LE CRIME ORGANISÉ TRADITIONNEL ITALIEN

1 2 LES ORIGINES GÉOGRAPHIQUES DU CRIME ORGANISÉ TRADITIONNEL ITALIEN

Les principales branches du crime organisé traditionnel, soit la Cosa Nostra et la ‘Ndrangheta ont leurs origines géographiques dans le sud de l’Italie, respectivement en Sicile et en Calabre. La Calabre est une région méridionale de l’Italie située dans le pied de la botte que forme le pays. À titre de comparaison, on dira que la ‘Ndrangheta est à la Calabre ce que la Cosa Nostra est à la mafia sicilienne.

Origine et étymologie

Il faut se souvenir qu’entre les VIII et IV siècles avant J-C, la Calabre a abrité des colonies grecques. Ndrangheta viendrait du mot grec « Andragatos » Andros=homme, agathos=bon. Réf. 1

Définition de la ‘Ndrangheta

Sens strict: Homme valeureux, noble et courageux. Réf. 2 Sens large: Société des hommes d’honneur. Honorata Societa Réf. 3

Définition Cosa Nostra

Se traduit par « Notre Chose » Réf. 4

En général, les auteurs s’entendent pour référer à la mafia en parlant d’une organisation criminelle basée sur le secret et l’initiation et ayant ses origines en Italie. Réf. 5

Références

1. Présentation sur la ‘Ndrangheta: Le cas de la ‘Ndrangheta dans le nord de l’Italie. Francesco Calderoni, Université de Milan. 2012-07-10. 2. La ‘Ndrangheta. Enquête au cœur de la plus puissante des mafias italiennes, Éditions du Toucan/Hachette Livre, Stephen Quéré, p.23, 179pp. 3. Mafia Brotherhoods, , Italian style, Editions Oxford University Press, Letizia Paoli, p. 73, 289pp. 4. Iced. The Story of organized crime in , Editions John Wiley&Sons Canada Ltd, Stephen Schneider, p. 227 , 600pp. 5. Idem, p. 103

3 UN BREF APERÇU HISTORIQUE DE L’IMPLANTATION DU COTI AU CANADA

Il existe deux périodes d’immigration massive italienne au Canada. La première vague d’immigration se situe entre 1900 et 1913. Il faudra attendre la findela2e guerre mondiale pour observer une 2e vague d’immigrants italiens au Canada et il s’agit pour cette période-ci surtout d’Italiens du Sud. Si avant la 1ère guerre mondiale, Montréal était la principale ville d’accueil des immigrants italiens, par après c’est désormais qui est la destination de préférence des Italiens au Canada. Réf. 1

Bien évidemment, si la grande majorité de l’immigration italienne s’avère à former des citoyens honnêtes, c’est malheureusement parmi cette même diaspora italienne que se formera les noyaux du crime organisé traditionnel italien au Canada. Selon l’auteur, Stephen Shneider, la même période à laquelle la Cosa Nostra et la ‘Ndrangheta consolident leur pouvoir en Italie, coïncide avec l’arrivée massive des Italiens en Amérique du Nord. Réf. 2

Dès la fin de la 2e Guerre mondiale, on note la présence des membres de la ‘Ndrangheta au Canada. On désignera sous le nom du groupe Siderno, les membres de la mafia calabraise émigrés d’Italie de la commune du même nom et principalement installés dans la région de Woodbridge en . Réf. 3. Dans un article publié au quotidien National Post, le journaliste Adrian Humphreys cite un rapport totalisant près de 3000 pages rédigées sous l’autorité du procureur antimafia italien, Nicola Gratteri. Le contexte du rapport est celui de l’opération Crimini dont le ratissage a eu lieu en Italie, en juillet 2010. Les enquêtes menées par les autorités italiennes ont mis à jour l’existence d’une cellule canadienne calabraise du COTI basée en Ontario. Plus précisément, sept familles seraient à la tête du COTI calabrais à Toronto. On réfère à ces 7 familles comme étant le groupe Siderno. Réf. 4

Références

1. L’encyclopédie canadienne. Italiens. Immigration et peuplement. http://www.thecanadianencyclopedia.com/articles/fr/italiens 2. Iced. The Story of organized crime in Canada, Editions John Wiley&Sons Canada Ltd, Stephen Schneider, p. 106, 600pp. 3. La ‘Ndrangheta. Enquête au cœur de la plus puissante des mafias italiennes, Éditions du Toucan/Hachette Livre, Stephen Quéré, p.161 et 164, 179pp. 4. Article du journal National Post A new mafia, Adrian Humphreys, 2010-09-24. http://fairwhistleblower.ca/content/new-mafia-crime-families-ruling-toronto-italy-alleges

4 CHIFFRES D’AFFAIRE DU COTI DANS LE MONDE EN 2008

D’après le rapport de l’EURISPE (Institut d’études politiques, économiques et sociales sur le crime organisé italien) Réf. 1 en date de 2008, le chiffre d’affaires de la ‘Ndrangheta est estimé à près de 56 milliards de dollars, soit 44 milliards d’euros dont 30 milliards proviendraient directement du trafic de stupéfiants sous son contrôle. L’EURISPE est l’institut européen de données économiques, sociales et politiques sur le crime organisé italien. Réf. 2

RÉFÉRENCES

1. L’EURISPE est l’institut européen de données économiques, sociales et politiques sur le crime organisé italien. 2. La ‘Ndrangheta. Enquête au cœur de la plus puissante des mafias italiennes, Éditions du Toucan/Hachette Livre, Stephen Quéré, p.51, 179pp.

5 PRÉSENCE DU CRIME ORGANISÉ AU CANADA

La présence d’une premier groupe criminel s’apparentant à la mafia est noté au Canada, en Ontario en 1908. Il s’agit d’un cas d’extorsion dans lequel un des suspects admet à la police appartenir à une société secrète à laquelle il a prêté serment d’obéir en tout dans l’accomplissement d’infractions criminelles sous peine de mort ou tout autre sentence décidée par la société. Réf. 1

Vers les années 1950, on assiste à l’émergence du groupe Siderno à Toronto, Ontario. Le groupe Siderno est composé d’un groupe de familles d’origine calabraise présumé contrôler le COTI en Ontario. L’appellation Siderno vient du fait que la majorité des membres de ce groupe est originaire d’un endroit portant le même nom, Siderno, soit une réiégion por tua ire sur la côte est dans la province de RiReggio di ClbiCalabria, en Itali e. Dans les ann ées 1960, le groupe Siderno à Toron to se spécialise dans l’extorsion auprès des commerçants. Réf. 2 Plus tard, le groupe Siderno diversifiera ses activités criminelles, notamment, le trafic de stupéfiants.

À Montréal, dans les années 60, c’est le tandem calabrais de Vic COTRONI et qui domine la scène du crime organisé avec en arrière plan, les familles siciliennes CARUANA-CUNTRERA et RIZZUTO. Le clan COTRONI-VIOLI évolue alors sous l’égide des BONANNO, une des cinq grandes familles mafieuses siciliennes de New York.

RÉFÉRENCES

1. Iced. The Story of organized crime in Canada, Editions John Wiley&Sons Canada Ltd, Stephen Schneider, p. 107 , 600pp. 2. Idem pp. 311 et 313.

6 PRÉSENCE DU CRIME ORGANISÉ AU CANADA

La présence d’une premier groupe criminel s’apparentant à la mafia est noté au Canada, en Ontario en 1908. Il s’agit d’un cas d’extorsion dans lequel un des suspects admet à la police appartenir à une société secrète à laquelle il a prêté serment d’obéir en tout dans l’accomplissement d’infractions criminelles sous peine de mort ou tout autre sentence décidée par la société. Réf. 1

Vers les années 1950, on assiste à l’émergence du groupe Siderno à Toronto, Ontario. Le groupe Siderno est composé d’un groupe de familles d’origine calabraise présumé contrôler le COTI en Ontario. L’appellation Siderno vient du fait que la majorité des membres de ce groupe est originaire d’un endroit portant le même nom, Siderno, soit une réiégion por tua ire sur la côte est dans la province de RiReggio di ClbiCalabria, en Itali e. Dans les ann ées 1960, le groupe Siderno à Toron to se spécialise dans l’extorsion auprès des commerçants. Réf. 2 Plus tard, le groupe Siderno diversifiera ses activités criminelles, notamment, le trafic de stupéfiants.

À Montréal, dans les années 60, c’est le tandem calabrais de Vic COTRONI et Paolo VIOLI qui domine la scène du crime organisé avec en arrière plan, les familles siciliennes CARUANA-CUNTRERA et RIZZUTO. Le clan COTRONI-VIOLI évolue alors sous l’égide des BONANNO, une des cinq grandes familles mafieuses siciliennes de New York.

RÉFÉRENCES

1. Iced. The Story of organized crime in Canada, Editions John Wiley&Sons Canada Ltd, Stephen Schneider, p. 107 , 600pp. 2. Idem pp. 311 et 313.

7 COMMENT FORMER UNE SOCIÉTÉ SECRÈTE

En 1972, un manuscrit de 27 pages écrit en italien antique est découvert lors d’une perquisition dans la résidence de Francesco CACCAMO, à l’époque jeune membre de la ‘Ndrangheta de Toronto. Le document est intitulé Come formare una Societa, « Comment former une Société ». Instruite par des experts canadien et italien, la Cour Suprême du Canada a reconnu l’authenticité des documents et conclu que ces derniers décrivaient les rites, les règles et structures d’une Société d’honneur, Honorata Societa. Le juge du procès a déterminé que CACCAMO était un membre de la ‘Ndrangheta et a recommandé qu’il soit déporté en Italie à la fin de sa sent ence étan t donn é son appar tenance à une organ isa tion su bvers ive Caccamo c. R., [1976] 1 R.C .S . 786, 1975-03-07.

8 1940-1970 LE CLAN COTRONI-VIOLI RÈGNE SUR

À partir des années 30, les ports canadiens commencent à servir de point d’entrée pour l’opium, l’héroïne et la morphine venant de l’Asie et traitée en Europe (dans les laboratoires marseillais) par une organisation criminelle désormais connue sous le nom de « » . Les stupéfiants sont destinées principalement aux Etats-Unis. La mafia sicilienne, la Cosa Nostra américaine, la ‘Ndrangheta du Canada et la French Connection travaillent de concert et s’entendent pour faire du Canada et surtout de Montréal une plaque tournante du transport de l’héroïne vers les Etats-Unis. Au Canada, les principaux acteurs de cette conspiration sont à Montréal le clan Cotroni sous la gouverne de la famille Bonanno de New York aidé par d’autres familles mafieuses de l’Ontario. À noter que le clan COTRONI est d’origine calabraise alors que la famille Bonanno est d’origine sicilienne. Réf. 1

À noter que le Dr. Alberto Sabatino , un officiel de la police italienne témoigne en 1975 à la Commission d’enquête du Québec sur le crime organisé que la mafia montréalaise constitue un mixte exceptionnel entre Calabrais et Siciliens et qu’il était inhabituel que deux groupes distincts travaillent pour la même organisation. Réf. 2

Les RIZZUTO et les CARUANA-CUNTRERA sont en arrière-plan

Références

1. Iced. The Story of organized crime in Canada, Editions John Wiley&Sons Canada Ltd, Stephen Schneider, p. 230 et 233, 600pp. 2. Idem p. 257

9 TENSION ENTRE LES CLANS CALABRAIS ET SICILIEN

Nicolo RIZZUTO Sr se rebelle à la tentative du clan COTRONI-VIOLI de prendre le contrôle de Montréal. Entre temps, la tension éclate entre les clans calabrais et siciliens. Lorsque Paolo VIOLI est nommé par le clan Bonanno capo décina par intérim de Montréal, Nick RIZZUTO Sr. est furieux de cette décision et s’exile à Caracas au Vénézuela en semi-retraite. Après son exil au Venezuela en 1973 à la suite de menaces de mort proférées par la faction calabraise, alors dirigée par Paolo VIOLI, Nicola RIZZUTO Sr a établi plusieurs endroits de blanchiment d'argent pour sa famille et ses associés à Aruba et au Venezuela. Il faut comprendre que le Vénézuela constituait au niveau géographique un point stratégique pour les trafiquants de stupéfiants. D’une part, le Vénézuela est à l’époque à proximité du plus grand pays producteurs de cocaïne, la Colombie et d’autre part à proximité d’un des plus grand pays importateur de cocaïne, les États-Unis. En d’autres termes, un transit entre l’Amérique du Sud, continent fournisseur, et l’Amérique du Nord, continent consommateur. C’est au Vénézuela que s’établissent et se forgent les relations entre les clans RIZZUTO et CARUANA-CUNTRERA. Au moment où Nick RIZZUTO s’exile au Vénézuela, les trois frères CARUANA, Gaspare, Pasquale et Paolo s’y trouvent déjà. La famille est largement impliquée dans le trafic de stupéfiant et bénéficient de la protection de certains dirigeants corrompus. Les CARUANA-CUNTRERA sont originaires de Siculiana dans la région d’Agrigente en Italie. Après leur départ pour la Sicile et avant de s’installer à Caracas, les CARUANA-CUNTRERA s’établiront quelques temps à Montréal. Mais déjà en Sicile ou au Québec, il existe déjà des liens de proximité, d’amitié ou des liens de mariage tissés entre les CARUANA-CUNTRERA et les RIZZUTO. Ces derniers sont aussi des Siciliens, originaire de Cattolica Éraclea, une commune voisine de Siculiana dans la province d’Agrigente. Environ, 11 km séparent les deux communes. Donc, on peut s’imaginer la confiance et la communauté d’esprit entre les deux clans qui ne tardent pas à s’associer notamment dans le trafic de stupéfiants (cocaïne et héroïne) au Vénézuela. Pendant que Nicola RIZZUTO Sr est en exil au Vénézuela, il confie les règnes de ses affaires à son plus proche associé, Calogero RENDA (père de Paolo RENDA, beau-frère de ). Pendant que Nicola RIZZUTO Sr est en exil au Vénézuela, son fils Vito RIZZUTO et Paolo RENDA servent une sentence de prison en lien avec un incendie dans un salon de coiffure à Boucherville. À sa sortie de prison en 1976, Vito RIZZUTO rejoint son père au Vénézuela jusqu’en 1979. Mis à part la branche familiale de feu Agostino CUNTRERA qui se trouve à Montréal, le clan CARUANA-CUNTRERA est majoritairement installé à Toronto.

1972 Exil des RIZZUTO au Vénézuela où ils consolident leurs liens avec des membres de la famille CARUANA-CUNTRERA et des cartels colombiens. Réf. 1 1976 Meurtre de Pietro SCIARA à la sortie du film « GodfatherII ». SCIARA était le conseiller de Paolo VIOLI Réf. 2 1977 Meurtre de Francesco VIOLI, le plus jeune frère de Paolo VIOLI. Réf. 3

RÉFÉRENCES 1. Iced. The Story of organized crime in Canada, Editions John Wiley&Sons Canada Ltd, Stephen Schneider, p. 532-533, 600pp. 2. Wikipédia. http://en.wikipedia.org/wiki/Paoloen.wikipedia.org/wiki/Paolo_ Violi 3. Idem.

10 28 janvier 1978 MEURTRE DE PAOLO VIOLI

1978 Paolo VIOLI est assassiné dans son bar le Reggio. Les auteurs du meurtre sont Agostino CUNTRERA, Giovani DIMORA et Domenico MANNO, beau-frère de Nicola Rizzuto Sr. Ils sont accusés de complot pour meurtre. 1980 Meurtre de Rocco VIOLI, le plus vieux frère de Paolo Violi. Il est éliminé alors qu’il est assis à la table familial de sa cuisine avec ses fils. Réf. 1 1984 Mort naturel de Vincenzo COTRONI. Il meurt d’un cancer à l’âge de 74 ans. Réf. 2

RÉFÉRENCES 1. Iced. The Story of organized crime in Canada, Editions John Wiley&Sons Canada Ltd, Stephen Schneider, p. 280, 600pp. 2. Idem.

11 LES RIZZUTO: UN NOUVEAU RÈGNE

En 1979, lorsque sort de prison, c’est l’aile sicilienne qui s’est arrogé le leadership du COTI de Montréal sous la férule de Nick RIZZUTO Sr. et son fils Vito RIZZUTO. Une nouvelle ère commence avec la famille RIZZUTO qui réussira à s’imposer comme l’organisation mafieuse italienne la plus puissante et la plus influente au Québec et éventuellement de tout l’Amérique du Nord. Réf. 1 À partir des années 1980, les COTRONI ne représentent plus la famille la plus influente de Montréal sous le protectorat du clan Bonanno. D’un autre côté, les hommes d’honneur de la famille calabraise COTRONI-VIOLI n’ont d’autre choix que de prêter allégeance au nouveau clan sicilien des RIZZUTO. Réf. 2 Les champs d’activités auxquels s’adonnent principalement les RIZZUTO mis à part le trafic de stupéfiants sont les paris sportifs et les opérations de « bookmaking » (Définition Wikipédia: Un bookmaker est une personne morale ou physique qui permet de parier de l’argent sur des événement, le plus souvent sportifs. Réf. 3 ).

During the forced exile of Nicola RIZZUTO, his son, Vito (DOB: 1946-02-21), assumed the leadership of the Sicilian Clan. Being a modern businessman, Vito RIZZUTO built his organization along the lines of a company. He showed some flexibility by associating with various non-Sicilian criminal organizations such as the Calabrians, the Colombian and Asian organizations, the Irish (WEST END ), the , members of native groups, and some of the . A meeting held, on 1993-12-07, at the TUNG HA Restaurant, in Montreal, would confirm this consolidation of ties between the various ethnic-based criminal organizations in Montreal.

RÉFÉRENCES

1. Iced. The Story of organized crime in Canada, Editions John Wiley&Sons Canada Ltd, Stephen Schneider, p. 527, 600pp. 2. Idem, p. 532-533. 3. http://fr.wikipedia.org/wiki/Bookmaker

12 L’ÈRE RIZZUTO: UN JEU D’ALLIANCES

L’efficacité et la suprématie du clan RIZZUTO sur les autres organisations criminelles toute catégorie confondue, sont en grande partie dû à la capacité de Vito RIZZUTO à faire cohabiter ensemble des sujets issus de différents groupes ethniques. Par exemple, suite à l’effondrement du clan COTRONI-VIOLI, des membres d’origine calabrais issus de ce groupe se joignent à l’organisation des RIZZUTO. On pense par exemple à Joe DIMAULO et Moreno GALLO Sr. –À noter que Rocco, SOLLECITO, Tony MUCCI et Tony VANNELLI qui ont tous déjà été des soldats du groupe COTRONI-VIOLI, sont souvent identifiés à tort comme faisant partie de l’a ile ca la bra ise des RIZZUTO. En fa it, ce n ’es t pas tan t leur lieu de na issance que leur anc ienne a ffilia tion au clan COTRONI-VIOLI qui leur vau t l’étiquette calabraise. Réf. 1 Aussi, RIZZUTO parvient à établir et maintenir en équilibre un réseau de cellules criminelles hétéroclites incluant la Cosa Nostra américaine (liens avec les 5 familles siciliennes new-yorkaise), la mafia sicilienne, la ‘Ndrangheta calabraise (cellules de Toronto et d’Italie), les Hells Angels et le sans oublier les trafiquants colombiens. Réf. 2.

RÉFÉRENCES

1. Iced. The Story of organized crime in Canada, Editions John Wiley&Sons Canada Ltd, Stephen Schneider, p. 267, 600pp. 2. Idem, p. 533.

13 2006: EXTRADITION DE VITO RIZZUTO

Vito RIZZUTO est arrêté le 20 janvier 2004 à Montréal. Après une bataille juridique qui aura duré près de 31 mois, Vito RIZZUTO est extradé aux États-Unis en relation avec les meurtres de trois capos de la famille BONANNO de New York tués en 1981. Il faut comprendre qu’à l’époque le clan RIZZUTO de Montréal évolue sous la férule du clan BONANNO de New York, une des cinq familles mafieuse new yorkaises d’origine sicilienne. Brièvement, on expliquera le contexte du meurtre des trois capos de la famille BONANNO de la façon suivante: est convaincu que Philip GIACCONE, Domenic TRINCHERA et Alphonso INDELICATO-mieux connu sous le nom de « Sonny RdRed »- veulen t pren dre le con tr ôle de l’organ isa tion su ite à l’arres ta tion de Philip RASTELLI, a lors c he f du c lan BONANNO. MASSINO aurait commandé leur meurtre. Invités dans un meeting pour régler leur différend avec MASSINO, les trois capos dissident du clan BONANNO s’y rendent. Cagoulés et cachés dans un garde-robe où se déroulait la rencontre (Club social à Clinton Hill à Brooklyn), les tueurs dont Vito RIZZUTO et George « from Canada » SCIASCIA sortent de leur cachette et font feu sur GIACCONE, TRINCHERA et « Sonny Red ».

Vers 1990, il commence a y avoir des frictions entre Joe MASSINO et George SCIASCIA. Ce dernier devient plus indépendant face à la famille BONANNO et se rapproche davantage de Vito RIZZUTO qui accumule tour à tour fortune financière et pouvoir. Giuseppe LOPRESTI, un capo sous la gouverne de SCIASCIA est tué sans que la permission n’ait été demandée au préalable aux BONANNO. SCIASCIA a pris la défense du clan RIZZUTO pour ce meurtre. Le 18 mars 1999, George SCIASCIA est assassiné suite encore une fois à la commande de Joe MASSINO qui par la suite tentera de cacher le fait afin de ne pas créer de conflit avec les RIZZUTO de Montréal. Cet événement en particulier va cristalliser l’éloignement de la famille RIZZUTO par rapport au clan BONANNO.

14 2006: ARRESTATION DES SIX LEADERS DU CLAN RIZZUTO – PROJET COLISÉE

Paolo RENDA Lorenzo GIORDANO Nick RIZZUTO Sr. Francesco DEL BALSO Francesco ARCADI Rocco SOLLECITO

15 DÉCLIN DU CLAN RIZZUTO

2006-2007: Déclin du clan RIZZUTO

On peut penser que les opérations majeures des 50 dernières années visant la mafia sicilienne sur différents continents ont affaibli les bases de la Cosa Nostra. On pense par exemple aux enquêtes suivantes : la Pizza Connection (US), projet Iron Tower (Italie-USA), projet Omerta (Canada-Italie-Etats-Unis), projet Colisée (Cana da ). Des loi s anti -mafia plus e fficaces, les programmes jdiiijudiciaires favor isan t les téitémoins repen tis, les poursu ites jdiijudiciaires et la comp étition venan t d’td’autres groupes criminels permettent d’expliquer l’affaiblissement des mafias siciliennes Réf. 1 et c’est dans ce même contexte que se comprend le déclin du clan RIZZUTO et une certaine instabilité qui l’a accompagnée.

RÉFÉRENCES

1. IdIced. The Story o f organ idized crime in Cana da, Editions Jo hn Wiley &Sons Canad a Ltd, Steph en Sch neid er, p. 525, 600pp.

16 CONNAISSANCES GÉNÉRALES SUR LE COTI SICILIEN

17 CONNAISSANCES GÉNÉRALES SUR LE COTI SICILIEN

18 Structure organisationnelle du COTI

Basée sur des liens de sang En général, la structure organisationnelle du COTI est basée sur des liens de sang: naissance, mariage, famille. Dans son ouvrage, Mafia Brotherhoods, Letizia PAOLI, explique que tant pour la Cosa Nostra que pour la ‘Ndrangheta, les membres de l’organisation sont habituellement les fils des « hommes d’honneur » ou des membres de leur famille. Elle note que de l’extérieur, il est virtuellement impossible de faire la différence entre les membres de la mafia et les membres de la famille liés par le sang Réf. 1 Au cours de l’enquête COLISÉE, on remarque que les origines familiales communes unissent souvent les sujets d’une même cellule criminelle.

Une des raisons pour lesquelles le COTI privilégient les liens de sang est la protection que ces liens offrent contre les tentatives d’infiltration des organisations policières et aussi contre les trahisons internes. Les alliances par mariages et les liens familiaux assurent la loyauté des membres et la confiance au sein de l’organisation. Réf. 2 Exemple d’alliance par le mariage: Paolo RENDA qui est le conseiller de Vito RIZZUTO est aussi son beau-frère puisque RENDA est marié avec la sœur de Vito RIZZUTO, Maria RENDA.

Composition

Hommes d’honneur

L’introduction des hommes d’honneur est née de la nécessité de recruter à l’extérieur de la famille afin d’agrandir le cercle mafieux. Avec le temps, l’introduction de ces individus au sein de la famille a suivi un rite d’initiation pendant lequel l’initié devait prêter serment et jurer l’OMERTA. Réf. 3 Le serment à un code d’honneur et à l’omerta (silence) a la fonction de créer une identité collective autour de comportements prescrits par le groupe pour assurer sa cohésion. Réf. 4 Exemple d’attitude et de comportements auxquels les « hommes d’honneur » sont assujettis: ils ont le devoir de solidarité et d’aider les sujets fugitifs ou en cavale. Cette obligation ne s’étend pas seulement aux sujets d’une même famille mais à tous les membres d’une organisation mafieuse « made men », soldats ou partenaires extérieurs. Les autres devoirs peuvent inclure le meurtre ou tout autre activité criminelle risqué pour lequel le membre se doit d’obéir sans aucune considération pour sa sécurité physique ou les risques de sanctions pénales . Réf. 5

Associés ou affiliés

Tant du côté de la Cosa Nostra que de la ‘Ndrangheta, le COTI recrute généralement des membres venant de leur région respective. En Amérique du nord la mafia tend à recruter ses membres parmi des sujets d’origine italienne. Réf. 6. Cependant, l’histoire du crime organisé démontre que le COTI n’hésite pas à s’associer à des sujets ou groupe de sujets qui ne sont pas de descendance italienne. Ces associées peuvent appartenir à différents groupes ethniques et accomplir des activités criminelles (sous-contractuelle) à la demande du COTI. L’association passée entre Vito RIZZUTO et le , un québécois d’origine en constitue un exemple. DESJARDINS est arrêté dans le cadre de l’enquête Jaggy ayant mis à jour une tentative d’importation de stupéfiants par un groupe de motards criminalisés Hells Angels. DESJARDINS était considéré dans cette enquête comme “un membre influent du clan Rizzuto” . Un autre exemple est le cas de Paolo VIOLI, Armand COURVILLE, un canadien français, était à l’époque son bras droit, son principal exécuteur. Dans un rapport de police divulgué lors de la Commission d’enquête sur le crime organisé au Québec en 1977, Armand COURVILLE est décrit comme le plus influent et le plus important partenaire non Italien du clan COTRONI-VIOLI. Ceci étant dit, aussi influent et important soit-il, il est clair qu’un sujet n’étant pas d’origine italienne ne deviendra jamais un homme d’honneur. Réf. 7

Structure hiérarchique

Ce qui fait la particularité de la structure hiérarchique de l’organisation RIZZUTO, c’est qu’en plus d’être établi sur une base paramilitaire, c’est surtout la famille qui compose le squelette du groupe criminel. Bien que les auteurs Lee LAMOTHE et Adrian HUMPRHEYS sont d’avis que le clan RIZZUTO a laissé tombé la structure hiérarchique de type paramilitaire pour une organisation davantage basée sur la famille, il n’en demeure pas moins que leur analyse implique qu’en temps normal, la hiérarchie typique du COTI adopte une structure paramilitaire comme on a pu l’observé dans le cadre de l’enquête COLISÉE:

The has shed the old militaristic organizational structure of the -which has soldiers awnsering to captains who answer to a boss. It has been replaced with a structure that is even more ancient-the Familiy. Réf. 10

RÉFÉRENCES

1. Mafia Brotherhoods, organized crime, Italian style, Editions Oxford University Press, Letizia Paoli, p. 30, 289pp. 2. Iced. The Story of organized crime in Canada, Editions John Wiley&Sons Canada Ltd, Stephen Schneider, p. 548, 600pp. 3. Idem p. 105. 4. Voir réf. No. 1, p. 5 5. Voir réf. No. 1, pp. 80-81 6. Voir réf. No. 1, p. 11 7. Voir réf. No. 2, p.260 8. Voir réf. No. 2, p. 548.

19 L’OBJECTIF PREMIER DU COTI: L’ENTRAIDE

Bien que le pouvoir et l’argent sont généralement considérés comme étant les objectifs naturels du crime organisé traditionnel italien, cet objectif restera irréalisable si la condition sine qua non de l’entraide, de l’aide mutuelle n’est pas réalisée. Les membres du COTI sont tenus à faire preuve entre eux d’une solidarité mutuelle indéfectible que ce soit au niveau matériel ou financier. Comme on l’a déjà mentionné (diapo 14) , les membres du COTI sont astreints à venir en aide à leur pairs, tout membre de la mafia, que ceux-ci soient dans leur famille ou non, lorsque ces membres sont fugitifs, en cavale, blessés ou ont besoin de prottitection . Réf. 1

Une fois la notion de solidarité bien implantée, le but du COTI est le pouvoir que confère l’argent, l’accumulation de biens matériels. L’argent n’est pas un but en soi mais un moyen de gagner un certain contrôle, une certaine influence sur leurs communautés et sur les institutions sociales, économiques et politiques. Réf 2

RÉÉÉFÉRENCES

1. Mafia Brotherhoods, organized crime, Italian style, Editions Oxford University Press, Letizia Paoli, pp. 80-81, 289pp. 2. Idem, p. 144.

20 MODUS OPERANDI DU COTI

Tous les membres du COTI sont assujettis à la règle de l’OMERTA. Ils ont prêté serment sur l’obligation de garder le silence absolu sur leurs activités criminelles et l’existence de l’organisation. Réf. 1 Le serment de l’ oblige aussi les membres du COTI à ne pas collaborer avec les autorités policières sous aucune excuse. Même dans le cas où un sujet est arrêté et reçoit une sentence pour un crime qu’il n’ a pas commis, il ne peut rien dire sur le véritable criminel et doit servir la sentence. On parle à demi-mots, le non-dit est la règle et le dit est l’exception, les conversations sont codées. Réf. 2 Voici quelques exemples de proverbes siciliens sur l’OMERTÀ: Réf. 3

-To talk only a little is a beautiful art. (Savoir parler peu est un art magnifique) -The motuh is the betrayer of the heart (()La bouche trahi le cœur)

Est aussi sujette à l’OMERTA toute victime du COTI qui censure les injustices qui lui ont été faites ou qui refuse de collaborer avec la police par crainte de représailles.

Je qualifie d’infractions opérationnelles, les actions qui permettent au COTI de neutraliser ou de rendre inoffensifs des concurrents potentiels ou des obstacles dans leur quête d’enrichissement économique. Ces infractions opérationnelles peuvent se traduire par des gestes d’intimidation, de corruption d’agent de l’état, par des menaces ou à l’extrême par l’utilisation de la violence. On se souvient par exemple de l’extrait de conversation téléphonique diffusée dans le cadre de l’émission « Enquête » dans laquelle Francesco DEL BALSO indique à un contracteur de ne pas venir à Montréal. Cette conversation est un exemple clair d’intimidation. Quant à des exemples de corruption d’agent de l’état, on a qu’ à penser aux cas des deux ex-agents de l’ASFC, Nancy CEDENO et Marie-Lyne BÉLIVEAU. En d’ autres termes, le COTI cocommetmmet des infractions dites opérationnellesopérationnelles qui leur facilitentfacilitent la commission d’ infractions d’enrichissement. On entend par infractions d’enrichissement, des activités illégales dont la résultante est un gain économique. Par exemple, le trafic de stupéfiants, l’extorsion, le prêt usuraire, paris sportifs, le blanchiment d’argent, la manipulation boursière et la fraude fiscale pour ne nommer que celles-ci.

RÉFÉRENCES

1. RIZZUTO, l’ascension et la chute d’un parrain, Éditions au carré, Lee Lamothe et Adrian Humphreys, p.16, 503pp. (version française de The Sixth family) 2. Mafia Export. Comment les mafias italiennes ont colonisé le monde, Éditions Actes Sud, Francesco Forgione, p. 38, 303 pp. 3. Mafia Brotherhoods, organized crime, Italian style, Editions Oxford University Press, Letizia Paoli, pp. 108-109, 289pp.

21 MODUS OPERANDI DU COTI

Tous les membres du COTI sont assujettis à la règle de l’OMERTA. Ils ont prêté serment sur l’obligation de garder le silence absolu sur leurs activités criminelles et l’existence de l’organisation. Réf. 1 Le serment de l’OMERTÀ oblige aussi les membres du COTI à ne pas collaborer avec les autorités policières sous aucune excuse. Même dans le cas où un sujet est arrêté et reçoit une sentence pour un crime qu’il n’ a pas commis, il ne peut rien dire sur le véritable criminel et doit servir la sentence. On parle à demi-mots, le non-dit est la règle et le dit est l’exception, les conversations sont codées. Réf. 2 Voici quelques exemples de proverbes siciliens sur l’OMERTÀ: Réf. 3

-To talk only a little is a beautiful art. (Savoir parler peu est un art magnifique) -The motuh is the betrayer of the heart (()La bouche trahi le cœur)

Est aussi sujette à l’OMERTA toute victime du COTI qui censure les injustices qui lui ont été faites ou qui refuse de collaborer avec la police par crainte de représailles.

Je qualifie d’infractions opérationnelles, les actions qui permettent au COTI de neutraliser ou de rendre inoffensifs des concurrents potentiels ou des obstacles dans leur quête d’enrichissement économique. Ces infractions opérationnelles peuvent se traduire par des gestes d’intimidation, de corruption d’agent de l’état, par des menaces ou à l’extrême par l’utilisation de la violence. On se souvient par exemple de l’extrait de conversation téléphonique diffusée dans le cadre de l’émission « Enquête » dans laquelle Francesco DEL BALSO indique à un contracteur de ne pas venir à Montréal. Cette conversation est un exemple clair d’intimidation. Quant à des exemples de corruption d’agent de l’état, on a qu’ à penser aux cas des deux ex-agents de l’ASFC, Nancy CEDENO et Marie-Lyne BÉLIVEAU. En d’ autres termes, le COTI cocommetmmet des infractions dites opérationnellesopérationnelles qui leur facilitentfacilitent la commission d’ infractions d’enrichissement. On entend par infractions d’enrichissement, des activités illégales dont la résultante est un gain économique. Par exemple, le trafic de stupéfiants, l’extorsion, le prêt usuraire, paris sportifs, le blanchiment d’argent, la manipulation boursière et la fraude fiscale pour ne nommer que celles-ci.

RÉFÉRENCES

1. RIZZUTO, l’ascension et la chute d’un parrain, Éditions au carré, Lee Lamothe et Adrian Humphreys, p.16, 503pp. (version française de The Sixth family) 2. Mafia Export. Comment les mafias italiennes ont colonisé le monde, Éditions Actes Sud, Francesco Forgione, p. 38, 303 pp. 3. Mafia Brotherhoods, organized crime, Italian style, Editions Oxford University Press, Letizia Paoli, pp. 108-109, 289pp.

22 SPHÈRES D’ACTIVITÉS LÉGITIMES

L’enquête COLISEE nous démontre que les sujets associés de près ou de loin au COTI cultivent des intérêts dans des sphères d’activités économiques légitimes très variées. L’alimentation, la vente au détail d’aliments , la transformation et la distribution des aliments, la restauration, les cafés et bars crème glacée, les activités à caractère environnemental (le traitement des eaux), le domaine de la sécurité privé, la vente de matériaux de construction, la construction et l’immobilier ne sont que quelques exemples illustrant les différents champs d’intérêts économiques du COTI. Verrouiller

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