GRAND-DUCHE DE COUR ADMINISTRATIVE

Numéro du rôle : 41735C Inscrit le : 21 septembre 2018

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Audience publique du 31 janvier 2019

Appel formé par Monsieur ..., …, contre un jugement rendu par le tribunal administratif le 8 août 2018 (no 39422 du rôle) ayant statué sur son recours dirigé contre trois décisions du ministre de l’Intérieur et trois décisions du conseil communal de la Vallée de l’Ernz en matière de plan d’aménagement général

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Vu la requête d’appel, inscrite sous le numéro 41735C du rôle et déposée au greffe de la Cour administrative le 21 septembre 2018 par la société en commandite simple KLEYR GRASSO, établie à L-2361 Strassen, 7, rue des Primeurs, inscrite au registre de commerce et des sociétés sous le numéro B 220509, inscrite sur la liste V du tableau de l’Ordre des avocats du Barreau de Luxembourg, représentée par son gérant, la société à responsabilité limitée KLEYR GRASSO GP s.à r.l., établie à la même adresse, inscrite au registre de commerce et des sociétés sous le numéro B 220442, représentée aux fins de la présente procédure par Maître Marc FRANTZ, avocat à la Cour, au nom de Monsieur ..., demeurant à L-…, …, dirigée contre le jugement rendu par le tribunal administratif le 8 août 2018 (n° 39422 du rôle), par lequel le tribunal administratif a déclaré irrecevable, respectivement rejeté son recours tendant à l’annulation « de (1) la décision du conseil communal de la Vallée de l’Ernz du 7 juin 2016 portant adoption du projet d’aménagement général de la commune de la Vallée de l’Ernz, approuvée par Monsieur le ministre de l’Intérieur en date du 10 janvier 2017, référence 103C/002/2015, et par Madame le ministre de l’Environnement en date du 8 août 2016, référence 78295/CL-mb, (2) la délibération du conseil communal du 7 juin 2016 portant adoption des projets d’aménagement particulier « quartier existant » de la commune de la Vallée de l’Ernz, telle qu’approuvée par Monsieur le ministre de l’Intérieur en date du 10 janvier 2017, référence 17558/103C, (3) la délibération du conseil communal du 7 juin 2016 portant adoption du projet d’aménagement général de la commune de la Vallée de l’Ernz a été

1 approuvée par Madame la ministre de l’Environnement en date du 8 août 2016, référence 78295/CL-mb, (4) l’avis du Ministre de l’Intérieur du 12 janvier 2017, (5) l’arrêté d’approbation du Ministre de l’Intérieur du 10 janvier 2017 relatif au plan d’aménagement général de la Vallée de l’Ernz, publié au Mémorial B N° 796 du 2 mars 2017, (6) l’arrêté d’approbation du Ministre de l’Intérieur du 10 janvier 2017 relatif au plan d’aménagement général de la Vallée de l’Ernz, publié au Mémorial B N° 797 du 2 mars 2017, ainsi que contre l’ensemble avec les actes préparatoires »;

Vu l’exploit de l’huissier de justice Georges WEBER, demeurant à , du 1er octobre 2018, portant signification de ce recours à l’administration communale de la Vallée de l’Ernz, établie à L-7660 , 26, rue de Savelborn, représentée par son collège des bourgmestre et échevins actuellement en fonctions;

Vu le mémoire en réponse déposé au greffe de la Cour administrative le 9 octobre 2018 par le délégué du gouvernement;

Vu le mémoire en réponse déposé au greffe de la Cour administrative le 29 octobre 2018 par Maître Steve HELMINGER, avocat à la Cour, inscrit au tableau de l’Ordre des avocats à Luxembourg, au nom de l’administration communale de la Vallée de l’Ernz;

Vu le mémoire en réplique déposé au greffe de la Cour administrative le 28 novembre 2018 pour le compte de Monsieur ...;

Vu le mémoire en duplique déposé au greffe de la Cour administrative le 19 décembre 2018 au nom de de l’administration communale de la Vallée de l’Ernz;

Vu les pièces versées en cause et notamment le jugement dont appel;

Le rapporteur entendu en son rapport, ainsi que Maître Henry DE RON, en remplacement de Maître Marc FRANTZ, Maître Steve HELMINGER et respectivement Mesdames les délégués du gouvernement Caroline PEFFER et Hélène MASSARD en leurs plaidoiries respectives aux audiences publiques des 10 et 24 janvier 2019. ------

Lors de sa séance publique du 13 novembre 2015, le conseil communal de la Vallée de l’Ernz (« Aerenzdallgemeng »), ci-après dénommé le « conseil communal », fut saisi par le collège des bourgmestre et échevins de la même commune, ci-après dénommé le « collège échevinal », en vertu de l’article 10 de la loi modifiée du 19 juillet 2004 concernant l’aménagement communal et le développement urbain, ci-après désignée comme la « loi du 19 juillet 2004 », d’un projet d’aménagement général (« PAG ») pour la commune de la Vallée de l’Ernz qu’il mit sur orbite en conséquence à travers un vote positif, de sorte que le collège échevinal put procéder aux consultations prévues aux articles 11 et 12 de la loi du 19 juillet 2004.

Par courrier du 16 décembre 2015, Monsieur ..., propriétaire de différentes parcelles sises sur le territoire de la commune de la Vallée de l'Ernz, dans la section MB des Fermes, au lieu-dit

2 « ... », à savoir les numéros cadastraux ..., d'une contenance de 19 ares, « place (occupée) - bâtiment à habitation », ..., d'une contenance de … ares … ca, « place (occupée) - réservoir d'eau », ..., d'une contenance de … ares … ca, « jardin » et ..., d'une contenance de … ares … ca, « jardin », le tout formant une ferme ancestrale, soumit au collège des bourgmestre et échevins des objections à l’encontre dudit projet d’aménagement général, l’intéressé visant à voir reclasser les parcelles cadastrales prévisées ... et ... en zone d'habitation 1 et les parcelles cadastrales prévisées ... et ... en zone de jardins familiaux.

En sa séance publique du 7 juin 2016, le conseil communal décida, à l’unanimité, d’approuver :

« - Le volet réglementaire (partie écrite et partie graphique) ;

- Le projet de refonte complète du Plan d’Aménagement général (PAG) de la commune de la Vallée de l’Ernz

en tenant partiellement compte

- de l’avis du 14 mars 2016 émis par la Commission d’aménagement auprès du Ministère de l’Intérieur, référence : 103C/002/2015 Vallée de l’Ernz ;

- des avis du 18 février 2016 émis par le Ministère du Développement durable et des Infrastructures, Département de l’environnement, référence 78.295/CL, conformément à la loi modifiée du 19 janvier 2004 concernant la protection de la nature et des ressources naturelles et conformément à la loi modifiée du 22 mai 2008 relative à l’évaluation des incidences de certains plans et programmes sur l’environnement (article 7.2) ;

et en tenant compte

- des réclamations avisées favorablement par le conseil communal. (…) ».

Concernant plus particulièrement Monsieur ..., il y fut décidé « de ne pas faire droit [au volet] de la réclamation [ayant trait au classement des parcelles litigieuses en zone d’habitation 1, respectivement en zone de jardins familiaux], étant donné qu’il s’agirait d’un agrandissement du périmètre d’agglomération, de la création d’un îlot isolé. La protection de l’état existant « Bestandschutz » est garantie par l’application de la loi modifiée du 19 janvier 2004 concernant la protection de la nature et des ressources naturelles, qui est en train d’être révisé dans le cadre d’un projet de loi ».

Par courrier du 28 juin 2016, Monsieur ... introduisit auprès du ministre de l’Intérieur, ci- après désigné par le « ministre », une réclamation à l’encontre de la susdite délibération du conseil communal du 7 juin 2016 rejetant son objection.

Par décision du 10 janvier 2017, notifiée à Monsieur ... par courrier daté au 12 janvier 2017, le ministre approuva partiellement les délibérations du conseil communal des 13 novembre

3 2015 et 7 juin 2016 portant respectivement mise sur orbite et adoption du plan d’aménagement général et déclara recevables mais non fondées une partie des réclamations introduites à l’encontre de ladite délibération, dont celle de Monsieur ..., une autre réclamation étant par ailleurs déclarée recevable et partiellement fondée. Ladite décision ministérielle est libellée comme suit dans ses parties pertinentes pour le présent litige :

« (…) Vu la loi modifiée du 19 juillet 2004 concernant l'aménagement communal et le développement urbain ;

Vu la délibération du 13 novembre 2015 du conseil communal de la commune de la Vallée de l’Ernz portant adoption du projet d'aménagement général, parties écrite et graphique;

Vu la délibération du 7 juin 2016 du conseil communal de la commune de la Vallée de l’Ernz portant adoption du projet d’aménagement général, parties écrite et graphique ;

Vu l'article 18 de la loi précitée, en vertu duquel le Ministre ayant l'aménagement communal et le développement urbain dans ses attributions statue sur les réclamations lui soumises, en même temps qu'il décide de l'approbation du projet d'aménagement général ;

Vu les réclamations introduites par Monsieur ..., par (…);

Considérant qu'avant de statuer, le Ministre vérifie la conformité du projet d'aménagement général avec les dispositions de la loi précitée et notamment les objectifs énoncés à l'article 2, ainsi qu'avec les plans et programmes déclarés obligatoires en vertu de la loi du 30 juillet 2013 concernant l'aménagement du territoire ou se trouvant à l'état de projet soumis aux communes ; (…)

Considérant que la réclamation émanant de Monsieur ..., tendant à faire intégrer les parcelles cadastrales n° ..., ..., ... et ..., sis au lieu-dit « ... », dans la zone urbanisée ou destinée à être urbanisée, voire en « zone d’habitation 1 [HAB-1] », respectivement en « zone de jardins familiaux [JAR] » est non fondée, alors qu’il ne s’impose pas de favoriser la création d’îlots d’habitation isolés ; que les constructions déjà érigées en « zone agricole [AGR] » bénéficient d’un droit acquis ; qu’elles peuvent être conservées et entretenues, le cas échéant, avec l’autorisation du ministre ayant l’Environnement dans ses attributions ; (…)

Arrête :

Art.1 : Les délibérations des 13 novembre 2015 et 7 juin 2016 du conseil communal de la commune de la Vallée de l’Ernz portant adoption du projet d’aménagement général, parties graphique et écrite, sont approuvées.

Art.2 : La disposition « SP4a- Parc Natura 2000 » de l’article 20 de la partie écrite du projet d’aménagement général, n’est pas approuvée.

Art.3 : Les réclamations introduites par ..., par (…), sont recevables en la forme et non fondées quant au fond. (…) ».

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Par décision du 8 août 2016, le ministre de l’Environnement approuva à son tour le projet d’aménagement général de la commune de la Vallée de l’Ernz. Ladite décision est libellée comme suit :

« (…) Art.1er - Le projet d’aménagement général tel qu’il a été adopté par le conseil communal de la commune de la Vallée de l’Ernz dans sa séance publique du 7 juin 2016 est approuvé.

Art.2 - Tout fonds classé à l’intérieur d’une zone destinée à rester libre conformément au règlement grand-ducal du 28 juillet 2011 concernant le contenu du plan d’aménagement général d’une commune reste soumis aux dispositions de la loi modifiée du 19 janvier 2004 concernant la protection de la nature et des ressources naturelles.

Art.3. - Les dispositions énoncées aux articles 5, alinéa 1er et 17-33 de la prédite loi du 19 janvier 2004 restent applicables indépendamment du statut de classement par rapport au plan d’aménagement général des fonds auxquels elles pourraient se rapporter. Les effets du présent arrêté ne préjugent pas de la décision à rendre par le Ministre de l’Environnement en vertu des articles précités. (…) ».

Par requête déposée au greffe du tribunal administratif le 18 avril 2017, Monsieur ... fit introduire un recours tendant à l’annulation de « (1) la décision du conseil communal de la Vallée de l’Ernz du 7 juin 2016 portant adoption du projet d’aménagement général de la commune de la Vallée de l’Ernz, approuvée par Monsieur le ministre de l’Intérieur en date du 10 janvier 2017, référence 103C/002/2015, et par Madame le ministre de l’Environnement en date du 8 août 2016, référence 78295/CL-mb, (2) la délibération du conseil communal du 7 juin 2016 portant adoption des projets d’aménagement particulier « quartier existant » de la commune de la Vallée de l’Ernz, approuvée par Monsieur le ministre de l’Intérieur en date du 10 janvier 2017, référence 17558/103C, (3) la libération du conseil communal du 7 juin 2016 portant adoption du projet d’aménagement général de la commune de la Vallée de l’Ernz a été approuvée par Madame la ministre de l’Environnement en date du 8 août 2016, référence 78295/CL-mb, (4) l’avis du Ministre de l’Intérieur du 12 janvier 2017, (5) l’arrêté d’approbation du Ministre de l’Intérieur du 10 janvier 2017 relatif au plan d’aménagement général de la Vallée de l’Ernz, publié au Mémorial B N° 796 du 2 mars 2017, (6) l’arrêté d’approbation du Ministre de l’Intérieur du 10 janvier 2017 relatif au plan d’aménagement général de la Vallée de l’Ernz, publié au Mémorial B N° 797 du 2 mars 2017, ainsi que contre l’ensemble avec les actes préparatoires ».

Par jugement rendu le 8 août 2018, le tribunal administratif déclara irrecevable le recours en annulation dans la mesure où il vise « l’avis du ministre du 12 janvier 2017 », pour le surplus, reçut le recours en la forme et, au fond, le déclara non justifié, partant en débouta, le tout en rejetant la demande tendant à l’octroi d’une indemnité de procédure de 5.000.- €, formulée par le demandeur, et en condamnant ce dernier aux frais.

Par une requête déposée au greffe de la Cour administrative le 21 septembre 2018, Monsieur ... a régulièrement relevé appel de ce jugement du 8 août 2018.

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La partie appelante critique les premiers juges en ce qu’ils ont rejeté son moyen d’annulation tiré de la violation de la loi et, plus particulièrement, des objectifs de la loi du 19 juillet 2004, tels que posés par son article 2 dans le contexte spécifique du projet de refonte du plan d’aménagement général de la commune de la Vallée de l'Ernz, issue de la fusion des communes d'Ermsdorf et de Medernach.

Il est plus particulièrement soutenu que les auteurs du nouveau plan d’aménagement général auraient méconnu le principe général d'un « traitement égalitaire, non discriminatoire ».

Ainsi, il conviendrait de constater que certains sites auraient été classés en zone d'habitation 1 ou en zone d'activité économique communale type 1, à savoir le « ... » (zone d'habitation 1, avec une obligation de conserver et de respecter l'alignement), l'« ... » (zone d'habitation 1, avec une obligation de conserver et de respecter l'alignement), « … » (zone d'habitation 1, avec une obligation de conserver et de respecter l'alignement), la « ... » (zone d'habitation 1), « ... » (zone d'habitation 1), « ... » (zone d'habitation 1) et « … » (zone d'activités économiques communale type 1), alors que sa propriété, qui aurait eu une vocation d’habitation, n’aurait pas bénéficié de pareil classement.

Il est précisé que « la ferme du ..., et plus particulièrement le site du ..., avait jusqu'à récemment une vocation récréative eu égard à l'exploitation d'une plate-forme pour aéronefs ultra-légers motorisés. La ferme du ... par contre conserve toujours une affectation à des fins d'habitation, laquelle est bien connue des autorités communales qui ont délivré un certificat de résidence à Monsieur ... ».

La partie appelante soulève en outre la violation des articles 1er du premier Protocole additionnel de la Convention européenne de sauvegarde des droits de l'Homme et des libertés fondamentales (« CEDH »), 16 de la Constitution et 544 du Code civil.

Dans cet ordre d’idées, elle soutient bénéficier d’un « droit acquis à la reconnaissance de l'habitabilité » de son site, droit qui serait protégé par la CEDH.

Elle précise que ce droit acquis de l'usage à des fins d'habitation de la ferme et de la grange attenante serait antérieur à la loi abrogée du 12 juin 1937 concernant l'aménagement des villes et autres agglomérations importantes et à la loi abrogée du 11 août 1982 concernant la protection de la nature et des ressources naturelles, de même qu’à la loi modifiée du 19 janvier 2004 concernant la protection de la nature et des ressources naturelles, ci-après désignée comme la « loi du 19 janvier 2004 », de sorte qu’il s’imposerait tant à l'autorité communale qu’à l'autorité étatique, lesquelles, en refusant d’en tenir compte et en refusant de classer ses parcelles en zone d'habitation 1, contreviendraient aux susdites normes.

Par ailleurs, le classement en zone agricole limiterait les affectations possibles du site et empêcherait toute délivrance d'une autorisation de construire par le bourgmestre à des fins d'habitation qui ne serait pas en « lien certain et durable » avec une activité agricole, jardinière, maraîchère, sylvicole, viticole, piscicole, apicole ou cynégétique ou associée à un but d'utilité publique.

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Or, comme sa propriété n'aurait plus servi comme exploitation agricole depuis une trentaine d’années, le fait d’« enfermer les lieux en zone agricole qui ne correspond plus aux réalités du terrain et de l'immeuble d'habitation ne signifie rien d'autre que d'imposer, par la voie réglementaire, un abandon desdits lieux ».

Le classement en zone agricole aurait pour conséquence de légalement interdire, sinon d'empêcher toute continuation de l'affectation à des fins d'habitation et ainsi de frapper la partie appelante d'une servitude d'interdiction d'habitation aboutissant à une expropriation « passive », moyennant une expropriation de son droit de profiter et de tirer des fruits de son patrimoine immobilier, sans bénéficier de la possibilité d'un dédommagement adéquat.

Les décisions litigieuses encourraient de la sorte l’annulation du fait du refus de consacrer le droit acquis de l'usage de la ferme et de la grange attenante à des fins d'habitation et du refus de classer les parcelles en zone d'habitation 1.

Sur ce, il est demandé, « en vertu de la classification retenue par le conseil communal », « de poser la question de la compatibilité du règlement d'aménagement général ainsi que du plan d'aménagement général, avec la loi, l'article 16 de la Constitution et l'article 1er du premier protocole additionnel de la Convention européenne des droits de l'Homme. »

La question préjudicielle à soumettre à la Cour Constitutionnelle serait à libeller comme suit : « (…) de savoir si la loi du 24 mai 2011 portant fusion des communes d’Ermsdorf et de Medernach, ensemble avec la décision du conseil communal de la Vallée de l’Ernz du 7 juin 2016 portant adoption du projet d’aménagement général de la commune de la Vallée de l’Ernz, approuvée par Monsieur le ministre de l’Intérieur en date du 10 janvier 2017, référence 103C/002/2015, et par Madame le ministre de l’Environnement en date du 8 août 2016, référence 78295/CL-mb, est conforme au principe d’égalité consacré par l’article 10bis (1) de la Constitution et met les propriétaires se trouvant dans une situation comparable sur un pied d’égalité, en ce qu’elle a reclassé d’autres sites moins anciens, se trouvant dans une situation comparable, à savoir, mais sans être exhaustif, (1) le site « ... » et « ... » (...) qui ont tous les deux été classés en zones d’habitation 1, (2) le site « ... » qui se trouve actuellement classé en zone verte et qui est désormais « zone d’activité ECO-c1 », (3) plusieurs maisons situées sur le territoire de la Commune (Nord de Larochette) figurent en zone d’habitation 1, dont une au moins était classée en « zone verte ».

Le second moyen d’annulation, réitéré par la partie appelante, a trait à un excès de pouvoir, d’une part, pour refus de reconnaissance du droit acquis de l'affectation de la ferme et de la grange attenante à des fins d'habitation et, d’autre part, pour incompatibilité de la décision du conseil communal avec le principe de l'égalité devant la loi prévu à l'article 10bis (1) de la Constitution.

Dans cet ordre d’idées, selon l’appelant, l'administration communale essayerait à tort de justifier son refus par la mise en balance de la protection de l'état existant (« Bestandschutz »), alors que sa demande serait plus large et concernerait la consécration de son droit acquis de l'habitabilité de son site au niveau de l'affectation des terrains.

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L’appelant fait valoir qu’avec sa maison destinée à l'habitation en zone verte, régulière ab initio, il pourrait faire valoir un droit acquis dépassant la pérennité matérielle de l’immeuble et ayant trait à son affectation et qui justifierait l’inscription de sa situation administrative dans la réglementation.

L’annulation des décisions attaquées en serait la conséquence, de même qu’elle serait la conséquence de leur incompatibilité avec le principe de l'égalité devant la loi prévu à l'article 10bis (1) de la Constitution.

En effet, tous les propriétaires de parcelles de la commune de la Vallée de l'Ernz mériteraient un traitement égalitaire des parcelles de terrain répondant à des critères de classification objectifs.

Or, toutes les parcelles, ci-avant énumérées, se situeraient objectivement en dehors du « périmètre d'agglomération » et il conviendrait de reconnaître à toutes le bénéfice d'une zone urbaine.

Ainsi, le reclassement du site « ... » « conformément à sa destination et à son affectation, c'est-à-dire la ferme et la grange attenante en zone d'habitation 1 avec obligation de respecter l'alignement, le jardin familial en zone de jardin familial et la piste d'atterissage en zone de récréation » serait de droit et le refus de ce faire laisserait d’être justifié, dès lors que les autres sites (« ... » et « ... » etc), se trouvant tous dans une situation similaire, sinon identique, auraient bien été reclassés.

Concernant le site « ... », qui, selon le tribunal administratif, contiendrait « de façon non contestée un moulin en exploitation » et ne se trouverait « pas dans une situation comparable à celle des parcelles de Monsieur ... », la partie appelante estime que les premiers juges se seraient trompés de site et entend opposer le fait que le moulin ne serait plus en exploitation et que ce site abriterait un camping et un restaurant dénommé « … ». Ainsi, ce site, par sa vocation actuelle, serait dans une situation parfaitement comparable à celle de la ferme de Monsieur ... qui, jusqu'à récemment, aurait accueilli le centre national d'ULM.

Au-delà, la partie appelante soutient que le reclassement de son site en zone d'habitation 1 ne constituerait point un agrandissement du périmètre d'agglomération, au motif que son site serait d’ores et déjà urbanisé au sens de la loi du 19 juillet 2004.

La partie appelante continue en soutenant que la décision de refus du conseil communal impacterait non seulement la refonte du PAG, mais également le plan d'aménagement particulier « quartier existant » de la commune de la Vallée de l'Ernz, qui devrait à son tour encourir l’annulation.

Elle estime que la maison d'habitation considérée isolément ne pourrait plus subir de travaux de remise en état eu égard à la classification retenue, dès lors que l'article 14 de la partie écrite du PAP-QE disposerait qu’« [à l'intérieur des zones agricoles], pour toutes les constructions principales servant à l'habitation, les prescriptions définies dans le plan

8 d'aménagement particulier « quartier existant - Zones mixtes rurales », sont applicables, à l'exception que la hauteur des constructions doit être mesurée à partir du terrain naturel et que les prescriptions sur les marges de reculement des bâtiments principaux ne doivent pas être respectées » et que l’application combinée de cet article 14 et de l'article 37 de la loi du 19 juillet 2004 impliquerait que le bourgmestre ne peut plus délivrer d'autorisation de construire.

Le délégué du gouvernement demande la confirmation pure et simple du jugement a quo.

Il insiste sur le fait que le site « ... » n’aurait jamais fait l’objet d’un classement quelconque en zone urbanisée ou destinée à être urbanisée et qu’il se serait toujours trouvé en zone verte. Il ajoute qu’il n’y aurait pas eu de modification de la délimitation de la zone verte découlant du vote du conseil communal, de sorte que le ministre de l’Environnement n’aurait pas eu à statuer sur ce site lors de son approbation en vertu de l’alinéa 5 de l’article 5 de la loi du 19 janvier 2004.

Concernant la vocation récréative du site « ... », avancée par l’appelant, le délégué soutient que s’il est vrai qu’une autorisation a été accordée en 2003 à la société ... pour l’extension d’un hangar existant, il n’en resterait pas moins que cette autorisation aurait prévu que la construction servirait exclusivement à l’entrepôt d’aéronefs type UL01 et que suite à l’expiration de ladite autorisation, la construction serait à enlever. Or, l’autorisation d’exploitation de la société ... aurait été révoquée, de sorte que le 24 février 2016, le ministre de l’Environnement aurait invité ladite société à remettre les terrains dans leur pristin état. Il constate à cet égard que le hangar aurait été démonté, tandis que la dalle en béton n’aurait pas encore été enlevée. Tout en admettant l’existence dans le chef de l’appelant d’un droit acquis pour l’habitation de la maison d’habitation, le représentant étatique insiste sur le fait qu’il ne disposerait d’aucun droit acquis pour l’habitation concernant les autres bâtiments présents sur le site.

Selon le délégué, un classement revendiqué en zone d’habitation impliquerait la création d’un îlot déconnecté du tissu urbain. En outre, le classement de terrains aussi déconnectés de toute localité en « zone destinée à être urbanisée » impliquerait qu’ils perdraient leur statut de zone verte et les nouvelles potentialités de transformations, d’extension et de réaffectation constitueraient non seulement un préjudice sérieux pour la protection mais également pour la restauration des paysages et des espaces naturels, de sorte à aboutir à une dégradation supplémentaire et mal maîtrisée des paysages qui échapperait aux exigences posées par la loi du 19 janvier 2004.

L’administration communale de la Vallée de l’Ernz entend mettre de prime abord l’accent sur le fait que sur le site « ... », le seul immeuble autorisé à titre d’habitation serait la maison d’habitation toujours existante de l’ancienne ferme et que tous les autres immeubles érigés sur le site, y compris la grange accolée à la maison d’habitation, serviraient à des fins liées aux différentes exploitations du site.

Concernant une prétendue violation des dispositions de la loi du 19 juillet 2004, elle entend rappeler que le nouveau PAG de la commune de la Vallée de l'Ernz est, outre une refonte d'un PAG existant en vue de le rendre conforme aux nouvelles donnes légales, le fruit de la

9 fusion des deux plans d'aménagement généraux des communes fusionnées d'Ermsdorf et de Medernach, ce constat important dans la mesure où aucun autre site se trouvant dans une situation comparable à celui « ... » n'aurait été classé en zone constructible à travers ce nouveau PAG.

La partie communale continue en précisant que le site « ... » constituerait un site éloigné de toute agglomération et distant de la prochaine voirie publique de plus de 400 mètres et qui n’aurait jamais été classé autrement qu'en zone agricole. Les autres sites dont ferait état la partie appelante auraient étaient déjà été classés comme constructibles sous les anciennes réglementations, pour se trouver pour le surplus dans ces situations totalement différentes.

Ainsi, les sites « ... », « ... » et « ... » seraient situés sur le territoire de l'ancienne commune d'Ermsdorf et, dans les trois cas, la situation réglementaire aurait tout simplement été reprise dans le nouveau PAG de la commune de la Vallée de l’Ernz. Ainsi sous l'ancienne règlementation ces sites auraient été classés en zone d'habitat à caractère rural et sous la nouvelle en zone HAB-1. Ainsi, ces sites n'auraient pas connu de nouvel classement, seule la désignation de la zone aurait été adaptée aux zones nouvellement imposées par la réglementation grand- ducale en vigueur.

Contrairement au site « ... », les sites « ... », « ... », « ... » et « ... » auraient d'ailleurs encore tous en commun d'être directement adjacents à une voirie publique, tandis que les sites « ... » et « ... » et « ... » ne seraient distants de la voirie publique que de 60 de 80 respectivement de 125 mètres.

Il en irait de même pour ce qui concerne le site de la « ... » (près de Ermsdorf) qui serait classé en partie en zone HAB-1 et pour le restant en zone REC. A la différence des trois sites précités, il s'agirait partant, pour ce site effectivement et exclusivement d'immeubles à affectation d'habitation et autorisés comme tels respectivement d'un camping en exploitation. Bien que la situation eût été, ici encore, reprise de l'ancien PAG de la commune d'Ermsdorf, un reclassement en zone d'habitation aurait pu être justifié.

Le site « ... » aurait également été repris de l'ancien PAG de la commune d'Ermsdorf, avec la différence par rapport aux trois premiers sites, qu'il s'agit ici effectivement d'une maison d'habitation isolée autorisée comme telle.

La partie communale estime encore que même à supposer que ces situations devraient être considérées comme comparables à celle du « ... », ce qui ne serait pas le cas, il se poserait la question de savoir si une commune peut être forcée de reproduire dans pareil cas les erreurs du passé en procédant à la création de nouveaux îlots complémentaires classés habitables à travers son territoire communal, pour aggraver encore davantage la situation. La réponse à cette question devant évidemment être négative.

Elle soutient que le choix politique de ne pas faire droit à la demande de la partie appelante serait justifié.

10 Elle ajoute que les seuls sites qui auraient effectivement été reclassés dans une zone constructible sont ceux « ... » près de Medernach et ceux du « ... ».

Pour ce qui concerne le site « ... », il s'agirait de maisons situées sur le territoire de la commune mais directement adjacentes aux dernières maisons d'habitation du village de Larochette et partant de la commune voisine. Comme ces deux zones HAB-1 et les maisons d'habitations afférentes se trouveraient de facto dans le tissu urbain existant du village de Larochette, une régularisation de la situation se serait imposée.

Pour ce qui concerne le site « ... », ce site accueillerait aujourd'hui toujours, et contrairement aux affirmations de la partie appelante, un moulin en exploitation et pour cette raison la partie du site servant à cette exploitation du moulin aurait été classée en zone ECO-c1.

Concernant la prétendue violation des articles de la CEDH, l’administration communale de la Vallée de l’Ernz estime que la partie appelante part de prémisses fondamentalement erronées.

En effet, un droit acquis ne pourrait servir qu'à permettre de se prévaloir d'un droit dont on dispose et le seul droit à l'habitation pour le site du « ... » serait attaché à la maison d'habitation, aucun autre immeuble du site n’ayant été affecté à autre chose qu'à l'exploitation agricole du site.

La partie communale conteste aussi toute violation des articles 10bis (1) et 16 de la Constitution et de l'article 544 du Code civil.

Par ailleurs, elle estime que ce serait la partie appelante qui confondrait deux sites en parlant du site « ... » près de Ermsdorf, qui accueillerait effectivement un camping et aurait été, pour majeure partie, classé comme tel dans la nouvelle réglementation urbanistique, ce site ayant déjà été classé en zone récréative et pour partie zone habitable sous l'ancienne réglementation.

Par contre, le site « ... » près de Medernach accueillerait aujourd'hui encore un moulin en exploitation, raison pour laquelle la partie du site servant effectivement à l'exploitation de ce moulin aurait été classée en zone ECO-cl.

Concernant le PAP « quartier existant », l’administration communale de la Vallée de l’Ernz soutient que la partie appelante se livrerait à une interprétation fondamentalement erronée de la réglementation urbanistique et qu’il ne faudrait bien évidemment pas qu'un terrain classé en zone verte soit également classé en zone soumise à un plan d'aménagement particulier « quartier existant » pour voir les dispositions de ce dernier applicable. La règle urbanistique édictée prévoirait seulement que lorsqu'on veut construire un (nouvel) immeuble principal servant à l'habitation, alors les prescriptions édictées pour de tels immeubles d'habitation dans le PAP quartier existant seraient d'application.

Dans son mémoire en réplique, la partie appelante réitère que la maison d'habitation existante sur le site « ... » serait affectée depuis des temps immémoriaux à l'habitation, il n'en

11 demeurerait pas moins que le site en tant que tel (hors ferme) aurait une vocation à être habité, sinon, à tout le moins, à être exploité à des fins récréatives.

Elle estime que dans le cadre de la vague de refonte des plans d'aménagements généraux des communes sur le territoire luxembourgeois, la tendance étatique serait de maintenir le classement de l'existant et, dans cette logique, la maison d'habitation devrait être classée comme telle et le site « ... » devrait bénéficier d'un classement autre qu'une zone agricole et être reclassé en « zone de sports et de loisirs ». En effet, l'aménagement de certaines dépendances et des terrains justifierait ce reclassement.

Il est ajouté que même si le site « ... » ne serait plus exploité, il n'en demeurerait pas moins que l'infrastructure serait toujours en place.

Elle entend rétorquer à la partie communale au niveau de la distance de la voirie que « l'administration communale fait abstraction de la situation existante au moment de la prise de décision et tente de justifier ex post les différences de traitement qu'elle a opérées ».

Il ne saurait être question de faire état de ce que le site « ... » serait trop éloigné d'une agglomération et de la voie publique pour justifier son maintien en zone agricole, au motif que contrairement au site « ...» le site « ... » se trouverait à proximité de la voirie communale.

D’ailleurs, le site « ... » serait même plus éloigné de la voirie communale que le site « ... ».

Ainsi, l'argument de l'éloignement ou de la distance par rapport à la voirie publique tomberait à faux.

Concernant la proximité d'une zone, la partie appelante « se doit de constater que l'administration communale a trouvé des justifications dans l'ancien plan d'aménagement général pour tous les sites cités à titre d'exemple dans ses mémoires, à l'exception de deux (…)

Il s'agit en l'occurrence des sites suivants :

 maisons d'habitation proche du tissu urbain du village de la Larochette (régularisation) ;  le site « ... » ».

Sur ce, elle déclare pouvoir « à la limite encore comprendre l'objectif de régularisation d'une situation existante pour les maisons d'habitation du village de la Larochette se situant sur le territoire de la commune de la Vallée de l'Ernz, il en va autrement du site « ... » ».

En effet, l'argument de la proximité d'une zone économique ne saurait justifier un classement en zone économique.

L’on ne saurait en effet admettre « qu'un terrain jamais préalablement classé, mais situé à proximité d'une zone (ici : une zone économique) pourrait prétendre au classement de cette zone ».

12

Selon la thèse de la partie appelante et dans un esprit de respect des critères de proportionnalité, il conviendrait de traiter le site « ... » à l’instar de celui « ... », au motif que les deux mériteraient à voir régulariser la situation existante, précisant qu’au moment de la prise de décision de l'administration communale, le site « ... » n'aurait été ni matériellement, ni juridiquement une zone agricole.

Il conviendrait donc au moins de reclasser le site « ... » en zone d'habitation et en zone de récréation.

L’administration communale de la Vallée de l’Ernz fait dupliquer qu’il ne saurait être question de comparer la situation du « ... » avec celle de terrains reclassés constructible limitrophes au village de Larochette respectivement celui du site « ... » près de Medernach, au motif que les terrains reclassés près de Larochette seraient des terrains construits de maisons d'habitation et que ces maisons seraient effectivement habitées et qu’elles auraient été autorisées comme telles en tant que maisons d'habitation pour faire corps unique avec le village de Larochette.

Le site « ... » près de Medernach serait également toujours partiellement exploité par une menuiserie, qui utiliserait les installations du moulin pour produire de l'énergie électrique. Le site en question se trouverait pour le surplus directement limitrophe à une autre zone économique. Il est précisé que seule la partie du site en exploitation aurait été reclassée en zone économique.

Faisant suite à une demande de précision formulée par la Cour lors de la première audience des plaidoiries, l’administration communale de la Vallée de l’Ernz a fait préciser, concernant le site « ... » près de Medernach, qu’après analyse en détail de la partie graphique du PAG il serait apparu qu'une « erreur matérielle » se serait glissée dans la partie graphique du PAG.

En effet, si l’intention communale aurait été de classer en zone ECO-c1 la partie du site affectée effectivement à l'exploitation de la menuiserie, à l’exclusion de l'immeuble d'habitation y existant encore, l’exact contraire aurait été erronément transposé dans la partie graphique, à savoir que la maison d’habitation avec certaines de ses annexes aurait été classée en zone ECO-c1 et que les immeubles abritant la menuiserie et le moulin seraient restés classés en zone non constructible.

Il est encore précisé que la commune aurait l’intention de procéder rapidement à une modification ponctuelle du PAG pour redresser cette erreur.

Pour ce qui concerne le site « ... » près de Ermsdorf, l’administration communale de la Vallée de l’Ernz reconfirme que le site du Camping ... serait classé en zone de recréation et que l'autre partie du site et sur lequel se trouveraient deux maisons d'habitation unifamiliale, une résidence et le restaurant ... seraient classés en zone d'habitation 1, précisant que le site en question aurait déjà été classé constructible sous l'ancienne réglementation.

13 Enfin, l’administration communale de la Vallée de l’Ernz réaffirme que le site du « ... » n’aurait plus du tout été utilisé, ni habité au moment de l'adoption du nouveau PAG, précisant que les derniers occupants, les consorts ... et ... ne seraient plus enregistrés comme habitant le site depuis le 22 février 2016 et qu’il se dégagerait même d’un courriel du 3 février 2016 du mandataire de l’appelant que les consorts ... n'auraient plus leur résidence habituelle à la ferme du « ... » depuis fin novembre 2015.

L’appelant fait répliquer à cette prise de position additionnelle qu’il conviendrait uniquement d’avoir égard à la situation de classement existante du site « ... », telle que décidée et publiée.

En outre, la justification avancée par la commune de la Vallée de l’Ernz ne serait pas retraçable et il paraîtrait que les propriétaires dudit site soient satisfaits de la nouvelle situation.

Ainsi, ladite tentative de justification serait « a prioi contra legem et ne saurait servir de fondement pour justifier la situation (…) créée ».

Il est encore précisé en ce qui concerne la date du départ de Monsieur ... que la situation afférente resterait incertaine et qu’il conviendrait de constater que le projet élaboré par l'administration communale ne tiendrait pas compte de la situation existante sur le site « ... », en ce que le contrat de bail prouverait que le site était occupé à des fins d'habitation et qu’il resterait toujours habitable, de sorte que la vocation et la destination d'une partie de ce site à l'habitation serait un constat incontournable.

L’appelant estime encore que l'utilisation rationnelle du site et de ses dépendances, telle qu’elle se dégagerait du contrat de bail conclu avec la … et d’un courrier de proposition de conclusion d'un nouveau bail, n’aurait pas été prise en considération.

Il convient de prime abord de confirmer les premiers juges en ce qu’ils ont retenu l’irrecevabilité du recours de Monsieur ... en ce qu’il est dirigé contre l’avis du ministre du 12 janvier 2017 -ce chef de demande étant réitéré en instance d’appel-, étant donné qu’il ne vise qu’une simple lettre d’accompagnement sans élément décisionnel propre.

En effet, aux termes de l’article 2 de la loi modifiée du 7 novembre 1996 portant organisation des juridictions de l’ordre administratif, ci-après désignée par la « loi du 7 novembre 1996 », un recours devant les juridictions administratives n’est ouvert que contre un acte constituant, dans l'intention de l'autorité qui l'émet, une véritable décision, à qualifier d'acte de nature à faire grief, c'est-à-dire un acte de nature à produire par lui-même des effets juridiques affectant la situation personnelle ou patrimoniale de celui qui réclame et force est de constater qu’à travers son courrier du 12 janvier 2017 à l’adresse de Monsieur ... et, plus particulièrement, les termes « J’ai l’hon...r de vous remettre en annexe une copie de ma décision du 10 janvier 2017 suite à votre réclamation du 28 juin 2016. Un recours en annulation peut être intenté contre cette décision devant le Tribunal administratif, par l’intermédiaire d’un avocat, endéans un délai de trois mois à partir de la réception de la présente », le ministre n’a libellé le moindre élément décisionnel propre et distinct de l’arrêté d’approbation, que cette missive ne fait qu’accompagner.

14

Au fond, le présent litige se meut dans le cadre de la refonte du PAG de la commune fusionnée de la Vallée de l’Ernz, issue des deux anciennes communes d’Ermsdorf et de Medernach, et concerne plus particulièrement des parcelles appartenant à Monsieur ... au site « ... », qui, tel qu’il se dégage de la partie graphique dudit PAG, ont été, respectivement sont restées, classées en zone agricole, Monsieur ... soutenant en substance que ce classement contreviendrait à la réalité et aux droits acquis, respectivement ne serait pas valablement justifié.

Au niveau de la situation factuelle pertinente, la Cour est amenée à retenir que le site « ... », en ce qui concerne les parcelles visées par le présent recours, est constitué par une ancienne ferme érigée en dehors de l’agglomération, (« Aussiedlerhof »), située à l’extrémité sud du territoire communal de la Vallée de l’Ernz, nettement séparé de la localité de Medernach par des prés, composé d’un bâtiment à habitation, avec des annexes (étables, hangars et réservoir d'eau) et d’un jardin.

Il est constant en cause que la ferme en question n’est plus exploitée en tant que telle depuis de très nombreuses années. Après la cessation des activités agricoles, la ferme a continué d’être habitée, jusque fin 2015 ou début 2016.

Par ailleurs, une partie des annexes de la ferme a été utilisée pendant plusieurs années, depuis le début des années 2000 jusqu’en 2016, par la société ..., qui entreposait de petits aéronefs dans un des hangars de la ferme, sensiblement agrandi avec l’accord du ministre de l’Environnement à cette fin. Il se dégage encore des éléments d’appréciation soumis en cause que les contrats de bail et autorisation ministérielle d’exploitation ont pris fin en 2016, avec démolition du hangar construit, un litige étant pendant en ce qui concerne l’enlèvement de la dalle en béton sur lequel avait été érigé le hangar, le ministre de l’Environnement réclamant son enlèvement aux fins de remise en pristin état du site.

En droit, c’est à bon escient qu’à défaut de disposition spécifique leur conférant les pouvoirs d’un juge du fond, les premiers juges se sont légalement placés dans les limites d’un juge de l’annulation appelé à contrôler la légalité objective de l’acte administratif attaqué.

La légalité d'une décision administrative s'apprécie en considération de la situation de droit et de fait au jour où elle a été prise.

S’il est vrai que la mission du juge de l’annulation exclut le contrôle des considérations d’opportunité et notamment d’ordre politique, à la base de l’acte administratif attaqué, elle inclut la vérification de l’existence et de l’exactitude des faits matériels qui sont à la base de la décision attaquée et de vérifier si les motifs dûment établis sont de nature à la motiver légalement.

Dans sa démarche de vérification des faits et des motifs à la base de l’acte déféré, le juge administratif est encore amené à analyser si la mesure prise est proportionnelle par rapport aux faits dont l’existence est vérifiée, une erreur d’appréciation étant susceptible d’être sanctionnée dans la mesure où une flagrante disproportion des moyens laisse entrevoir un usage excessif du pouvoir par l’autorité qui a pris la décision, voire un détournement du même pouvoir par cette autorité.

15

Il s’ensuit qu’en la matière spécifique des règlementations d’aménagement et d’urbanisation du territoire, les autorités communales doivent être fondamentalement mues par des considérations légales d’ordre urbanistique ayant trait à l’aménagement des agglomérations et d’ordre politique tirées de l’organisation de la vie en commun sur le territoire donné, tendant les unes et les autres à une finalité d’intérêt général.

L’article 2 de la loi du 19 juillet 2004 précise dans ce contexte que : « Les communes ont pour mission de garantir le respect de l’intérêt général en assurant à la population de la commune des conditions de vie optimales par une mise en valeur harmonieuse et un développement durable de toutes les parties du territoire communal par:

(a) une utilisation rationnelle du sol et de l’espace tant urbain que rural en garantissant la complémentarité entre les objectifs économiques, écologiques et sociaux ;

(b) un développement harmonieux des structures urbaines et rurales, y compris les réseaux de communication et d’approvisionnement compte tenu des spécificités respectives de ces structures, et en exécution des objectifs de l’aménagement général du territoire ;

(c) une utilisation rationnelle de l’énergie, des économies d’énergie et une utilisation des énergies renouvelables ;

(d) le développement, dans le cadre des structures urbaines et rurales, d’une mixité et d’une densification permettant d’améliorer à la fois la qualité de vie de la population et la qualité urbanistique des localités ;

(e) le respect du patrimoine culturel et un niveau élevé de protection de l’environnement naturel et du paysage lors de la poursuite des objectifs définis ci-dessus ;

(f) la garantie de la sécurité, la salubrité et l’hygiène publiques. ».

A l’instar des premiers juges, la Cour est amenée à constater de prime abord que la décision de maintien du classement en zone agricole du site « ... », tant au niveau du conseil communal, qu’au niveau ministériel a été motivée par le fait qu’un reclassement des parcelles en « zone d’habitation 1 [HAB 1] », respectivement en « zone de jardins familiaux [JAR] » aurait comme conséquence un agrandissement du périmètre d’agglomération ainsi que la création d’îlots d’habitation isolés.

Ce classement implique pour les parcelles concernées l’encadrement règlementaire suivant, posé par l’article 14 de la partie écrite du PAG de la commune de la Vallée de l’Ernz : « Dans les zones agricoles, seules peuvent être érigées des constructions servant à l’exploitation agricole, jardinière, maraîchère, sylvicole, piscicole, apicole ou cynégétique ou à un but d’utilité publique, sans préjudice des dispositions de la loi modifiée du 19 janvier 2004 concernant la protection de la nature et des ressources naturelles.

16 Par exploitation, énumérée ci-dessus, une maison d’habitation avec un maximum de 3 (trois) logements, uniquement en relation directe avec l’exploitation du site, est autorisée. La profondeur maximale de la construction principale d’habitation est de 15 m avec un sous-sol de 20 m maximum.

Pour toutes les constructions principales servant à l’habitation, les prescriptions définies dans le plan d’aménagement particulier « quartier existant - zones mixtes rurales », sont applicables, à l’exception que la hauteur des constructions doit être mesurée à partir du terrain naturel et que les prescriptions sur les marges de reculement des bâtiments principaux ne doivent pas être respectées.

L’aspect extérieur des constructions doit s’intégrer le plus possible dans le site naturel. Afin d’assurer l’intégration dans le site naturel, toute construction nouvelle et existante peut être soumise à l’obligation d’aménager un rideau de verdure composé d’arbres et/ou de haies d’espèces indigènes.

Toutefois, les autorisations de bâtir dans cette zone ne pourront être accordées que si le raccordement au réseau d’eau potable et au réseau de canalisation est réalisable (obligation pour toutes les constructions dans un rayon de 200m des zones urbanisées sous condition que ce soit techniquement réalisable par gravité naturelle) ou s’il peut être satisfait aux exigences de l’hygiène par d’autres installations, en particulier par l’aménagement d’une micro-station d’épuration aux dimensions suffisantes.

En aucun cas, la commune ne peut être obligée à réaliser à ses frais une extension des infrastructures publiques. »

Il s’en dégage une volonté patente de donner la priorité au développement plutôt concentrique des localités composant la commune de la Vallée de l'Ernz.

Or, pareil accent mis sur un développement concentrique d’une agglomération par exclusion, dans la mesure du possible, de toute excroissance d’ordre tentaculaire ou désordonnée répond à des considérations légales d’ordre urbanistique ayant trait à l’aménagement des agglomérations de nature à tendre à confluer de manière utile avec l’organisation de la vie en commun sur le territoire donné et est de nature à tendre à une finalité d’intérêt général (Cour adm. 1er juillet 2003, n°15879C du rôle, Pas. adm. 2018, V° Urbanisme, n° 146 et les autres références y citées).

En l’espèce, le reclassement du site « ... », revendiqué par l’appelant, créerait indubitablement un îlot en pleine campagne et comporterait inévitablement un développement désordonné de la commune de la Vallée de l’Ernz, contraire aux objectifs légaux prévisés (cf. article 2 b) de la loi du 19 juillet 2004) et à la volonté clairement affirmée de l’autorité communale compétente de prôner un développement harmonieux des structures urbaines.

Concernant l’argumentation de l’appelant consistant à reprocher à l’autorité communale d’avoir omis de reconnaître et de régulariser une situation de fait qui se serait valablement créée dans le passé, force est de constater qu’il ne saurait être question de création d’une situation de

17 fait créatrice de droits acquis du fait des activités que la société ... a été autorisée à déployer temporairement sur une partie du site du « ... », d’une part, et bien que la ferme du « ... » avait une vocation d’habitation pour son exploitant et sa famille et bien même que cette fonction d’habitation a pu être continuée après la fin de son exploitation -et qu’elle peut toujours l’être-, la ferme du « ... » n’a, à aucun moment, été intégrée dans le tissu urbain et il ne saurait partant être question de l’acquisition factuelle d’un statut qui se serait imposé à la commune et qu’il aurait convenu de régulariser dans le cadre de l’adoption du nouveau PAG de la commune de la Vallée de l’Ernz, d’autre part.

La demande de l’appelant d’un classement en zone d’habitation HAB-1 ne tend en effet pas à voir régulariser un acquis statutaire factuel, mais elle tend à le voir bénéficier de droits supplémentaires, droits dont il ne disposait à aucun moment dans le passé. Sous ce rapport, ce n’est pas le fait incontestable de ce que le site du « ... » recueillait et recueille des constructions servant à des fins d’habitation qui est déterminant, mais il importe de considérer que le régime de ces constructions sises en zone agricole et gouvernées par les exigences en découlant n’est en rien comparable avec le régime d’une zone d’habitation. En effet, en zone agricole, le régime relatif aux constructions est essentiellement strict dans un but bien compris de garantir la pérennité du site naturel d’implantation, alors que le reclassement revendiqué en zone d’habitation est destiné à voir bénéficier le site en question de droits bien plus étendus, la protection du site naturel passant manifestement à l’arrière-plan.

Il s’ensuit donc qu’il ne saurait être reproché au conseil communal ou au ministre de ne pas avoir pris en considération une situation en fait acquise au moment de l'adoption de son nouveau PAG, ni d’avoir surpris une confiance légitime afférente du justiciable concerné.

Les critiques afférentes laissent partant d’être justifiées et elles sont à écarter.

La Cour ne voit pas non plus en quoi les décisions incriminées, moyennant le classement du terrain de l’appelant en zone agricole, respectivement le refus de reclassement de ce terrain, impliqueraient une violation de son droit de propriété.

En effet, à défaut d’un transfert -direct, ou indirect- de propriété des parcelles en question ou d’un changement substantiel au niveau des attributs de la propriété de l’appelant ou encore d’une atteinte vérifiée aux droits acquis, tel qu’il se dégage des considérations qui précèdent, étant relevé qu’un maintien d’un classement ne saurait être entrevu comme impliquant per se une limitation des possibilités d’utilisation d’un terrain, il est patent qu’il ne saurait être question d’une expropriation au sens de l’article 16 de la Constitution ou de l’article 1er du premier protocole additionnel de la CEDH ou d’une autre atteinte au droit de propriété de l’intéressé, tel qu’encore garanti par l’article 544 du Code civil.

L’appelant encore de mettre en balance une inégalité de traitement et une violation du principe de l'égalité devant la loi prévu à l'article 10bis (1) de la Constitution en ce que certains propriétaires de parcelles dans la commune de la Vallée de l'Ernz auraient bénéficié d’un traitement plus favorable que lui-même, alors même que leurs situations étaient identiques ou similaires.

18 La demande de saisine de la Cour Constitutionnelle de la question préjudicielle ci-avant retranscrite est de prime abord à rejeter pour être manifestement dénuée de fondement.

En effet, la Cour Constitutionnelle n’est appelée à connaître que des questions ayant trait à la conformité d’une loi par rapport à une disposition constitutionnelle et non pas à se prononcer sur de prétendus problèmes d’anti-constitutionalités se situant au niveau de l’application des lois à travers la prise de décisions administratives, règlementaires ou individuelles, d’une part, et force est de constater que la Cour ne saurait entrevoir au niveau de la « loi du 24 mai 2011 portant fusion des communes d’Ermsdorf et de Medernach », pointée sans autre précision quelconque par l’appelant, à travers sa proposition de question préjudicielle, le moindre début de commencement d’un traitement inégalitaire des propriétaires de parcelles de terrain sur le territoire de la commune fusionnée, d’autre part.

Au-delà, il reste au juge saisi d’examiner le reproche de ce que le conseil communal d’abord, le ministre par la suite, auraient violé le principe constitutionnel d’égalité devant la loi par leur refus de classer les quatre parcelles de l’appelant en zone d’habitation HAB-1, respectivement en zone de jardins familiaux, alors que dans différents cas de figure prétendument comparables les propriétaires auraient pu bénéficier de pareil classement.

Il est admis que le principe d’égalité de traitement doit être compris comme interdisant le traitement de manière différente de situations similaires, à moins que la différenciation soit objectivement justifiée.

Il appartient par conséquent, aux pouvoirs publics, tant au niveau national qu’au niveau communal, de traiter de la même façon tous ceux qui se trouvent dans la même situation de fait et de droit. Cependant, lesdits pouvoirs publics peuvent, sans violer le principe de l’égalité, soumettre certaines catégories de personnes à des régimes légaux différents, à condition que les différences instituées procèdent de disparités objectives, qu’elles soient rationnellement justifiées, adéquates et proportionnées à leur but (Cour. adm. 8 janvier 2009, n° 24794C du rôle, Pas. adm. 2018, V° Lois et règlements, n° 8 et les autres références y citées).

Or, force est de rejoindre les premiers juges en leur analyse pertinente que Monsieur ... est resté en défaut -et il le reste toujours à l’heure actuelle- de soumettre des éléments suffisants de nature à faire admettre qu’il se trouve dans une situation comparable à celle des propriétaires des sites de référence des « ... », « ... », « ... », « ... » et « ... », certes classés, du moins pour partie, en zone d’habitation 1 par le PAG de la commune de la Vallée de l’Ernz, mais qui, à la différence du site « ... », se trouvaient déjà classés antérieurement, sous l’égide de l’ancien PAG, en zone d’habitation. Or, cette différence au niveau du classement antérieur est la raison décisive contredisant toute comparabilité.

En ce qui concerne ensuite le site « ... », qui a bien bénéficié d’un reclassement en zone d’habitation à travers le nouveau PAG de la commune de la Vallée de l’Ernz, il s'agit de deux maisons situées sur le territoire communal de la Vallée de l’Ernz, mais qui sont localisées de façon directement adjacente aux dernières maisons d'habitation du village de Larochette, commune voisine, elles se trouvent partant non plus dans une situation comparable à la situation du site « ... », lui-même implanté en pleine campagne. D’ailleurs, même à admettre une

19 comparabilité, leur situation de proximité et leur intégration aux infrastructures urbanistiques justifierait leur différence de traitement, c’est-à-dire leur régularisation.

S’agissant du site « ... » près de Medernach, la Cour est amenée à constater qu’au regard du dernier état des explications et éléments d’appréciation soumis en cause que ce site accueille une menuiserie qui y est exploitée et qui utilise des installations d’un ancien moulin y encore localisé pour la production d’énergie électrique, ainsi qu’une maison d’habitation, avec annexes, occupée par les propriétaires du site et exploitants de la menuiserie.

Ensuite, il se dégage de la partie graphique du PAG de la commune de la Vallée de l’Ernz que ce site a été partiellement reclassé par l’autorité communale en zone d’activité ECO-c1 et, au-delà reste, classé en zone verte.

Si la commune de la Vallée de l’Ernz appert cohérente et crédible en ce qu’elle explique qu’il était dans l’intention du conseil communal de régulariser la situation de classement du site au niveau de l’activité économique y déployée concrètement, mais de ne rien changer au sujet de la situation de classement de la partie du terrain accueillant la maison d’habitation et de ses annexes, il n’en reste pas moins que la partie graphique renseigne que c’est la partie habitation qui a été reclassée en zone ECO-c1, alors que la partie menuiserie/moulin reste classée en zone verte. L’erreur au niveau de l’établissement de la partie graphique du PAG de la commune de la Vallée de l’Ernz paraît patente et est d’ailleurs admise par la commune, étant donné qu’il n’est pas raisonnablement perceptible pourquoi la partie servant à l’habitation aurait été classée en zone économique et un redressement paraît clairement s’imposer.

Ceci dit, ni à se limiter à la situation apparente au regard de la partie graphique manifestement erronée, ni au regard de la volonté réelle de l’autorité communale, plausiblement dépeinte par la partie communale, l’on ne saurait percevoir une similitude et une comparabilité avec le site du « ... », où il ne saurait être question de régularisation d’une exploitation économique, d’une part, et ni au niveau de l’intention affichée, ni au niveau de la matérialisation et transposition erronées de la volonté du conseil communal, il n’a jamais été question d’un reclassement en zone d’habitation de tout ou partie du site « ... », d’autre part. Par ailleurs, il ne saurait pas non plus s’imposer de transposition du raisonnement dans le sens d’une obligation de régularisation en termes d’utilisation récréative du site du « ... », étant donné que contrairement à la situation en activité au niveau de la menuiserie et du moulin du site « ... », l’utilisation récréative du site du « ... » a non seulement bien pris fin, mais, encore et surtout, elle n’avait jamais une vocation durable.

Le reproche d’un traitement discriminatoire et d’une violation du principe constitutionnel de l’égalité de traitement manque partant à son tour de fondement et est à rejeter dans toutes ses branches.

Au-delà, la Cour ne saurait pas non plus suivre l’appelant en ce qu’il estime pouvoir dégager des circonstances de la cause une rupture du juste équilibre entre les exigences de l’intérêt général de la communauté et les impératifs de sauvegarde des droits fondamentaux de l’individu, l’autorité communale cherchant de façon vérifiée à garantir un développement harmonieux des structures urbaines et le refus de reclassement des parcelles de l’appelant ne

20 paraît point verser dans la disproportion entre le but poursuivi et la situation individuelle mise en avant par l’appelant, ou autrement de nature à constituer un choix déraisonnable ou entaché d’erreur manifeste ou encore une atteinte à son droit de propriété.

Enfin, la Cour est encore amenée à rejeter la demande tendant à voir annuler l’adoption du projet d’aménagement particulier « quartier existant » et de la décision d’approbation ministérielle afférente, étant donné qu’il n’appert pas en quoi la règlementation afférente serait de nature à rendre impossible, comme le soutient l’appelant, tout projet futur de rénovation de sa ferme.

Au-delà, concernant ce souci général de l’appelant de ne plus pouvoir utiliser et tenir en état son site, il convient de rappeler que de par son classement en zone agricole, le site « ... » relève certes de la loi du 19 janvier 2004, avec les contraintes certaines que ce classement opère, mais avec la garantie que sans préjudice de toute nouvelle affectation compatible avec ladite législation, en cas de maintien de la destination existante, les constructions légalement existantes en zone verte peuvent être rénovées ou transformées matériellement avec l'autorisation du ministre compétent en la matière.

Il convient de citer, dans ce contexte, le représentant étatique en ce qu’il a fait état de ce que « la nouvelle loi consacre donc ici encore expressément le droit acquis pour permettre même, dans des situations comme celle du cas d'espèce de rénover des immeubles agricoles malgré le fait qu'il n'y a plus d'exploitation agricole sur le site », de même en ce qu’il semble dépeindre une possibilité d’ouverture consacrée par le point 7, de l’article 7 de ladite loi, à savoir « lorsqu'une construction existante dans la zone verte fait l'objet d'un classement ou est inscrite à l'inventaire supplémentaire par application de la loi modifiée du 18 juillet 1983 concernant la conservation et la protection des sites et monuments, le Ministre peut déroger au présent article en vue de la sauvegarde et du maintien dans le patrimoine d'une telle construction classée », de nature à permettre « une ouverture pour une rénovation et le cas échéant une réaffectation d'une grange en vue de sa préservation ».

Il suit de l’ensemble des considérations qui précèdent et sans qu’une mesure d’instruction supplémentaire, telle que celle prônée par l’appelant, ne soit encore nécessaire ou utile, que l’appel de Monsieur ... laisse d’être fondé et qu’il est à en débouter, le jugement étant à confirmer, y compris en ce qui concerne le rejet de la demande d’une indemnité de procédure réitérée en instance d’appel par Monsieur ....

Compte tenu de l’issue du litige, la demande de l’appelant tendant à se voir allouer une indemnité de procédure de 5.000.- €, de la part des parties intimées, pour la première instance, de même que celle tendant à l’allocation de pareille indemnité, également d’un import de 5.000.- €, au titre de l’instance d’appel sont à rejeter.

Par ces motifs,

la Cour administrative, statuant contradictoirement;

reçoit l’appel en la forme;

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au fond, le déclare non justifié et en déboute;

partant, confirme le jugement entrepris du 8 août 2018;

rejette comme non justifiées les demandes en allocation d’une indemnité de procédure telles que formulées par l’appelant;

condamne l’appelant aux dépens de l’instance d’appel.

Ainsi délibéré et jugé par:

Henri CAMPILL, vice-président, Serge SCHROEDER, premier conseiller, Martine GILLARDIN, conseiller, et lu par le vice-président en l’audience publique à Luxembourg au local ordinaire des audiences de la Cour à la date indiquée en tête, en présence du greffier de la Cour Jean-Nicolas SCHINTGEN.

s. SCHINTGEN s. CAMPILL

Reproduction certifiée conforme à l’original Luxembourg, le 5 février 2019 Le greffier de la Cour administrative

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