Aéronautique Navale De Chez Nous
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AERONAUTIQUE Éditions M.D.M. 96, rue de Paris 92100 Boulogne, France Téléphone : (1) 46 99 24 24 Télécopie : (1) 46 05 14 23 © E.T.A.I./M.D.M. 1996 Dépôt légal septembre 1996 Tous droits de reproduction réservés. Couverture : Damien Chavanat Maquette : Isabelle Cransac Imprimé en U.E. ISBN : 2-909333-30-1 ISSN : 1 243-0811 AERONAUTIQUE Pierre Gaillard ÉDITIONS MDM 1 9 20 19 6 0 QUARANTE ANS D'AÉRONAUTIQUE NAVALE RAPPEL HISTORIQUE 'année 1909, qui voit successivement la création, aménagées, des avions et hydravions achetés (une quinzaine sur décision du ministre de la Guerre, d'une d'appareils sont en service à l'été 1913). Le 8 mai 1914, aviation militaire puis, surtout, le 25 juillet, la le constructeur et pilote René Caudron réussit un premier première traversée de la Manche par Louis Blériot, décollage à partir de la plate-forme aménagée sur la va être à l'origine de l'intérêt de l'état-major Foudre. Enfin, le 10 juillet 1914, un nouveau décret précise de la marine envers les aéronefs. En janvier 1910, l'organisation générale de la nouvelle arme. un groupe d'officiers sont désignés pour apprendre l'art du Lorsque éclate la Première Guerre mondiale, le 2 août 1914, pilotage chez les constructeurs du moment (Farman, Levasseur, le matériel volant se limite aux hydravions et amphibies Blériot) et, en avril suivant, le vice-amiral Boué de Lapeyrère, légers, soit basés sur le littoral, soit embarqués sur la Foudre. ministre de la Marine, crée une commission chargée d'étudier Les seules missions prévues sont la reconnaissance et les possibilités de la guerre aérienne au-dessus des mers. l'observation côtières, et il n'est pas encore question de Le rapport final ayant conclu en faveur de l'usage des s'équiper d'hydravions à grande autonomie. aéroplanes plutôt que des dirigeables, un biplan Maurice Durant le conflit, les principaux types d'appareils mis en Farman est acquis le 26 décembre 1910. Il est le tout premier service vont être dus aux constructeurs Nieuport, FBA plus-lourd-que-l'air de la marine. Tandis que sont envisagés (Schreck), Donnet-Denhaut et Georges Lévy. En outre, deux trois centres d'aviation, à Toulon, Brest et Cherbourg, le petits navires marchands, le Nord et le Pas-de-Calais, sont croiseur auxiliaire Foudre est aménagé en "bâtiment transformés en porte-hydravions, ainsi que deux anciens cargos d'aviation". Le 20 mars 1912 est officiellement constitué le allemands utilisés au Proche-Orient. Basés dans le nord de la Service de l'aviation maritime, sa première base étant Fréjus- France, à Dunkerque pour les hydravions, à Saint-Pol pour Saint-Raphaël. Progressivement, au cours des années suivantes, les avions, les appareils de la marine effectuent leurs premières l'aéronautique maritime se développe : des bases sont missions offensives en bombardant Ostende et Zeebrugge. Les combats s'intensifient également sur les mers, notamment des programmes vont en découler en vue de la mise en dans le domaine de la lutte contre les sous-marins allemands, service d'hydravions de plus en plus grands et performants. en Méditerranée, en Manche et dans l'Atlantique. Le nombre Après quelques raids en direction de l'Afrique, des hydravions de missions dévolues à l'aéronautique maritime entraîne de la marine (trois Georges Lévy et un Tellier) participent au une progression rapide du parc aérien, lequel ne compte meeting organisé à Monaco au printemps 1920. C'est alors une as moins de sept cents appareils lorsque la guerre cesse enfin "période héroïque" au cours de laquelle les incidents et le 11 novembre 1918. accidents sont nombreux. Deux raisons essentielles à cet état de choses : le manque d'endurance des moteurs de l'époque et les 1919-1939 dangers inhérents à l'état de la mer, le "défaut de la cuirasse" des appareils à flotteurs ou à coque soumis, plus encore que les D'UNE GUERRE À L'AUTRE avions terrestres, aux aléas de la météorologie. Avec la fin du conflit, l'aéronautique maritime va Une étape importante est constituée par la mise en service, en naturellement voir fondre ses effectifs, vendre ou ferrailler 1924, des gros Farman Goliath qui, quelques années plus tard, la plupart de ses appareils, fermer certains de ses centres. vont se distinguer dans les campagnes du Rif, au Maroc Cependant, en août 1920, l'état-major général établit un espagnol programme relatif aux aéronefs, aux navires spécialisés et À dater de 1928, de grands avionneurs comme Latécoère, aux missions qui leur seront assignées. De nouvelles bases Lioré & Olivier, Breguet, CAMS, développent des hydravions vont s'ouvrir, dotées de matériels plus modernes mis en multimoteurs emportant bombes et mitrailleuses de défense service au sein d'unités appelées escadrilles et flottilles. tout comme les appareils de l'aéronautique militaire. En ce qui concerne les appareils, ceux-ci se divisent en quatre Un défaut d'importance, cependant : leur faible vitesse due catégories : à la traînée induite par leur structure peu aérodynamique. - les hydravions d'exploration et de bombardement ; Quoi qu'il en soit, lorsque s'achèvent les deux décennies de - les hydravions embarqués sur navires de guerre l'entre-deux-guerres, sont en première ligne une bonne centaine (cuirassés, etc.) ; d'hydravions multimoteurs, dont environ trente-cinq de - les avions embarqués sur porte-avions ; bombardement (LeO.H.257 et H.258), quarante d'exploration - les appareils terrestres. (Breguet 521 Bizerte, Latécoère de divers modèles, Loire 70, LeO.H.470 et Potez-CAMS 141) et une trentaine de surveillance Les hydravions d'exploration (CAMS 55, Breguet Short Calcutta). Dès 1911, le capitaine de vaisseau Daveluy a préconisé la construction d'hydravions à grande autonomie mais, pour Les hydravions embarqués des raisons essentiellement techniques, rien n'est apparu dans C'est au cours de la guerre de 1914-1918 que l'hydravion cette catégorie jusqu'en 1918. Après la guerre, l'intérêt des monomoteur, le premier apparu, se développe, essentiellement navigants, qu'ils soient civils ou militaires, va se tourner vers utilisé sur les côtes. À la suite des essais effectués sur la Foudre, les raids et les records de distance. Tout naturellement, on songe à en équiper tous les gros bâtiments, cuirassés et croiseurs, en utilisant le système de la catapulte, à l'origine fort modernes. En France, le lieutenant de vaisseau Paul Teste, rudimentaire, inventé par l'US Navy. Avec quelques années de chargé des développements dans ce domaine, fait transformer retard, l'étude d'un tel dispositif est confiée, en 1922, aux en porte-avions le cuirassé Béarn, resté inachevé en 1918. chantiers de Penhoët. Achevée en 1926, la première de nos Le bâtiment n'est mis en service qu'en 1927. Trois escadrilles catapultes, fonctionnant à l'air comprimé, est mise en place sur y sont embarquées, afin de remplir des missions spécialisées : le nouveau croiseur de 2e classe Primauguet tout juste achevé. chasse, bombardement et torpillage, reconnaissance. Mais ce De 1928 à 1939, dix-neuf autres navires vont en être équipés bâtiment souffre d'un grave défaut : sa vitesse maximale (trois cuirassés, sept croiseurs de 1 classe, neuf croiseurs de limitée à 21 nœuds (39 km/h, c'est également celle du 2e classe), outre dix bâtiments pourvus d'hydravions non Commandant-Teste) alors que, dix ans plus tard, vont être mis catapultables (le croiseur-école Jeanne-d'Arc et neuf avisos en service les modernes cuirassés (Dunkerque et Strasbourg) coloniaux). De plus, en 1932, est mis en service un transport filant 30 nœuds (55 km/h). Au sein d'une escadre rapide, nos d'hydravions, le Commandant-Teste, qui, disposant de quatre porte-aéronefs constituent donc un handicap certain. Ce n'est catapultes et de cinq grues de hissage, peut emporter vingt-six qu'en 1938, bien tardivement, que la décision est prise de appareils. Jusqu'à la Seconde Guerre mondiale, les principaux lancer la fabrication de deux nouveaux porte-avions filant modèles d'appareils ainsi embarqués sont : 33 nœuds, les Joffre et Painlevé, un troisième étant encore - pour la chasse, le Loire 210 ; approuvé en... avril 1940. Il va de soi qu'aucun de ces - pour la reconnaissance, les FBA 17, CAMS 37, bâtiments ne sortira des cales alors que, depuis longtemps, Gourdou-Leseurre de divers modèles, Loire 130 et Potez 452 ; les marines américaine, britannique et japonaise ont multiplié - pour le torpillage, les Levasseur PL. 14 et PL. 15, les navires de ce genre. le Latécoère 298. Durant l'entre-deux-guerres, notre petite aviation embarquée Durant le conflit, cette forme d'aviation embarquée va va voir se succéder : progressivement disparaître dans toutes les marines du monde - pour la chasse, les Gourdou GL.22, Dewoitine D1C1, pour trois raisons : la multiplication des porte-avions, les Lévy-Biche LB.2, Wibault 74 et Dewoitine D.373 ; faibles performances de ces petits hydravions, la nécessité - pour le bombardement et le torpillage, les Levasseur PL. 2, d'installer une puissante DCA sur les navires. Un exemple : PL. 4 et PL. 7, le Chance-Vought V-156F et le Loire-Nieuport les deux catapultes et la grue montées à l'origine à l'arrière du LN.410, ces deux derniers modèles étant d'ailleurs basés à cuirassé Richelieu sont, en 1943, remplacées par quatre affûts terre après l'abandon du Béarn en tant que navire d'escadre quadruples antiaériens de 40 mm. en 1939 ; - pour la reconnaissance, les Levasseur PL. 4, PL. 10 et PL. 101. Les avions embarqués Dès 1916, la Grande-Bretagne a la première compris l'intérêt Les appareils terrestres du navire porte-avions en équipant d'une plate-forme le À l'origine, sa vocation étant avant tout la guerre sur mer, croiseur Furious, lequel sera encore en service au début de la l'aéronautique maritime a naturellement, durant la Première guerre.