Les Cahiers De La Sécurité Intérieure
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© Cahiers de la sécurité - INHESJ LES CAHIERS DE LA SÉCURITÉ INTÉRIEURE Football, ombres au spectacle © Cahiers de la sécurité - INHESJ Conditions de publication Les Cahiers de la sécurité intérieure publient des articles, des débats et des notices bibliographiques relatifs aux différents aspects nationaux et comparés de la sécurité intérieure et de ses acteurs. Les propositions d’articles doivent être adressées à la rédaction pour évaluation. Les manuscrits soumis ne sont pas retournés à leurs auteurs. Toute correspondance est à adresser à la rédaction de la revue. Paris, 1996 ISSN : 1150-1634 N° de commission paritaire : 2 325 AD Les articles publiés dans les Cahiers de la sécurité intérieure ne représentent pas une opinion de l’IHESI et n’engagent que la responsabilité de leurs auteurs. © Cahiers de la sécurité - INHESJ Football, ombres au spectacle Violences dans les stades Le supportérisme menace-t-il l’ordre public Avant-propos . 5-6 Dossier Point de vue ■ Pierre LANFRANCHI . 9-17 Les dimensions du supportérisme «Culture », « civilisation » et sociologie du sport ■ Eric DUNNING . 18-32 La passion partisane chez les Ultra ■ Christian BROMBERGER . 33-46 Du gang au groupe social : une analyse socio-préventive ■ Manuel COMERON . 47-67 Pour une statistique des matches de football : l’exemple belge ■ Stéfan DE VREESE . 68-74 Ordre et désordre dans les stades Ordre public et Tifosi ■ Rocco DE BIASI . 75-91 La lutte contre le hooliganisme : comparaisons européennes ■ Patrick MIGNON . 92-107 Réponses policières en Grande-Bretagne et en Italie. Vers une homogénéisation des stratégies policières en Europe ? ■ Anastassia TSOUKALA . 108-117 Regards croisés sur la sécurité des stades La sécurité des stades en France : études et formation ■ Thierry TERRAUBE . 118-126 Entretiens ■ Dominique SPINOSI, René-Georges QUERRY, Gérard ROUSSELOT . 127-139 Quelques enseignements des Jeux olympiques d’Atlanta ■ Alain BAUER . 140-142 Les Cahiers de la sécurité intérieure, 26, 4e trimestre 1996, p. 3-4 © Cahiers de la sécurité - INHESJ R epères NOTES ET ÉTUDES Ce que fait la police : sociologie de la force publique Un commentaire du livre de D. MONJARDET ■ Jean-Paul BRODEUR . 145-152 Archives policières, sources de presse et manifestations de rue ■ Olivier FILLIEULE . 153-176 LES FONDAMENTAUX DE LA SÉCURITÉ La police aux États-Unis et les violences illégitimes ■ Un texte de A. J. REISS commenté par Fabien JOBARD . 177-191 CHRONIQUE INTERNATIONALE La géographie des peurs ■ Jérôme SAINTE-MARIE . 193-200 Actualités NOTES BIBLIOGRAPHIQUES ■ Jean-Paul GRÉMY, Catherine POLAC, Cécile PÉCHU, Christophe BROQUA . 203-214 RAPPORTS ET TRAVAUX INÉDITS ■ Frédéric OCQUETEAU . 215-216 REVUE DES REVUES . 217-221 LISTE DES AUTEURS . 223 ABSTRACTS . 227 S OMMAIRE © Cahiers de la sécurité - INHESJ AVANT-PROPOS Les liens étroits que les pratiques sportives sont censées entretenir avec la violence constituent un objet privilégié de l'analyse sociologique. Eric DUNNING, dans ses travaux avec Norbert ELIAS, est l'un des premiers à avoir envisagé ces liens dans une perspective socio-historique tendant à montrer que les règles contemporaines du jeu sportif se sont constituées dans le cadre d'un mouvement tendanciel de pacification de la violence dans les sociétés occiden- tales. Comment dès lors rendre compte des résurgences sporadiques de violences incontrôlées, sinon incontrôlables, sur les terrains de sport, et tout particulièrement dans les stades de football ? C'est à ces questions que le pré- sent dossier entend apporter des éléments de réponse. L'association de la violence au sport renvoie à des phénomènes extrêmement divers : violence des pratiques sportives elles-mêmes, d'abord (évidente dans certains sports de combat, comme la boxe) ; violence des spectateurs surtout qui, pour des raisons diverses et sous des prétextes variés, adoptent des com- portements violents à l'occasion des rencontres sportives. Or, par un étonnant paradoxe, ces deux registres semblent avoir évolué de manière inversement proportionnelle, comme si la lente ritualisation et l'encadrement strict du ca- ractère agonistique des compétitions sportives était corrélée à un transfert des affrontements à force ouverte des terrains de jeu aux espaces réservés au pu- blic. C'est à ces évolutions croisées des pratiques sportives professionnelles et des pratiques supportéristes que Pierre LANFRANCHI consacre sa contribution. L'analyse de la violence générée par les rencontres de football ne peut d'abord faire l'économie, au-delà des compte-rendus spectaculaires produits par les médias, d'une mesure du phénomène, comme s'y essaye Stéfan DE VREESE dans son approche statistique appliquée à la Belgique. Cela ne saurait suffire cependant à comprendre les ressorts économiques, sociaux et psychologiques de la violence supportériste. A partir d'une analyse comparée du phénomène en France, en Grande-Bretagne, en Italie, en Belgique et en Allemagne, les auteurs mettent à l'épreuve de leurs enquêtes de terrain la réalité et la perti- nence des différentes théories explicatives généralement invoquées. Si tous ne tombent pas d'accord pour identifier un jeu cohérent d'hypothèses, c'est que tous soulignent l'extrême diversité des origines sociales et des modes d'organi- sation des supporters, comme en témoignent les variations dans les dénominations dont ont les affuble et qu'ils revendiquent parfois : hooligans, tifosi, ultra, etc. Les Cahiers de la sécurité intérieure, n° 26, 4e trimestre 1996 5 © Cahiers de la sécurité - INHESJ Malgré cette diversité, la violence des stades pose, en matière d'ordre public et de sécurité, des problèmes identiques. Il n'empêche que les réponses institu- tionnelles ont longtemps reposé sur des modes hétérogènes de régulation. Ainsi, en Angleterre, la gestion de la sécurité s'appuie sur une mobilisation sociale. En Allemagne, c'est l'action concertée et la recherche du consensus qui constituent les deux piliers des politiques publiques. En France, enfin, la mise en place d'un dispositif semble encore souffrir d'une insuffisante coordi- nation entre les parties concernées. En revanche, après avoir longtemps hésité entre dissuasion, répression et né- gociation, les stratégies policières semblent désormais travaillées par un processus d'homogénéisation dans le cadre européen grâce à une coopération internationale accrue. Cette uniformisation, cette globalisation - si l'on voulait employer un mot dorénavant à la mode -, n'est pas un phénomène isolé propre à la gestion de la sécurité dans les stades. En effet, les recherches récentes sur le fonctionnement des systèmes de gestion de l'ordre public dans les différents pays d'Europe et aux États-Unis semblent indiquer de manière concordante que le champ des organisations policières est travaillé, depuis un certain temps déjà, par une série de processus isomorphiques qui auraient pour effet d'uni- formiser tout à la fois les doctrines d'emploi, les savoirs professionnels, les pratiques routinières et les modes organisationnels (par exemple, la nature des liens hiérarchiques, la différentiation entre types de forces et types de missions). Cette question nous a d'ailleurs paru suffisamment centrale à toute réflexion contemporaine sur les évolutions futures de la sécurité intérieure pour qu'elle constitue à nouveau le fil rouge de la prochaine livraison des Cahiers, à partir cette fois d'une analyse de la gestion policière des manifestations de rue aux États-Unis et en Europe. Marcel LECLERC 6 © Cahiers de la sécurité - INHESJ DOSSIER FOOTBALL, OMBRES AU SPECTACLE © Cahiers de la sécurité - INHESJ © Cahiers de la sécurité - INHESJ POINT DE VUE Pierre LANFRANCHI Professeur d’histoire contemporaine Université De Montfort de Leicester Les tensions au sein du public d’un match de football sont rarement objet de la production littéraire. Dans une brève pièce en un acte intitulée simplement football, Henry CHABROL met en scène le public d’une rencontre du début du siècle autour de la pelouse d’un stade méridional, sans doute celui de Sète, dont il fut lui-même l’un des meilleurs joueurs autour de 1914. Le père de l’un des joueurs, notable distingué et réservé qui assiste pour la première fois à une partie de football, regarde le match au côté de l’amie de l’un des équipiers de son fils. Elle vit le match, vocifère, insulte l’arbitre. La violence verbale de cette supportrice issue d’un milieu populaire choque son voisin, mais, pour l’auteur, ce petit stade de province « sent bon la famille » (1 ). Tout laisse à penser qu’ils n’auraient pu se côtoyer durant deux heures en un autre lieu. Ce tableau sommaire contient certains éléments constitutifs de la passion pour le football au sein des stades. Le vainqueur de Coupe, de Rachid BOUDJEDRA, retrace un épisode réel de la guerre d’Algérie, l’assassinat de l’ancien président de l’Assemblée algérienne Ali CHEKAL par Mohamed BEN SADOK, un membre du Front de libération national (FLN), au stade de Colombes au terme de la finale de la Coupe de France 1957. Cet écrit traite de la violence dans les stades sur un registre bien différent. Si le match apparaît en arrière plan du récit, seul l’anonymat de la foule permet à l’ouvrier Mohamed BEN SADOK de s’approcher de sa victime après le match et de lui tirer plusieurs coups de feu à bout-portant. « La foule ne s’est même pas rendu-compte qu’un homme venait d’être abattu » (2 ). Dans les gradins du Heysel, Pol VANDROMME utilise le phénomène de la vio- lence des supporters de Liverpool comme prétexte pour proposer une allégorie du football des campagnes, qu’il oppose au football des villes au sein de sta- (1 ) CHABROL (Henry), Football, Paris, Librairie théâtrale, 1956. (2 ) BOUDJEDRA (Rachid), Le vainqueur de coupe, Paris, Denoël, 1981, p. 234. Les Cahiers de la sécurité intérieure, n° 26, 4e trimestre 1996 9 © Cahiers de la sécurité - INHESJ P. LANFRANCHI des grillagés (3 ). La même démarche initiale, mieux articulée, se retrouve dans le bel article de Ian TAYLOR Hillsborough, some personal contempla- tions (4 ).