La Fabrique Des Lieux Culturels Françoise Lucchini
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La fabrique des lieux culturels Françoise Lucchini To cite this version: Françoise Lucchini. La fabrique des lieux culturels. Géographie. Université de Rouen, 2010. tel- 02370652 HAL Id: tel-02370652 https://hal-normandie-univ.archives-ouvertes.fr/tel-02370652 Submitted on 19 Nov 2019 HAL is a multi-disciplinary open access L’archive ouverte pluridisciplinaire HAL, est archive for the deposit and dissemination of sci- destinée au dépôt et à la diffusion de documents entific research documents, whether they are pub- scientifiques de niveau recherche, publiés ou non, lished or not. The documents may come from émanant des établissements d’enseignement et de teaching and research institutions in France or recherche français ou étrangers, des laboratoires abroad, or from public or private research centers. publics ou privés. UNIVERSITE DE ROUEN UFR des Lettres et Sciences Humaines UMR I.D.E.E.S. MEMOIRE D’HABILITATION A DIRIGER DES RECHERCHES Arrêté ministériel du 23 novembre 1988 VOLUME I ‐ INEDIT « LA FABRIQUE DES LIEUX CULTURELS » Présenté et soutenu publiquement par Françoise LUCCHINI Le 10 décembre 2010 à Mont‐Saint‐Aignan JURY Cyrille BERTELLE, Professeur à l’Université du HAVRE Sophie de RUFFRAY, Professeur à l’Université de ROUEN (rapporteur) Bernard ELISSALDE, Professeur à l’Université de ROUEN (référent) Betty LEFEVRE, Professeur à l’Université de ROUEN Denise PUMAIN, Professeur à l’Université PARIS I et membre de l’Institut Universitaire de France (rapporteur) Jean‐Bernard RACINE, Professeur émérite à l’Université de LAUSANNE (rapporteur) A Jean‐Claude Jean‐Baptiste Raphaël « L’essentiel est invisible pour les yeux. » Antoine de Saint‐Exupéry Le Petit Prince, 1940, p 72 REMERCIEMENTS Mes remerciements s’adressent tout d’abord à Bernard Elissalde, Professeur à l’Université de Rouen, pour l’intérêt qu’il a porté à ce travail et pour la direction attentive et soutenue dont il a fait preuve tout au long de cette recherche. Son expérience, son acuité scientifique et sa disponibilité ont été constantes et indispensables à la réalisation de cette habilitation. Je remercie l’ensemble des membres du jury de me faire l’honneur de participer à cette soutenance d’habilitation et de porter un regard éclairant sur mes travaux relatifs à « la fabrique des lieux culturels ». Je remercie vivement les rapporteurs d’avoir accepté de rédiger leur contribution. Je remercie particulièrement Denise Pumain, Professeur à l’Université Paris 1 et membre de l’Institut Universitaire de France, d’être l’inspiratrice de ces travaux sur les lieux culturels et de détenir un enthousiasme toujours renouvelé vis‐à‐vis de la recherche, dont témoignent ses raisonnements fulgurants qui ont toujours alimenté mes réflexions. Je remercie chaleureusement Jean‐Bernard Racine, Professeur émérite à l’Université de Lausanne, qui m’a apporté une amplitude de vue et une assise intellectuelle, au travers de ses écrits et de ses multiples intérêts scientifiques, dont il a généreusement expliqué à ses lecteurs l’ossature et le champ des possibles. La recherche étant pour moi une dynamique d’équipe, je n’oublie pas les soutiens dont j’ai bénéficié, soit au sein de mon laboratoire, soit dans les réseaux de recherche auxquels j’ai participé, soit dans les projets collaboratifs, ou dans les relations interpersonnelles d’échanges d’idées avec mes étudiants, et surtout avec mes collègues de géographie et d’ailleurs. Je tiens particulièrement à remercier, pour leur qualité d’écoute et leur acuité dans les confrontations d’idées et de vocabulaires disciplinaires, spécialement Cyrille Bertelle, Professeur à l’Université du Havre, pour nos discussions sur la dynamique culturelle urbaine, de même que je remercie chaleureusement pour nos échanges féconds Betty Lefèvre, Professeur à l’Université de Rouen, et Jean‐Bernard Cremnitzer, Professeur à l’Ecole Normale Supérieure d’Architecture de Normandie, et mes autres collègues du programme de recherche sur les friches culturelles. J’exprime ma profonde reconnaissance à Sophie de Ruffray, Professeur à l’Université de Rouen, pour la droiture intellectuelle dont elle fait constamment preuve, pour sa finesse d’analyse et son soutien sans faille. Je remercie aussi chaleureusement Nathalie Avenel pour son aide éminemment précieuse et son talent à rendre moins ardues nombre de tâches techniques. Enfin, je remercie de tout cœur les membres de ma famille et mes amis, relecteurs acharnés (contraints ?) et supporters attentifs et chaleureux. 5 Habilitation à Diriger des Recherches « La fabrique des lieux culturels » Introduction générale ans le champ des sciences humaines et sociales il existerait plusieurs manières de D s’intéresser à l’expression de la culture en société. Dans l’espace urbain désormais familier pour plus de sept Européens sur dix, la réflexion qui suit propose de s’attacher aux lieux de culture. Ils constituent une catégorie particulière de lieux publics dans la ville, relevant d’une considération symbolique spéciale, immédiatement associée à des formes d’expression de la culture en société. Différents acteurs urbains publics ou privés, de l’individu à la collectivité, se mêlent lors de la création d’un édifice culturel, ou même simplement pour son usage ou son fonctionnement quotidien. Les lieux culturels sont au cœur de plusieurs perspectives ayant chacune une part d’expression de la culture en société. Ce sont d’abord des espaces publics, au sens de Jürgen Habermas, c’est-à-dire des lieux où se déroulent des transactions sociales et où la société civile peut intervenir (Habermas J., 1997). Les lieux culturels sont porteurs de sens et se distinguent des « non-lieux » sans âme identifiés par Marc Augé (Augé M., 1997). Ce sont des endroits clés pour la création et l’innovation, et ils permettent en cela d’approcher la réalité vécue par les artistes. Si l’on se penche sur leur fréquentation, les lieux culturels sont aussi porteurs de l’intérêt constitué par les pratiques culturelles (Donnat O., 1998 et 2009) et révèlent des comportements culturels sociétaux (Heinich N., 1998 et 2004). Sur un plan plus politique et stratégique, la manière dont des acteurs privés ou publics produisent et valorisent les lieux culturels dans une ville, parfois en les instrumentalisant, plus souvent en participant à leur patrimonialisation, relève du processus de « fabrique » des lieux culturels, qui est partie prenante de nos interrogations. Enfin, pour reprendre l’expression de Michel Foucault, les lieux culturels sont des « hétérotopies », c’est-à-dire des utopies localisées, où l’on a la capacité de juxtaposer plusieurs espaces et plusieurs temporalités en un seul lieu, et où l’on conteste la société ou bien où on en invente une forme idéale. L’ensemble des lieux culturels existant en société compose un panel très varié de services à la population et de patrimoines 6 depuis des structures académiques élitaires jusqu’à des lieux de culture populaires, en passant par des espaces atypiques tels que des friches industrielles et urbaines devenues des centres culturels par requalification. La réflexion qui suit propose ainsi une contribution aux problématiques de localisation, d’utilisation et de patrimonialisation des lieux culturels. ravailler sur un objet comme les lieux culturels suggèrerait pour de nombreux T géographes de s’insérer dans une perspective exclusive de géographie culturelle. Pourtant, le travail proposé soutient une articulation conceptuelle qui croise la géographie culturelle, l’analyse spatiale et la modélisation géographique. Cette position est peu habituelle en géographie, en particulier lorsque l’on s’intéresse aux lieux culturels en ville et aux cultures en société de manière générale. L’originalité de cette posture tient dans l’intérêt de croiser les approches classiques de géographie culturelle (Claval P., 1995, 1999 ; Pitte JR., 2006 ; Grésillon B., 2008) et les approches d’analyse spatiale (Lucchini F., 2002, 2005, 2006a, 2008) et de modélisation (Ghnemat R., Lucchini F., Bertelle C., 2008 ; Ghnemat R., 2009 ; Ghnemat R., Bertelle C., Duchamp H.E.G., 2010), vis-à-vis des lieux culturels, plutôt que de réduire le travail de recherche à une école de géographie. Combiner des approches conduit à percevoir depuis différents points de vue la réalité complexe des lieux culturels et la façon dont ils sont créés. Plus généralement, cette posture scientifique interroge la façon de penser la construction sociale de la réalité, comme le fruit d’un double mécanisme reliant les individus et la collectivité. L’un des mouvements est ascendant, car il part des individus, de la pluralité des usages sociaux, et de la part idéelle du réel (une même réalité peut être perçue très différemment d’un individu à l’autre) pour créer, par les interrelations que les individus entretiennent entre eux, une collectivité sociale qui est plus que l’addition des parties; l’autre mouvement est descendant, et correspond aux influences qu’exercent la société et ses grandes structures (idées, cultures, droit, politiques) sur les manières d’agir et de penser des individus. Dans ce projet, on souhaite tester des horizons théoriques et parvenir à un certain nombre de connaissances sur les lieux culturels à l’appui d’un parcours personnel de chercheur. Aussi explore-t-on ici d’un côté la dynamique des relations interindividuelles et ses dimensions matérielles et cognitives, ainsi que les formes d’action collectives de coopération et de concurrence dans les organisations sociales, et de l’autre côté, leurs traductions spatiales dans une ville au travers de l’étude