LA MAFIA DU 4E POUVOIR DU MÊME AUTEUR
Total Page:16
File Type:pdf, Size:1020Kb
LA MAFIA DU 4e POUVOIR DU MÊME AUTEUR Les Cerdan, Editions Dargaud, 1970. Les Verts, Editeurs Français Réunis, 1971. Les Mystères du sport en RDA, EFR, 1972. Boxing Business, EFR, 1973. Le Sport en questions, en collaboration avec Guy Hermier et Michel Zilbermann, Editions sociales, 1976. Même si ça dérange, Editions Robert Laffont, 1976. Les Communistes au quotidien, Editions Grasset, 1980. Et tu seras champion, Messidor/La Farandole, 1980. A la découverte du sport, Messidor/Temps Actuels, 1981. Doumeng, du surf sur des millions de dollars, Editions Carrère- Michel Lafon, 1984. Morte par hasard, Editions Liana Levi, 1985. A cœur ouvert, Editions Messidor, 1987. Journaliste sous haute surveillance, Editions Messidor, 1987. Combats pour le sport, Editions Messidor, 1989. Sartrouville au cœur, Editions Messidor, 1989. Tous droits de reproduction, de traduction et d'adaptation réservés pour tous pays © Éditions Messidor, Paris, 1989 ISBN 2 209 06196-2 Roland Passevant LA MAFIA DU 4e POUVOIR Messidor / Document Au Petit Robert : Mafia : coterie secrète servant des inté- rêts privés par des moyens plus ou moins illicites. « Il s'est formé une conspiration. Il s'est formé une bande complice. Il s'est formé une maffia » (Giraudoux). Coterie secrète : voir Mafia. Coterie littéraire, politique. « Les écoles, les coteries ne sont autre chose que des associations de médiocrités » (Delacroix). Le Quatrième Pouvoir Le pouvoir de l'information existe. Derrière celui de l'Etat, l'exécutif; des Assemblées, le législatif; et du Judi- ciaire ; le Quatrième Pouvoir est celui d'une énorme coali- tion. Celle des empires de presse du système privé, de l'Etat patron du service public, des puissances d'argent qui dispen- sent ou refusent les aides, des forces économiques qui accordent ou refusent leur soutien publicitaire. Le Quatrième Pouvoir pèse sur la vie de notre société, sur nos vies. Son influence conduit à s'interroger sur la validité, deux cents ans après, de l'article 11 de la déclaration des Droits de l'homme, adoptée le 26 août 1789 : « La libre communication des pensées et des opinions est un des droits les plus précieux de l'homme ; tout citoyen peut donc parler, écrire, imprimer librement, sauf à répondre de l'abus de cette liberté dans les cas déterminés par la loi. » Qu'en est-il du droit à l'information quand la maîtrise des médias échappe aux informateurs et aux informés ? Le Quatrième Pouvoir pèse sur la vie politique, sur les consultations électorales, sur la vie sociale, culturelle. Il règle à sa façon le traitement des droits de l'homme, des évolu- tions du monde, des affaires scabreuses, de la violence... Je vous propose un long parcours dans la jungle de l'information. Qu'en est-il de la liberté des journalistes ? Quels rôles jouent de grands quotidiens comme Le Monde, Le Figaro, Libération, L'Humanité ? que penser des Shows du cœur et du Bébête Show ? Qui sont Hersant, Bouygues, Maxwell ? Etranges, les manœuvres de Rousselet-Canal Plus, de Hervé Bourges tous azimuts... Patrick Poivre d'Arvor et Christine Ockrent se veulent indépendants, voyons l'expression de cette indépendance... Qu'en est-il de celle du Conseil Supérieur de l'Audio-visuel ? Comment s'organisent les sondages d'opinion ? Depuis quatre décennies, je sillonne le monde de l'infor- mation. Tant d'années de travail et d'expériences, de rela- tions et de réflexion, permettent une investigation et un témoignage sur le fameux Quatrième Pouvoir. Bien sûr, le constat ne sera pas exhaustif. L'auteur n'a pu tout lire, tout entendre, tout voir, tout analyser. Cette étude est le fruit d'un suivi sur deux années, de juillet 1987 à juillet 1989, au quotidien, des médias de presse écrite, de radio et de télévision. Ma démarche, sur le plan audio-visuel, s'oriente essen- tiellement vers Antenne 2 et FR3 (surtout A2), sur le plan des radios vers France-Inter. La raison en est simple. Médias du service public, ils sont au service de la nation, ont le devoir d'informer des citoyens collectivement propriétaires par le versement de la redevance, toutes sensibilités confon- dues. Il m'arrive de faire référence à un homme que je tiens en haute estime, aujourd'hui disparu, qui a remarquablement étudié le modèle américain. Professeur à l'Université de Montréal, Jean Maynaud a notamment publié, en 1971 « La télévision américaine et l'information politique ». Je retiens de lui cette réflexion qui motive ma propre enquête : « Avant comme après la télévision, le fonctionnement de nos sociétés dépend du rapport des forces, et la distribution de l'information ne saurait échapper à ses implications. La technique peut aider à transformer ce rapport, mais elle peut aussi favoriser sa consolidation. A l'ère électronique comme 1. De 1950 à 1953 en agences de presse (1950 : Union Française d'Information), 1950 à 1953 ; Agence France presse), de 1954 à 1981 à L'Humanité, de 1981 à 1987 à TF1, et depuis 1970 dans le monde parallèle de l'édition, pour seize ouvrages réalisés chez Dargaud, aux Editeurs Français Réunis, chez Robert Laffont, Grasset, Carrère-Michel Lafon, Liana Levi, Messidor. aux époques antérieures, il n'y a pas de libération sans combat. » Ce livre est un nouveau combat, pour la transparence de l'information, pour le pluralisme, contre la désinformation, laquelle participe, avec malheureusement trop d'efficacité, aux retards de nos indispensables évolutions de société. Robespierre et l'article 11 — « Vous ne devez pas balancer à déclarer franchement la liberté de la presse. » Sous les rires et les moqueries du côté droit de l'Assem- blée Nationale, auxquels il oppose une indifférence mépri- sante, Maximilien Robespierre vient une nouvelle fois d'ap- paraître à la tribune. Trois jours plus tôt, il y défendait la liberté individuelle. L'un de ses plus anciens biographes, Ernest Hamel, rappelle que « la liberté individuelle était, aux yeux de Robespierre, la liberté par excellence, et, selon lui, on ne saurait l'entourer de trop minutieuses garanties. L'arrestation illégale d'un citoyen, en temps ordinaire, lui paraissait un attentat contre la nation, tout le corps social étant frappé quand un de ses membres l'était ». Le 21 août 1789, devant l'Assemblée, il défend résolu- ment quatre citoyens de Marienbourg arrêtés abusivement. Le 23, avec Mirabeau, il combat toute restriction en matière religieuse. Le lundi 24 août, il intervient sur une autre question de liberté, non moins importante à ses yeux, soulevée dans la discussion sur la Déclaration des droits. Il s'agit de la liberté de la presse, à laquelle, souligne-t-on « même aux plus mauvais jours de la Révolution, nous le verrons demeurer fidèle ». Succédant au député Target, auteur d'un projet ambigu, usant de termes à double sens, Robespierre clame son indignation : « Il n'y a pas de tyran sur la terre qui ne signât un article aussi modifié que celui qu'on vous propose. La liberté de la presse est une partie inséparable de celle de communiquer ses pensées. » C'est après ces observations et celles de quelques autres membres, que l'Assemblée décide de l'adoption du texte constituant l'article 11 de la Déclaration des droits de l'homme, votée deux jours plus tard par l'Assemblée Natio- nale, le 26 août 1789. La liberté nouvelle conquise en 1789, voit rapidement l'éclosion de trois cent cinquante journaux, mais elle sera de courte durée. Le fameux article 11 traverse presque en sous- marin le 19 siècle, de la naissance du Premier Empire à la loi de 1881. Napoléon, à peine a-t-il jeté aux orties l'uniforme de général républicain de Bonaparte, ne s'embarrasse même pas de précautions oratoires pour casser le droit d'expression acquis en 1789, pour détruire le généreux travail de Maximi- lien Robespierre. De l'imprimerie-Napoléon à l'électronique-Mitterrand « L'imprimerie, s'exclame Napoléon, est un arsenal qu'il importe de ne pas mettre entre les mains de tout le monde. Il s'agit d'un état qui intéresse la politique, et dès lors, la politique doit être un juge. » Juge, il l'est dès sa prise de pouvoir, supprimant la liberté de la presse. Ne conservant que quatre journaux nationaux, sous son contrôle direct, et des feuilles départementales également toutes contrôlées. Il s'exclame encore : « L'impri- merie est une arme qu'il ne faut pas laisser entre les mains des malheureux. » Au-delà de la nouvelle loi républicaine de 1881, asseyant définitivement la légalité de la presse, le fond ne varie guère. Le pouvoir politique, toujours étroitement lié aux puissances financières, gère le secteur de l'information en donnant délégation de pouvoir à ses maîtres des imprimeries, des journaux, des radios, qui un jour disposeront des satellites et contrôleront les réseaux de télévision, de même que la plupart des radios dites libres. Jean Maynaud, en 1971, situe encore clairement les choses, les motivations politiques, l'objectif : « ... asseoir le pouvoir de l'argent, le préserver, interdire l'évolution démo- cratique vers une information sincère, éducative, aidant véritablement au Progrès. » De temps à autre, quelques études, quelques articles surgissent, excellentes analyses, mais coquilles de noix sur un océan de sous-information. Ainsi en est-il de cette annonce sur un supplément Information et Affairisme du Monde diplomatique, réalisé par Claude Julien en août 1988 : « Libre, la presse ? Oui, à condition d'avoir accès à d'impor- tantes sources de capitaux, ce qui ne l'empêche pas de quémander les aides de l'Etat. La liberté, soumise à celle du commerce, à l'affairisme, fait une victime : le lecteur- citoyen, privé de débats sur l'essentiel. Quant au droit à la vulgarité et à la futilité, il demeure imprescriptible. Au nom de la Liberté.