1934 1945 1972 George Chepfer a été l’un des Dès la fin de la guerre, les Parmi les salles de concert les artistes les plus courrus de bals populaires sont le rendez- plus connues figure le Caveau Paris. Il a enregistré son pre- vous de tous ceux qui veulent des Trinitaires dont les véri- mier disque à la soixantaine et se dégourdir les gambettes au tables débuts ont eu lieu en obtenu un Grand prix en 1934. son des orchestres. 1972.

La consécration pour Chepfer La vogue des bals populaires Le début des Trinitaires

numéro 11 100 ANS DE MÉMOIRE

On connaît SPECTACLES VEDETTES Tous les grands artistes de la chanson sont venus se produire à Metz la chanson La chanson française a plus de mille ans d’histoire. Elle allie ainsi tout naturellement une évidente continuité à une prolifération des formes, des styles et du langage qui n’a fait que croître au rythme de la succession des époques. Depuis le début de ce siècle, le mouvement a été En haut de l’affiche s’accélérant suivant en cela la métamorphose perpétuelle des modes, des idées et des courants esthétiques. Après la Seconde Guerre mondiale, il est devenu quasiment frénétique comme la vie même. La société de surproduction et de surconsommation, les pressions exercées par les idéologies, les courants régionalistes, écologistes, féministes et surtout par les médias (radio, télévision principalement), tout a contribué à la fugacité, à la précarité, aux mélanges des genres qui sont quelques-uns des traits les plus frappants de la chanson actuelle. Dans le même temps s’est ouvert un fossé de plus en plus large entre les authentiques créateurs et les fabricants et techniciens de l’industrie phonographique. Aujourd’hui le monde de la variété internationale est une immense mosaïque qui est toujours faite des mêmes pierres, mais dont les dessins se sont prodigieusement modifiés au gré des époques, des générations et, désormais, des années quand ce ne sont pas des mois. Et pourtant, l’ensemble des chansons d’une géné- ration, d’une époque, en constitue curieusement la synthèse, en fait la chronique. Il suffit pour cela de réécouter attentivement Charles Trenet, Yves Montand, Georges Brassens, ... A.G. Un créateur touche à tout

CharlElie Couture en compagnie d’un autre Lorrain célèbre, Michel Platini On connaît bien le Nancéien CharlElie Couture depuis son premier succès, Comme un avion sans ailes, en 1981, jus- qu’à l’album Casque nu, sorti en mars 1997. En revanche, on sait moins que cet auteur-compositeur-interprète est aussi Avant qu’ils ne se produisent dans les grandes salles de concert peintre, vidéaste, dessinateur, photographe… Pas étonnant, construites ces dernières années, tous les artistes de renom donc que ce créateur touche à tout par excellence ait égale- ment intégré Internet dans sa vie d’artiste. Une vie bien rem- sont venus interpréter leurs derniers succès à Metz. Edith Piaf plie pour ce Lorrain qui a commencé par le piano classique accompagnée de Jean Nohain était présente pour l’émission pour en arriver aujourd’hui au blues urbain, itinéraire original « Reine d’un jour » dans les années 50 alors que Sacha Distel d’un chanteur qui a su imposer sa différence. La preuve, il ne porte pas le même nom que son frère, Tom Novembre ! enchantait le public du Palais des Sports en avril 1971. grand témoin Pierre-Frédéric Klos, directeur des Trinitaires, à Metz Le tremplin des cabarets

De Le Républicain Lorrain : En matière de le relais. C’est bien au Palace, avec ses Sans compter d’autres structures, comme des cultures régionales, en matière de à Caussimon, spectacle vivant, on a toujours tendance à 600 places, qu’on a vu pour la première La Maison Rouge à Metz… L’étiquette "ca- chanson comme de musique tradition- de Lavilliers raisonner : "hors Paris, point de salut"… fois des gens comme Brel ou Barbara, les baret" n’est finalement devenue péjorative nelle. La n’a-t-elle pas raté là Pierre–Frédéric Klos : On est évidem- grands noms d’un show biz de qualité… qu’avec les années 80. son rendez-vous ? à Francis Cabrel, il aura ment dans un pays très centralisé, c’est in- R.L. : Historiquement, la chanson fran- R.L. : Auparavant, Mai 68 avait libéré P.-F. K. : Les gens qui ont réussi à accueilli dans sa salle contournable. L’artiste qui veut réussir, çaise doit beaucoup à la notion de caba- pas mal d’énergie… durer dans les régions ont tous joué de la lorraine à peu près tout quelle que soit sa discipline, doit un jour ou ret… P.–F. K. : Si j’en juge par l’expérience du corde "provincialiste", que ce soit en Al- ce que la chanson l’autre se frotter à Paris. Mais c’était déjà P.-F.K. : La chanson mais aussi la mu- Caveau des Etudiants (ndlr : les futurs Tri- sace, en Languedoc ou en Bretagne. Mais française a produit de vrai au début du siècle. Le premier et peut- sique. Il ne faut pas oublier qu’à Saint–Ger- nitaires) et du "Hareng Saur", l’avant-68 il y avait toujours le support d’une langue, être le plus célèbre des exemples lorrains main-des-Prés, sur la lancée de la Libéra- aura été une période très forte, le cou- d’une culture bien arrêtée. En Lorraine, le talents durant ces trois aura été celui de Georges Chepfer, qui ne tion et des musiques amenées dans leur vercle de la cocotte-minute était prêt à sau- contexte est un peu plus compliqué, dernières décennies. s’est vraiment imposé comme chansonnier bagage par les soldats américains, on avait ter. Les lendemains ont été assez diffi- compte tenu de l’histoire de la région. La Sans compter quelques qu’en quittant Nancy pour imposer ses Pay- autant de clubs de jazz que de cabarets à ciles. Je me souviens de spectacles au chose aurait pu se développer sur pointures notoires sanneries lorraines au Caveau de la Répu- chansons. Les deux allaient souvent de cours desquels les chanteurs étaient de vé- d’autres bases, dans la mesure où des du jazz international, blique. On a peut-être pourtant oublié les pair, Boris Vian en était la parfaite illustra- ritables cibles, les gens les invectivaient, gens écrivaient des textes et restaient au caf’conc’ de province, qui existaient, parti- tion. C’était en même temps Aragon et le les interpellaient, montaient sur scène pour pays… Mais on manquait peut-être de qui toutes ont colporté culièrement à Metz, et donnaient la possi- be-bop, une époque charnière entre celle prendre la parole. On réclamait la gratuité structures, de relais solides, au niveau du avec chaleur le nom bilité à des "gloires locales" de s’exprimer, des interprètes, Gréco ou Francesca Solle- des spectacles, c’était le grand mythe de la disque, de la promotion, de la diffusion. de la scène messine qui accueillaient aussi des vedettes pari- ville, et celle des auteurs-compositeurs. création pour tous. Chacun s’arrogeait le R.L. : Et pour l’an 2000, la chanson à travers la planète siennes. Il y avait même à Metz des salles Ces cabarets découvreurs de talents ont titre d’artiste… Je ne suis pas loin de pen- française semble repartie pour un tour… musicale. Depuis de music-hall, qui proposaient des spec- duré pratiquement jusque dans les années ser que l’éclosion massive et soudaine des P.-F. K. : Apparemment, on replonge tacles avec décors, costumes, or- 70, et ils ont trouvé leur prolongement en auteurs-compositeurs, qui n’avaient avec allégresse dans la chanson réaliste, Pierre-Frédéric Klos a accueilli aux plus de trente ans, chestres… A Metz, le Globe a probable- province. Là, on doit citer le rôle prépondé- peut-être pas tous les qualités nécessaires enrichie toutefois par une plus grande exi- Trinitaires à peu près tout ce que la Pierre-Frédéric Klos ment été le dernier endroit du genre à rant des fameuses "MJC", les Maisons des et qui en tout cas n’avaient pas encore le gence musicale. C’est curieux comme les chanson française a produit de talents observe, découvre, fermer ses portes, et c’était à la fin des an- Jeunes et de la Culture, qui avaient toutes métier suffisant, a tué la chanson. modes changent presque par décen- durant ces trois dernières décennies. propose. nées 50. Ensuite les cinémas qui ont pris alors leurs "soirées cabaret" régulières. R.L. : Les années 70/80 ont été celles nies… 2 Le temps des chansons numéro 11

accordéon Un mouvement parti des bassins miniers COMIQUES Les rois des soufflets Si le piano à bretelles est né dans la première partie du 19e siècle, il a été introduit en Lorraine par les bassins miniers. Au début du 20e siècle et l’ombre, le rois des tours de jusque dans les années quarante, de 1962 à 1972, Roland l’accordéon est l’exclusivité des Zaninetti. Ce dernier devient vite bassins miniers, notamment ceux une vedette de la radio et du du fer, où Polonais et surtout Ita- disque. Après un retrait, de 1965 liens, montrent et démontrent leur à 1975, dû à la période yé-yé, l’ac- goût sinon leur passion pour le cordéon reprend du souffle. Dès piano du pauvre. Les bals, les 1977 le Vosgien Zaninetti ras- fêtes de famille (mariage, anniver- semble les virtuoses et crée saire, baptême) sont le refuge des l’Union des Artistes et Musiciens virtuoses de l’accordéon. A cette de l’Est, forte d’un millier de George Chepfer, époque, les deux chefs de file membres. Parallèlement, des un humoriste pittoresque. sont Pierre Silistrini et Pierre Para- émissions régionales comme chini (et sa célèbre école), tous « L’accordéon c’est sympa » et deux de Jœuf-Homécourt. A la fin « La jonquille d’or » permettent des années quarante, puis au aux jeunes de s’exprimer. Un mou- chansonnier La malice et le talent de George Chepfer début des années cinquante, le vement médiatique encore ampli- mouvement, toujours aussi fort fié depuis 1992 par « Soufflets ∆ dans les bassins miniers, s’étend c’est jouer » une émission deve- Les jeunes accordéonistes de Raon- aux Vosges et à la Meurthe-et-Mo- nue incontournable le samedi sur l’Etape lors d’un déplacement en 1952 Les histoires selle sud, se développant avec les France 3 Lorraine Champagne-Ar- ∆ Roland Zaninetti et ses amis « concours d’accordéon » et les denne avec son taux d’audience virtuoses lors de la création de l’Union « concours d’orchestre musette » record de 250 000 spectateurs et des Artistes et Musiciens de l’Est. lorraines à Paris qui permettent aux musiciens de ses 60 % de parts de marché. Au- briller et de promouvoir leur pas- tant de chiffres qui prouvent que années quelques 30 % d’élèves sion. Le nouveau chef de file est la Lorraine est l’une des pre- supplémentaires. Ces élèves en- La Lorraine a donné de grands chansonniers et le Messin Denis Molary qui ouvre mières régions en France pour le tendent montrer qu’ils ont du ta- la voie pour Robert Trabuco, To- développement et le rayonnement lent. C’est le cas de Frédéric comiques comme Roger Nicolas hier, Claude Vanony, nioli, Jean-Pierre Sauray, Benny de l’accordéon. Un instrument en Baldo de Forbach qui a remporté Didier Gustin aujourd’hui. Mais le plus grand reste Zavattiero, Taïoni. Dans les vogue puisque les écoles vos- en 1998 le trophée mondial. Un George Chepfer. Vosges, un accordéoniste sort de giennes ont inscrit ces dernières futur roi de l’accordéon. Comme le raconte avec minutie le imitations (Sarah Bernhardt notamment) Nancéien Jean Weber, un professeur de et à des chansonnettes à l’ancienne. En mathématiques amateur de chant et de effet, c’est seulement après la guerre témoignage Pierre Parachini, une vie consacrée au piano du pauvre musique, George Chepfer est né le 18 qu’il prend l’habitude de raconter ses his- décembre 1870 à Nancy. L’employé de toires pittoresques et savoureuses qu’on mairie ayant omis le « s » du prénom, les lui réclame partout. En 1930, il a alors la parents décident de conserver cette gra- soixantaine, George Chepfer enregistre phie à l’anglaise. son premier disque et dès 1934 il obtient « Pas un jour sans jouer » Chez sa mère modiste, le jeune Lorrain le Grand prix du disque. découvre le parler et les manières des Notons encore sa participation à paysannes venues faire leurs courses en quelques films : en 1931, il figure avec ville. Il s’en amuse et c’est en faisant Gabaroche dans « Radio-Folies », court- L’accordéon, c’est sa vie. Et il a fait danser moult Lorrains dans les bals. son service militaire qu’il commence à ra- métrage de Jean Tarride et, en 1934, Il, c’est Pierre Parachini, 79 ans depuis le 11 avril. conter « ses histoires » qui enchantent George Chepfer joue le rôle d’un officier ses camarades de chambrée. Rendu à la alsacien aux côtés de Bach et Fernandel Le Jovicien a commencé à cha- Par la suite « ses élèves seront à leur tivités : champion international d’or- vie civile, George Chepfer part pour Paris dans « Le train de 8 h 47 » (1934) de touiller les touches d’un accordéon à six tour professeurs et créeront également chestre musette en 1947 ; enregistre- où il s’installe avec sa jeune épouse nan- René Wulschleger. ans. « Mes parents avaient un café-bal, leur orchestre », précise sa femme ment de 300 titres, un Tour de France en céienne. Il devient rapidement l’un des Apprécié dans toutes les régions de au bas de la rue de la Taye, à Jœuf. On y Eliane. 1957… « J’ai arrêté en 70, au bon mo- chansonniers les plus demandés dans la France, sa famille, ses amis, ses fans dansait tous les dimanches… Un homme Rien n’arrête Pierre. Pendant la guerre, ment, le rock faisait déjà un peu d’ombre, capitale. Après la mort de son beau-père, l’ont toujours dépeint comme un homme qui faisait des spectacles de Guignol il se rend chez les particuliers clandesti- tout comme le disco après. Il y avait trop il prend la direction de l’imprimerie Royer travailleur, pudique et généreux : le tiers avait son siège dans le café, et son fils nement, pour faire tourner les têtes. de boulot au magasin d’instruments de à Nancy, mais continue à se produire à de ses galas était donné à titre gracieux jouait de l’accordéon… » se souvient Après le conflit, « c’est la grande époque musique », explique le musicien. Arrêter Paris où son succès est d’abord dû à des pour des œuvres de bienfaisance. Pierre. Ce sera alors le début d’une vie des bals musettes un peu partout », ra- est un grand mot. Tous les jours, l’accor- consacrée au piano à bretelles. « Pas un conte l’accordéoniste, qui, en 1941, a déoniste met en bandoulière son instru- Roger Nicolas revenu jour sans jouer ». A 12 ans, il anime son ouvert un magasin d’instruments de mu- ment de prédilection et « étudie premier bal dans l’établissement familial. sique. Sa réputation a dépassé les fron- toujours ». Il joue également avec les fantaisiste d’entre les morts humour A 14-15 ans, Pierre Parachini donne déjà tières de la Lorraine. Jusqu’en 1970, membres de l’Accordéon-club-lorrain. Au- Tous les jours, Pierre des cours et fait sa première émission Pierre Parachini participera à plus de jourd’hui, Pierre dit « en avoir fait danser Le conteur Parachini met en bandoulière radio à Strasbourg, en 1936. Il a 16 ans, 4000 galas en France. Durant sa car- assez » et se dit heureux « de voir revenir « Ecoute, écoute » vache son instrument préféré. et c’est à cet âge qu’il crée son école. rière, il a multiplié les réussites et les ac- en force le thé dansant et le rétro ». C’est bien connu, les Le fantaisiste Roger Nicolas, né à habitants des Hautes- Vosges ont un accent orchestre Trente ans de carrière pour un groupe qui "déménage" bals populaires Toul en 1919, fils d’un employé de la très prononcé. C’est cet SNCF, a choisi bien vite les planches accent qui a en partie et la voie artistique où il a fait rire la fait le succès de Claude Souvenirs, souvenirs… Vanony, qui puise aux De 1945 à 1965, les "bals populaires" France entière avec son numéro sources de son terroir Sissi et Gérardo ont été de toutes les fêtes. En Moselle- d’amuseur. l’essence même de ses Est, les souvenirs de cette période sketches. sont encore légion ! André Receveur Quand on lui posait cheur, garçon de courses, Il se dit paysan. Il qui a recensé toutes les salles de bals, la question de savoir com- il avait mené son tour de en a l’accent et l’appa- mènent la danse pense que « de nos jours à quelques ment pouvait émaner de lui France des petits métiers rence endimanchée exceptions près, les prestigieuses une telle joie de vivre, dans la grande tradition de même s’il ne possède ni En échangeant contre deux litres salles d"autrefois sont à jamais fer- Roger Nicolas cessait sou- nombreux artistes du show ferme ni vaches. Cet an- mées ou démolies. Ce sont à présent dain de rire et disait, subi- business. cien moniteur de ski (en de schnaps l’accordéon de la les discothèques qui accueillent la jeu- tement très sérieux : « Je Après guerre, Roger Nico- hiver) et de voile (en voisine, le père de Gérard Burlet nesse. Les vrais petits bals du samedi reviens d’entre les morts. las devint à temps complet été) avait un hobby : ac- est loin d’imaginer qu’il allait faire soir ont totalement disparu. A titre Alors, j’ai su apprécier à chansonnier. Dans la teur dans une troupe de d’exemple, à Freyming-Merlebach, douze partir de ce moment ce France morose se relevant comédiens amateurs de de son fils l’un des musiciens les établissements recevaient les danseurs qu’était le sens de la vie. Il des ruines de l’occupation, Gérardmer. Il avait l’ha- plus populaires de Lorraine ! et, à chaque fin de semaine, souvent faut savoir rire, et surtout, la radio le rendit célèbre, bitude d’amuser les L’histoire est étonnante. Au départ, dans la même salle, à la même table, et il faut savoir vivre… » ainsi que son célèbre leit- autres membres de la l’utilisation qui est faite de l’instrument est avec les mêmes musiciens sans oublier Car Roger Nicolas aurait motiv précédant toujours troupe dans les cou- pour le moins inattendue. Ainsi, alors que les mêmes serveurs, jeunes et moins dû être rayé de la carte des ses sketches, le fameux lisses. Jusqu’au jour où gronde la guerre, le petit Gérard couvre-t-il jeunes communiaient dans la même fer- vivants le « écoute, il a commencé à occu- de ses mélodies le bruit de la presse à huile veur de l’accordéon et de la valse mu- 23 janvier écoute, per les entractes. clandestinement activée dans les abris de sette ». C’était à Sarreguemines, le Rex, 1943. Ce écoute… ». C’était le début du suc- Schorbach, ce hameau du Bitscherland où anciennement Saalbau fermé en 1952 et jours là, à la Le succès cès pour le conteur hu- vit la famille ! l’Excelsior à l’endroit où fut construit le cité de Loos, ne le quitte moriste vosgien. Ramasseur de quilles, collecteur de mé- Garage Bang ; Saint-Avold, la Salle de à Lille ,un plus. Chan- Aujourd’hui après près taux, animateur de kermesse… Pour acqué- l’Appolon, la Salle Heil, la Salle Delesse peloton sonnier de trente ans de scène rir l’instrument chromatique de ses rêves, et la Salle Clemens ; L’Hôpital, la Salle d’exécution dans toutes (90 spectacles chaque Gérard ne ménage pas sa peine. Le trésor René Mourer, la Salle Friderich, la Salle allemand le les bonnes année) et plus d’un mil- amassé, l’adolescent fonde son premier or- Ordener et le Central ; Forbach, la Salle fusille. Mais « boîtes » de lion de disques vendus, chestre en 1951. Il enrôle ses trois sœurs des Fêtes, la Salle de l’Eldorado, la Salle les armes Paris, acteur il n’a rien perdu de son dans l’aventure, puis engage d’autres musi- Gaspar et le Calypso ; Stiring-Wendel, la étaient char- de théâtre, côté nature qui plaît tant ciens. Au début des années 60, la réputa- Salle Sommer, le Trianon et la Salle gées à on le voit no- aux spectateurs. Son tion de l’orchestre a dépassé les frontières Jager ; Petite-Rosselle, la Salle Raber, la blanc. Le tamment humour qui sent le ter- du canton. Engagé pour animer la fête pa- Salle Schneider, la Salle Hamann et la choc à bout dans l’opé- roir vosgien apporte une tronale de Grundviller, « Gérardo » remarque Salle Bellevue ; Merlebach, la Salle portant le rette « Bara- bouffée d’air frais, aux une jeune fille pimpante, qui fredonne tous Union « Colson », la Salle Kraemer, la laisse ce- tin » et dans senteurs de sapin et de les airs distillés depuis la scène. Le chef Salle Delesse, l’Astoria et le Café Sac- pendant in- les pièces fougères. Les histoires d’orchestre invite la belle à monter sur les sec ; Freyming, la Salle Witkowski, la conscient populaires grivoises, mais toujours planches. Félicie, fille de l’organiste du vil- Salle Normandin, la Salle Moritz, la Salle durant de longues heures. « Mon petit pote », de bon ton succèdent à lage, ne sait pas encore qu’elle entame ce de l’Espérance, le Café Muller, le Café du Le commandant du peloton « Bidule », « Flash ». Il ne celles qui racontent la soir-là une longue carrière de chanteuse… Pas un grand bal sans l’orchestre « Sissi et Tilleul et le Café Riviera ; Morsbach, la d’exécution avait été sou- restait plus à Roger Nicolas vie vosgienne de tous et d’épouse de musicien. Gérardo », un des plus réputés de la région. Salle Wagner ; Rosbruck, la Salle du doyé, acceptant de tricher qu’à devenir acteur de ci- les jours. L’orchestre « Sissi et Gérardo » est né, qui Café de l’Europe ; Neunkirch, la Salle avec la mort. L’agent Nico- néma. fera les beaux jours des plus grands bals de dates dans l’année. Un disque sera même Adam ; Welferding, la Caverne d’Ali-Baba. las, de l’Intelligence Ser- Des films bon enfant, il la région. Peu de groupe peuvent s’enor- enregistré ! Hundling : la Salle Ledy ; Grosblieders- vice, était sauf. De ce jour, en fit, beaucoup, qui fai- gueillir alors de compter une voix féminine Gérardo raccroche en février 85, après 30 troff, la Salle Jespère et la Salle Weiss- datent vraiment les talents saient crouler de rire le pu- dans leurs rangs. C’est le temps du yéyé et ans de carrière. Dix ans plus tard, il accom- linger ; Alsting, la Flauss « Chez Mi- d’amuseur de cet homme blic des salles obscures. des grands « tubes » de Sylvie et Françoise plit un « come back » mémorable à Bitche, reille », la Salle Bendel et la Salle Henn que ses amis ne devaient Parmi eux, « Ma tante Hardy… Gérard abandonne son métier de où 2 000 personnes viennent retrouver leur Marcel ; Puttelange, la Salle du Central plus jamais voir un seul d’Honfleur » en 1948, « Le mineur pour devenir bateleur professionnel. jeunesse. Les lampions du bal sont aujour- et la Salle Streiff ; Sarralbe, la Salle du jour triste. roi du bla-bla-bla » en Avec les Edelweiss (Metz), Zavatiero (Merle- d’hui éteints mais le piano à bretelles de Café du Commerce et la Salle Sutter ; Et pourtant, tout n’avait 1950, « Jamais deux sans bach) et autres René Mayer (Sarregue- Gérard ne quitte jamais le coffre de sa voi- Farschviller, la Salle Lauer ; Farébersvil- pas été rose avant guerre trois » en 1951, « Le der- mines), la clique casse la baraque. En ture. Et il ne s’écoule pas une semaine ler, la Salle Karmann ; Longeville-les-St- dans la vie de Roger Nico- nier Robin des bois » en 1970, « Sissi et Gérardo » assurent 130 sans que la musique ne le démange ! Avold, la Salle de la Résistance ; Woust- las. Artiste de cirque à 1952… Il est décédé en viller, le Dancing Sans-Souci. seize ans, puis démar- août 1977. numéro 11 Le temps des chansons 3

jazz Au mythique Cat 4 Club avant les Trinitaires yé-yé 25 millions de disques vendus, 150 galas annuels pour C. JÉRÔME Tout a commencé Non, il n’a pas changé Il a fêté au Zénith à Nancy, le 17 juin 1995, ses 25 ans de carrière. Il s’agit de C. Jérôme, de son nom d’état civil Claude Dhotel, à la Libération l’éternel « gamin » de la période « yé-yé ». Si l’histoire du jazz en France débute vraiment en novembre 1918 Dans les années 60, le rock’n roll donne-moi avant de triompher à l’Olympia en avec le défilé sur les Champs-Elysées du 369e régiment américain marche très fort en France et Claude est très 1993. vite attiré par cette musique. Avec quelques Un nombre incroyable de tubes le classe (les Hellfighters) dirigés par l’extraordinaire Jim Europe, les copains, il forme un groupe The Storms, et au rang des chanteurs les plus populaires de Lorrains devront attendre les années 40 pour entendre parler du commence à se produire sur scène dans sa génération. Chaque année, il totalise plus jazz, salué comme la musique de la liberté retrouvée. toute la région nancéienne. Puis, à 17 ans, de cent cinquante galas dans toutes les Claude part tenter sa chance à Paris. Tout en villes et campagnes de France, d’Europe et Les années 40 : cherchant une maison de disques, il chante au Moyen-Orient. Il a vendu à ce jour plus de c’est l’époque où Jimmy au Golf Drouot et dans divers endroits de la vingt-cinq millions de disques. Ce lutin de la Fagherazzi, originaire de capitale. C’est en 1967, après son passage chanson est un grand, sa voix est pleine, son Rosselange, monte à obligé sous les drapeaux, qu’il décide de dynamisme bondissant, sa joie de vivre, sa Nancy pour y retrouver en prendre le pseudonyme de C. Jérôme. Il en- gentillesse, son sourire enfantin, sa vivacité, cachette Jacques Kessler registre son premier disque Le Petit Chape- son humour, son sérieux sans se prendre au et Marcel Cuny, des co- ron Rouge est mort, chouchou de la célèbre sérieux, toutes ces qualités lui permettent pains épris comme lui de émission Salut les Copains. de rester aussi conquérant qu’à ses débuts. jazz. Cette musique, ils En 1969, premier succès avec Quand la Sur scène, il n’hésite pas non plus à par- l’ont apprise pour la plu- mer se retire, suivi en 1972 de son premier ler de « sa Lorraine ». Né à Paris, il a vécu à part sur le tas en dé- gros tube Kiss me, qui se vend à plus d’un Champenoux près de Nancy où demeure tou- jouant les plans des million cinq cent mille exemplaires. Il existe jours sa mère et il garde de son séjour lor- adultes qui leur vingt-deux versions de cette chanson à tra- rain « des tas » de souvenirs. « En fait, dit-il, conseillaient de ne pas vers le monde. Les disques d’or se succè- je n’ai jamais vraiment quitté cette région. Je en jouer de peur de « se dent ensuite : Himalaya, Manhattan, La Pe- suis toujours dans le coin puisque ma mère déformer l’embouchure ». tite Fille 73 ou Jérôme c’est moi, pour ne y habite et je reviens ici plusieurs fois dans Quasiment tous autodi- citer qu’eux. l’année ». Il est même tellement attaché à dactes, non par coquette- Il sera à la une du Top 50 avec Et tu son « terroir d’enfance » qu’il a sorti en rie, mais par nécessité, danses avec lui et avec Derniers baisers, en- 1993 un single tout simplement appelé la bande ratisse en 45 la registrera encore Les larmes aux yeux ou Par- « Nancy ». L’éternel « gamin » de la période « yé-yé ». plupart des brasseries de la ville : L’Antre du Diable (l’actuel caveau de l’Ex- Depuis 1970, les ambassadeurs se font entendre Gravé dans les mémoires celsior), littéralement an- rock nexé par la 7e Armée US, A 60 ans, le chansonnier qui y swinguait toute la nancéen George CHEPFER nuit, mais aussi le Palais enregistre son premier de la Bière, le Thiers, la Un « Atoll » entre 11993300 album. Viennoise, chez Walter et au Glacier (place Stanis- En 1973, à Nancy, Le Téméraire accouche du festival Nancy Naissance de Claude Dho- las). Que reste-t-il de ce Jazz Pulsations qui verra défiler toutes les stars mondiales. tel, le 21 décembre, origi- temps là ? Un 78 t du big Metz et le Japon naire de Champenoux (54). band de Jacky Kessler en- bars de Metz sont inves- nez, Jérôme Bourdellon y En 1967, il prend le pseudo- 11994466 registré à Radio Lorraine. tis par des militaires amé- feront leurs premiers nyme de C. Jérôme. A Metz, le jazz a trouvé ricains et par leur mu- pas. Le rock lorrain compte aussi ses ambassadeurs. La première formation un point d’ancrage dans sique. En 73 à Nancy, Le Té- à se faire remarquer fut le groupe nancéien « Substance » dans les Naissance de Pierre Hanot à la famille des musiciens A partir de 1965 le jazz méraire accouche du fes- années 70. Puis, en 1972, apparut le groupe « Atoll » créé par le Messin Metz. Surfant entre blues et de bal dès 1955. Teddy s’émancipe. Jean Bémer tival Nancy Jazz Pulsa- Alain Gozzo. funk, il chante le rock de sa Peiffer, Teddy Valentin, ouvre le mythique Cat 4 tions qui verra défiler à 11995522 belle voix déchirée. Jean Mirandolla, Zaino, Club à Rozérieulles qui peu près toutes les stars Rejoint par Luc Serra, Monet et Bruno Gehin, deux an- du groupe est fissurée. Chacun Salinas, un certain accueille le débutant mondiales. L’action plus Jean-Luc Thillot, Michel Taillet, ciens d’« Euterpe ». Fin 75, les veut partir de son côté. Naissance de CharlElie Cou- Simon, et puis J.-P. Sau- Keith Jarret et Ray Gene- modeste de Longwy, Sar- André Balzer, Patrick Kiffer, têtes changent encore. Cette En 1981, après une année ture, le 26 février, à Nancy. ray et Jean-Marie Hauser vaux ! Il sera relayé dans reguemines, Freyming, Alain Gozzo tourne en Europe et fois « Atoll » se compose de passée à répéter et à enregis- Chanteur, il est aussi au- sont considérés comme les années 70 à Metz par Pont-à-Mousson, Com- enregistre plusieurs simples et Jean-Louis Thillot, Alain Gozzo, trer avec l’Anglais John Wetton, teur, compositeur, peintre, des gloires locales. Dans Pierre-Frédéric Klos qui mercy, Nilvange et Bar-le- cinq albums. André Balzer, Michel Taillet, Ri- ancien membre du légendaire photographe, musicien, écri- 11995566 le même temps le Palais fera des Trinitaires l’un Duc démontrera parallèle- Le premier tube est « Change chard Albert (ancien de « Komin- « King Crimson », il forme « Em- vain et réalisateur. des Mines affiche Count des tout premiers clubs ment et au fil des ans ta vie » suivi du « Secret du tern » et Christian Beya (Divodo- bargo ». Basie, Sidney Bechet, de France. Les profes- que le jazz est et de- mage ». Toutes les salles de rum). En 1989, « Atoll » renaît de Naissance de Jean-Pierre Lionel Hampton, Louis sionnels messins Chris- meure bien vivant en Lor- spectacle parisiennes comme le En 1979, c’est la consécra- ses cendres avec Christian François, le 7 juin, à Pont-à- Armstrong, et certains tian Jacob, Laurent Gia- raine. « Bus Palladium » et surtout le tion. Les Japonais classent Beya qui reprend le flambeau Mousson. Sa rencontre avec légendaire « Golf Drouot », ac- « Atoll » quatrième groupe euro- avec Raoul Leininger, Jean- D. Barbelivien, en 1988, a cueillent le groupe. L’Olympia péen. La télévision américaine Pierre Klares, Gilles Bonnabaud, donné le succès "Je te survi- viendra plus tard. Mais l’appel les invite à « Hatari », une émis- Roland Grunhertz et Umberto 11996655 vrai" à 600 000 exem- de la région natale est si fort sion disco. En janvier 80, l’al- Natal. Le style a également plaires et fut accroché pen- salles de spectacle carrières qu’ « Atoll » revient souvent se bum « Araignée Mal » se vend changé. Le rock est devenu dant 4 mois au Top 50. Marie-France DUFOUR produire aux quatre coins de la immédiatement à 8 000 exem- « progressif ». Quelques mois Lorraine. En 1975, arrivent de plaires au Japon. Décidemment, plus tard apparaît un visage fé- Naissance de Didier Gustin, Dite Marie, née à Nancy, nouveaux talents au sein du l’Extrême-Orient sourit aux musi- minin aux claviers, celui de Na- le 26 avril, à Coussey Du Galaxie au Zénith chanteuse, qui a successive- groupe comme Jean-Claude ciens lorrains. Pourtant, l’unité thalie Geschier. (Vosges) près de Domrémy- ment remporté la Rose d’or la-Pucelle. Profession : imi- en passant par d’Antibes et le prix d’interpré- 11996666 tateur. tation, décerné au Festival de chez Paulette la chanson de Spa (Belgique). Naissance de la chanteuse La guerre des salles de spectacles, dans les Solange DUVERNON Marie-Claire Buzy à Metz, années 90, a été profitable à la Lorraine. plus connue sous le nom de Dite Sidonie BABA, née à Re- Buzy. Avec "Dislexique", elle Aujourd’hui deux grands espaces programment miremont le 29 septembre Fin 91, 1968 est une des voix marquantes les monstres sacrés du rock international et de la 1968 1910, journaliste, auteur de de l’été 81. variété française. revues et chanteuse. Elle a dé- le groupe buté dans le journalisme en repart au Japon. Premières "Journées de la 1928 à L’Intransigeant. En Chanson" à Thionville orga- 1923, elle a fait jouer sa pre- Cette tournée précédera nisées par la Ville et le Cac- mière pièce "Le Marchand tus-Club. Il y aura sept d’idées". Elle a créé le cabaret la sortie 11998811 autres journées. parisien "Chez Sidonie" où elle d’un CD intitulé dit des poèmes. Elle a chanté Originaire de Freyming-Merle- surtout à l’étranger. « Tokyo c’est fini ». bach, Arnold Diné, appelé Ginette JENEVEIN Un album L’ARNO, sort son premier qui sera disque "Le titre, c’est l’fric". De son vrai nom Maria San- Quelques années plus tard, il drini, née à Metz, chanteuse, le point final 11998888 d’une belle prend le nom de Mikael Deen comédienne. Elle est l’élément et chante en anglais. féminin du groupe musical Les aventure. Trois Ménestrels, surnommé Jérôme Ernest, 20 ans, ori- Le Galaxie peut accueillir près de 12 000 spectateurs. Deux Chats et une Souris. ginaire de Dombasle (54) enregistre son second CD. A Amnéville-Les-Thermes, le « Galaxie » ouvre ses Connu avec "Nanouchka" et portes pour la première fois au public le 4 janvier 1991 Les Trinitaires parmi les salles de concert les plus connues lieux "Dis-moi pourquoi", il a rem- avec un concert exceptionnel de Patricia Kaas. Avec une porté le "Booking Free 11999944 surface de 6 500 mètres carrés, ce temple de la mu- Lance" destiné à récompen- sique peut accueillir près de 12 000 spectateurs. A son La légende du Caveau ser les jeunes talents. ouverture, le « Galaxie » est la salle de spectacle la plus sophistiquée de France, construite sur le même concept Inauguration le 10 mai du que les grands espaces parisiens. En huit ans d’exis- Archétype de ces lieux mythiques où la proximité entre la festival "Chantons z’en- tence, la liste des artistes s’étant produits à Amnéville scène et le spectateur amène à des émotions fants" lancé à l’initiative du est déjà très longue : Elton John, Phil Collins, Deep incomparables, le Caveau des Trinitaires messin demeure 11999955 Centre d’Action Culturelle de Purple, Génésis, Sting, Johnny Hallyday, Jean-Jacques Thionville. Goldman, Bruel, Sardou, etc., avec un seul regret : le dé- depuis plus trente ans une salle-phare dans le paysage sistement au dernier moment de Paul McCartney, l’ex- artistique lorrain, sinon national. Beatles… Ont collaboré à ce numéro préparé par A Nancy, le « Zénith », le cinquième en France, s’ins- Né sous l’impulsion de Pierre-Frédéric Workshop de Lyon ou Didier Levallet… Le talle sur les hauteurs, derrière le Haut-du-Lièvre (Champ- Jean MARZIOU et Gaston SCHWINN : Mi- Klos, dans la mouvance du Caveau des Etu- jazz va donc prendre légitimement ses aises aux chel GENSON, André GREINER, Valérie le-Bœuf), en février 1993. Si 6 000 personnes peuvent diants, puis de l’expérience poétique du Ha- Trinitaires où Didier Lockwood, Archie Shepp, IMBAUD, Jean-Marc PHILIPPE. prendre place dans la salle couverte, ce sont 25 000 reng Saur, la salle messine connaîtra, après Dexter Gordon et autres Max Roach – pour ne Nos remerciements à Pierre PARA- spectateurs qui peuvent envahir l’amphithéâtre extérieur, moult avatars homériques, ses véritables débuts citer qu’eux – graveront quelques pages mémo- CHINI, à Sylvie PHILIPPI des Trinitaires et grâce à l’ouverture de six vanteaux d’une porte de 76 m officiels en 1972, avec un spectacle consacré rables sur la pierre des voûtes historiques. au Conservatoire Régional de l’Image à de large et 16 m de haut. Là aussi les plus grands de la "Instruments anciens de Lorraine". Dans la fou- Parmi une foultitude d’anecdotes et de ren- Nancy. chanson française et internationale se succéderont. lée, Louis Arti pour les premiers auteurs-com- contres, difficile de passer sous silence la Documents-photos de Roland ZANI- Il ne faut pas oublier les autres temples de la musique positeurs lorrains, mais aussi Pia Colombo, longue escale messine d’un Lavilliers, débar- NETTI, de l’AGIP, de l’AFP, de Jean Scher- de variété en Lorraine (passés et présents). Les Foires Maurice Fanon, Jean-Roger Caussimon devien- beck-Conservatoire Régional de l’Image, Internationales de Metz et Nancy, la salle Europa à Mon- nent familiers d’un lieu qui peut à juste titre re- quant avec sa guitare à la fin de l’année 73 et jetant l’ancre sur les hauts de Sainte-Croix, de l’ouvrage "George Chepfer : textes et tigny-les-Metz, la salle Poirel à Nancy, les Centres d’Ac- vendiquer le passage et l’amitié de la quasi-to- chansons" Ed. Serpenoise, et du Fonds tion Culturelle de Saint-Avold, Forbach et Bitche, les talité des grands artisans de la chanson en avant la longue traversée que l’on sait… Et Documentation du REPUBLICAIN LOR- salles Molitor et Jean-Burger à Hayange et Thionville et France. La légende se tisse peu à peu, c’est quelques-uns se souviennent peut-être de Jean- RAIN. Documentation : Véronique surtout « Chez Paulette » à Pagney-derrière-Barine, près l’époque où des chanteurs comme Colette Michel Caradec à l’affiche d’un soir, poussant PRETRE. de Toul. Cette petite salle de spectacle fut surnommée le Bernard Lavilliers à ses débuts aux Magny, Gilles Elbaz ou Jacques Bertin, s’es- quasiment de force son guitariste sous les pro- « Golf Drouot » lorrain. Elle vit se produire, dès la fin des Trinitaires, accompagné par Lolo saient à d’autres expériences musicales, accom- jecteurs. On découvrait là pour la première fois Prochain thème : années 60, de grands groupes à leurs débuts comme Kardanow et Wally, ses complices pagnés par des musiciens venus d’autres hori- l’accent et la veine poétique d’un certain Fran- Environnement et paysages. « Variations », « Triangle », etc. messsins d’alors. zons rythmiques, Siegfried Kessler, le cis Cabrel. 4 Le temps des chansons numéro 11 opéra de quat’sous Marianne Colin interprète L’enfance nancéienne de Catherine Sauvage troubadour Le Père amie d’André Gide et d’Albert Camus Duval, poète et chantre de la foi La sœur des poètes La muse de Le Brassens Elle était l’amie d’Albert Camus et d’André Gide, elle a chanté Cocteau, René Char et Jacques St-Germain-des-Prés en soutane Prévert : était « la sœur des Le Père Duval est non seulement un poètes », chanteuse, diseuse, comédienne, écrivain. Vosgien mais aussi le « Bécaud de la Peu avant de disparaître le 21 mars foi » ou le « Brassens en soutane ». 1998, Catherine Sauvage était Fils d’un cultivateur vosgien du Val d’Ajol, Aimé Duval est entré dans la compagnie revenue à Nancy sur les traces de Jésus à 18 ans. Comme la plupart de ses de son enfance, passée jusqu’à l’âge collègues, il a fait des études supérieures de philosophie et de théologie. de dix ans place Saint-Jean. Pour exercer son apostolat jésuite de mission populaire, Aimé Duval est devenu un chanteur Avant de s’installer en aussi avec nostalgie du Lycée à succès, mondialement connu, à l’affiche des ville, ses grands-parents mater- Poincaré, situé à un jet de pierre mêmes music-halls que Bécaud et Brassens nels habitaient Pagny-sur-Mo- de sa maison, et des tramways dans les années soixante. Georges Brassens, selle. Constant François son entre lesquels elle se faufilait à en mettant en scène dans ses chansons celui grand père était facteur, sa grand- l’aller comme au retour. La car- qu’il appelle la « calotte chantante », ne cache mère se prénommait Pauline, sa rière de la chanteuse, qui connut pas son estime et sa sympathie pour cet mère Simone, et son père, expert son apogée en 1968 avec un pas- adversaire en poésie. à la Société Générale Eugène. De sage à Bobino, a réellement com- Sans dévier de sa ligne, avec des titres La Nancy où elle était née le 29 mai mencé au début des années 50 comme « Seigneur mon ami », « Le Seigneur Sarregueminoise, 1929, la petite Janine Saunier dans le mythique quartier de reviendra », le père séduit croyants et non- Marianne (son véritable nom) avait gardé Saint-Germain-des-Prés. croyants du Palais des Sports à l’Olympia, Oswald était le souvenir d’une période « libre Conscient de sont talent, Léo comme lors de nombreuses tournées à « la sœur des et joyeuse », de promenades Ferré encouragea à juste titre à l’étranger au cours desquelles il chante en poètes » et en sportives en canoë sur la l’époque celle qui allait devenir neuf langues. Son premier disque, en 1951, particulier de Meurthe, ou de vacances à skier l’une des plus magistrales inter- s’est vendu en trois semaines à 45 000 . près de Gérardmer. Elle parlait prètes de la chanson. exemplaires et il a commenté un de ses grands succès du music-hall en déclarant « c’est le plus beau jour de ma vie… après De son vrai nom, Marianne dant la Seconde Guerre mondiale, celui de mon ordination ». Colin, Marianne Oswald, née à Sar- elle part aux Etats-Unis, où elle voix Patricia Kaas, l’enfant du pays minier Prêtre et poète, Aimé Duval n’échappe pas reguemines le 9 janvier 1901, a écrit son premier livre « A small aux faiblesses humaines. Dans son livre commencé sa carrière de chan- Voice », qui paraîtra après la guerre « L’enfant qui jouait avec la lune » (Editions teuse à Berlin en 1925. Mais c’est à Paris, préfacé par Jacques Pré- Mademoiselle chante... Salvator), il raconte la lutte qu’il a livrée pen- à Paris, en 1933, qu’elle « éclate » vert, sous le titre « Je n’ai pas ap- dant des années contre l’alcoolisme qui l’a au « Bœuf sur le toit », le plus tu- pris à vivre ». Dans les années conduit au bord du suicide. De ses milliers de multueux des cabarets de la rive soixante, elle produit plusieurs Née à Forbach le 5 décembre 1966, récitals, de ses millions de disques, le père droite. Elle chante « L’Opéra de émissions de radio et de télévision, Patricia Kaas construit avec obstination Duval n’a conservé que le souvenir. Il a versé Quat’sous » de . Elle écrit pour les enfants et tourne sa carrière d’interprète. à des œuvres l’argent que lui a rapporté sa est la seule, à l’époque, à oser in- dans « Les Amants de Vérone » de croisade musicale et il a pris sa retraite parmi terpréter sur une scène de music- Jacques Prévert. Elle a 19 ans quand elle sort disque, sur le devant de la scène et les siens dans la maison des missionnaires hall les textes de Jacques Prévert, Pendant trente-trois ans, Ma- son premier 45 tours (« Jalouse ») en tête des hit-parades. En 1988 de Nancy avant de décéder en mai 1984 à tandis que dans la salle ses parti- rianne Oswald a vécu dans la financé par Gérard Depardieu mais « Mademoiselle chante le blues » l’hôpital Belle-Isle de Metz. sans et ses détracteurs en vien- même chambre de l’hôtel Lutécia à elle a déjà vécu un long chemin sur est un succès. En 1990, consécra- nent aux mains. Elle bouleverse Paris, dont les murs étaient tapis- les planches régionales. En Moselle tion, elle est élue « Interprète fémi- Cocteau qui écrit pour elle un sés d’œuvres de ses amis (une ou en Sarre, la jeune Forbachoise nine de l’année ». Depuis, cette poème, « Anna la bonne ». Ma- gouache de De Vlaminck, une autre d’une famille de six enfants, accom- "dure au labeur" poursuit une car- rianne Oswald, aux côtés des plus de Léger) et de lettres de Camus, pagnée de sa mère, va chanter dès rière impressionnante et solide au grands, fait désormais partie du de Cocteau, comme celle-ci en 8 ans dans les kermesses, les fil de disques (plus de 10 millions) paysage culturel du Paris d’avant- 1955 : « Il importe d’être attentif fêtes de la bière, les cabarets, les et de concerts. Celle que l’on com- guerre. François Mauriac écrit lorsque Marianne Oswald parle de concours. Et chaque fois le public pare à Edith Piaf pour la veine popu- d’elle : « Comme ces truites qui re- la jeunesse, car elle oppose aux applaudit cette mignonne chan- laire et à Marlène Dietrich pour le montent les gaves, Marianne Os- cœurs secs et mous un cœur pur teuse à la belle voix grave, une voix tragique allemand, est partie – wald remonte l’irritation d’une et dur ». que l’on reconnaît entre mille. C’est comme le prédisent les gens du foule, et elle atteint la source qui Elle est décédée dans le Val-de- Avant que « Mademoiselle chante le blues » ce timbre qui la fait remarquer et spectacle – pour un très long che- est le cœur inquiet, la mauvaise Marne à 84 ans et repose au Patricia jouait avec ses nounours. qui la propulse dans le monde du min musical. conscience des privilégiés ». Pen- cimetière de Sarreguemines.

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