Le Tremplin Des Cabarets

Le Tremplin Des Cabarets

1934 1945 1972 George Chepfer a été l’un des Dès la fin de la guerre, les Parmi les salles de concert les artistes les plus courrus de bals populaires sont le rendez- plus connues figure le Caveau Paris. Il a enregistré son pre- vous de tous ceux qui veulent des Trinitaires dont les véri- mier disque à la soixantaine et se dégourdir les gambettes au tables débuts ont eu lieu en obtenu un Grand prix en 1934. son des orchestres. 1972. La consécration pour Chepfer La vogue des bals populaires Le début des Trinitaires numéro 11 100 ANS DE MÉMOIRE On connaît SPECTACLES VEDETTES Tous les grands artistes de la chanson sont venus se produire à Metz la chanson La chanson française a plus de mille ans d’histoire. Elle allie ainsi tout naturellement une évidente continuité à une prolifération des formes, des styles et du langage qui n’a fait que croître au rythme de la succession des époques. Depuis le début de ce siècle, le mouvement a été En haut de l’affiche s’accélérant suivant en cela la métamorphose perpétuelle des modes, des idées et des courants esthétiques. Après la Seconde Guerre mondiale, il est devenu quasiment frénétique comme la vie même. La société de surproduction et de surconsommation, les pressions exercées par les idéologies, les courants régionalistes, écologistes, féministes et surtout par les médias (radio, télévision principalement), tout a contribué à la fugacité, à la précarité, aux mélanges des genres qui sont quelques-uns des traits les plus frappants de la chanson actuelle. Dans le même temps s’est ouvert un fossé de plus en plus large entre les authentiques créateurs et les fabricants et techniciens de l’industrie phonographique. Aujourd’hui le monde de la variété internationale est une immense mosaïque qui est toujours faite des mêmes pierres, mais dont les dessins se sont prodigieusement modifiés au gré des époques, des générations et, désormais, des années quand ce ne sont pas des mois. Et pourtant, l’ensemble des chansons d’une géné- ration, d’une époque, en constitue curieusement la synthèse, en fait la chronique. Il suffit pour cela de réécouter attentivement Charles Trenet, Yves Montand, Georges Brassens, Jacques Brel... A.G. Un créateur touche à tout CharlElie Couture en compagnie d’un autre Lorrain célèbre, Michel Platini On connaît bien le Nancéien CharlElie Couture depuis son premier succès, Comme un avion sans ailes, en 1981, jus- qu’à l’album Casque nu, sorti en mars 1997. En revanche, on sait moins que cet auteur-compositeur-interprète est aussi Avant qu’ils ne se produisent dans les grandes salles de concert peintre, vidéaste, dessinateur, photographe… Pas étonnant, construites ces dernières années, tous les artistes de renom donc que ce créateur touche à tout par excellence ait égale- ment intégré Internet dans sa vie d’artiste. Une vie bien rem- sont venus interpréter leurs derniers succès à Metz. Edith Piaf plie pour ce Lorrain qui a commencé par le piano classique accompagnée de Jean Nohain était présente pour l’émission pour en arriver aujourd’hui au blues urbain, itinéraire original « Reine d’un jour » dans les années 50 alors que Sacha Distel d’un chanteur qui a su imposer sa différence. La preuve, il ne porte pas le même nom que son frère, Tom Novembre ! enchantait le public du Palais des Sports en avril 1971. grand témoin Pierre-Frédéric Klos, directeur des Trinitaires, à Metz Le tremplin des cabarets De Catherine Sauvage Le Républicain Lorrain : En matière de le relais. C’est bien au Palace, avec ses Sans compter d’autres structures, comme des cultures régionales, en matière de à Caussimon, spectacle vivant, on a toujours tendance à 600 places, qu’on a vu pour la première La Maison Rouge à Metz… L’étiquette "ca- chanson comme de musique tradition- de Lavilliers raisonner : "hors Paris, point de salut"… fois des gens comme Brel ou Barbara, les baret" n’est finalement devenue péjorative nelle. La Lorraine n’a-t-elle pas raté là Pierre–Frédéric Klos : On est évidem- grands noms d’un show biz de qualité… qu’avec les années 80. son rendez-vous ? à Francis Cabrel, il aura ment dans un pays très centralisé, c’est in- R.L. : Historiquement, la chanson fran- R.L. : Auparavant, Mai 68 avait libéré P.-F. K. : Les gens qui ont réussi à accueilli dans sa salle contournable. L’artiste qui veut réussir, çaise doit beaucoup à la notion de caba- pas mal d’énergie… durer dans les régions ont tous joué de la lorraine à peu près tout quelle que soit sa discipline, doit un jour ou ret… P.–F. K. : Si j’en juge par l’expérience du corde "provincialiste", que ce soit en Al- ce que la chanson l’autre se frotter à Paris. Mais c’était déjà P.-F.K. : La chanson mais aussi la mu- Caveau des Etudiants (ndlr : les futurs Tri- sace, en Languedoc ou en Bretagne. Mais française a produit de vrai au début du siècle. Le premier et peut- sique. Il ne faut pas oublier qu’à Saint–Ger- nitaires) et du "Hareng Saur", l’avant-68 il y avait toujours le support d’une langue, être le plus célèbre des exemples lorrains main-des-Prés, sur la lancée de la Libéra- aura été une période très forte, le cou- d’une culture bien arrêtée. En Lorraine, le talents durant ces trois aura été celui de Georges Chepfer, qui ne tion et des musiques amenées dans leur vercle de la cocotte-minute était prêt à sau- contexte est un peu plus compliqué, dernières décennies. s’est vraiment imposé comme chansonnier bagage par les soldats américains, on avait ter. Les lendemains ont été assez diffi- compte tenu de l’histoire de la région. La Sans compter quelques qu’en quittant Nancy pour imposer ses Pay- autant de clubs de jazz que de cabarets à ciles. Je me souviens de spectacles au chose aurait pu se développer sur pointures notoires sanneries lorraines au Caveau de la Répu- chansons. Les deux allaient souvent de cours desquels les chanteurs étaient de vé- d’autres bases, dans la mesure où des du jazz international, blique. On a peut-être pourtant oublié les pair, Boris Vian en était la parfaite illustra- ritables cibles, les gens les invectivaient, gens écrivaient des textes et restaient au caf’conc’ de province, qui existaient, parti- tion. C’était en même temps Aragon et le les interpellaient, montaient sur scène pour pays… Mais on manquait peut-être de qui toutes ont colporté culièrement à Metz, et donnaient la possi- be-bop, une époque charnière entre celle prendre la parole. On réclamait la gratuité structures, de relais solides, au niveau du avec chaleur le nom bilité à des "gloires locales" de s’exprimer, des interprètes, Gréco ou Francesca Solle- des spectacles, c’était le grand mythe de la disque, de la promotion, de la diffusion. de la scène messine qui accueillaient aussi des vedettes pari- ville, et celle des auteurs-compositeurs. création pour tous. Chacun s’arrogeait le R.L. : Et pour l’an 2000, la chanson à travers la planète siennes. Il y avait même à Metz des salles Ces cabarets découvreurs de talents ont titre d’artiste… Je ne suis pas loin de pen- française semble repartie pour un tour… musicale. Depuis de music-hall, qui proposaient des spec- duré pratiquement jusque dans les années ser que l’éclosion massive et soudaine des P.-F. K. : Apparemment, on replonge tacles avec décors, costumes, or- 70, et ils ont trouvé leur prolongement en auteurs-compositeurs, qui n’avaient avec allégresse dans la chanson réaliste, Pierre-Frédéric Klos a accueilli aux plus de trente ans, chestres… A Metz, le Globe a probable- province. Là, on doit citer le rôle prépondé- peut-être pas tous les qualités nécessaires enrichie toutefois par une plus grande exi- Trinitaires à peu près tout ce que la Pierre-Frédéric Klos ment été le dernier endroit du genre à rant des fameuses "MJC", les Maisons des et qui en tout cas n’avaient pas encore le gence musicale. C’est curieux comme les chanson française a produit de talents observe, découvre, fermer ses portes, et c’était à la fin des an- Jeunes et de la Culture, qui avaient toutes métier suffisant, a tué la chanson. modes changent presque par décen- durant ces trois dernières décennies. propose. nées 50. Ensuite les cinémas qui ont pris alors leurs "soirées cabaret" régulières. R.L. : Les années 70/80 ont été celles nies… 2 Le temps des chansons numéro 11 accordéon Un mouvement parti des bassins miniers COMIQUES Les rois des soufflets Si le piano à bretelles est né dans la première partie du 19e siècle, il a été introduit en Lorraine par les bassins miniers. Au début du 20e siècle et l’ombre, le rois des tours de jusque dans les années quarante, France de 1962 à 1972, Roland l’accordéon est l’exclusivité des Zaninetti. Ce dernier devient vite bassins miniers, notamment ceux une vedette de la radio et du du fer, où Polonais et surtout Ita- disque. Après un retrait, de 1965 liens, montrent et démontrent leur à 1975, dû à la période yé-yé, l’ac- goût sinon leur passion pour le cordéon reprend du souffle. Dès piano du pauvre. Les bals, les 1977 le Vosgien Zaninetti ras- fêtes de famille (mariage, anniver- semble les virtuoses et crée saire, baptême) sont le refuge des l’Union des Artistes et Musiciens virtuoses de l’accordéon. A cette de l’Est, forte d’un millier de George Chepfer, époque, les deux chefs de file membres.

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