AERONAUTIQUE Éditions M.D.M. 96, rue de Paris 92100 Boulogne, Téléphone : (1) 46 99 24 24 Télécopie : (1) 46 05 14 23 © E.T.A.I./M.D.M. 1996 Dépôt légal septembre 1996 Tous droits de reproduction réservés. Couverture : Damien Chavanat Maquette : Isabelle Cransac Imprimé en U.E. ISBN : 2-909333-30-1 ISSN : 1 243-0811 AERONAUTIQUE

Pierre Gaillard

ÉDITIONS MDM

1 9 20 19 6 0

QUARANTE ANS D'AÉRONAUTIQUE NAVALE RAPPEL HISTORIQUE

'année 1909, qui voit successivement la création, aménagées, des avions et hydravions achetés (une quinzaine sur décision du ministre de la Guerre, d'une d'appareils sont en service à l'été 1913). Le 8 mai 1914, aviation militaire puis, surtout, le 25 juillet, la le constructeur et pilote René réussit un premier première traversée de la Manche par Louis Blériot, décollage à partir de la plate-forme aménagée sur la va être à l'origine de l'intérêt de l'état-major Foudre. Enfin, le 10 juillet 1914, un nouveau décret précise de la marine envers les aéronefs. En janvier 1910, l'organisation générale de la nouvelle arme. un groupe d'officiers sont désignés pour apprendre l'art du Lorsque éclate la Première Guerre mondiale, le 2 août 1914, pilotage chez les constructeurs du moment (Farman, Levasseur, le matériel volant se limite aux hydravions et amphibies Blériot) et, en avril suivant, le vice-amiral Boué de Lapeyrère, légers, soit basés sur le littoral, soit embarqués sur la Foudre. ministre de la Marine, crée une commission chargée d'étudier Les seules missions prévues sont la reconnaissance et les possibilités de la guerre aérienne au-dessus des mers. l'observation côtières, et il n'est pas encore question de Le rapport final ayant conclu en faveur de l'usage des s'équiper d'hydravions à grande autonomie. aéroplanes plutôt que des dirigeables, un biplan Maurice Durant le conflit, les principaux types d'appareils mis en Farman est acquis le 26 décembre 1910. Il est le tout premier service vont être dus aux constructeurs , FBA plus-lourd-que-l'air de la marine. Tandis que sont envisagés (Schreck), -Denhaut et Georges Lévy. En outre, deux trois centres d'aviation, à Toulon, Brest et Cherbourg, le petits navires marchands, le Nord et le Pas-de-Calais, sont croiseur auxiliaire Foudre est aménagé en "bâtiment transformés en porte-hydravions, ainsi que deux anciens cargos d'aviation". Le 20 mars 1912 est officiellement constitué le allemands utilisés au Proche-Orient. Basés dans le nord de la Service de l'aviation maritime, sa première base étant Fréjus- France, à Dunkerque pour les hydravions, à Saint-Pol pour Saint-Raphaël. Progressivement, au cours des années suivantes, les avions, les appareils de la marine effectuent leurs premières l'aéronautique maritime se développe : des bases sont missions offensives en bombardant Ostende et Zeebrugge. Les combats s'intensifient également sur les mers, notamment des programmes vont en découler en vue de la mise en dans le domaine de la lutte contre les sous-marins allemands, service d'hydravions de plus en plus grands et performants. en Méditerranée, en Manche et dans l'Atlantique. Le nombre Après quelques raids en direction de l'Afrique, des hydravions de missions dévolues à l'aéronautique maritime entraîne de la marine (trois Georges Lévy et un Tellier) participent au une progression rapide du parc aérien, lequel ne compte meeting organisé à Monaco au printemps 1920. C'est alors une as moins de sept cents appareils lorsque la guerre cesse enfin "période héroïque" au cours de laquelle les incidents et le 11 novembre 1918. accidents sont nombreux. Deux raisons essentielles à cet état de choses : le manque d'endurance des moteurs de l'époque et les 1919-1939 dangers inhérents à l'état de la mer, le "défaut de la cuirasse" des appareils à flotteurs ou à coque soumis, plus encore que les D'UNE GUERRE À L'AUTRE avions terrestres, aux aléas de la météorologie. Avec la fin du conflit, l'aéronautique maritime va Une étape importante est constituée par la mise en service, en naturellement voir fondre ses effectifs, vendre ou ferrailler 1924, des gros Farman Goliath qui, quelques années plus tard, la plupart de ses appareils, fermer certains de ses centres. vont se distinguer dans les campagnes du Rif, au Maroc Cependant, en août 1920, l'état-major général établit un espagnol programme relatif aux aéronefs, aux navires spécialisés et À dater de 1928, de grands avionneurs comme Latécoère, aux missions qui leur seront assignées. De nouvelles bases Lioré & Olivier, Breguet, CAMS, développent des hydravions vont s'ouvrir, dotées de matériels plus modernes mis en multimoteurs emportant bombes et mitrailleuses de défense service au sein d'unités appelées escadrilles et flottilles. tout comme les appareils de l'aéronautique militaire. En ce qui concerne les appareils, ceux-ci se divisent en quatre Un défaut d'importance, cependant : leur faible vitesse due catégories : à la traînée induite par leur structure peu aérodynamique. - les hydravions d'exploration et de bombardement ; Quoi qu'il en soit, lorsque s'achèvent les deux décennies de - les hydravions embarqués sur navires de guerre l'entre-deux-guerres, sont en première ligne une bonne centaine (cuirassés, etc.) ; d'hydravions multimoteurs, dont environ trente-cinq de - les avions embarqués sur porte-avions ; bombardement (LeO.H.257 et H.258), quarante d'exploration - les appareils terrestres. (Breguet 521 Bizerte, Latécoère de divers modèles, Loire 70, LeO.H.470 et -CAMS 141) et une trentaine de surveillance Les hydravions d'exploration (CAMS 55, Breguet Short Calcutta). Dès 1911, le capitaine de vaisseau Daveluy a préconisé la construction d'hydravions à grande autonomie mais, pour Les hydravions embarqués des raisons essentiellement techniques, rien n'est apparu dans C'est au cours de la guerre de 1914-1918 que l'hydravion cette catégorie jusqu'en 1918. Après la guerre, l'intérêt des monomoteur, le premier apparu, se développe, essentiellement navigants, qu'ils soient civils ou militaires, va se tourner vers utilisé sur les côtes. À la suite des essais effectués sur la Foudre, les raids et les records de distance. Tout naturellement, on songe à en équiper tous les gros bâtiments, cuirassés et croiseurs, en utilisant le système de la catapulte, à l'origine fort modernes. En France, le lieutenant de vaisseau Paul Teste, rudimentaire, inventé par l'US Navy. Avec quelques années de chargé des développements dans ce domaine, fait transformer retard, l'étude d'un tel dispositif est confiée, en 1922, aux en porte-avions le cuirassé Béarn, resté inachevé en 1918. chantiers de Penhoët. Achevée en 1926, la première de nos Le bâtiment n'est mis en service qu'en 1927. Trois escadrilles catapultes, fonctionnant à l'air comprimé, est mise en place sur y sont embarquées, afin de remplir des missions spécialisées : le nouveau croiseur de 2e classe Primauguet tout juste achevé. chasse, bombardement et torpillage, reconnaissance. Mais ce De 1928 à 1939, dix-neuf autres navires vont en être équipés bâtiment souffre d'un grave défaut : sa vitesse maximale (trois cuirassés, sept croiseurs de 1 classe, neuf croiseurs de limitée à 21 nœuds (39 km/h, c'est également celle du 2e classe), outre dix bâtiments pourvus d'hydravions non Commandant-Teste) alors que, dix ans plus tard, vont être mis catapultables (le croiseur-école Jeanne-d'Arc et neuf avisos en service les modernes cuirassés (Dunkerque et Strasbourg) coloniaux). De plus, en 1932, est mis en service un transport filant 30 nœuds (55 km/h). Au sein d'une escadre rapide, nos d'hydravions, le Commandant-Teste, qui, disposant de quatre porte-aéronefs constituent donc un handicap certain. Ce n'est catapultes et de cinq grues de hissage, peut emporter vingt-six qu'en 1938, bien tardivement, que la décision est prise de appareils. Jusqu'à la Seconde Guerre mondiale, les principaux lancer la fabrication de deux nouveaux porte-avions filant modèles d'appareils ainsi embarqués sont : 33 nœuds, les Joffre et Painlevé, un troisième étant encore - pour la chasse, le Loire 210 ; approuvé en... avril 1940. Il va de soi qu'aucun de ces - pour la reconnaissance, les FBA 17, CAMS 37, bâtiments ne sortira des cales alors que, depuis longtemps, Gourdou-Leseurre de divers modèles, Loire 130 et ; les marines américaine, britannique et japonaise ont multiplié - pour le torpillage, les Levasseur PL. 14 et PL. 15, les navires de ce genre. le Latécoère 298. Durant l'entre-deux-guerres, notre petite aviation embarquée Durant le conflit, cette forme d'aviation embarquée va va voir se succéder : progressivement disparaître dans toutes les marines du monde - pour la chasse, les Gourdou GL.22, D1C1, pour trois raisons : la multiplication des porte-avions, les Lévy-Biche LB.2, 74 et Dewoitine D.373 ; faibles performances de ces petits hydravions, la nécessité - pour le bombardement et le torpillage, les Levasseur PL. 2, d'installer une puissante DCA sur les navires. Un exemple : PL. 4 et PL. 7, le Chance- V-156F et le Loire-Nieuport les deux catapultes et la grue montées à l'origine à l'arrière du LN.410, ces deux derniers modèles étant d'ailleurs basés à cuirassé Richelieu sont, en 1943, remplacées par quatre affûts terre après l'abandon du Béarn en tant que navire d'escadre quadruples antiaériens de 40 mm. en 1939 ; - pour la reconnaissance, les Levasseur PL. 4, PL. 10 et PL. 101. Les avions embarqués Dès 1916, la Grande-Bretagne a la première compris l'intérêt Les appareils terrestres du navire porte-avions en équipant d'une plate-forme le À l'origine, sa vocation étant avant tout la guerre sur mer, croiseur Furious, lequel sera encore en service au début de la l'aéronautique maritime a naturellement, durant la Première guerre. Suivent d'autres bâtiments, de plus en plus grands et Guerre mondiale, totalement négligé les appareils de combat basés à terre. Ce n'est qu'à partir de 1922 que, malgré le et deux Breguet Bizerte prennent l'air pour surveiller la flotte manque de fiabilité des moteurs de l'époque, les marins vont anglaise ; chercher à se doter d'avions semblables à ceux de l'aviation - le 23 septembre 1940, au cours de la tentative effectuée par militaire, le premier étant le gros bombardier Farman Goliath. la France Libre et la Home Fleet en vue de rallier l'Afrique- Puis, dans le but d'assurer la protection des bases, sont Occidentale française à leur cause — durant trois jours commandés des avions de chasse tels que les Nieuport-Delage de combats, les appareils de la marine basés à Dakar entrent Ni.D-62, Morane-Saulnier MS.225 ou Dewoitine D.510. en lice ; la Fleet Air Arm perd onze avions, dont un est À partir de 1939, la tendance se confirme avec la constitution abattu par l'hydravion Antarès ; de nouvelles unités pourvues de chasseurs modernes et de - le 24 septembre 1940, un raid de représailles est lancé contre bombardiers moyens et lourds. la base britannique de Gibraltar — y participent, sans subir de pertes, des bombardiers Glenn Martin 167F et plusieurs LA SECONDE GUERRE MONDIALE Breguet Bizerte. La campagne de France En Indochine, après l'armistice de juin 1940, est constituée à En premier lieu, toutes les unités dotées d'appareils à roues Cat-Laï une SHM (Section d'hydravions marine) équipée sont regroupées dans le nord de la France. A partir de des hydravions débarqués de trois navires de guerre présents l'offensive allemande du 10 mai 1940, les combats vont être dans la colonie. Trois de ces appareils, détachés acharnés, les pertes sérieuses. Par ailleurs, les trois au Cambodge, vont permettre de suivre les mouvements quadrimoteurs Farman NC.223.4, appartenant à Air France, de la flotte siamoise hostile, laquelle subit, le 17 janvier 1941, sont transformés en bombardiers de nuit. L'un d'eux, une cuisante défaite sous le tir de nos bâtiments. le Jules-Verne, va effectuer ainsi plusieurs missions dont l'une, En Syrie, en juin 1941, va éclater un conflit entre, d'un côté dans la nuit du 7 au 8 juin, va l'amener à larguer deux tonnes les forces françaises libres et britanniques, de l'autre les troupes de bombes sur Berlin après avoir suivi les côtes de la mer du fidèles au régime de Vichy, la raison résidant dans la crainte Nord. des Alliés de voir l'aviation allemande pénétrer au Après l'armistice, tous les appareils disponibles, avions et Proche-Orient. Trois escadrilles de l'aéronautique navale hydravions, sont dirigés vers le sud de la France puis l'Afrique sont dépêchées sur place, deux de Glenn Martin 167F, une de du Nord. chasseurs D.520. Jusqu'au 11 juillet, date du retour des unités en Afrique du Nord, les pertes sont sévères : sept bombardiers et Les opérations d'outre-mer deux chasseurs sont abattus en opérations, et seuls quatre Après la fin des combats sur le sol national, les appareils de Glenn Martin restent en état de vol, bien qu'endommagés. l'aéronautique navale des différentes catégories vont être mis à Le débarquement allié en Afrique du Nord (opération Torch contribution, essentiellement en trois occasions, à partir des lancée le 8 novembre 1942) est l'occasion de nouveaux bases du continent africain : affrontements. Dès l'attaque initiale sur le Maroc, effectuée par - le 3 juillet 1940, lors de l'attaque de notre escadre stationnée les appareils partis de quatre porte-avions américains, à Mers el-Kébir, en Algérie, par la Royal Navy, des Loire 130 c'est le carnage. Les douze Glenn Martin de la 3F sont tous abattus et quelques D.520, après avoir détruit plusieurs aéronefs, de même que les croiseurs lourds Duquesne et assaillants, se replient sur l'Algérie. Dans ce dernier territoire, Tourville. Mais, ces projets sont contrariés tant par des les hydravions Latécoère 298 et les bombardiers LeO.451 problèmes budgétaires que par l'état de nos chantiers navals. qui y sont stationnés sont surpris au sol et leurs bases sont Il nous faut donc faire appel, comme pour les matériels volants, rapidement occupées par les Alliés. aux surplus des Alliés. C'est ainsi que l'on va voir mettre en ligne, successivement : le Dixmude (ex-américain), Les Forces françaises libres (FFL) l'Arromanches (ex-britannique), le La Fayette (ex-américain) Entre l'appel lancé par le général de Gaulle le 18 juin 1940 et et le Bois-Belleau (ex-américain). De nombreuses études 1942, il n'y aura pas d'aéronautique navale au sein des FFL, (entamées durant l'Occupation) sont conduites en France pour faute de matériel. En revanche, après le débarquement allié qui de nouveaux porte-avions de diverses conceptions (certains vient d'être évoqué, des unités vont pouvoir être reconstituées portent une tourelle de cuirassé quadruple !), et le 7 août 1947, avec des appareils livrés essentiellement par la Grande- la décision est prise de lancer la fabrication du PA 28 Bretagne (bimoteurs terrestres Lockheed Hudson et Vickers Clemenceau Mais les choses vont traîner, et ce n'est qu'en 1954 Wellington, hydravions Supermarine Walrus et Short que le budget est voté pour la mise en chantier du PA 54 Sunderland), puis américains (hydravions Consolidated PBY portant le même nom. Ce bâtiment entame ses essais à la mer Catalina, bombardiers en piqué Douglas SBD Dauntless). en novembre 1959, les premiers appontages et catapultages Naturellement, faute de porte-avions, il ne peut y avoir d'unités étant effectués, avec des avions à réaction, en mars 1960. Un embarquées. Dans ce domaine, à la fin du conflit en août "sister-ship" va suivre, le PA 55 Foch ; mis en chantier à Saint- 1945, on peut mesurer l'énorme développement de cette arme Nazaire en 1957, il sera admis au service actif en juillet 1963. puisque, toutes catégories confondues, pas moins de 182 porte- avions ont été utilisés par les trois principales marines, soit 27 Les avions embarqués japonais, 59 britanniques et 96 américains. Notre Marine Dans un premier temps, nous allons recevoir des Douglas SBD nationale, qui a pour mission de protéger ses lignes de Dauntless déjà cités, des chasseurs Supermarine Seafire communication avec les territoires d'outre-mer, va devoir (version navalisée du célèbre Spitfire) et F6F-5 combler une grave lacune. Hellcat, des bombardiers en piqué Curtiss SB2C-5 Helldiver, des chasseurs Chance-Vought F4U-7 Corsair, des avions torpilleurs LA RECONSTRUCTION General Motors TBM-3 Avenger, dans cet ordre chronologique. Les porte-avions Puis vont apparaître les premiers avions à réaction avec les Dans l'immédiat après-guerre, le temps et les crédits manquent Aquilon (version fabriquée sous licence du De Havilland pour la construction d'unités nouvelles. On envisage un DH.112 Sea Venom britannique) et les Breguet 1050 Alizé de moment de récupérer le cuirassé Strasbourg, sabordé droit en lutte ASM. Ils préparent l'avenir pour la mise en service, en eau peu profonde à Toulon, et le cuirassé Jean-Bart, stationné à 1962, du premier avion de combat cent pour cent français, Casablanca depuis 1940, et de les transformer en porte- le Dassault Étendard IVM. Les derniers hydravions LES OPÉRATIONS D'APRÈS-GUERRE Comme on le sait déjà, les hydravions de bord disparaissent à Depuis la Seconde Guerre mondiale, les forces françaises ont la fin du second conflit mondial. Vont par contre subsister, été investies dans trois conflits, dont deux de longue durée : pendant une quinzaine d'années, plusieurs modèles la guerre d'Indochine (de 1945 à 1955), l'affaire du canal de d'hydravions à coque, généralement de provenance étrangère : Suez (1956) et la guerre d'Algérie (de 1954 à 1962) ; vieux monomoteurs britanniques Supermarine Sea Otter et l'aéronautique navale ayant en chaque occasion joué un rôle Walrus ; bimoteurs américains Grumman Goose et notable. Consolidated Catalina ; quadrimoteurs britanniques Short Sunderland et bimoteurs américains Martin P5M-2 Marlin. L'Indochine Les fabrications françaises sont représentées par les Avec la décision, prise en mai 1945, d'envoyer un corps quadrimoteurs Breguet 730 et 731, le trimoteur Dornier expéditionnaire dans ce territoire, des unités aériennes de la Do.24T (type d'origine allemande rescapé de l'Occupation) marine vont être engagées mais, dans un premier temps, et le bimoteur Nord N1402 Noroît. Cet héritage du passé va les matériels manquent et nos navigants partis les mains vides disparaître pour plusieurs raisons : performances insuffisantes doivent utiliser des hydravions japonais récupérés en plus face aux appareils terrestres, lourdes sujétions de mise en ou moins bon état. Suivent des Catalina de la 8F puis des Sea œuvre, problèmes de corrosion des cellules et, surtout, des Otter jusqu'à ce que, en 1947, arrive le Dixmude, portant appareils électroniques modernes. des SBD-5 de la 3F. Ce bâtiment ne sert toutefois que de transporteur et de navire-atelier, et les avions qu'il apporte Les appareils terrestres sont utilisés à partir de bases terrestres en appui de nos troupes Là encore, nos premières unités reconstituées reçoivent dans des opérations d'envergure croissante. À partir d'août en premier lieu des appareils d'occasion déjà cités dans le 1951, nos trois autres porte-avions, l'Arromanches, le La Fayette chapitre consacré aux FFL, puis des quadrimoteurs et le Bois-Belleau vont tour à tour intervenir sur ce lointain britanniques Avro Lancaster, mais aussi de rapides bimoteurs théâtre, avec des Hellcat, Helldiver et Corsair, tandis que sont français Bloch 175T produits par la SNCASO (Société nationale par ailleurs largement utilisés les gros Privateer. L'effort de constructions aéronautiques du Sud-Ouest). Viendront maximal va être fourni durant la bataille de Diên Biên Phu, s'y ajouter des patrouilleurs américains Lockheed Neptune entre le 13 mars et le 7 mai 1954. La dernière mission navale et de gros bombardiers Consolidated P4Y-2 Privateer mis en revient au La Fayette, qui, au début de 1956, revient en œuvre en Indochine puis en Algérie. Tous ces matériels France avec les F4U-7 de la 15F, mettant un terme à la présence disparaîtront progressivement pour laisser la place à un française en Extrême-Orient. unique et puissant bimoteur de patrouille et de lutte ASM et antinavire, le Breguet 1150 Atlantic qui, apparu en 1961, est Le canal de Suez toujours en fabrication, dans une version modernisée, trente- Le 26 juillet 1956, c'est un événement inattendu, la décision cinq ans plus tard. prise par le colonel Nasser, chef de l'État égyptien, de nationaliser le canal alors géré par une compagnie privée mettent un terme au conflit, l'Algérie accédant à britannique, qui met le feu aux poudres. Décidés à intervenir l'indépendance le 5 juin 1962. Toutes les unités de de vive force, les Français et les Britanniques mettent en place l'aéronautique navale vont alors être rapatriées en Métropole. des forces d'intervention dans le but de déposséder Nasser du canal. Les opérations sont organisées conjointement avec LA STABILISATION l'armée israélienne, laquelle pénètre dans le Sinaï le 30 octobre. À partir de ces derniers événements, après avoir utilisé durant Dès le lendemain, officiellemen t pour "protéger" le canal plus de quatre décennies de nombreux modèles dépareillés ou de l'offensive de Tsahal, les forces franco-britanniques dépassés, notre aéronautique navale s'est finalement interviennent par des attaques aériennes et un débarquement. concentrée sur ses deux porte-avions, Foch et Clemenceau, Notre marine est représentée par l'Arromanches et le La Fayette et un minimum de modèles d'appareils étroitement adaptés à à partir desquels opèrent les Corsair de la 14F et de la 15F, leurs missions respectives. ainsi que les Avenger de la 9F Mais, sous la pression politique La vérité oblige cependant à dire que, au moment où ces lignes des États-Unis et de l'URSS, l'ONU exige le retrait des sont rédigées, la vétusté de nos porte-aéronefs et de la plupart forces alliées ; celui-ci est achevé le 24 décembre, nos deux de leurs avions (Alizé ASM, Crusader d'attaque, Étendard IVP porte-avions regagnant alors la France. de reconnaissance photo) limite sérieusement l'efficacité de nos forces aéronavales. L'espoir d'un bien tardif renouveau repose L'Algérie aujourd'hui sur le porte-avions nucléaire Charles-de-Gaulle, Faisant exactement suite à la guerre d'Indochine, la rébellion doté du biréacteur Dassault Rafale. éclate en Algérie pour le jour de la Toussaint 1954. Déjà présen te sur place avec sa base de Lartigue-Tafaraoui, près d'Oran, l'aéronautique navale va jouer un rôle croissant avec AVERTISSEMENT la même mission principale qu'en Extrême-Orient : l'appui-feu. Dans le présent ouvrage, seuls les appareils destinés à accomplir À compter de 1956, quatre flottilles équipées de Corsair (12F, des missions armées sont présentés (chasse, bombardement, tor- 14F, 15F et 17F) vont se succéder en Algérie, appuyées à partir pillage, exploration, surveillance, lutte ASM), même si dans bien de 1958 par les Aquilon des 11F et 16F Tandis que tous ces des cas leur utilisation réelle dans la marine a été différente. Par monomoteurs soutiennent les opérations, les Neptune des 21F, ailleurs, tous les appareils "embarquables" n'ont pas été embar- 22F et 23F, les Catalina et Lancaster, ainsi que les derniers qués ; là encore, ils ont été classés en fonction de leur destination Privateer de la 28F, assurent la surveillance maritime, première. Ne sont donc pas concernés : les appareils étudiés pour le principalement dans le but d'interdire les arrivées d'armes transport, les liaisons ou l'entraînement, ni ceux à voitures tour- depuis les territoires voisins. Après huit ans de durs combats, nantes. Le classement est réalisé selon l'ordre chronologique, soit au terme desquels les maquis du FLN (Front de libération au début des essais pour les appareils initialement destinés nationale) sont pratiquement démantelés grâce aux effets du à la marine, soit à leur mise en service dans celle-ci pour les appa- plan Challe, les accords d'Évian, signés le 19 mars 1962, reils d'autres provenances.

LES PORTE-AÉRONEFS

Le des torpilleurs, l'armement principal est celui d'un croiseur dit de 2 classe (croiseur À l'origine, le Béarn était un "cuirassé de 1 rang" compris dans une série de cinq léger dans les autres marines), soit huit pièces de 155 mm en casemates simples. bâtiments issus d'un programme de 1913, dont le déplacement était de 25 230 tW. S'y ajoute une DCA bien modeste mais courante à cette époque : six canons de Il a été mis sur cale aux chantiers de La Seyne en janvier 1914, mais toute fabrication 75 mm, huit canons automatiques de 37 mm et quelques mitrailleuses de 13,2 mm. a cessé sur ces navires peu après de déclenchement de la guerre. Lancée en avril Après une refonte effectuée en 1935, ce bâtiment est retiré de nos escadres en 1939, 1920, sa coque est d'abord l'objet d'essais préalables avec une petite plate-forme en en raison de sa faible vitesse, et ses missions consistent essentiellement à transporter bois de 35 m de long et 9 m de large. En 1922, les accords de Washington fixent des avions entre le continent américain et la France. Lors de l'armistice de juin 1940, à la France un tonnage total de 60 000 tW pour ses porte-avions, alors que notre il se trouve bloqué, avec sa cargaison de Curtiss SBC-4, à Fort-de-France. Après marine souhaitait pouvoir s'équiper de trois unités de 28 000 tW. Le programme naval le ralliement de l'Empire à la France libre, le Béarn gagne les États-Unis pour être de vingt ans fixé la même année prévoit finalement, en première urgence, la définitivement modifié en transport, avec un armement antiaérien moderne : transformation du Béarn puis, en second lieu, la construction de deux bâtiments de quatre pièces de 100 mm à la place des casemates, six affûts quadruples de 40 mm et 30 000 tW. Le marché concernant le Béarn est passé le 4 août 1923, mais les travaux vingt-six canons automatiques de 20 mm. ne progressent que lentement. Enfin mis en service en mai 1927 avec un tonnage de Après une carrière sans gloire, le navire sera finalement condamné à Toulon, et vendu 22 146 tW, le bâtiment peut loger quarante appareils. Afin de repousser les attaques à des ferrailleurs italiens.

Après une refonte aux États-Unis, le Béarn, désormais camouflé, porte une importante DCA légère, dont les combats aéronavals de la guerre ont montré l'impérieuse nécessité. (Pboto Marius Bar, Toulon.) INDEX PAR CONSTRUCTEUR

Consolidated PBY-5A Catalina 61 Lioré & Olivier LeO.10 66 A ichi E13A1 Jake 90 Hallbronn 25 /542 128 Amiot 110S 43 Convair P4Y-2 Privateer 139 HD.2 24 Lioré & Olivier LeO. 11 66 Potez 631 133 Amiot 150M 55 Curtiss SBC-4 Helldiver 106 Hanriot HD.3 24 Lioré & Olivier LeO.H. 193S 35 Potez 63-11 133 Curtiss SB2C-5 Helldiver 115 Lioré & Olivier LeO H.204 44 Amiot 354 131 Hanriot HD. 12 91 Potez-CAMS 141 57 ANF-Les Mureaux ANF-1 94 Hanriot HD.27 93 Lioré & Olivier LeO.H.23 42 Arsenal VG.90 112 Dassault Étendard IVM/IVP 119 Hawker Hurricane 135 Lioré & Olivier LeO.H.23/2 78 Romano R.4 65 Lioré & Olivier LeO.H.246 55 Avro Lancaster 139 De Havilland DH.100 Vampire 140 Romano R.5 48 Denhaut Hy 419 35 Lioré & Olivier LeOH.252 40 Romano R.90 85 Junkers Ju88 136 Dewoitine D. 1 93 Lioré & Olivier LeOH.259 40 Bellanger-Denhaut BD.22 27 Jnkers ju 188 136 Dewoitine D.373/D.376 101 Lioré & Olivier LeO.H. 43 80 Bernard H.52 80 Short Sunderland 61 Dewoitine D.510 127 Lioré & Olivier LeO.451 131 Bernard H. 110 83 Latécoère 290/296 45 SNCAC NC.410 59 Dewoitine D.520 130 Lioré & Olivier LeO.453 131 Besson MB. 11 28 Latécoère 298 86 SNCAC NC.420 88 Dewoitine HD. 130/HD. 731 87 Lioré & Olivier LeO.H.46 54 Besson MB.26 67 SNCAC NC.470/NC.471 53 Dewoitine D.750 107 Latécoère 299 105 Lioré & Olivier LeOH.470 54 Besson MB.35 70 SNCAC NC.900 138 Dewoitine HD. 780 88 Latécoère 301/302 46 Lockheed Hudson 135 Besson MB.4 10/MB.411 77 SNCAC NC.1070/NC. 1071 111 Donnet-Denbaut DD.9 25 Latécoère 380/381 41 Lockheed PV-1 Ventura 137 Blanchard Brd.1 27 SNCAC NC. 1080 113 Dornier Do.24T 62 Latécoère 440 46 Lockheed PV-2 Harpoon 137 Blériot 118 68 SNCAN N.1400/N.1402 Noroît 63 Latécoère 521/523 52 Lockheed P2V-6 Neptune 141 Douglas SBD-5 Dauntless 108 SNCAN N. 1500 Noréclair 112 Bloch MB.151 129 Latécoère 550 49 Lockheed P2V-7 Neptune 141 Bloch MB. 175T (SNCASO) 138 Latécoère 582 51 SNCAN N.2200 113 Farman F.50T 121 Loire 70 50 Bloch MB.210H 50 Latécoère 611 58 SNCAO CAO.600 107 Farman F.60/F.65 Goliath 28-121 Loire 130 81 Bloch MB. 480 57 Latham trimoteur 26 SNCASE SE.400 60 Farman F.150 32 Loire 210 83 Bodiansky 30 78 Latham 230 ch 73 Loire-Gourdou-Leseurre LGL.32 99 SNCASE Aquilon 118 Farman F. 1651/ F. 168 36 SNCASO SO.8000 Narval 114 Breguet 14 122 Farman F.222.1/F.222.2 128 Latham HB3 30 Loire-Nieuport LN.10 58 Spad 39 92 Breguet 19 125 Farman F.210/F.211 47 Latham HB5 26 Loire-Nieuport LN.140 102 SPCA.10 39 Breguet 521 Bizerte 48 Farman NC.223.4 132 Latham E5 33 Loire-Nieuport LN401/411 104 Breguet 610 82 Latham 43 30 SPCA.20 39 FBA Type S 21 Loire-Nieuport LN. 42 109 Supermarine Seafire/Spitfire 110 Breguet 730/731 56 FBA 17 71 Latham 45 37 Supermarine Sea Otter 62 Breguet 764 140 FBA 19 31 Latham 47 37 Martin 167F 134 Breguet 790 86 Levasseur PL. 2 92 Martin P5M-2 Marlin 64 Supermarine Walrus 89 Tellier 22 Breguet 960 Vultur/1050 Alizé 116 Gourdou-Leseurre GL.430 101 Levasseur PL.3 94 Morane-Saulnier MS.225 126 Breguet 1100M 120 Gourdou-Leseurre GL.432 101 Levasseur PL.4 97 Morane-Saulnier MS.226 126 Breguet/Short Calcutta 44 Gourdou-Leseurre GL.521 103 Levasseur PL.5 95 Morane-Saulnier MS.406 129 Vickers Wellington 134 Gourdou-Leseurre GL.81O 72 Levasseur PL.7 100 Villiers 2 97 CAMS 31M 29 Gourdou-Leseurre GL.813 72 Levasseu r PL. 10/PL. 101 124 Nakajima A 6/M2W Rufe 90 Villiers 4/9/10 68 CAMS 32R 66 Gourdou-Leseurre GL.820 84 Levasseur PL. 11 75 Nieuport-Delage Ni.D-32 RH 91 Villiers 8/11 98 Villiers 26 42 CAMS 33B 29 Gourdou-Leseurre GL.821 84 Levasseur PL. 12 75 Nieuport-Delage Ni.D-43 96 CAMS 37 34 Gourdou-Leseurre GL.831 76 Levasseur PL. 14/PL. 15 74 Nieuport-Delage Ni.D-62 125 Vought AU-1/F4U-7 Corsair 117 CAMS 51R/51GR 34 Gourdou-Leseurre GL.832 76 Levasseur PL. 107/PL. 108 103 Nieuport-Delage Ni.D-622 125 Vought V-156F 104 CAMS 55 38 Gourdou-Leseurre G. 120 Hy 89 Levasseur PL.200/PL.201 85 CAMS 80 47 Grumman G-36A 106 Lévy R/Farman Lévy 23 Percheron H. 1 31 Wibault 74/75 102 CAMS 90 76 Grumman F6F-5 Hellcat 115 Lévy-Biche LB.2 98 Potez XV H02 69 CAMS 110 51 Grumman JRF-5 Goose 64 Lévy-Biche LB. 4/LB. 6 73 126 CAMS 120 81 Grumman TBM-3 Avenger 117 Lioré & Olivier LeO.7/3 123 Potez 452 79 INDEX PAR NOM D'AVION

Alizé (Breguet 1050) 116 Goliath (Farman F.60/F.65) 28-121 Marlin (Martin P5M-2) 64 Spitfire (Supermarine) 110 Aquilon (SNCASE) 118 Goose (Grumman JRF-5) 64 Sunderland (Short) 61 Avenger (Grumman TBM-3) 117 Narval (SNCASO S0.8000) 114 Harpoon (Lockbeed PV-2) 137 Neptune (Lockheed P2V-6/P2V-7) 141 Vampire (de Havilland DH.100) 140 Bizerte (Breguet 521) 48 Hellcat (Grumman F6F-5) 115 Noréclair (SNCAN N.1500) 112 Ventura (Lockheed PV-1) 137 Helldiver (Curtiss SBC-4) 106 Noroît (SNCAN N.1400/N.1402) 63 Vultur (Breguet 960) 116 Calcutta (Breguet/Short) 44 Helldiver (Curtiss SB2C-5) 115 Catalina (Consolidated PBY-5A) 61 Hudson (Lockheed) 135 Privateer (Convair P4Y-2) 139 Walt rus (Supermarine) 89 Corsair (Vought AU- 1/F4U-7) 117 Hurricane (Hawker) 135 Wellington (Vickers) 134 Rufe (Nakajima A6M2-N) Dauntless (Douglas SBD-5) 108 Jake (Aichi E13A1) 90 90 Seafire (Supermarine) 110 Étendard (Dassault) 119 Lancaster (Avro) 139 Sea Otter (Supermarine) 62

CRÉDIT PHOTOGRAPHIQUE

Association pour la recherche de documentation sur l'histoire de l'aéronautique navale (ARDHAN) : 25h, 27b, 28b, 41, 43b, 43b, 44h, 45, 48h, 50h, 52h, 53h, 57b, 58h, 59, 61h, 62h, 69, 71, 73h, 76 h, 80b, 81h, 92b, 94b, 95, 97b, 103h, 107h, 121b, 124h, 125h, 126h, 126b, 129b, 137b. Musée de l'Air et de l'Espace : 32, 39h, 97h, 112h, 112b. Centre d'essais en vol (CEV) : 63, 109, 1 16h, 119, 125b, 138h, 141b. Établissement cinématographique et photographique des armées (ECPA) : 56h, 108, 115h, 115b, 133b. Société lyonnaise d'histoire de l'aviation et de documentation aéronautique (SLHADA) 93b. Association "Je me souviens", Aérospatiale, boulevard des Apprentis, BP 404, 44602 Saint-Nazaire Cedex : 58b. Pierre Cortet : 21, 27h, 34h, 44b, 50h, 65, 66h, 68h, 70, 78h, 79, 81b, 89h, 91h, 93h, 98h, 123, 128h, 129h, 133h, 138b, 139b. Alain Crosnier : 62b, 64h. Jean Delmas : 106h, 107b. Lucien Morareau : 22h, 23, 25b, 26h, 26b, 28h, 30h, 31b, 33, 37h, 40, 47h, 66b, 67, 73b, 75b, 78b, 91b, 94h, 98b, 103b, 121h, 122, 128b, 132, 135h. Général Jacques Mutin : 24b, 30b, 54b, 77b, 87h, 89b, 106b, 110h, 130, 131h, 134h, 134b, 135b, 136b,. Philippe Ricco : 54h, 85b, 88h. Jean-Claude Soumille : 87b, 110b.

L'auteur leur exprime ses sincères remerciements. Tous droits réservés.