Marianne Oswald

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A^dxo Vues d e Presse

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AMb J)$£> b A^txe» oreye rencontre avec... Marianne OSWALD dans sa ville natale C cst toujours avcc la mcmc joie chainement h Sarrcguemincs, Ma juvcnile quc Marianne Oswald rc- rianne ? trouvc Sarrcguemines, ou ellc cst nee — Sans doute, mais pas a 1'occn- ct ou clle passa une grande partie sion de l cmission publiquc. de son cnfance. Mariannc Oswald est catcgoriquc. Nous 1 avons rctrouvce samcdi aoir Ejle yicnt de revenir sur la premicre attablce au cafe Alcx Uouvcl. ruc dccision la suite d'un entrcticn Saintc-Croix, ou clle cst vcnue rc- avcc lc president du Syndicat d'lni- clierchcr ccttc atmosphere si sympa- tialivcs dc Sarrcguemincs cjui orga- thiauc du pctit cafe, ou, a I hcure ni8c cctte cmission. Elle cstime n'a- de rapcritif, le commcr^ant du coin voir pas rencontre toute la compre- vicnt s attablcr a cote de 1'ouvriet a hension compatiblc avec le role de sa sortic de 1'atclier, ou la boulrgcoi- vcdctte qui |ui rcvenait dc droit. car sie sc confond avec le proletariot cn Marianne Oswald constitutait incon- une bruyonte harmonie. testablcment unc attraction de tout premier ordrc pour cette soirce # — C'est gcntil ici, nous dit-clle cn s'attablant. ~~ II nc s agit pas d'une question — Qucl bon vcnt vous anicne, d argent, prccise Marianne Oswald. qucstionnons-nous ? Je n avais d'aillcurs pose aucunc < J'ai rc^u unc invitation de Radio- condition a ma venuc a SorreRue- Lorrainc pour participer k la grandc mines. le suis venuc en invitcc. emission publique qui doit avoii lieu Mais Mariannc Oswald nous a pro- a Sarregucmines le mois prochain, mis de rcvcnir a une autre occasion nous expliquc Maranne Oswald. Elle sera alors la grande vedctte Lorsque j'ai appris qu'il »agissait d'un grand gala qui pcrmettra aux adinirateute dc sa villc natalc de pour moi d aller a Sarregueniincs, I applaudir pour la premicre fois et j'ai donnc aussitot mon accord par de feter le rctour au bercail de l'en- tclcgramme. Vous ne pouvez vous fant « prodige >. imaginer ce que Sarrcgucinmes figni. Dans son livrc, Marianne Oswald fie pour moi C est toutc mon cn- a parle longucmcnt de la doinestiquc fance que je vois se deroule* deva.it de ses parents Calherine, qui. etait moi. Jc mc scns un peu lc Poil-de- originaire de Hellimcr. Marianne Carottc rcvcnu sur les |icux de son Oswald noue parle encore avec re- cnfance. connaissance de cctte brave fille de Les parents dc Marianne Oswald la campagne sur laquelle elle avait ctaicnt ctablis marchands de tissus au cours de son enfancc avec tani ct de vctements ruc de Veidun, a de gentillessr. reporte une partic de Sarregucmines, et eon pere, M. son amour. Elle ignore le nom oa- Bloch. ctait honorablement connu tronymiquc de Cathcrine et nous dans toute la region. dcvons promettre a Marianne Oswald — Tout a 1'heurc, nous dit Ma- dc l'accompagner a sa prochaine vi- rianne Oswald, j ai rcncontre sccui site a Hcllimcr ou nous rccherche- Sophie. une sceur diaconncssc qui a rons la famille dc Catherinc. nans cncorc connu mon pere Ellc m'a dit doute decedec depuis longtemps. que mon pcre etait un bicn brave Hcnri SCHWAB homine. Puis j"ai rencontre un mon- sicur ayant largemcnt depasse |a cin- quantaine, auquel mon pcre avait vcndu eon costume de premicr com- muniant. Marianne Oswald est venue de Strasbourg oii eile prepare un film sur ia capitale aisacienne. « J'ai profite du week-end pour venir a Sarreguemincs d'ou jc ie- tournerai dimanche apres-midi a Paris ~ Alor», nous vous rcvcrrons pro- < U> 23 NOV. 1990

r^lAhra nhanteuse de music-hall Marianne Oswald, la Sarregueminoise Grande chanteuse de cabaret avant-guerre, comedienne, productrice de ra- dio et de tele: Marianne Oswald a ete tout celayEt bien plus / Une biographie sur elle est en preparation. Itineraire d'une Sarregueminoise celebre. ,

Petite fille 4 Sarreguemi- nent actuellement 1'enquete roduit au celebre << Bceuf sur nes, elle se nommait Alice. pour ecrire ce livre. Deux Ele toit». En un rien de temps, Nom de famille: . Bloch- amoureuses de Marianne Marianne la va Kahn. Sa tignasse rousse, elle Oswald: H61ene Hazera, sp6- avoir toute 1'intelligentia pa- la gardera, mais pas son nom. . daliste de la chanson fran- risienne 4 ses pieds: Gide, Com6dienne, chanteuse; di- taise au joumal «Lib6ra- Aragon, Max Jacob, Darius seuse, productrice de radio, la tion» et Janine Pezet, docu- Milhaud... et Sarregueminoise fera une mentaliste 4 l'INA (Institut Prevert lui 6crivent des chan- belle carriire. A Berlin, Paris, national de 1'audiovisuel). sons qu'elle presente dans les, New York... Son noni, en Cette demiere est egalement a cabarets et music-halls de. i.; - haut de !'aflicbe, se detachera toute 1'Europe, Mauriac, Ca- 1'ogirine de la cr6ation de la Char, Anouilh et bien en grosses lettres: Marianne Societ6 des amis de Marianne. mus, Oswald. d'autres... Elle frequente de- Oswald. Les deux femmes re- nombreux ecrivains et poetes Elle fut l'une des figures du constituent petit i petit la vie mais aussi des peintres qui t music-hall d'avant-guerre. d'Alice-Mariahne, de son en- doiennent ses amis: Vla- Elle chanta les grands poetes fance sarregueminoise 4 sa minck, L6ger... Max Jacob la de notre temps : Prevert, Coc- mort 4 Paris, 4 1'hotel Lute- surnommera «La sceur des teau... Elle avait' une voix tia, 06 elle vecut les trente- poetes». rauque et d£routante. Provo- trois demieres ann6es de sa cante, r6volt6e, Marianne vie, dans la meme chambre. Oswald sera toute sa vie ado- . Adulec ou maudite r6e ou tra$n6e dans la boue. II y a quelques semaines, Jamais elle ne laissera indif!6- les biographes elaient sur le rent. terrain 4 Sarreguemines pour Elle cr6e en francais les Alice Bloch-Kahn alias. rencontrer des personnes qui. chansons de 1'opera de Marianne Oswald,' nee en ont connu la jeune Alice « Quat'Sous » de Kurt Weil 1901 en Lorraine, est dec6d6e Kahn-Bloch et sa famille.' et Bertold Brecht. La presse d Paris en 1985, a l'Sge de 84' 1'adule ou la maudit; ses ad- ans. . Son enfance a Sarreguemi- mirateurs .se battent pour nes, Marianne la raconte Marianne qui chante des po6-- dans un livre paru en 1948: mes militants. Extremiste, Une biographie « Je n'ai pas appris 4 \ivre ». marginale, la vedette sera «311991 meme expulsee de Suisse Elle debute sa carriere de apres un r&ital houleux... Les Sarregueminois la , cabaret 4 Berlin, dans les an- nees 20, 4 19 ans, comme Les joumaux d'extreme connaissent-ils vraiment ? droite fustigent- la chanteuse, Une biographie sur Marianne «diseuse». Le mouvement la traitant de «putain juive Oswald, en pr6paration, sor- expressionniste bat sonplein. 6chappie des 6gonts de tira l'an prochain chez Flam- En 1933, la Sarregueminoise Berlin ». Marianne Oswald, chanteuse, com£dienne, pro- marion. Deux femmes me- debarque 4 Paris ou elle se ductrice, n6e 4 Sarreguemines sous le nom d'AUce Pendant la guerre, elle Kahn-Bloch. • trouve refuge aux Etats-Unis, ou elle transforme son nom . * I flnnpl a t^ltioins - - vr , >- . en Marianne Lorraine, deve- carri6re : production Oswald paraitra. En ce mo- KSSS < - 11 . »; . ; - d'6missions radio et de _ Lesi teigrapha. rechtrcheHt des l&ndgnages sur nant la voix de la France li- ment, deux spectacles consa- .#:.Les: bre. La-bas, elle se fait remar- t616. Une nouvelle vie qu'elle cres a cette femme bors du riarine (ABce BloclrKatin), tpouseCoffii, et Kin enfaocc sarregee-, . menera jusqu'4 la fin de ses itiotiseS Sa^ssi' tinr^wJe n'alpasaiqms1 mre», dispoidbleg quer en chantant des ecri- commuri toument en France. i la hihlSntMiw mTMiMiMle, MaHanne park de la bonne de vains frangais comme Camus jours, avec passion. Marianne 1 et se lie d'amiti6 avec des Oswald se fait un nom en Jean-Christophe Averty lui a " • eDe tfOipe ausd l'£coIe— grands noms de la littSrature creant des emissions litterai- consacr6 6 heures d'6mission am6ricaine. Elle connait des res dont une pour les enfants sur France-Musique. v Schaefler.rieiealadidleqiri 1« hauts et des bas. A la Lib6ra- et en produisaht des dramati- sfjsj Toutes les personnes qm pomrateH tourmi oes lemoignsge™ tion elle regagne la France ques. La productrice lance de BJT—3.—« A CTo-lairtn» peutes_ mais le public la boude de nombreux « grands » r6alisa- ; A sa mort, Marianne a 6t6 •flia toi «ncn^'.^ plus en plus.-Sa vie amou- teurs: Marcel Bluval, Jean- enterree 4 Paris dans une iikt desAmti dt Marlaime_Osweld»,Aroe reuse, celle d'une femme li- Christophe Averty... tombe provisoire; la conces- 923«) Mecdoarla-rorat. La de»nt fqi^ziriBdrpd bre, est 6galement secouee >ar le 'suicide de son amant, Unetombe " sion va bientdt arriver 4 expi- Je comedien Louis Salou. pro>isoire ration. Alice, la petite Sarre- arriwi gueminoise, trouvera peut- fosseproi&bei Paifa.Jua. r Marianne la chanteuse Sarreguemines compte une bleridt ^ne If TiBe deLSfureguemhttS • abandonne la scene mais enfant celebre. Courant 1991,'. etre un jour le repos dans sa pour'. rtussir une ^ npuvelle la biographie, sUjf. Marianne < terrenatale...

/ DNA 1 0 Ma 1991

Un hommage a Marianne Oswald

e 16 noverr.bre 1990 le conseil municipal avait deja donne sor. accord pour le transfert du corps de Marianne Os- L waid a Sarreguemines. Jeudi soir les elus ont vote un budget de 10C000 F qui sera consacre a une ceremonie c'hommage a cette illustre Sarregueminoise. Outre la cere- rr.onie du cimetiere, l'on inaugurera une plaque commemora- tive a 1'emplacement de la maison de Marianne Oswald rue de 1'Eglise, et une soiree hommage se tiendra au casino des faienceries avec projection d'un clip. Nous reviendrons en de- tail sur la vie de cette Sarregueminoise encore meconnue par le plus grand nombre dans notre edition dominicale.

L'une des rares photographies de Marianne Oswald dans les nnnees trente. (Photo DNA) DERNIERES NOUVELLES D'ALSACE

12/03/1991 L'hommage de Sarreguemines a Marianne Oswald Le conaeil mimlclpal a d6cid6 de transttrer la d6poullle chant des canons» et elle at- qu'un crie», toujours in6dit, mortelle de Marlanne Oswald au dmetliic de Sarregue- teint la gloire dans les ann6es sur un texte et avec la voix de mlnes, et dlnaugurer une plaque comm6moratlve & 1'empla- 1934/35. Cocteau 6crit pour Marianne Oswald. eement de aa malson natale, rue de l'Egllse. elle «Anna la bonne» et L'artiste allait continuer «Monte Carlo», elle chante d'aborder les sujets les plus ean-Christophe Averty repr6sent6 avec beaucoup de Desnos, Ren6 Char, Max Ja- divers, notamment des adap- a consacrt sur «France temp6rament la chanteuse de cob, Eluard, Pr6vert («Je suis tations d'Offenbach avec des Musique» sept 6mis- Bobino dans toute la splen- comme je suis»), plus tard masques de L6onor Fini, des sions d'une heure des deur de sa tignasse rousse. Clouzot («Jeu de massacre»), analyses de textes de Super- J Theodore Dreiser et John dos «Cingl6s du Music- Aprts le d6c6s de ses pa- vielle, Paul Fort, Marcel Hall» 4 une enfant de notre rents, Marianne Oswald a Passos. D6s 1933, on la re- Aym6, Baudelaire et Hdlder- ville, Sarah Alice Bloch, n• Maurice Cloche (1938), «Les Chanteuse, diseuse de du bouillonnement de St-Ger- amants de V6rone» d'Andr6 contes, comidienne, 6crivain, berlinois main-des-Pr6s, dont elle fut Cayatte (1948) sur des dialo- actrice et rtalisatrice, Ma- Envoy6e de Strasbourg 4 une figure de proue. Trts af- gues de Pr6vert, *Le gu6ris- rianne Oswald, la «sceur des Munich pour y parfaire sa fect6e par le suicide de seur» de Yves Ciampi (1953), po*tes» est d6c*d6e dans la scolarit6, elle est bienttit atti- 1'auteur Louis Salou avec le- «Notre Dame de Paris» de solitude d'une chambre d'hd- r6e par l'6clat artistique du quel elle envisagea de se ma- Jean Delannoy (1958),« Mont- pital du Val-de-Marne le Berlin expressionniste de rier, elle se pr6cipita dans les parnasse 19» de Jacques 25 f*vrier 1985, apr6s avoir v6- l'6poque weimarienne. Elle 6missions radiophoniques, t6- Becker (1958) et «Sans fa- cu pendant plus de trente ans s'impr6gne de tous les grands 16visuelles, th64trales, la pro- duction et la r6daction de sc6- mille » de Andr6 Michel (1959). 4 l'hdtel Lutetia 4 Paris, en- noms du th6fttre berlinois, de Elle a r6alis6 des courts m6- tourte de gouaches de ses Piscator et Max Reinhardt 4 narios tout en faisant des trages, «La belle journ6e» amis Vlaminck et L6ger. Le Cest 4 Berlin Le portrait de Marianne Oswald du musee d'Autun. conf6rences dans les universi- (1958), «Vlaminck et la terre» mus6e Rolin d'Autun possfede qu'elle subit en 1920 une op6- t6s allemandes et 4 Berlin en (1958), «La parole est au un beau portrait fauve de l'ar- ration de la gorge qui lui lais- lin ». D'apr6s sa secr6taire, elle 1949, puis 4 la Sorbonne en mas de banlieue, elle fascine- 1951. fleuve» (1959), et a 6crit pour tiste, ex6cuti6 en 1934 par un sera cette incomparable voix ra l'intelligentsia franyaise en sera mortifi6e par les propos Jean-Pierre Carrifere le sc6- disciple cubiste de Braque et bris6e et provocatrice. Sa car- lui r6v61ant I'esth6tique alle- tenus par Jean Marais dans Convertie au catholicisme, nario de «Le rendez-vous Juan Gris, Jean Soubervie, qui rifere de chanteuse aurait mande d'avant-garde. D'un ses souvernirs, qui dit, non pass6e de « Rosa Luxembourg avec quelqu'un» (1970). fut l'61*ve de Laurens et de commenc* 4. Berlin en 1925, caractfere difficile, pleine sans pertinence, que «son ac- 4 Th6rfese d'Avila» selon une De 1'expressionnisme berll- Maurice Denis, avant de r6ali- ou on la retrouve dans un ca- d'id6es audacieuses, elle four- cent juif germanique ajoutait formule 6trange du «Figaro», nois 4 l'avant-garde pari- ser les grandes d6corations baret d'avant-garde, «Komi- nira un apport capital au mu- une grande singularite 4 son elle se fit un nom dans les sienne de Montparnasse, puis murales du palais de Chaillot ker» qui devait inspirer plee -ftall 'ttancaisr " D6fendue interprttationn Bn 1937, elle 6missions pour enfants du- de St-Germain-des-Pr6s, Ma- en 1937, ainai que de nom- tard «Cabaret» de Bob Fosse. par C61ine, elle subit le d6- tente m6me de se suicider. rant les ann6es 60, par exem- rianne Oswald fut au coeurde breux d6cors pour l'Op6ra de Venue 6 Paris en 1830, ovi chainement antis6mite qui ple avec «Visages de 1'en- tous les combats esth6tiqups i Paris. Dans un bel 6quilibre elle se produit d'abord comme 1'accuse grosstorement d'etre Et pourtant, en 1932, elle a fance», et Marcel Bluwal de- audacieux de notre sifecle. de construction, le peintre a «attraction » dans des cin6- « 6chapp6e des 6gouts de Ber- sorti son premier disque,«Le vait rtaliser en 1954 «Quel- R.8 La ville de Sarreguemines rendra hommage, le vendredi 7 juin, a une de ses enfants celebres: Marianne Oswald. Nee a Sarreguemines en 1901 . sous le nom d'AIice Sarah Bloch, Marianne Oswald fut une touche a tout geniale dans le domaine du theatre, du music-hall, de la radio et la tele. Grande chanteuse de cabaret avant guerre, elle interpreta un repertoire qui va de Kurt Weil et Bertolt Brecht a Jacques Prevert. A la television, elle fut une grande productrice d'emissions culturelles... II est dure de resumer sa vie. Marianne est morte en 1985 et fut enterree a Paris dans une concession provisoire. Vendredi prochain, elle rentrera pour toujours a Sarreguemines: sa depouille mortelle trouvera le repos dans une tombe au cimetiere. Une plaque sera devoilee sur sa maison natale et toute une soiree avec un spectacle sera consacree a Marianne la Sarregueminoise. o 5 JUIM1991

Hbmmage Le retour de Marianne Oswald f ff Marianne Oswald rentre a Sarreguemines, sa ville natale. Une tombe va accueillir fla: depouille mortelle de cette femme hors du commun, chanteuse, comedienne, produc- jrice. Sarreguemines rendra le 7juin un hommage officiel a son enfant. £"• Marianne Oswald, nec en notre temps: Prevert Coc- 1901 i Sarreguemines, dfccc- teau, Aragon, Brccht, Char, d6e en 1985 a Paris, est une Max Jacob la surnomma « la .Sarregueminoise celebre (voir soeur des poetes». Elle eut «R.L.» du 23 novembre une carriere et une vie ou 1990). Grande chanteuse de provocation ct rivolte, margi- cabaret avant-guerre, come- nalile et liberte se conjugent dienne, productrice de radio allegrement. Marianne, adu- et de tele, Marianne fera lee ou maudite, ne passera ja- carriere de Berlin a Paris, de mais inapersue. Paris i New York... Figure marquante du music-hall Sarreguemincs s'etait deja d'avant-guerre, celle qui etait souvenue une fois de « sa pe- n£e sous le nom d'Alice tite siEur des poeles »: une rue Kahn-Bloch chanta les porte le nom Marianne- grands poites et ecrivains de Oswald.

Hommage officiel - Mais cette annee, la municipa- Au programme: un speciacle sur liti a decidi de faiie plus.„ Le Marianne Oswald qui devrait •vendiedi 7 juin prodiain, un permeltre de dccouvrir toute la honunage ofTiciel sera rendu a diversiti du personnage avec la i eette artiste qui a contribue a venue exccptionnelie de Claude faire eonnaitre Sarreguemines au- Roland un vieux monsieur de deli de nos frontiercs. A sa mort, plus de .70 ans, pianiste, qui ac- dans un hotel, Marianne a ite en- compagna Marianne Oswald terree dans une tombe provisoire pendant seize ans et qui fut aussi i Paris. Cette annee, la conces- le pianiste d'Edith Piaf. sion arrivait a sa fin. La ville de Sarreguemincs, en association Le spectaclc, intituli « A la re- avec la sociiti des amis de Ma- cherche de Mariannc Oswald» rianne Oswald (presidec par Jea- commencera par la projection nine Pezet, documcntaliste 4 d'un film-document avec la voix 11NA, qui connut bien 1'artistc a dc Jean Cocteau et rialisi par .la fin de sa vie) a dicidi de faire Christian Masse «Quclqu'un revenir la depouille de Marianne crie ». Un film rcalisi cn 1958 sur , Oswald a Sarreguemines. Alice la l'etrange caniere de Marianne Sarregueminoise trouvera le Oswald. Ensuitc la comedicnne ' coips au cimeticre sarreguemi- Marie-Agnes Courouble inter- nois, dans sa terre natale. pritera des textes ct chansons ac- ... Le 7 juin, tout un programmc compagncc au piano par Claude ^ a iti clabore pour rendre hom- Rolland. Par lcs mots, par la " mage & Marianne. Dans 1'apres- voix, Marie-Agnes Courouble " midi, une cirimonie aura licu au ressuscitera pour un soir la voix dmetiire ou sa depouille sera di- d'outre-tombe, rauquc, la diction Marianne Osnald d£crite par son ami Jean Cocteau: «Marianne est rouge. Ce n'est pas une _linitivement transferee. Un peu scandee, la femme aux chcveux etiquette, ce n'est pas une profession de foi, ce n'est pas un drapeau qu'e!le agite, c'est sa couieur "plus tard, une plaque sera devoi- rouges, la revoltee et provocante naturelle. Cette fois je ne parle pas du rouge de 1'orgueil mais de ce rouge des inccndies, du lambcau L lie sur la maison ou elle vecut cn- Marianne Oswald. Un person- d'andrinople qui flotte derriere lcs camions, du fanal... Rouge eile vint au monde et rouge elle fant: rue de PEglise (magasin de nage. demeure. Si quelque polcmiste 1'accuse d'etre le symbole d'un groupe, c'est par meprise. La politique • tissus Bour). n'est point son affaire. Son afTaire, c'est le travaiL Elle est une force qui exalte les uns et qui • «A la recherche de Marianne rebute les autres. EUe crache ses chansons avec le naturel, le dedain que les Orientaux et ies malades Puis une soirie au Casino sera Oswald » i partir de 19 h vendredi mettent a cracherle betel ou /a vie ». cnticremcnt consacree a 1'artiste. 7juln au Caslno. 1 L'hommage de Sarreguemines a Marianne Oswald

N4e i Sarreguemines le 9 jamier 1901 comme seconde fille pofetes» fut avant tout une du commerpan< lsra4lite Nathan Bloch et de SophJe Kahit, Sa- grande marginale situ6e quel- rah Alice Bloch a 6pous4 i Paris Marcel Colin le 19 juillet 1934 que part entre Rimbaud ou qul a divorci d'elle /e 29 mars 1943. Elle est decSdee A Umeil- Verlaine et Jim Morrison. Elle BrSvaiutes dans le Val-de-Marne le 25 fevrier 1985. Voila, dans ne se trouverait pas trop d6- toute leur secheresse, les indications portees sur 1'acte de nais- pays6 dans les caveaux du sance n°16 du 12 janvier 1901 conserve aux archives municl- rock, mais surtout de l'expres- pales. sionnisme berlinois k Vavant- garde parisienne, elle a Celle qui choisit d'etre Ma- En dehors du portrait flam- concr6tis6 entre les deux rianne Oswald, un nom ex- boyant de Souverbie du Mu- Jt guerres, donc en des temps trait des « Revenants » d'Ibsen s6e d'Autun et d'un beau des- tragiques, la vocation de notre dont Ia reprdsentation au sin k la plume de Jean Coc- r6gion k rapprocher deux cul- Th6fitre de Strasbourg a mar- teau, il reste d'elle une auto- tures, la germanique et la la- qu6 pour toujours la jeune or- "biographie intitul6e «Je n'a tine. pheline de 16 ans, fraiche- pas appris & vivre» et surtout Dans la foul6e, il serait sans ment d6barqu6e dans la capi- des lignes 61oquentes de la doute utile de pr6voir enfin un tale alsacienne, effectua dans plume de ses amis ecrivains. hommage projetS depuis sa jeunesse un p£riple fasci- Albert Camus 6voque «l'appel iongtemps k l'6crivain Alfred nant de Munich & Berlin ou sa de la cr6ature, engluee dans Doblin, auteur expression- voix refut cette intonation les degouts et les betises de niste de «Berlin-Alexander- rauque qui allait lui conferer VHistoire». Pour Max Jacob, platz» qui fut pendant trois xine place k part dans l'uni- elle «agrandit le vrai jusqu'4 ans m6decin militaire dans vers de la chanson, suite k une l'epopee ». Cocteau dit qu'« elle notre ville ou il 6crivit une d61icate op6ration de la gorge. crache ses chansons avec Ie partie importante de son Berlin: une chance exception- naturel, le dedain que les nelle qu'elle mit k profit en oeuvre. Jusqu'4 ce jour, aucun co- Orientaux et les malades met- nom de rue, aucune plaque (il toyant Max Reinhardt, Pisac- tent A cracher Ie betel ou la habitait l'Hdtel Royal, actuel- tor et Brecht dans 1'environ- \1e ». Darius Milhaud constate lement Barclay"s Bank) ne nement expressionniste du que «1'Art de Marianne Os- rappelie ce precurseur du rap- cabaret «Komiker», plus tard wald est ardent comme la Marianne Oswald (au centre) en compagnie des chanteurs Damia et Jean Sablon. prochement immortalis6 par le fiim de flamme de cheveux qui cou- franco-allemand Bob Fosse: ronne sa tete ». Elle interprete qui fut un pacifiste franco- Louis Aragon. Le premier clamait: « Vous etes la grande phile, ce spartakiste passion- alors «l'Op6ra de Quat'Sous» wald». n6 de fraternit6 et de justice Avec Ia montee du nazisme, de Brecht et Weil, «Anna la 6crivait que «Marianne Os- tragedienne de ce moment... Apr&s le court-m6trage, elle rejoignit l'avant-garde wald remonte 1'irritation on ne sait plus aujourd'hui sociale. Oswald-Doblin, une Bonne» de Jean Cocteau et «Quelqu'un crie» de Marcel epoque qui a profond6ment parisienne et devint familiere «Chasse k 1'Enfant» de Jac- d'une foule et atteint la que la tragedie est dans la Bluwal, et un document enre- du c616bre « Boeuf sur le toit». source qui est Ie coeur inquiet, rue, ce que c'est au th6atre impr6gne jusqu'au fagades de ques Pr6vert gistre avec la voix de Jean nos maisons. De ce fait, il se- la mauvaise conscience des que la tragedie. La tragedie Cocteau, il y aura k 19 h 30 k privilegies». Le second pro- c'est vous». rait du plus haut int6r6t cultu- La bonne fee des enfants sages 1'auditorium du casino un rel de mettre sur pied au mu- spectacle autour de la chan- s6e et aux archives, une expo- de la television Un eclatant hommage posthume teuse interpr6te par Marie- sition sur cette 6poque «wil- Aprfes le thSatre et la chan- noy et . La Marianne Oswald ne s'est Agn6s Courouble, accompa- helminienne» qui fut, quoi cendres au cimetifere de notre gn6e au piano par Claude Rol- son, puis l'exil aux Etats-Unis, marginale incendiaire de la jamais produite 6 Sarregue- ville. Cette manifestation d6- qu'on en ait dit, un moment elle inspire St-Germain-des- land qui apr6s Piaf Ia suivit fi- privilegie de civilisatioh dans sc6ne est devenue la bonne mines parce qu'on ne l'y a ja- butera k 16 h au cimeti6re delement pendant 16 ans. f6e des enfants sages de la t6- mais invit6e. Le vendredi 7 municipal, se poursuivra k une r6gion alors soumise k la Prfes qui l'ignore de fagon in- 16vision. juin, la municipalit6 et la so- 17 h avec 1'inauguration d'une «botte prussienne» mais aussi grate, mais refait surface 6 la Les plus beaux hommages ci6t6 des Amis de Marianne plaque sur sa maison natale, Soeur des poetes au rayonnement d'un empire radio et k la tel^vision, ainsi lui furent probablement ren- Oswald lui rendront un 6cla- rue de l'Eglise et 6 19 h, par un aussi ambigu que le furent qu'au cin6ma dans les films dus par ,le, chr6tien Frangois tant hommage posthume & spectacle intitul6 «A Ia re- La Sarregueminoise Ma- son art et sa pensie.' ' Foland SCHNEIDER d'Andr6 Cayatte, Jean Delan- Mauriac et le. communiste l'occasion du transfert de ses cherche de Marianne Os- rianne Oswald «soeur ' des - .••.'• • < "TPrr.VHV 5Qar6riicfti?r3eituitg " ® ^IN 1991

Saargemund ehrt Marianne Oswald Marianne Oswald gehort zu den profi- liertesten Interpretinnen der Chan- sons und Songs deutscher Impressio- nisten in Frankreich. Als Deutsche 1901 in Saargemund geboren, hat sich Marianne Oswald nach 1933 in Frankreich einen groBen Namen ge- macht Sie brachte Weil, Brecht, Eis- ler, und andere nach 1933 „Verfemte" SaargemOnd. Fayencerie: ,A la recher- deutscher Kultur nach Frankreich. chede Marianne Oswald", Texte und Chan- Prevert, Cosma, Cocteau und Honeg- sons mit Agnes Courouble und Qaude Rol- ger schrieben fiir sie. Nach dem Krieg land, 19 Uhr. arbeitete sie auch am Saarlandischen Rundfunk. 1985 starb sie in Paris. Ihre sterblichen tiberreste werden jetzt in Saargemund beigesetzt Am Freitag, 7. Juni um 19 Uhr findet eine Gedenk- vorstellung mit ihren Chansons in der Fayencerie in Saargemund statt Un- ter dem Titel „A la recherche de Mari- anne Oswald" werden Agnes Courou- ble und Claude Rolland Texte und Chansons aus dem Repertoire von Marianne Oswald vortragen. Claude Rolland, der 16 Jahre lang ihr Pianist war.wirddieChansonsbegleiten. se DNA

Sarreguemines

L'hommage a Marianne Oswald La ville de Sarregue- mines rend hommage a Marianne Oswald. Inaugu- ration d'une plaque com- memorative et spectacle, ce vendredi soir, a 1'audito- rium du casino. Au debut des annees 30, cet enfant de Sarreguemines avait bou- leverse le music-hall fran- gais. sa violence de petro- leuse, sa voix etonnante, cette certaine idee de la chanson defendue par les plus grands seulement Une star- Pendant la guerre, elle sillonne les Etats-Unis. A son.retour, elle court a Berlin, y apporter le « Mes- sage des poetes frangais aux Berlinois», elle consa- cre un recital aux «Poetes de la resistance alle- mande». Et sa vie durant elle a parle de Sarregue- mines, qui se souvient aujourd'hui. Marianne Oswald, fille de Sarreguemines et femme de spectacle « La petite soeur des poetes » SJV? tf- . Ce vendredi 7 juin, Sarreguemines rend hommage a l'une de ses enfants celebres Marianne Oswald. Une artiste au parcours hors du commun, une touche-a-tout geniale chanteuse de cabaret avant-guerre, comedienne, productrice de radio et tele. Portrait.

SARREGUEMINES. — Ce ven- sistance, se fait appeler Marianne dredi, Marianne Oswald rentre chez elle, Lorraine. Elle publie, pendant son exil, une a Sarreguemines. La ville a decide, en as- autobiographe, « One small voice », racon- socialion avec Ia societe dcs Amis de Ma- tant son enfance a Sarreguemines au de- riannc Oswald, de rapatricr le corps de but du siecle. 1'artiste, entcrre en 1985 dans une tombe provisoire, pres de Paris. Marianne, nee Productrice: Alice Sarah Bloch a Sarreguemincs le 9 janvicr 1901, trouvcra enfin lc repos dans la rcconversion sa terre natale, au cimetiere communal. Sarreguemines a decide de prendre soin de A la liberation, retour a Paris. Triste. sa petite fille celebre. Sa cote d'amour chute de plus cn plus. Sa vie amoureuse, celle d'une femme libre, La coqueluche est aussi ebranlee par le suicide de son amant, le comedien Louis Salou. Apres des intellectuels quelques passages au cinema, elle fait une apparition dans «Les Amants de Ve- Sa tignasse rouge, elle 1'avait deja ga- rone » de Cayatte, la chanteuse et come- mine. Elle la gardcra toujours: de Sarre- dienne abandonne la scene pour se tour- guemines a Bcrlin, de Paris a New York, quand son nom, devenu Marianne ner vers une carriere de productrice. Tou- Oswald, s'etalera cn grosses lettres, cn che-a-tout geniale, Marianne se lance haut de 1'affiche! Comedienne, chanteuse dans la radio et la tele avcc passion. Elle dc cabaret, diseuse. puis produclrice de se fait un nom en creant des cmissions lit- radio et dc tcle, Marianne Oswald fcra teraires, notamment pour les enfants, ct une belle carricre, originale et fascinante. en produisant des dramatiqucs. Cest ellc Plcine de rencontre. qui lancera de « grands noms » a la tele: Jean-Christophe Averty, Marcel Bluwal, EIlc debute en 1925, au thcatre de Michel Polac... Une reconversion rcussic. Berlin, en .plein mouvcment expressio- niste. Au cabaret aussi, ou elle chante Alice, la petite fille juive de Sarregue- Brccht, dc sa voix rauque et pathctiquc. mincs, est morte a Paris. Elle etait deve- Elle dcbarque a Paris cn 1933, ou ellc sc nue Marianne ct s'etait reconvertie a la produit au cclebre « Bceuf sur Ie toit». religion cathlique. Le 25 fevrier 1985, elle Trcs vite, Mariannc Oswald devicnt la co- « libcra » sa chambre dc Photel Lutctia a qucluche des intcllectucls. Cocteau, Paris, qu'elle occupait depuis trcnte ans, Kosma ecrivent pour elle. Gide, Aragon, et dont elle disposait a vie. Enterrcc au Max Jacob, Camus, Char, Anouilh, Da- cimetiere de Limeil-Brevannes, dans une rius Milhaud et bicn d'autres, sont a scs tombe provisoire, pas entrelenue, jamais pieds. fleurie, Marianne retrouve, aujourd'hui enfin, sa terre natale. Sarreguemines s'est Provocante finalcmenel souvenu... Vendrcdi, apres une cerimonie au ci- Marianne est sur toutcs lcs scenes; '•>' v','. scs admirateurs se battent pour clle. Adu- meticre, unc plaque sera devoil£e sur sa lee ou trainec dans la bouc, 1'artiste pro- maison natale et un spectacle, intitule « A vocante et revoltce, qui chante dcs poemes la rechcrche de Marianne », sera a 1'affi- f- militants, ne laisse personne indiflerent. che au Casino. Un retour et une reconais- Extremiste dans le choix de son reper- sance que Marianne a toujours d£sires. toire, marginale dans sa faton de vivre, Un hommage qui n'aurait peut-ctre pas Mariannc est fustigee par la prcsse de vu le jour sans la passion de certains pour ; Marianne. Notamment Janine Pezet, do- '•.V 'H droite, qui la traite de « putain juive echap- pcc des igouts de Berlin». Grands ccri- cumentaliste a l'INA, et presidente de la S:Vi -J vains de Vcpoque, poetes et peintres: Ma- societi des Amis de Marianne Oswald, et rianne chanteuse expressioniste,- compte Helene Hazera, joumaliste 4 «Lib£ra- de nombreux amis parmi 1'intelligentsia. tion », deux femmes amoureuses de Ma- , Max Jacob la sumommera d'ailleurs«la rianne Oswald et qui toivent sa biogra- v. Mariatme OswaU aux c6t£s de Jean Cocteau, qui ecnrait d'elie : «Mananne petiie sreur dcs poetes». phie. Deux personnes parmi d'autres, qui 'j&rouge. Ce n'est pas une itiquette, ce u'est pas une professiou de foi, ce a'est ^ rcf aux ^,5.^ ^ ne veulent pas que «la petite sceur. des pas ua drapeau qu'elie agite, c'est sa couieur natureiie. Cette fois je ne parle dant la gucrre. A New York, elle coloie, poeles » soit ajamais oubliee. pas du rouge de i'6rgueii, mais de ce rouge des incendies, du Iambeau d'andrino- 14 aussi, intellectuels et artlstcs. Elle y ple qui flotte derriere Ies camions, du fanai... chante des ccrivains franpiis. Et acte de r6- Josette BRIOT. 4»

2> Marianne Oswald est de retour a Sarreguemines. Depuis hier. Grande chanteuse de music-hall avant-guerre, comedienne, diseuse, productrice, Venfant celebre de Sarreguemines a ete fetee comme il se doit. Enterrement officiel au cimetiere, plaque devoiiee sur sa maison natale, spectacie. Hommage a une femme pas ordinaire.

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A 17h, Robert Pax, maire de Sarregucmines, a deroile la plaque rue de 1'Eglise sur la maison natale de Marianne, nee Alice Btoch. On y lit: «Ici rccut Marianne Oswald, nee a Sarreguemies en 1901. Chan- teuse, diseuse, actrice, petite saur des poetes». Lc mairc a ruppclc quc cet hommage est un juste retour des choscs. «Les destins de Marianne et de Sarreguemines sont si differents. Les relations entre les deux ont toujours ete ambigues comme une histoire d'amour faite de rejet et d'at- tirance. 4» 0 8 JUIN1991

Son pianiste se souvient «Elle etait mais difficile» ^ Pianiste de Marianne Oswald pendant seize ans, Claude RolJand etait hier soir, au Casino pour temoigner. Faire decouvrir Marianne. Avant le spectacle, il a evoque celle qu'il admirait tant : «Une.femme . difGciie mais hors du commun». Entretien.

Claude Rolland, pianiste, americain, les gros succes se «Quand vous aurez fini de Oswald, Claude Rolland re- a aujourdtiui 71 ans. Et une sont envoles, mais elle fait "vous battre, je pourrai re- connait qu'il a eu 1'occasion forme fcblouissante. Pendant encore des recitals, des galas •prendre!» de rencontrer des gens for- seize ans, il a accompagne et de la radio. «EUe m'a telfe- Une femme midables: de grands fecri- Marianne Oswald au piano.' phonS en me disant qu'elle hors du commun vains, des peintres, des poe- De Vadmiration, du respcct: avalt besoln d'un pianiste et Exigeante, avec un sale tes, des chanteurs. II se sou- il en a beaucoup pour Ma- m'a demande si je voulab tra- caractere, secrete, provo- vient de la chanteuse Samia, rianne, la granae prStresse vailler avec elle». Un brin cante, suicidaire: la Ma- et surtout du peintre.Vlami- de la chanson realiste. autoritaire: «Tout de suite!» rianne que decrit Claude nek, «qui vivait comme un Claude Rolland connait le Claude Rolland, en enten- Rolland n'etait pas une viel ours et ne voulait voir monde du music-hall comme dant la voix rauque de Ma- femme facile. Mais elle pos- personne». Chez elle, il a vu sa poche: 4 ses cotes de rianne, lui dit: «H faudrait sedait aussi talent, culture, passer Montand, tout debu- nombreuses chanteuses et mieux qu'on se voit yiand intelligence. «Cfetait une tant, Reggiani, Midiel Si- chanteurs se sont tenus: vous n'aurez plus la voix en- femme hors du commun. Rien mon. Fernandejl, Suzy Delair, rou6eb> Eile lui repond se- n'etait facile avec elle. Car «J'ai aussi connu la chan- Edith Piaf... Les souvenirs chement qu'elle ne 1'est pas. mlme unechose facile, elle la teuse Frehel. Mais c'fetait 4 dans le Midi. II a revu une defilenL.. «Cela comraenfait bien!» se compliquait». la sortie des concerts. EUe fois Marianne. Deux ans «De sacrees rappelle-t-il. On l aimait ou on la de- fetait dans le caniveau. Car eUe a termine completement avant sa mort, en 1983. emmerdeuses» La premiere fois qu'il la testait: Marianne ne laissait «EUe fetait en vacances pr6s Les femmes ont toutes un voit, fe lendemain, c'est a personne indifierent. «Elle clocharde». Claude kolland se rap- de Vence et m'a appelfe pour point commun, Marianne 1'hdtel Lutetia. «J'ai ouvert avait un cceur d'or. Elle fetait que je vienne la voir. Nous Oswald comme Piaf: la porte de sa chambre. Elle gfenereuse mais diflieile. On pelle les beaux textes ecnts fetalt allongee sur un lit, sa travaillait beaucoup. On pas- pour elle par Prevert, Coc- avons discutfe pendant une «Citaient toutes de sacrees heure, en buvant du vin emmerdeuses!», dit-il genti- ehevelure rouge fetalee sur des sait un apres-midi sur une teau, Clouzot et bien d'au- draps blancs. Cela m'a fait chanson. En fin d'apres-midi tres... Quand elle voulait rouge, comme elle aimait le menL Mais quelles femmes! quelque chose, elle arrivait a faire. Elle avalt toujours plein Des caracteres. Claude Rol- un arfile d'elTet». La collabo- on fetait enfin d'aceord. Le land, entree dans «la va- ration commence. Ce n'est lendemain, on reprenait la ses fins. «Elle etait accro- de projets». Ce fut leur der- rieti» grace a un crooner plus 1'epoque des succes meme chanson, elle faisait cheuse, elle ne laissait pas les' niere rencontre. nomme Guy Berry se desti- d'avant-guerre. «Cetait sur- tout Ie contraire et je me fai- gens tranquilles». Elle vou- Iait chanter le «dernier «Un soir, vers 22 h, j'ai mis nait plutot a une carriere de tout ses fans qui venaient sais enguelcr». la radio et j'ai entendu des soliste classique, son prix de Tfecouter». Claude Rolland se sou- pocme» de Desnos. Elle l'a Dans sa periode de gloire, vient avec le sourire. «II fal- eu ! «Desnos etait mort et sa chansons de Marianne. J'ai conservatoire en pocne. Ce pensfe tout de suite Marianne fut le music-hall, les caba- certains concerts a Bobino lait que je connaisse mes par- femme possedalt le _ texte. rets, les rencontres! . tournaient a la bagarre. titions par cceur et la sienne Marianne a fait des pieds et est morte, cela ressemble 4 II connait seulement Ma- Claude Rolland se souvient aussi. Elle respirait 4 _un en- des mains pour Pobtenir! un hommage. Et je ne me suis de la scene que lui a racon- droit et le lendemain ailleurs. Elle a reussi a lui faire signer pas pas trompfe». rianne Oswald de nom lors- un bulletin de la SACEM» iu'il la voit pour la premiere tee Marianne: «Les |»ens se On a souvent eu des engueu- Cetait le 25 fevrier 1985. ois. C'est en 1947 4 Paris. battaient, elle prenait une lades mais cela s'arrangeait Depuis 1975, Claude Rol- ? land a quitte Paris pour La chanteuse agee de 46 ans chaise, s*asseyait au bord de touiours!» Josette Briot. dejaest de retour de son exil la scene et leur criait: Grace 4 Marianne prendre sa retraite a Vence 4) 0 8 JUIN1991

«A la recherche de

Marianne •'

Hier soir au Casino, le public a decouvert Ma- rianne au travers du spec- tacle «A la recherche de Marianne Oswald». A l'af- fiche, un filra document avec la voix de Jean Coc- teau. Un film de 1958 de Marcel Bluwal intitule ",y-k «Quelqu'un crie» sur Ma------•• rianne. Puis les chansons et textes interpretes par Marie-Agnes Courouble et Claude Rolland. Claudc Rolland, pianiste dc Mariannc Oswaid pcndant scizc ans, sur la sccnc du Casino hicr soir aux cotcs dc la conic- dicnnc Marie-Agncs Courouhle, Tous dcux ont fait rcrirrc la Mariannc, rcroitcc, rcrolutionnairc ct fantastiquc dcs annccs 30 et40. o 8 JUIN1991 • linua—iIWWW

«L'art de Marianne Oswald est ardent comme le flambeau qui couronne sa tete», di- sait d'elle le ,. Claudc' Rolland a tra- compositeur vaillfi aycc Edith Piaf, tout frangais Da- "i : la fin de sa carricrc, pcu avant sa mort Un sacrc ca- rius Milhaud. ract6rc aussi, Piaf! La prc- micrc fois qu'il ia rcncontrc, c'cst danssa maison prds dc ) Pads. «Son chaufTcur fitait vcnu mc f chcrchcr: chcz moi. Ellc m'a fait attcndrc plus 'd'un quart d'hcurc dans sa sallc a mangcr: EIlc ; cst airivcc cn rigolant cn '5 m'apprcnant qu'cllc avail iatt dcs trous dans lc mur pour pouvoir ' ctudicr cc quc faisaicnt Ics gcns cn • 1 attcndant b> i Surpris, Oaudc • Rolland 1'atoutautant ctfi lors d'unc, autre: rcncontrc.:<s «Edith Piaf n'aimait pas Mariannc Oswald», sc sou- vicnt Claudc' Rolland. Piaf Chansons ctait une grandc chantcusc populairc, Mariannc Claude Rolland ficrit Oswald, unc chantcusc & aussi des chansons. Le pia- tcxtcs. «Piaf nc comprcnait niste a eu la malchance de pas cc quc . faisait Ma- connaitre Piaf a la fin de sa riannc, ccla nc la touchait. vie. II lui a ecrit deux chan- ,pas I». Retraite ' sons dont «Les Filles d'lsrael», sur un texte de Claude. Rolland vit a Moustaki, Piaf Ies a chan- Cimetiere - Vence, retraitfi depuis 1975. tees en public mais est Sans sa rencontre avec la morte avajit de pouvoir les enregistrer. Aucune trace. L'enterrement au cime- comedienne • Marie-Agnes tiire hier apres-midi a ete Courouble, il ne serait sans marqufi par le discours qu'a doute pas remonter sur Lang fait Franfois Du Plessis sur scene. II a almfi ce qu'elle Marianne Oswald. Pfire do- 'faisait Ils ont commence Jack Lang, le ministre de minicain, il a fitfi le confi- par monter une' comedie la Culture, a adressfi hier au dent spirituel de la chan- musicale tous les deux. Un maire un telegramme a I'oc- teuse les vingt-cinq dcrnie- jour, elle lui a dit qu'elle ai- casion de Thommage rendu res annees de sa vie. Un dis- merait chanter. n a ressorti a Marianne Oswald. «Je cours qui comme la recon- les textes de Marianne suis de tout caur avec vous nut le maire a permis aux Oswald. La premifire du pour cette ceremonie» dit- Sarreguemlnois de' . mieux spectacle «A la rechcrche il. Le chanteur Jean Gui- connaitre celle que Ia ville de Marianne Oswald», a doni, president de la Societfi «avaitpresque oubliee». etfi prfisentfie i Vence en des amis de Marianne 1989. Oswald, y est aussi alle de son telegramme ainsi que Fran^oise Vincent de la D|- rection rfigionale des affai- res culturelles. . (Jl 0 8 JUIN1991

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Son nom en haut de 1'afliche ... Un concert de Ma- rianne Oswald annonce sur une colonne Morris. La chan- teuse se produit i i'ABC. Marianne Oswald |- Le retour des cendres de la «sceur des poMes » Emouvante par sa simpliclte, Ia brive c6rSmonie du retour des mort un travail sur saint Fran- origines ancestrales. Une eendres de la chanteuse Marianne Oswald au clmetlfere munlcl- fois d'Assise. Mais le pfere autre raison fut sa reconnais- pal, ne peut que laisser un souvenir de paix et de $6r6nite, qui ajoute que si elle assistait k la sance profonde envers les m6- ilanait, avec ie chant des oiseaux, sur le mlnuscule cercuell de messe et communiait, il n'est decins allemands qui l'ont sau- {a grande enlant de notre viile. Une initiative due & la municipa- pas possible d'accaparer un tel v6e dans une p6riode difficile. 11te et & 1'assoclation des Amis de Marianne Oswald, dlrigee par personnage. Fidfele dans ses amiti6s Jeanine Pezet, et soutenue par Hel6ne Hazera, joumaliste de comme dans ses inimiti6s, elle «LiMration», dont les efforts conjugues deboucheront sur une Qualifi6e par Frdderic Ros- n'a pas oubli6 cette dette et a biographle de 1'artlste i paraitre prochainemenL sif de « poil k gratter m6taphy- oeuvr6 inlassablement pour la sique», Marianne Oswald r6conciIiation franco-alle- MM. Stock, archiprStre de la lement attachante malgr6 ses (1901-1985), nfee Alice Bloch,' mande, en d6pit et au-deli de viUe, et Pax, maire de Sarre- « humeurs » legendaires. Pour comme le dit simplement sa la tragfedie de son peuple. guemines, ont trouv6 les mots le pfere sulpicien, Marianne in- pierre tombale, s'etait conver- «Marianne c'est du feu, et le justes pour honorer notre carne 1'image de la pauvret6, tie du judaisme au catholi- feu c'est 1'amour», dfeclara le concitoyenne. Le pfere Fran- qui l'a men6e d'une petite cisme. Le pfere Duplessis religieux. Dans le d6sordre pois Duplessis, qui l'avait ren- chambre d'h6tel exigue et ex- donne les raisons de cette mat6riel et spirituel de cette contr6e sur la tombe de Van traordinaire au petit cimetifere conversion. Elle, qui declarait marginale par temp6rament, 4 Gogh 4 Auvers-su r-Oise, et qui de banlieue ou elle fut inhu- une fois, «je suis n6e dans une l'6criture sauvage, ses der- l'a soutenue spirituellement m6e il y a six ans aux c6tes poubelle », a 6prouv6 un senti- niferes paroles retentissent au jusqu'4 la fin, a parlS en d'un travailleur maghrfebin. Ce ment de rejet envers sa fa- diapason de son ame. «II n'y a termes trfes imouvants de n'est certes pas un hasard si mille et surtout sa mfere, d'ou qu'un seul peche, c'est de ne cette femme modeste, et fina- 1'actrice priparait avant sa une rupture radicale avec ses pas avoir de passion », un mes- sage compl6t6 par ses der- niferes paroles, rapportSes par le pfere sulpicien: «Dieu est

Inauguration d'une plaque orn6e du dessin de Cocteau sur la maison natale, rue de 1'EgIise, t6I6grammes de Jack Lang, Jean Guidoni, vice-pr6- sident de 1'association, et de Franfoise Vincent, conseillfere pour le livre en Lorraine, et enfin un spectacle de qualit6 du k la tres bonne Marie- Agnes Courouble et 4 son an- cien pianiste Claude Rolland qui interpretferent au casino des extraits de «l'Op6ra de QuafSous» de Brecht, «La Hue de PEglise, une plaque a la memolre de Venfance de 1'artiste Chasse 4 l'enfant» de Pr6vert a et£ devoilee. (Photos DNA) et Kosma,« Anna la Bonne » de Jean Cocteau, «Jeu de massa- cre» de Henri-Georges Clou- zot, teUes furent les fetapes de cette ultime journfee sarregue- minoise de Marianne Oswald, couronn6e par I'interpr6tation du dernier pofeme, si boulever- sant, de Robert Desnos, mis en musique avec beaucoup de de- licatesse par Qaude Rolland, qul fut son ami et celui d'Edith M. A. Couroble et Claude Rolland rendent hommage & Marianne Oswald. Piaf. j€e W0tt$e 11 JU!N 1991

Retour au pays Un honmmge, un spectacle: Marianne Oswald a retrouve sa ville natale A droite, dans une alldc du~" voix si rauque. II a rappcld que cimetiire, une tombe attend. La Marianne Oswald a tcrmind sa vic cdrdmonie est brivc, une trcntaine 4 l'Hdtel Lutdtia dc Paris, dans de personnes sont 14, recueillics. une chambre emcombrdc de tous Ce sont des obsiques un peu sur- scs souvenirs, qu'une association rdalistes, sous un ciel gris. s'cfforce de tirer dcs oubliettes Marianne Oswald rentre 4 Sarre- depuis six ans. PIus tard, Ciaude gucmines, son pays natal. Elle est Rolland, pianiste de la chanteuse morte cn 1985, mais les restes dc pendant seize ans, et Maric-Agnds la diseuse magniflque, qui savait si Couroublc, ont visitd pieusemcnt bicn crier lcs malchanccs, avaient son rdpertoire, Anna la bonne. le dtd ensevclis dans la fosse com- Voleur d'enfanl, un petit bout mune de Limeil-Brdvannes, prds d'Opira de quafsous. de Paris. Les enregistrements de Cctte pctite ville plantde 4 la Marianne Oswald seront rddditds 4 lisidre de la Sarre se souvicnt donc la rentrde. Depuis vendredi, unc aujourd'hui de Marianne Oswald, plaque inaugurde 4 1'angle de !a jugde scandaleiise au ddbut des rue de 1'Eglisc et dc la ruc dc Ver- anndes 30, trop oublide ddsormais. dun, 4 Sarrcgucmines, indique Au cimctidre, le P6re Duplessis, 1'immeuble ou clle cst ndc. Bicn l'un de ses vicux compagnons de sur, cclui-ci a 6td ridlruit pcndant route, a parld de la «pctite sceur la gucrre... dcs poctes», qui chanta Prdvert ou Cocteau d'une voix si vraie, d'unc B. M PARADE 91

Conseil Le retour de municipal: Marianne Oswald le clash L'affiire a fail grand En janvier 1901 nait a bruit dans tous tes mi- Sarreguemines une petite fille lieux sarregueminois. Pensez, le maire qui li- 1. Le festival du thea- qui se prenomme Alice tre amateur fait le Bioch-Kahn. La gamine quide publiquement, plein a Sarregue- rousse devient celebre sous le lors d'une seance de mines. nom de Marianne Oswald. conseil municipal, trois Bitche: le golf ou- Grande chanteuse de cabaret de ses adjoints parmi les vert en 88 en plein « importants » essor avec 800 svant-guerre. comedienne, di- plus mcrobres. seuse, productrice de radio et pour manque de « soli- darite» avec le groupe 4. EDF survelle et de tele, cette Sarregueminoise repare ses lignes majoritaire aux haute tension a aux cheveux rouges et a ia commandes: quel pave bord d'un helicop- voix rauque est tout ccla. Une dans la mare! tere a raison de femme hors du commun, un 30. 40 km par Rattaches on se de- , heure. brin scandaleuse. Provocante. Une femme libre. Marianne mande encore comment 0. Ud nouveau pla- de ne- neur, baptise « Pe- Oswald fait carriere de Beriin - a grand renfort gase Ville de Sarre- gociations et de tracta- guemines». pour d Paris; de Paris a New tions en coulisses - a la 1'aero-club et York... EUe chante Jes grands majorite a l'issue des convention de par- poetes et ecrivains de ootre tenariat avec la deraieres elections mu- mairie. temps: Prevert, Cocteau. nicipales, les trois ad- Inauguration du Aragon, Cbar... Max Jacob joints n'avaient jamais buste Andre Magi- ia surnomme «la petite sceur ete veritablement d'ac- not au fort Casso des poetes ». cord avec la ligne politi- _ de Forbacb. que definie par le maire 7. Signature de Ia Decedee a Paris en 1985 a Robert Pax. convention de Vage de 84 ans, Marianne quartiers entre ks Ces trois adjoints, re- Oflkes HLM. la Oswald est enterree dans une Vifle et 1'Etat. Une tombe provisoire. Jusqu'a ce presentants de listes ri- oflensive engagee que Sarreguemines se sou- vales, venaient quelques pour assurer k de- vienne d'elle et decide de ren- jouis auparavant d'an- vdoppenant social noncer leur volonte de de quartiers sensi- dre hommage a son enfant ce- lebre. Le 7juin. la depouilJe se constituer en groupe \l. La Qiambre de d '« opposition mortelle de Marianne OswaJd constructive». Aflir- Metins s'mstalle a trouve le repos au cimetiere la pepiniere d'en- mant du meme coup, . trepnses. de Sarreguemines et une pla- implicitement, une cer- 4. Les neilleurs ou- que est devoiJee sur sa maison taine forme de dissi- vners de France nataJe. Exposition et specta- honores par Fran- dence avec le maire et 9ois Miiterrand a cle sont presentes en son hon- son groupe. Sinon une 1'Elysee. Parmi neur. Marianne est enfin de situation, au moins une eux. Micljel Roth, retour chez eUe. facon de faire qui n'a (fcHamtoch. Bitche: coup d'en- pas plu, mais alors pas voi de roperauon du tout, au maire. D'ou camions de l'espoir le clash! sans Moustaki Patricia mais avec Max Un mal pour un Meynier. Le but: bien? Qui sait! Tou- des fonds pour k la plus belle jours est-il que les trois , Sahel. futurs ex-adjoints ont 0. SOS chercbe per- sonnel qualifie. A 1'occasion d'une folle soiree de recupere du meme coup C'est ie cri musique et de danse, Patricia Schneider une liberte de parole et d'alarme de Haf- a ete elue a 1'unanimite d'un jury, trie sur d'action qu'ils n'avaient fner Technoiogies, le volet pour la circonstance, Miss Sarre- plus lorsqu'ils apparte- fabncant de cof- naient a la majorite. .. fres-forts. guemines 91. La jolie blonde aux yeux Une aubaine pour les ,u. Achat du chateau verts a 17 ans, elle est etudiante, vit chez Pterron pour reali- cantonales et regionales ser l*hdtel du dis- ses parents et ambitionne de devenir a venir ? tnct. mannequin.

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Apres JTiommagc ofliciel du 7juin dernier, l Sarreguemines n'oublie pas Marianne Oswald. A 1'epoque, un concert iniitule «A la recberchede Marianne Oswald » avait ete presenti au Casino. Marie-Agnes Courouble, interprete et Claude Rolland, pianiste qui avait ete l*accompagnateur de Marianne OswaJd pendant seize ans, y presentaient une partie du repertoire de la cclebre chanteusc. Ce spcctade, revu (des * chansons ont ete ajoutees) est aujourd*hui monie pour la premiere fois a Paris, au Roseau-Theatre. Avec, entre autres, la partidpation de la viDe de Sarreguemines. Une deleguation sarregueminoise composee de Jean Cahn, conseiller delegue a la culture, Michele Brion, deleguee a la communication et Michel Bolchert, bibliothecaire, s'est rendue a Pans vendredi pour la premiere de ce spectacle. Celui-ci se poursuit jusqu'au 17 avril, le concert debute a 18 h 30. Barbara •d.UMJU.l 260 chansons en un coffret: toute une vie de rendez-vous avec son fidele public. Chapeau bas £ la longue dame brune.

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elotonne petit village, voici Brassens, Veuve de guerre de Cuve- m Precy, Precy-printemps. De- lier... puis vingt ans, depuis un jour d'avril ou les lilas etaient fleu- TELERAMA: Ce qui surprend, dans les ris,P c'est ici qu'elle revient se poser, la enregistrements realises a VEcluse entre nomade, dans la maison baignle de la 1957 et 1959, c'est votre voix tres sage, ***• lumifere du jardin. Au mur de ce comme bridee. • 5%"*- * Precy-jardin » dont eUe a fait une BARBARA: Je n'6tais pas encore sortie chanson, une plaque : « me de la du chant classique, qui m'a enormi- Grange aux loups ». Une autre chan- ment apportd, notamment pour la res- son, Nantes, l'a inventde, et cette viUe piration. Plus tard. avec mes pre- l'a tracde. « Madame, venez au ren- mieres chansons, est venue ma vraie dez-vous, 25, rue de la Grange aux voix. Je les ai peu 4 peu inserees dans loups »... Au n° 25, i Nantes, il n'y a mon tour de chant i VEcluse : Cha- pas de maison. Mais nous, nous y peau bas, Dis quand reviendras-tu, avons toujours rendez-vous. Nantes... Sans dire qu'eUes dtaient de Rendez-vous avec la longue dame moi, j'avais honte. Je me consid6rais, Baitara : « Cette Intdgrale, quei bonheu brune de viUe en ville. de saUe en saUe, je me considere plus comme une inter- de musiques en mots d'amour. Et au- prfete que comme un auteur. J'adorais eUe. Quand j'ai entendu Piaf, j'ai en- jourdliui, enfin. avec toutes ses chan- chanter les autres. Puis j'ai eu envie de tendu la chanson. Et mon choix est sons & la fois. Phonogram publie l'in- parler d'amour comme une femme. aU6 vers le registre rdaliste, plein d'hu- t6grale de Barbara : douze compacts, mour parfois, et vers le cafconf". Da- un treizieme en cadeau qui retrace TRA : Comment avez-vous choisi votre mia, Yvonne Georges, Marie Dubas, cette jouraee, en 69. sur Europe 1. oii nom de scene ? la Miss, j'ai 6coutd tout ga. eUe interpreta. comme a ses ddbuts, BARBARA: A cause de ma grand-mere, Agn6s Capri, ?a vous dit quelque Feni, Brassens. Brel. Fragson, Varvara. EUe etait nee pres d'Odessa. chose ? Je l'ai rencontrde k 1'Ecluse, Bruant... 260 chansons en tout, des Cette femme magique nous racontait, eUe avait une cinquantaine d'ann6es, premiers aux demiers enregistre- le soir. des histoires de steppes et de une voix tres acide, un sens du texte, ments. d*introuvables en inedits, de loups. D y avait, du cdtd de ma famiUe une revolte qu'eUes avaient toutes, ces versions studio en versions publiques. maternelle, toute une tradition de femmes-lSi. Cetaient des trage- Bien sur. le coffret s'appeUe : Ma plus cirque, de danseurs. de joueurs de ba- diennes. Les hommes, eux, prett- belle histoire d'amour... c est vous. lalaika... raient le genre fantaisiste. Trenet, 6vi- demment, c'est autre chose : la podsie BARBARA: Cette integrale, quel bon- TRA: Dans le beau livre qu elle vous a et 1'dcriture. Bruant aussi. Mais chez heur, vous ne pouvez pas savoir ! Tout consacri (1), Marie Chaix raconte que, les femmes, avant Piaf, les plus un chemin, une si longue route vers petite fille, vous vouliez devenir « pia- grandes pour moi restent Marie Du- vous... Je retrouve le paysage de vos niste chantante ». bas, Yvonne Georges, ^arianne ~ visages ; et grace au travail fantastique BARBARA: Et danseuse. aussi. Finale- iald ; eUe, vous aflez me faire le pla de ce fouineur de Jean-Yves BiUet, ment, je fais tout qz en chantant.... fh de r&outer : une vraie rockeuse; chez Phonogram, des choses que j*ai Enfant, j'avais des musiques bohe- envie de chanter i nouveau. Certaines miennes dans la tete : musiques juives, TRA: Vos vrais debuts, avant l'Ecluse, que j'ai 6crites, comme Attendez que musiques russes, melopees qui se sont ont eu Ueu en 1950, a Bruxelles, au ma joie revienne, L'Indien. Ma prdfi- retrouvdes plus tard sur 1'album Seule. Cheval blanc. Est-ce la que vous avez rence va aux autres : Pauvre Martin de La chanson, je suis allde seule vers connu Jacques Brel ?

TtiAama 2201 - 18 mars 1992 *» ne pouvez pas savolr I Je retrouve le paysage de vos vlsages et des choses que J*al envie 6 nouveau de chanter... »

BARBARA: Non, mais bien plus tard, & Je me souviens de l'un d'eux : je de- Et, un an plus tard, vous en vedette... Pigalle, quand il travaillait chez Pata- vais avoir 20 ans, je lui ai demandl de BARBARA: Cela restera mon plus grand chou. Ma Belgique & moi dtait acci- m'engager dans sa bolte comme en- souvenir de spectacle. Pour ce Bobi- dentelle ! Je faisais beaucoup de tralneuse. J'avais besoin d'argent pour no-l&, j'ai 6crit Ma plus belle histoire choses, au Cheval blanc. La caisse, la une copine. Entraineuse, il ne m'y d'amour... Je ne comprenais pas : en vente des Coca ; et je chantais en voyait pas, ce monsieur, alors il m'a sortant de la salle, j'ai vu des gens que m'accompagnant, tres mal, A ien- pretd cette petite somme, petite pour j'admirais passionnement, Michele seigne de la fiUe sans cceur, Madame lui. Je lui ai sign6 une reconnaissance Morgan. Robert Hirsch, en pleurs. A Arthur... de dette qu'il a ddchiree en disant : cause de 93, j'ai failli arreter. A cause « Toi, tu es quelqu'un »... Un sei- des pleurs. TRA: Les Amis de Monsieur, de Frag- gneur. Mais il y avait aussi des gens qui re- son... II y a eu ce monsieur Victor aussi, partent souriants de mes spectacles. BARBARA: Non, lui, je l'ai d6couvert qui m'a ramen£e de Belgique en auto- Alors, j'ai continu£ ! aprfes, i Paris. Je tenais une loge de stop. En fait c'6tait un mac, il voulait concierge dans le quatorzteme. j'avais me mettre au travail 6 La Villette, et TRA: Avec des complices musiciens rfussi i y faire entrer un piano droit. devant mon refus m'a offert du mu- auxquels vous etes fidele. Dans une loge, vous vous rendez guet... J'en ai fait une chanson. BARBARA: Joss Baselli k VaccordSon, compte ? (rires). Et un jour, une fille a J'ai frdld des situations dangereuses, ce fut une longue histoire. Quand diposd sur le piano cette partition de j'6tais inconsciente, et rien ne m'arri- nous avons fait des concerts & Gdttin- Fragson. vait : j'allais mon chemin, j'aurais dd- gen, oii il ne pouvait m'accompagner fonci les murs. ma vie c'6tait chanter. parce qu'il travaillait avec Patachou, il TRA: Ces premieres annies n'ont pas m'a pr6sentd quelqu'un qu'il avait faciles. TRA: Apris ce temps, et apres VEcluse, form6, Roland Romanelli. On a beau- BARBARA: Pas tr6s. Mais j'ai eu de oii vous itiez * la chanteuse de mi- coup jou6 ensemble. Mais les traits belles rencontres, des etres qui m'ont nuit »,ilyaeu Bobino en 64 : Bedos et d'accord£on sont toujours du Baselli... port6e. Y compris des gens du milieu. vous en premiire partie de Brassens. Cet homme avait du g6nie.

TflAama N* 2201 - 18 mais 1392 Aujourd'hui. S 1'accordeon et aux synthds, c'est Sergio Tomassi ; et puis G6rard Daguerre aux claviers : et Dominique Mahut aux percussions ; et voila !

TRA: Je sais que vous ne voulez pas parler de Brel... BARBARA : Non.

TRA :Mais on peut trouver etonnant qu il n v ait pas eu de collaboration musicale entre vous... BARBARA: Apres Frantz, le film qu'il avait r£alis£ et ou nous avons joue en- semble, je sais qu'il voulait 6crire une comddie musicale pour nous deux. Je suis sure qu'il 1'aurait fait... (sourire songeur).

TRA: Y avez-vous pense en ecrivant Lily Passion, que vous avez interpriti U yasix arts, au Zenith, avec Gdrard De- pardieu ? BARBARA: Non. Ni k Jacques, ni G6- rard d'ailleurs, d ce moment-ld. Je ne pensais qu'& ces personnages, qu'i l'histoire de cette femme qui chante A »es d6buts 6 FEcluse, Barbara avaft honte de see textes. comme cet homme blond tue ; une histoire de mystiques, finalement... Je suis toujours dnamourde. c'est tou- Caplan, une ddsobdissante fragile, Depardieu, je crois que c'est la ren- jours de la passion. contre la plus magnifique de ma vie. Je elle, je suis sure. J'itais heureuse aussi pourrais dire ga de Jacques, mais on pour Eddy (Mitchell), pour Willy TRA : Votre prochain rendez-vous avec (Sheller)... Je voulais leur dire, aux ne s'est pas trouvds en scene en- le public, c'est en f&vrier 93, au Palais semble. Avec Gdrard, si. jeunes artistes : il est tr6s important des Congres. d'6couter son propre desir. Cest de BARBARA: Palais, pas Congr6s, je d6- cela que je me suis sentie proche, en TRA: La scene est vraiment au centre de teste. D y a plus d'artistes que de votre vie. enregistrant les Lettres a un jeune congres, non, dans cette salle ? ! Je poite de Rilke (2) : cette exigence, BARBARA: Si j'avais 6td amoureuse vais un peu la transformer, pour que cette int£riorit£, ce « si vous n'avez d'un homme plus que de la chanson, vous n'ayez pas 1'impression d'entrer pas vraiment envie d'icrire, vous etes j'aurais quittd la chanson. Je l'ai fait dans un bunker. Faire oublier ce ri- gentil, vous n'ecrivez pas »... une fois. Quinze jouis. J'ai rddd deau qui ressemble k une chemise h D faut 6couter son d6sir, et ne ja- comme une malade, je n'ai pas pu. carreaux, mettre des tapis rouges, un Cest lui qui m'a quittde. mais le perdre. S'il n'y a plus de desir, arrondi de velours, une avancde vers il ne faut plus y aller, c'est fini. Et puis, J'ai rencontrd des hommes fantas- vous. Travailler avec cet espace-la, ac- il faut etre intransigeant ; et vigilant; tiques, mais qui n'ont jamais pu appro- cepter d'etre petit dans ce grand truc, garder le gout de la fgte et du partage. cher du piano. Je n'ai pas su vivre i et arranger 1'exterieur. Le spectacle, c'est 93, une vraie belle deux. je n'ai pas ce talent-l&. Je peux Mais vous savez. j'ai 62 ans. Je po- vivre i 70,100, 1000... fete. Si on n'a pas ce gout-li, rien n'est serai peut-etre deux rocking-chairs sur possible ! • Propos recueillis par Peut-etre. s'il y avait eu un enfant... scene : I'un pour chanter. 1'autre pour Anne-Marie Paquotte Mais il n'y en a pas eu. Cest peut-etre me reposer ! frires) un signe, c'dtait peut-etre le prix. ter- Ma plus belle hlstolre d'amour... c'est rible, i payer. Je n'ai pas d'enfant, j'ai TRA: Merci, Barbara... vous, coffret de 13 CD, ou 12 CD dis- des centaines d'enfants i qui je dis BARBARA: Je voulais encore vous dire. ponibles s6par6ment. Phonogram, maintenant, i la fin de mes spec- i propos des jeunes chanteurs que j'ai TTTT 6videmment. tacles : « Au nom de 1'amour que je bien aimds aux Victoires de la mu- (1) Sarbara de Marie Chaix. 6d. Calmann-L6vy. vous porte, enfants qui auriez pu etre sique : Nilda Fernandez, c'est un sar- (3) Sartwra Z/t Lettres 6 un Jeune poite de Rainer les miens. ces preservatifs, mettez- Maria Rilke. une cassette chez Claudine Ducat6 ment, il a la noblesse et la grace. Jil 6ditions. les.» Pour contribuer i la lutte contre le sida. j'emporte en tournde des mil- liers de prgservatifs que l'on distribue dans la salle. D n'en reste jamais. Ce que je veux vous dire, c'est qu'il T*l6rama N» 2201 • 18 man 1992 n'y a pas l'ombre d'une intention de- magogique dans Ma pius belle histoire d'amour, c'est vous, et vous le savez. DNA 2 1 MA11992

Les rencontres Marianne Oswald Sarah Alice Bloch est nee a Sarreguemines le 9 janvier 1901. Elle prendra le nom de Marianne Oswald en hommage a 1'un des personnages des «Revenants» d'Ibsen, une piece qui 1'avait bou- leversee au tiieatre a Strasbourg. La ville de Sarreguemines de- puis quelques annees se reappro- prie Toeuvre et le destin de cette «sceur des poetes» avec beau- coup de solennel enthousiasme. Elle organise — les 25,26 et 27 septembre prochains — de pre- mieres «Rencontres d'automne» consacrees a une figure en effet exceptionnelle, dans ce siecle. Ci- nema, theatre et chanson. morionne

En juin 91, Sarregucmines ax-ait deja rendu un xibrant bommage a Marianne Os»"ald. Depuis elle a decidi de faire connaitre cette figure de la chanson franqaise, productrice de tele et de radio, amie des plus grands poetes, ecrivains et peintres. Autour de Marianne Oswald, Fenfant de Sarreguemines, la ville a decide de crecr 1'evenement Les 25,26 et 27 septembre prochains, seront ainsi orgamsees lcs «rcncontres d'automne Marianne Oswald». Un veritable festival ouvert au public avec du cincma, dcs chansons, du spectacle a 1'afiiche. JEUDI2B MAI1992 lASEDOW Marianne Oswald, la rage du grave E//e chanta Prevert, Cocteau, Paul Fort, Brecht et Honegger. La chanteuse expressionnlste de Sarreguemlnes vlent d'etre reedltee en CD.

ebut mars 1985. ils etaient une poignee a accompagner la depouille de Marianne Os- wald au cimetiere de Limeil- Brevannes ou la chanteuse inspiratrice de Cocteau et Prevert allait connaitre les honneurs de la fosse commune. De- Dpuis, un mouvement s'est cree. Sarre- guemines, sa ville natale. a d'abord olTert une tombe a son enfant terrible et prepare un festival de chansons a son nom. Et voici que parait un CD avec 1'integrale de ses enregistrements davant-guerre. L'occasion pour une nouvelle generation de decouvrir cette chanteuse hors-normes: atteinte de la maladie de Basedou qui pousse la voix vers le grave. une operation a la gorge endommagea le nerf de ses cordes vocales. les detimbrant davaniage. Mananne Oswald nee Sarah Alice Bloch en 1901 a Sarreguemines. alors annexe par 1'Empire allemand, est prussienne par son pere, originaire de Pomeranie orientale. Dans son auto- biographie. elle gomme sa carriere theatrale allemande, loin detre negli- geable, entre les annees 20 et 30 au Kammerspiele de Hambourg, chez Piscator. chez Max Reinhardt — ou elle double Elizabeth Bergner, la plus grande actrice de 1'epoque —. chez VUB par W. Eugene Smith. Brecht... Le cabaret allemand. profi- tant des lecons du Chat-Noir. avait Pour elle. lelegant et desinvolte Jean invente une formedecabaret litteraire T ranchant se fait dynamitero. avec sa a laquelle ecrivains et musiciens de Cvmpluinte de Kesoukah (« Et merde renom collaboraient sans vergogne. pour les hons menages»), tandis C'est cette idee relevee de la chanson qu met en musique que Marianne Oswald importa a Paris une fausse chanson «contestataire» au debut des annees 30. Le public ne du XIVC siecle le Grand Eiang (signee retenait que la violence de ses presta- Tranchant). que Louis Beydts lui har- tions — melange dexpressionnisme et monise Paul Fort ei que.cornaque par d'hysterie — qui fit delle la chanteuse H.G.Clouzot. taille la plus agressive que la France ait sur mesure le Jeu de massacre. jamais eu. Apres avoir enregistre Sur- Aujourd hui la modernite de son abayaJohnny en fran^ais. elle inspirea repertoire et de son style frappe en- Cocteau trois textes. dont Anna la core La qualite du repiquage rend honne (qui annongait les Bonnes de d'autant plus indatable cette voix. Genet). Elle est la premiere a enregis- dont Prevert disait: « Elle est a peine trer le Prever du groupe Octobre. rais sa roi.x mais bien plutdt la voix de en musique par Wal-Berg ou Kosma: milliers et de milliers d'autres qui ne Embrasse-moi, la Chasse d ienfani (du chantent pas, qui ne chantent plus ou presque rap), la Grasse Matinee... qui n 'ont nais ose chanter.» Helene HAZERA L'Ari de Marianne Oswald 1932-1937. EPM. morionne

La voix de Marianne Oswald va pouvoir a nouveau etre entendue dans de bonnes conditions. En eflet, 25 titres de cette chanteuse rialiste, nec a Sarreguemines en 1901 et decedee en 1985, viennent d'etre reedites sur disque laser par la maison EPM. Ce sont des enregistrements faits dans les annees trente, et a partir desquels un impressionnant travail technique a ete realise. Un «nettoyage sonore» a ete effectui, qui restitue avec beaucoup de relief la voix de Marianne Oswald. Ce CD est depuis quelques semaines distribues par Musidisc. On peut le commander chez les bons disquaires... afm de pouvoir attendre les «Journees Marianne Oswald» qui auront lieu fin septembre a Sarreguemines et proposeront un programme de cabaret, chanson et cinema. TELERAMA N° 221^4 DU 17 JUIN 1992

Marlanne Oswald Reedition Hommage a une reine oubliee de la chanson realiste. Marianne Courage

lul sont consacrSes (2). Celle qiil ou- le consell de Camus, elle r

Compilttion Cest une voix dtrange, venue d'un vertige, venue du fond de la terre, du fond de Ia souffrance. Une voix de chat affol6, qui transcende les mots, et pourtant Dieu sait si les mots comptent pour Marianne Oswald, «diseuse» de chansons 4 texte. Elle parle i cot6 de la musi- que et sans perdre Ie rythme, la rattrape sur un trait melodique. Comment elle transforme en tor- rent apocalyptique les vers de mir- liton 6'Anna Ia Bonne, c'est mira- culeux. Elle rassemble Ies mots, les scande de son accent mi-Sanegue- mines, mi-berlinois, tron?onne les phrases 4 sa fa;on, et ainsi, invente son langage. Un langage d'exil, un exil pas seu- lement geographique. Marianne Oswald la Lorraine, a fait ses classes dans le Berlin d'avant 1933 - celui de Marlene et de Margo Lion, de Brecht et dc Pabst - qu'elle a du fuir comme elle a du fuir le Paris de 1'Occupation. Et quand elle nous est revenue, apris la guerre, un autre monde se construisait, le sien 6tait largui. Elle a encore interprdtd pour un club de nostalgiques ses chansons droles, violentes, poitiques, pathi- tiques, toujours belles. Elle a toume quelques films, produit des dmissions pour la radio et la tflivi- sion, au temps ou concurrence et audimat ne rdgnaient pas encore. Son exil, c'est ?a : toujours, elle a marchd en marge. On ne s'en rend pas compte aujourd'hui, mais Ia «condition fiminine» dans les anndes 30, c'6tait le Moyen Age. D fallait se battre pour vivre son indipendance. Elle s'est battue, a chanti ses batailles, les rivoltes, les utopies anarchistes, les difficiles amours avec des beaux indiffirents, les rigolades complices avec d'6terne!s enfants, les grandes viries venge- resses... Elle a chanti les reves et les blessures. Marianne Oswald est nie blessie, comme tous ceux qui ont cherchi le paradis sur terre. 1 CDEPM. CG. SnrrcBiiBiniiics v Marianne Oswald sur Compact Disc Reine de la chanson rtalisle, hardt, doublant la grande Ell- ia Sarregueminoise Marianne Foucauld, Romain Rolland, lui consacra apr6s sa mort sabeth Bergner, interpr6tant Desnos, Supervieile et Vla- sept 6missions des « Cingi6s du Oswald vient d'6tre #dit6e sur DrechL Install6e A Paris apr6s CD chez EPM, sp6ciaiis6 dans minck. Si Marianne, la Sarre- music-hall», et surtout au d6- i'av6nement du nazisme, elle gueminoise, connait une nou- vouement de la «Societ6 des la r*6dltion des grands mo- se produisit au «Boeuf sur le ments de la chanson fran^aise velle jeunesse, c'est gr&ce 6 amis de Marianne Oswaid», Toit», puis 6 «Bobino» et fit Jean-Christophe Averty, qui r6cemment fondee 4 Poris. d'avant-guerre. Sur ce disque, connaitre les m6lodies de intituM «L'art de Marianne Brecht et Weill, dont elle chan- Oswald: 1932-1938» (rttorence ta pour la premifere fois en 982272), figure i'int*graie de francais «Surabaya Johnny». ses 25 enregistrements d'avant-guerre: il est disponl- ble chez tous les bons dis- De 1'expressionnlsme alle- quaires. Dans la foutee de ce mand, elle passait au r6alisme retour A la notori6t6, sa ville sociai et po6tique franpais natale organisera les 25, 26 et avec Cocteau et Pr6vert, mais 27 septembre, des < rencontres aussi Poulenc et Honegger. d'automne Marianne Oswaid », thume. R6volt6e dans ses Chass6e une fois encore par v6rltable festivai de ia chan- r6ves bless^s d'utopie anar- l'invasion nazie, elle s'exila son francaise, ou le pubiic chiste, 1'artiste dont le p*re aux Etats-Unis de 1040 4 1040, pourra voir la chanteuse sur 6tait venu de Pom6ranie prus- pour rentrer aprfes la Ub4ra- l'6cran dans «Les amants de sienne, a iaiss6 sa voix pre- tion dans un Paris m6tamor- V6rone», film remarquable nante d'6terneile exiide margi- phos6, ou son heure 6tait pas- d'Andr6 Cayatte, dialogu6 par nale. De sa Lorraine natale, s6e. Mais, avec une 6nergie in- Prtvert elle 6tait pass6e 6 Berlln ou, domptabie, elle refit surface 6 Chanteuse et diseuse de entre les ann6es 20 et 30, elle la radio avec «Terre des en- textes llttoraires, Marianne joue un rdle capital dans le ca- fants», puis 4 la t6l6vision, ou Oswald b*n6ficie donc enfin baret Iitt6raire aliemand, c6- elle brossa des portraits de d'un v*ritable hommage pos- toyant Piscator et Max Rein- Fran$ois d'Assise, Charies de Le Monde de la Hisique, lulllet-aoQt 1992, n" 157

MARIANNE OSWALD • •• Ex-dianteuse de cabaret chassee de Berlin par 1'avenement du III® Reich, Marianne Oswald (Alice Bloch pour letat civil, nee 4 Sarreguemines en 1901, ville alors allemande depuis 1870) s'installe en 1933 au Bceuf sur ie toit et fait entrer Fexpressionnisme doutre- Rhin dans la chanson franpuse avec les com- positions du tandem Bertold Brecht/Kurt j WeiU. Tr6s rapidement, Cocteau (Anne la I Bonne), Prevert-Kosma (Embrasse-moi, Oiasse d VEnfant, les Bruits de la nuit), Jean Trandiant, Yvain Qouzot (Jeu de massacre) comprendront queOe tionnante interprete pouvait etre la chanteuse a la chevelure rousse. Mais son personnage sans compro- mis, son repertoire acerbe, sa voix rauque aux accents vindicatifs lui vaudront 1'hosti- lite du public, attisee par la presse dextreme droite (' celte putain juive echappee des igouts berlinois •). Au point que ses amou- reux, i lTnstar des freres Prevert ou d'Anouilh, feront le coup de poing contre les «perturbateurs • qui ne supporteront pas ses chansons engagees comme Appel ou les Fusillis, et qu'on 1'expulsera de Suisse apres un recital. Cependant, son influence sur 1« milieux artistiques sera grande (cf. son auto- biographie redigee en \S4i,Jn'aipasappris a vivre). Cest que, evoluant du «realisme social i vers le«reaiisme poetique <. ceile qui nous quitta dans 1'indifMrence generale en fevrier 1985 (apres la guerre et un crochet par New York ou eUe fut 1'egerie de ia France libre) a largement inspirg la periode Saint- Germain-des-Pres et le courant«rive gau- che», bien au-dela des reprises (des Freres i Jacques a Greco) de ses chansons. | Frank TenaiUe j 1CD EPM982272 -Distribue par Musidisc