La Poésie Dislipée Ciana Notre-Diunc De Puis 1462 Andr
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La poésie dislipée cIana Notre-DIunc de Puis 1462 par Andr~ Trotticr Mémoire présenté à la Faeult6 des Études np6ricurcs ct de la R.echerche pour l'obtention du diplôme de maltrisc CM.A.) Département de Lanauc ct Littérature Crançaisca UJÜYcni~ MçGill, MODtRal septembre 1990 () And~ Trottier, 1990 t Je tiens à remercier deux de mes professeurs : monsieur Pierre Nepveu, de l'Université de Montréal, pour m'avoir bien aimablement autorisé à utiliser un extrait inédit en français d'un de ses textes critiques, et monsieur Jean-Claude Morisot, de McGill, pour sa lecture des plus attentives des différentes étapes de ce mémoire. , Netre-Dame de Paris 1482, de Victor Hugo, est une oeuvre qui réunit plusieurs genres le roman à travers l 'essa~ histurique, le théâtre, la poésle. Cette poésle essent~elle ment populaire donne pourtant tous les signes de la maladresse (pensons à la pièce de Gringolre ou aux «vers» de Quaslmodo), de la triv~alité (les grlvoiserles des coquins, les chansons à boire de Jehan Frollo), de l'analphabétlsme (condition d'Esmeralda et de Quasimodo, du «peuple»), du profane, voire de la profanation (l'hérésie, l'anticlérlcal1sme du roman). On peut donc noter que la poésip, dans Notre-Dame de Paris, se trouve ainsi disséminée ou dispersée (dissipée) en une série de sous-textes qui viendront perturber les normes de la «bonne» littérature. Cette désorganisation du poétique est le sujet de la présente étude. Une première partie de ce mémoire sera consacrée à l'examen de quelques caractéristiques de l'écriture de Hugo sa tendance à échapper aux classifications, de même que certains de ses traits ou motifs esthétiques tels que le grotesque et la démesure. Une seconde sectlon serVlra à une anal yse de di fférents aspects de 1 a moral i t é de Gr i ngoi re, des chansons de Jehan et d'Esmeralda, du poèml~-fragment de Quasimodo - ces aspects étant étudiés en fonction de l'élément du lieu/non-lieu et de la thématlque du volatil. Cette recherche tendra à mettr:e l'accent sur le texte hugolien lui-même; l'anarchie qui le caractérise, mais aussi, et peut-être surtout, la liberté de son expression. ABSTRACT Not re-Dame de Paris 1482, bl' Victor Ilugo, 1S a work which collects many genres : the novel as well as the hlstorical essay, theatre, poetry. Th~s poetry - which essentially 1S of. popul ar trend - however gi ves aIl signs of cl umSlness (1 et us th1nk of Gr1ngoire's play or of Quaslmodo's "verses"), of vu l garl t y (the 1 anguage used bl' the rogues, Jehan Fro l ] 0' 5 drinking sangs), of analphabetlsm (a cond~tion shared by Esmeralda, Quasimodo, and "le peuple"), of the secular. even more of the profane (the heresy and anticlericalism present in the novel). It 1S therefore possibl e to notice that the poeLry of Notre-Dame de Paris is scattered (dissipated) intn a number of under-texts wh~ch appear ta perturb the rules of "good" literature. 'r'his d~sorganization of th~ poetic is the subjeet of the present st udy. A first part of this thesis examines a few charaeteristics of the writing of Hugo its tendeney toward a certain de.::lassiflcation, as weIl as sorne of its rnost important aestheti cs, such as the grotesque and the excessiveness. A second section i5 an anall'sis of different aspects of Gr ingoi re' s mora 1 ity, songs of Jehan and Esmeral da, Quasimodo' s "poem" - these aspects being studied through the elernent of locality and the theme of the volatile. Thi s research wi Il tend to emphasi ze on Hugo' s text i tsel f; i ts anarchy, but then also - and perhaps mostly - the freedom of its expression. 1 1 NTRODLJCT 1 ON Le mystère que présente le poète Pierre Gringolre, au tout début de Notre-Dame de Par~s 1482, et dont la fonction première est qu'l.l ouvre l'hl.stoire, devient vite le heu d'une dissipation collective. L'espace, au départ occupé par la présentatl.on d'un texte drafllatique, se transfot'"me peu à peu ~n une autre scène où le peup 1 e pour ra en f l. n 1 al. sser Il bre cours à des pulsions profondes qUl, le plus souvent, doivent demeurer confinées à un ghetto à la fOlS physique et tributaire du hiérarchique, Cour des M1racles et de III cité et de l'âme humaine. Nouvell e Justice pour tous, on y va de ses cris, de ses moquerles, de ses Imprécatl.ons et de ses calembours dans une langue aUSS1 orgIaque et. subverSIve que le sont ces saturnales elles-mêmes. Généroslté ou excès, court- circuitage et destrurtion des valeurs, la dl.SSlpation est un des nombreux aspects mui tiforInes des thèmes, manières, et motifs de la production hugolienne. Dans le titre de ce travail, le mot dissipé, pris en tant que participe passé, renvoie à l'idée de disperser, de «faire 1 disparaître», ou encore, de «faire cesser». ' On peut égal ement y voi rIe sen~ rel a tif à tout l'aspect économIque d'«anéantlr en dépensant».2 Sur le plan synonym1que, Bénac relève l'expression «SI;: dissiper», c'est-à-dire l'idée de «disparaî tre en se dispersant ou en se consumant», ou encore, de «détruire ou faire disparaître en dispersant violemment: 1 - 1 - • 1 Amas de poussière que le vemt a emporté ou dissipé {Bourdaloue)>>.3 Enfin, au niveau de ~'étymologie (cf. latin dis~ipare), on r-elève au XIIIe sièclti! dans la Bible le sens 4 d J «anéanti r en dlspersant» . On :5e référera donc à ces dernières descrlptions. su~ le pla~ phllologique, quant aux différents sens et emplols du terme dissipé, pour tout 1 • aspect des rapports de l' écri ture· hugol ienne aux dimensions de brlsure, d' éc 1 atement 1 de fragmenta t i on dans la poésie éparsp. de Notre-Dame de Paris 14H2. La poésle «dissipée» sera égal ement trai tée au sens généralement donné à l'adjectif, dénotant l'idée d'une ~ dispersion «par dll utl on, par éparpi Il ement», J mais aussi, de t urbul ence ou de ce «qui n r est pas doci le». 6 En ef fet on remarquera au n1 veau des per sannages (et de leur paraI e) quelques cléments turbulents q,li viennent troubler le quotidlen déjà passabl ement agité de ce Paris du Moyen-Âge fl nissant : Pierre Gringolre Ile bohème faméllque et distrai t; Jehan Frollo, le Jeune frère indiscipliné et alcoolique de l'archidlacre; dom Claude Frello, aliéné, voyeur r obsédé, et alchimiste; Esmeralda, la ~so~cière~; Quasimodo, qui enfreint l'ordre et la loi publics et quj profane les symboles de ] '~glise. Notons finalement que sur le plan des sens nouveaux que l'on prête depuis quelques années à l'idée même de dissipation, des chercheurs comme Prigogine et stengers, qui ont oeuvré dans le domaine de la physico-r.himie, se sont - 2 - penchés sur la question de la «structure dissIPatlve»,1 sur laquelle nous revie~1drons un peu plus loin afin d'élaborer quelques proposltions face aux aspects de complexif1cation et de dégradation du texte, dans un contexte ayant traIt à l'histoire et aux lIttératures. Cette étude faite à partIr du corpus central Notrp-Dame de Paris 1482 aura un double but: faire ressortlr l'aspect à la fois synthétique et multldlmensionnel de l'écriture hugollenne, et faire ressortIr la complexlté de la représen- tat i on poétlque dans 1 e roman de Hugo. Ces éléments de recherche seront examlnés sous le double aspect du texte et d'une symbolique unIverselle que l'on peut relever partout dans les ~hématiques de Hugo (le corps - la matIère - l'espace - le phantasme), soil autant sut" le plan de la forme ou du genre qu'au nI veau de fIgures, * de rôles, de types ou d'archétypes. t . «FIgures» A. Selon le sens qUl nous est donné par l'étymologle latlne et qUl t-enVOle à la notlon de VISIble corporel extérIeur et à une représe11tatlon matérud le ou pl astlque. B. Selon le !:;ens qUl est dt trlbué par la rhétorl.que tradltlonnelle, 1. e. Iln fragment d'énoncé qUI échappe â une f oncti on codée. C. Selon la déflIllt10Tl qUé donne la sémlotlque récente dans ses modèles d'analyse comme ceux d'A ..J. GreImas, 1. e. des «un] tés de con tenu qUI s erven t à quallfler les rôles actantlpls et les fonctlor..s qu'lis rempll.ssent». (cf. Groupes d' Ent r evernps, Ana 1 yse s émi nt i que des textes, Presse::; Unlversltal.reS de • Lyon, 1985, p. 89) . - 3 - 1 Une certalne dispersion de ce qu' Hugo nonune dans le ti tre d'un poème 1 a «fonct 1\.... n du poète» r se remarque au nl veau de lieux textuels d'abord (le roman, les genr.es qlu s'y côtoIent, les manifestations langagières à résonnance poétique que l'on retrouve souvent dans la prose d'Hugo), de lIeux physiques, U matériels ou corporal ~sés souvent pd vll égiés par l' auteur (soit la rue, la place publlque, les foules) et enfin, dans certaines personnlflcations très partlculières (le gueux- poète, l'acteur-poète). Li eux «communs», 1 e poét i que et 1 e lyrique qui sont caractérlstiques du style hugollen ont souvent inCIté la critlque â dire - et ce depuis la parution des toutes premlères oeuvres du poète - que cet te écri t ure pouvait ~tre invraisemblable, anachronique, caricaturale, que Hugo était «lndifférent à la vérité de fait», g1...l'll était «forcé), ,...