domicile ailleurs nous autres ? qu’en Acadie. Cette xénophobie devient finalement …En Acadie. Ça fait que j’avons entrepris de intrinsèquement liée avec la lutte identitaire des répondre à leu question de natiounalité coume ça : Acadiens. Finalement, la Sagouine la vit aussi cette des Acadjens, que je leur avons dit. Ça, je sons sûrs hostilité lorsqu’elle raconte que « acadienne » n’était d’une chouse, c’est que je sons les seuls à porter pas une nationalité possible lors du recensement. ce nom-là. Ben ils avont point voulu écrire ce mot-là dans leu liste, les encenseux. Parce qu’ils avont Y. Youpi, hourra, bravo… attends-moi eu pour leu dire que l’Acadie, c’est point un pays, j’arrive, signé Viola Léger ça, pis un Acadjen c’est point une natiounalité, par rapport que c’est pas écrit dans les livres Née aux États-Unis, au Massachusetts en 1930, de Jos Graphie. » Viola Léger est passionnée de théâtre. Elle fait ses débuts en théâtre au Collège Notre-Dame-D’Acadie, Extrait du Recensement, La Sagouine. mais se consacre surtout à l’enseignement dans la première partie de sa vie. Passionnée, elle enseigne Au temps d’Antonine Maillet, l’école à Bouctouche le théâtre et y initie des jeunes. est en français, mais tous les manuels scolaires sont Antonine-Maillet raconte : en anglais. Alors qu’elle est enfant, elle se ques- tionne beaucoup sur son identité, ne se considérant « Quand le livre de La Sagouine est sorti, je savais ni Canadienne française, ni Anglaise, ni Américaine. que ce livre-là, il devait y avoir quelqu’un qui le joue- C’est sa mère qui la rassurera en lui disant qu’elle rait et que ce ne serait pas moi. J’ai envoyé un mot à est Acadienne et en ajoutant : « Mais hélas l’Acadie Viola qui étudiait le théâtre à Paris. Elle m’a répondu n’existe plus ». En comprenant qu’elle a une identité « Youpi, hourra, bravo… attends-moi j’arrive, signé propre, elle comprend aussi qu’elle devra se battre Viola Léger » pour la préserver, tout comme les générations avant elle. N’ayant pas une formation en théâtre, elle puise dans l’essentiel. Ne sachant pas quoi offrir au personnage, Son roman Pélagie-la-charrette raconte justement le elle cherche au fond d’elle-même avec simplicité et mythe fondateur de l’Acadie, de l’exil jusqu’au retour vérité. C’est là que réside le succès de La Sagouine. du peuple acadien. C’est une odyssée au terme de laquelle les Acadiens retrouveront leur territoire et Madame Léger accepte d’abord d’interpréter la leurs origines. Pélagie-la-charrette, symbole de cette Sagouine pour quatre représentations seulement, lutte identitaire, est une ode à la survie des Acadiens puisqu’elle continue d’enseigner en même temps. et à la pleine prise de possession de leur identité. Devant le succès du spectacle, elle décide finale- En remportant le prestigieux prix Goncourt de 1979 ment de continuer, ne se sentant plus la liberté de pour cette œuvre, c’est toute l’Acadie qui est vengée. mettre fin à l’histoire de la Sagouine. Décision déchi- rante qui la mènera à quitter l’enseignement pour À différents niveaux, on peut aussi faire un paral- porter fièrement son personnage. lèle entre la quête identitaire des Acadiens et celle des Québécois. Les Québécois ont aussi plusieurs Jusqu’à son retrait en 2017, Viola Léger a interprété œuvres phares ayant participé à l’affirmation de La Sagouine près de 3000 fois en français, en l’identité. Elvis Gratton, de Pierre Falardeau et Julien anglais et dans plusieurs pays. Entre 1993 et 2017, Poulin, fait partie de ces films qui ont marqué l’imagi- elle a interprété son personnage tous les étés au naire collectif en accompagnant les québécois dans Pays de la Sagouine. l’affirmation de leur identité. Sous la forme d’une critique, et non d’une quête, Elvis Gratton se veut Z. Ziegler une vengeance, une réponse à la classe moyenne La comédienne Viola Léger a aussi joué dans fédéraliste qui a fait échouer le référendum de 1980 plusieurs films et plusieurs spectacles de théâtre, et qui est tombée tranquillement dans le rêve améri- en plus de La Sagouine. Elle a joué, entre autres, cain aux dépens de la culture québécoise. C’est un dans la version anglophone d’Albertine en cinq appel à l’aide, au sauvetage de l’identité québécoise. temps de Michel Tremblay et dans Grace et Gloria de Tom Ziegler. Le spectacle Grace et Gloria, traduit Voir l’extrait d’Elvis Gratton https://www.youtube.com/ watch?v=lZS7sOOpELI&feature=youtu.be par Michel Tremblay et mis en scène par Denise Filiatrault est un succès monstre au Théâtre du Pour plus d’information sur le prix Goncourt et Pélagie- Rideau Vert en 1998. Le spectacle, tenu par Viola la-Charrette ( à la 14e minute ) https://www.onf.ca/film/ antonine_maillet_les_possibles_sont_infinis/ Léger et Linda Sorgini, a ensuite tourné à travers tout l’est du Canada pendant deux ans, pour revenir au Rideau Vert en 2001, 30 ans après La Sagouine. Son rôle dans Grace et Gloria lui a valu le Masque de la meilleure actrice en 2001.

LEXIQUE LA SAGOUINE F Faine :  Gland de hêtre. Afin de vous faire mieux profiter de votre rencontre avec la Sagouine, voici un lexique qui explique Fayot :  Fève, haricot. quelques-uns des mots et certaines expressions Flacatoune : Bière de fabrication domestique. qu’elle utilise. Vous y trouverez des inventions langagières ou des déformations de mots, Fricot :  Ragoût traditionnel acadien, le plus mais la plupart sont de vieux mots français souvent composé de volaille, de pommes de terres, oubliés encore utilisés en Acadie. d’oignons et de boules de pâte, et assaisonné principalement à la sariette.

A Forbir : Nettoyer, laver, frotter ( généralement les planchers ). Accoutume, Accoutumance :  Habitude Forbisseuse : Laveuse de plancher. Adjermé :  Germain. Qui a au moins un grand- parent commun avec un cousin. Relevé le plus Forter :  Fureter. souvent dans la locution cousin adjermé. G Alément :  Jugement, allure. Garrocher : Lancer. « Ça pas d’alément, ce monde-là, et pas autchun respect. » Gravaphône :  Tourne-disque.

Aouère : Avoir. Greyer :  Habiller. Comme dans pouère ( pouvoir ), ouère ( voir ), receouère ( recevoir ) ou aouère ( avoir ). Grouiller :  Bouger.

Apparence : Apparemment. Guenilloux :  Personne mal vêtue, en haillons.

Appartenir : Posséder. Graine, une petite : Un petit peu, une petite quantité. « J’appartiens pus rien. » H Asseyer :  Essayer. Happer :  Attraper Attifer :  Habiller. « Trop mal attifés pour aller à l’église, t’as qu’à ouère ! » Harde : Vêtement. Par exemple, on dit Ligne à hardes pour Corde à linge et Attoquer :  Appuyer sur ou contre quelque chose. Harde de d’ssour pour Sous-vêtement. « Tu t’attoques sus le peteau de taléphône... Pis tu guettes.» Hâriottes : Petites branches d’aulne.

Auripiaux :  Oreillons. Hatchette :  Hache.

Aviser : Apercevoir, regarder attentivement. Houme :  Homme. Dans la bouche de la Sagouine, les sons « ome » et « one » deviennent « oume » B et « oune ». Coume, Boune, Parsoune, etc.

Badjeuler :  Discuter, rouspéter. J

Bailler :  Donner. Jongler / Jonglerie : Penser, réfléchir. «… je portons les capots usés qu’ils nous avont baillés pour l’amour de Jésus-Christ. » L

Barnadette Soupirous : Bernadette Soubirous, Laize :  Bande de terre, de tissu. jeune fille française qui aurait été témoin de Larguer :  Lâcher, lancer. « Larguer du terrain » dix-huit apparitions de la Vierge à Lourdes en 1858. Devenue religieuse, elle est canonisée Lander :  Atterrir. en 1933. Louter :  Ôter. Bâsir : Partir, disparaître tout à coup. S’évanouir à la vue. Mourir Liniment : Liquide gras qui contient un médicament, pour frictionner la peau. Bénaise :  Content, heureux. M « C’est point d’aouère de quoi qui rend une parsounne bénaise, c’est de saouère qu’a’ va l’aouère. » Malaisé :  Difficile. Biter :  L’emporter sur quelqu’un, battre. « C’est tout le temps malaisé quand c’est qu’une parsoune est obligée de gâgner sa vie. » Boloxer :  Causer une confusion, déranger l’ordre établi. Mirer :  Viser, regarder attentivement. « Et je pourrions ouère encore un coup le pays « Et quand c’est que je me mirais dans le miroué, se faire boloxer, pis garocher dans le sû. » je me faisais pas zire... ». Mirer peut aussi vouloir dire briller ou se diriger vers. Boqouite :  Sarrasin ( prononciation française de Buckwheat ). Miroué :  Miroir. «J’avions tous les mois notre sac de farine et notre Mocauque :  Terrain bas et embroussaillé cruchon de mélasse et des fois même de la boqouite à la lisière du bois. pour des crêpes. » Motché :  Moitié. Boueye :  Bouée. « Ah ! j’étions pas du monde à nous contenter Brêyant :  Torchon, guénille. de la petite motché. »

Borbis : Brebis. Mouque :  Moule.

Bodrer :  Déranger. S’occuper, s’embarrasser Mucs ou Musc : Parfum. de quelqu’un ou de quelque chose. N « Ça change pas grand chouse : d’un bôrd ou de l’autre, une fois les aléctions finies, le gouvarnement Narffe : Nerf. a pus le temps de se bodrer de nous autres ! » Naveau :  Navet. Borlicoco :  Cônes de conifère. « Et pourquoi c’est faire qu’ils iriont dans la lune ? « Y avait déjà des borlicocos quasiment grous Y a rien à manger là. Y a pas un chou pis un naveau coume ça dans les âbres, et pis du jus qui dégoûtait qui peut pousser sus c’te terre-là. » des branches. » Nayer :  Noyer. Boyaus :  Intestins. O C Ondoyer :  Baptiser. Capot :  Manteau. Ouasin, Ouasine : Voisin, voisine. Cartron : Carton. Ous :  Os Cenelles :  Petits fruits sauvages. P Catéchîme : Catéchisme. « C’est-i’ ben vrai tout ce qu’ils racontont dans le gros Par les petits : Peu à peu, petit à petit. catéchîme en image ? Le pigatoire, les limbes, l’enfer. » Paouaisé :  Plein. De pavoisé. Chamailleries : Chicane. Par chance : Heureusement. Change de dessous : Sous-vêtement. « Par chance qu’y a eu la guerre ! » « … chaque autoune tu changes tes changes de Phale :  Gorge. dessous d’été pour tes changes de dessous d’hiver… » Phale basse, avoir la : Être triste, découragé. Charôme : Charogne. « Gapi, lui, il dit qu’on peut s’en aller se jeter en bas du Petit-noir : Canard noir aquatique. tchai quand on en a eu assez de c’te charôme de vie. « Mais si les anges pouviont nous sarvir du fricot au Mais y ara-t-i’ un tchai de l’autre bôrd ? » petit-noir et de la tarte au coconut faite au magasin… »

Chus nous :  Chez-nous. Pigatoire : Purgatoire. « Ben chus nous, j’avons ni tet à poules, ni soue à cochons, ça fait qu’ils avons ensemencés les matous. » Pigrouines :  Reins.

Cobir :  Déformer par des bosses, des creux. Pleyer :  Plier

Compornez, Compornons : Poumonique :  Tuberculeux. Conjugaison du verbe comprendre. Poutine râpée :  Mets traditionnel acadien fait « Vous compornez, dans le temps que j’élevais, y avait de pomme de terre râpée et de lard salé. même pas de terrasses aux maisons, et rien que du bois vert et des petites hâriottes pour chauffer. » R « Ils les envoyont derriére la classe d’où c’est qui ouayont et compornont rien. » Ragorner :  Cueillir, ramasser. «… i’ peut les empêcher de ragorner les beluets Coques :  Mye des sables, mollusque bivalve et les frambouèses dans les mocauques… » comestible à coquille blanche. Retorner :  Retourner. Corver :  Crever. « Ben quand c’est que t’es bas assez, là, ils se Rognon :  Rein. décidont de faire queque chouse pour pas te laisser corver » Russeau :  Ruisseau.

Côtes, Avoir les côtes sur le long : Roulis de neige : Banc de neige, congère. Être paresseux, peu débrouillard. S « Gapi… Le jour qu’il est venu me qu’ri sus mon pére, avec sa hatchette sus l’épaule, il avait point les côtes Sacordjé :  Sacré Dieu ( juron ). sus le long, c’est moi qui vous le dis. » Seillon :  Sillon. Coton-à-laine :  Ouate, coton préparé « J’avons la peau brune et un petit brin craquée ; pour servir au soins d’hygiène. et à mesure que je vieillizons, j’avons des seillons « C’est coume si j’avais un bouchon de liége, droite dans la face coume un jardinage. » icitte entre le cœur pis l’alouette, ou ben du coton à laine à l’endroit des pommons. » Siau :  Seau.

Crache écuminique :  Déformation Soldar : Soldat. de Crash économique. Souvenance :  Souvenir, mémoire. Craqué :  Gercé. « C’est coume si toute votre souvenance vous revenait d’un coup, en regardant passer les outardes D à l’approche du printemps. »

Déclairer :  Déclarer. Stamps : Assurance-chômage. « … Pis un jour, ils avont déclairé la guerre, la darniére. » Steamer : ( mot anglais ) bateau à vapeur.

Déconforter :  Décourager. Sû :  Sud « Fallit qu’une parsoune ayit la phale ben basse Subler :  Siffler et sayit ben déconfortée ! » T Déniger :  Dénicher, trouver, chercher. Tarzer : Tarder. Déportâtion :  La Déportation des Acadiens aussi « Ben décourage-toi pas, ça va pas tarzer que tu guet- appelé Le Grand Dérangement. Ces expressions teras pus, parce que c’est les autres qui te guetteront. » désignent l’expropriation et la déportation des Acadiens, peuple francophone d’Amérique du Tchas :  Tas. Nord, par les Britanniques à partir de 1755. Tchurieux :  Curieux, drôle, étrange. Désâmer, se :  S’épuiser. Terrasse aux maisons : Isolation à l’extérieur Dévaler :  Descendre. d’une maison faite de vareck ou de sciure.

E Tet à poules : Poulailler.

Échine : Colonne vertébrale. « La nuit, je sens Treufle :  Trèfle. du mal, c’est sans bon sens. Icitte, en bas de V l’échine. » Veuze :  Cornemuse. Élonger :  Allonger. « Me r’semble que ça doit être plaisant d’aller ouère Étchureau ou Écureau :  Écureuil. de quoi que t’as jamais vu, coume les chutes de Niagara Falls, ou ben le soldar en jupe carottée La Sagouine prononce étchureau, le son « k » devient qui joue de la veuze en . » « tch » tout comme dans tchoeur ( cœur ), intchiète ( inquiète ), cimetchère ( cimetière ), patchet ( paquet ), Vieillzir :  Vieillir tchai ( quai ), etc. Z Étention :  Intention. Zire, faire :  Dégoûter. Empremier : Au commencement, anciennement, autrefois. « Ah ! non, apparence que je faisais pas zire à parsoune de mon temps. » Encens :  Gomme à mâcher.

Envaler :  Avaler. Lexique préparé par Geneviève Tremblay, autrice responsable Épelans :  Éperlans du montage de la version de La Sagouine, présenté par le Trident. Les citations qui accompagnent les définitions Équipollent : Équivalent. sont toutes tirées deLa Sagouine, Antonine Maillet, 2e édition, Éditions Fides, 1992. Escousse :  Moment. « Quand on est mort, c’est pour une boune escousse. » Les définitions proviennent de quatre sources principales :

Ersoudre :  Apparaître, sortir. Le lexique de La Sagouine, disponible à la fin du livre, Antonine Maillet, 2e édition, Éditions Fides, 1992. Espèrer :  Attendre. À ne pas confondre avec espérer qui signifie avoir de l’espoir. Mme Antonine Maillet elle-même que Attention au sens de l’accent ! nous remercions pour ses éclaircissements. « Ça fait que durant tout le printemps, on espère l’été. Dictionnaire du français acadien, Yves Cormier, réédition, Québec On espère que veniont les coques, les palourdes, Amérique, 2018. les beluets, les chaleurs, pis les pique-niques. Le Glossaire acadien, édition critique établie Tandis qu’au mois d’août, on espère pus rien. » par Pierre M. Gérin, Éditions d’Acadie ; Centre d’études acadiennes, 1993. Disponible pour consultation en ligne http://139.103.17.56/cea/livres/glossaire_index/glossaire.cfm

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Entretien avec Patrick Ouellet, Antonine Maillet - Portrait express! metteur en scène https://soundcloud.com/les-balados-du-trident/ https://soundcloud.com/les-balados-du-trident/ portrait-express-antonine-maillet entretien-avec-patrick-ouellet