MINISTERE DE L’EDUCATION NATIONALE ET DE LA RECHERCHE SCIENTIFIQUE ------UNIVERSITE DE TOLIARA ------

FACULTE DES LETTRES ET DES SCIENCES HUMAINES ET SOCIALES ------

DEPARTEMENT DE GEOGRAPHIE ------

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Mémoire de Maîtrise

Présenté par RAZAFIMANDIMBY Sylvia

REJELA Michel Norbert Sous la direction du Docteur Maître de Conférences à l’Université de Toliara

12 Juillet 2012

Année universitaire 2008-2009 ersitaire : 2008 ---2009 i

Liste des tableaux

1. Présentation générale des produits sur les marchés de (9) 2. Céréales et tubercules : prix, unité de vente (15) 3. Légumes divers : Prix et unité (15) 4. Fruits : prix et unité (22) 5. Principaux produits d’élevage et de chasse : prix, unité de vente (26) 6. Produits de pêche, prix et unité de vente (33) 7. Répartition sexuelle des spécialités dans le commerce (50) 8. Répartition ethnique de grandes spécialités (53)

Liste des figures

1. Morondava et sa région (1) 2. Répartition globale de la population de Morondava selon les grandes origines (3) 3. Les grandes origines de la population malgache de Morondava (4) 4. Répartition des zones de pêche (34) 5. Les quartiers de vente des produits sur le Bazary-be (40) 6. Les quartiers de vente des produits sur le marche de Namahora (42) 7. Quelques exemples de structure des cours dans la ville de Morondava (69) 8. Principales zones fournisseuses de riz de Morondava (81) 9. Réseaux de communication dans la zone occidentale du (88)

Liste des graphiques 1. Présentation générale des produits sur les marchés de Morondava (9) 2-3-4. Répartition sexuelle des commerçants par grandes spécialités (50)

Liste des planches photos

PLANCHE I : 1. La vente de tubercules et de manioc et de patate douce par des commerçants Antandroy et Karao au Bazar Be. 2. Des tas de noix de coco au Bazar Be : Coco nucifera (arbre et fruit) jouit d’une popularité certaine à Morondava

PLANCHE II : 3. Les jeunes chasseurs encore torse nue s’apprêtent à commercialiser la trophée du jours : un beau lambo ala encore tout frais. "Vite ! Vite ! Il ne faut pas que les agents du Service des Eaux et Forêts nous surprennent !" 4. Des volailles en cageots en vente sur la gare routière de Morondava-centre (à 50 m au Sud-Est du Bazary be) : "on est tranquille car on est des éleveurs et non des braconniers !" ii

PLANCHE III : 5. "Entrez ! Entrez ! Quel est le prix du litre de votre sora ? Je vais en acheter un peu pour mon époux qui vient de rentrer de son travail !" 6. "Achetez mes madrafo ! Il n’en reste plus que quatre ! J’en avais amené plus d’une trentaine. C’est la preuve qu’ils sont vraiment bons ! Je peux même vous faire une remise !" PLANCHE IV : 7. "Il me faut bien former les tas pour ne pas être perdante !" 8. Les commerçants originaires des zones rurales exposent leurs marchandises à même le sol (Marché Namahora)

PLANCHE V : 9 et 10. L’élevage porcin, un véritable phénomène dans la ville de Morondava

PLANCHE VI : 11. "La chance est aujourd’hui de mon côté !" Non seulement les poissons sont très frais mais ils sont meilleur marché !" 12. "Le prix de ces poissons devrait nous permettre de regarder deux ou trois séances de vidéo ! Quelle aubaine !

PLANCHE VII : 13. Situé à une dizaine de kilomètres au Nord de la ville de Morondava, Ankimony est l’un des principaux villages fournisseurs de Morondava en poissons frais 14. Avaradrova est le principal quartier de pêcheurs de la ville de Morondava

I

TABLE DES MATIERES

Liste des tableaux ------i Liste des figures ------i Liste des graphiques ------i Liste des planches photos ------i

INTRODUCTION GENERALE ------1

Première partie LES PRODUITS EN VENTE SUR LES MARCHES

Premier chapitre : LES PRODUITS D’ORIGINE VEGETALE ------9

I.1.-Les produits de cultures ------9 I.1.1- Les céréales ------9 I.1.2-Les tubercules ------11 I.1.3- Légumes et feuilles potagères- traka ------15 I.1.3.1-Les feuilles et les légumes traditionnels ------16 I.1.3.2-Les légumes « européens » ------19 I.1.4-Les fruits ------21

I.2- Le commerce des produits de cueillette ------24 I.2.1-Les fruits de cueillette ------24 I.2.2.-Les tubercules sauvages ------25

Deuxième chapitre : LES PRODUITS D’ORIGINE ANIMALE ------26

II.1-Les produits d’élevage ------26 II.1.1-Les produits carnés ------26 II.1.2-Les produits de la basse-cour ------28

II.2-Les produits de chasse ------29

II.3-Les produits de pêche ------32 II.3.1-Les espèces ichtyologiques ------33 II.3.2-Les crustacés ------35 II.3.3-Les autres produits de mer ------36

II

Deuxième partie LES MARCHES ET LES HOMMES

Chapitre troisième : APPROCHE GEOGRAPHIQUE DES MARCHES URBAINS ET DES PETITS POINTS DE VENTE DE LA VILLE ------39

III.1-Les marchés urbains de Morondava ------39 III.1 .1- Le marché principal - Bazary be ------39 III.1.2-Le marché de Namahora ------41

III.2-Les petits marchés de proximité et les étals « flottants » ------44 III.3-Le commerce ambulant – riorio ------45

Chapitre quatrième : LES HOMMES SUR LES MARCHES ------49

IV.1-Les commerçants ------49 IV.1.1-La répartition sexuelle des commerçants ------50 IV.1.2-Les produits et les origines géographiques des vendeurs ------51 IV.1.3-Les produits et l’appartenance ethnique des commerçants ------53

IV.2-La clientèle des marchés ------54 IV.2.1-La composition de la clientèle des marchés ------54 IV.2.2-Les affluences des clients sur les marchés ------56 IV.2.2.1-Les affluences quotidiennes ------56 IV.2.2.1.1-Les affluences de la matinée ------56 IV.2.2.1.2-Les affluences des après-midi ------57 VI.2.2.2-Les affluences mensuelles et/ou annuelles ------57

VI.3-Les auxiliaires des marchés ------57 IV.3.1-Les auxiliaires communaux ------58 IV.3.1.1-Les percepteurs des marchés ------58 IV.3.1.2-Les gardiens ------58 IV.3.2-Les auxiliaires « indépendants » ------58 IV.3.2.1-Les brouettiers ------58 VI.3.2.2-Les charretiers ------59

Troisième partie LES ZONES DE PROVENANCE DES PRODUITS

Chapitre cinquième : LES ZONES AU SERVICE EXLUSIF DE MORONDAVA ------63 III

V.1-La production urbaine de vivres ------63 V.1.1 -L’agriculture alimentaire urbaine ------63 V.1.2-Les activités d’élevage en milieu urbain ------66 V.1.2.1-L’aviculture ------66 V.1.2.2-L’élevage urbain de bovidés ------66 V.1.2.2.1-L’élevage caprin ------66 V.1.2.2.2-L’élevage bovin ------67 V.1.2.3-L’élevage porcin : un véritable phénomène urbain ------67 V.1.3-La pêche dans la ville de Morondava ------71

V.2-Les communes proches au service exclusif de Morondava ------75 V.2.1-La commune rurale de ------75 V.2.1.1-Généralités ------75 V.2.1.2-Les activités agricoles ------76 V.2.1.2.1-Le riz -vary , la principale culture alimentaire ------76 V.2.1.2.2-Les autres produits vivriers ------77 V.2.2-La commune rurale d’ ------78 V.2.2.1-Généralités ------78 V.2.2.2.-Analaiva, une zone rizicole importante ------79

Chapitre sixième : LES ZONES SECONDAIRES DE RAVITAILEMENT ET LES VICISSITTUDES DU TRANSPORT ------82

VI.1-Les zones secondaires de ravitaillement ------82 VI.1.1-Le district de ------82 VI.1.1.1-La commune urbaine de Mahabo ------82 VI.1.1.2-La commune rurale d’ ------83 VI.1.1.3-La commune d’ ------84 VI.1.1.4-La commune rurale d’Ampanihy ------85 VI.1.2-Les zones régionales éloignées et extra-régionales ------85

VI.2-Les vicissitudes du transport ------87 VI.2.1- La route nationale 35 ------89 VI.2.2- Les pistes saisonnières ------89 VI.2.3- Les réseaux de piste et de chemins vicinaux ------89 VI.2.4- Le transport par voies des fleuves/rivières ------90 VI.2.5- Le transport maritime ------90

CONCLUSION ------92

BIBLIOGRAPHIE ------94

1

INTRODUCTION

MORONDAVA, CAPITALE DE LA REGION DU MENABE

Située par 20°17’Sud et 44°16’Est, Morondava, est l’une des plus occidentales capitales régionales de . Administrativement, la région de Morondava est composée de cinq districts. Ce sont, du Nord au Sud, , Belo sur Tsiribihina, Morondava elle-même, Mahabo et Manja (Figure 1 ci-après).

Figure 1. MORONDAVA ET SA REGION

100 200 300

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MORONDAVA nnn nnn

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600 600

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500 500

100 200 300 Source: BD 500 de Madagascar 0 50 100 Réalisation de JAOFETRA Tsimihato Janvier 2009 Kilomètres LEGENDE

Limite de la région Limite du district MANJA : Chef-lieu du district

MORONDAVA : Chef-lieu de région 2

Ces cinq districts participent chacun à leur mesure à l’approvisionnement de la capitale régionale, la ville de Morondava. Cette ville est née et s’est développée grâce à ses vocations halieutique et portuaire. Construite sur une langue de sable basse (4m) le centre-ville est longé, à l’Est, par des lagunes qui se remplissent d’eau en période de fortes marées. Certains des secteurs de ses quartiers (d’Ankisirasira, d’Antanambao, d’Ambalanaomby…) font figure de véritables quartiers amphibies.

Actuellement, la ville présente deux noyaux principaux : le premier, situé sur la langue de plage et constitué par le centre-ville, est le noyau ancien ; le second, se trouve à l’Est, de l’autre côté des lagunes et qui s’organise autour du grand marché de Namahora. Ce second noyau de la ville s’étend aujourd’hui très rapidement vers l’Est, le Sud-Est et le Nord-Est. L’exiguïté de l’espace à l’Ouest et les dégâts causés par des inondations annuelles poussent davantage la population à trouver des places plus sûres vers l’intérieur des terres, c’est-à-dire vers l’Est en général.

Entre ces deux noyaux principaux de la ville s’est construite une route-digue. Elle permet de garantir, de manière permanente, le noyau ancien de la ville de l’isolement des quartiers de l’Est et de son arrière-pays.

Sur le plan peuplement , la plupart des chercheurs qui se sont intéressé à la région sont unanimes sur le fait que les premiers habitants de ce site sont les pêcheurs Vezo. Ces derniers peuplent aujourd’hui l’ensemble des côtes Sud-Ouest et Ouest de Madagascar entre l’embouchure de la Menarandra jusque dans la région de Melaky. L’aspect des petits villages qui s’échelonnent le long de toute cette côte permet de se faire une idée sur ce que fut le petit village de Morondava aux premiers temps de son histoire.

La population de Morondava d’aujourd’hui estimée aux environs de 25000habitants se caractérise par son hétérogénéité. On peut individualiser deux principales communautés humaines : les Malgaches et les Etrangers.

Les Malgaches sont constitués par les groupes locaux que sont les Sakalava et les Vezo. A ces groupes ethniques locaux sont venus s’ajouter les gens des Hautes-Terres (Merina, Vakinankaratra et Betsileo), du Sud-Est (Korao) et les originaires du Sud et du Sud-Ouest (Antandroy, Mahafaly…). Les régions du Nord de Madagascar (Majunga, Tamatave, Diégo Suarez…) ont contribué de manière plus ou moins conséquente au peuplement de la capitale de la région du Menabe. 3

Figure 2. REPARTITION GLOBALE DE LA POPULATION DE MORONDAVA SELON LES GRANDES ORIGINES

Nord et Nord-Ouest 45 %

MORONDAVA

Sud-Est 21 %

Hautes Terres 18 %

Sud et du Sud-Ouest 16 %

4

Figure 3. LES GRANDES ORIGINES DE LA POPULATION MALGACHE DE MORONDAVA

200 800

AntsirananaAntsiranana N

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1200

MahajangaMahajanga

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Support : BD 500 de Madagascar 0 300 Réalisation de JAOFETRA Tsimihato 600 février 2009 Kilomètres

5

La communauté étrangère se répartit en trois principaux groupes : les Européens Vazaha, les Indopakistanais –Karany et les Comoriens.

Les relations entre les Vazaha et les habitants du Menabe date de la période précoloniale. Il faudrait signaler à cet effet que le père jésuite Luis MARIANO, a déjà visité le village de « Manaputa » [Morondava], dans la « baie de Lovobe » vers 1613/1614. THORNTON a évoqué l’existence d’un excellent port de commerce du nom de « Mandrova » [Morondava] dans le coin en 1703. Cependant les installations durables d’Européens ont eu lieu pendant la colonisation française avec la Pacification par le Général GALLIENI. Ces installations étaient motivées par les désirs de mise en valeur des riches terres agricoles et de l’exploitation des ressources naturelles pour l’intérêt des industries de la puissance colonisatrice.

La présence des Karany dans l’ensemble du Menabe a été signalée vers la fin du 19 e siècle, c'est-à-dire avec la conquête coloniale française. Se révélant, dès le départ, être d’excellents commerçants, les Indopakistanais servaient surtout d’intermédiaires commerciaux entre les Malgaches et les Européens. Aussi jouaient-ils le rôle de collecteurs - exportateurs des produits locaux et d’importateurs - distributeurs sur place des marchandises en provenance de l’Etranger.

Les Comoriens sont parmi les expatriés les plus stables de la ville de Morondava. Pratiquement aucun n’envisage le retour dans le pays de leurs ancêtres dont ils ne savent plus grand-chose d’ailleurs. Ils sont nés à Madagascar et sont d’office de nationalité malgache. Beaucoup n’ont jamais mis les pieds aux Comores. La majorité d’entre eux ont élu domicile dans le quartier d’Andakabe. Leur implantation dans la région du Menabe date de la période coloniale au moment où les grands travaux d’aménagement agricoles ont été entrepris et que les besoins en main-d’œuvre étaient très pressants. Les Comoriens sont ainsi venus à Madagascar dans l’espoir de trouver du travail. Ils sont parvenus jusqu’à Morondava après avoir transité par les grandes zones d’aménagement hydroagricoles du Nord comme Ambilobe (SIRAMA), Nosy-Be (Sucrerie de Dzamandzar), et/ou ceux de Majunga (Marovoay, Namakia…). Les Comoriens exercent aujourd’hui des activités diverses dont beaucoup s’inscrivent dans le secteur informel : cuisinier, artisan-tailleur, épicier, gargotier, etc.

L’hétérogénéité de la population de Morondava vient ainsi du fait que son peuplement s’est fait à partir d’un bassin démographique étendu qui dépasse même le 6 cadre national. Le métissage est aujourd’hui très poussé. Morondava se présente aujourd’hui comme un véritable kaléidoscope humain et culturel.

Une part importante de la population urbaine s’adonne à l’agriculture, à l’élevage et à la pêche mais la ville est loin de pouvoir parvenir à la satisfaction de ses besoins alimentaires. Aussi doit-elle compter, aujourd’hui plus qu’hier, sur son arrière-pays immédiat sinon sur l’ensemble de la région et même l’Extérieur. Ceci ne va pas sans problèmes car l’état des voies de communication et des moyens de transport limitent l’arrivée des produits sur les marchés urbains. Heureusement, la ville est entourée par une ceinture agricole qui constitue pour elle un véritable grenier de vivres mais avec une population en forte croissance, il faudrait dès maintenant envisager l’extension de cette zone de ravitaillement. La réhabilitation sinon la construction des voies de communication doit en constituer une des préalables.

C’est autour de ces aspects de l’approvisionnement de la ville de Morondava que va s’articuler le plan de ce travail de mémoire qui a comme intitulé,

« QUELQUES ASPECTS DE L’APPROVISIONNEMENT ALIMENTAIRE DE LA VILLE DE MORONDAVA ».

Le titre laisse supposer que ce travail n’a pas la prétention d’être exhaustif. Bien d’autres aspects de l’approvisionnement urbain de Morondava seront délibérément passés sous silence. Des études ultérieures pourront ainsi les mettre en lumière et ce, dans une perspective de l’amélioration de l’approvisionnement alimentaire de cette ville capitale de la région du Menabe.

C’est un mémoire à trois parties : la première partie présente les produits en vente sur les marchés. La seconde partie étudie les marchés qui sont des lieux où se négocient les produits essentiels en fonction des commerçants et des clients. Les rôles des points de vente à domicile et du commerce ambulant ne seront pas négligés. La troisième partie traite les zones de provenance des produits.

Première partie LES PRODUITS EN VENTE SUR LES MARCHES

8

Sur les marchés de Morondava Bazar-be et Namahora se vend une gamme très variée de produits essentiellement alimentaires. La plupart de ces denrées sont tirées des plantes cultivées localement et de l’élevage et/ou de la pêche. Leur inventaire permet de les classer en deux grandes catégories : les produits d’origine végétale et ceux d’origine animale.

9

Premier chapitre : LES PRODUITS D’ORIGINE VEGETALE

I.1.-Les produits de cultures

Tableau 1. Présentation générale des produits sur les marchés de Morondava Table A même en ciment et/ Produits en bois Total le sol ou en carreau Riz (en sac) 100 00 00 100 Légumes 20 80 00 100 Tubercules (vert) 100 00 00 100 Maïs vert épi 100 00 00 100 Fruits 25 75 00 100 Produits de pêche 00 100 00 100 Viande (bœuf et/ou porc) 00 25 75 100 Volailles sur pied (en 100 00 00 100 cageot)

Graphique 1 : Présentation générale des produits sur les marchés de Morondava

100%

80%

60%

40%

20% Table en dur Table en bois 0% Riz Légumes Tubercules Maïs vert épi Fruits Produits de Viande Volailles A même le sol pêche Produits

I.1.1- Les céréales : Il s’agit principalement du riz et du maïs. • Le riz Il constitue la base alimentaire des Malgaches, on en trouve à longueur d’année et sans aucun problème sur les marchés de Morondava. En général les prix sont tout à fait abordables que sur n’importe quel marché du sud-ouest de Madagascar. En moyenne lors des crises d’approvisionnement en riz, pendant les saisons cycloniques, le prix du riz est de 10 à 25% moins cher que sur le marché de Toliara ou que sur le marché de Sakaraha, par exemple. Ainsi, l’approvisionnement en riz de la population de la ville capitale régionale 10 n’a jamais constitué un problème majeur. C’est que la ville est bien desservie par sa zone périphérique, son arrière pays immédiat ou éloigné et par les sous-préfectures composant la Région du Menabe. Il faut souligner que la rizière est omniprésente sur toute la périphérie de la ville (exemple la partie Nord du fokontany d’Ambalanomby) dès que les conditions le permettent (sol non salin, espace non bâti…). Le long des 45 km de la Route Nationale (RN) n° 35 qui relie Morondava et Mahabo et même jusqu’au niveau du barrage de Dabara, tous les espaces non construits sont occupés par des rizières. La construction de ce barrage a beaucoup contribué à améliorer la situation de l’approvisionnement en riz de l’ensemble de la région. Il suffit à cet effet de constater que la plupart du temps, les grandes périodes de crise de ravitaillement en riz ont toujours coïncidé avec les ruptures du barrage en question.

Pour ce qui concerne la commercialisation du riz, elle est fortement dominée par les femmes qui constituent en moyenne 80 % à 90% des commerçants. Dans la majorité des cas ce sont les femmes des ethnies vezo et sakalava mais celles des autres groupes commencent à s’y adonner de plus en plus. Cela laisse supposer que la vente au détail de riz constitue un moyen de survie pour les femmes ayant élu domicile dans la ville de Morondava. Il paraît en effet que la division sexuelle du travail et des tâches soit de mise.

Si l’on parle des zones de provenance du riz, deux voire trois secteurs se détachent : le secteur périurbain avec les « villages » d’Androvakely, d’Androvabe et de Nañova au Sud ; ceux de Bemanonga et d’Analaiva vers l’Est, le long de la RN 35. Dans ces zones opèrent tant les villageois que les citadins. Les uns et les autres disposent de lopins de terre personnels ou de location. Ils résident en ville mais n’ y ayant pas d’emploi salarial fixe, ils s’adonnent aux activités agricoles, essentiellement vivrières. Des fois ce sont des fonctionnaires ou des employés de bureau qui espèrent ainsi amortir leurs dépenses alimentaires ou augmenter leur revenu par la vente de leurs surplus de production.

En matière d’approvisionnement en riz, Morondava est d’une manière générale très favorisée dans la mesure où la plupart des communes qui composent le district sont de grandes productrices de riz. Il faut enfin signaler qu’en période de grandes crises (passage de cyclone par exemple), on peut trouver sur les étaux du marché du riz importé à priori des paysans asiatiques (Inde, Chine, Thaïlande…), le fameux stock tampon mais ce dernier est très peu apprécié des consommateurs morondaviens. On peut dire que la capitale de la 11

Région du Menabe dispose d’un bassin d’approvisionnement alimentaire très étendu. Nous y reviendrons.

Sur les marchés de Morondava, le riz se vend par kapoaka , boîte de lait concentré, devenue l’unité principale de mesure et de vente de riz et d’autres produits en grain (maïs sec, haricots, lentille,…). Pour ce qui concerne le riz, la mesure coûte entre 200 et 250 ariary (environ 10 à 12,5 centimes d’Euro si l’on prend l’Euro pour Ar.2000). Il importe de souligner que 7 kapoaka de riz pèsent exactement 2 kilogrammes.

• Le maïs Outre le riz, on trouve le maïs. Ce produit se vend généralement à l’état sec sur le marché central par des commerçants qui se sont directement approvisionnés auprès des planteurs ou auprès des collecteurs stockeurs indiens-karany . Ces derniers se ravitaillent en général, auprès des planteurs Antandroy essentiellement. Revendue ensuite par kilogrammes cette denrée est proposée après sur les étals du Bazary be aux consommateurs par kapoaka à Ar.100 par les détaillants Sakalava ou des gens des Hautes Terres. Le maïs se vend également vert et on peut en trouver presque à longueur d’année sur les marchés. C’est ainsi, par exemple, qu’en septembre 2008, un tas de 5 épis verts a coûté Ar.400 ou 500 selon la taille et/ou la qualité des épis constitutifs. On propose également sur les bords des rues des marchés urbains, spécialement à Namahora du maïs cuit qu’on peut acheter par épi entier proposé à Ar.200 ou par tranche offert pour Ar.100 selon sa possibilité financière .On peut cependant dire que l’offre en maïs vert est assez faible, la vente à l’état sec étant plus rentable pour les commerçants. Les producteurs, pour diverses raisons (plus avantageux, engagement vis-à-vis d’un ou plusieurs collecteurs,…) préfèrent offrir leur produit à l’état sec. Ainsi, le nombre de vendeurs de maïs vert dépasse-t-il rarement la dizaine même en pleine période de la récolte.

I.1.2-Les tubercules Ces tubercules de culture sont limités au manioc (Manihot utilissima), à la patate douce (Ipomea batata) et au taro (Colocassia antiquorium).

• Le manioc – balahazo Ce sont les deux principaux tubercules offerts sur le grand marché de Morondava. Leur commercialisation connaît d’une année à l’autre un essor remarquable. Ceci est en rapport avec deux principaux facteurs : tout d’abord, il y a le problème alimentaire connu pratiquement dans tout Madagascar et de plus en plus dans le Monde ces derniers temps ; 12 ensuite Morondava accueille en son sein et surtout dans ses villages environnants une forte migration d’Antandroy, ces derniers étant reconnus comme les plus grands spécialistes de la culture de manioc à Madagascar. Pratiquement tous les commerçants de manioc sur les marchés de Morondava sont des originaires du Sud profond.

Pour le manioc la période de vente à l’état frais se situe entre les mois de mai et octobre autrement dit au moment des récoltes. Le prix du tas, assez variable selon la qualité de la marchandise, s’échelonne entre 400 et Ar.500 sur les places. La vente au détail du produit frais est assurée par des revendeurs – mpanao tongotsy qui s’approvisionnent auprès des producteurs venus livrer eux-mêmes en gros leurs marchandises aux spéculateurs qui sont eux-mêmes Antandroy. La commercialisation du manioc permet d’évaluer la grande solidarité des migrants du Sud une fois arrivés dans leur zone d’accueil. Pendant la soudure, bien des familles se rabattent sur le manioc sec qui se vend pour l’occasion à 4000 voire Ar.5000 le daba, ce qui fixe le kilogramme entre Ar.400 et 500.

• La patate douce -bele Quant à la patate douce, elle abonde sur les marchés de la ville entre les mois de mai et septembre. A vrai dire, dans la région de Morondava, on peut acheter de la patate douce durant toute la saison sèche. Les différentes couleurs qu’elles peuvent présenter laisse préjuger qu’il en existe plusieurs variétés. On en trouve des beiges, des rouges ou des jaunes et il faut être un fin connaisseur pour pouvoir définir les qualités ou les défauts de chaque variété. Vendue frais par tas entre 400 et Ar. 500 pendant les récoltes, la patate sèche est offerte par daba pendant la soudure à Ar.4500. La vente sur les places du marché est assurée par les deux groupes originaires de l’ensemble Sud de Madagascar : les Antandroy du Grand Sud et les Korao du Sud-Est. Ces deux groupes s’intéressent généralement à la culture et au commerce de ces deux failles de tubercules amylacées.

Cette étude permet de constater qu’en l’absence du riz et du maïs, le manioc et la patate douce constituent l’aliment de base de la majorité de la population. La plupart des tubercules exposés sur les étaux des marchés proviennent de Morondava elle-même et des districts voisins tels que Manja, Mahabo et Belo-sur-Tsiribihina.

Ces produits sont transportés par des bus et de taxis- brousse. Souvent, le propriétaire se rend lui-même en ville pour écouler ses produits mais il y en a ceux qui les confient aux transporteurs qui vont les livrer aux clients -revendeurs qui les attendent à un point de rendez-vous préalablement fixé. On remarque dans ce cas que le plus fréquemment les 13 acquéreurs sont de la même famille que les planteurs et que les transporteurs jouent le rôle de commissionnaires pour les parties contractantes ou du moins quelqu’un de confiance.

Les tubercules (manioc et patate douce) se vendent sur la place des marchés (Bazar-Be et Namahora). Les commerçants les exposent à même le sol, le plus souvent directement mais parfois sur des sacs ayant servi à les transporter et qu’étant, une fois au marché, par terre pour servir d’étalage.

Pour ce qui est des quartiers de vente sur la place, les tubercules sont exposés sur un espace de 40 m² environ sur la partie nord-ouest du grand Bazar du centre ville, coin qui jouxte à l’ouest la route principale (RN.34) et le secteur réservé aux gargotiers au nord. Ici s’installent quotidiennement 10 à 15 marchands de tubercules amylacés. Sur le marché de Namahora on trouve journellement à peu près le même nombre de vendeurs de manioc et/ou de patate douce. Exposant également leurs marchandises à même la terre, ils occupent une place située tout à fait au nord de la place se trouvant totalement dans une cour privée jouxtant la place communale. En cas de surcharge, les commerçants occupent la concession qui se trouve à l’Est. En cas d’occupation des cours privées, les propriétaires prélèvent eux-mêmes les droits qui n’excèdent cependant pas les taxes prélevées par la municipalité aux marchands qui ont pu s’installer sur la place du marché communal Ar.100/jour).

A noter qu’en dehors de la période de récoltes, ces deux tubercules sont vendus à l’état sec sur les places du marché. Il faut noter également qu’en dehors du manioc et de la patate douce la clientèle peut trouver selon les périodes d’autres tubercules. Ils peuvent être de culture (taro- saonjo ) ou de cueillette (dioscoréacées). Les uns et les autres sont diversement appréciés par les consommateurs. D’autant plus que ces derniers sont composés par des groupes ethniques d’origines géographiques différentes, avec des habitudes alimentaires distinctes sauf en matière de la consommation de riz, base du nutriment de tous les Malgaches.

14

PLANCHE I

Photo 1. La vente de tubercules de manioc et de patate douce par des commerçants Antandroy et Karao au Bazar Be.

Photo 2. Des tas de noix de coco au Bazar Be : Coco nucifera (arbre et fruit) jouit d’une popularité certaine à Morondava

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Tableau 2. Céréales et tubercules : prix, unité de vente

Prix moyen Unité de vente Produits (Ariary) (possible) Riz décortiqué 200 à 250 Kapoaka Maïs vert 400 à 500 Tas Maïs vert cuit 200 L’épi Maïs sec pilé 100 Kaoaka Manioc vert 400 à 500 Tas (≈ 1 Kg) Maïs sec 4000 à 5000 Daba ( ≈ 10 Kg) Patate douce verte 400 à 500 Tas ( ≈ 1 Kg) Patate douce sèche 4000 à 5000 Daba ( ≈ 10 Kg) Kapiky (Arachide) 300 Kapoaka

I.1.3- Légumes et feuilles potagères- traka La vente de ces produits occupe un grand nombre de commerçants. Si la commercialisation au détail des feuilles potagères constitue la spécialité des femmes dans la plupart des villes malgaches, la situation est sensiblement différente dans la ville de Morondava. Ici, on trouve un nombre assez important d’hommes qui s’adonnent à ce commerce aussi bien sur la place des marchés que dans la vente ambulante (surtout). Toutefois, ce sont les femmes qui prédominent avec une proportion estimée aux environs de 75 à 80 %. On distingue deux sortes de légumes : les légumes locaux ou traditionnels et ceux qu’on pourrait qualifier d’« européens » (quoique ce qualificatif puisse paraître irréfléchi aux yeux de certaines personnes).

Tableau 3. Légumes divers : Prix et unité

Produits Prix unitaire moyen (Ar) Unités Feuilles potagères ( Traka ) 50/100 Tas Tomates 100/200 Tas Tomates 2000 Seau ( ≈ 10 L) Oignon (gras) 400/500 Kilogramme Haricot sec 300 Kapoaka Gros pois sec (Kabaro) 150 Kapoaka Pois du cap vert (Kabaro) 100 Kapoaka Poivron 100/200 Tas Salade (feuille) 100/200 Pièce/tas Aubergine amère (Angivy) 100/200 Tas Haricots 1000 Kilogramme Pomme de terre 1000 Kilogramme Concombre 200/500 Tas Poireau 1000 Kilogramme

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I.1.3.1-Les feuilles et les légumes traditionnels

Les feuilles potagères : On les désigne localement sous le nom de traka et elles figurent, à Madagascar, parmi les mets les plus populaires. Dans son mémoire de maîtrise sur « l’approvisionnement d’Antsiranana en denrées alimentaires d’origine agricole » soutenu en mai 1986, JAOFETRA Tsimihato a parlé de ces feuilles potagères qu’il a désignées sous leur nom, vraisemblablement d’origine créole réunionnais, de brède dans ces termes : « Ce sont de feuilles de plantes qui sont consommées après cuisson à l’eau [on les appelle alors localement « romazava » ce qui, littéralement, signifie « bouillon clair »].Elles peuvent être préparées avec du poisson, de la crevette, de la viande…Certaines de ces brèdes peuvent, en outre, être cuites au lait de coco et à l’huile. Ainsi, il existe pour elles plusieurs recettes et ceci est à l’origine de leur grande popularité ». Il s’agit là, à juste titre, d’une remarque qui vaut pour pratiquement l’ensemble du pays. En effet, dès qu’il débarque à Madagascar, parmi les premières choses que demande tout visiteur étranger est de goûter au fameux « romazava ». Pour ce qui est des marchés de Morondava proprement dit, les feuilles potagères les plus connues sont les kimalao (Spilanthes oleracea), l’anamamy (Solanum nigrum), le fotsy vody (Brassica sinensis), le cresson (Nasturtium officinale),… auxquelles s’ajoutent la feuille de patate douce et surtout celle du manioc qu’on prépare après pilage préalable. La feuille de manioc pilée préparée au lait du coco râpé est un vrai mets national, un label Madagascar. Ces feuilles potagères sont vendues par tas à raison de Ar.100 en moyenne sur la place des marchés mais ce prix peut facilement baisser à Ar.50 dans le commerce mandriorio . Il faudrait d’ailleurs souligner que le tas ( tokony localement) est un système de mesure ou de vente, très flexible et que le fait que le tarif baisse ne préjuge presque rien sur la quantité offerte. Autrement dit, si le prix baisse, la quantité offerte diminue dans la même proportion ou presque. JAOFETRA Tsimihato, dans sa thèse de Doctorat (soutenue en 2006) a fait une étude suffisamment détaillée sur les « unités de poids et de mesures traditionnelles » utilisées dans le commerce à Madagascar. Parlant du tas et du paquet, il était arrivé à la conclusion qu’il s’agit d’une « unité de vente (moyen d’écouler les marchandises) » et non de « mesure » car c’est « une méthode qui manque de rigueur » mais qui présente l’avantage d’être « très souple et très adaptée ». Elle est, en effet, très adaptée à la société qui l’utilise. Il existe en effet à Madagascar une véritable culture de marchandage qui 17 oblige, parfois, les commerçants à diminuer leurs prix et pour éviter des ventes à perte les marchands doivent utiliser des formules de vente appropriées.

La plupart de ces brèdes commercialisées sur les marchés proviennent de la zone périurbaine de Morondava et principalement des villages de Bemanonga, d’Androvakely et Androvabe, de Nañova et de Tsimahavaokely. D’une manière générale, ce sont les producteurs qui viennent proposer leurs marchandises aux revendeurs sur les places même des marchés. La présence de ces grossistes de feuilles potagères sur les places se situe avant 8 heures du matin. Reprises par les revendeurs -mpanao tongotsy , les brèdes sont par la suite présentés par tas aux consommateurs.

Le village de Bemanonga est reconnu au niveau national, non seulement comme une zone importante de production de légumes notamment de brèdes mais aussi et surtout, pour être une des rares localités malgaches disposant d’un centre de formation où des jeunes voulant apprendre et se spécialiser au métier d’agriculteur et d’éleveur, ou de techniciens qui souhaiteraient approfondir et compléter leurs connaissances théoriques par l’acquisition d’expérience nécessaire sur le terrain à leurs professions se rendent : il s’agit de la FOFAFI (Foibe momban’ny Fambolena sy Fiompiana ). Les récoltes provenant du centre sont commercialisées en gros aux revendeurs mais également aux consommateurs. Le transport est à la charge du centre qui achemine lui-même ses produits vers la ville.

Les feuilles potagères les plus connues sont : -La kimalao (Spilanthes oleracea) et la fotsy vody (Brassica sinensis) ; ces deux brèdes sont les plus populaires des feuilles de potage. La première a un goût plutôt piquant, la seconde au contraire est assez douce. Ces qualités organoleptiques assez différentes pousse beaucoup de connaisseurs à les préparer ensemble dans une même marmite souvent accompagnées de viande, de crevette ou de poisson…Il faut signaler que la kimalao peut se mélanger avec n’importe quelle autre dans une même marmite, ce qui lui vaut sa très grande popularité. -Les feuilles de manioc (Manihot utilissima) et de la patate douce (Ipomea batata) : le manioc -balahazo et la patate douce –bele sont tous les deux cultivés à la fois pour leurs tubercules (consommées en tant qu’aliments de base) et leurs feuilles (utilisées en tant que feuilles potagères). La feuille de manioc occupe une place de choix. Préparée avec du lait de coco râpé et mélangée avec n’importe quel produit carné, elle constitue un véritable label alimentaire malgache auquel tout voyagiste étranger souhaiterait goûter. 18

-Les autres feuilles potagères : elles sont très nombreuses et populaires. Parmi elles, on peut citer l’anamamy (Solanum nigrum), le cresson (Nasturtium officinale), la feuille des ramirebaka (cucurbitacées). A ces feuilles de plantes cultivées peuvent s’ajouter des feuilles de cueillette dont les feuilles de lalanda ou crête de coq, etc.

Les légumes –fruits et les légumes -grains locaux : La liste des légumes traditionnels ne se limite pas seulement aux feuilles. Il existe aussi des légumes -fruits locaux dont les cucurbitacées, les Solonacées comme l’aubergine amère – angivy (Solanum dasyphillum). Les consommateurs peuvent également acheter le piment enragé – sakay (Capsicum frutenscens) déjà pilé et réduit en pâte ou en l’état sans aucune transformation préalable. Ces légumes –fruits sont commercialisés par tas ou par kapoaka mais les grosses baies sont vendues par pièce, tel est le cas par exemple des taboara – courges (familles des Cucurbitacées).

Enfin aux marchés de Morondava, comme partout d’ailleurs, des légumineuses. Ce sont des légumes –grains traditionnels dont les plus connus sont le pois vohème (Vigna sinensis) et le pois du Cap (Phaseolus lunatus). Ces produits sont vendus par kapoaka. On les présente dans des corbeilles en feuille de palmier satrana (Hyphaene shatan), des sacs étendus à même le sol, sacs qui ont servi à les transporter jusqu’aux marchés. Ces légumineuses peuvent être vendues sèches ou fraîches. Pour le cas des produits frais, les marchands attendent d’être sur les places du marché pour les écosser car les produits frais se détériorent souvent très vite.

Il importe enfin de signaler que si les hommes sont pratiquement absents pour la vente sur les étaux des marchés, ils sont très actifs pour le commerce ambulant, surtout les jeunes. Ce qui est tout à fait normal dans la mesure où le transport à travers les différents quartiers urbains convient surtout à la force et à leur endurance naturelles.

La période coloniale s’était surtout caractérisée par l’introduction et l’acclimatation des produits de l’Extérieur du pays dont des légumes. Très bien adoptés par les paysans locaux, ces produits dominent aujourd’hui les activités maraîchères. Dans une région où il est très difficile de savoir le nombre exact de population, il est pratiquement impossible d’évaluer la quantité annuelle de légumes consommés. Cependant, la simple constatation de ce qui se passe quotidiennement sur place permet d’affirmer que les légumes acclimatés sont aujourd’hui très fortement demandés. D’autant plus que ces derniers temps, le maraîchage est devenu, avec une forte migration des gens des Hautes Terres malgaches, un véritable 19 phénomène de société dans les campagnes environnantes pour qu’on puisse parler de « ceinture maraîchère de Morondava ».

I.1.3.2-Les légumes « européens » : Ce sont les légumes qui, produits à l’extérieur de la région du Menabe, sont vendus sur les étals des marchés de Morondava. Il s’agit surtout des légumes originaires des régions tempérées et qui, à Madagascar, ne peuvent être acclimatés que sur les Hautes Terres où les conditions thermiques sont à peu près analogues à celles de l’Europe tempérée chaude. Et c’est l’une des raisons qui a poussé JAOFETRA Tsimihato à les baptiser, dans ses deux ouvrages de mémoires de maîtrise et de doctorat, de « légumes européens ». Cette appellation peut se justifier également par le fait que l’introduction de ces denrées à Madagascar est liée à la colonisation française. Au tout début de leur introduction, la culture de ces produits « exotiques » était le fait des créoles réunionnais mais aujourd’hui elle est entièrement entre les mains des maraîchers malgaches et de plus en plus morondaviens.

La commercialisation de ces légumes importés est presque entièrement le fait des migrants des Hautes Terres, les Vakinakaratra essentiellement. Les commerçants des deux sexes y participent également activement sur les places du marché. A la différence des légumes traditionnels, la commercialisation des légumes d’importation a recours à la balance ; ceci n’exclut, cependant, pas la vente par tas (pomme de terre, carotte), par pièce (choux, concombre,) ou par kapoaka (petit pois).

Ethniquement concentrée la commercialisation des légumes « européens » est de surcroît, spatialement bien circonscrite. Dans les marchés, la plupart de ces denrées sont offertes à l’intérieur même du hangar où elles sont bien rangées sur des tables de vente.

Actuellement et ce, depuis quelques années, on constate qu’avec le gonflement du nombre de commerçants, il devient de plus en plus difficile de trouver une place sur les grands marchés. Ce qui fait que de plus en plus de vendeurs s’abritent sous ces grands parasols blancs, ceux-là même qu’on a l’habitude de voir sur les marchés d’Antananarivo et même de l’ensemble des Hautes Terres malgaches.

Cependant de nos jours, il devient risqué de dire que le qualificatif de « légumes européens » ou d’« importation » puisse encore rester valable car Morondava est 20 pratiquement autosuffisant en légumes, c’est-à-dire qu’ils sont pratiquement cultivés sur place.

Parmi les légumes « européens » ou d’importation plantés et/ou commercialisés à Morondava, on peut citer les plus populaires : -la tomate (Solanum lycopersicum) : il s’agit de certaines variétés de tomates qui, à tort ou à raison, sont d’origine étrangère. Par rapport à la variété locale (elle est plus petite de taille) la tomate dite vazaha (européenne) est bien plus grosse. De forme arrondie ou oblongue, elle est aujourd’hui complètement adoptée par les paysans malgaches de Morondava qui, apparemment, la préfèrent à la variété dite locale qui est plus petite mais de qualité organoleptique supérieure selon les connaisseurs. Généralement vendue par tas sur la plupart des points de vente (marchés, étaux de proximité,…), elle se vend par pesée chez certains vendeurs originaires des Hautes Terres sur certains étals du Grand -Bazar du centre- ville. Dans la vente ambulante, les tomates vazaha se vendent par seaux d’eau en plastique à Ar.2000. A noter que le contenu du seau –mesure pèse 8 à 10 kilogrammes environ. -Les haricots –tsaramaso , en dépit de leur classification parmi les légumes européens, sont entièrement produits dans la région du Menabe qui, sans conteste, en est l’une sinon la plus grande zone productrice de Madagascar. On en trouve du blanc, du rouge mais aussi la variété hybride (blanc tacheté de rouge). Commercialisé chez presque tous les détaillants, le tsaramaso se vend principalement sur la place du grand Bazar. Sur la partie sud de cette place, pas moins d’une quinzaine de marchands, en majorité des femmes, proposent aux clients plusieurs dizaines de sac de haricot qui partagent cet espace avec plusieurs autres produits secs dont gros oignons, lentilles, gros pois, petits pois, riz blanc, maïs sec en grain, arachide –kapiky . La plupart de ces denrées sont vendues dans les mêmes conditions : conditionnées dans des sacs, vendues par kapoaka essentiellement. Pour ce qui est du prix, kapoaka du tsaramaso (blanc rouge ou hybride) coûte Ar.300. Il importe de signaler que le prix des produits secs de ce grand marché de Morondava coûte sensiblement la même chose. C’est ainsi, par exemple, que le kapoaka de riz se vendait en septembre 2008 entre Ar.250 et 300 ; quant à la mesure du maïs, on l’achetait entre 200 et Ar.250 tandis que celui de l’arachide – kapiky coûtait Ar.300. -Les oignons se vendent à peu près à la même époque que les tomates sur les points de vente des légumes de Morondava. La période de vente maximum se situe entre juillet et octobre. En matière d’oignon, on peut dire que la région du Menabe est presque 21 complètement autosuffisante. Le district de Manja est reconnu comme l’un des principaux producteurs d’oignons de Madagascar. Les produits provenant de ce district inonde la plupart des marchés non seulement du Menabe mais aussi ceux du Sud-Ouest et même des Hautes Terres malgaches. Les spéculateurs profitent de la période de la récolte pour constituer leurs stocks ; d’autant plus que les prix sont très abordables. De plus, à Ar.2000 durant la période de soudure, le kilogramme peut s’acheter seulement jusqu’à Ar.400 en pleine campagne de récolte. Pour ce qui est de la commercialisation de l’oignon vert, il s’agit surtout des produits des maraîchers de la zone périurbaine. Ces derniers se rendent directement en ville ou y envoient quelqu’un de la famille, un commissionnaire, ou il vendent à des spéculateurs – mpanao tongotsy qui s’occupent de la vente sur les marchés ou encore commerce ambulant -riorio. En cas de commission le vendeur prélève sa part en augmentant d’un certain pourcentage le prix suggéré par le producteur. -La pomme de terre : l’approvisionnement de la ville en ce produit se fait exclusivement par les Hautes Terres de Madagascar, le Vakinakaratra principalement. La chaleur relativement trop importante de la région du Menabe ne permet pas aux paysans locaux d’apprivoiser cette denrée qui, pourtant, commence à être appréciée par beaucoup de Morondaviens. Peu de commerçants présente sur le marché de Namahora la pomme de terre laquelle se vend surtout sur le grand marché du centre-ville et ce, par pesée. Cette situation permet de dire que la plupart des consommateurs sont des ménages ayant un certain niveau de revenu aussi bien Malgaches qu’Asiatiques et Européens (le qualificatif de légume européen se justifie ici pleinement). Les commerçants sont composés presque exclusivement par des ressortissants des Hautes Terres malgaches, de la région du Vakinakaratra. -Les autres légumes « européens » : ce sont principalement la carotte, les poireaux, les concombres, les différentes variétés de choux, les poivrons…Autrefois « réservés » uniquement aux nantis, leur consommation s’étend aujourd’hui jusque dans les ménages les plus modestes. C’est que la culture de ces denrées s’est répandue dans les campagnes de la périphérie urbaine ; ce qui a beaucoup contribué à diminuer les prix. La plupart de ces produits se vendent par tas – toko avec des prix moyens variant entre Ar.100 et 200.

I.1.4-Les fruits Sur le plan arboricole, on ne peut pas dire que la région de Morondava soit une grosse productrice de fruits. Les principaux fruits de production locale sont limités aux agrumes, 22 au coco et à un degré moindre à la banane. Les fruits sauvages sont principalement constitués de mangues (Manguifera indica), de goyaves (Psidium gayava) et surtout de jujube (Zizyphus jujuba). Pour plus d’information, on va étudier quelques uns des fruits commercialisés sur les places du marché ou dans l’espace urbain de la capitale du Menabe.

Tableau 4. Fruits : prix et unité

Produits Prix moyen (ariary) Unité de vente Banane mûre 500 Tas Coco vert ( madrafo ) 250 à 300 Pièce Orange 500 Tas Orange 1000 Kilo Goyave 200 Tas Jujube ( Mokonazy ) 200 Kapoaka

-Les agrumes –tsoha (rutacées): Seules deux variétés d’agrumes sont produites localement : l’orange (Citrus sinensis) et le citron acide (Citrus medica). Le citron se vendant pratiquement toute l’année au marché et l’orange entre les mois de mai et juillet proviennent essentiellement d’Ankilizato et de Mahabo. Il importe de savoir que, dans la perspective de développement agricole de la région de Morondava, une opération de cultures des agrumes (citronniers, orangers et pamplemoussiers) a été entreprise vers le milieu des années 1960 avec l’assistance technique d’Israël. Mais l’opération s’est soldée par un échec : entre 1973 et 1975, la totalité des citronniers ainsi qu’une forte proportion d’orangers et de pomelos a péri. Les causes de l’échec sont multiples. G.NEUVY qui a fait une étude assez détaillée sur la question n’a pas pu dissimuler son dépit ; il écrit : « Il apparaît donc que l’échec en agriculture, dans la plaine de Morondava, n’est dû qu’à des facteurs pouvant être maîtrisés ; les sables roux constituant un sol idéal pour cette arboriculture fruitière, il suffit d’en délimiter les périmètres, et renoncer à cette culture sur toute autre type de sol. Une irrigation rationnelle et des traitements phytosanitaires appropriés suffiraient certainement à faire, de cette région, un des centres importants de production en agrumes dont le pays a besoin. Finalement la région de Morondava ne peut compter, au niveau local, que sur des productions paysannes qui, pour être à même de satisfaire aux besoins de la population, doivent être complétées par des agrumes provenant des Haute Terres. Si dans beaucoup de régions de Madagascar (exemple de l’Extrême- Nord de Madagascar), on ne trouve de l’orange qu’entre mai et juillet, les consommateurs de Morondava peuvent en acheter sur 23 les marchés surtout le grand marché jusqu’au mois d’octobre. Le prix du kilogramme est de Ar.1000 en cette période et le tas coûte Ar.500. Selon la taille de chaque constituant, on compte 4 à 5 fruits sur un tas. Ces fruits de « contre-saison » proviennent des Hautes Terres d’où sont originaires la plupart des vendeurs. Si les oranges (Citrus sinensis) peuvent être produites sur place, les mandarines (Citrus nobilis) sont quasiment des Hautes Terres malgaches. -La banane – kida (Musa sapientum) provient essentiellement de la zone périphérique de Morondava, à savoir Bemanonga, Analaiva, Androvabe et Androvakely. Elle est vendue pratiquement toute l’année soit à l’état vert, soit mûr. Par ailleurs, des produits de Fianarantsoa et d’Antsirabe sont offerts sur les étaux des marchés de la capitale du Menabe. Le prix de la banane, par kilogramme ou par tas est de Ar.500 (mois d’août à octobre 2008). -Le coco (Coco nucifera) : Le cocotier est, sans conteste, la plante fruitière la plus populaire à Morondava. Plantés en tant qu’arbres d’ombrage, pratiquement dans chaque cour, ils y constituent de véritables plantations homogènes dans la zone périurbaine comme dans les villages de Bemokijy, Androvabe, Androvakely et Antsakamirohaky tous au sud de la ville, ou encore à Antsakoameloky ou Bemanonga, par exemple. On peut qualifier ainsi Morondava de « ville à l’ombre de cocotiers ». Ces derniers forment au moins les 75% des arbres qui poussent dans la ville.

Vendu à l’état vert ou totalement immature – madrafo , il est consommé comme les fruits ordinaires, offrant en même temps son lait ou plus proprement son jus et son amande. On le vend également à l’état semi mature – makrôma qui sert à confectionner les fameux bonbons cocos fortement sucrés et très appréciés des enfants et des fins connaisseurs. Sec, le coco peut être utilisé dans un grand nombre de recettes culinaires dont on peut énumérer quelques unes : gâteau de riz – godrogodro au lait de coco râpé, feuille de manioc pilée cuite au coco, haricot- tsaramaso au coco, poisson cuit au coco,… Bref, il existe une infinité de recettes à base de lait de coco, ce qui justifie sa très grande popularité.

Les principaux points de vente de coco, en dehors bien sûr des lieux de production, sont les deux grands marchés mais on constate une nette domination du grand marché du centre-ville. Cette situation s’explique par le fait que d’habitude les visiteurs qui proviennent des zones extérieures de la région sont plus prompts à aller faire leurs achats dans ce grand Bazar. Pour être plus proches de ces visiteurs dont beaucoup viennent de 24 l’intérieur des terres, les marchands de noix de coco secs choisissent volontiers ce marché central.

Pour ce qui est de la vente de madrafo, on peut en trouver quelques étals à même le sol sur le grand marché mais d’une manière générale, c’est surtout le fait des marchands ambulants, ces jeunes qui sillonnent chaque matin les principaux quartiers –fokontany de la ville. Ils transportent leurs marchandises suspendues aux deux extrémités d’un fléau de bois déposé sur leurs épaules. Chaque marchand transporte en moyenne une trentaine de coco –madrafo par jour. Le prix unitaire d’une noix de coco est assez variable. Il dépend de la maturité et surtout de la taille du fruit. Ainsi, par exemple entre août et octobre 2008, on achetait la noix sèche au Bazar-be entre Ar.250 et 600 tandis que le fruit vert vendu en miriorio coûtait 300 à 400 Ar.

I.2- Le commerce des produits de cueillette .

I.2.1-Les fruits de cueillette A part les fruits de culture, il se vend aussi sur les marchés de Morondava ceux de la cueillette ou fruits sauvages. Comme on l’a déjà constaté plus haut, on ne peut pas dire qu’ils sont très variés. En effet, on n’en trouve que quatre principales espèces : la mangue qui présente un certain nombre de variétés, la goyave, le jujube –mokonazy (Zizyphus jujuba) et le tsinefo (Zizyphus vulgaris). Ces fruits de cueillette (sauf pour le cas du tsinefo qui provient de la partie Nord de la région du Sud –Ouest), sont du Menabe même. Mokonazy constitue avec les palmiers – satrana, l’une des principales espèces caractéristiques du couvert végétal de toute la région du Menabe. Son fruit, très apprécié par la population locale, alimente des flux commerciaux vers les Hautes Terres mais également jusque sur les marchés de la ville de Toliara, par exemple.

La commercialisation de ces fruits de cueillette est généralement assurée par les ruraux même si des citadins s’y consacrent également parce qu’on peut dire que ce commerce est rentable. Les fruits des jujubiers ( tsinefo et mokonazy ) sont vendus par kapoaka et à l’état sec ; ils sont consommés comme amuse-gueule mais on peut également les utiliser pour la production de confiture.

Des fruits de cueillette, plus gros, tels que la mangue, la goyave sont vendus par tas ; d’autres qui le sont encore davantage tels que les Anonacées (corossol, cœur de bœuf, pomme cannelle) le sont par pièce. 25

On peut aussi acheter sur les marchés de Morondava les fruits d’une variété locale de palmier dattier sauvage appelé kalalo . Son inflorescence peut également être traitée pour obtenir du vin de palme appelé sora que les femmes vendent de porte à porte dans les différents quartiers de la ville

Les quantités offertes de ces fruits sauvages sont plus ou moins fluctuantes selon les variétés. Les demandes émanent surtout des néo-citadins venus s’implanter plus ou moins définitivement en ville et qui ne sont pas prêts d’oublier leurs habitudes alimentaires sinon leur mode de vie rural. On peut dès lors dire que le développement de la consommation des fruits sauvages en milieu urbain est en relation directe avec l’essor de l’exode rural, certes, mais il est aussi le reflet du phénomène de la ruralisation de la ville.

I.2.2.-Les tubercules sauvages Il peut paraître superflu de parler dans cet ouvrage des tubercules sauvages du fait de leur rareté. Ces produits existent bel et bien dans la région et on en voit de temps en temps dans la ville de Morondava, en commerce ambulant ou sur la place des marchés. Il s’agit de différentes variétés d’igname telles que ovy-ala (Discorea bulbifera), babo (Discorea sp.). Généralement, ces produits sauvages sont consommés lors des soudures. Les néo- citadins en sont les principaux consommateurs. 26

Deuxième chapitre : LES PRODUITS D’ORIGINE ANIMALE

En vue de l’approvisionnement de sa population en produits d’origine animale, la ville de Morondava compte sur deux principaux secteurs : l’élevage et la pêche. A ces deux secteurs formels s’ajoute celui informel sinon clandestin de la chasse. En effet, en dépit des réglementations en vigueur sur la protection des espèces animales à Madagascar, la chasse existe bel et bien dans le Menabe ; il est difficile de croire qu’il existe des responsables chargés de les faire respecter.

II.1-Les produits d’élevage

Comme dans la plupart des villes malgaches, les produits d’élevage sont constitués essentiellement de viande de bœuf, de porc et des produits de la basse-cour. Pour les ménages aux revenus modestes, les produits d’élevage sont dans leur ensemble des denrées chères. C’est l’une des raisons pour laquelle leur consommation s’effectue principalement le week-end ou les jours de fête (Pâques, Noël, Nouvel An,…)

Tableau 5. Principaux produits d’élevage et de chasse : prix, unité de vente

Produits Prix moyen (Ariary) Unités (possible) Viande de bœuf tout venant 4000 Kilogramme Viande désossée 4500 Kilogramme Abats 2000 Kilogramme Viande de porc 4000/4500 Kilogramme Viande de sanglier 3000/4000 Kilogramme Poulet vivant 5000/1200 Unité/tête Canard domestique vivant 7000/1500 Unité/tête Canard sauvage vivant 5000/1200 Unité/tête

II.1.1-Les produits carnés : La vente de ces produits se fait sur les places des marchés (Namahora et Bazar-be) mais elle existe aussi à travers l’espace urbain surtout dans les quartiers éloignés, des étals isolés où l’on expose qui de la viande de bœuf, qui de la viande de porc. La vente ambulante de viande de bœuf surtout existe également et il est surtout le fait des hommes jeunes. Au total, on compte environ une quinzaine de bouchers et charcutiers à Namahora et juste un peu plus (une vingtaine) au grand Bazar du centre-ville. Ces produits partagent, dans certains cas, le même étal même si un certain nombre de citadins (Musulmans surtout) ne consomme pas la viande de porc. 27

La presque totalité de marchands de viande de bœufs et/ou de porc est originaire des Hautes Terres malgache avec une moyenne d’âge tournant autour de 20 à 50 ans. C’est une tâche presque exclusivement réservée aux hommes. Les femmes, si elles sont présentes dans les stands, viennent juste pour aider leur mari mais elles jouent rarement un rôle de premier plan. Ces produits sont vendus par kilogramme sur des tables cimentées dont la surface est presque partout recouverte de carreaux blancs afin de mieux garantir la propreté des marchandises. Chaque stand ou étal de boucher est muni de deux à quatre crochets métalliques pour tenir suspendus la viande de bœuf ou de porc qui attend d’être débité pour la vente. Le même matériel est utilisé pour accrocher les saucisses de viande de porc et de bœuf.

Vendue en vrac (avec os, gras-doubles,…) ou par morceaux choisis (désossée, foie, saucisse, boudin,…), la viande est offerte par pesée. Le kilogramme du tout-venant de viande de bœuf coûte Ar.4000 contre 4500 pour celui de la désossée. D’une manière générale, le prix du kilogramme de viande de porc se vend un peu plus cher que celui de bœuf.

Lorsque les invendus risquent l’avarie, ce qui est assez rare, le commerçant peut diminuer les prix. Il se montre plus perméable au marchandage. Cette baisse est soit absolue (concerne la valeur nominale du produit), soit relative (le boucher, pour la même valeur nominale, se montre plus complaisant sur le pesage).

Pour ce qui est de la consommation de la viande de porc proprement dit, on constate qu’il a considérablement augmenté ces derniers temps et ce, depuis 2002 lorsqu’une forte migration des gens des Hautes Terres malgaches est venue massivement s’installer dans le Menabe. Tant il est reconnu qu’ils sont les plus gros éleveurs et consommateurs de viande de cochon – hena-kisoa, à Madagascar. La commercialisation de la viande de porc est souvent une affaire de famille. Il n’est pas rare de voir un charcutier travailler avec sa femme ou avec un autre membre de la famille. Généralement, pour ne pas dire toujours le charcutier achète des porcs sur pieds à des éleveurs ou à des intermédiaires. Toutefois, il apparaît de plus en plus que les charcutiers de Morondava sont, eux aussi, des éleveurs de cochons. Quoiqu’il en soit, leur approvisionnement en porcs vifs ne semble pas poser un problème majeur car plus des deux tiers de la population en pratiquent l’élevage.

Bien équipés et en vrais professionnels, les bouchers -charcutiers de la ville de Morondava disposent des matériels de réfrigération (pour certains du moins), utilisent des 28 balances automatiques de précision. Ils possèdent en plus des matériels leur permettant de confectionner des saucisses, des boudins et autres produits de la charcuterie.

II.1.2-Les produits de la basse-cour Comme produits de la basse-cour, on trouve sur les marchés de Morondava ou plus proprement à leur périphérie des étaux de vente de poulets, de canards et d’autres espèces rares. La vente de volailles est presque entièrement entre les mains des migrants du sud, des Antandroy spécialement. Ce sont souvent des intermédiaires – mpanao tongotsy ou plus rarement des éleveurs mais tous viennent des zones rurales.

Des éleveurs aux consommateurs urbains, les animaux changent deux ou trois fois de main. Et en fonction de la longueur des circuits commerciaux, les prix augmentent. Entre août et octobre 2008, le prix du poulet s’échelonnait entre Ar.5000 et 12000 selon la taille de la marchandise en question. Quand vient la période des pluies et que les paysans sont occupés dans leurs activités agricoles, le commerce de volailles devient exclusivement une affaire des intermédiaires qui se relaient parfois jusqu’en ville. Et c’est ainsi que les prix grimpent.

Il faut dire qu’à Morondava les volailles ne sont presque jamais vendues à l’intérieur des enceintes des marchés que ce soit au grand Bazar ou à Namahora. Trois raisons majeures sont à l’origine de cette situation : tout d’abord, les places du marché sont un peu trop exiguës pour être occupées par des vendeurs qui ne se présentent en ville qu’occasionnellement. C’est ainsi que les volailles sont commercialisées presque sur le lieu même de leur débarquement. Ensuite, pour pouvoir prendre immédiatement le taxi- brousse, une fois la marchandise écoulée, des vendeurs préfèrent ne pas trop s’éloigner de la gare routière. Enfin, on peut évoquer la difficulté de la manutention des cages dont certains contiennent jusqu’à une cinquantaine de volailles environ, ce qui n’encourage guère les marchands à aller se déplacer trop loin du point de débarquement. Ainsi, dans le centre-ville, à 50 m au Sud-Est du grand Bazar, le coin Nord-Ouest de la gare routière est devenu un point de vente de volailles. Sur le marché de Namahora, le point de vente de volailles se situe 75 m à l’est juste sur la bordure Sud de la route nationale n°34 qui constitue la principale artère de la ville. La composition des volailles fait apparaître une très nette domination des poulets qui forment plus de 90% des espèces vendues. C’est que les gallinacés peu exigeants et débrouillards conviennent au manque de disponibilité des paysans qui n’ont que peu de temps à consacrer à d’autres activités que leur agriculture. 29

Il existe quelques rares cas de la vente ambulante de volailles. Il s’agit ici des faits tout à fait ponctuels et occasionnels dont les acteurs sont des éleveurs urbains qui ont pu entretenir quelques poulets dans leurs petites basses-cours. La vente s’effectue le plus souvent pour le cas de besoins urgents d’argent.

II.2-Les produits de chasse

La vente des produits de chasse constitue l’une des originalités de la ville de Morondava. Elle porte sur des animaux dont certains sont protégés par la loi en vigueur à Madagascar. Mais qu’est-ce qu’on entend par chasse ? Dans sa thèse de doctorat (septembre 2006), JAOFETRA T l’a définie de la manière suivante : « Par chasse, nous entendons toute activité de collecte ou de prélèvement que l’Homme exerce sur toute espèce animale non domestique (ou non domestiqué) et qui vit à l’air libre ou dans un terrier». A ce titre, on peut dire qu’il existe sur les marchés de Morondava des produits de chasse, c'est-à-dire des animaux qui ne relèvent pas de l’élevage mais de la simple cueillette. Ils se vendent quasi-quotidiennement sur les deux marchés ou à travers l’espace urbain. Parmi ces produits, les plus connus sont la viande de sanglier (Potamochaerus larvatus) et les canards sauvages.

• Le sanglier –lambo ala (Potamochaerus larvatus) est le principal représentant des mammifères- gibiers. En moyenne, trois à quatre potamochères sont commercialisés quotidiennement sur les marchés de la ville. A Namahora, les étaux de henan-dambo s’installent sur les bordures de la route principale qui relie les deux noyaux de l’espace urbain. Sur le marché du centre-ville, les commerçants exposent même leurs marchandises à l’intérieur de la grande place apparemment sans aucune crainte de se faire inquiété par les responsables du Service des Eaux et Forêts. Le lambo ala est, à Madagascar, une espèce protégée par la Législation mais comme il s’agit d’un prédateur redoutable de cultures (manioc, patate douce, riz, maïs, etc.), les paysans se trouvent dans l’obligation de les piéger et de les abattre ; ils en consomment et/ou vendent la carcasse. La viande de 30

PLANCHE II

Vente de viande de sanglier (Potamochaerus larvatus) au Bazary Be. Attention aux gardes forestiers !

Photo 3. Les jeunes chasseurs encore torse nue s’apprêtent à commercialiser la trophée du jour : un beau lambo ala encore tout frais. "Vite ! Vite ! Il ne faut pas que les agents du Service des Eaux et Forêts nous surprennent !"

Pourquoi ne pas se contenter de la vente de volailles domestiques pour être tranquille ?

Photo 4. Des volailles en cageots en vente sur la gare routière de Morondava-centre (à 50 m au Sud-Est du Bazary be) : "on est tranquille car on est des éleveurs et non des braconniers !" 31 sanglier est vendue à un prix relativement modique ; sur les places du marché, le kilogramme coûte normalement à Ar.3000 et parfois même 2500 vers la fin d’après-midi. Ce prix représente environ les 75% du prix du cochon d’élevage -kisoa

En dehors du potamochère, les habitants de Morondava peuvent acheter, beaucoup plus rarement certes, d’autres mammifères- gibiers. On peut citer, par exemple, le cas des fanihy (Pteropus rufus), tandraky (Tanrec ecaudatus) qui sont aussi des espèces protégées. Provenant des zones assez éloignées de Morondava (Mahabo, Belo/Tsiribihina,…), ces espèces sont de plus en plus rares. Devant être amenées par voitures de transport en commun, leur présence parmi les marchandises peut être trahie par leur forte odeur. Leur acheminement vers la ville n’est pas sans risque pour les vendeurs et même les chauffeurs lorsqu’ils doivent traverser un barrage de policiers ou de gendarmes. Aussi, de nos jours, la vente de ces animaux « hautement » protégés est-il devenue exceptionnelle dans la ville de Morondava mais cette raréfaction est également imputable à la disparition progressive des ces animaux consécutivement à l’appauvrissement de l’écosystème terrestre.

• Les espèces aviaires : Les oiseaux de chasse sont également commercialisés dans la ville. Ils se limitent aux pintades et aux canards sauvages. Tout comme le sanglier, il s’agit également des oiseaux le plus souvent prédateurs des cultures (riz essentiellement). Les chasseurs peuvent user de ce prétexte pour justifier leurs actions. Toutefois, que ces oiseux soient ou non prédateurs de cultures, les chasseurs doivent toujours être vigilants pour s’échapper à la vigilance des responsables de la protection des animaux. Aussi doivent-ils souvent changer assez fréquemment de place afin d’éviter d’être repérés. Certains pratiquent tout bonnement le riorio pour être tranquilles. Parmi les principaux oiseaux de chasse on peut citer : -le canard siffleur –vivy (Dendrocygna fulva ou D. viduata) -le canard à bosse -tsivongo (Sarkidiornis melanotos) -la pintade mitrée –akanga (Numida mitratra mitratra)

Le prix unitaire de ces oiseaux – gibiers aux consommateurs est assez variable car il se conclut après un marchandage – adi-varotra entre acheteur et vendeur. Dans ce adi- varotra, un acheteur peu scrupuleux peut user de toutes les astuces dont l’intimidation pour parvenir à sa fin et acquérir à bon compte la marchandise désirée. On peut dire, cependant, que généralement, le prix de ces espèces sauvages avoisine celui des espèces de la ferme comme les gallinacés et les canards domestiques. 32

• Les insectes : en plus des mammifères et des espèces aviaires la liste des gibiers peut s’étendre sur les insectes. Sur les marchés de Morondava ou en commerce riorio , on peut occasionnellement acheter la nymphe de sakondry (Pyrops tenebrosa) que l’on vend déjà cuit. Le sakondry est très apprécié des consommateurs. Il se vend par kapoaka. A noter que la nymphe de Fulgoridés choisit comme habitat naturel les lianes serrées des plantes ; c’est pourquoi, on la récolte (ou chasse) dans les champs de kabaro (Phaseolus lunatus).

Diverses catégories de produits sont vendues sur la place des marchés et alentours. A cela s’ajoutent ceux qui se débitent à domicile ou en commerce ambulant. Aussi paraît-il intéressant d’avoir une certaine idée sur la clientèle : sa composition, ses habitudes d’achat et de fréquentation des places du marché.

II.3-Les produits de pêche

C’est l’un des types des produits qui fait la renommée du Menabe en général et de la ville de Morondava en particulier. Tous ceux qui ont déjà visité cette ville et qui sont passés sur les plages de Betania (au sud) et d’Avaradrova (au nord) ont gardé en souvenir ce spectacle de pêcheurs aidés de leur femme ou de quelques personnes de la famille à hisser leur pirogue avec leurs captures de la journée ou de la soirée. Ces deux quartiers sont habités par une majorité de pêcheurs dont les Vezo, cette population connue pour être les plus grands spécialistes de la pêche sur l’ensemble de la côte sud-ouest de Madagascar. La plupart des produits sont exposés sur les étals des marchés où viennent s’approvisionner en produits frais et relativement bon marché les consommateurs urbains. Face à la cherté relative des poulets et des produits carnés, les produits halieutiques constituent une alternative pour l’ensemble de la population. D’autant plus que les produits de la mer peuvent éviter à l’homme certaines maladies telles le goutte (érythrocyte, plaquette, etc.), maladie qui affecte les articulations de certaines personnes lorsqu’elles atteignent un certain âge. Bref, les produits de pêche garantissent la santé chez certains sujets.

Dans la ville de Morondava, la vente des produits de pêche mobilise aussi bien les hommes (pêcheurs eux-mêmes) que les femmes. Les enfants eux-mêmes s’investissent en venant sur les plages à la rencontre des pêcheurs qu’ils aident à démailler et trier les poissons en échange d’une certaine quantité qu’ils vendent ensuite à des consommateurs ou à des éleveurs de porcs qui en confectionneront de la provende. La vente sur les 33 marchés des produits frais et/ou transformés (séchés, salés, fumés) est presque exclusivement l’affaire des femmes. Ces vendeurs sont des résidents des quartiers « côtiers ». Ils écoulent leurs marchandises sur le marché le plus proche de leur lieu d’habitation. Ainsi on peut acheter sur les marchés de Morondava deux principales catégories de produits : les espèces ichtyologiques et les crustacées auxquelles s’ajoutent occasionnellement les mollusques.

Tableau 6. Produits de pêche, prix et unité de vente

Prix unitaire Produits Unité moyen (Ariary) Poisson frais (de mer) 1000 à 2000 Tas Poisson transformé (de mer) 1000 à 2000 Tas Poisson (de mer) 500 à 2000 Tranche Poisson frais (d’eau douce) 500 à 2000 Tas Crevette fraîche 2000 Tas ( ≈ 300 g) Crevette bouillie 500 Tas ( ≈ 125 g) Crevette d’eau douce (écrevisse) 500 à 2000 Tas Patsa (Caridina sp.) 200 à 300 Kapoaka Crabe 500 Grappe ( ≈ tas)

II.3.1-Les espèces ichtyologiques : Les poissons constituent 75% environ des produits de pêche commercialisés sur les marchés de Morondava. Ils sont vendus à l’état frais (tel quel), fumé ou séché. Ils peuvent être d’eau douce ou de mer (figure 4) et les premiers sont toujours commercialisés frais. D’une manière générale, les commerçantes sont ou bien des intermédiaires au sens propre du terme, ou bien des femmes des pêcheurs venus relayer leurs maris dans cette économie de la pêche ; autrement dit, l’homme pêche tandis que la femme vend ou monnaye les produits. Les uns et les autres se rendent quotidiennement sur les lieux d’accostage et de débarquement des produits où elles choisissent et/ou achètent les espèces ayant une bonne valeur marchande qu’elles vont écouler sur les marchés. Il y a ainsi sur chacune des deux places du marché une moyenne de 15 à 25 marchandes de poissons frais par jour dont 5 à 10 de poissons d’eau douce. Ces derniers sont constitués à plus de 2/3 de tilapia – mahay miteraky – et le reste, 1/3 environ de silure – bañaña . Les poissons d’eau douce viennent de l’intérieur des terres, des lacs et des rivières de la Kabatomena et de la Morondava.

Les poissons sont vendus par tas sur les marchés. Selon la qualité et/ou la taille des constituants, le tas coûte entre Ar.1000 et 2000 en moyenne. Un tas de poissons frais est évalué dans ce cas entre 0,250 et 0,500 kilogramme. Les gros spécimens qui peuvent individuellement atteindre ces poids sont vendus par pièce et leur prix est déterminé à 34

Figure 4. REPARTITION DES ZONES DE PECHE

160 180 200 220 240 N

E BerobokaBeroboka A A 680 BerobokaBeroboka A A 680 U Q I B M A Z O M MarofandilMarofandil MarofandilMarofandilTo mitsy 660 660 E A n d D ra n a o en m om L e an T n dr a a An A n d il N a A C AnkiliaboAnkiliabo MORONDAVAMORONDAVA AnkilivaloAnkilivalo

AnalaivaAnalaiva 640 AndrovabeAndrovabe 640

MAHABOMAHABO k aba LaijobyLaijoby tom AmpanihyAmpanihy ena M O R O N ManometimaManometima D ManometimaManometima A V A

620 620

BefasyBefasy

160 180 200 220 240

Support : carte de Madagascar au 1/500 000 (Morondava) Réalisation de JAOFETRA Tsimihato 0 10 20 Janvier 2009 Kilomètres LEGENDE

Cours d'eau Marais Chef-lieu de région

Lac ou étang permanent Mangrove Chef-lieu de district

Chef-lieu de commune Zone innondable saisonnière Mer

Village Cuvette (Deboka)

35 l’issue d’un marchandage – ady varotsy – entre les deux parties. Ce que l’on constate dans ce commerce est que les poissons d’eau douce sont mieux prisés que ceux de mer.

A noter que les poissons fumés proviennent du sud de la ville (quartier de Betania) où les pêcheurs ont l’habitude de fumer leurs produits invendus avant qu’ils ne deviennent impropres à la consommation. Ainsi, l’étude du marché est un préalable à toute vente à l’état frais. La plupart des vendeuses de fumés s’approvisionnent dans ce quartier côtier de la ville de Morondava. Il importe aussi de souligner qu’à 5km au nord de la ville existe un village touristique et de pêcheurs qui ravitaille régulièrement en poissons séchés et fumés les citadins. Le prix des poissons fumés et/ou séchés est variable en fonction de la taille et de la qualité des produits. Aussi peut-on trouver des tas de Ar.500, de 1000, de 2000, de 3000, etc.

II.3.2-Les crustacés Comme crustacés, on trouve sur les marchés de Morondava des crustacés de mer mais aussi ceux d’eau douce. Parmi les crustacés de mer, on a les crabes, les crevettes et les chavaquines -patsa- alors que d’eau douce, on a les écrevisses. -Les crevettes Sur les marchés de Morondava la crevette est vendue sous différentes formes : elle peut être fraîche ou préparée (bouillie, séchée …). Que ce soit dans l’un ou l’autre cas, la vente se fait exclusivement par tas et est essentiellement effectuée par des femmes. Si les hommes sont présents, ce qui est assez rare, c’est juste pour prêter main forte à leur femme dans le cas d’une manutention par exemple. Leur rôle se limite le plus souvent à aller pêcher les poissons ou bien aller se ravitailler dans les villages de pêcheurs.

Sur les marchés, les crustacés occupent la même aire de vente que les poissons. Ils sont vendues soit par kapoaka (cas des toutes -petites crevettes –patsa ), soit par tas (cas des grosses crevettes –tsitsiky ). Parfois, sur un seul étal s’exposent en même temps des crevettes et des poissons par une seule vendeuse. Les crevettes d’eau douce sont également vendues par tas et elles sont le plus souvent par des vendeuses de poissons d’eau douce également mais on peut dire que leur présence est plutôt occasionnelle et que les quantités offertes sont assez limitées.

Le niveau des prix change en fonction de la préparation et /ou de la qualité ou encore de la taille des constituants. Ainsi, par exemple entre août et octobre 2008, les prix des crevettes sur les deux marchés de Morondava se ventilaient comme suit : 36

-tas de crevettes fraîches : Ar.2000 (1/4 de kilogramme environ) ; -tas de crevettes fraîches d’eau douce : Ar.1000 à 2000 (1/4 de kg environ) -tas de crevettes cuites : Ar.500 (1/8 de kg environ) ; -kapoaka de patsa : Ar.200 à 300 selon la fraîcheur de la marchandise ; -Les crabes Une moyenne de 75 à 100 kilogrammes de crabes est présentée quotidiennement sur les deux grands marchés de Morondava. Des entretiens avec les vendeuses ont permis d’apprendre qu’ils viennent majoritairement de la zone nord du Menabe, c'est-à-dire du district de Belo- sur- Tsiribihina mais il en vient aussi de Belo- sur- Mer au sud. Présenté dans des paniers en feuilles de palmier, ils sont attachés par grappes de trois à cinq selon leur taille. Ainsi, le poids de chaque grappe – tadiny est d’un kilogramme à peu près. Le prix de la grappe coûte aux consommateurs Ar.500 en moyenne. La consommation de crabes est assez faible à Morondava. Trois raisons essentielles peuvent être évoquées pour expliquer ce phénomène : premièrement, une partie de la population qui est de confession musulmane considère les crabes comme impurs – haramo , donc interdits de consommation. Deuxièmement, il n’existe pas de moyens efficaces pour les conserver en vie et avec une qualité gustative optimale. Les vendeurs doivent s’assurer que les quantités achetées pourront être revendues dans un délai raisonnable. Aussi doivent-ils se montrer prudents dans la constitution de leur stock. Troisièmement, la durée et la longueur du trajet mais aussi et surtout les secousses subies au cours des voyages par route très cahoteuse sont finalement très éprouvantes pour les crabes qui risquent de mourir prématurément. Il existe ainsi autant de facteurs qui peuvent décourager les vendeurs à s’investir intensivement dans le commerce de ces crustacés de marécages salins. Pour les maintenir le plus longtemps possible en vie, les marchands les mettent dans des paniers avec un maximum possible de boue et de feuilles de palétuvier.

II.3.3-Les autres produits de mer En dehors de ces principaux produits de pêche, les commerçants en offrent aussi de temps en temps d’autres. Il s’agit le plus souvent des mollusques dont les céphalopodes (pieuvres –horita ), la chair des coquillages divers dont divoky (Anadara natalensis). Les uns aussi bien que les autres sont vendus après séchage ou cuisson préalable pour être facilement conservables car souvent ce sont des produits d’origine lointaine. Les pieuvres par exemple proviennent de Belo- sur- Mer. Si les horita sont vendus par pièce, la chair des coquillages l’est par kapoaka.

Deuxième partie LES MARCHES ET LES HOMMES

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INTRODUCTION

A l’instar de la plupart des villes des pays sous-développés, surtout celles côtières, la ville de Morondava est fortement affectée par le phénomène de la croissance rapide de sa population. La commune compte aujourd’hui près de 25 000 habitants. A cette dimension de la population s’ajoute son hétérogénéité : hétérogénéité ethnique ou communautaire mais aussi et surtout des origines géographiques. Le peuplement de la ville de Morondava s’est effectué à partir d’un bassin démographique étendu dépassant même le cadre national. Les habitudes alimentaires de même que les genres de vie des habitants diffèrent assez sensiblement entre les nantis (Européens et Karany surtout) et ceux qui le sont moins (migrants Comoriens et la plupart des Malgaches). Ces derniers, en effet, par habitude (peut-être) mais surtout par nécessité économique se logent et se nourrissent à la manière de vrais campagnards avec qui d’ailleurs, la très forte majorité d’entre-eux entretiennent des relations très étroites.

Toutefois, l’opposition entre riche et défavorisé n’est pas absolue. Les uns et les autres ont recours pour leur nourriture aux ressources locales (riz, brèdes, tubercules, poisson…) exposées sur les étals des marchés, tant de la ville que ceux des localités suburbaines. Mais si les riches ont dans une très forte proportion, recours aux produits alimentaires d’origines locales, voire traditionnelles, l’adoption par les moins nantis du régime alimentaire Européen (lait concentré, boîte de conserve, beurre, fromage…) reste finalement limitée.

Aussi, l’approvisionnement de la population urbaine en produits alimentaires traditionnels se trouve-t- elle au cœur des préoccupations quotidiennes de tout un chacun. Une approche géographique des marchés urbains et périurbains s’avère d’une importance capitale en vue de l’amélioration de la situation alimentaire de la population urbaine de Morondava.

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Chapitre troisième :

APPROCHE GEOGRAPHIQUE DES MARCHES URBAINS ET DES PETITS POINTS DE VENTE DE LA VILLE

III.1 -Les marchés urbains de Morondava

En vue de satisfaire aux besoins alimentaires de sa population toujours plus nombreuse, la ville de Morondava dispose de deux grands marchés : le Bazar -be sis dans le centre- ville et le Bazar de Namahora qui est installé dans le quartier -fokontany dont il porte le nom.

Ces marchés – bazary –, du fait de leur localisation dans l’espace urbain s’adressent à une clientèle ayant un standing ou mode de vie assez spécifique quoique (comme on l’a déjà signalé dans l’introduction partielle) l’opposition entre les habitudes alimentaires ne soit absolue. Ainsi la fréquentation de ces deux places de marché par l’une ou l’autre de ces catégories sociales n’est pas exclusive et que les interférences sont de mise.

Etant situé à l’intérieur d’une ville qui est de taille plutôt moyenne et étant desservis ou approvisionnés par les mêmes fournisseurs, ces marchés vont être abordés distinctement dans leur contexte spécial de l’espace urbain mais les études des produits commercialisés vont être présentées ensemble.

III.1 .1- Le marché principal - Bazary be Le marché principal de Morondava qui jouxte la RN 35 se localise en plein coeur du quartier résidentiel. Occupant une superficie de 500m² environ, ce grand marché est constitué par un hangar central entouré par plus d’une vingtaine de petits pavillons fixes et plus d’une trentaine d’étaux mobiles faits de table en bois. La partie nord jouxte un espace d’une cinquantaine de mètres carrés réservés aux gargotiers où la plupart des acteurs du grand marché mais aussi des personnes de passage viennent prendre qui leur petit- déjeuner, qui leur déjeuner. On y compte une trentaine de gargotes qui offrent du riz avec les mets d’accompagnement divers (viandes, poisson, volailles,…), des beignets et /ou des galettes avec du café et du thé selon la demande de chaque client. Le Bazar Be est un marché relativement bien organisé spatialement. Chaque produit ou groupe de produits 40

Figure 5. LES QUARTIERS DE VENTE DES PRODUITS SUR LE BAZARY-BE

30 mètres N

G mètres 30 A R G O T E S

ROUTE NATIONALE (RN) 35 0 5 10 Échelle : LEGENDE mètres

: Riz : Viande de boeuf : Noix du coco

: Maïs : Bureau de la perception : Viande de porc

: Produits maraîchers : Limite du hangar : Viande de chèvre

: Fruits divers : Produits alimentaires : Enceinte du marché

: Légumineuses sèches : Produits de pêche frais

: Tubercules : Produits de pêche préparés

41 occupe un « quartier » assez bien défini : le quartier des produits de pêche (poissons, crustacés,…) occupe la partie Est, celui des produits carnés, les deux ailes Est et Ouest du hangar principal, les feuilles potagères (brèdes) de même que les autres légumes (tomates, carotte, pomme de terre, …) se trouvent sur la partie centrale ; les fruits et les noix de cocos sont majoritairement commercialisés au sud-ouest mais également à l’Est. Les étaux de vente de riz, plus dispersés, se mêlent avec celui du maïs sec et des légumineuses sèches (haricot, pois vohème, lentilles, etc.) mais on en trouve également sur la bordure extérieure Est et Sud de la place en contiguïté et même beaucoup plus loin. La partie septentrionale de la place est occupée par une vingtaine de gargotes. Il faut noter enfin que les tubercules de manioc et de patate douce sont exposées à même le sol sur le quartier Nord-Ouest de la place.

Ce nom de Bazary-Be (Grand- Marché) vient du fait que c’est le plus ancien des deux marchés et le plus grand mais aussi du fait qu’on se trouve à l’intérieur d’un véritable quartier résidentiel aisé et qui se trouve à l’intérieur d’une zone où se sont implantés la plupart des symboles du pouvoir : Commissariat, Gendarmerie Nationale, Palais de justice, différents services de l’administration, Eglises catholique et protestante sans oublier au milieu de tout ceci les divers grands magasins de commerce détenus par des Indiens – Karany,… Ces derniers ont pris la relève des Européens depuis que ceux-ci sont retournés dans leur pays d’origine depuis la période de l’Indépendance mais surtout avec la rupture des premiers Accords de Coopération avec la Métropole en 1973.

Etant donné l’augmentation du nombre de commerçants (autour de 150 à 200 actuellement ) et des produits offerts et vu la superficie occupée physiquement par le Bazar Be, il s’avère aujourd’hui que le grand marché de Morondava n’est plus suffisamment grand pour contenir tout le monde. Ce fait oblige un certain nombre de vendeurs d’étaler leurs marchandises à l’extérieur même de la place ou bien aller les commercialiser sur l’autre marché de la ville, celui de Namahora à l’Est. Comme on le mentionnera un peu plus tard, le commerce ambulant et le petit commerce de proximité sont également très prospères à Morondava.

III.1.2-Le marché de Namahora Occupant une superficie d’environ 400 m², le marché de Namahora s’est implanté dans le quartier dont il porte le nom. Ce quartier se situe à l’Est du noyau principal de la ville à une centaine de mètres environ, avant l’entrée de la route digue qui mène vers Morondava 42

Figure 6. LES QUARTIERS DE VENTE DES PRODUITS SUR LE MARCHE DE NAMAHORA

20 mètres

N

Hangar Semi-couvert 30 mètres

Boucherie et charcuterie

ROUTE NATIONALE (RN) 35

0 5 10 Échelle : LEGENDE mètres

: Riz : Viande de boeuf : Huile de coco et miel (en bouteille)

: Produits maraîchers : Viande de porc : Lieu de stockage des produits

: Zone d’habitation/ : Fruits divers : Produits de pêche frais concession privée

: Limite du hangar : Tubercules : Produits de pêche préparés

43 centre. S’implantant durant la première moitié des années « 1990 » dans une concession privée sise au sud de son site actuel, le Bazar de Namahora a été par la suite muté juste de l’autre côté de la route à partir de 1995. Comme la plupart des marchés malgaches, ce marché s’est vite révélé trop petit pour le nombre sans cesse croissant des commerçants si bien qu’aujourd’hui on revient petit à petit à la case départ. Autrement dit, une partie du marché empiète sur une trentaine de mètres carrés sur des concessions privées qui prélèvent raisonnablement des taxes d’occupation équivalent à ce que la municipalité perçoit auprès des marchands soit 100 Ariary par lot de 1 à 2m². Le marché de Namahora était considéré comme un véritable petit marché secondaire mais vu l’évolution actuelle de l’espace urbain de Morondava qui se développe à une vitesse grand V vers l’Est, il est ainsi permis de penser que d’ici peu, ses activités dépasseront celles du marché central dont le quartier d’implantation perd progressivement une partie de sa population qui déguerpit vers l’Est (de l’autre côté de la lagune) et une partie de sa superficie consécutivement à une érosion marine très intense. Les spécialistes estiment à une dizaine de mètres la largeur de la côte qui disparaît annuellement. Le hangar principal du marché de Namahora occupe une superficie de 150m² environ où une cinquantaine de vendeuses (de produits maraîchers principalement) exposent leurs marchandises sur des tables basses en planche. A l’instar du Bazar-Be central, la place du marché de Namahora est assez bien organisée. On y trouve un « quartier » pour les produits carnés (viande de porc et de bœuf) à l’entrée de la place, c’est-à-dire au sud du hangar principal où la municipalité a aménagé une vingtaine de tables cimentées avec des carreaux blancs pour être facilement nettoyables. Au nord du hangar principal, on trouve ce que l’on pourrait appeler un hangar secondaire. Ici le plancher, tout comme sur le quartier de viande, n’est pas cimenté et les commerçants (des femmes à plus de 90%) étalent leurs marchandises sur des étaux sommairement construits avec des tables en bois surélevées par quatre à six piquets de bois ronds. Ce hangar secondaire est seulement en partie couvert de tôles ondulées, l’autre moitié étant totalement laissée découverte faute de moyens. Tout à fait au Nord, le marché de Namahora se réduit à une place avec des marchandises étalées à même le sol et recouverts de toit en feuilles de cocotiers que quatre piquets de bois surmontent. Vers l’Est, dans une cour mitoyenne, les commerçants venant tout droit de la campagne exposent leurs marchandises (tubercules, maïs verts, tomates, …) à même le sol, dans des seaux d’eau et des cuvettes en plastique ou sur des sacs étendus par terre,…sans aucun toit pour les protéger. Namahora est un marché très populaire. Ceci se traduit dans l’espace par son extension rapide et régulière non seulement vers le nord comme il a déjà été constaté mais 44 aussi et surtout le long de la Route Nationale 35 qui le jouxte et ce, sur une distance de près de 1000 mètres, de part et d’autre de la chaussée. Les marchandises exposées sont ici très diversifiées : du riz décortiqué, des légumineuses sèches – voamaina, produits de la quincaillerie malgache, de l’habillement de toutes sortes, des matériels électroniques...des grillades et des beignets et des produits de la boulangerie,…Ainsi, Namahora a largement débordé ses limites originelles mordant sur la plupart des cours et des routes avoisinantes. L’embouteillage est ici devenu une réalité vécue quotidiennement. Ces phénomènes (grignotage d’espace de la périphérie du marché, embouteillages,…) ne sont-t-ils pas devenus, à Madagascar, une constante là où un marché s’est implanté ?

Outre ces deux grandes places du marché, il existe, dans les différents quartiers de la ville de Morondava, des petits étaux de vente des produits alimentaires agricoles pouvant être assimilés à de véritables petits marchés de proximité. Le commerce ambulant est également très prospère dans cette ville à l’ombre des cocotiers.

III.2-Les petits marchés de proximité et les étals « flottants »

La commercialisation des denrées alimentaires d’origine agricole ne s’effectue pas uniquement sur les places du marché . La démultiplication de ce que l’on pourrait appeler « marché de proximité » est très visible à travers les différents quartiers – fokontany de la capitale du Menabe. On remarque toutefois qu’ils sont beaucoup moins nombreux dans le centre-ville que dans les fokontany périphériques. Ceci est sans doute à mettre en rapport avec la stagnation sinon la diminution du nombre de population dont une partie toujours plus importante a choisi de déguerpir vers les « nouveaux » quartiers de l’Est. Les inondations annuelles mais aussi l’érosion côtière y sont pour beaucoup. Car si rien n’est fait pour freiner sinon arrêter l’érosion du littoral, l’avenir du centre-ville est incertain.

Ces petits étals de vente des produits maraîchers et /ou des autres produits agricoles se retrouvent dans des concessions privées ou le long des voies de circulation. Ces petits points de vente sont plus ou moins bien présentés, plus ou moins bien achalandés selon les moyens et selon les motivations de celui ou celle qui le détient.

Les étalages sont en général sommaires. Les uns sont constitués par une table en planches éclatées de 1.5 à 2m² en moyenne et qui est surmontée par quatre piquets de bois ronds de palétuviers – honko ; une toiture sommaire en feuilles de cocotiers garantit l’ensemble des rayons du soleil. Les autres sont aménagées dans les cases d’habitations ; 45 elles-mêmes sous la véranda, dans une cabine qui a une fenêtre donnant sur la route pour faciliter les tâches de la ménagère qui est à la fois mère de famille, bref , « femme à la maison ». Les marchandises offertes sont assez limitées mais elles sont souvent juste suffisantes pour sortir les vendeurs de l’oisiveté et libérer les ménagères de longs déplacements quotidiens vers le marché. Ainsi, on peut y trouver des légumes divers (feuilles potagères, tomates, légumineuses sèches ou vertes, etc.), des fruits qui varient selon les saisons (agrumes, bananes, papayes, etc.), des beignets, des galettes de riz – mokary et, plus curieusement, des produits pharmaceutiques. Les produits maraîchers proviennent des principaux marchés de la ville pour certains cas essentiellement de Namahora mais de plus en plus de la campagne périphérique. Ces marchandises sont, dans ce cas, acheminées par les paysans eux-mêmes : ils viennent en ville ou envoient quelqu’un de la famille, jeunes filles ou garçons, qui jouent le rôle de commissionnaires. Les bénéfices sont généralement partagés à part égale. Pour la vente dans les petits marchés de proximité, elle se fait toujours au petit détail (par tas, par pièces ou par boîtes de conserves vides – kapoaka (boîte de lait concentré, condensé de tomates). Outre les étaux de vente des produits agricoles, on trouve également dans certains fokontany de la ville des points de vente de viande de bœuf surtout mais aussi de porc. A l’instar des étals de vente des produits maraîchers, ceux de produits carnés sont construits assez sommairement ; le nombre de bouchers tourne autour de 2 à 4 personnes.

Il faut, cependant, signaler qu’il n’est pas rare de voir des commerçants qui n’ont besoin ni d’étalage, ni d’ombrage spécialement aménagé. Ils arrivent en ville, cherchent un pied d’arbre suffisamment ombragé et étalent leurs marchandises à même le sol ou plus précisément sur le sac sinon dans un panier ou un récipient (seau, cuvette en plastique) qui a servi à les transporter. Cette catégorie de vendeurs, sans être ambulants, occupe le plus souvent des points différents d’un jour à l’autre. On peut les qualifier de commerçants « flottants » des pieds d’arbre. En tout cas, ils ne s’adonnent à cette activité que de manière occasionnelle quand l’opportunité se présente à eux, c’est-à-dire lorsqu’ils ont quelque chose à offrir.

III.3-Le commerce ambulant - riorio

Le riorio ou encore mandriorio est une activité très prospère dans la ville de Morondava où il ne se passe pas une heure ou deux au maximum sans qu’on n’entende la criée d’un (ou d’une) vendeur (vendeuse) qui signale à ses clients potentiels son passage. 46

PLANCHE III

Commerce ambulant de vin de palmier – Kalalo – par des jeunes filles et …

Photos 5. "Entrez ! Entrez ! Quel est le prix du litre de votre sora ? Je vais en acheter un peu pour mon époux qui vient de rentrer de son travail !"

…celui de noix de coco vert – Madrafo – par un jeune homme.

Les unes aussi bien que les autres sont originaires des villages périphériques.

Photos 6. "Achetez mes madrafo ! Il n’en reste plus que quatre ! J’en avais amené plus d’une trentaine. C’est la preuve qu’ils sont vraiment bons ! Je peux même vous faire une remise !" 47

Cette activité concerne pratiquement tous les produits en provenance de la campagne : bois de chauffe et charbon de bois transportés par charrette, noix de coco verts – madrafo , sora qui est une sorte de vin extrait d’un palmier localement appelé kalalo et toute sorte de produits maraîchers

Pour ce qui est des produits alimentaires, la vente ambulante concerne particulièrement les produits maraîchers (feuilles potagères, tomate,…) le madrafo , et l’inévitable vin de kalalo mais aussi le lait frais . Ces produits proviennent des quartiers – fokontany – et villages périphériques de la ville tels que Tsimahavaobe, Tsimahavaokely, Antsakoameloke,…où résident les mpandriorio eux-mêmes. Cette activité intéresse aussi bien les hommes que les femmes. Il s’agit surtout des jeunes dont l’âge moyen tourne autour de 15 à 25 ans. Les femmes transportent leurs marchandises dans des récipients en plastique (seaux d’eau, cuvettes) qu’elles mettent en équilibre sur leur tête tandis que les hommes utilisent généralement un fléau de bois aux extrémités duquel sont suspendues les marchandises. Ainsi, sont transportés les madrafo , le gros pois vert en panier, la tomate, les feuilles potagères. Certains produits tels que les légumineuses sèches (haricot, le pois du cap) sont mis dans un sac à moitié plein et déposé directement sur l’un des épaules tantôt à droite tantôt à gauche du porteur -mpitarazo . C’est ainsi que chaque matin, les marchands ambulants sillonnent les quartiers de la ville de Morondava, allant de porte à porte proposer le contenu de leurs sacs ou de leurs récipients.

Dans la très forte majorité des cas, ce sont des produits verts ne pouvant pas être conservés très longtemps qui sont commercialisés par le système du porte à porte –riorio. D’une manière générale, les produits sont meilleur marché que ceux qu’on expose sur les places du marché. Trois ou quatre raisons majeures expliquent ce phénomène : tout d’abord le mpandriorio ne paie ni taxe, ni droit de place, ensuite ils sont pressés de retourner chez eux pour s’adonner à d’autres tâches agricoles et enfin, à force de fréquenter presque toujours les mêmes clients, ils en sont, en quelque sorte, devenus des amis – nama . On peut ajouter une quatrième raison basée sur le fait que la plupart des produits verts ou frais se détériorant assez rapidement, le vendeur ambulant ne peut pas se permettre d’être trop exigeant. Il doit être plus perméable au traditionnel marchandage – adivarotsy cher aux Malgaches de quelque région soient-ils, surtout que, de surcroît, on est dans une des zones les plus chaudes de Madagascar. 48

Pour ce qui est de la clientèle, les mpandriorio s’adressent aux principales catégories de personnes : les consommateurs (clients occasionnels et /ou abonnés), les revendeurs.

Les consommateurs occasionnels sont des personnes qui, d’habitude se rendent au marché pour avoir beaucoup plus de choix dans leurs achats mais lorsqu’ un empêchement se présentait, ils peuvent toujours se servir auprès des mpandriorio.

Les abonnés, quant à eux, sont des clients qui, à force d’être servis par les mêmes fournisseurs et ne disposant pas suffisamment de temps pour se rendre au marché ont en quelque sorte noué un accord avec un ou des marchands ambulants pour les approvisionner régulièrement. Ce cas est assez rare mais mérite tout de même d’être signalé.

Pour ce qui est des revendeurs, il s’agit tout simplement des personnes, mères de famille surtout, qui, désirant participer à l’amélioration du budget de famille, aménage un petit étal de proximité dont l’approvisionnement se fait par l’intermédiaire des marchands ambulants. Pour ces derniers, elles constituent une clientèle sûre.

Il importe enfin de signaler, qu’à Morondava, il existe une catégorie de marchands ambulants, clandestins, qui s’adonnent au riorio des produits de chasse comme les sarcelles -vivy (Dendrocygna viduata ou D. fulva), les canards à bosse – tsivongo (Sarkidiornis melanotos). Ils le font tout en sachant pertinemment que ce sont des espèces protégées mais comme les consommateurs sont nombreux, ils prennent le risque. En tout cas, on n’a jamais entendu quelqu’un se faire inquiéter pour ce genre de commerce qui se fait même parfois sur les grandes places du marché avec non seulement ces espèces aviaires mais aussi et surtout sur les sangliers – lambo (Potamochaerus larvatus).

Conclusion Ainsi, pour le bien-être de la population de Morondava, des marchés et des petits points de vente se sont créés et éparpillés dans tous les quartiers de l’espace urbain. A ces petits marchés de proximité, la vente ambulante, également très prospère, mobilise les jeunes ruraux et paysans des villages de la périphérie qui se dirigent chaque matin vers la capitale régionale. S’adressant à des clients plus ou moins distincts par leur origine sociale, leurs habitudes alimentaires ou leur capacité financière, ces marchés et points de vente évoluent en fonction de l’évolution de la démographie de la ville elle-même. Les produits offerts reflètent la composition générale de la population. 49

Chapitre quatrième : LES HOMMES SUR LES MARCHES

Evaluer le nombre de clients qui achètent quotidiennement sur les marchés de Morondava relèverait d’un véritable tour de force. Les enquêtes que nous avons menées personnellement à travers les différents quartiers – fokontany nous permettent de situer approximativement la population globale de la ville aux environs de 35000 à 40000 habitants. En estimant que la taille d’un ménage est de 5 personnes, on évalue ainsi à entre 7000 et 8000 le nombre moyen de clients qui se rendent quotidiennement aux deux marchés en supposant que chacun fait au moins un achat par jour. L’évaluation est d’autant plus difficile s’il faut déterminer la composition et surtout la quantité de ces achats quotidiens. Aussi faut-il prendre les données chiffrées comme de simples estimations permettant d’avoir un certain ordre de grandeur, de fréquence, etc.

Au sujet des commerçants qui s’installent à l’intérieur de la place des marchés, nous les avons estimés autour de 500 à 600 dont 250 à 300 au marché de Namahora et 300 à 350 au grand Bazar du centre-ville. La flexibilité du nombre de commerçants, du fait de l’irrégularité de l’arrivée de certains produits, ne permet pas d’avancer un chiffre exact et définitif, sans compter que de nouveaux candidats accèdent quasi-quotidiennement sur les places.

IV.1-Les commerçants

La composition des commerçants sur les places du marché révèle une fois de plus, la division des tâches entre des catégories de personnes. Il existe une répartition des rôles entre des personnes de sexes opposés, c'est-à-dire entre hommes et femmes, entre des gens d’origines géographiques et/ou ethniques différentes. 50

IV.1.1-La répartition sexuelle des commerçants Tableau 7. Répartition sexuelle des spécialités dans le commerce

Homme Femme Produits Nombre total Nombre Nombre Nombre Nombre vendus de vendeur absolu relatif (%) absolu relatif (%) Poissons 35 5 14 30 86 Crevettes 24 00 00 24 100 Patsa ( Caridina sp. ) 6 00 00 06 100 Viande bovin 30 24 80 06 20 Viande porc 26 18 69 08 31 Feuille potagère 45 00 00 45 100 Tomate 31 25 81 06 19 Oignon 23 11 48 12 52 Tubercules 28 16 57 12 43 Riz 21 16 76 05 24

Graphiques 2-3-4. Répartition sexuelle des commerçants par grandes spécialités

Hommes : Femmes: Hommes: 7,7 % 25 % 46 %

Femmes: Hommes: Femmes : 54 % 75 % 92,3 %

2-Vendeurs des produits de 3-Vendeurs des produits 4- Vendeurs des produits pêche végétaux carnés

Hommes et femmes sont présents sur les places du marché. Si souvent les produits commercialisés sont les mêmes, on constate qu’il existe quelques exceptions.

Sur l’ensemble des deux marchés, les feuilles potagères et les légumes divers (tomates, légumes « européens », …) sont, en général, vendus par les femmes. C’est ainsi que sur les 59 maraîchers enregistrés sur le marché du centre-ville, 53 (89,8%) sont des femmes et 6 seulement (10,2%) sont des hommes (constat après 3 passages au cours de la semaine du lundi 22 au dimanche 28 septembre 2008). Sur le marché de Namahora, la situation est sensiblement la même mais les hommes sont encore nettement moins impliqués dans ce commerce de traka . D’une manière générale, la participation des hommes dans la vente de légumes sur les places du marché se limite à la vente des légumes 51

« européens » et le plus, souvent, ce sont les originaires des Hautes Terres malgaches. Il faudrait signaler que pour les produits pondéreux et dont l’acheminement vers la ville est rendu difficile à cause du mauvais état des voies de communication (oignons de Manja par exemple…), les hommes s’investissent un peu plus (ne serait-ce que pour aider leurs femmes).

La commercialisation des produits carnés (viande et charcuteries diverses) constitue l’apanage des hommes. Si la femme y participe, c’est juste pour prêter main forte au « conjoint » mais il faut dire qu’on la trouve plutôt rarement à la commande d’un étal de boucher.

Pour ce qui est de la vente des produits halieutiques, les commerçants sont constitués presque entièrement par des femmes. En dehors d’être mariées à un pêcheur, elles peuvent être quelqu’une de la famille ou voisine sinon simple cliente qui a conclu un accord de partenariat avec le pêcheur qui préfère confier la vente sur les places du marché à un quelqu’un d’autre. Le paiement du prix des marchandises se fait généralement après écoulement des produits.

IV.1.2-Les produits et les origines géographiques des vendeurs On trouve sur les marchés de la ville des commerçants qui sont originaires des zones rurales, le plus souvent de la périphérie urbaine. Ces paysans montent en ville pas seulement pour vendre mais aussi pour faire des provisions et le prix de leurs produits leur permettra de faire leurs achats. Ainsi, d’habitude la vente des produits est laissée à une personne de confiance ou un partenaire qui réside en ville et qui bien souvent est un néo- citadin originaire du même village que le paysan producteur. L’acheminement des produits vers la ville est laissé aux soins des taximen (transport de manioc, de patates douces, etc.) ou des colporteurs (feuilles potagères, tomates, etc.). Ces colporteurs originaires des campagnes sont des jeunes de 15 à 20 ans environ.

Pour ce qui est de la vente des produits maraîchers et/ou de fruits dont la production ne peut pas se faire dans la région du Menabe, les vendeurs sont majoritairement originaires des zones de production. Ainsi, par exemple, les vendeurs de pomme de terre et de carottes ou de pomme et de poire,…sont des originaires des Hautes-Terres malgaches.

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PLANCHE IV

"Il me faut bien former les tas pour ne pas être perdante !"

Photo 7. Etaux de légumes détenus par des vendeuses citadines : produits exposés sur des tables (Bazary Be)

"Eh vous ! Faites un peu attention ! Ne piétinez pas mes tomates hein !

Photo 8. Les commerçants originaires des zones rurales exposent leurs marchandises à même le sol (Marché Namahora).

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IV.1.3-Les produits et l’appartenance ethnique des commerçants Tableau 8. Répartition ethnique de grandes spécialités

Principaux Produits Vendeurs producteurs Riz Sakalava, Betsileo Sakalava, Korao Manioc, patates douces Antandroy, Korao Antandroy, Korao Maïs Antandroy, Korao Antandroy, Korao Légumes (Traka) Sakalava Sakalava Légumes européens Merina Merina Kabaro Sakalava, Korao Sakalava, Korao Banane Sakalava Sakalava Poisson de mer Vezo, Sakalava Vezo, Sakalava Poisson d’eau douce Sakalava, Korao Sakalava, Korao Viande bovine Sakalava Merina/Vakinankaratra Viande porcine Merina/ Vakinankaratra Merina/ Vakinankaratra Produits Sakalava, Korao Sakalava, Korao

L’impression qui se dégage assez nettement dans la composition ethnique des commerçants est que chaque groupe prédomine dans la vente du ou des produits dont ils sont les (ou l’un des) principaux consommateurs. Ainsi, à titre d’exemple, la vente des plantes à tubercule (manioc, patate douce) est entièrement dominée par les Antandroy et les Korao alors que les Sakalava sont parmi les plus gros vendeurs de riz par kapoaka . Il faut signaler qu’ils sont talonnés de près par les Korao et les Antandroy dans ce domaine. Ces deux groupes ont migré dans le Menabe afin de trouver du travail. Une fois sur place, ils se sont mis à embrasser les mêmes activités que les locaux, en dehors bien sûr de leurs occupations traditionnelles.

Dans cette analyse assez succincte de la répartition des tâches commerciales entre les groupes qui forment la société morondavienne, on ne peut pas dire qu’il existe une barrière qui empêche telle ou telle catégorie de personne à s’adonner à telle ou telle activité. La seule limite est l’habitude ou peut-être aussi la tradition. Il suffit à cet effet de constater qu’à Morondava, les vendeurs de viande de porc sont les gens des Hautes-Terres de Madagascar. Tout d’abord, ils sont reconnus dans tout le pays comme très friands de henan-kisoa ; ensuite, si à Madagascar la viande de porc est traditionnellement taboue – fady pour un certain nombre de groupes dont les Sakalava, ceci est loin d’être le cas chez les gens du Vakinankaratra pour qui aucun mets n’est aussi délicieux que la viande de porc. Pour terminer avec les commerçants, il faut souligner le facteur jeunesse dans cette activité. La quasi-totalité des marchands ambulants ont entre 14 et 25 ans pour ceux qui 54 procèdent à la vente de porte à porte à pied mais pour ceux qui viennent par charrette, leur âge peut atteindre les 30 à 35. A signaler que le commerce ambulant -riorio par charrette concerne surtout le charbon, le bois de chauffe mais presque jamais les produits alimentaires.

IV.2-La clientèle des marchés

Comme nous l’avons signalé dans l’introduction de ce chapitre, il n’est pas facile, pour ne par dire impossible de donner le nombre exact des clients des marchés de Morondava. Les statistiques manquent et les commerçants n’ont « pas le temps de compter le nombre d’acheteurs qui passent chaque jour » (réponse globale des vendeurs questionnés). Peut être qu’on ne peut pas évaluer exactement leur nombre, qu’on ne peut pas savoir combien ils achètent précisément mais ils sont là, bien présents et font convenablement vivre les ménages des commerçants.

IV.2.1-La composition de la clientèle des marchés La première impression qu’on a en fréquentant les marchés est que les Etrangers sont peu nombreux. Autrement dit, il est rare de les trouver parmi la clientèle des marchés, même sur le marché central. Minoritaires parmi la population, les Etrangers n’aiment pas beaucoup fréquenter les marchés. Les achats sont en général confiés aux ménagères. Parmi la clientèle des marchés, les femmes sont les plus nombreuses. Elles représentent environ 75 à 80% du total des clients présents sur les places.

Quant à leur origine géographique, la quasi-totalité des clients du Bazar central sont des citadins. La majorité réside dans les quartiers de l’Ouest tels que Betania, Andakabe Andabatoara et Avaradrova mais les habitants des fokontany de l’Est y viennent également mais en nombre beaucoup plus restreint. Pour le marché de Namahora, la clientèle vient surtout des quartiers de l’Est dont Ankisirasira, Namahora -nord et Namahora Sud, Ambalanomby où réside la quasi-totalité des bouchers et charcutiers de la ville. Namahora est peut être considéré comme le marché-brousse de la ville même s’il n’y a pas de marché hebdomadaire. En effet, tous les commerçants qui viennent de la campagne tentent d’écouler leurs marchandises sur ce marché. Il suffit d’y passer de bon matin pour constater de visu l’afflux de plusieurs centaines de ruraux qui par charrette, qui par bus et taxi-brousse, qui (encore plus nombreux) à pied avec les marchandises sur les épaules ou sur la tête, convergent vers le marché de Namahora. Ce qu’il faut également constater est que ces ruraux se rendent en ville pour vendre mais aussi pour acheter. Venus en ville avec 55 des légumes, du manioc ou d’autres produits agricoles et de cueillette, ils rentrent au village avec du poisson, de la viande et d’autres produits de première nécessité (PPN).

Pour les citadins ou pour les ruraux, les habitudes d’achats sont étroitement liées aux capacités financières de chacun. La structure socio-économique de la population permet de distinguer trois grandes catégories de clients aux marchés : -les couches sociales les plus modestes achètent par petites quantités des denrées alimentaires de productions locales telles que riz, tubercules auxquels s’ajoutent le poisson, les crevettes et surtout l’inévitable feuille potagère. Il faut noter que les produits achetés par cette catégorie de clientèle ne sont pas de meilleure qualité. Les achats en viande se réduisent à une ou deux fois par semaine et les volailles ne sont consommées qu’à l’occasion des grandes fêtes en général ; -les couches moyennes de la population sont composées par ceux qui ont un revenu régulier. On peut citer ainsi les fonctionnaires, les employés des sociétés et institutions privées (Organisations Non Gouvernementales, grandes maisons de commerce, etc.). Cette catégorie, du fait de la régularité de ses rentrées d’argent peut se permettre d’acheter des produits, fréquemment des volailles, des poissons de meilleure qualité. Ces produits animaux sont préparés et consommés avec des légumes « européens » préparés avec de l’huile de table (frits, saucés, etc.). Et c’est ce qui fait la petite différence par rapport à la couche précédente où la consommation quotidienne est à base de feuilles potagères et de la tomate préparée à l’eau –romazava . Les achats en denrées facilement périssables se font quotidiennement faute de moyens de conservation au frais. Si leurs moyens leur permettent d’acheter leurs aliments quotidiennement, ils ne les autorisent pas toujours à s’équiper en matériels de réfrigération adéquats (armoire frigorifique par exemple) ; -la couche sociale aisée est très peu présente sur les marchés même sur celui du centre ville. Leurs emplettes sont effectuées, le cas échéant, par les ménagères et les commissionnaires. Bien souvent aussi, ce sont les commerçants (pêcheurs, producteurs) qui leur livrent les produits. Les riches peuvent se rendre directement aux lieux de production pour constituer leurs stocks à bon prix. Disposant des matériels de réfrigération adéquats, ils ont toutes les latitudes pour acheter autant qu’ils le souhaitent. De toutes les façons, ce n’est pas l’argent qui leur manque pour bien consommer.

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IV.2.2-Les affluences des clients sur les marchés. L’affluence des clients sur les marchés varie assez sensiblement. Elle varie selon les heures, les jours et les mois.

IV.2.2.1-Les affluences quotidiennes

IV.2.2.1.1-Les affluences de la matinée La première grande affluence, matinale, se situe entre 05 et 06 h 30. Cette première affluence est surtout le fait des revendeurs – mpanao tongotsy qui viennent à la rencontre des paysans ruraux. Ces derniers se rendent très tôt pour vendre en gros ou pour faire leur livraison. Les lieux de transaction se situent souvent à l’extérieur des places, le long des routes qui les jouxtent et parfois même sur les lieux de débarquement, en cas de transport par taxi-brousse ou par bus. Avec les mpanao tongotsy affluent également les gargotiers et petits hôteliers qui viennent s’approvisionner en produits bon marché. Une fois les marchandises acquises, les revendeurs s’installent à leur place habituelle. Ils redeviennent des vendeurs et attendent les clients matinaux qui commencent à affluer. Ces derniers sont composés d’une forte majorité de femmes au foyer et mères. Elles se rendent au marché en confiant la garde des enfants à leur père pendant que celui-ci est encore à la maison.

La deuxième grande affluence est celle des ménagères qui viennent faire leurs achats quotidiens. Femmes de ménage, mères de famille ou femmes seules,…affluent aux environs de 08h30 à 10h. Les marchés sont particulièrement animés en ce moment-là. La clientèle consommatrice très nombreuse est issue dans sa forte majorité de la couche sociale la plus modeste. D’ailleurs les bruits qui animent les marchés à cette période précise sont générés par les marchandages. Chacun essaie de tirer meilleure partie des transactions. Etant donné la catégorie sociale de la majorité des clients, les achats portent surtout sur les feuilles potagères – traka , la tomate, les poissons de diverses préparations (fumés,séchés), des crevettes bouillies ou séchées et, le cas échéant, les tubercules (manioc, patate douce) ou le maïs frais (tsako le ). Les achats en viande sont quantitativement très limités et parfois les acheteurs se contentent des abats qui coûtent peu cher et que les gens considèrent ainsi, à tort ou à raison, comme appartenant à la plus basse catégorie. 57

IV.2.2.1.2-Les affluences des après-midi. Dans l’après-midi, il n’existe qu’une seule grande affluence. Elle se situe entre 16h30 et 18h30. Les marchés connaissent ainsi leur dernière animation de la journée. Des ménagères de même que des ouvriers et employés sortis de leur travail y passent pour faire quelques achats en produits qu’ils n’ont pas pu avoir dans la matinée. A noter que le fait de faire ses achats durant l’après-midi relève parfois des habitudes pour certaines personnes. D’aucuns constatent, en effet, que certains produits, sans perdre de leur qualité, voient leur prix diminuer parce que le (la) commerçant(e) est pressé(e) de rentrer. C’est une occasion à ne pas manquer pour les consommateurs avertis. Il existe, en outre, des denrées qui font leur entrée sur les places du marché durant les après-midi. C’est le cas des produits de pêche frais (poissons et crevettes de mer et/ou d’eau douce). Cette affluence de la fin de la journée ne s’explique pas seulement par l’arrivée des « nouveaux » produits sur la place. Certains habitués constatent qu’il est plus avantageux d’acheter la viande à cette période. Non seulement les bouchers/charcutiers sont plus perméables aux marchandages mais aussi la viande, s’étant petit à petit déshydratée, pèse de moins en moins lourd sur la balance. Elle ne perd, cependant, pas pour autant ni de sa qualité gustative, ni de sa propreté à la consommation. Ainsi pour le même poids, l’acheteur gagne en volume.

VI.2.2.2-Les affluences mensuelles et/ou annuelles : Les fortes affluences se remarquent également vers la fin des mois lorsque les salariés perçoivent leur salaire. Ils profitent de ce moment pour améliorer un peu leur régime alimentaire. Les étalages des bouchers, des charcutiers de même que les points de vente de volailles connaissent une certaine animation.

En dehors des fins de mois, les jours de fêtes (Noël, Nouvel An, Pâques, Fête de l’Indépendance, fin du Ramadan,…) sont aussi, pour les places du marché ceux de grandes affluences. L’animation est à son comble chez les étaux des bouchers et/ou des charcutiers, des vendeurs des légumes « européens » et des marchands de volailles. Chacun, même les ménages les plus modestes, s’efforcent pour consommer en ces jours exceptionnels des repas inhabituels.

VI.3-Les auxiliaires des marchés

En dehors des commerçants et de la clientèle, il existe d’autres personnes qui travaillent sur les places du marché et qui font partie des « paysages » quotidiens des marchés si on peut l’exprimer ainsi. Ce sont les agents qui sont spécialement payés par la 58 municipalité pour assurer la perception journalière des taxes, le gardiennage. A ces agents communaux, on peut ajouter ces hommes, jeunes pour la plupart des cas, qui proposent leurs services aux clients sortis des places et qui ont beaucoup de marchandises à ramener à domicile. Ces jeunes prestataires de service seront appelés « brouettiers » tout simplement parce qu’ils utilisent la brouette pour assurer le transport des marchandises.

IV.3.1-Les auxiliaires communaux : IV.3.1.1-Les percepteurs des marchés Ce sont les agents payés par la commune pour assurer la perceptions quotidienne des taxes auprès des commerçants sur les places du marché et même un peu à l’écart comme sur les trottoirs des routes qui les jouxtent. Les percepteurs sont toujours présents sur les places étant donné que les vendeurs sont susceptibles d’y arriver chacun à ses heures surtout ceux qui sont des villages éloignés.

IV.3.1.2-Les gardiens Afin de garantir la sécurité des marchandises qui sont laissées sur les places pendant la fermeture, la municipalité de Morondava paie des agents qui assurent la garde des marchés. Ce sont donc ces mêmes agents qui ouvrent les marchés de très bon matin vers 06 heures pour les fermer aux environs de 18 heures. Il importe de signaler que les heures d’ouverture ou de fermeture des places dépendent des saisons. En saison chaude, la durée de fonctionnement des marchés sont plus longues (car le jour est plus long) qu’en saison fraîche (la journée étant plus courte).

IV.3.2-Les auxiliaires « indépendants » Ils sont constitués par les prestataires de services qui sillonnent les marchés, essentiellement de Namahora. Il en existe deux catégories : les « charretiers » et les « brouettiers ».

IV.3.2.1-Les brouettiers Ils se chargent du transport des produits de faible quantité et pas trop lourds mais suffisamment encombrant pour que l’acheteur puisse le transporter sans recours. La charge d’une brouette n’excède généralement pas la cinquantaine de kilogrammes. Le tarif de transport par brouette dépend de la distance à parcourir mais en moyenne le client paie Ar.200 pour 500 mètres environ. Cependant, d’autres facteurs peuvent entrer en jeu dans la conclusion du frais à payer pour le transport d’un produit déterminé : relation personnelle entre clients et prestataires de services, état de la route à parcourir (goudronnée, 59 sablonneuse, boueuse,…). Le brouettier travaille individuellement. En général, ce sont de jeunes hommes qui, pour certains, sont récemment entrés dans le marché du travail. Leur âge moyen tourne autour de 18 à 20 ans ou juste un peu plus. Leur jeunesse constitue une des raisons qui expliquent que leur tarif de transport est en général abordable pour presque tout le monde. L’essentiel pour ces jeunes est d’avoir leur pain quotidien. Le reste viendra plus tard.

VI.3.2.2-Les charretiers Pour le transport des marchandises lourdes et/ou pondéreuses, le client peut s’adresser aux charretiers qui sont très nombreux sur le marché de Namahora. Les ménagères s’adressent rarement à ces charretiers car les produits achetés en quantité limitée ne demande pas ordinairement le recours aux charrettes, ces dernières étant surtout utilisées par les commerçants qui se rendent ou rentrent du marché avec leurs marchandises.

Les charretiers travaillent par groupe de deux. La constitution en équipe est rendue nécessaire d’une part, par le fait que la charrette est mue par la force musculaire des hommes (l’un tire tandis que l’autre pousse) ; d’autre part, le chargement du véhicule n’est pas toujours à faire pour une personne seule. Les charretiers sont pour la plupart des jeunes de moins d’une trentaine d’années mais en général on constate qu’ils sont plus âgés que les brouettiers. Cela signifierait-il que le métier de brouettier prépare-t-il celui du charretier ? Autrement dit qu’on achètera sa charrette quand on aura suffisamment de moyens pour le faire ? Là-dessus les avis des personnes directement intéressées divergent car beaucoup espèrent qu’après la brouette viendra, sans transition aucune, les véhicules motorisés (taxi ville, taxi-brousse, bus,…). Ainsi, dans ce monde très brouillant du marché, chacun pense tout bas que demain sera meilleur, beaucoup plus meilleur qu’aujourd’hui.

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CONCLUSION PARTIELLE

L’étude des marchés et des différents systèmes de vente qui existe à Morondava a permis de constater la persistance d’une certaine inertie au niveau des habitudes alimentaires d’une grande partie de la population. Toutefois, on ne peut pas passer sous silence le fait que quelque chose commence à bouger. La capitale du Menabe est en train de se satisfaire elle-même en produits maraîchers. Presque partout dans les campagnes environnantes se créent des jardins potagers dont la ville constitue, du moins jusqu’à actuellement, le seul débouché. Cette diversification des produits cultivés dans les zones rurales constitue l’un des éléments de réponse à la demande progressive de la population en forte croissance. On peut dire que l’approvisionnement alimentaire d’une ville reflète, avant tout, la nature des produits disponibles dans une région tout en permettant d’avoir une idée sur l’importance des relations qu’elle puisse avoir avec son arrière-pays et les autres régions.

Troisième partie LES ZONES DE PROVENANCE DES PRODUITS

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INTRODUCTION PARTIELLE

Morondava se trouve à la tête d’une des plus grandes régions productrices de riz à Madagascar. A cela s’ajoutent les autres produits vivriers tant de l’agriculture (manioc, patate douce, maïs, banane, …) que de la cueillette (ignames, goyave, jujube, …) que peut lui fournir l’ensemble des communes et districts qui composent la région. Pour ce qui est des produits de l’élevage, la ville dépend presque totalement de son arrière-pays en matière de bovidés et de volailles mais en matière d’élevage porcin, elle a atteint l’autosuffisance et peut même en exporter vers les autres régions comme les Hautes-Terres malgaches, par exemple. L’une des caractéristiques de la région est l’existence d’une frange littorale exceptionnellement riche en ressources halieutiques alors que l’intérieur dispose de plusieurs plans d’eau et cours d’eau qui recèlent des ressources inestimables de poissons et de crevettes d’eau douce. A priori, on risque de dire que la région se suffit à elle-même mais la situation n’est pas aussi simple et c’est ainsi qu’on trouve sur les étaux des marchés et des différents points de vente des produits d’origines extra-régionales.

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Chapitre cinquième : LES ZONES AU SERVICE EXLUSIF DE MORONDAVA

Morondava n’est pas uniquement consommatrice de denrées alimentaires. Elle en produit également pour satisfaire ses propres besoins. L’espace urbain offre à ses habitants toute une série d’activités qu’on trouve ordinairement dans les zones rurales : la rizière tranche encore dans le paysage tel qu’on la voit dans les fokontany d’Ambalanaomby ou de Namahora -Nord. Les arbres fruitiers représentés par le cocotier sont présents dans pratiquement toutes les cours si bien que la ville fait figure d’une cité à l’ombre des cocotiers. L’observation à distance du paysage de certains quartiers (Namahora, Avaradrova, Tanambao,…) donne l’impression d’apercevoir des plantations de palmiers. En dehors de l’agriculture, l’élevage, surtout celui du porc est devenu aujourd’hui un véritable phénomène car presque tous les ménages, même ceux pour qui la consommation est taboue, en font l’élevage. Quant à la pêche, elle constitue l’activité principale de la majorité des habitants des quartiers de Betania (au sud de la ville) et d’Avaradrova (au nord).

V.1-La production urbaine de vivres

V.1.1 -L’agriculture alimentaire urbaine En dépit de la présence de l’inévitable palmier cocotier et de quelques manguiers, on ne peut pas dire que l’espace urbain de Morondava a une vocation agricole. Quelques rizières existent au nord des quartiers d’Ambalanaomby et de Namahora mais elles commencent à connaître un sérieux problème de salinisation. Cette situation est imputable, du moins en partie, au défrichement de la quasi-totalité de la mangrove qui occupait, il y a à peine une dizaine d’années, la zone située au nord de la route-digue entre les quartiers d’Andabatoara et de Namahora. C’est ici, en effet, qu’une forte colonisation des originaires des Hautes-Terres malgaches s’est installée. Les jardins de case sont ainsi très rares dans cette ville à cause essentiellement de la salinité de son sol. Toutefois une grande partie de la population pratique l’agriculture ou du moins dispose d’un lopin de terre dans les zones périphériques de l’Est. Ces terres sont exploitées en mode de faire-valoir direct ou indirect (fermage, métayage). La plupart des citadins qui disposent de terrains de cultures ont des 64 emplois en ville : ils sont fonctionnaires ou employés de bureau dans une société de service quelconque. Ils ne peuvent pas ainsi disposer suffisamment de temps pour s’occuper de leur terre. Le métayage et/ou le fermage deviennent les seules options. Il existe, cependant, des salariés qui, pour réduire les dépenses alimentaires, leurs salaires étant trop bas, tentent de louer des terres à ceux qui en disposent. Dans ce cas, l’un du couple qui n’a pas d’emploi salarié s’occupe de la culture tandis que l’autre vient prêter main forte à son partenaire pendant ses périodes de congé, de vacances ou durant le week-end.

D’une manière générale, ces terres exploitées par les citadins se situent à l’intérieur d’un rayon de 15 km de la ville. Pour s’y rendre, plusieurs moyens peuvent être utilisés. Ceux qui ont l’opportunité d’avoir un champ à proximité de la ville (moins de 5km) peuvent pratiquer la marche à pied ou la bicyclette ; les autres ont le choix entre la motocyclette (moyen personnel), le bus ou le taxi-brousse d’ailleurs très nombreux. La portion de la route qui relie la ville de Morondava à la commune rurale de Bemanonga offre sur chaque côté et sur plus d’une dizaine de kilomètres, un paysage ininterrompu de champs de cultures où tranchent partout les rizières entourées souvent de quelques plantations de bananiers et de cocotiers. Certains de ces champs appartiennent à des citadins et gérés par des fermiers ou des métayers. De plus en plus, actuellement et avec la forte immigration des originaires des Hautes Terres, le maraîchage a acquis une certaine popularité

Cette agriculture connaît dans la périphérie immédiate de la ville un problème quant à sa survie. L’érosion de la côte morondavienne par la grande houle du sud-ouest mais aussi et surtout les inondations de plus en plus dévastatrices ces dernières années poussent les habitants du centre-ville à s’implanter vers les villages de l’Est. C’est ainsi que des rizières sont progressivement occupées par des cases d’habitation. Certaines personnes pensent même que vu le déguerpissement actuel des citadins, le village de Bemanonga sis à 8 km à l’est de la capitale du Menabe sera sans doute l’une des plus grandes localités de ce district.

Bref, si l’on parle de l’activité agricole urbaine pour le cas de Morondava, ce n’est pas que l’agriculture occupe totalement ou partiellement le tissu urbain. Excepté les arbres d’ombrage (cocotiers essentiellement), les champs et les jardins potagers n’y existent pratiquement pas. L’agriculture urbaine est plus proprement « périurbaine » et les « paysans » ne sont plus des ruraux mais des citadins à part entière qui, pour diverses 65 raisons, sont contraints de s’accrocher à cette activité du secteur primaire. A cet effet, dans son mémoire de Diplôme d’Etudes Approfondies (D E A) intitulé « Migrations et dynamique de l’espace urbain de la ville d’Antsiranana », aux pages 62 et 63, JAOFETRA Tsimihato a apporté des explications sur la persistance de l’agriculture en milieu urbain. Il écrit : « Plusieurs cas peuvent se présenter : nous en relevons trois qui nous semblent les plus importants : Cas 1 : Agriculture, activité d’attente : Subjuguée par la vie urbaine, telle personne a décidé de vivre en ville même si elle n’y a pas encore trouvé du travail. Elle retourne périodiquement à la campagne au moment des travaux des champs. Ce retour périodique à la campagne prend fin lorsqu’elle trouve en ville un emploi salarié, une situation meilleure. Donc l’agriculture est ici une activité exercée en attente d’une promotion sociale

Cas 2 : Agriculture, secteur-refuge : Certaines personnes résident en ville et y exerce des activités qui sont assez mal définies. Propriétaires absentéistes, elles possèdent dans leur village des propriétés qu’elles font exploiter par des parents ou des métayers. Cette catégorie de citadins qui vit de la « rente foncière » se déclare paysans à part entière.

Cas 3 : Agriculture, principale activité Enfin, il existe des citadins qui sont plutôt de nature paysanne. Possédant des champs de culture à la périphérie de la ville, ils se consacrent corps et âme à l’activité agricole. Ne cherchant plus d’autres emplois, ils se contentent de vendre le surplus de produits sur les places du marché urbain ».

Ainsi, à propos de l’agriculture urbaine, quelques remarques s’imposent : -il existe plusieurs causes qui sont à l’origine du choix des citadins à pratiquer le métier de paysan dont les trois principales sont évoquées par JAOFETRA Tsimihato dans les passages cités ci-dessus ; -agriculture urbaine ne signifie pas forcément occupant l’espace urbain mais aussi être pratiquée à sa périphérie par des habitants de la ville, tant il est vrai que l’homme est à la mesure de toute chose. -l’agriculture urbaine n’est pas forcément alimentaire même si elle l’est prioritairement. Elle peut ainsi se substituer au travail salarié du citadin. 66

V.1.2-Les activités d’élevage en milieu urbain. Dans la ville de Morondava, cette activité porte sur des animaux des plus divers allant des zébus qu’on rencontre dans les quartiers périphériques de l’est en général jusqu’aux volailles.

V.1.2.1-L’aviculture Comme dans toutes les villes malgaches, l’élevage des volailles est pratiqué par un certain nombre de citadins de Morondava. Il s’agit surtout du petit élevage familial dont l’objectif annoncé n’est prioritairement ni la vente, ni la consommation directe par ceux qui le pratiquent. « Je pratique l’élevage parce que ça me plaît. J’en avais l’habitude quand je vivais à la campagne », répondent le plus souvent les néo-citadins. Cette réponse plutôt évasive voudrait dire que le néo-citadin ne voyant pas ce qu’il doit faire exactement en ville essaie de découvrir sur quelle activité peut-il compter en vue de sa survie en milieu urbain. On peut, à juste titre, dire que cet élevage de volaille constitue l’une des activités de loterie qu’il pratique. Autrement dit, l’activité définitive sera celui qui lui permettra de mieux survivre dans son nouveau milieu.

L’espèce la plus élevée est le poulet qui, du fait de sa rusticité, est très peu exigeant et peut se débrouiller sans trop dépendre de son propriétaire. C’est exactement cette rusticité qui explique la popularité de cette espèce de gallinacés par rapport aux autres volailles (canards, oies) qui seront beaucoup plus dépendants des hommes. Les éleveurs urbains de volailles doivent, cependant, faire très attention à cause des voleurs qui sont de plus en plus nombreux.

V.1.2.2-L’élevage urbain de bovidés Les bovidés (chèvres et zébus) sont élevés dans des quartiers bien déterminés de la ville et par des groupes bien définis. Quant à l’élevage de porc, autrefois spécialité des gens des Hautes Terres malgaches, il constitue aujourd’hui un véritable phénomène de société pour la ville de Morondava.

V.1.2.2.1-L’élevage caprin Ainsi, la chèvre est élevée dans le quartier musulman d’Andakabe et un peu à Betania. Leur entretien se fait à peu de frais car quelques branches d’arbres coupées sur les terrains vagues constituent l’essentiel de leurs nutriments. Des fois, on les voit chercher leurs compléments de nourriture parmi les dépôts d’ordures dont des épluchures de manioc, de 67 patate douce ou de banane ou encore des déchets de légumes qu’elles se disputent avec les porcs et les chiens.

Ce petit ruminant dispose d’une certaine considération dans la religion musulmane. Elles sont sacrifiées ou immolées lors des fêtes religieuses musulmanes comme la fête de la fin du Ramadan et la Id El Kabîr, par exemple. Ainsi, les principaux éleveurs de chèvres sont les Comoriens. Pour les deux marchés de Morondava, il n’existe qu’un seul point de vente de viande de chèvre et il se trouve à l’intérieur du grand Bazar du centre-ville.

V.1.2.2.2-L’élevage bovin L’élevage des bœufs, interdit dans les centres urbains à Madagascar, est refoulé dans les quartiers ou les villages de la périphérie Est de ville : Ambalanaomby, Namahora, Antsakamirohaky, Androvakely et Androvabe, etc. Ce sont de véritables quartiers -villages mal intégrés au tissu urbain.

La nécessité d’entretien des zébus explique leur présence dans les quartiers périphériques de la ville. Ces animaux doivent être conduits chaque matin dans les bordures des champs de cultures ou les terrains vagues pour trouver de la nourriture. Des fois et de plus en plus, il paraît, leurs propriétaires préfèrent les garder à proximité possible de leur domicile, pour diminuer le risque de se faire voler ; à charge d’aller couper les herbes nécessaires pour nourrir leurs bêtes. Le nombre de bœufs élevés par les citadins tourne autour de 2 à 5 têtes en moyenne car en plus du risque de vol s’ajoute le problème qui se pose au niveau de l’alimentation de ces gros animaux.

V.1.2.3-L’élevage porcin : un véritable phénomène urbain L’élevage de porc a connu ces dix dernières années une ascension fulgurante. D’aucuns pensent que ce phénomène est à mettre en relation avec les événements de 2002 qui ont favorisé la montée en puissance de la migration vers l’ensemble ouest de Madagascar d’originaires des Hautes Terres malgaches (les Merina et les Vakinankaratra d’Antsirabe essentiellement). Ces communautés sont venues dans la région du Menabe pour s’adonner à leurs activités favorites : le maraîchage et l’élevage porcin. Ce dernier a atteint une popularité telle qu’on puisse parler d’un authentique phénomène de société. En effet, une excursion à travers les différents quartiers de la ville, le porc est omniprésent. On peut en trouver même dans les quartiers réputés musulmans comme Andakabe, par exemple. Comme on l’a signalé plus haut, il arrive des fois où l’on trouve cet animal interdit de consommation pour les Musulmans se disputer sa nourriture sur les dépôts 68

PLANCHE V

Pratiquement, chaque ménage urbain s’adonne à l’élevage…

Photos 9 et 10. L’élevage porcin, un véritable phénomène dans la ville de Morondava

…de porc. " Pff ! Quelle solitude ! Je m’ennuie dans cette "maison" ! "

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Figure 7. QUELQUES EXEMPLES DE STRUCTURE DES COURS DANS LA VILLE DE MORONDAVA

Porcherie Porcherie WC Douche

Case d’habitation Case d’habitation WC

Cuisine Cuisine Garage Débarras Ordures Case Case d’habitation d’habitation Petite épicerie Portail Fokontany : Ambalanaomby Basse cour Portail Fokontany : Ankisirasira

Porcherie Porcherie

Cuisine Case P Case d’habitation o d’habitation (parents) r c h e r i e Case d’habitation (locataire) Fokontany : Avaradrova Portail Fokontany : Namahora Nord

LEGENDE

Chambre : Cocotier : Bananier Épicerie à coucher : Fontaine : Mer RN 35RN

: Aire réservée pour les pirogues Salle de Cuisine Portail séjour : Limite de la concession (lot) Porcherie

Fokontany : Namaora Sud

70 d’ordures avec la chèvre. On peut parler d’un vrai phénomène car il existe des personnes qui ne consomment pourtant pas le porc mais qui en pratiquent l’élevage. C’est que le cochon rapporte beaucoup d’argent pour les éleveurs. Entre août et octobre 2008, par exemple, un jeune de 50 à 60 kg environ coûtait jusqu’à Ar.200000, voire 250000. Le plus grand quartier d’élevage de porc est sans conteste Ambalanaomby qui, on l’a déjà signalé plus haut, joue un important rôle en matière d’élevage de bœufs. C’est d’ailleurs dans ce fokontany que se trouve le principal abattoir de la ville. Pour ce qui est de l’élevage de porc, tout le monde le pratique dans ce quartier. Il existe certaines familles qui en disposent jusqu’à plus d’une trentaine de têtes dans sa porcherie. Un tour effectué à travers tous les quartiers urbains permet de mesurer l’ampleur du phénomène. Le pourcentage des ménages qui pratiquent l’élevage dans différents fokontany de la ville de Morondava est évalué à : -plus de 90% pour Ambalanaomby ; -60 à 75% pour Ankisirasira et Betania ; -50 à 60% pour Namahora ; -25 à 50% pour le centre-ville. Il importe de savoir que même dans le quartier musulman d’Andakabe, beaucoup de ménages s’adonnent à cette activité. Il suffirait pour s’en convaincre de se promener dans les rues de ce fokontany pour croiser des cochons en train de fouiller dans des ordures et ce, dans l’indifférence générale.

• Sur la destination des produits d’élevage urbain en général Les enquêtes ont permis de distinguer trois types d’élevage : Premièrement, cette activité est pratiquée dans le but de satisfaire, du moins en partie, les besoins alimentaires de ceux qui la pratiquent. Les produits sont autoconsommés mais l’éleveur n’exclut pas l’éventualité d’une vente. Ce type concerne surtout les volailles. Les produits ne sont, cependant, pas commercialisés sur les places du marché mais le sont plus à domicile. Il est à noter que ce sont surtout les habitants des quartiers périphériques, menant un mode de vie rural, qui consentent le plus à vendre leurs produits : poulets, canards, œufs, etc.

Deuxièmement, l’élevage de bœufs n’a jamais un objectif alimentaire. Même s’il existe certains qui consomment, par exemple, le lait issu du « troupeau ». Les produits sont dans l’ensemble vendus. Les boeufs eux-mêmes, en cas de besoin, sont commercialisés. Les bovins jouent ainsi le rôle de caisse d’épargne pour les éleveurs urbains. Il faut ensuite 71 noter que l’éleveur utilise les bœufs pour le piétinage de la rizière mais aussi pour le charroi.

Enfin, troisièmement, il existe un type d’élevage dont les produits ne sont destinés ni à être vendus, ni autoconsommés. On élève les animaux pour en consommer la viande dans des circonstances particulières. Tel est le cas de la chèvre dont la consommation a surtout lieu lors des fêtes religieuses musulmanes essentiellement.

V.1.3-La pêche dans la ville de Morondava A l’instar de toutes les agglomérations côtières, cette ville compte parmi sa population un nombre assez important de pêcheurs. La majorité d’entre-eux vivent dans les quartiers littoraux mais il en existe d’autres qui résident dans des fokontany plus internes. Ainsi, les Vezo d’Avaradrova et de Betania sont les plus actifs des pêcheurs urbains. Dans un souci d’une plus grande précision, on va focaliser l’étude des quartiers de pêcheurs sur Avaradrova.

• Avaradrova, un quartier vezo Avaradrova est un important quartier de pêcheurs de la ville de Morondava. Il se situe sur la pointe nord-ouest de la ville dont il est le principal fournisseur de produits de pêche frais et ce, à deux titres : -primo, il est le principal point de débarquement des produits marins venant des villages de pêcheurs de la zone nord comme Ankimony, par exemple ; -secundo, la majorité de la population de ce quartier, à dominante Vezo, fonde ses activités sur la pêche. « Vezo » désigne ce groupe ethnique qui peuple l’ensemble de la côte sud-ouest entre le pays du Menabe et la basse vallée de la Menarandra. Ce nom est évocateur des activités maritimes auxquelles ils s’adonnent et qui les obligent à, constamment, naviguer sur la mer et ramer – mive « leur » embarcation – lakambezo – (pirogue des Vezo).

Ce qui caractérise ce quartier littoral de la ville de Morondava c’est, la présence d’un très grand nombre de pirogues. En septembre 2008, on a pu compter entre 250 et 300 embarcations qui échouent sur le bord du rivage. Autrement dit, il y a autant de pirogues que de cases d’habitation. Parmi ces pirogues, les unes, environ 60%, sont monoxyles à balancier tandis que d’autres 40% n’en ont pas. Les gens les appellent ici molanga . Leur présence constitue une originalité car d’habitude sur la côte occidentale de Madagascar les 72

PLANCHE VI

La joie est à son comble pour cette ménagère qui a acheté à très bon prix, du poisson frais…

Photo 11. "La chance est aujourd’hui de mon côté !" Non seulement les poissons sont très frais mais ils sont meilleur marché !"

…auprès de ces jeunes garçons qui viennent …d’aider les pêcheurs qui, en guise de reconnaissance, leur offre gracieusement une part de leur capture.

Photo 12. "Le prix de ces poissons devrait nous permettre de regarder deux ou trois séances de vidéo ! Quelle aubaine ! " 73

PLANCHE VII

Ankimony, un village de pêcheurs

Photo 13. Situé à une dizaine de kilomètres au Nord de la ville de Morondava, Ankimony est l’un des principaux villages fournisseurs de Morondava en poissons frais.

Avaradrova, un quartier à très forte dominance Vezo

Photo 14. Avaradrova est le principal quartier de pêcheurs de la ville de Morondava 74 pêcheurs utilisent la pirogue à balancier. On peut dès lors dire que, dans ce domaine spécifique, Morondava constitue une enclave de la côte orientale dans ce littoral occidental où, du Cap d’Ambre (pointe extrême nord de Madagascar) à Faux-Cap (pointe extrême sud) la pêche traditionnelle s’effectue avec des pirogues à balancier.

Les pirogues de Morondava sont presque toutes en bois mais parmi celles qu’on a recensé en 2008, il y en avait deux qui sont en fibres synthétiques. Leur présence permet de laisser présager que l’essai de modernisation est en marche et que chaque pêcheur envisage petit à petit de mettre ses matériels au diapason des besoins de la rentabilisation. Effectivement, on trouve même des embarcations à moteur hors-bord.

Pour revenir au molanga , il s’agit d’une pirogue monoxyle à fond plat pour en garantir la stabilité. Le pêcheur est presque toujours seul à bord (pêcheur en solitaire). La plupart du temps, il évolue à proximité du bord (à moins de 5km). Cependant, des pêcheurs affirment qu’on peut aller jusqu’à plus de 10km. Le seul problème, selon eux, est qu’on est obligé de toujours ramer car il est très difficile d’utiliser une voile avec un molanga . C’est pourquoi, la plupart du temps, la pêche « au large » – an-driva se pratique le plus souvent avec la pirogue à balancier qui peut être mue par une voile – lay . La pêche à balancier s’accommode plus d’un travail d’équipe. Les partisans du molanga évoquent également la facilité de la manipulation d’un filet qui n’est pas gêné par un balancier.

Quelle différence y a-t-il entre la « pêche côtière » et celle « au large » ? Cette distinction se situe à deux niveaux : outre la différence constatée au niveau de l’embarcation, on en trouve également au niveau des espèces recherchées.

La pêche côtière porte sur n’importe quelle espèce et/ou taille. Après extraction des captures des mailles, les pêcheurs s’approprient les plus gros spécimens tandis que les petits poissons sont donnés aux enfants venus les aider à démailler les filets. L’extraction se fait sur la terre ferme de la plage et c’est là que la femme du pêcheur et/ou les enfants viennent les aider.

Les enfants ayant reçu leur part de poissons les emmènent à la maison en vue de la consommation mais beaucoup essaient de les monnayer sur la plage même. Le poisson est très bon marché car on peut acheter auprès de ces enfants 1kg de poissons, tout à fait de meilleure qualité, pour seulement Ar.1000 à Ar.1500. C’est souvent auprès de ces enfants que les éleveurs achètent du poisson pour préparer avec, de la provende pour leurs 75 cochons. Certains gargotiers même s’approvisionnent auprès de ces enfants qui sont souvent plus pressés d’avoir de l’argent pour regarder des projections de films vidéo que de ramener leur part de poissons pour l’alimentation du ménage.

Les pêcheurs au large – an-driva – ciblent plus les poissons de meilleure qualité (espèces et taille). Aussi utilisent-ils des matériels (lignes, filets, harpons, …) plus appropriés avec des appâts spécifiques.

Les pêcheurs citadins se déclarent à plus de 75% être des professionnels, c'est-à-dire que la pêche assure l’essentiel des revenus monétaires de leur famille. Les hommes pêchent tandis que leurs épouses apportent les produits frais aux marchés.

On peut parler, à juste titre, d’une division sexuelle du travail. Avant que ces poissons ne parviennent aux marchés, des mareyeuses – mpanao tongotsy , des ménagères et des mères de familles viennent sur les lieux de débarquement pour avoir des produits à la fois frais, bon marché et de meilleure catégorie.

Pour perpétuer dans leurs activités, les pêcheurs doivent régulièrement investir une part de leurs gains dans l’achat ou la réparation de leurs matériels de pêche.

V.2-Les communes proches au service exclusif de Morondava

Pour son approvisionnement direct, la ville de Morondava est servie par les communes rurales périphériques situées à l’intérieur de la célèbre plaine de Dabara. Cette plaine englobe les deux districts de Morondava et de Mahabo dont les chefs-lieux ne sont distants que de 45 kilomètres seulement par la Route Nationale n°35.

Ainsi, à l’intérieur de cette plaine de Dabara, Morondava -ville dispose de deux véritables greniers à vivres. Ce sont les communes rurales de Bemanonga et d’Analaiva. Le surplus de production venant de ces deux circonscriptions est presque totalement commercialisé sur les marchés de Morondava.

V.2.1-La commune rurale de Bemanonga

V.2.1.1-Généralités Bemanonga, du nom de son chef-lieu situé à 8 km à l’Est de la ville de Morondava est, avec Analaiva, le principal pourvoyeur de vivres de la capitale du Menabe. La commune rurale s’étend dans son ensemble vers le Nord et le Nord-Est de la commune urbaine de 76

Morondava. Elle s’étend sur une superficie totale de 1472 km² dont 6% (soit 8832 hectares) sont occupés par la surface agricole. Jouissant d’un climat tropical à deux saisons, la commune reçoit des précipitations annuelles estimées entre 800 et 1200 mm. Sa situation en aval lui permet de bénéficier d’une importante masse d’eau descendant des Hautes-Terres, masse d’eau que les paysans, tant bien que mal, tentent de maîtriser grâce à l’existence d’ouvrages hydrauliques relevant du barrage de Dabara.

La végétation est constituée par une savane-parc à jujubier – mokonazy (Zizyphus jujuba) et à palmier – satrana . Le premier est connu pour son fruit très apprécié des consommateurs tandis que le second est utilisé dans l’artisanat de vannerie et sert également dans la construction de la case traditionnelle. Cette zone est connue également pour le baobab – renala – qui dominent avec leur haute futaie l’ensemble de la végétation.

La population de Bemanonga estimée à 38000 habitants se répartit entre Sakalava (60%), Betsileo (15%) et Korao originaires du Sud-Est malgache qui constituent les 15% également de la population totale. Les 10 % restants représentent les autres groupes, particulièrement ceux du Sud-Ouest. Ainsi, les activités économiques principales de la commune, certes influencées par la demande des marchés urbains de Morondava, dépendent aussi, dans une assez large mesure, de la spécificité de chacune de ces groupes principaux de la population.

V.2.1.2-Les activités agricoles Les activités agricoles sont nettement dominées par la riziculture mais la commune produit également d’autres produits vivriers dont les plus importants sont le maïs et les plantes à tubercules (manioc et patate douce). A ces denrées vivrières s’ajoutent les produits plutôt de rente dont le pois du cap et l’arachide.

V.2.1.2.1-Le riz -vary , la principale culture alimentaire Le système rizicole bénéficie de l’important ouvrage hydraulique que constitue le barrage de Dabara d’où partent des canaux d’irrigation permettant d’irriguer plus de 75% des rizières de la circonscription communale. C’est grâce à la présence de cet ouvrage que les paysans peuvent produire le riz deux fois par an.

La première récolte de riz, la plus grande, se situe entre les mois de janvier et juillet. Il s’agit du riz semé entre novembre et avril. Quant à la deuxième récolte, elle est effectuée entre les mois de septembre et décembre pour le riz semé en mais et juin sur des parcelles 77 ayant pu disposer de l’eau jusqu’à une période relativement avancée de l’année. Ainsi, on peut dire que seul le mois d’août peut être considéré comme creux en matière de la production de riz. Avec une telle capacité de production, la commune de Bemanonga a un grand rôle à jouer sur l’approvisionnement en riz de la population de Morondava.

Il importe de signaler que beaucoup de citadins-paysans de la ville de Morondava dispose, à titre de propriétaires ou de locataires, de champs de culture dans cette commune rurale périurbaine. Ils subviennent ainsi directement à leurs propres besoins alimentaires tout en monnayant leur surplus sur les places des marchés urbains ou à domicile.

En matière de méthodes culturales, la pratique du repiquage est systématique. Le Système de Riziculture Intensive (SRI) est de plus en plus utilisé. Le SRI consiste à repiquer les jeunes plants de 8 à 15 jours. Ce système est rendu facile par la présence du barrage de Dabara qui permet de mieux gérer l’eau. Avec le SRI, les rendements sont nettement meilleurs qu’en système traditionnel mais ce dernier est encore largement utilisé pour des raisons de difficulté de maîtriser l’eau : le fameux barrage ne permet pas, loin s’en faut, de vaincre les effets catastrophiques des inondations qui frappent chaque année la région. La quasi-totalité des ménages (75 à 100 %) pratiquent la riziculture en première et /ou en deuxième saison. Les rendements moyens sont assez variables, 3 à 5 tonnes par hectares. Cette variation en termes de rendement est fonction du système adopté.

Pour ce qui est de la quantité des produits commercialisés, elle varie selon les saisons. C’est ainsi que 50 à 75 % du riz de la première saison (récolte de janvier à juillet) sont commercialisés contre 10 à 25 % de la deuxième saison (récolte de septembre à décembre). Le taux de couverture des besoins étant de 7 à 9 mois pour la première récolte et de 3 à 4 pour la seconde, on estime que le taux de couverture théorique des besoins varie de 10 à 13 mois par an. Théorique, car une grande partie des producteurs vent une part assez importante de leurs récoltes de riz. Ce dernier est parfois remplacé dans les menus par d’autres produits alimentaires, question de varier un peu le régime alimentaire trop souvent basé sur le vary .

V.2.1.2.2-Les autres produits vivriers Parmi les produits vivriers, les plus connus sont le maïs, le manioc, les produits maraîchers. On peut ajouter à ces denrées alimentaires secondaires les produits de cueillette. 78

• Les maïs et manioc sont parmi les produits cultivés à Bemanonga. Environ 10 % des ménages s’adonnent à leur culture. Plus de 75 % des récoltes sont commercialisées. Maïs et manioc sont plus cultivés pour être vendus que consommés. Ils constituent, en l’absence des produits de rente « ordinaires », des sources de revenus pour les paysans du secteur qui exportent vers les marchés de la ville de Morondava. • La culture maraîchère est également pratiquée par les paysans de Bemanonga. Les principaux produits sont la tomate et les feuilles potagères. On peut citer comme exemple kimalao (Spilanthes oleracea), anamamy (Solanum nigrum), fotsy vody (Brassica sinensis), cresson –anan-drano (Nasturtium officinale). A ces feuilles s’ajoutent la tomate et bien d’autres légumes européens dont concombre, salade, chou et carotte, …Ces derniers temps, depuis environ 2000, la culture maraîchère a atteint une ampleur telle que la quasi-totalité des légumes consommée à Morondava provient des deux communes voisines : Analaiva et Bemanonga.

Les produits de cueillette : en dehors des produits de culture, Bemanonga fournit également ceux de la cueillette à la ville. Les plus importants sont la mangue, la goyave et surtout le jujube – mokonazy dont l’arbre pousse un peu partout, abondamment, dans les campagnes du Menabe. Aux fruits de cueillette s’ajoutent les tubercules sauvages comme l’igname – ovy ala.

V.2.2-La commune rurale d’Analaiva

V.2.2.1-Généralités Analaiva est la deuxième commune rurale du district de Morondava. Couvrant une superficie de 677,53 km², elle compte 18500 habitants. Celle-ci se répartit en trois principaux groupes : les Sakalava (43 % du total), les gens du Sud (Antandroy et Mahafaly : 30 %) et les originaires du Sud-Est ou Korao (16 %). Les autres groupes couvrent les 11% des habitants.

Comme l’ensemble des communes de la plaine de Dabara, Analaiva est une zone de basse altitude avec un relief généralement très plat. La valeur moyenne de la pente est estimée à 1/1000 e ; ce qui explique la violence des crues durant la saison des pluies. En plus du canal de Dabara qui la traverse d’Est en Ouest, la commune bénéficie de la présence des trois grands cours d’eau, à savoir le Morondava, la Kabatomena (au Sud) et la Tandila (au Nord). Ce réseau permet d’irriguer la totalité des 974 hectares environ des terres cultivables de la circonscription. 79

Dans cette zone, pousse une végétation de savane arbustive à jujubier -mokonazy (Zizyphus jujuba).

Le village d’Analaiva est l’une des plus anciennes localités du coin. Il a été créé, selon toute vraisemblance vers 1800, c'est-à-dire durant la période de la conquête merina. Analaiva est aussi une des contrées qui ont accueilli les premiers colons européens. Encore aujourd’hui, il existe dans cette commune l’une des plus importantes industries sucrières de Madagascar, la SUCOMA ( Su crerie de Co mplant de Ma dagascar) connue durant la Seconde République sous le sigle de la SIRANALA (Sir amamin’ Anala iva). La SUCOMA exploite, pour les besoins de son usine en canne à sucre, une superficie de 2700 ha de la plaine de Dabara.

V.2.2.2.-Analaiva, une zone rizicole importante A Analaiva, les rizières couvrent une superficie totale de 974 ha dont 824 sont fécondables par le canal de Dabara et 150 par les rivières Tandila et Kabatomena. On connaît dans la commune deux saisons rizicoles : la saison humide consacrée à la culture du vary asara (riz de période pluvieuse) ; la saison sèche où l’on cultive du vary asotry (riz de saison sèche) ou encore vary be (grand riz).

Le vary asara se travaille entre décembre et mai. Le repiquage a lieu entre décembre et mars tandis que la récolte s’effectue aux environs de mai et juin. Quant à la saison du vary be , elle s’étend entre juillet et décembre. Le repiquage se pratique entre juillet et septembre tandis que la récolte se déroule d’octobre à décembre.

Selon les saisons et le système rizicole utilisé, les rendements peuvent varier sensiblement. Ils oscillent, en général, entre 2,5 et 5 tonnes à l’hectare. En saison humide, les rizières sont cultivées à 100 %. Le problème de manque d’eau ne se pose pas durant cette période. Cependant, le rendement se trouve amoindri par l’existence de diverses maladies provoquées par les poux de riz – haom-bary – et le borer (Maliarpha separatella) par exemple. La plupart de ces parasites sont véhiculés par la masse d’eau descendant des zones qui se trouvent en amont et où, bien souvent, aucune mesure préventive n’est entreprise pour tenter de les éliminer.

En saison sèche, les maladies diminuent ; ce qui se traduit par une amélioration de rendement. Toutefois, la diminution de débit général des cours d’eau ne permet d’irriguer que 70% environ des rizières. Cette insuffisance d’eau pour les rizières se trouve renforcée 80

Figure 8. PRINCIPALES ZONES FOURNISSEUSES DE RIZ DE MORONDAVA

160 180 200 220 240 N

E U BerobokaBeroboka NordNord 680 680 Q I B M A Z O M MarofandiliaMarofandilia Tomi tsy 660 E 660 A n D d ra a n o men m ano L e dr Ta n n a A A ndi la N A AnkiliaboAnkiliabo C MORONDAVAMORONDAVA BemanongaBemanonga AnkilivaloAnkilivalo

AnalamitsivalonaAnalamitsivalona 640 AndrovabeAndrovabe AnalaivaAnalaiva 640

MAHABOMAHABO k aba LaijobyLaijoby tom AmpanihyAmpanihy ena M O R O N D A ManometimayManometimay V A

620 620

M A H A R BefasyBefasy IV O

160 180 200 220 240

Support : carte de Madagascar au 1/500 000 (Morondava) 0 10 20 Réalisation de JAOFETRA Tsimihato Janvier 2009 Kilomètres LEGENDE Sable humide Cours d'eau à régime : Chef-lieu de région 1 2 permanent (1) - périodique (2) Zone innondable saisonnière Chef-lieu de district Lac ou étang permanent Zone à haute potentialité rizicole

Chef-lieu de commune Marais Côte

Village Cuvette (Deboka) Point d'eau

81 par la proximité de la plantation de canne à sucre qui doit être irriguée par le canal de Dabara.

La production en riz de la commune d’Analaiva est estimée à 3000 t de riz blanc pour une consommation moyenne de 2200 t. Ainsi la commune peut dégager en moyenne un surplus exportable de 800 t. Ce surplus commercialisé dans la ville de Morondava permet de nourrir en une année 6000 personnes environ (120 à 140 kg/ pers /an).

Ces deux communes proches, localisées à l’intérieur du district de Morondava constituent ainsi une zone d’approvisionnement au service exclusif de cette capitale régionale. Tout d’abord les ruraux leur fournissent des vivres. Ensuite, c’est ici que la majorité des citadins-paysans exercent l’essentiel de leurs activités, l’agriculture. Avec un minimum de moyens, ils peuvent s’y rendre quotidiennement ou presque afin de pouvoir directement mettre en valeur les terres acquises par système de location, par héritage ou bien par achat. En dehors de cette zone proche à son service exclusif, la ville de Morondava peut également compter sur les autres districts de la région dont Mahabo (le plus proche), Belo sur Tsiribihina, Manja et Miandrivazo.

82

Chapitre sixième :

LES ZONES SECONDAIRES DE RAVITAILEMENT ET LES VICISSITTUDES DU TRANSPORT

En dehors de la zone proche à son service exclusif, la ville de Morondava peut également compter sur les communes des autres districts de la région du Menabe. Parmi celles-ci, les communes qui se situent à l’intérieur de la plaine et desservies par le canal de Dabara nous semblent les plus intéressantes. Leur étude permet de mieux appréhender l’importance des ouvrages hydrauliques de ce genre dans la recherche de développement d’un espace donné. Ces communes, selon leur distance ou leurs spécialités, participent plus ou moins activement à l’approvisionnement de la ville de Morondava dont la demande en vivres dépasse même le cadre régional.

VI.1-Les zones secondaires de ravitaillement

VI.1.1-Le district de Mahabo

VI.1.1.1-La commune urbaine de Mahabo Parmi ces zones régionales, le district de Mahabo est sans aucun doute celui qui joue un rôle plus important pratiquement au même titre que les communes citées ci-dessus. Cette situation est à mettre en rapport avec la faiblesse de la distance qui sépare les deux circonscriptions (45 km seulement séparent leurs chefs-lieux) mais il y a aussi l’état des routes qui sont assez facilement accessibles malgré les fortes dégradations enregistrées ces derniers temps. On ne considère pas trop la communication comme un facteur bloquant le ravitaillement alimentaire de la ville. Est-ce à cause du fait que l’essentiel de ses besoins en riz, en légumes et en produits de pêche est produits à l’intérieur même du district et que les autres ne jouent qu’un rôle assez subsidiaire ? Toujours est-il que les enquêtes menées auprès des commerçants ont permis de conclure que certaines communes de Mahabo jouent un rôle déterminant dans l’apport de victuailles de la capitale régionale du Menabe. Parmi ces communes, Ankilivalo et Analamitsivala sont les plus importantes.

La commune urbaine de Mahabo est considérée par beaucoup comme l’un des principaux fournisseurs de vivres de la ville de Morondava. Cette situation est due au fait 83 que par rapport à Morondava, Mahabo fait figure d’un véritable gros village. Elle est complètement entourée par une ceinture de terrains rizicoles maraîchers et d’autres champs de cultures dont les exploitants sont les citadins eux-mêmes. Il est dans cette condition peu probable que le surplus alimentaire puisse être commercialisé aux citadins locaux.

En matière de riziculture, trois points méritent d’être soulignés : • tout d’abord, la très grande majorité de la population de Mahabo (plus de 75 % probablement) s’adonnent à la riziculture en tant que première activité. La main-d’œuvre est généralement constituée par des salariés et/ou les membres de la famille. Dans ce cas, les enfants, en dehors des jours de classe (week-end, jours de congé, vacances, …) prêtent main forte à leurs parents ; • ensuite, il existe à Mahabo un Centre Multiplicateur de Semences (CMS) qui assiste de manière permanente les paysans. Le CMS, en collaboration avec les techniciens agricoles et ceux du réseau hydraulique, s’occupe de la vulgarisation des semences sélectionnées produites et de la surveillance des parcelles paysannes ; • la région de Mahabo, du fait de la proximité de la prise de Dabara et de l’existence du CMS, bénéficie des dernières découvertes de la science agronomique. On peut dire, à juste titre, que la recherche est intégrée au développement.

VI.1.1.2-La commune rurale d’Ankilivalo La commune rurale d’Ankilivalo, bénéficiant de la branche nord du canal de Dabara, est la plus importante en matière de la production de riz. Elle figure ainsi parmi les principaux fournisseurs de vivres de la capitale du Menabe. Mahabo, son chef-lieu de district, peut subvenir presque entièrement à ses propres besoins alimentaires.

Ankilivalo est une commune de 960 km². Sa population estimée à près de 13000 habitants est composée par les trois principaux groupes ethniques suivants : les Sakalava (40%), les Antesaka (20%) et les Antandroy (20%). Les 20% restants sont composés principalement par des gens des Hautes-Terres (Merina et Betsileo).

L’agriculture concerne principalement le riz. Sa production s’effectue en deux saisons : le vary asara (saison humide) et le vary asotry ou le vary be (saison sèche). En plus du riz, Ankilivalo produit également des tubercules (manioc et patate douce principalement), du maïs et des légumineuses (haricots, pois du cap) et l’arachide kapiky . Une part importante de ces productions est commercialisée à Mahabo mais aussi et surtout à Morondava. Dans l’ensemble de Madagascar, la population rurale se préoccupe essentiellement d’assurer sa 84 propre subsistance. Il semblerait que celle de Mahabo n’éprouve pas beaucoup de difficulté à le faire et ce, pour deux principales raisons : primo, 30% environ de la commune, soit 28800 ha sont cultivables. Cela représente un quotient de 2,21 ha /habitant ; secundo, l’approvisionnement en eau et sa maîtrise ne pose pas de problème du fait de la présence dans la commune des 11 parmi les 62 km du canal de Dabara.

L’élevage constitue une activité associée à l’agriculture. Plus de 75 % des ménages le pratiquent. Il ne s’agit pas de grands élevages qu’on rencontre généralement dans le pays Bara ou les régions du Moyen-Ouest (Tsiroanomandidy), par exemple. Les bœufs sont élevés pour aider l’homme dans ses activités agricoles (labour, transport surtout). L’élevage de volailles est également pratiqué mais il est difficile de faire une quelconque évaluation car il y a même des éleveurs qui sont incapables de donner le nombre exact de leurs poulets qui vivent quasi-librement dans la nature.

VI.1.1.3-La commune d’Analamitsivala Se situant à l’Est d’Ankilivalo et au Nord de Mahabo, cette commune couvre une superficie de 705 km² où vivent 12000 habitants environ.

Quant à la composition de la population, elle présente une différence notable par rapport à celle des autres circonscriptions qui sont dominées par les Sakalava. En effet, à Analamitsivala, la population se répartit approximativement comme suit : les Sakalava, moins nombreux, forment les 15 % des habitants, les Antesaka et les Betsileo en constituent chacun les 35%. Les 15 % restant se répartissent entre les gens du Sud-Ouest et du Sud.

Faisant partie de la plaine du Dabara, elle bénéficie presque des mêmes avantages qu’Ankilivalo sa voisine de l’Ouest en matière de l’agriculture. Cependant, il importe de souligner la difficulté de communication avec le chef-lieu de district. En saison sèche, le moyen de transport le plus utilisé est la charrette et la marche à pied.

Les activités économiques sont pratiquement les mêmes qu’à Ankilivalo de même que les destinations des produits. Il s’agit de satisfaire avant tout aux besoins alimentaires de la famille et vendre ensuite le surplus de la production dans les marchés urbains.

Il faut noter en matière de la culture de rente l’importance de la banane dont la culture occupe plus de 75% des ménages, soit le même pourcentage que pour la riziculture. 85

VI.1.1.4-La commune rurale d’Ampanihy Situé au Sud de Mahabo et au Sud Est d’Analaiva, Ampanihy s’étend sur une superficie de 900 km². Il est ainsi l’une des plus grandes communes du district de Mahabo. Sa population qu’on évalue à un peu plus de 13000 habitants est fondamentalement composée de Sakalava (plus de 60 %), d’Antandroy et d’Antesaka (plus de 15% chacun). Les autres groupes ethniques représentent moins de 10 % du total de la population.

L’un des plus gros problèmes de cette circonscription est celui de la communication. La plupart des routes sont, pendant la saison des pluies, impraticables. Les moyens de transport les plus utilisés sont, outre la marche à pied, la charrette et la pirogue.

En matière d’agriculture vivrière, il est difficile de dire que tel ou tel type de produit prédomine. En effet, si l’on tient compte de la participation des ménages aux principales cultures, on constate que 40 % environ pratiquent la riziculture, la culture de manioc et celle de la patate douce. Toutes ces denrées sont commercialisées à plus de 75 %.

Pour ce qui est de la culture de rente, le bananier prédomine très nettement : d’un côté, plus de 85 % des ménages la pratiquent et de l’autre plus de 75 % des récoltes sont commercialisées.

L’élevage, quant à lui, est entièrement basé sur celui des zébus. En moyenne, plus de 60 % des ménages possèdent entre 5 et 10 bœufs. Les autres animaux, en dehors des poulets, sont quasiment absents.

VI.1.2-Les zones régionales éloignées et extra-régionales La production urbaine et de la plaine de Dabara ne peut pas totalement satisfaire aux besoins alimentaires de la ville de Morondava. Cette situation oblige Morondava à étendre sa demande jusque dans les zones plus éloignées à l’intérieur de la région. L’état assez défectueux des voies de communication pousse à une certaine spécialisation. Les produits que ces zones de production envoient en ville sont surtout celui que les communes du district ou celles de Mahabo ne peuvent pas produire en quantité suffisante.

Si les zones proches envoient une gamme variée de produits agricoles (depuis le riz, jusqu’au légumes en passant par les tubercules et le maïs), ceci n’est pas toujours le cas pour les autres districts. Citons quelques cas précis : du district de Belo/Tsiribihina arrivent de la plaine de Bemarivo du riz, du haricot et du pois du cap. Les principaux villages fournisseurs du riz de Morondava sont , et Antsaraky. En plus de ces 86 produits, il y a quelques produits de pêche mais ces derniers doivent être préalablement transformés (salés, fumés ou séchés).

Le district de Manja fournit à la ville de Morondava d’oignon. Il est d’ailleurs le principal producteur dans la région. L’oignon de Manja inonde la plupart des marchés du Sud-Ouest dont Toliara essentiellement. Ce district fournit également du manioc sec aux marchés de la ville de Morondava.

Quant au district de Miandrivazo, il est surtout célèbre dans le région du Menabe pour sa production de haricot. Ce dernier est vendu dans la plupart des grands marchés du Menabe et du Sud-Ouest.

Les Hautes-Terres Malgaches figurent parmi les grands fournisseurs de vivres de la ville de Morondava. Ces denrées sont surtout constituées par des fruits (litchis, pomme, pêche et agrumes,…) et des légumes (pomme de terre, carottes, choux, concombres, tomate,…).

Mais on constante aujourd’hui que la situation a considérablement évolué par rapport à il y a une dizaine sinon une quinzaine d’années. Les produits qu’on importe traditionnellement des Hautes-Terres sont de plus en plus cultivés sur place dans les deux communes du district de Morondava. Deux ou trois principaux facteurs sont à l’origine de cette situation : tout d’abord, l’ouverture du canal de Dabara a poussé les paysans de la zone intéressée à s’adonner à de nouvelles activités agricoles jugées également sinon plus porteuses que les cultures traditionnelles. Ensuite, la forte migration en provenance des Hautes Terres, enregistrée ces dernières décennies s’est traduite par l’introduction ou par le développement de l’activité que les locaux et les migrants du Sud et du Sud-Ouest avaient tendance à négliger, à savoir le maraîchage que les Sakalava ont l’habitude de laisser aux femmes et aux enfants. Enfin, il importe de noter que la création de l’école FAFAFI peut être considérée comme un catalyseur pour le développement de cette activité maraîchère. D’autant plus, il fut un moment où le directeur de cette école a été nommé à la tête de la circonscription régionale du Menabe.

On peut aussi ajouter que la pression démographique dans la région des Hautes-Terres a poussé les paysans du Vakinankaratra à migrer vers le Menabe, là où l’accès aux terrains de cultures est beaucoup plus facile que sur les Hautes Terres déjà nettement surpeuplées. 87

Conclusion L’étude des zones d’approvisionnement au service exclusif de la ville de Morondava a permis de tirer les constats suivants :

Morondava, ville très dynamique, est l’une des plus importantes de toute la côte Ouest malgache située dans l’ex-province de Toliara. Sa demande alimentaire toujours croissante a eu des conséquences sur la dynamique des activités de la population des campagnes environnantes : apparition de nouveaux produits, mise en œuvre de nouvelles méthodes de culture, le SRI.

Le tout est favorisé par la création du barrage de Dabara, du nom de la plaine où il est construit. La construction de ce barrage semble avoir uniformisé le mode de vie des habitants basé sur la riziculture tout d’abord et la culture des tubercules et le maraîchage ensuite. Ces différentes activités sont dictées avant tout par l’appel des deux principales localités de la zone à savoir Mahabo et surtout Morondava.

VI.2-Les vicissitudes du transport

De tous les problèmes qui se posent au niveau de l’approvisionnement de la ville de Morondava, le transport semble constituer l’obstacle le plus important. Si l’on considère, en effet, ses principales zones de ravitaillement, la plupart se trouvent le long de la RN 35 et ses branches qui sont praticables presque à longueur d’année. Ainsi, à l’intérieur de la région du Menabe, la route bitumée se limite au tronçon de la RN 35 qui relie la ville de Morondava à celle de Miandrivazo sur une distance de 300 km environ. Le reste est constitué par des pistes praticables une partie de l’année seulement.

Dans la majorité des communes rurales les plus éloignées, le transport des produits se fait par charrette, par pirogue ou par canot à moteur. Il existe même des contrées qui ne sont accessibles qu’à pied.

Dans la région du Menabe, on peut distinguer, en matière du transport des produits alimentaires agricoles, quatre catégories de voies de communication : - une route goudronnée ; - des routes praticables par des véhicules motorisés une partie de l’année ; -un réseau de pistes destiné au transport par charrette ou à dos d’homme seulement - les voies des eaux.

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Figure 9. RESEAUX DE COMMUNICATION DANS LA ZONE OCCIDENTALE DU MENABE

160 180 200 220 240

MahasoaMahasoa N AntsohaAntsoha AmbondromalemyAmbondromalemy Atm.Atm. TsitakatraTsitakatra MorafMoraf eno eno E BerobokaBeroboka AvAv a a AnjahamanitraAnjahamanitra 680 BerobokaBeroboka Atm.Atm. BerobokaBeroboka Atm.Atm. AnkilimanintsyAnkilimanintsy BebozakaBebozaka U AnkilimanintsyAnkilimanintsy BebozakaBebozaka AmbohibaryAmbohibary Q I MandroatraMandroatra B AnkilimanarivAnkilimanariv o o AntongoAntongo AnkilimanarivAnkilimanariv o o M AntongoAntongo AnkorokilyAnkorokily A AmpatakaAmpataka Z O M MarofMarof andilia andilia MandrevMandrev onodry onodry 660 E AndrenialafAndrenialaf otsy otsy AnkaraobatoAnkaraobato D AndranomenaAndranomena

MahatsinjoMahatsinjo L Ambato-AndranaAmbato-Andrana AndranomenaAndranomena A BevBev oliengo oliengo BevBev oay oay AndranovAndranov oribe oribe AntalitokaAntalitoka AntsondrokaAntsondroka KimonyKimony BetsinefBetsinef o o BetsiriryBetsiriry N NosibeNosibe AnkirijibeAnkirijibe SoaseranaSoaserana BelobakaBelobaka AmpasibevAmpasibev ihy ihy A IlazaIlazaIlaza SoanieranaSoanierana MandaranoMandaranoAnkilimanarivAnkilimanariv o o C AmbohibaryAmbohibary AnkiliaboAnkiliabo MORONDAVA BemanongaBemanonga AnkilivAnkiliv alo aloAndevAndev onomby onomby BefBef otaka otaka BetsipotikaBetsipotika MarovMarov oay oay AnalamitsivAnalamitsiv alana alana SaronanalaSaronanala AnalaivAnalaiv a a SoatanaSoatana AnkilimalinikaAnkilimalinika AndrovAndrov abe abe 640 AmbindaAmbinda 640 LovLov obe obe R BezezikaBezezika N 3 AnkilimidaAnkilimida BosimavBosimav o o BerobontsyBerobontsy 5 AnkoromponyAnkorompony MAHABO AntseranambondroAntseranambondro AnjateloAnjatelo IanadaboIanadaboIanadabo LaijobyLaijoby AnkazoaboAnkazoabo BesonjoBesonjo VangorokaVangoroka DabaraDabara AnolotraAnolotra AmpanihyAmpanihy ManambyManamby MananjakaMananjaka MaroaryMaroary BegamelaBegamela AnkasyAnkasy ManometimayManometimay NamakiaNamakia AndranovAndranov orisosotra orisosotra BepehaBepeha TsiherikaTsiherika FaratenyFarateny AnadaboAnadabo VoloeVoloe 620 BeleoBeleo AndohavAndohav iana iana 620 BelembokaBelemboka AmbahivAmbahiv ahibe ahibe AndrotsyAndrotsy AndimakaAndimaka

BefBef asy asy AmbolovAmbolov oriky oriky AmbatovAmbatov oamba oamba

AntevAntev amena amena MahasoaMahasoa AndafAndaf ia ia AnkevAnkev o o AndranoAndrano TsianakalokyTsianakaloky SoaranoSoarano AnjakarivAnjakariv o o BetahontsakaBetahontsaka BesakayBesakay VohiteloVohitelo AmbararataAmbararata MitsitikyMitsitiky MorafMoraf eno eno Atm.Atm. BevBev antaza antaza AndimakaAndimaka AmbindoAmbindo

160 180 200 220 240 Support : carte de Madagascar au 1/500 000 (Morondava) Réalisation de JAOFETRA Tsimihato 0 10 20 Janvier 2009 LEGENDE Kilomètres Route Nationale (RN) 35 bitumée : 1 1- très fortement dégradeé 2 Port maritime Chef-lieu de région 2- en bon état Route Nationale (RN) Permanente Aéroport Chef-lieu de district

Route Nationale (RN) saisonnière Chef-lieu de commune

Piste praticable Village

Chemin pour piétons ou sentier d'exploitation Limite des districts

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VI.2.1- La route nationale 35 C’est l’unique route bitumée de la région du Menabe. Elle permet le transport des produits en provenance des zones qu’elle traverse et de la région des Hautes-Terres de Madagascar. Cette route déjà fort endommagée est en cours de réhabilitation entre Miandrivazo et (110 km) et entre Mahabo et Morondava (45 km). Il faut actuellement 2 heures de temps pour traverser le tronçon Morondava – Mahabo. Le plus grand problème de cette zone est l’existence d’inondations annuelles qui, d’une année à l’autre, s’avèrent davantage plus destructrices. La ville de Morondava est ainsi pratiquement coupée du reste de l’île en saison des pluies.

VI.2.2- Les pistes saisonnières. Le long de l’axe RN 35 s’embranchent des pistes praticables par automobile une partie de l’année seulement. Elles permettent l’acheminement des produits vers l’axe RN 35 puis vers la ville de Morondava. Ces pistes permettent la circulation des véhicules en saison sèche mais en saison humide l’entreprise est plus que hasardeuse et relève d’un véritable exploit sportif. La plupart d’entre elles relient les grands centres de production ou les chefs-lieux de district à la capitale régionale. Tel est par exemple le cas de Manja, de , de Belo /Tsiribihina.

Quant aux principales zones rizicoles de Mahabo, Analamitsivala et Ankilivalo par exemple sont respectivement séparée de Mahabo (sur l’axe n°35) par des pistes de terre de 12 et 13 Km. Le transport des produits vers Morondava ou sur le bord de la route Nationale35 la plus proche s’effectue par charrette et/ou par taxi- brousse en saison sèche ou par charrette et / ou à dos d’hommes en saison des pluies.

VI.2.3- Les réseaux de piste et de chemins vicinaux La plupart des villages de la plaine de Dabara sont reliés entre eux par des pistes ne permettant pas même en saison sèche le transport par véhicule. La charrette devient dans ce cas le principal moyen de transport des produits et le voyage à pied constitue le moyen de déplacement le plus commode. Ces secteurs, en dépit de leurs capacités de production, ne peuvent pas jouir décemment du fruit de leurs activités et la ville de l’autre côté se trouve souvent dans l’obligation d’importer des produits en provenance des Hautes-Terres. Ainsi, par exemple, les communes comme Analamitsivala ou Ampanihy et même celle de Belo/Tsiribihina peuvent produire suffisamment de bananes pour Morondava. Cette dernière présente surtout sur les étals de ses marchés des fruits provenant des Hautes 90

Terres. L’approvisionnement correct de la ville doit passer obligatoirement par l’amélioration des voies de desserte locale sinon l’équilibre régional ne serait qu’un vain mot.

VI.2.4- Le transport par voies des fleuves/rivières On peut dire qu’il joue un rôle très important dans la circulation des marchandises à l’intérieur de la région du Menabe.

A longueur d’année, les rivières Tsiribihina et Mahajilo constituent une artère principale pour des canots à moteur et les pirogues qui montent et descendent ces cours d’eau afin de rendre fluide la circulation des marchandises. Cette possibilité de transport se trouve augmentée en période des crues dans la mesure où les rayons d’action de ces embarcations augmentent. C’est ainsi par exemple qu’à Ampanihy, les produits sont évacués par pirogues ou par canots à moteur pendant les 4 à 5 mois de coupure annuelle de la route. Le long des cours d’eau de la Tsiribihina, beaucoup de villages ne sont accessibles, pratiquement durant toute l’année que par pirogue et par bateau. A noter que l’ensemble des cours d’eau de la région du Menabe est infesté de crocodiles et que leur traversée n’est pas sans risque. On déplore chaque année plusieurs pertes en vie humaines consécutives à des morsures de caïmans, raison de plus pour les habitants d’utiliser les pirogues et / ou autres embarcations quand les cours d’eau sont en crues.

VI.2.5- Le transport maritime Dans ce domaine de transport maritime, la ville de Morondava est privilégiée par son site. Le transport maritime y est très prospère : les villages du littoral Menabe du Nord au Sud sont reliés à Morondava par pirogue et par boutre. Ce sont ces embarcations traditionnelles qui permettent d’assurer le contact entre les populations côtières. Si les pêcheurs des villages voisins utilisent les pirogues, les localités plus éloignées ont recours au boutre. Ce dernier constitue dans beaucoup de cas le principal moyen de transport des marchandises entre Morondava et Belo sur Mer (au Sud) ou Belo sur Tsiribihina au Nord. Des boutres peuvent même assurer la liaison avec des régions voisines : Morondava- Melaky (Maintirano), Morondava Sud-Ouest (Toliara).

On peut dire que le transport maritime joue un rôle primordial pour les échanges entre les villages côtiers. 91

Actuellement la plupart des voies de communication de la région du Menabe sont très délabrées. Très difficile en saison sèche, le transport sur certaines pistes est quasiment impossible en saison de pluies. Même le transport sur la RN 35 « goudronnée », exige une très grande prudence de la part des usagers surtout en période humide. Une réhabilitation est actuellement entreprise entre Miandrivazo et Malaimbandy puis entre Mahabo et Morondava. C’est au moins la deuxième réhabilitation effectuée sur ce tronçon depuis la moitié des années « 1990 ». Est-ce à dire que la route a été mal réhabilitée ou est-ce que le sol est trop meuble au point qu’aucune piste même goudronnée ne peut perdurer ? Toujours est-il que l’entretien ne doit être négligé car « rénover » une route tous les cinq ou même dix ans est trop durement supportable par le budget d’un pays pauvre comme Madagascar.

Enfin, il faut noter les effets très négatifs que peut avoir la déforestation sur la vie des routes dans notre pays, surtout ceux qui se trouvent dans les bassins alluviaux (Menabe mais aussi celui du Boina). Quand aucune plante ne retient ni le sol, ni la force de l’eau, c’est inévitablement dans la partie aval que les dégâts vont être les plus manifestes : ensablement, destruction des champs, démolition des infrastructures, de communication et des villages.

92

CONCLUSION GENERALE

Cette étude a permis, comme son titre l’indique, de cerner quelques uns des aspects des problèmes de ravitaillement de la ville de Morondava en vivres.

La visite de différentes places du marché et autres points de vente de proximité, montre que les produits offerts sont très variés. Les uns sont d’origine locale (régionale), tandis que les autres sont importés des Hautes-Terres centrales. Tel est le cas de la quasi- totalité des produits d’origine végétale (légumes européens et fruits essentiellement).

Le système de vente utilise encore, dans une très forte proportion, des méthodes traditionnelles de mesure ( toko, kapoaka ,…) et que la pesée ne concerne principalement que les produits carnés (viande de porc, de bœuf,…) et quelques types de légumes européens.

La répartition spatiale des marchés laisse présager l’évolution actuelle de l’espace urbain. Le marché central – Bazary be s’est implanté dans l’ancien noyau de la ville où il s’adresse à une clientèle variée et au niveau de revenu assez élevé (grands restaurateurs, ménages riches, fonctionnaires et employés de services divers). Le Bazary de Namahora s’installe dans son site actuel vers la deuxième moitié des années « 1990 ». Sa création a été rendue nécessaire par le développement de l’espace urbain vers l’Est, de l’autre côté de la lagune d’Ankisirasira. L’extension de la ville se fait surtout actuellement vers l’Est d’autant plus que l’érosion marine paraît irréversible et que le noyau ancien de Morondava risque, à terme, d’être englouti par la mer.

Les deux grands marchés de Morondava sont quotidiens et malgré l’existence d’un environnement rural riche, il n’existe pas de marché hebdomadaire. C’est le marché de Namahora qui tient lieu de marché – brousse où affluent, la quasi-totalité des produits agricoles en provenance des campagnes. Les produits marins, quant à eux, sont plus facilement acheminés, dès le débarquement, vers le Bazary be . Cela ne veut toutefois pas dire qu’il n’existe pas des poissons de première main à Namahora. Des poissonniers, connaissant l’importance des flux de la clientèle vers ce dernier, s’efforcent d’y emmener leurs captures.

La commercialisation des produits ne s’effectue pas uniquement sur les marchés. Il existe aussi des points de vente de proximité qui s’éparpillent à travers les différents quartiers – Fokontany . Ainsi, des étales se trouvent le long des routes des quartiers les plus populeux 93

(et populaires), à l’intérieur des concessions familiales où les produits agricoles (légumes divers,…) partagent la même table de vente que les Produits de Première Nécessité (PPN) tels que pétrole, allumette, savon, sel, sucre, etc.

Le commerce ambulant – riorio est également très développé à Morondava. Il est possible de ne pas se présenter pendant trois ou quatre jours au marché sans qu’on manque de légumes (feuilles potagères, tomates, aubergine amère, etc.) à la maison.

Pour son approvisionnement alimentaire, la ville de Morondava peut compter sur sa région qui est l’une des plus riches de Madagascar. On constate, cependant, que ce ravitaillement rencontre un problème de circulation quand vient la saison humide. Les quantités des produits offerts diminuent. Cette situation entraîne une hausse assez remarquable des prix. On peut dire que le climat joue en tant que facteur limitant. En saison de pluies, les délais d’acheminement des marchandises s’allongent, ce qui n’encourage guère les paysans à faire le déplacement vers la ville, d’où la diminution des offres sur les places du marché. Les routes dégradées, en saison des pluies, ne sont pas toujours réparées, ce qui fait que d’une année à l’autre, la situation ne s’améliore pas, au contraire, l’ensemble du réseau se détériore.

Ainsi, si on veut que l’approvisionnement alimentaire s’améliore, il faudrait que l’Administration s’investisse un peu plus dans la réhabilitation des voies de communication. Cela ne va pas favoriser seulement l’approvisionnement de la population urbaine mais également améliorer les conditions de vie des ruraux. Ces derniers pourraient écouler facilement leurs productions et mener en conséquence une vie décente. Le fait de réhabiliter l’ensemble du réseau routier va à coup sûr stabiliser les ruraux dans leur village près de leurs champs de cultures. Les paysans ainsi enrichis monteront tout juste en ville pour acheter des matériels nécessaires pour améliorer leurs quotidiens. N’y entrevoit-on pas ici des solutions pour stopper le phénomène de l’exode rural responsable, en grande partie, de l’insécurité urbaine ?

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