Depuis quelques mois, Michel Po/ac a installé son pot de chambre à la télévision. L'émission s'appelle curieusement «Droit de réponse». Le 17 avril dernier, le roi du pipi-caca a réuni quelques autres amateurs de détritus pour faire à la un procès digne de ceux de Moscou. Les inculpés n'avaient pas été convoqués, si bien que les procureurs purent déballer tranquillement leurs dossiers truqués. Quelques semaines auparavant, à Strasbourg, une conférence de était annulée à la suite de manipulations subtiles et de pressions inadmissibles. Rien de nouveau : la chasse aux sorcières continue. A défaut ·de pouvoir brûler les livres qui les dérangent, les falsificateurs pratiquent le terrorisme intellectuel le plus grossier, avec la complicité du «Nouvel Observateur». La nouvelle droite n'a jamais manqué d'adversaires. Mais cette fois, elle n'est pas tombée sur les plus fins. Le stade pipi-caca de la pensée

t merde ... Pour décourager les fines semaines, le samedi, sur TF-1. Le 17 avril, droite. Ce fut pour déverser sur son compte <

Il a existé un peuple indo-européen. Ce peuple, n'étant pas composé de fantômes, présentait nécessairement, comme tout peu­ ple existant ou ayant existé, un certain nom­ bre de caractéristiques physiques, distribuées statistiquement, et dont certaines étaient par définition plus répandues que d'autres. S'in­ terroger sur ces caractéristiques est parfai­ tement normal - et l'on ne voit pas, en tout cas, ce qu'il pourrait y avoir de répréhensi­ ble dans cette interrogation. Jean Haudry ne dit pas autre chose, quand il écrit : «Si l'expression de «race inde­ européenne» est impropre, il est en revan­ che légitime de chercher à déterminer les types physiques représentés par les locu­ teurs» (op. cit., p. 122). «Pour y parvenir, ajoute-t-il, on dispose de deux sortes d'in­ formation : l'étude anthropologique des ossements humains trouvés dans les sites LECTURES DE HEIDEGGER considérés (pour d'autres raisons) comme indo-européens ; le témoignage des textes anciens et des documents figurés. Cette Au sommaire de ce numéro 37 : seconde source a l'avantage de ne pas dépen­ dre d'une hypothèse préalable. Or, ces 0 Thème central : lectures de Heidegger témoignages concordent pour désigner la - «Pour en finir avec le nihilisme» ( et race nordique, sinon comme celle de l'en­ Patrick Rizzi) semble du peuple, du moins comme celle de - «Le sacré : unité du monde et destin du peuple» (Patrick sa couche supérieure». C'est là un fait incon­ Simon) testable, que les critiques de Haudry se sont - «Conception de l'homme et Révolution conservatrice : évidemment bien gardés de réfuter. Heidegger et son temps» (Robert Steuckers) A l'appui de cette affirmation, Haudry cite des auteurs très différents : M. Much, Françoise Le Roux, C.L. Guyonvarc'h, 0 Mélanges P. Faure, Hans F.K. Günther, L. Renou, - «Idée prussienne, destin allemand» (Gérard Nances et J. Filliozat, G.D. Kumar. Olender, qui, dans Robert Steuckers) sa recension, ignore superbement l'argumen­ tation d'Haudry, passe tous ces auteurs sous - «Régis Debray et la raison politique» (Alain de Benoist) silence. A l'exception d'un seul : Günther, dont Haudry, en tout état de cause, se bor­ 0 Et toutes les rubriques habituelles ner à signaler le titre d'un ouvrage (Die nor­ dische Rasse bei den Indogermanen Asiens). 160 pages. 50 F. En vente au service librairie d' Eléments (voir Voilà le procédé. page 35). La manœuvre est en fait bien claire. Dans un premier temps, on attribue à la Nouvelle 8 droite (ou à Jean Haudry) des vues qu'elle n'a pas soutenues. Dans un second temps, Jean-Paul Louis publie un article sur Geor­ entendu, autant de mensonges et de on démontre, sans peine, que Georges ges Dumézil et l'idéologie indo-européenne. calomnies. Dumézil, dont la Nouvelle droite a vanté les On y apprend que Dumézil a «désavoué Rappelons d'abord, textes à l'appui, que mérites, n'a jamais exprimé, les idées en publiquement» les références à son œuvre la Nouvelle droite a constamment condamné question. Dans un dernier temps, on en con­ qui se trouvent dans les publications du le racisme. Non seulement elle l'a condamné, clut que la Nouvelle droite a «dévoyé» GRECE. mais on peut même dire qu'elle est, à Dumézil. Il est difficile d'être plus malhon­ Il s'agit là, à nouveau, d'un mensonge «droite», la seule école de pensée qui en ait nête. Comme l'a écrit Haudry lui-même, éhonté. Et à nouveau, nous défions quicon­ démontré, sur un plan théorique, les erreurs dans sa réponse au Nouvel observateur (art. que de citer, dans quelque publication de la fondamentales et la nocivité intrinsèque. Un cit.) : «Maurice Olender ne se souci pas de Nouvelle droite que ce soit, une seule opi­ chapitre entier du livre d'Alain de Benoist, suivre un raisonnement ; il tente de diffamer nion qui aurait été prêtée à Georges Dumé­ Les idées à l'endroit (Hallier, 1979), s'inti­ un auteur». zil, et qui ne serait pas la sienne. De même tule Contre le racisme (pp. 145-156) ; un Jean-Paul Enthoven ne procède pas dif­ que nous défions quiconque de relever dans autre, Ni haine de race, ni haine de classe féremment. Il recommande en effet à ses lec­ ses propos un désaveu à notre endroit. (pp. 157-158). Au XIVème colloque du teurs de lire «avec indignation» (sic) le Au vrai, Georges Dumézil n'a ni à approu­ GRECE, le 9 décembre 1979 à Paris, le volume consacré à Georges Dumézil par les ver ni à désapprouver les vues de la Nouvelle thème retenu était : «Contre tous les totali­ éditions Copernic - volume dont l'icono­ droite. En consacrant à son œuvre un cer­ tarismes» ; le sujet de la communication graphie équivoque permet de croire que tain nombre de textes et d'ouvrages, la Nou­ d'Alain de Benoist, Le totalitarisme raciste Dumézil en est l'auteur, alors qu'il n'a même velle droite n'a pa cherché à !'«embrigader» (9). Il n'y a donc pas sur ce point la moin­ pas accordé son imprimatur à cette ni à le «récupérer». Elle a seulement voulu dre équivoque. publication». attirer l'attention sur des travaux que bien Gravement mis en cause, en tant que des universitaires ont longtemps cherché à directeur de l'ouvrage incriminé, Jean­ occulter, et dans lesquels elle trouve abon­ Vous avez dit Claude Rivière, professeur agrégé à la faculté dance d'éléments d'information qui nourris­ des lettres de Nantes, répond au Nouvel sent sa propre réflexion. La Nouvelle droite Günther? observateur que «le volume en question ne entretient avec Georges Dumézil des rela­ comporte aucune iconographie, ce qui le dis­ tions intellectuelles, analogues, ni plus ni pense en la matière de la moindre équivo­ moins, à celles qu'elle entretient avec bon Quant à Günther, dont les adversaires de que. Et qu'à aucun moment, des opinions nombre d'autres spécialistes des études indo­ la Nouvelle droite font grand cas (Billig lui ou des conclusions opposées à celles de Geor­ européennes dans le monde. Georges Dumé­ consacre plusieurs pages, Souchon le cite à ges Dumézil n'y ont été attribuées à ce der­ zil a eu connaissance du manuscrit de Jean de nombreuses reprises, Olender reproche à nier». Il ajoute : «Quant à la très ecclésias­ Haudry avant sa parution. Il a également eu Haudry de l'avoir mentionné), voyons de tique pratique de l'imprimatur, elle m'est connaissance, dans les mêmes conditions, de plus près de qui il s'agit. probablement plus étrangère qu'à Jean-Paul l'essai publié aux éditions Copernic, dont il Né le 16 février 1891, Hans F .K. Günther Enthoven. Que ce dernier ·me permette seu­ a corrigé certains passages et complété la fait ses études à Fribourg en Brisgau et à lement de lui indiquer que je m'honore bibliographie. Il entretient des relations sui­ Paris (où, en 1911, il suit notamment les depuis déjà bien des années de l'amitié de vies avec. Jean Haudry, Jean Varenne, cours de Durkheim). Très tôt, il se dirige vers Georges Dumézil, et que celui-ci a lui-même François-Xavier Dillmann, Jean-Claude l'anthropologie, l'ethnologie et la sociologie. En 1923, il s'installe en Suède, où il travaille révisé le texte que nous avons publié». Ce Rivière. Il a également accordé à Alain de notamment, à Uppsala, à l'Institut d'Etat de droit de réponse ne sera jamais publié. Benoist une longue interview, parue dans Le biologie raciale dirigé par le professeur Her­ Quand on est diffamé par Le Nouvel obser­ Figaro-Dimanche du 29-30 avril1978, après vateur, on n'a pas le droit de se défendre. qu'il en eut revu, corrigé et approuvé le con­ man Lundborg. Mais la rumeur se diffuse. Dans la revue tenu. Pour le reste, il se consacre à son Dès la publication de ses premiers livres, jésuite Projet (mars 1982), un dénommé œuv.re, et c'est très bien ainsi (8). au tout début des années vingt, il s'impose rapidement comme l'un des chercheurs qui gravitent plus ou moins dans l'orbite de la Révolution conservatrice. Ses ouvrages por­ La nouvelle droite a démontré tent sur des domaines très différents, mais c'est incontestablement l'étude des races qui la nocivité intrinsèque du racisme retient priotairement son attention. (D'où le surnom de «Rassen-Günther» qu'on lui don­ Revenons maintenant au sieur Souchon. version quantitativement plus développée, nera par la suite). Son essai le plus connu, Des propos tenus par ce personnage au cours ·aux éditions François Maspéro, sous le titre le Rassenkunde des deutschen Volkes, paru de l'émission de Michel Polac, et du texte L'Internationale raciste. De la psychologie à Munich en 1922, et qui a pour sujet la dis­ qu'il a fait parat"tre dans Le Quotidien de à la science des races (1981). (Une édition tribution des types raciaux européens en Paris, il ressort un certain nombre d'accu­ allemande a également été publiée depuis). Allemagne, lui vaut la célébrité. Il s'en ven­ sations. Celles-ci peuvent se résumer de la Il suffit en fait de lire ce livre pour en cons­ dra au total plus de 125 000 exemplaires. façon suivante : 1) L'idéologie de la Nou­ tater la parfaite nullité : il s'agit d'une sim­ (Une version abrégée, le Kleine Rassenkunde velle droite est de caractère «raciste» ; ple compilation d'informations «orientées», des deutschen Volkes, publiée en 1929, 2) Alain de Benoist appartient à un mouve­ plus ou moins bien recopiées à partir de sour­ dépassera le demi-million d'exemplaires). Au ment national-socialiste dénommé Northern ces secondaires, afin d'en faire une manière moment de sa parution, l'un des plus célè­ League, fondé par le «raciologue nazi» Hans de brûlot journalistique. (Le «sérieux» de bres généticiens de ce siècle, Eugen Fischer F .K. Günther, avec lequel la Nouvelle droite l'entreprise peut être apprécié, par exemple, (1874-1967), y voit «une étude brillante de entretient (ou a entretenu) des rapports au fait que Billig cite, comme l'un des repré­ étroits. sentants de !'«Internationale raciste» l'un des (ii) Pour pius dë précisions, cf. Jean-Claude A l'appui de ses dires, Souchon cite un plus célèbres psychologues contemporains, Rivière, «Actualité de Georges Dumézil», in pamphlet du propagandiste britannique l'Anglais Hans J. Eysenck, qui, pour des rai­ «Eiéments», 32, novembre-décembre 1979, d~extrême gauche Michael Billig, pamphlet sons personnelles, a dft fuir la montée du 15-17. qui a d'abord paru, voici quelques années, nazisme en 1933 !). (9) Texte publié dans «Eiéments», 33, en Angleterre, avant d'être traduit, sous une Les assertions souchoniennes sont, bien février-mars 1980, 13-20. 9 l'ethnologie allemande ( ..) qui donne une Dans son article du Quotidien de Paris, que, «chassé de l'université allemande, où image vigoureuse et, pour l'essentiel, juste Georges Souchon affirme que Günther «col­ le régime nazi l'avait fait entrer, Günther des différentes races qui composent notre laborait régulièrement aux publications sera contraint, après la guerre, d'écrire sous peuple». nationales-socialistes officielles Die Sonne pseudonymes pour échapper à sa réputation La démarche de Günther est celle, alors Volk und Rasse et Neues Volk», ainsi qu'à de raciologue nazi». répandue dans le monde entier, de l'anthro­ la Zeitschrift für Rassenkunde, dont il était Dans ces «informations», que Souchon pologie physique et morphologique. Appli­ le «rédacteur en chef» ; qu'il fut décoré en recopie chez Billig (12), un seul fait est exact. quant à l'Allemagne la méthode déjà 1941 de la médaille Goethe par Rosenberg ; A l'occasion de son 50ème anniversaire, le employée par les Anglais Beddoe (Races of qu'il figurait <, édité par la Pfeiffer, Hannover, 1965), Platon ais Hüter tana. Il lance enfin le Journal of Indo­ Northern League. Cette publicité n'a évi­ des Lebens (Hohe Warte, Piihl, 1966), Verer­ European Studies, revue d'études indo­ demment ni plus ni moins de signification bung und Umwelt (Hohe Warte, Piihl, européennes dont la rigueur et le sérieux lui que les publicités (payantes ou insérées à titre 1967), etc. Son essai sur Le mariage, ses for­ valent d'être aujourd'hui largement diffusée d'échange) parues dans «Nouvelle école» en mes, son origine est également paru, tout à dans les milieux universitaires de tous les faveur du «Nouvel observateur», de la revue fait normalement, chez Payot, en 1952, avec pays. «Erkenntnis», du «Journal of Palestinian une préface deL. Lamorlette (15). A l'heure actuelle, la Northem League (ou Studies», du journal israélien «New Out­ Que penser de l'œuvre de Günther? ce qu'il en reste) est animée à Amsterdam look», etc. 11 teurs» (op. cit., p. 57). C'est rigoureusement niers relève entièrement de la démonologie. tion? Qui a-t-on rencontré? Combien de faux. Non seulement Günther n'a jamais été Haudry a cité le titre d'un livre de Günther. fois ? Pourquoi ? Ainsi se déroule tout un l'un des fondateurs de la Northern League, C'est comme s'il avait invoqué le diable. chapelet de raisonnements faux, fondés sur mais il n'y a même jamais appartenu. Dans C'est que, précisément, il n'est pasques­ une fausse logique, sur une méthode dépour­ son livre, Lutzhôft l'indique expressément tion de lire. n n'est pas question de rendre vue de sens. Prémisse : < ne signifie d'ailleurs pas critiqué ou rejeté, voilà ce qui rend malades logiques (Calmann-Lévy, 1971), où le pro­ «nordique» (angl. «nordic»), mais 12 Billig et Olender. La démarche de ces der- fesseur Raymond Ruyer déclare qu'«un «septentrional>>. nous avons déjà eu l'occasion de faire le cédé à aucune pression, à aucun chantage, ges Dumézil a si longtemps - quoi que pré­ point sur le «réseau Souchom> (20). Ce à aucune menace. Elle ne s'est pas laissé inti­ tendent certains de ses récents réseau «doublonne» avec un autre. m1i gra­ mider. Chaque fois qu'on s'en est pris à elle, «admirateurs» -été tenu dans l' «enfer» de vite autour de personnages tels qut: Maurice elle a rendu coup pour coup. Face aux falsi­ la pensée universitaire, c'est dans une large Olen der, Alain Schnapp et Pierre ficateurs, aux diffamateurs et aux escrocs, mesure parce qu'il démontrait, avec des tra­ Vidal-Naquet. elle n'a cessé de réclamer un libre débat intel­ vaux d'une rigueur et d'une érudition excep­ Chez Fayard, Maurice Olender ani{De la lectuel. Elle continuera de le réclamer. Et elle tionnelles, que, dès le Illème et le IVème mil­ revue Le genre humain, où l'on retrouve l'obtiendra. lénaires avant notre ère, l'Europe était habi­ Albert Jacquard, Léon Poliakov, Jean­ Le second motif de la récente campagne tée par un peuple porteur d'une culture et Pierre Vernant, Vidal-Naquet, etc. C'est éga­ contre Jean Haudry et les «lndo-Européens» d'urie «idéologie» parfaitement cohérentes, lement lui qui a dirigé le volume Le racisme, tient à l'enjeu du débat. Il s'agit de la structurées, complexes, et que dès lors, aux mythes et sciences, publié, en hommage à mémoire des Européens et, par conséquent, yeux de certains, cette découverte présentait Léon Poliakov, aux éditions Complexe, de aussi de leur avenir. le «danger» de remettre en cause le vieux Bruxelles, en 1981. On y lit, entre autres, des Il ne faut pas se dissimuler que, si Geor- mensonge de l'ex oriente lux. textes de Colette Guillaumin, Albert Jac­ quard, Pierre Vidal-Naquet, Patrick Girard, Alain Schnapp, Elisabeth de Fontenay, etc. Le génocide de la mémoire est Les éditions Complexe sont elles-mêmes ani­ mées par André Versaille, qui, dans Libéra­ un crime contre l'humanité tion (31 mars 1982), dénonçait récemment la sociobiologie et son «utilisation par la Cette pensée, en outre, s'avérait entière­ reconnaître qu'il a existé une langue indo­ Nouvelle droite» (sic). Albert Jacquart col­ ment antagoniste avec l'idéologie domi­ européenne, une religion indo-européenne, labore aussi au bulletin publié par les édi­ nante. L'idéologie indo-européenne, cons­ une poésie épique indo-européenne, une tions Complexe. tate lui-même Jean-Paul Louis, présente «idéologie» européenne. Mais ce qu'ils Alain Schnapp, élève de Pierre Vidal­ comme harmonieuse une société hiérarchi­ essaient de nier, c'est l'existence d'un peu­ ple indo-européen, porteur de cette langue, Naquet, a dirigé la publication d'un livre sée, fondamentalement anti-égalitaire, avec intitulé L ,archéologie aujourd,hui toutes ses conséquences» (art. cit.). Il de cette religion, de cette poésie épique, de ajoute :«Sur l'opposition égalité-hiérarchie, cette «idéologie». Quand Dumézil, par (Hachette, 1980), où l'on retrouve la signa­ ture de Jean-Pierre Demoule et de Pierre il faut accorder, sans tomber dans des oppo­ exemple, publie un livre intitulé Les dieux sitions simplistes, que la Nouvelle droite n'a souverains des Indo-Européens (Gallimard, Vidal-Naquet (21). Son épouse, Annie 1979), il faudrait comprendre «les dieux sou­ Schnapp-Gourbeillon, n'est autre que la tra­ pas tort : la tradition judéo-chrétienne est verains des fantômes». Il y aurait une lan­ ductrice de l'édition française du livre de souvent égalitariste, la tradition indo­ européenne est fortement hiérarchisée» gue, mais pas de solidarité organique entre Michael Billig (22). Quant à Madeleine Rébé­ (ibid.). Identifier l'idéologie indo­ ceux qui la parlèrent. Il n'y aurait pas de peu­ rioux, qui fut très engagée dans l'action pro­ européenne, la reconnaître pour sienne, se ple indo-européen, mais une addition hasar­ FLN au moment de la guerre d'Algérie, elle la «réapproprier» pour résoudre la crise pré­ deuse d'individus, une masse indifférenciée eut l'occasion de travailler activement avec sente en vue d'un nouveau commencement, - d'où, précisément, aucune «idéologie» Pierre Vidal-Naquet à l'époque où celui-ci c'est donc, automatiquement, percevoir tout structurée, unifiée, n'aurait pu sortir (24). animait le journal Vérité-Liberté (23). ce qui sépare cette pensée qui a présidé à nos origines des valeurs et des mythes que nous (23) Universitaire d,extrême gauche, adhé­ subissons aujourd,hui. Derrière la muséogra­ rente du PCF depuis sa jeunesse (et pendant phie du savoir universitaire, tel est le vérita­ toute la période du stalinisme), Madeleine Les falsificateurs ble enjeu du débat : un conflit des mémoires. Rébérioux, alors professeur au lycée Devant le développement des études indo­ Marcelin-Berthelot de Saint-Maur, participe refusent le libre européennes, les tenants de l'ex oriente lux en 1957 à la direction du Comité pour la ont dû composer. Ils sont bien obligés de défense des libertés et de la paix. Trois ans débat intellectuel plus tard, elle participe (anonymement) à la (20) Cf. David Barney, «Les nouveaux cor­ rédaction de «Vérité-Liberté». En septem­ beaux», in «Eléments», 32, novembre­ bre 1960, elle signe le «manifeste des 121», Les raisons de l'hostilité que ces différents décembre, 1979, 23-25. en même temps que J.P. Vernant et Pierre personnages peuvent témoigner à l'encontre (21) A propos de ce livre, le préhistorien Vida/-Naquet, puis, un mois plus tard, le de la Nouvelle droite sont bien claires. La P.R. Giot déclarait pudiquement, dans la manifeste du Mouvement anticolonialiste première tient à son existence même. En célèbre revue anglaise <