L'inhumain Poétique : Ghérasim Luca Et Henri Michaux Face À La
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L’Inhumain poétique : Ghérasim Luca et Henri Michaux face à la « crise » de l’humain by Nicholas Edward Hauck A thesis submitted in conformity with the requirements for the degree of Doctor of Philosophy Graduate Department of French University of Toronto © Copyright by Nicholas Edward Hauck 2018 L’Inhumain poétique : Ghérasim Luca et Henri Michaux face à la « crise » de l’humain Nicholas Edward Hauck Doctor of Philosophy Graduate Department of French University of Toronto 2018 RESUME/ABSTRACT Cette thèse examine la problématique éveillée par le désir et le besoin d’exprimer et de construire une subjectivité dans le contexte des crises langagières et identitaires qui marquent la littérature et la culture françaises après la Seconde Guerre mondiale. Face à cette crise, Ghérasim Luca et Henri Michaux développent des poétiques parallèles où le premier met en œuvre une « ontograffie » visuelle, et le second une ontophonie orale. Pour l’un comme pour l’autre, le langage structuré et alphabétisé renvoie aux délimitations rigides – sociales, psychologiques et même physiologiques – imposées à l’être. Au moyen de leurs explorations graphiques et phoniques, ils arrivent à remanier le langage poétique de sorte qu’il puisse exprimer leurs êtres. Leurs projets témoignent donc de ce que nous appelons l’inhumain poétique ; de même que le langage subit une décomposition, il est nécessaire de défaire les structures de l’humain pour donner la parole au sujet poétique. Pour notre analyse nous nous penchons sur une gamme de textes critiques, notamment ceux de Walter Benjamin (pour sa théorie de la traduction et du langage), de Jean Laplanche ii (pour son concept de construction de la subjectivité) et de Georges Bataille (pour son esthétique de l’informe et ses pensées sur le sujet souverain). Ces trois figures et les thèmes que nous leur empruntons forment la base de l’inhumain poétique que nous analysons par la suite chez Luca et Michaux. Ce projet trace les manifestations de sujets souverains que les deux poètes à l’étude offrent au moyen de traductions perpétuelles du soi vers des formes d’expression inattendues et radicales, mieux disposées à formuler l’être en crise. Afin d’encadrer les propos théoriques et les analyses textuelles, cette thèse considère ces poètes et ces théoriciens du XXe siècle qui font partie d’une constellation qui questionne la valeur de l’homme moderne et son expression. iii REMERCIEMENTS Toute thèse est une bête en métamorphose constante. Les idées avec lesquelles on se lance dans un tel projet ressemblent peu au document final, et la tendance à retravailler le texte en vue d’une perfectibilité toutefois inachevable hante ces pages. Du coup, je tiens à remercier mon directeur de thèse le professeur Michelucci pour sa patience avec le progrès du projet, mais aussi et surtout pour ses suggestions de lecture qui ont donné plus d’ampleur au texte, m’aidant à mieux l’ancrer dans la recherche actuelle. Sa relecture minutieuse des versions multiples a développé et a renforcé l’expression des idées, et a apporté un niveau de clarté inestimable à l’argumentation ; son questionnement des pistes d’analyse m’a motivé à approfondir les concepts examinés et à apprécier de nouvelles approches théoriques. Sans la générosité du professeur Michelucci, cette thèse n’aurait jamais vu le jour sous sa forme actuelle. En allant au-delà de son rôle de directeur de thèse, il a su contrebalancer l’errance de ma pensée et les exigences formelles d’une thèse de doctorat, et ce avec un esprit autant professionnel que tolérant. Les deux autres membres de mon comité ont été, eux aussi, essentiels au développement et à la réalisation du projet final. La générosité intellectuelle du professeur Holtz m’a poussé à voir l’étude d’une distance avantageuse, tout en insistant sur l’importance de l’analyse précise des textes. J’ai énormément bénéficié de sa rigueur et de ses connaissances partagées. Je lui en suis très reconnaissant pour sa lecture sincère du texte et pour ses commentaires pertinents ; sa participation au projet a apporté une optique influente et vénérable à la version finale. L’ouverture d’esprit du professeur Cahill a été une source assidue de soutien et de stimulation, et m’a permis de découvrir des voies de réflexion inattendues. Son enthousiasme pour la pensée et le dialogue était vivifiant aux moments où, il me semble, j’en iv avais le plus besoin. Il a fourni un regard critique bien apprécié, qui inspire à creuser et à poursuivre le potentiel des idées et de la pensée dans toutes leurs formes. Cette thèse n’aurait jamais pu exister sans l’inspiration initiale de la professeure Cozea. Regrettablement, Mme Cozea n’a pas pu continuer avec nous sur ce projet ; cependant, son intellect et son imagination animent la visée de cette étude. Je dois tellement à mes amis et à ma famille ; ce qu’ils ont partagé avec moi et ce qu’ils ont apporté au projet ne s’explique pas dans quelques phrases. Je n’aurais pas pu accomplir ce travail sans leur présence et leur soutien, et c’est grâce à eux que j’ai (plus ou moins) conservé mon équilibre mental. v TABLE DES MATIERES Remerciements ....................................................................................................................... iv Table des matières ................................................................................................................. vii Introduction ............................................................................................................................. 1 Chapitre 1 .............................................................................................................................. 28 1.1 – La traduction-poétique ......................................................................................................... 28 1.1.1 – La trahison du langage ; la double trahison de la traduction ............................................ 28 1.1.2 – L’anéconomie de la traduction ......................................................................................... 33 1.1.3 – La poésie comme lieu de (non-)pensée du langage ......................................................... 37 1.1.4 – La détraduction de l’être (in)humain ................................................................................ 40 1.1.4.1 – L’image-pensée de l’inhumain poétique ................................................................................. 41 1.1.4.2 – Vers une nouvelle syntaxe de l’(in)humain ............................................................................. 44 1.1.5 – Le langage en quête de lui-même ..................................................................................... 46 1.1.6 – Traduire le temps en temporalité du sujet ........................................................................ 52 1.1.7 – L’après-coup de l’inconscient, ou le concept du soi à l’épreuve de la traduction ........... 58 1.2 – Vers le langage (de l’)inhumain ............................................................................................ 62 1.2.1 – Le concept d’origine à l’épreuve de la traduction ............................................................ 63 1.2.2 – L’immanence transcendante du (pur) langage ................................................................. 65 1.2.3 – L’informe et l’inhumain ................................................................................................... 68 1.2.4 – Réfléchir l’inutilité, repenser le sujet humain .................................................................. 71 1.2.5 – Repenser le rôle des objets : le surréalisme, faux devancier de l’inhumain poétique ...... 73 1.2.6 – Vers le moment souverain de la traduction-poétique ....................................................... 78 1.2.7 – Le moment « transcendant » du langage souverain : le non-savoir bataillien .................. 80 1.2.8 – La traduction-poétique : l’expression souveraine ............................................................ 85 1.2.9 – De l’expression souveraine au langage de l’inhumain poétique ...................................... 87 Chapitre 2 .............................................................................................................................. 93 2.1 – Ghérasim Luca et ses précurseurs avant-gardes : la dialectique de la dialectique (de la dialectique…) .................................................................................................................................. 93 2.1.1 – Tristan Tzara et Dada ....................................................................................................... 94 2.1.2 – La revue Simbolul ............................................................................................................ 94 2.1.3 – La revue Le Contimporanul et le Manifeste activiste pour la jeunesse ........................... 97 2.1.4 – Bucarest avant la guerre : de la revue Alge à la Seconde Guerre mondiale (1930-1940) 99 2.1.5 – Tzara précurseur de Luca ? ............................................................................................ 103 2.1.5.1 – Deux types de destructions .................................................................................................... 103 2.1.5.2 – Tzara et la vitalité de l’oral .................................................................................................... 105 2.1.5.3 – Tzara et Luca : s’effacer avec le pseudonyme ....................................................................... 107 2.1.6 – L’amour objectif : la dialectique