LES NOUVEAUX NATIONALISTES Collection « Politiquement incorrect » dirigée par Philippe Randa

aux éditions de l'Æncre Le Guide du collectionneur politiquement incorrect - Francis Bergeron Profanation - Chard Le Racisme anti-français - Henri de Fersan Délit et Rature - Rolandaël Martin Heidegger, philosophe incorrect - Jean-Pierre Blanchard Aux sources du national-populisme - Jean-Pierre Blanchard

aux éditions Déterna La Faim justifie les moyens - Jean-Pierre Blanchard Mythes et races - Jean-Pierre Blanchard Les Nouveaux Nationalistes - Le Testament d'un Européen - Jean de Brem Aux voleurs - Konk Les Manipulateurs de la culture - Les « Antisémites » de gauche - Roland Gaucher et Philippe Randa La Germanophobie - Philippe Gautier La Torche et le Glaive - Quand grossissent les têtes molles - Pierre Monnier Les Avenues de la V - Béatrice Pereire Christian Bouchet

LES NOUVEAUX NATIONALISTES

Préface de Roland Gaucher

Éditions Déterna

Illustrations : archives de l'auteur et DR. Les planches BD sont extraites de l'album Y a-t-il une vie après la mort ? d'Olric et Sergueï et sont reproduites avec l'autorisa- tion d'Olric et des Éditions Werwolf.

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© Illustrations et textes : droits réservés.

© Déterna - 2001 ISBN. 2 - 913044 - 39 - 5 Préface

ans l'enquête qu'il mène auprès des « nouveaux natio- nalistes » — enquête à laquelle il participe lui-même en D étant interrogé par Philippe Randa — Christian Bouchet pose chaque fois cette question : « Quel est votre panthéon idéo- logique ? » C'est-à-dire : « Qui sont vos maîtres à penser ? » Cette question et les réponses qui lui sont faites ont retenu, en premier, mon attention. Parce que les réponses impliquent une très large révision des idéologues de ce que l'on appelle d'or- dinaire « l'extrême droite » (expression que je déteste). Les noms de Bonald, Le Play, de Maistre, Bainville, Ploncard d'Assac n'apparaissent jamais. Éliminés aussi les doctrinaires ou les polémistes qui surgissent à la veille de la Seconde Guerre mondiale ou durant celle-ci : Maulnier, Brasillach, Céline, Rebatet... et Maurice Bardèche, sauf erreur de ma part, n'est cité qu'une fois. De la famille nationaliste française du XIX et de la première moi- tié du XX siècle, trois noms seulement émergent : , Maurice Barrès, Édouard Drumont. Charles Maurras est cité par Luyt qui vient lui-même de l'Action française. Je ne crois pas que ce soit pour la « solution monarchique » qu'il propose, mais parce qu'il est le théoricien de l'empirisme organisateur, notion stratégique, toujours valable à notre époque. Et peut-être aussi parce que pour une France régionaliste, fédéraliste, future — si le retour à la monarchie sem- ble être définitivement exclu —, les expériences accumulées sous l'Ancien Régime peuvent encore servir. De la période de la guerre, si compromettante, si tragique parce qu'elle est aussi une période de guerre civile — phénomène fréquent dans notre pays, mais à peu près totalement occulté - quels noms les « nouveaux nationalistes » retiennent-ils ? Pas ceux de Déat, Doriot, Bucard, Darnand ou Château- briant... Un nom surgit avant tous les autres : celui de Drieu La Rochelle. On cite parfois aussi Marc Augier (Saint-Loup) et Raymond Abellio. À noter que ces hommes, avant-guerre, venaient de la gauche. De la gauche française aussi d'autres noms sont évoqués par les « nouveaux nationalistes » : Joseph Proudhon, Georges Sorel, Georges Valois (ce dernier mourra en déportation). Il est bon de rappeler qu'au début du XX siècle, donc peu après la création de l'Action française, l'empirisme organisateur réussit à établir une connexion entre les partisans de Georges Sorel, théoricien des minorités agissantes (notion toujours d'actualité, on le voit, avec le rôle que joue en 2001 José Bové à la tête des organisations paysannes) et les militants d'Action française (en particulier Georges Valois). Derniers noms retenus, côté français, ceux qu'on pourrait désigner comme « scientifiques », les théoriciens de la biologie : Alexis Carrel et Vacher de Lapouge, que les médias qualifient avec horreur de « racistes », mais dont l'importance ne saurait être négligée à l'heure de la montée des ethnies. Et aussi le nom de René Guénon. Enfin, côté français, citons une nouvelle école de pensée qui prend son essor vers 1970 : celle du Groupement de recherche et d'études pour la civilisation européenne (Grece) et d'. Vers un nouveau nationalisme

Passons à l'étranger, essentiellement en Europe. Les noms qui apparaissent sont ceux d'idéologues allemands comme Ernst Niekisch, théoricien du national-bolchevisme, et Otto Strasser, dissident du Parti national-socialiste et fondateur du Front noir ; de l'Américain Yockey, du Belge Jean Thiriart ou encore du com- muniste italien Gramsci, théoricien de la conquête des milieux culturels, dont l'exemple a beaucoup marqué Alain de Benoist et la française. À travers ces idéologues, le dogme du souverainisme, c'est-à-dire d'une France du jacobinisme, est parfaitement battu en brèche. Nous assistons à la prise de conscience d'un nouveau nationalisme : un nationalime identitaire et ethnique, à la fois culturel et religieux (orthodoxe, protestant ou catholique comme avec les Irlandais de l'IRA). Il souhaite s'épanouir avec ses parti- cularités au sein d'un Empire européen. Lennemi de cet empire ? Les États-Unis. Presque tous les « nouveaux nationalistes » inter- viewés par Christian Bouchet sont d'accord sur ce point. La lecture de ces entretiens m'a incité à me reporter à un numéro du Crapouillot (mai-juin 1994), que je dirigeais à l'épo- que, entièrement consacré à une grande enquête intitulée Les nationalistes sont de retour. Cette enquête avait été menée par le flamand Robert Steuckers. On y trouvait déjà la plupart des thè- mes du nouveau nationalisme ethnique qui s'exprime aujour- d'hui. En particulier dans une interview d'Alexandre Douguine, intitulée « Créer l'Europe des ethnies ».

Les onze

Il est intéressant d'observer le parcours politique de ces onze « nouveaux nationalistes », dont celui de Christian Bouchet, le plus âgé d'entre eux (45 ans). Le plus jeune, Philippe Verdon, a 20 ans. Étudiant en droit à Nice, il est responsable étudiant au sein du bureau politique du mouvement Unité radicale. L'âge des autres nationalistes oscille autour de la trentaine. Certains d'entre eux ont été attirés un moment par le mou- vement Troisième voie, fortement influencé par le Belge Jean Thiriart. C'est le cas notamment de Christian Bouchet qui deviendra, en 1988, secrétaire général de cette organisation. En 1991, Troisième voie éclate. Nombre des onze « nouveaux nationalistes » prennent alors conscience que le travail groupus- culaire débouche sur une impasse. Le Front national, au contrai- re, est en pleine ascension. Le parti de Jean-Marie Le Pen appa- raît comme la résurrection d'une certaine « extrême droite » réduite jusqu'alors à la partie congrue, mais qui, dans le pays et sur le plan électoral, s'affirme avec une puissance croissante. La déception n'en sera que plus amère avec la crise fratricide qui, au sein du Front national, va opposer en 1998 lepenistes et mégretistes. À tous ceux qu'il interviewe, Bouchet pose cette question : « Comment avez-vous vécu cette crise ? » Les réponses sont explicites : — André Beck : « Je l'ai très mal vécue. Notre famille politique ne sait pas gérer ses crises. Elle n'a pas une culture de la conciliation. » — Jean-François Colombani : « L'implosion du FN était iné- vitable à terme. Elle m'a tout de même surpris par sa soudaine- té et sa violence. » — Sébastien Legentil : « L'implosion était inévitable. » — Eddy Marsan : « ... l'aventure du FN est déjà terminée... il convient désormais que les militants nationalistes identitaires passent à une nouvelle phase du combat. » — Benoît Merlin : « Comme la plupart des militants, j'ai été stu- péfait par la rapidité et la violence de la crise de décembre 1998. » — Stéphane Parédé : « Bien sûr, nous avons tous vécu cette crise difficilement, tout particulièrement au début, car tout le travail effectué depuis des années était remis en question, et nous devions, nous-mêmes, repartir à zéro. Cependant, je pense que cette crise était, tôt ou tard, inévitable, car de nombreuses ten- dances au sein du Front se faisaient la guerre, et il était impen- sable de trouver au Bureau politique, côte à côte, des personna- lités aussi différentes que et . » - Fabrice Robert : « ... gâchis... Exclusions en série, règle- ments de compte, mesquineries en tout genre... dérive moné- gasque du Front national. » - Franck Vandekerkof : « En dénonçant les uns et les autres avec des mots dignes des militants de Ras l'Front, Jean-Marie Le Pen s'est comporté comme un véritable flic de la pensée. » - Philippe Verdon : «... je ne militais déjà plus au FN... J'ai été bien sur surpris de la violence avec laquelle tout s'est dérou- lé. J'ai toujours eu plus de sympathie pour les gens composant « la bande à Mégret », plus proche qu'un de l'idée que je me fais du nationalisme. » Le cas de Guillaume Luyt est plus complexe. Il est resté, après la crise, un moment au sein du FN. Il rejetait la stratégie d'al- liance à droite, préconisée par Bruno Mégret. Quant à Christian Bouchet, il considère que l'éclatement du Front est « un désastre... Je crois que les responsabilités sont plus partagées qu'on ne se l'imagine, et que le départ des mégretistes n'était pas inéluctable... À mon sens, il faut travailler dès main- tenant à la réunification. Celle-ci ne pourra se faire à brève échéance, mais on peut dès maintenant en faire un thème de débat, populariser l'idée dans les forces nationales. » De ces déclarations, je retiens les éléments qui m'apparaisent essentiels. La génération des « nouveaux nationalistes » a fait l'expérience du groupuscule politique et en a mesuré les limites. Elle a fondé ensuite de grands espoirs sur le Front national. Elle a vécu la scission comme un drame, un affreux gâchis. Épreuve cruelle, certes, mais formatrice. Cette génération est assez jeune pour en tirer les leçons et poursuivre le combat. Pour un nationalisme nouveau, une Europe nouvelle et pour la réuni- fication des forces nationales. Au début des années 1920, Henri de Montherlant publiait un livre, intitulé Les Onze devant la porte Dorée et consacré à une équipe de jeunes footballeurs. Les onze « nouveaux nationalistes » sont devant les portes du FN et du MNR. La revue Résistance ! que dirige Christian Bouchet annonçait en manchette de son numéro 13 (février-mars 2001) que « 335 nationaux [ont écrit] à Mégret et à Le Pen [pour réclamer] l'unité ». Jean-Marie Le Pen leur donna une fin de non recevoir des plus sèche, tandis que Bruno Mégret leur répondait une tren- taine de lignes fort cordiales. On en tirera les conclusions que l'on veut. Roland Gaucher(2)

Note

(1) Très juste. Comparer avec la gauche. (2) Journaliste et écrivain, Roland Gaucher a été membre du bureau politique du Front national, ainsi que député européen et conseiller régional de ce mouvement. Introduction

Un livre pour faire connaître les nouveaux nationalistes

ans la tourmente qui a disloqué le Front national et vu nombre de ses militants découragés, certains semblent D avoir trouvé de nouvelles raisons de combattre. Loin de baisser les bras, ils se regroupent aujourd'hui autour d'un natio- nalisme radical, remettant en cause le « tout électoral » pratiqué par le FN au long des années 1990. Pour eux, l'expérience FN n'était pas une fin en soi, mais seulement un moyen parmi d'autres. Qu'ils aient été sympathisants, cadres locaux, dirigeants nationaux ou même élus du Front, ils ont en commun d'avoir une expérience militante plurielle. Ne se satisfaisant pas du culte de la personnalité, ils ont enraci- né leur engagement au plus profond de la pensée nationaliste. Leurs parcours sont différents, parfois même croisés, mais aboutissent tous au même carrefour : celui du nationalisme-révolutionnaire. On les connaît sous un certain nombre de dénominations chan- geantes : NR, tercéristes, rouge-bruns, activistes, radicaux, natio- naux-bolcheviques, etc. Dans les pages qui suivront et qui leur sont consacrées nous les nommeront les « nouveaux nationalistes ». Si vous les interrogez, vous vous rendrez compte en effet qu'ils sont de ceux qui croient que « demain nous appartient » et que la morosité qui touche les forces nationales depuis les regrettables incidents de décembre 1998 ne les atteint pas. Décidés à abattre la tyrannie cosmopolite, ils sont plein d'espoir car ils estiment que seule leur vision du nationalisme — un nationalisme grand européen, voire eurasiatique ou eurosibérien — peut jouer un rôle dans les combats qui s'annoncent. Ancrés dans un passé doctrinal précis, ils n'en regardent pas moins résolument vers l'avenir et ils ont conscience de ses enjeux, des retournements d'alliance nécessaires, des notions poli- tiques désuètes et de celles qu'on doit, en revanche, mettre au premier plan. Ils n'ont qu'indifférence, voire mépris, pour les combats d'arrière-garde obsolètes, qu'il s'agisse de la défense de l'ordre moral, de la nostalgie coloniale, de la France jacobine ou du confessionnalisme en politique. Ils sont résolument modernes et ils veulent un nationalisme adapté aux défis du XXI siècle, un nationalisme de la jeunesse sans vieilles barbes ni anciens com- battants de guerres éternellement perdues. Pour mieux faire connaître ces « nouveaux nationalistes », j'ai interrogé dix d'entre eux, d'âges divers, issus de régions et de milieux sociaux différents. Je leur ai soumis un questionnaire type. Certains s'y sont tenus, d'autres ont préféré entamer un dialogue partiellement ou totalement différent. Étant un des leurs, je n'ai pas su résister à la vanité de me mettre moi-même en avant et, pour ce faire, je me suis laissé mettre à la question par mon ami Philippe Randa. Enfin, puisqu'il existe incontestablement entre ces nouveaux nationalistes et certains nationalistes d'hier une filiation, j'ai demandé à Roland Gaucher comme un hommage de bien vou- loir préfacer ce livre. Un militant radical déchire symboliquement le drapeau des États-Unis d'Amérique, auto proclamé « gendarme du monde ». Le bilan d'un travail

Au fur et à mesure que j'ai réalisé ces entretiens, j'ai été frap- pé par la grande convergence dans les propos. Non pas que tout dise la même chose, mais globalement tout le monde est d'accord — avec des nuances — sur les problèmes clefs du monde contemporain. Je n'en donnerais qu'un exemple. Posant la question : « Com- ment envisagez-vous les rapports entre la politique et la reli- gion ? », j'avais crains de voir se manifester cette fracture dont on parle tant dans la mouvance nationale entre « chrétienneux » et « paganeux », cela d'autant plus que je savais que certains de mes interlocuteurs étaient des catholiques pratiquants, alors que d'au- tres auraient volontiers bouffé un curé à chacun de leur petit déjeuner... Or toutes les réponses que l'on m'a faites sont restées dans un cadre parfaitement laïque et ont affirmé qu'il ne fallait pas confondre le domaine du privé et le domaine du public. Le lecteur attentif relèvera cependant quelques nuances entre les propos des uns et des autres, mais il s'agit de nuances de détail : la place particulière ou non de l'islam dans l'immigra- tion, les États-Unis d'Amérique considérés comme un ennemi ou comme un adversaire... il n'y a là rien qui touche à l'essentiel et aucune incohérence de ligne stratégique ou politique.

L'avenir d'un courant

Pour tous les observateurs de la vie politique, il est évident que la crise actuelle des forces nationales a permis au courant néo-nationaliste de prendre son essor et de se développer. Il pèse plus que jamais dans la jeunesse, il recrute dans les milieux les plus populaires vis-à-vis desquels les mouvements nationaux n'ont jamais su adopter une stratégie crédible, il compte dans ses rangs un certain nombre d'élus et de cadres de haut niveau issus — ou encore membres — du Front national ou du Mouvement national républicain, il développe ses projets culturels, édite ses revues, ses livres et ses disques. Mais il est évident que ses cadres et ses militants n'ont pas une mentalité de harkis. S'ils connaissent, plus que d'autres, l'importance du militantisme de terrain et du risque physique consenti, ils ne se voient pas en colleurs d'affiches ou en service d'ordre d'hiérarques méprisants. Ils aspirent à autre chose. Ils savent que les chefs d'hier ont failli et que le libéralisme même repeint aux couleurs nationales est inadapté au monde de demain. Pour le XXI siècle, ils proposent des idées nouvelles. Ils savent que pour les faire passer du rêve à la réalité, il faut des hommes nouveaux... et ils entendent donner raison à la phrase de Geor- ges Clemenceau : « Pour s'approprier l'avenir, il n'est que le for- mer soi-même. »

André-Yves Beck

André-Yves Beck a été membre du bureau politique de Troisième voie de 1989 à 1991 et membre du comité central du Front natio- nal de 1997 à 1999.

Quel a été votre itinéraire militant ?

Dès le lycée, à la fin des années 70, j'ai été attiré par les idées dites nationalistes. À l'époque, cette mouvance n'était pas « visible » comme c'est le cas aujourd'hui. Pas de permanences, peu d'affiches et évidemment, mais cela je ne le savais pas, presque pas de militants. Il existait alors, à Grenoble, une section du Parti des forces nouvelles assez active, un Front national inexistant en terme militant mais rassemblant quand même une vingtaine de personnes, assez âgées pour la plupart. À la marge de cette marge, une demi-douzaine de jeunes s'agitaient vaguement au sein du Mouvement nationaliste révolutionnaire de Malliarakis ou de la Fédération d'action nationale européenne (FANE). Le premier autocollant politique que j'ai remarqué dans ma vie fut d'ailleurs un de la FANE, collé à l'entrée de mon lycée. Il portait comme slogan : « Demain le fascisme ! ». Bref, tout cela n'allait pas très loin et ne pesait rien face au poids énorme des organisations gau- chistes et notamment trotskistes, LCR et OCI. À la faveur de la campagne pour les présidentielles de 1981, Jean-Marie Le Pen est venu tenir à un meeting à Grenoble. J'avais alors dix-neuf ans. Je m'y suis rendu. Malgré une assis- tance réduite, une contremanif' haineuse et une alerte à la bombe, j'ai été séduit par les qualités d'orateur de Le Pen. Son message basique sur le communisme, l'immigration et l'insécu- rité correspondait à ce que je ressentais. J'ai donc aussitôt adhé- ré. En effet, pour moi, dès le début, il n'était pas question d'avoir des convictions et de ne pas agir. J'étais plein d'illusions, je n'ai donc pas été déçu par l'absence de militants et de cadres au FN. Monté en septembre 1981 à Paris, quelques temps avant la pre- mière fête des BBR, j'ai dormi rue de Bernouillis, le local natio- nal à l'époque. Avec un camarade, nous avons un soir épluché les dossiers des fédérations qui traînaient là et nous avons été éberlués de notre faible implantation nationale. Cependant, je ne doutais jamais alors de l'avenir de notre mouvance. Les premiers succès électoraux de Dreux, puis des Européen- nes de 1984 m'ont convaincu que nous avions un rôle historique à jouer. Nous avons vu à cette époque beaucoup de gens arriver dans nos permanences. C'est à ce moment-là aussi que je suis entré en contact avec des militants du Grece. Ceux-ci ont joué pour moi un rôle formateur prépondérant. Je n'avais lu jusqu'alors, et bien sommairement, que Maurras et des auteurs catholiques. La découverte d'Eléments et d'Alain de Benoist m'a ouvert des horizons insoupçonnés. En 1985, Bruno Mégret a été envoyé par Paris pour prendre la tête de la liste FN en Isère pour les législatives à la proportionnelle de l'année suivante. Cela n'a pas plu à tout le monde dans la fédé. Mais Paris a imposé Mégret. Il y a eu quelques départs, mais sans importance car alors nous étions passés dans nos réunions de vingt à deux cent cinquante. Nous n'étions plus trois colleurs d'affiches pour tout le département, nous pouvions en réunir facilement trente ou quarante le même soir. Personnellement, ce parachutage m'indifférait. J'ai donc fait alors la campagne de Mégret. Une cam- pagne bien différente de celles du passé. Nous n'avions jamais vu autant de matériel. Je me rappelle de tas de cartons remplis d'auto- collants. Tout ça gratuit ! C'était inimaginable pour nous. Nous avons même eu du mal à tout coller.

Quels étaient vos contacts avec Bruno Mégret ?

Je n'étais qu'un militant de base. Mais le futur chef du MNR était toujours ouvert à la rencontre ou à la discussion. Il m'a, dès le début, fait une bonne impression. Froid, sans doute timide, mais attentif à la parole de son interlocuteur, intelligent, ration- nel, motivé. Un vrai homme politique, alors que jusqu'à présent nos chefs locaux étaient des militants comme nous, avec pour seule qualité d'être plus âgés... Je garde deux souvenirs d'anecdotes précises sur Mégret à cette époque. Il avait été invité par le Grece local à participer à un sol- stice d'hiver. Il n'était pas venu. J'en ignore le motif officiel. La vraie raison était qu'il ne voulait pas se « mouiller ». Les types du Grece en ont été étonnés. Ils croyaient sincèrement que Mégret était « un de leurs amis ». Le second souvenir est, je crois, égale- ment intéressant. Mégret avait rencontré, après bien des efforts, des patrons grenoblois. Combien ? Lesquels ? Je l'ignore. Cela ne s'était pas passé du tout comme notre futur député l'avait imagi- né. En bureau départemental, il avait fait part de son incompré- hension. Comment ? ces patrons nous refusaient aide et soutien, c'était inimaginable. Et il avait conclu : « Pourtant, c'est pour eux que nous com- battons. » Ces paroles correspondaient-elles à sa véritable pensée ? En tous les cas, elles nous furent répétées et eurent sur moi et les autres jeunes un effet déplorable. Certains étaient ouvriers. Ils collaient pour le Front jusqu'à trois ou quatre heures du matin avant d'aller à l'usine à huit. Ce n'était pas pour les patrons qu'ils passaient leurs nuits blanches ! En juin 1986, après les élections, nous avons quitté le FN et pris contact avec Troisième voie (TV). Il serait injuste de laisser croire que Mégret a été le responsable de notre départ. Il a même essayé de me retenir en m'invitant à déjeuner dans une taverne alsacienne. La raison profonde, outre notre jeune âge qui nous poussait à militer de notre côté, loin de tous ces « vieux » qui ne voyaient en nous que des colleurs d'affiches dociles, résidait dans le pro-américanisme et le pro-capitalisme de Le Pen à cette époque. Nous étions en plein rêve Reagan. Par dérision, certains avaient surnommé le président du FN « John the Pen ». Un de nos premiers actes militants à TV a d'ailleurs été d'aller tracter l'entrée d'un dîner-débat FN à Greno- ble sur le thème : « Six questions à Jean-Marie Le Pen ». Dans ce tract, nous lui demandions quels étaient ses liens avec la Trilatérale et l'entité sioniste. Ces questions n'étaient d'ailleurs pas totalement stupides dans le contexte d'une époque qui voyait le président du FN chercher désespérement à être reçu en Terre promise. Elles eurent en tous les cas le don de déclencher la colère foudroyante du président qui jaillit de son véhicule pour fondre sur le premier militant venu : — Ça veut dire quoi cette merde ? — C'est un tract qui pose des questions sur vos liens avec les sionistes. Réplique du Président : — Si tu veux faire des distribution de tracts, va les faire ailleurs que devant mes meetings. Moi, je me crève le cul depuis 20 ans, alors foutez le camp. Puis Le Pen lâcha au Service d'ordre (SO)du FN : — Cassez leur la gueule ! Ce qu'ils ne firent pas puisque nous étions liés amicalement, sinon idéologiquement, à bon nombre d'entre eux, y compris aux anciens du SAC. Je ne crois pas qu'il y ait beaucoup de militants nationalistes qui aient tracté contre Le Pen. Nous, nous l'avons fait. Ce n'est pas un exploit, mais c'est un des souvenirs amusants de cette épo- que. J'ajoute que j'apprécie la réaction de Le Pen. Une réaction virile. Elle n'est sans doute pas politique, mais nous étouffons dans ce pays d'avoir des leaders policés et castrés. Le Pen est un com- battant. On le cherchait, il est venu au contact. Cela se respecte.

Qu' est-ce que vous a apporté Troisième voie ?

Les cinq années passées à Troisième voie ont été très forma- trices. Un jeune apprend dans les groupuscules cent fois plus qu'en restant dans la formation de jeunesse d'un grand parti. Au vu de mon expérience sur Grenoble, j'ai toujours eu pitié d'un type qui a fait toute sa carrière militante au FNJ. Je me demande ce que cela cache d'ambition personnelle ou de nunucherie chronique. Autocollant des sections grenobloises de Troisième voie et de Nouvelle résistance. À Troisième voie, j'ai rencontré ou côtoyé des gens remarquables d'intelligence. Le chef, tout le monde le sait, était Jean-Gilles Malliarakis. Un orateur exceptionnel doté d'une formidable cultu- re générale et possédant en outre une excellente plume. Je l'admi- rais. « Mallia » aurait pu être un autre Le Pen. Il lui manquait, hélas, le sérieux et l'ambition. Régner sur un groupuscule de quel- ques centaines de militants suffisait à assouvir ses fantasmes de lea- der maximo. Trois cents types défilant en cuir pour la fête de Jeanne d'Arc et son plan quinquennal de militantisme était atteint... A ses côtés, on trouvait Bertrand, un garçon fin et drôle, issu d'une excellente famille bourgeoise comme, je l'ai remarqué, beau- coup de « fafs » parisiens alors. J'ai depuis « revu » Bertrand en photo dans Voici au bras d'une célèbre comédienne... Il y avait aussi l'étonnant Jean-Marc Vivenza et son Œuvre bruitiste que Le Monde de la musique avait dénoncé comme « fasciste ». Il y avait surtout de nombreux jeunes, lycéens et étudiants pour la plupart, tous déçus par le FN et qui firent là les meilleures classes militantes possibles. Ce qui n'empêchait pas certains d'entre nous, en tous les cas sur Grenoble, de faire bénévolement les campagnes du FN. Hélas ! la scission de 1991 passa par là. Troisième voie ne ces- sait de progresser. Le groupuscule devenait adulte. L'heure était venue de changer l'organisation. C'est à ce moment que les cho- ses se sont gâtées. Jean-Gilles Malliarakis n'était pas, au fond, intéressé par l'action politique. Gérer un groupuscule suffisait à son bonheur. Que le groupuscule prenne son essor impliquait un partage des responsabilités et, d'une certaine manière, une con- testation de son pouvoir absolu. Il ne l'a pas accepté. Mal lui en a pris, les neuf dixièmes de ses militants l'ont alors quitté. De cette scission, dont ne devait jamais se remettre Troisième voie, naquit Nouvelle résistance. Je participais assez activement à ses débuts. Mais, très vite, à partir de 1992-1993, mon degré de militantisme fut proche du zéro. Cette expérience idéologique, certes intéressante sur le plan intellectuel, était trop éloignée de la réalité concrète de notre pays. En juin 1995, je me trouvais en recherche d'emploi. J'ai donc envoyé mon CV aux trois mairies où venait d'être élu un maire adhérent au FN. Bien évidemment, j'ai tâché d'appuyer ma Manifestation du mouvement Troisième voie à Grenoble en 1990. démarche par des interventions. Un membre du bureau politique du FN, un « païen » bien connu, devait dire un mot en ma faveur. Il n'en a rien fait, ai-je appris par la suite. En revanche, un élu de l'Isère, catholique, m'a fait des lettres d'introduction très précieuses. Il s'agissait d'Hugues Petit pour qui j'ai beaucoup de sympathie et d'estime. Il est amusant que, par la suite, on ait prétendu que c'était Le Pen himself qui m'avait envoyé pour espionner Jacques Bom- pard. Plus tard, on a affirmé que j'étais un espion de Mégret. Ainsi vont les choses chez certains nationalistes. Il y a toujours une cause cachée et fantasmagorique à un événement qui vous dérange ou que vous ne comprenez pas...

Comment avez-vous vécu l'implosion du Front national ?

Je l'ai très mal vécue. J'avoue que je n'avais rien vu venir. Il est vrai que je ne vis pas dans le microcosme parisien. Pour moi, quels que puissent être le malaise, les désaccords, je pensais qu'on arriverait toujours à trouver un terrain d'entente. On devait trou- ver un terrain d'entente ! Il me paraissait inconcevable de casser un tel outil. Je n'ai évidemment qu'une connaissance parcellaire de l'événement. J'ai cependant une conviction : Le Pen et Mégret ont été poussés l'un et l'autre par une partie de leur entourage. A cha- cun, on a fait croire durant des mois que l'autre voulait sa peau. À un certain moment, cela est devenu vrai...

Avec le recul, qu'en pensez-vous ?

Notre famille politique ne sait pas gérer ses crises. Elle n'a pas une culture de la conciliation. Le Pen avait su fédérer des sensi- bilités différentes. Sa personnalité exceptionnelle arrivait à faire côtoyer des gens qui sans cela auraient été séparés, voire antago- nistes. Lapparition d'un deuxième leader, même hypothétique, a induit la possibilité pour les clans, les sensibilités, de se répartir et de se positionner en chiens de faïence. Machin est avec Mégret, je n'aime pas Machin donc je suis avec Le Pen. Truc m'a pris ma place de conseiller régional et Truc est appuyé par Le Pen, donc je vais avec Mégret. Les païens sont avec Mégret, donc je vais avec Mégret. Je suis catholique, mais hostile à Romain Marie donc je vais avec Mégret. Ou l'inverse. Évidemment au bout d'un moment tout cela crée et amplifie une fracture au sein d'un mouvement. C'est ce que je retiendrai de cette histoire. Seul un chef charismatique a su momentanément fédérer. Les nationalistes sont fractionnistes et individualistes. Ils pré- fèrent l'affrontement à la recherche difficile d'un accord, d'un pacte... Portant ce jugement, je ne prétends pas être meilleur ou m'en extraire. Quel bilan tirez-vous de trente ans de FN ?

Un bilan extrêmement positif. Le FN a permis l'émergence dans ce pays d'un véritable mouvement nationaliste, certes criti- quable sur bien des points, mais dont les aspects négatifs s'effa- cent devant l'actif. La popularisation de nos idées dans une vaste partie de la population. La séduction de milliers de jeunes. L'organisation de dizaines de milliers de militants. Des scores électoraux conséquents qui ont fait trembler le système. Le FN a permis la sortie de la phase groupusculaire. Il avait devant lui une dizaine d'années pour passer à la phase de parti de gouvernement. Aujourd'hui, la tâche est devenu plus compliquée.

Comment envisagez-vous les rapports entre la politique et la religion ?

Au niveau de l'État, la séparation des deux me convient. Dans la pratique militante, je ne vois pas la nécessité d'une implica- tion du fait religieux. Certes, il arrive que des militants soient motivés par leur croyance. Pour ma part, je ne suis pas attiré par la religion chré- tienne. Elle ne m'est naturellement pas étrangère. Je suis né dans un pays peuplé d'églises et la vue d'un clocher au sein d'un de nos villages me parle comme un paysage doux et familier. Mais les croyances chrétiennes ne sont pas les miennes. La croyance en un arrière-monde ne m'est pas indispensable pour vivre. La lecture de La Bible m'ennuie autant que celle du Capital Les tri- bulations de Moïse ou les pérégrinations de Saul parlent moins à mon imaginaire que la parole d'Homère. Je n'ai pas besoin d'une promesse d'éternité. Celle de Nerval dans son Aurélia me suffit : « Notre passé et notre avenir sont solidaires. Nous vivons en notre race et notre race vit en nous. » Par ailleurs, lorsque j'entends le Pape dire qu'il faut être tolé- rant et accueillir dignement les immigrés, je me félicite de ne pas être catholique et de ne pas avoir à résoudre une contradiction entre mes idées politiques et la parole du chef de mon Église. De même, si j'étais chrétien, j'aurais du mal à me préparer à l'idée que dans dix à vingt ans la majorité des prêtres de ce pays seront importés du tiers monde... Cela étant, je ne nourris aucun ressentiment contre un mili- tant catholique pourvu que celui-ci soit efficace et travailleur et qu'il ne se mette pas en tête de me convertir à sa religion. Pour conclure, je crois que nous avons à affronter des dangers plus pressants que la question de savoir si nous sommes catho- liques ou pas.

Quelle Europe voulez-vous ?

Une Europe de la puissance. La misérable Europe d'aujour- d'hui n'est rien. Elle n'est pas politique et ne le sera jamais car elle sert le Marché. Le libéralisme est l'ennemi naturel du poli- tique. Cette Europe ne raisonne pas non plus en bloc géopoli- tique. Prête à accepter la Turquie ou l'entité sioniste, cette com- munauté renie son identité. Elle n'est qu'une machine à détruire les peuples. L'État français actuel est un rouage de cette machi- ne qui passera à une vitesse supérieure en 2010 avec le projet d'Euroméditerranée prévoyant la libre-circulation des personnes et des marchandises entre les pays de la rive sud de cette mer- frontière et ceux du nord. Cependant, il ne peut y avoir une Europe de la puissance avec des nations d'avortons. Une France anémiée plus une Italie ago- nisante ajoutée à une Germanie du troisième âge, c'est encore pire que si chacun reste isolé. Les décadences ne s'additionnent pas, elles se multiplient. L'Europe sera apte à faire face aux États-Unis le jour, et seu- lement le jour, où dans chaque pays des forces identitaires auront pris le pouvoir. Je ne vois pas d'autre solution. Quelle doit être pour vous la place de la France dans celle-ci ?

Dans l'Histoire, chaque peuple doit mériter sa place. Naître héritier, c'est bien mais tout héritage s'épuise. La France arrive à une heure qui a déjà sonné pour Rome ou pour Byzance : plus d'enfants, plus de volonté, plus de conscience ethnique et/ou nationale... Donc plus de Français, donc plus de France. La France est peut être déjà morte et nous ne le savons pas. Quelle place méritons-nous ? À l'heure actuelle celle qui est la nôtre : valet des Américains, espace vital pour les peuples du sud. Battons-nous donc là où nous sommes. Battons-nous sur la ligne de front où nous nous trouvons. Battons-nous en France. Prenons le pouvoir dans ce pays. Soyons crédibles aux yeux de nos voisins, de nos concitoyens communaux, puis de nos compatriotes et ensuite nous pourrons aller voir les autres pays européens et leur dire : « Voilà, la donne a changé. Nous mettons en place une grande politique nataliste, nous allons nous donner les moyens de lutter économiquement contre les puissances de l'argent, nous allons armer mentalement ce pays pour vivre debout et pas devant une télé. » Là, nous pourrons parler et espérer redevenir dignes de nos ancêtres qui ont fait de la France durant des siècles la première nation d'Europe. Pour l'instant, nous errons au pays des morts-vivants.

Quelle place donnez vous au combat culturel ? Comment envisagez vous celui-ci ?

Le combat primordial est le combat politique. Je sais qu'il est habile — et facile — dans nos milieux de se donner un genre et de parler de « combat culturel ». C'est évidemment plus valori- sant de faire une revue intello que d'aller serrer des mains sur des marchés ou de s'embêter à aller coller la nuit. Soyons lucide : à quoi servent des « armes » culturelles qui, en fait, ne sortent pas de notre mouvance ? Certes, la culture de ghetto a son importance. Par gentillesse, appelons-la communi- cation interne. Elle aide nos militants, notamment les plus jeunes, à un processus d'identification. Elle peut contribuer à ce que certains amis de ces jeunes soient séduits via un CD, une BD, etc. Parfait. Il est utile d'y consacrer une partie de l'énergie militante. Mais n'en attendons rien d'autre. Le système verrouille hermétiquement l'accès au public. Un groupe de musique ? Il ne sera jamais « signé ». Produit en indé- pendant, son CD sera boycotté par les Fnac et autres usines commerciales. Un écrivain ? Même processus d'exclusion. Alors, où est l'efficacité là-dedans ? Où est le combat quand il n'y a plus de cible sur le terrain ? Le combat politique passe avant et pour une raison toute bête. Si vous dirigez une collectivité, vous pouvez faire des choix culturels comme le font actuellement les élus de gauche. Ceux de droite, pour leur part, font comme la gauche par bêtise, lâche- té ou indifférence. Pour la gauche, c'est tout pour le rap, voire le raï, pour les danses africaines. Si demain nous avions la majo- rité dans des régions, nous pourrions dire non à certains projets et oui à d'autres. Nous pourrions même prendre l'initiative et donc l'offensive. Le monde de la culture n'est pas libre. Il est tenu par la gauche, bien sûr, mais surtout par l'argent. Or l'argent vient essentiellement des subventions. Ce sont rarement les spectateurs qui payent la culture dans ce pays. Ce sont les contribuables ! Or ceux-ci, s'ils savaient ce que l'on fait de leur argent, ne seraient pas d'accord. Notre démarche leur apparaîtrait souvent comme beaucoup plus légitime. Alors oui, prenons des pouvoirs politiques, relayons-les par des actions culturelles qui, à leur tour asseoiront davantage notre pouvoir politique. Mais respectons l'ordre des priorités qui est celle des hiérarchies de commande- ment. Si vous deviez définir un panthéon idéologique, quel serait-il ?

Il y a des choses intéressantes partout. Je n'ai pas de maître ou alors je n'ai que des maîtres. En outre, la référence au panthéon lais- se supposer une admiration ou une dévotion particulière envers tel ou tel penseur, philosophe ou doctrinaire. Or je n'admire réellement que les hommes d'action. Où est Nietzsche sans les Grecs ? Mais où sont les Grecs sans Salamine ou Platée ? Entre l'hoplite anonyme des Thermopyles et Parménide, je choisis le premier qui écrit l'histoire avec son sang pour que le second conserve sa liberté.

À votre avis, quelles sont les tares de l'extrême droite ? Quelles solutions envisagez-vous pour y remédier ?

Chaque ghetto engendre ses tares, pour reprendre votre terme qui est un peu fort. Or les nationalistes ont longtemps vécu dans un ghetto. Un ghetto de vaincus. Mettez trente vaincus dans une même pièce, de quoi vont-ils parler ? De leurs combats, de ce qu'ils ont fait, de ce qu'ils auraient dû faire ou plutôt de ce que les autres auraient dû faire, etc. Je crois que nous sommes sortis en grande partie de cette « sous-culture » grâce à l'émergence du FN qui a apporté du sang neuf en abondance. Cependant, il n'est pas inexact de dire que le nationaliste a peu de goût pour la motion de synthèse. Le rapport conflictuel est un peu une seconde nature chez lui. Il est vrai que la vie mili- tante l'a entretenu dans ce défaut. Mais est-ce spécifique à notre famille ? Qu'en savons-nous... Le ghetto d'extrême gauche a peut-être créé des phénomènes comparables. Ces tares sont-elles plus graves que la pourriture morale des députés du système ? Comment en sortir ? En continuant d'être dans le réel, en refusant les démarches groupusculaires, en faisant des adhérents, www. unité-radicale, com chaque semaine les chroniques de :

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