MINISTERE DE L’ENSEIGNEMENT SUPERIEUR ET DE LA RECHERCHE SCIENTIFIQUE ************ UNIVERSITE DE ************ FACULTE DE DROIT, D’ECONOMIE, DE GESTION ET DE SOCIOLOGIE ************ DEPARTEMENT DE DROIT

PROBLEME DE L’INSECURITE RURALE LIE E AU VOL DE BŒUFS. Cas du District de Betioky -Sud

Mémoire de fin d’étude pour l’obtention du diplôme de

MAITRISE EN DROIT

Option : Droit public

Présenté et soutenu publiquement par :

FIAMBENA FIDIARSON TahiryMarael

Soutenu le 20 juin 2014

Année Universitaire 2013 -2014 MINISTERE DE L’ENSEIGNEMENT SUPERIEUR ET DE LA RECHERCHE SCIENTIFIQUE ************ UNIVERSITE DE TOLIARA ************ FACULTE DE DROIT, D’ECONOMIE, DE GESTION ET DE SOCIOLOGIE ************ DEPARTEMENT DE DROIT

PROBLEME DE L’INSECURITE RURALE LIE E AU VOL DE BŒUFS. Cas du District de Betioky -Sud

Mémoire de fin d’étude pour l’obtention du diplôme de

MAITRISE EN DROIT

Option : Droit public

Présenté et soutenu publiquement par :

FIAMBENA FIDIARSON TahiryMarael

Membres du jury :

Président :Docteur RASOLOFOMASY Simon Seta , Maître de Conférences de l’Enseignement Supérieur de l’Université de Toliara.

Rapporteur : Professeur RASAMOELINA Henri, Titulaire de Chaire de l’Université de Fianarantsoa et de Toliara.

Assesseur critique : Monsieur TOVONDRAINY Andriatsitohaina Ranoëlson Edally, Assistant d’E nseignement Supérieur de l’Université de Toliara.

Année Universitaire 2013 -2014

REMERCIEMENTS

Les recherches rapportées dans ce travail sont le fruit de la contribution de plusieurs personnes qui ont permis de les faire. Que toutes soient vivement remerciées pour leur participation utile à ma formation universitaire.

Tout d’abord, j’exprime toute nos reconnaissances à l’endroit du Docteur RASOLOFOMASY Simon Seta , Maître de Conférences, Doyen de la Faculté de Droit, de Gestion, d’Economie et de Sociologie de l’Université de Toliara qui nous a autorisé de présenter ce mémoire.

Ensuite, ma profonde gratitude s’adresse au Professeur RASAMOELINA Henri qui, malgré ses multiples occupations, a daigné sacrifier une grande partie de son temps pour assurer la direction de ce mémoire.

Nos vifs remerciements au département de Droit, en la personne de Monsieur TOVONDRAINY Andriatsitohaina Ranoëlson Edally , Assistant d’Enseignement Supérieur, Chef de département de Droit de l’Université de Toliara, à tous les enseignants et les personnels administratifs; de mon parcours universitaire par lequel j’aie pu bénéficier des formations académiques nécessaires.

Enfin, c’est grâce à l’amour et à l’aide de ma famille que j’ai pu tenir jusqu’au bout ce mémoire de fin d’étudepour l’obtention du diplôme deMaîtrise en Droit. Je pense particulièrement à mon Père FIDY et ma Mère ZASY et tous mes frères et sœurs. Il serait donc ingrat de ne pas avoir un regard de sympathie et de gratitude à tout ce monde qui ne peut être entièrement cité.

Merci à tous.

FIAMBENA FIDIARSON Tahiry Marael

LISTE DES ABREVIATIONS

Art: Article

CAA : Chef d’Arrondissement Administratif

COB : Certificat d’Origine des Bovins

CR: Commune rurale

CRB: Certificat de Recensement des Bovins

CTD: Collectivité Territoriale Décentralisée

CVB : Certificat de Vaccination des Bovins

DAS : Détachements Autonomes de Sécurité

EMMO: Etat-major Mixte Opérationnel

FIB: Fiche d’Identification des Bovins

OMC: Organe Mixte de Conception

RM 5: Région militaire N° 5

RN: Route Nationale

RSO: Région Sud-Ouest

TPI : Tribunal de Première Instance

GLOSSAIRE

A

Andimasompokonolona : surveillance populaire.

Antsiva : gros coquillage employé comme la flûte.

Atsimondrano : partie sud du fleuve.

Avaradrano : partie nord du fleuve.

B

Bara : groupe ethnique qui occupe la partie septentrionale et orientale de la Région Atsimo Andrefana de .

Baralahy : un homme de la tribu Bara.

Betsileo : groupe ethnique qui occupe la Région Haute Matsiatra et Amoron’ny mania de Madagascar.

Bilo: sorte de maladie.

Bokimbahiny : registre des passagers.

Bokin’omby : cahier de contrôle de bovidés.

D

Dahalo : voleur de bœufs

Dina : convention collective dans un ou plusieurs villages..

Dinampokonolona : convention collective dans un ou plusieurs villages.

Dramotse : abus.

E

Enga : cadeau, don ou contribution qui se fait mutuellement entre deux entités claniques ou lignagères à l’occasion de certaines cérémonies.

F

Fagnarahan-dia : poursuite opérée par les villageois.

Fahavalo : ennemis.

Fandrisike : talisman ou grigri incitant à un risque.

Fanekem-pokonolona : convention dans un village. Faritany : Province.

Fatidrà : sorte de pacte.

Fatratse : homme accompli.

Fokonolona : villageois.

Fokontany : quartier.

G

Ga : voleur de bœufs.

H

Hata-baly : demande en mariage.

Hazolava : alerte.

Hory : sorte de cadeau pour le mpizaka

J

Jirika : pilleur ou bandit.

K

Kabary : jugement traditionnel sous le tamarinier.

Kapa kiranily : sandalette en nylon.

Kalony : système de recherché de personne ou d’un bœuf.

Kizo : passage obligé de voleurs de bœufs.

M

Mahafaly : groupe ethnique qui vivent dans la zone littorale sud de Madagascar et à l’intérieur du Distict de Betioky-Sud et d’ Ouest.

Maota : bœuf de un an.

Malaso : voleur de bœufs.

Merina : groupe ethnique qui occupe la Région Analamanga de Madagascar.

Merindahy : voleurs de bœufs.

Mpagnarivo : riche ou grand propriétaire de bœufs.

Mpagnoridia : ceux qui suivent les traces des bœufs volés

Mpizaka : celui qui fait le jugement. O

Oridia : Action de suivre les traces des bœufs volés.

R

Raoka : Razzia.

Riotse : talisman ou grigri contre une balle.

S

Sakalava : groupe ethnique qui occupe la Région Menabe de Madagascar.

Savatse : circoncision.

T

Tanosy : groupe ethnique qui occupe la basse et la moyenne vallée de l’Onilahy.

Temboay : Jeune taurillon.

Tombokoso : arme à feu de fabrication artisanale sous forme de pieds de cochon.

Tsenan’aombe : marché de bovidés

Tsiriry : Bœuf de couleur noir avec tête blanche

V

Vala : enclos ou parc à bœufs.

Vandamena : bœufs de couleur banche et tintés marron.

Vaomiera : comité.

Vatofantsiky : voleur de bœufs.

Vazaha : étrangers blancs.

Vodiondrimbarotra : sorte d’avance payée par l’acheteur de bœuf.

Vonodina : réparation pécuniaire.

SOMMAIRE

REMERCIEMENTS

LISTE DES ABREVIATIONS

GLOSSAIRE

INTRODUCTION

PREMIERE PARTIE : CADRE GENERAL SUR LE CONCEPT DE VOL DE BŒUFS.

CHAPITRE I: LESCONCEPTS SUR LE VOL DE BŒUFS.

CHAPITRE II : LA GESTION, LES PROCEDURES DANS LA FILIERE BOVINE ET LES DIFFERENTES MESURES DE LA LUTTE CONTRE LE VOL DE BŒUFS.

DEUXIEME PARTIE: ANALYSES ET RECOMMANDATIONS SUR LA SECURISATION DE LA FILIERE BOVINE DANS LE DISTRICT DE BETIOKY- SUD.

CHAPITRE I :LA PRESENTATION DU DISTRICT DE BETIOKY-SUD ET LES DIFFERENTES MESURES DE LA LUTTE CONTRE LE VOL DE BŒUFS.

CHAPITRE II :LESRECOMMANDATIONS A TITRE DE SUGGETION.

CONCLUSION

ANNEXES

BIBLIOGRAPHIE

Problème de l’insécurité rurale liée au vol de bœufs .Cas du District de Betioky-Sud. ______

INTRODUCTION

Le phénomène de l'insécurité n'est pas le propre de nos sociétés actuelles. Peu importe le lieu ou l'époque que l'on considère, ce phénomène a toujoursexisté. L'homme s'est donc préoccupé de rechercher ses causes et aussi de rechercher des moyens pour le combattre. A Madagascar, le vol de bœufs fait partie des phénomènes qui causent l’insécurité en milieu rural car les zébus ont une valeur importante dans la vie économique et socioculturelle de la population malgache. Pour les paysans, la possession des zébus représente la puissance, la prospérité et la richesse. Ils sont également source de respect et de considération. Dans la civilisation malgache, le zébu est choisi comme un animal sacrificiel par excellence et reste omniprésent aussi bien dans la vie quotidienne que durant les grands événements familiaux.Cependant, le vol de bœufs fait partie de la culture et de la tradition de certaines ethnies de la grande île. Il constitue un véritable phénomène culturel inséparable d’un comportement social que l’on peut qualifié de normal mais qui est facteur d’insécurité en milieu rural. Le phénomène est réapparu d’une façon plus ou moins cyclique au XIX ème et XX ème siècle dans la grande Ile 1. Ils’est aggravé depuis un peu plus dans plusieurs localités de Madagascar, le problème de l’insécurité rurale défraie la chronique des journaux avec la mort d’éléments des forces de l’ordre dans le sud, l’ouest et tout récemment encore le centre de la Grande Ile. Actuellement, le vol est de plus en plus lié au commerce si à certaines époques on a vécu des vols de centaines de bœufs, s’accompagnant de destruction de maisons, d’abattage et de mutilation d’animaux sur place, quelquefois de mort d’hommes et de victimes innocentes. Parallèlement à ce phénomène de vol de bœufs, le blanchiment et la pratique de corruption dans la filière bovine accentuent ce fléau. Face à cet état de fait, il est inutile d’affirmer qu’aucune législation ou d’actions entretenues par l’Etat et par des organismes spécialisés en la matière ne sont parvenues à empêcher ou du moins à atténuer le vol de bœufs : la répression ne fait que rendre ce phénomène plus passionnant.Le ministère de l’Intérieur et celui de la Sécurité intérieure cherche toujours des nouvelles mesures

1 RASAMOELINA Henri. « Le problème du Vol de bœufs à Madagascar » Tribune Madagascar du 29 Aout 2002, p 4. 1

Problème de l’insécurité rurale liée au vol de bœufs .Cas du District de Betioky-Sud. ______

de prévention et de répression de l’insécurité liée au volde bovidés mais le vol de bœufs reste toujours d’actualité 2.

Le vol de bœufs est parmi les phénomènes sociaux difficiles à appréhender. Résistant à l’épreuve du temps, il reste encore d’actualité et devient un véritable fléau pour le pays. On a assisté, la deuxième moitié de l’année 2012 à la recrudescence des vols de zébus dans le Sud de Madagascar avec à la tête du banditisme le dénommé REMENABILA présumé comme Ben Laden malagasy 3. En réalité, le vol de bœufs n’est pas un acte isolé. Il rentre dans l’un des réseaux du trafic de bovidés les plus vastes de Madagascar. La continuité de ce crime dépend du blanchiment de bœufs volés. En ce sens, le blanchiment de bovidés est un acte, qui consiste à trafiquer les documents administratifs des bovidés volés ou les bovidés eux- mêmes, à la suite de laquelle toute preuve de leur origine irrégulière, frauduleuse ou douteuse est dissimulée. Devant ce fléau, toutes les autorités en matière de sécurité s’efforcent de trouver les solutions adéquates. Cela se manifeste par le renforcement de l’organisation étatique en employantdifférentes mesures de gestion de la filière bovine, l’utilisation de la répression militaire. Par ailleurs le législateur malgache a essayé de codifier les valeurs et pratiques traditionnelles héritées depuis plusieurs siècles des ancêtres, pour lutter contre l’insécurité et juger les atteintes à l’ordre social par recours à l’application des « dina » par les « fokonolona » en vertu de la loi n° 2001-004 du 25 Octobre 2001 portant règlementation des dina en matière de sécurité publique. Malgré ceux-ci les vols persistent encore, voire s’intensifient et évoluent sans cesse avec ses conséquences néfastes sur les conditions de vie de la population. Ce constat indique que ce problème demeure toujours irremédiable mais ce n’est pas tout de même une raison suffisante pour s’en détourner. Au contraire, il s’agit là, pour tout un chacun notamment, pour les hauts fonctionnaires, les Représentants de l’Etat, d’un appel ou de faire un appel sur le thème de vols de bœufs, qui depuis toujours, se présente comme un sujet d’actualité, incitant des débats à cause de l’insécurité qu’il crée. Ainsi, les impacts de recrudescence de l’insécurité en matière de vol de bœufs notamment en milieu rural peuvent conduire au frein de développement local et du pays en général. C’est la raison pour laquelle, le choix de terrain d’étude sur le phénomène

2 VALIS, « Le problème des dahalo reste d’actualité », http://www.madagascar-tribune.com du 22 août 2012. 3MADAFOCUS, « Qui vole un bœuf vole … La légende du zébu du Sud de Madagascar ». http://madafocus.mondoblog.org du 24 Septembre 2012. 2

Problème de l’insécurité rurale liée au vol de bœufs .Cas du District de Betioky-Sud. ______

de vol de bœufs s’est orienté vers le District de Betioky-Sud sachant que la sécurité rurale est l’entente primordiale à l’épanouissement de la population.

Cette étude, grâce à des recherches socio-économique, politico-administrativeet juridique, servira à l’amélioration des conditions de vie de la population locale , car nous sommes originaires de ce District. Sur le plan théorique, la présente étude permet de connaitre les obstacles et lacunes qui suscitent le vol de bœufs. C’est ainsi que, du point de vue pratique, l’étude sur le renforcement du contrôle des bovidés permet d’avoir des impacts significatifs sur ce phénomène. C’est la raison pour laquelle l’objectif de ce travail de recherche est alors de contribuer à la prévention de l’insécurité rurale. Ainsi, le présent mémoire s’intitule : « Le problème de l’insécurité rural lié au vol de bœuf : cas du District de Betioky-Sud ». Le District de Betioky-Sud a été choisi car cette localité est une zone d’élevage et très utilisatrice des bovidés. De surcroît, ce District fait partie des zones rouges en matière de vol de bovidés. De nombreuses mesures ont été adoptées que ce soit au niveau national par les biais des législations qu’au niveau régional et local en appliquant le « Dina » pour lutter contre le vol de bœufs. La problématique de ce mémoire a été donc influencée par ces différents constats : Malgré ces différentes mesures, pourquoi les vols de bœufs persistent-ils ?Pourrait-on l’éradiquer ou du moins l’atténuer ? Issue de cette problématique, la méthode de travail est divisée en deux étapes. La première étape consiste à l’étude théorique. C’est l’étude du cadre général sur le concept de vol de bœufs. La deuxième étape réside sur les analyses et recommandations sur la sécurisation de la filière bovine dans le District de Betioky-Sud.

3

Problème de l’insécurité rurale liée au vol de bœufs .Cas du District de Betioky-Sud. ______

PREMIERE PARTIE: CADRE GENERAL SUR LE CONCEPT DE VOL DE BŒUFS

4

Problème de l’insécurité rurale liée au vol de bœufs .Cas du District de Betioky-Sud. ______

Pour faire face au phénomène de vols de bœufs, il s’avère plus qu’important de déterminer le contexte de ce fléau. A cet effet, des théories diversifiées se sontsuccédées pour définir les concepts et l’origine de la recrudescence de vol de bœufs, qui font l’objet de cette présente étude.

CHAPITRE PREMIER:LE CONCEPT SUR LE VOL DE BŒUFS.

SECTION 1 : CONTEXTE DU VOL DE BŒUFS.

A Madagascar,le vol de bœufs se présente comme un phén omène socioculturel dont les conséquences produisent des effets négatifs aussi bien au niveau national qu’au niveau de la population locale qui en est la plus victime.Mais tout d’abord, pour mieux connaitre le phénomène de vol de bovidés, il est nécessaire de voir son origine et son évolution.

§1- La genèse et évolution de vol de bœufs

I–La genèse de vol de bœufs

Depuis des siècles, le vol de bœufs se présente sous diverses formes selon les us et coutumes pratiqués par les différentes sociétés malgaches.

A- Les razzias.

Au cours de la mise en place des royaumes, les raids entre groupe ou même entre villages ont eu lieu. Cela a surtout pris la forme de razzias ( raoka ) qui consistent à rafler les bétails des autres villages. Les raids sont accentués davantage quand ils ont été liés à la traite ou au commerce international.

Le cas du royaume Sakalava qui a dominé toute la partie Ouest de l’île pendant les 17 e et 18 e siècles a été l’exemple par excellence.

Le vol de bœufs, depuis des siècles, fait partie intégrante de ce qu’on pourrait appeler « le mode de production Sakalava ».Dans le cadre des activités guerrières normales, les Sakalava entreprenaient des raids au dépend des groupes politiques qui ne reconnaissaient pas l’autorité de leur souverain .C’est ainsi que la monarchie Maroseraña 4 peut créer, diriger et contrôler à son profit l’expansion de son peuple.

4 FAUROUX Emmanuel, « Le boeuf et le riz dans la vie économique et sociale sakalava de la vallée de Maharivo » in AOMBE n°2, ERA, ORSTOM et MRSTD , 1989. 5

Problème de l’insécurité rurale liée au vol de bœufs .Cas du District de Betioky-Sud. ______

Le commerce extérieur permettait d’obtenir des traitants Européens et Islamisés les armes nécessaires à la perpétuation de la supériorité des Sakalava dans ces activités de prédation. Pour l’alimenter, il fallait des bœufs et des esclaves ; on pourrait s’en procurer massivement que par le pillage de nouveau groupe.

Ce système des raids entre villages et entre royaumes n’a pas été un trait caractéristique des Sakalava. On a pu trouver des types de rapport sociaux semblables un peu partout dans l’île.

B- Les vols inter-lignagers.

Dans le Nord-est de Madagascar, les guerres ont prédominé aussi pendant les 17 e et 18 e siècles dans cette région. C’était aussi celui des confédérations villageoises du Betsileo au 18 e Siècle. Pendant l’époque où l’on a appelé les luttes intestines ou « fahamiadimihavana »5, les mini-guerres et les rafles des bestiaux entre confédérations y ont existé.

Les vols inter-lignagers ont aussi toujours existé. Ils avaient fréquemment comme auteur de jeunes hommes désireux de faire leurs preuves et d’affirmer leur virilité et leur courage aux yeux de leur entourage.

Il s’agit de vols occasionnels pratiqués quand l’occasion se présente ou pour faire face à un soudain besoin d’argent. Dans un autre cas, ce type de vol n’est qu’une façon de régler un contentieux ancien entre deux lignages. Ce type de vol est aussi un désir de nuire à un adversaire ou à un personnage dont on a eu à se plaindre.

Malgré les différentes formes traditionnelles du vol de bœufs, celui-ci ne cesse d’évoluer.

5 RASAMOELINA Henri, « Les métamorphoses du vol de bœufs à travers l’histoire de Madagascar », Lakroan’i Madagascar , n°2465 du 23 Février 1986, p12.

6

Problème de l’insécurité rurale liée au vol de bœufs .Cas du District de Betioky-Sud. ______

II- L’évolution de vol de bœufs.

Il convient de voir successivement les différentes évolutions du vol de bovidés.

A- Le vol de bœufs pendant la royauté.

Au début du 19e siècle, les conquêtes effectuées par le royaume Merina ont changé l’organisation des autres sociétés. Pour les sociétés administrées par celui-ci, les nouvelles obligations sont apparues. Par conséquent, les brigandages sont réapparus d’une façon plus ou moins cyclique.

1-L’insécurité permanente entre 1830 et 1860.

Face à la dureté des exploitations (corvées et tribus de toute sorte), les paysans locaux vont s’enfuir et se mettre en situation d’insurgés appelés « fahavalo ».

Des razzias et de contre razzia vont opposer l’administration Merina à des fahavalo dans l’Ouest et le Sud de l’île.

On peut dire que le phénomène d’insécurité a accompagné tout le règne du Ranavalona 1 èr . A partir du règne de Radama II (1860), la période a été marquée par une certaine accalmie.

2-L’insécurité à la fin du 19 èmè siècle.

Face à la pression Française en 1880, le royaume Merina est obligé de renforcer les prestations populaires. Le phénomène de banditisme et de vol de bœufs ont donc repris. Ce phénomène a atteint presque la partie Ouest et le Sud du pays. On n’a plus employé le nom de fahavalo mais plutôt de jirika 6(les pillards).Cela montre qu’on ne pense plus à des personnes de l’extérieure mais de mauvais gens de l’intérieur.

B-Le vol de bœufs pendant la colonisation.

Il convient de voir successivement les manifestations des vols de bœufs et les mesures prise par l’Administration coloniale.

6 RASAMOELINA Henri, « Etat, communautés villageoises et banditisme rural – Exemple du vol de bœufs dans la Haute Matsiatra, Madagascar », thèse de doctorat en sociologie et sciences politiques, 2000, 488 pages. Consultable aux Archives nationales de Tsaralalana, Antananarivo.

7

Problème de l’insécurité rurale liée au vol de bœufs .Cas du District de Betioky-Sud. ______

1-La manifestation du vol de bœufs.

Dans la colonisation, les paysans connaissent une situation difficile depuis 1930 avec la construction de routes, la crise agricole et les réquisitions des personnes. En effet, le phénomène duvol de bœufs réapparait dans l’Ouest et le Sud de l’île.

A cette époque, le vol de bœufs, en recrudescence galopante, a eu le caractère d’un fléau. Ce phénomène est devenu une affaire courante dans les jugements des tribunaux.

Les vols de bœufs sont accompagnés aussi tous les mouvements insurrectionnels. Même après l’arrêt de l’insurrection de 1947, ces phénomènes ont encore continués surtout dans l’Ouest de la grande île.

2-La mesure prise par l’administration coloniale.

Les solutions prises sont donc l’envoi de soldats ou de gendarmes dans les campagnes afin de poursuivre les malfaiteurs. Notons que les sanctions judiciaires prévues par l’article 388 du code pénal de cette époque ont été l’emprisonnement de 2 à 5 ans.

Pour les mesures préventives, l’administration coloniale a organisé la gestion de bovidés, entre autre la mise en œuvre du passeport pour la circulation de bovidés (Arrêté du 20 Aout 1912), l’organisation de recensement (Arrêté du 7 Mai 1921) et la règlementation du marché de bestiaux (Arrêté du 16 Octobre 1945) 7.

C- Le vol de bœufs après l’indépendance.

Pour mieux comprendre l’évolution des vols de bœufs, il est nécessaire de voir dans les faits, les mesures prises et les significations du vol de bœufs.

1- Les faits.

Les évènements politiques de 1972 ont favorisé à nouveau le vol de bœufs. Apparu comme étant desphénomènes isolés au début, le vol de bœufs s’est généralisé en prenant un caractère de plus en plus violent et meurtrier.

Au début, c’est en 1971 que le phénomène a commencé dans la province de Tuléar. En 1973, le phénomène a touché la province de Fianarantsoa, le Moyen Ouest de Madagascar. A partir de 1980, le phénomène « dahalo » ou « malaso » a fait rage à Madagascar,

7RAZAFIMAHEFA Tsaralaza, « renforcement de contrôle en matière de blanchissement de bovidé. Cas du District d’Ambatofinandrahana », Mémoire de fin d’étude, ENAM, Avril 2012, p 6.

8

Problème de l’insécurité rurale liée au vol de bœufs .Cas du District de Betioky-Sud. ______

la crise économique est venue frapper durement Madagascar 8 . C’est dans cette situation que le vol de bœufs s’est généralisé. Toutes les provinces sont touchées. Et de surcroît, le vol de bœufs a pris un visage très meurtrier avec l’utilisation d’arme de guerre.

Notons que le vol de bœufs s’est atténué pendant toute la durée du mouvement populaire de 1991 et même en 1992, au début de la transition. On a aussi remarqué une répression des vols de bœufs entre 1996 à 1999. Mais ce phénomène ne s’arrête pas et perdure toujours jusqu’à nos jours.

Tableau de Statistique de cas de vols de bœufs (1994 à 2000)

Année Mahajanga Toliary Fianarantsoa Antananarivo Toamasina Antsiranana Total

1994 1294 907 461 550 236 147 3 595

1995 1600 1470 651 541 215 170 4 647 1996 1647 621 598 650 162 213 4 194 1997 1143 1121 561 570 123 132 3 587 1998 1188 1296 604 394 140 166 3 788 1999 1201 871 473 368 130 154 3 197 2000 1661 729 825 503 221 163 4 102

Source : Gendarmerie Nationale

Ce tableau montre qu’il y a une régression des vols des bœufs entre 1996 et 1999. On remarque aussi que les localités le plus touchées sont les provinces de Mahajanga et Toliara.

2-Les mesures prises.

Les Dina ou la convention collective, c’est en 1971 qu’on a étendu le Dinan’iSakaraha au Fivondronana limitrophes de province de Toliara. Face aux abus et à l’enrichissement rapides de responsables de Dina, l’Etat a décidé, en 1979, de la supprimer.

En dépit de cette position de l’Etat, les Dina continueront à réglementer les vols de bœufs, parfois dans la violence et le sang. A ce titre, on peut citer le Dina Rebotika appliqué à Fianarantsoa de 1982 à 1983 et les exécutions sommaires ont été appliquées.

Quant aux opérations sporadiques, les responsables ont décidé d’effectuer la première opération militaire qu’on a dénommée « opération Ikalamavony » en 1974.

8 RASAMOELINA Henri, « Le retour à une insécurité rural larvée », Lakroan’i Madagasikara du 12 Mars 2000, p 5. 9

Problème de l’insécurité rurale liée au vol de bœufs .Cas du District de Betioky-Sud. ______

La majorité du pays a été touché, à savoir les provinces de Toliara, Fianarantsoa,

Antananarivo et Mahajanga. La deuxième opération militaire a été en cours des années

1986,1987 et 1988. Il s’agit des opérations dites Tsimindaymody , Diamanga , Tsimitsitsy 9. Ces opérations ont touché l’ensemble de la grande île.

Dans le cadre des actions des tribunaux, l’ordonnance du 23 Aout 1975 relative à la répression des vols de bœufs place sous mandat de dépôt des prévenus sans possibilités de mise en liberté provisoire. La procédure judiciaire a été également renforcée par la mise en œuvre de l’ordonnance n°75-015 du 17 Mai 1976 qui stipule que : « la cours criminelle spéciale est compétente pour statuer les mineurs, âgés de moins de dix-huit ans au moment de la commission de fait qui leurs sont reprochés.»

En ce qui concerne la gestion des bovidés, l’Etat a publié le Décret n° 82-3 87 du 17 Septembre 1982 relatif au recensement, à la circulation et à la commercialisation de bovins. Il s’agit de la refonte de la gestion de bovidés.

Depuis 1997, l’embargo de la viande malgache sur le marché de l’Union Européenne a conduit l’Etat à réviser la gestion de la filière bovine. En 2005, un système de traçabilité est institué à travers le Décret n°2005-503 du 26 Juin 2005 relatif au recensement, à l’identification, à la circulation et à la commercialisation des bovins.

§2- La dimension socioculturelle de vol des bœufs. En théorie, le vol de bœufs se présente sous diverses formes selon les us et coutumes pratiqués par différentes société malgaches. Concernant la dimension socioculturelle de ce phénomène, la société Bara en est l’exemple par excellence 10 .

I- Le vol de bœufs spécialement dans la société pastorale Bara. Les Bara se désignent eux-mêmes comme Baralahy «Un vrai homme Bara» c‘est-à-dire forts, à l’instar sans doute des anciens chasseurs collecteurs, dont un proverbe a immortalisé l’image : « Nyhalatsytsindrokinynymahery »: « le vol (de bœufs) est la forme de cueillette seule digne des forts »11 comme a écrit

9RAZAFIMAHEFA Tsaralaza. op.cit.p 8. 10 Parmi ceux qui considèrent les facteurs culturels, on peut citer L. Michel, spécialiste des Bara, E. Mamelomana, qui a analysé la psychologie du vol de bœuf, P. Nakany, un Bara, qui étudie sa société, A. Randrianjafizanaka, qui a fait des recherches sur la Convention de , et enfin, les plus récents, L.P. Randriamarolaza et J.M. Hoerner, qui a écrit sur Le vol de bœufs dans le Sud malgache. 11 RANDRIAMAROLAZA Louis Paul, « Elevage et vol de bœufs en pays Bara : la dimension socioculturelle », in Recherche pour le Développement-série Science de l’Homme et de la société, N° 1, Premier semestre 1986, p. 87 10

Problème de l’insécurité rurale liée au vol de bœufs .Cas du District de Betioky-Sud. ______

RANDRIAMAROLAZA Louis Paul.

A une époque plus reculée, dans la culture Bara, voler de bœufs constituait même pour les jeunes hommes un acte de bravoure et la meilleure preuve de virilité doublée de débrouillardise pour attirer l’amour des femmes ou pour pouvoir demander leur main avec plus de succès 12 .

Cette coutume est encouragée par la société car la règle est la suivante : « Il faut voler des bœufs pour vivre » 13 ; donc il faut être fort physiquement et moralement comme recommande la tradition Bara.

II- Le vol de bœuf dans la société pastorale Tanosy et Mahafale.

Comme dans la société pastorale Bara, le phénomène de vol de bœufs dans le District de Betioky-Sud a aussi une cause coutumière. Les enfants ou les jeunes hommes volent des bœufs pour prouver aux yeux de la société qu’ils deviennent « Fatratse » (des hommes accomplis). Ils ne sont pas des femmes, ils ne sont plus des enfants ou de petits enfants. Ensuite, devenir voleur de bœufs est une garantie pour, non seulement le père, mais aussi, pour la famille.

Pour les Tanosy de l’Avaradrano de District de Betioky-Sud, avoir un enfant ou un jeune homme « malaso » ou « Ga », membre de la famille, est une garantie contre les attaques des « malaso » ou des « Ga » 14 .

La tranquillité de la vie et la fierté de la famille sont assurée pour celui qui a un fils « malaso » . La société villageoise a peur de lui. Il faut éviter d’être son ennemi. Le mieux serait de devenir son ami pour éviter l’attaque de son fils « malaso » . Les seuls soucis de celui qui a un fils « malaso », ce sont les forces de l’ordre : Police- Gendarme-Militaire.

III- Les autres concepts de vol de bœufs.

Le vol de bœufs , qui non seulement, pratiqué par les Bara mais encore par d ’autres sociétés convergent au bon nombre d’intérêt tels que :

12 IMBIKI Anclet, « Le « Fokonolona » et le « Dina » Institutions traditionnelles modernisées au service de la Sécurité publique et de la Justice populaire à Madagascar », Edition Jurid’Ika, Mai 2011, p 79. 13 Par contre les hala-botry, « vols mignons », sont méprisés, voire sévèrement punis. 14 NAHORY Faminah, « Le vol des bœufs dans le district de BetiokySud », http://faminah.blogspot.com du 22 Septembre 2011

11

Problème de l’insécurité rurale liée au vol de bœufs .Cas du District de Betioky-Sud. ______

− L’accumulation de richesses Pour augmenter le nombre du troupeau qui marque la richesse d’une famille ou d’un groupe clanique, le vol des bœufs est le moyen artificiel le plus rapide parallèlement à son accroissement naturel et lent. Un riche propriétaire de bœufs est par ce fait même un notable écouté dans le fokontany, dans la commune, et même dans la région son avis est presque systématiquement demandé pour la recherche de solution dans les affaires sensibles de la localité. S’il ne se fait pas lui-même désigné candidat, son influence est déterminante pour le choix des candidats du parti gouvernemental et pour orienter les élections.

− Les prestations sociales à l’occasion des rites

Le phénomène des vols de bœufs peut-être également le résultat de l’existence des rites religieux comme le mariage, la circoncision, les funérailles. Dans tous ces cas, un ou des zébus doivent être sacrifiés.

En fait, le bœuf est le compagnon de l’homme dans les circonstances joyeuses et douloureuses de sa vie : naissance, circoncision, mariage, alliances, adoption, héritage, le « savatse », le « bilo » ainsi que pour la faute grave, la maladie et surtout la mort.

− L’épargne

L’élevage de bœufs est aussi un moyen d’épargne pour les éleveurs malgache. De ce fait, les paysans réservent les bœufs pour les charges extraordinaires ou imprévus : maladies, construction de tombeau, affaires de justice, grosses dettes...

Ainsi comme a écrit ESOAVELOMANDROSO Manassé, « le troupeau, pour un éleveur malgache, non seulement, permet d’assurer la subsistance familiale grâce à ces multiples produits, mais encore d’honorer ses obligations sociales auxquelles le bœuf constitue la meilleure condition du maintien de la cohésion sociale » 15 .

15 ESOAVELOMANDROSO Manase, « L’élevage dit traditionnel est-il un frein au développement ? (l’exemple de l’élevage Mahafale dans le Sud-ouest) » in Recherche pour le Développement, série-Science de l’Homme et de la Société, N°1 Premier semestre 1986, Antananarivo. 12

Problème de l’insécurité rurale liée au vol de bœufs .Cas du District de Betioky-Sud. ______

§3-Le régime juridique du vol de bœufs.

Les lois et règlements en vigueur voient aussi ce même phénomène sur un autre angle contrairement aux conceptions du vol de bœufs citées ci-dessus.

Dans tous les cas, le vol, dans le Code Pénal malgache constitue une infraction instantanée. Ainsi, toute tentative de crime de vol est punissable en vertu de l’Article 2 du Code pénal.

En matière d’ordre juridique, le vol a ses éléments constitutifs.

I-Les éléments constitutifs de vol.

− L’élément légal

L’élément légal suffisant pour constituer une infraction de vol, quelque soit les formes, est prévu par les articles suivants de Code Pénal malgache : Article 379, ainsi que les articles 381 à 386.

En effet, l’Art. 379 du Code Pénal stipule que « quiconque a soustrait frauduleusement une chose qui ne lui appartient pas est coupable de vol »

Puis, l’Art.388 du Code Pénal dispose encore que « quiconque aura volé ou tenté de voler dans les champs, des animaux domestiques ou des instruments d’agriculture sera puni d’un emprisonnent d’un an au moins et cinq au plus... » .

− L’élément matériel

Matériellement, l’infraction de vol est commise, après avoir soustrait une chose appartenant à autrui.

En outre, il faut que la chose soit susceptible d’un déplacement comme un meuble par exemple. En effet, dans l’ordre juridique du code pénal malagasy, il y a deux catégories de choses qui n’appartiennent pas à personne :

- Les resnullius : chose n’ayant jamais appartenu à personne et n’appartenant à personne (animaux sauvages vivant dans la forêt).

- Les resderelictae (chose volontairement abandonnées par leurs anciens maître et peuvent être appropriées par ceux qui les récupèrent).

13

Problème de l’insécurité rurale liée au vol de bœufs .Cas du District de Betioky-Sud. ______

− L’élément moral La soustraction de la chose d’autrui ne constitue un vol que si elle est frauduleuse. Cette soustraction frauduleuse recouvre deux notions :

- volonté de soustraire au propriétaire ;

- intention de s’approprier la chose, d’en disposer librement.

II- La qualification du vol de bœufs dans la législation malagasy actuelle.

Le texte de base relatif à la répression des vols de bœufs est l’ordonnance n° 60-106 du 27 septembre 1960. Il distingue, d’une part, le crime de vol simple jugé par les Tribunaux de Première Instance (TPI) et puni de cinq à vingt ans de travaux forcés, d’autre part, le crime de vol aggravé jugé par les cours criminelles spéciales et passible de la peine de mort ou de travaux forcés à perpétuité. Ainsi,l’ordonnance du 27 septembre 1960 donne la qualification de crimes aux vols de bœufs 16 . Ainsi criminalisés, les vols de bœufs sont punis sévèrement. Pour la lutte contre les voleurs de bœufs, on utilise ainsi des dispositions dérogatoires sur des points parfois essentiels au droit commun. La volonté du législateur malgache est évidente : il s’agit de renforcer la répression de ce genre de méfaits, en prévoyant des peines sévères pour le vol de bœufs aggravé : la mort, les travaux forcés à perpétuité, les travaux forcés à temps accompagnés d’interdiction de séjour. Pour rendre des verdicts aussi spéciaux, il faut des formations particulières appelées cours criminelles spéciales. 17

L’histoire montre que les pouvoirs successifs ont essayé de lutter contre le vol de bœufs mais le phénomène s’intensifie de plus en plus. Denombreuses originessont à la source de la recrudescence du vol de bœufs.

16 Article premier de l’ordonnance n°60-106 du 27 septembre 1960 relative à la répression des vols de bœufs.

17 Ces cours criminelles spéciales sont établies au siège des tribunaux de première instance. La cour criminelle spéciale est composée de sept (7) membres, dont le président du tribunal de première instance ou tout autre magistrat désigné par le premier président de la cour d’appel, et six (6) assesseurs ayant voix délibérative. Les six assesseurs sont répartis pour un tiers des éleveurs de bœufs, pour un tiers de non-éleveurs de bœufs, pour un tiers des citoyens domiciliés en dehors de la sous-préfecture (district) du siège de la juridiction compétente. Des listes annuelles d’assesseurs aux cours criminelles spéciales sont établies selon des conditions déterminées par un décret.

14

Problème de l’insécurité rurale liée au vol de bœufs .Cas du District de Betioky-Sud. ______

SECTION 2 : LES ORIGINES DE LA RECRUDESCENCE DU VOL DE

BŒUFS

§1- Les principaux facteurs de la recrudescence de vol de bœufs.

Il existe de nombreuses causes à l’origine du vol de bœufs. De ce fait, il serait plus raisonnable de simplifier la question par l’analyse successive des facteurs tant bien socio- économique que politico-administratif.

I- Les facteurs socio – économiques. Les problèmes socioéconomiques pendant les crises politiques et économiques (crises politiques des années 2002 et 2009) ont changé la mentalité et ont transformé les vols de bœufs en un phénomène « Dahalo » dont les principales causes sont les suivantes : corruption et les trafics illégaux 18 , les disparités sociales et économiques, la volonté de survivre des pauvres et des chômeurs, l’abus de l’alcool et des stupéfiants.

A la suite de ces diverses crises économiques, le vol de bœufs s’est transformé en vol de récoltes et de petits troupeaux de bœufs.

II- Les facteurs politico-administratifs. Actuellement, les voleurs de bœufs ne sont plus seulement les dénommés «malaso», voleurs de bœufs mais encore des différentes catégories des personnes qui collaborent de près ou de loin comme étant complices avec les voleurs de bœufs.

Il s’agit d’abord des voleurs proprement dits, c'est-à-dire les auteurs directs de l’infraction ; puis des personnes connues comme « patrons »ou « dahalo au col blanc ». Certaines personnes dépositaires de l’autorité publique ou chargée de service public, desagents de la force publique, certaines personnes investies d’un mandat électif public et même des personnels de justices corrompues accentuent le phénomène de vol de bœufs 19 .

18 RAMAMBAZAFY Jeannot. « Madagascar: Dahalo ou le phénomène cyclique de plus en plus meurtrier ».http://www.madagate.com du Jeudi, 06 septembre 2012.Source principale : « Le vol de bœufs en pays betsileo » - Henri RASAMOELINA, Politique africaine N° 52, Juin 1991. 19 En 1985, J. de Barrin écrivait que les bandits bénéficient ... d’évidentes et de solides complicités, à différents échelons de la hiérarchie civile et militaire, qui leur permettent de voir grand. D’où ce florissant trafic de bêtes à cornes, exportées clandestinement vers les Comores, Maurice et la Réunion, ou acheminées tout aussi subrepticement vers les abattoirs de Tananarive. 15

Problème de l’insécurité rurale liée au vol de bœufs .Cas du District de Betioky-Sud. ______

La persistance de la corruption à partir des chefs hiérarchiques jusqu’aux subordonnés des Agents de l’Etat, provoque des effets négatifs au bon fonctionnement de l’Administration.

Il arrive également que la cause de ce phénomène est due à des éxactions ou des faits considérés comme insupportables par certaines couches de paysannes et la non prise en compte de leurs problèmes. « Cela peut venir quand l’Etat centrale est trop faible ou trop loin et que les autorités judiciaires et militaires locales en profitent alors pour exploiter sans vergogne la population rurale ou au contraire trop oppressif et ne prend pas en compte les besoins des gens »20 .

Aux causes immédiates comme les rivalités paysannes de toutes sortes qu’on peut connaître à travers les enquêtes policières et judiciaires, RASAMOELINA Henri souligne bien dans son ouvrage que, malgré ces nombreux facteurs de la recrudescence du vol de bœufs, la cause la plus profonde est politique ; « le vol de zébus est aussi une forme d’expression politique d’un monde qui ne peut pas exprimer directement son mécontentement »21 . Par conséquent, ce phénomène provoque des effets néfastes.

§2- Les effets du vol de bœufs.

Sur l’ensemble du territoire malgache et au niveau local de chaque Région (District ou Commune), les effets de vol de bœufs ne sont pas les moindres que ce soit sur l’économie, sur la vie sociale que sur le fonctionnement de l’Administration. Tout cela conduit par conséquent à une insécurité généralisée.

I- Les effets socio-économiques. Les vols de bœufs ont provoqué une forte tendance à la récession. Des constatations ont été faites et ont abouti au fait que pendantchaque phase de recrudescence du vol de bœufs s’accompagne d’une diminution de nombre annuel des bovidés. Ainsi, il existe un véritable lien de cause à effet entre le vol de bœufs et l’élevage bovin dans les périodes de crise 22 . En effet le concours vers une accumulation rapide et rentable pour les éleveurs et

20 RASAMOELINA Henri. « Les autorités et la population doivent s’écouter ».http://www.newsmada.com .2011. 21 RASAMOELINA Henri, Op.cit. P 7. 22 JAO Patricius. « Henri Rasamoelina : « Les autorités et la population doivent s’écouter ». http://www.newsmada.com .2011.

16

Problème de l’insécurité rurale liée au vol de bœufs .Cas du District de Betioky-Sud. ______

les commerçants provoque la tentation de se plonger dans l’acte de vol de bœufs et de ce fait les parcs de bœufs dans les villages sont les plus victimes.

A-Les effets sur l’agriculture.

Par la recrudescence de vols de bœufs et des récoltes surtout au moment de crise économique, les paysans agriculteurs tendent à abandonner leur terre et habitats ruraux isolés et presque ravagés par les malfaiteurs 23 .

L’insécurité provoqueaussi de perpétuelles inquiétudes chez les paysans éleveurs, en gardant à plein temps leurs bœufs au parc, face aux menaces des « dahalo » dans les villages. D’où, la baisse de production à cause de la peur et l’insuffisance des moyens humains et matériels travaillant dans les champs.

De ce fait, les paysans rencontrent une grande famine ainsi que des vols de récoltes sur pied.

B-Les effets sur l’enseignement et la santé.

* Fermeture d’écoles : Les vols de bœufs ont causé l’augmentation continue des écoles fermées à la suite du degré d’atrocité du phénomène de vol de bœufs notamment dans les milieux ruraux ;

* Diminution des effectifs scolaires : la diminution en nombre des élèves ainsi qu’en qualité d’enseignement a suivi de près également l’évolution des vols de bœufs à cause de l’insécurité de peur d’être attaqué ou tué par les « dahalo » qui sont souvent armés.

L’insécurité publique entraînée par les menaces, les bruits accompagnés par les vols de bœufs provoquent des inquiétudes, des stress aussi bien pour les paysans éleveurs et cultivateurs que l’ensemble de la communauté villageoise.

Le manque des sommeils, l’anxiété conduisant aux troubles psychiques de la population locale résultent des difficultés sur l’affectation des fonctionnaires dans les milieux ruraux.

23 En Septembre 2013, la population de la commune de du District d’ s’immigre à Tuléar pour fuir les actes de banditismes. 17

Problème de l’insécurité rurale liée au vol de bœufs .Cas du District de Betioky-Sud. ______

II- Les effets politico-administratifs.

Devant l’impuissance de l’Etat sur la prévention et la répression pour atténuer l’insécurité et les atteintes à l’ordre public, l’Administration en est découragée dont les formes se manifestent d’une manière à l’autre.

A-La détérioration des relations entre Etat et peuple.

Vu la recrudescence aigue des vols de bœufs, le peuple a tendance à se méfier de plus en plus d’un Etat incapable de faire face aux « dahalo » ; à tel point qu’ils sont tentés à choisir la complicité avec les malfaiteurs à l’intervention étatique. Cette situation déplorable donne de mauvaises images non seulement à l’Administration mais surtout aux certains dirigeants de l’Etat qu’on nomme aujourd’hui les « dahaloambonylatabatra », ou bandits de bureau 24 .

De ce fait, les paysans manifestent leurs mécontentements contre l’Etat en s’adonnant au banditisme pour semer le désordre 25 .

B-La sous-administration comme résultats de l’insécurité rurale.

Comme ce qui a été évoqué antérieurement, l’accentuation de l’insécurité rurale en matière des vols de bœufs résulte extrêmement les difficultés d’affectations des fonctionnaires : ceux qui sont sur place veulent partir et quitter ces milieux ruraux exposés par les actes des « dahalo » ; par contre, les nouvellement nommés affectés refusent d’y prendre place.

Ainsi, la sous-administration ne fait que s’accentuer c’est-à-dire que les postes vacants augmentent dans les milieux ruraux, les rentrées fiscales diminuent et enfin la corruption des subordonnés non contrôlés se multiplie.

Le phénomène du vol de bœufs ont des différents contextes et facteurs dans le temps et dans l’espace de la grande île. La recrudescence de ce fléau conduit l’Etat malgache à rechercher la meilleure gestion de la filière bovine et de trouver des différentes mesures.

24 RAMAMBAZAFY Jeannot .op.cit. p 14. 25 RASAMOELINA Henri. op.cit. p 7. 18

Problème de l’insécurité rurale liée au vol de bœufs .Cas du District de Betioky-Sud. ______

CHAPITRE II : LA GESTION, LES PROCEDURES DANS LA FILIERE BOVINEET

LES DIFFERENTES MESURES DE LUTTE CONTRE LE VOL DE BŒUFS.

SECTION 1 : LA GESTION DE LA FILIERE BOVINE.

L’élevage et la commercialisation de bœuf obéissent à une gestion bien déterminée par les règlementations en vertu du Décret N° 2005-503 du 23 juillet 2005.

§1-Les recensements et l’identification des bovins.

I-Les recensements des bovins.

Selon l’Article 1 de ce présent décret, le recensement des bovins est effectué chaque année à compter du 1 er septembre dans tous les Fokontany par les soins des Chefs des Fokontany avec la participation des membres du Comité du Fokontany.

De ce fait, tout propriétaire doit obligatoirement présenter au recensement son troupeau de bœufs ou en faire une déclaration écrite qui doit contenir tous les renseignements conformément à ceux indiqués dans la Fiche individuelle de bovin auprès des autorités de son Fokontany.

Il est délivré à chaque propriétaire ou éleveur un cahier de contrôle ( bokin’omby ) où sont inscrits les bœufs déclarés avec les renseignements les concernant.

La possession par l’éleveur de bovins du cahier de contrôle ( bokin’omby ) est obligatoire.

Et ce dernier est côté et paraphé par le Chef d’Arrondissement territorialement compétent.

Il est établi en trois exemplaires dont le premier exemplaire est pour l’intéressé, le deuxième est à conserver au Fokontany et le dernier est à conserver au niveau de l’Arrondissement Administratif.

Pour pouvoir bien maîtriser la gestion et le contrôle de la filière bovine, toute modification intervenue dans la composition du cheptel au cours de l’année (naissance, mortalité, achat, donation, échange, vente, abattage, vol) doit être déclarée au Chef Fokontany dans un délai d’une semaine pour être inscrite dans le cahier de contrôle (« bokin’omby »).

19

Problème de l’insécurité rurale liée au vol de bœufs .Cas du District de Betioky-Sud. ______

Par la suite, le Chef Fokontany porte les mêmes renseignements dans le cahier de contrôle (« bokin’omby ») qu’il détient après avoir fait effectuer le contrôle par le Comité du

Fokontany ou par des gens légalement commissionnés par lui ou sous sa propre responsabilité.

II- L’identification des bovins : la FIB (Fiche individuel de bovidé).

La FIB sert de document d’identification qui accompagne les bœufs avec le « bokin’omby », le passeport et complément de passeport, en remplacement du certificat de vaccination et du COB 26 . De ce fait, tous les bœufs dépourvus de la FIB sont considérés comme animaux de provenances douteuses.

Cette FIB est la carte d’identité qu’un bovin doit normalement avoir dès la naissance jusqu’à sa mort. Pour l’instant, la FIB est utilisée dans le cadre spécifique des transactions, c’est-à-dire que le zébu n’aura sa fiche qu’une fois vendu.

Madagascar a mis en place une nouvelle fiche individuelle de bovin (FIB) depuis le début du mois de juillet 2013 afin d’assainir la filière zébu. Actuellement, l’utilisation de ces fiches est effective, selon le ministère de l’Elevage. Les anciennes fiches 27 ne sont donc plus valables depuis le 14 août 2013 et doivent être détruites par les agents responsables du ministère de l’Elevage avec l’aide du ministère de l’Intérieur dans tout Madagascar.

Cette décision du ministère malgache de l’élevage a été initiée suite à la recrudescence du vol de bœufs accompagnée de tuerie d’hommes dans la partie sud et sud-est de Madagascar depuis l’année 2012 28 . Ainsi la circulation des cheptels sera mieux maîtrisée, de même que le contrôle de la viande avant et après l’abattage.

Par ailleurs, le ministère de l’Intérieur et le ministère de l’Elevage ont signé un accord de partenariat pour une meilleure utilisation de cette nouvelle fiche.

A la différence avec les anciennes fiches, cette nouvelle possède un hologramme infalsifiable et comporte entre autres le numéro national d'identification, le sexe, le type racial et l'âge de l'animal ; les signes distinctifs et la robe ; les éleveurs et propriétaires successifs, la signature du chef d'Arrondissement de la Commune concernée ainsi que le certificat sanitaire de l'animal.

26 Art 08 du décret n° 2005-503 du 26 Juillet 2005. 27 La FIB a déjà utilisé en vertu du décret 2005-503 du 23 juillet 2005. Cette ancienne fiche a été destinée aux bovins en transaction et aux bovins soumis au système de zonage par l’autorité vétérinaire nationale. 28 DIMISOA « Filière bovine : l’utilisation de la fiche individuelle est effective », http://www.newsmada.com du vendredi 07 Février 2014. 20

Problème de l’insécurité rurale liée au vol de bœufs .Cas du District de Betioky-Sud. ______

§2-La circulation et la commercialisation des bovins.

I-La circulation des bovins.

Les itinéraires officiels des troupeaux de bœufs de commerce et de transhumance dénommée « pistes à bétail » sont fixés par arrêté régional, sur proposition des Chefs de District et des Maires concernés.

A-Les procédures à faire pour les bœufs de transhumance et de commerce.

L’arrêté régional précise le lieu de départ, les itinéraires obligatoires, le lieu et la nature de destination des troupeaux de bœufs, les marchés à bestiaux et les lieux de transhumance

A cet effet, sont considérés comme animaux de provenance douteuse tous bœufs de commerce et de transhumance sans Fiches individuelles de bovin et/ou dont les déplacements se font en dehors des itinéraires obligatoires indiqués par l’arrêté régional.

Les agents de contrôle compétent exercent des contrôles sur n’importe quel lieu des itinéraires officiels. A cet effet, les convoyeurs de troupeaux sont tenus de présenter les documents d’accompagnement afférent à la circulation des bœufs.

B- L’interdiction de la circulation pendant la nuit.

A titre d’exception, il est interdit de faire déplacer les troupeaux à partir de dix-huit heures du soir jusqu’à cinq heures du matin. Les animaux doivent se reposer au campement durant la nuit et poursuivre le déplacement la levée du jour.

II- La commercialisation des bovins.

Il est disposé dans le présent décret dans l’Article 19 que le commerce du cheptel bovin ne peut avoir lieu que sur les marchés dits « marchés contrôlés des bœufs ».

Toutefois, les propriétaires d’animaux peuvent effectuer la transaction à domicile uniquement pour les animaux destinés aux cérémonies traditionnelles et coutumières après accord du Chef Fokontany suivant les modalités qui seront fixées par des textes règlementaires.

La liste et l’emplacement, les normes à respecter et les horaires d’ouverture et de fermeture des marchés contrôlés des bœufs sont fixés par arrêté provincial sur proposition des Maires.

21

Problème de l’insécurité rurale liée au vol de bœufs .Cas du District de Betioky-Sud. ______

A cet effet, le marché contrôlé des bœufs doit comprendre une aire clôturée en rapport avec la capacité journalière des animaux présentés et les activités exercées, des dispositifs nécessaires d’entrée et de sortie, des locaux de travail en nombre suffisant, des couloirs de triage et des parcs d’attente.

Il doit en outre disposer d’un système d’approvisionnement en eau potable pour le bétail. Toutes dispositions doivent être prises pour éviter l’intrusion d’autres animaux dans l’aire du marché contrôlé.

Concernant la gestion des marchés contrôlés des bœufs, celle-ci est confiée aux Communes qui en assurent l’entretien et le gardiennage conformément aux lois et règlements en vigueur. Le marché contrôlé des bœufs donne lieu à perception de redevances ou droits et taxes suivant les modes et taux arrêtés par les textes en vigueur.

A titre d’exception, seuls les bovins pourvus de fiche individuelle en bon état de santé, régulièrement vaccinés, identifiés par le port de boucles réglementaires, peuvent fréquenter les marchés contrôlés de bestiaux.

Nonobstant les dispositions de l’article 15 de ce présent décret (« sont considérés comme animaux de provenance douteuse tous bœufs de commerce et de transhumance sans fiche individuelle de bovin et / ou dont les déplacements se font en dehors des itinéraires obligatoires indiqués par l’arrêté régional »), tout bovin dont la transaction a été effectuée en dehors de l’aire du marché contrôlé de bœufs est également considéré comme animal de provenance douteuse.

Ainsi, les bovins en cause seront saisis par l’autorité de contrôle et mis en fourrière.

Les animaux achetés sur les marchés et ayant déjà été contrôlés sont acheminés directement et sans tarder sur les lieux de destination. De ce fait, aucune transaction ne peut avoir lieu au cours de l’acheminement des bovins.

Pour le contrôle d’achat et de vente des bovins, l’exercice du commerce de ces derniers sur le marché est soumis à l’obtention d’une carte professionnelle délivrée par l’autorité compétente.

Et enfin, les acheteurs patentés devront être munis d’un livre journal de commerce côté et paraphé par le Chef de Région ou le Chef de District du lieu de la patente. Sur ce document seront portés les renseignements contenus dans les Fiches individuelles de bovin ainsi que le prix payé pour chaque animal.

22

Problème de l’insécurité rurale liée au vol de bœufs .Cas du District de Betioky-Sud. ______

SECTION 2 :LES DIFFERENTES PROCEDURES DANS LA GESTION DES

BOVIDES.

§1-La procédure d’acquisition et de vente.

I-La procédure d’acquisition.

Tro is possibilités s’offrent à un éleveur pour entrer en possession d’un bovidé : la naissance, le don et l’achat.

A-L’acquisition à la naissance. Pour qu’un veau puisse être admis comme propriété d’un éleveur, il faut qu’il soit né d’une vache inscrite dans son cahier de recensement de bovidé. A la naissance, l’éleveur doit effectuer une déclaration de naissance auprès d’un (des) Comité(é) et/ou des quartiers mobiles du village ou hameau, puis auprès du Chef Fokontany. Généralement, cette déclaration est verbale.

La pr atique est d’inscrire ce veau dans un carnet visé par le Chef Fokontany dans les 03 mois qui suivent la naissance. Cette inscription doit comporter les éléments suivants :désignation et robe de la vache mère conforme à l’inscription au CRB , désignation du genre du veau, robe du veau et date de naissance.

Pour être valable, cette inscription doit être visée par le Chef Fokontany.

Toujours dans la pratique, le veau est inscrit au CRB au plus tard au cours du recensement suivant sa naissance.

Cette inscription sera visée par le Chef Fokontany et le CAA sur présentation du carnet susvisé.

B-L’acquisition par un don.

Le don de bœuf pour des raisons familiales ou amicales fait partie des us et coutumes des tribus éleveurs. Ce phénomène est fréquent notamment dans le cas de mariage traditionnel (« Hata-baly » ou « Enga »).

Dans une même Commune ou même circonscription administrative, les bœufs objet de « Hata-baly », sont transférés, sans suivre la procédure légale, à la propriété des parents de la fille. Il n’ya pas de Fiche individuelle de bovidé. La pratique oblige simplement la déclaration (verbale ou écrite) respectivement auprès du Chef Fokontany d’origine, de celui de destination, puis au CAA. La déclaration est accompagnée des deux CRB celui du donateur et celui du réceptionnaire. 23

Problème de l’insécurité rurale liée au vol de bœufs .Cas du District de Betioky-Sud. ______

Dans deux circonscriptions différentes, la procédure ressemble à celle de l’achat sauf que l’acte de vente est remplacé par un acte de donation.

C-L’acquisition par un achat.

Pour entrer en possession d’un bœuf, la procédure classique consiste à s’acheter. L’achat de bœuf doit suivre une procédure bien déterminée par les règlementations.

D’abord l’achat doit être effectué seulement dans un marché contrôlé de bovidé.

1- Le marché contrôlé de bœufs.

Le marché contrôlé est institué par arrêté du Président du Faritany sur demande du Maire après délibération du Conseil Communal. Sans être exhaustives, les conditions suivantes doivent être remplies pour instituer un marché contrôlé de bovidé:

- existence de forces de l’ordre pour le maintien de l’ordre et le contrôle des bœufs,

- existence et opérationnalité du CAA,

- existence d’un espace suffisant pour les animaux mis en vente,

- prise de responsabilité de la municipalité dans l’organisation du marché,

- absence d’interaction entre marché contrôlé à proximité.

2- Les documents d’achat.

Après achat d’un bœuf, l’acheteur doit détenir les documents suivants:

- Le Fiche individuel de bovidé (FIB) conforme au bœuf acheté (genre, classe d’âge, robe) délivré par le CAA de la Commune d’origine ;

- l’acte de vente authentique ou authentifié ou sous seing privé,

- le ticket de marché justifiant que le bœuf a été acheté au marché contrôlé.

3- L’inscription au CRB pour les éleveurs.

Le bœuf acheté n’est pas inscrit au CRB jusqu’au recensement suivant. La possession des documents ci-dessus justifie la propriété. Lors du recensement, le nouveau propriétaire inscrit au CRB (1 er exemplaire) en rajout du report de l’année passée le bœuf acheté (genre, classe d’âge. robe. origine). Il joint les documents d’achat sus cités au CRB lors du visa effectué par le Chef Fokontany qui effectue en même temps la mise à jour du 2 e exemplaire. Les deux exemplaires de CRB sont ensuite envoyés au CAA qui, après avoir 24

Problème de l’insécurité rurale liée au vol de bœufs .Cas du District de Betioky-Sud. ______

mis à jour le 3ème exemplaire. Le CAA arrête le nombre de bovidés dans le CRB

(pour les 03 exemplaires).

4-L’inscription aux passeports pour les commerçants de bestiaux.

Après achat au marché, les bœufs achetés doivent être inscrit au passeport de bovidé pour les professionnels du commerce de bestiaux. Avec les documents d’achat sus cités, le CAA établit le passeport permettant le déplacement des bœufs.

Le passeport est une liste, comprenant toutes les informations sur les bœufs achetés (genre, classe d’âge, robe. boucle), les dossiers d’achat, le point de départ, l’itinéraire et la destination prévue. Le passeport est un imprimé classé valeur fiduciaire et géré comme tel. Toutefois, des rajouts par des papiers standard (vélin 21 x 29.7) sont effectués pour les achats effectués en cours de l’itinéraire (compléments de passeport).

Outre les passeports, les commerçants sont tenus d’inscrire les bœufs achetés dans un livre journal côté et paraphé par le CAA. Le livre journal doit être présenté au CAA compétent à chaque transaction.

II- La procédure de vente.

Le commerce de bovidé ne peut avoir lieu que sur les marchés contrôlés de bœufs. La vente de bœuf se matérialise par le transfert des documents d’achat cités ci-dessus. Il incombe au vendeur de mettre à la disposition de l’acheteur tous les documents. Les professionnels achètent les bœufs et obtiennent les documents auprès des éleveurs. Lors de la revente, les documents d’achat accompagnent les bœufs et sont transférés aux acheteurs qu’ils soient éleveurs, vendeurs professionnels ou bouchers.

Pour l’éleveur qui vend un ou plusieurs animaux de son troupeau, la procédure est plus complexe.

D’abord, il doit adresser une demande écrite au Chef Fokontany pour vendre un ou plusieurs de ses bœufs. La demande doit mentionner le signalement des bovidés à vendre (genre, classe d’âge. robe, boucle). Lorsque cette demande est visée par le Chef Fokontany, elle devient un «passeport» pour emmener les bœufs au marché.

D’après les règlementations, les documents de vente (ou d’achat) doivent accompagner les bœufs accédant au marché contrôlé. Toutefois, la pratique est très différente.

25

Problème de l’insécurité rurale liée au vol de bœufs .Cas du District de Betioky-Sud. ______

Le bœuf à vendre entre au marché sans aucun contrôle, accompagné du «passeport- pokontany» et le CRB du propriétaire. A la conclusion de la vente, l’acheteur paie une sorte d’avance ( vodiondrimbarotra ). Après, le vendeur (l’éleveur) s’occupe des papiers.

A- La boucle d’identification des bovidés.

La règlementation prévoit qu’une boucle codifiée doit être posée à l’oreille gauche de chaque bœuf à sa première vaccination.

Mais dans la pratique, c ’est lors de la vente que l’éleveur s’en procure. La boucle est achetée chez le vétérinaire qui écrit le numéro avec une encre indélébile et la pose sur l’oreille gauche du bovidé.

B- Le certificat de vaccination.

Le certificat de vaccination est déli vré par le vétérinaire mandataire à l’éleveur.

En effet, l’ éleveur apporte son CRB et le montre au vétérinaire pour que celui-ci vérifie le cachet et /ou la signature du vaccinateur attesta nt l’effectivité du vaccin. Après, l’éleveur paie un prix englobant le prix de la boucle et le coût du certificat de vaccination. Ce prix varie de 1.000 Ar à 5.000 Ar selon la localité. Les recettes sont des recettes propres du vétérinaire mandataire. Généralement, aucun reçu n’est délivré à l’éleveur.

Le certificat de vaccination mentionne le signalement du bovidé ainsi que le numéro de la boucle. Il est délivré en un exemplaire par bovidé.

C- Le certificat d’origine de bovidé.

Le certificat d’origine est un document officiel justifiant l’origine et la possession du bovidé. C’est une valeur fiduciaire gérée par le CAA et pour lequel il est responsable du suivi et de l’emploi. Ce certificat ne doit pas être utilisé actuellement car le nouveau FIB l’a remplacé.

Le certificat d’origine indique, le signalement du bovidé, le propriétaire et sa résidence, le N ° du certificat de vaccination.

Pour l’obtenir, l’éle veur doit apporter le « passeport-pokontany », le CRB (1er exemplaire) et le certificat de vaccination. Le C AA doit d’abord comparer le 1er CRB avec le 3ème exemplaire en sa possession. Ensuite, un marquage sera apporté sur les exemplaires du CRB pour év iter toute répétition.

26

Problème de l’insécurité rurale liée au vol de bœufs .Cas du District de Betioky-Sud. ______

Un COB correspond à un seul bovidé. Il est valable pour trois mois après la date de délivrance. Pour les bœufs effectuant un long voyage de plus de 03 mois, les convoyeurs ou bouviers peuvent renouveler le COB auprès d’un C AA de son itinéraire en présentant tous les justificatifs (COB, Certificat de vaccination, Passeport).

Pour mieux gérer cette filière et pour respecter les règlements, des procédures de contrôle ont été aussi adopté.

§2 –Les procédures de contrôle.

Plusieurs contrôles sont effectués pour faire respecter les règlementations en, matière d’élevage et commercialisation desbœufs et pour prévenir le vol de bœufs.

I- Le recensement annuel et le contrôle sur renseignement.

A- Le recensement annuel.

Un recensement annuel des bovidés est prévu par les règlementations à partir du 01 er septembre de l’année. Il consiste à présenter au Chef Fokontany assisté des membres du Comité du Fokontany le cheptel ou à défaut à lui adresser une déclaration écrite décrivant la composition du cheptel ainsi que le signalement de chaque bœuf le composant. Après, une transcription dans une nouvelle page du CRB du signalement de chaque bovidé appartenant à l’éleveur au moment où le recensement est effectué. Toute nouvelle entrée doit être justifiée (achat, don, naissance). Toute sortie doit correspondre aux sorties déclarées au Fokontany et au CAA.

Dans la pratique, l’éleveur effectue la transcription (s’il est lettré) ou il le fait transcrire par une personne lettrée. Ensuite, il apporte le 1er CRB au Chef Fokontany qui procède à la mise à jour et à la transcription dans une nouvelle page (report) de son exemplaire (normalement, le Chef Fokontany doit connaître le changement intervenu car il doit toujours en être avisé). II peut vérifier sur place l’exactitude des faits déclarés. Après vérification, il appose son visa sur les deux exemplaires de CRB.

Mais l’usage a fait que le recensement n’est pas valable tant que le CAA n’a pas arrêté le nombre de bovidé appartenant à l’éleveur. Aussi, l’éleveur ou le ChefFokontany doit présenter les deux exemplaires du CRB au CAA. Celui-ci, au vu des pièces et de déclarations, et après comparaison des 03 exemplaires, procède à la mise à jour et à la transcription dans une nouvelle page (report) de son exemplaire (le 3ème).Après, il arrête le nombre

27

Problème de l’insécurité rurale liée au vol de bœufs .Cas du District de Betioky-Sud. ______

de bovidés et signe dans chaque CRB. Enfin, chacun reprend l’exemplaire lui revenant.

Le recensement est terminé.

B- Le contrôle sur renseignement.

Ce type de contrôle est exécuté par les forces de police dans le cadre d’une enquête policière, généralement après renseignement sur recel de bœuf volé, Ils se rendent auprès d’une localité où habitent les ou la personne(s) soupçonnée(s). Une comparaison entre les 03 exemplaires de CRB (éleveur. Fokontany, CAA) est d’abord réalisée. Apres, ils effectuent des vérifications de conformité du signalement écrit et du signalement réel bœufs par bœufs (vandamena ou tsiriry ).

L’objectif du contrôle est de vérifier la présence ou non de bovidé suspect (non inscrit au CRB et ne disposant pas de document d’ achat).

II-Le contrôle après vol de bœufs et sur opération.

A- Le contrôle après vol de bœufs.

La procédure est identique à celle prévue pour le contrôle sur renseignement sauf sur deux points :

− Les forces de police sont généralementaccompagnées par les propriétaires des bœufs qui sont munis de passeport de recherche (déclaration de vol auprès des forces de police), avec les membres du fokonolona ( mpagnoridia ); − L’intervention s’effectue généralement aux alentours d’une localité où les traces laissés par les bœufs ont disparu (il n’y a pas de personnes soupçonnées a priori).

B- Le contrôle sur opération.

Sur décision et ordre de mission émanant des autorités supérieures, les Forces de l’ordre se déplacent auprès des éleveurs auprès d’une ou plusieurs circonscriptions (district ou Commune) pour effectu er une vérification exhaustive des bœufs de la localité. Les autorités locales sont avisées au préalable. Les forces de l’ordre se rendent de bon matin auprès des étables ( vala ) pour effectuer la comparaison entre les 03 exemplaires de CRB ainsi que la vérification de conformité du signalement écrit et un signalement oral.

L’opération peut aussi se baser sur une liste préétablie (liste noire) sur renseignement par les autorités locales et le fokonolona.

En parallèle à ces procédures, différentes mesures ont aussi été adoptés étant donné que la lutte contre le vol de bœufs est difficile. 28

Problème de l’insécurité rurale liée au vol de bœufs .Cas du District de Betioky-Sud. ______

SECTION 3 : LES DIFFERENTES MESURES DE LUTTE CONTRE LE VOL

DE BŒUFS.

L’Etat cherche toujours des solutions adéquates pour mieux cerner le problème.Différentes mesures tant au niveau des autorités administratives et locales tant au niveau de la population sont constamment recherchées.

§1- Au niveau des autorités administratives et locales.

Les rôles des autorités administratives et locales sont très importants sur la gestion de la filière bovine afin de prévenir l’éventuel vol de bœufs dans ses circonscriptions administratifs respectifs.

I- Au niveau duFokontany, du CAA,de la Communeet du District

A-Le Fokontany et le CAA.

1- Le Fokontany

Démembrement de la Commune (et à la fois circonscription administrative), le Fokontany incarne l’Administration de proximité pour les citoyens surtout en milieu rural. Il est dirigé par un Président ou Chef, assisté d’un ou plusieurs adjoints et d’un Comité et quelques fois épaulé par des quartiers mobiles.

Le Chef Fokontany assure la possession règlementaire de bovidés par chaque propriétaire. Ilreçoit toutes les déclarations des éleveurs sur les changements de composition du cheptel bovin et en fait compte rendu au CAA à chaque fin du mois et détient un exemplaire (2eme exemplaire) de CRB des éleveurs de sa circonscription.

L’organisation du fokonolona est dirigée et animée par le Chef Fokontany dans l’intérêt de la communautéde bases surtout en matière de sécurité

Avant 2005, il était souvent chargé par les éleveurs d’écrire au CRB les changements dans la composition du cheptel ou simplement le rapport périodique lors des recensements annuels. Depuis la publication du décret 2005-503 du 26 juillet 2005 relatif au recensement, à l’identification, à la circulation et à la commercialisation des bovins, cette tâche semble revenir au Chef Fokontany de droit.

29

Problème de l’insécurité rurale liée au vol de bœufs .Cas du District de Betioky-Sud. ______

2- Le Chef d’Arrondissement Administratif (CAA).

Fonctionnaire du Ministère de l’intérieur, il est responsable d’une circonscription administrative comprenant une ou plusieurs Communes. A tort ou à raison, il prend souvent le rôle de représentant de l’Etat dans les collectivités (Commune) de sa circonscription.

Dans la filière bovidé, il détient un rôle clé dans la gestion administrative de la possession des bœufs. A ce titre, le CAA détient un exemplaire du CRB de chaque éleveur de sa circonscription, il valide et arrête chaque année les reports effectués dans les CRB, constate les nouvelles inscriptions ou inscriptions additives dans les CRB, assure l’homogénéité des informations contenues dans les 03 exemplaires de CRB, certifie la possession et l’origine des bovidés avant toute transaction, déplacement ou transhumance, établit les actes justifiant la possession légale de bovidé de commerce (acte de vente, passeport).

B- Le Maire et le Chef District.

1- Le Maire.

Elu par la population, le Maire est le chef de l’exécutif au niveau de la Commune. Il dispose de l’autorité administrative dans sa circonscription. Il assure l’animation, l’organisation et le développement de sa localité, l’organisation de la sécurité des éleveurs, le libre accès aux pâturages, l’exécution des décisions prises par l’organe délibérant, le recouvrement des recettes communales telles que ristourne, prélèvement, ticket de marché.

Sa relation avec le CAA est seulement fonctionnelle. II n’est ni son chef ni son subordonné. Leur collaboration se limite à l’échange d’information. En matière de bovidé, la Commune doit fournir au CAA les valeurs fiduciaires.

2- Le Chef du District.

a- Le rôle du Chef de district.

Le Chef de District vérifie la délivrance des cahiers de contrôle (« bokin’omby ») par le CAA. Il est à noter que chaque année, pour compter du 1 er septembre, il est procédé dans tous les Fokontany, à un recensement des bovidés par les soins des Chefs Fokontany.

Par ailleurs, le Chef de District vérifie la tenue et la délivrance des fiches d’identification des bovins (FIB) par le CAA ;contrôle la perception des droits et taxes sur 30

Problème de l’insécurité rurale liée au vol de bœufs .Cas du District de Betioky-Sud. ______

les bovins par le CAA ; contrôle la tenue de l’exemplaire du « bokin’omby » par le

CAA ; contrôle l’application des boucles d’oreille dans sa circonscription et comptabilise les

FIB en tant que valeur fiduciaire.

Il propose aussi les pistes à bétails ou itinéraire officielle des troupeaux des bœufs de commerce et de transhumance au Chef de Région.

Enfin, le Chef de District côte et paraphe le livre journal du commerceet contrôle le fonctionnement et la gestion des marchés contrôlés des bestiaux par les communes.

b- Le rôle du Chef de District dans l’OMC.

En vertu du Décret n °84056 du 08/02/84 portant création de l’organisme mixte de conception modifié par le décret n °2002-058 du 29/01/02 et du décret n °2005-012 du 11 Janvier 2005 portant création des Districts et des Arrondissements administratifs, il dispose que « le Chef de District préside l’organisme mixte de conception de son ressort territorial ».

Dans la lutte contre les vols de bœufs, du moins pour les atténuer, à l’échelon de District :

− Le Chef de District préside l’OMC ; − Il peut demander le concours des représentants des différents ministères. L’OMC centralise les informations, analyse la situation, donne des directives générales et réalise les moyens complémentaires essentiels.

En effet, l’OMC fait exécuter ses directives par l’EMMO, dont l’objectif est de viser la coordination et la synergie des actions concertées de sécurisation de différentes entités concernées par la sécurité publique.

II- Le vétérinaire sanitaire et les forces de l’ordre.

A-Le vétérinaire sanitaire.

Dans les localités disposant d’un grand nombre de bovidés, des vétérinaires privés sont mandatés par le Ministère chargé de l’Élevage pour s’occuper de la santé animale surtout bovine. Dans d’autre localité cette mission est assurée par des fonctionnaires relevant du Ministère (Direction de la Santé et Phytosanitaire). Le vétérinaire dispose d’un rôle important dans l’élevage et la commercialisation de bovidé

31

Problème de l’insécurité rurale liée au vol de bœufs .Cas du District de Betioky-Sud. ______par la mise en application de la vaccination systématique (obligatoire) contre le charbon de tous les bœufs de sa circonscription, la pose de boucle pour assurer la traçabilité des bœufs vaccinés et la délivrance de certificat de vaccination avant toute transaction sur les bovidés. B- Les Forces de l’ordre. Les rôles des forces de l’ordre sont à la fois préventifs et répressifs, ils sont chargés d’assurer la sécurité des personnes et de leurs biens (y compris les bovidés) et de veiller à l’application et au respect des dispositions législatives et règlementaires régissant la filière bovidé.

Pour ce faire, ils effectuent des contrôles de régularité de la possession de bovidé à chaque étape de l’élevage et de la commercialisation (à l’étable, au marché, en déplacement, en transaction). Ils constatent les infractions et transmettent les dossiers à la juridiction compétente.

En outre, ils préviennent et signalent toutes les épidémies qui pourraient affecter l’élevage des bovins.

A cet effet, elles transmettent sans délai au département concerné et aux autorités locales, toutes les menaces pesant sur la possession de bœufs.

§2- Le Dina.

I- Le Dina proprement dit.

Le Dina, appelé encore dinam-pokonolona ou parfois fanekem-pokonolona , c’est une « sorte convention collective passée entre les membres de la communauté familiale ou villageoise qui s’impose à tous les membres de la Communauté etdont l’inobservation peut être sanctionnée par des réparations pécuniaires (« vonodina ») ou même par les tribunaux de simple police… »29 . Il fait partie des mesures pour la lutte contre l’insécurité rurale établie sur l’ensemble du territoire de Madagascar.

Plusieurs Dina sont connus depuis l’indépendance dans des différentes régions : le dinan’iSakaraha du 06 août 1960, le dinani’iToliary du 23 août 1975, le dina menavozo depuis le début des années 60, le dinan’nyMpihary depuis 1982, le dinan’nyfandriampahalemana

29 RAHARIJAONA Henri, “ Les Conventions du fokonolona, le Droit malgache et le développement rural », Bulletin de Madagascar n°220, Sept 1964 p.717-718. 32

Problème de l’insécurité rurale liée au vol de bœufs .Cas du District de Betioky-Sud. ______

de septembre 1990, le dina Mampandrytany de 1998, le dinan’nymiraidraiky et le dina tsymanavaky dans les années 1980 30 .

A la suite de la publication de la loi n°2001-004 la 25/10/01 portantrèglementation générale des DINA et de Circulaire n°112-MIRA/SG/DAPMOSP relative au dina et vonodina , la population locale surtout les communautés villageoises ont décidé de prendre en main la sécurité locale par le biais de l’application de Dina et de « sécurité intégrée ».

Les Dina se fondent sur le droit coutumier. La diversité des us et coutumes d’une Région à l’autre entraine quelque différence quant à la pratique et à l’application des Dina.

A côté du maintien des divers rôles traditionnels des Dina, l’on note un renforcement croissant de l’aspect d’auto défense collective. Cette tendance est fonction de l’ampleur et de la brutalité de l’insécurité des personnes et des biens, en zone rurale en particulier.

Tout Dina, avant son homologation par le tribunal et sa publication, doit être conforme aux lois et règlements en vigueur 31 .

II- Les dispositions particulières aux dina relatifs aux vols de bœufs selon la loi 2001-004 du 25 octobre 2001.

A- Le champ d’application des dina aux vols de bœufs.

Selon l’article 29 de la loi n° 2001-004du 25 octobre 2001, les dina relatifs aux vols de bœufs régulièrement adoptés dans les conditions qu’elle prévoit s’appliquent au moins au fokonolona d’un District, et que « dans tous les cas, le Dina adopté dans le lieu où le vol a été commis est applicable de plein droit ». C’est donc le lieu de commission du vol qui détermine le dina applicable et non les lieux du domicile de l’auteur présumé voleur. Ce qui ne manquera pas de poser un problème pratique lorsque le vol de bœufs a été commis dans une localité différente du lieu de perpétration d’infractions pénales connexes (vol précédé ou accompagné de meurtres, d’incendie volontaire d’habitation…).

30 IMBIKI Anclet. op. cit. p14. 31 Article 7 de la loi n° 2001-004 du 25 Octobre 2001 33

Problème de l’insécurité rurale liée au vol de bœufs .Cas du District de Betioky-Sud. ______

B- Les mesures de sécurité relative à la lutte contre les vols

de bovidés.

L’article 29 al. 2 prévoit que « Le Dina doit prévoir des mesures préventives, notamment la surveillance et le contrôle des passages obligés généralement appelés « kizo »32 , le nettoiement desdits passages, la répercussion du signal d’alerte et le pistage des traces afin de faciliter la poursuite des voleurs de bœufs.

Le village qui entend l’alerte a le devoir de la transmettre par tous les moyens et sans tarder aux autres villages ou ceux qui auront failli aux obligations prévenues aux alinéas précédents seront sanctionnés par le Dina ».

Selon l’article 30 de la loi n°2001-004du 25 octobre 2001, tout vol de bœufs doit être déclaré par le propriétaire dans un délai de 48 heures au président du Fokontany qui en saisit immédiatement les autorités compétentes. Le président de Fokontany vérifie si les bœufs déclarés volés sont régulièrement inscrits dans le cahier de contrôle dit « bokin’omby » et délivre au propriétaire une attestation valant autorisation de poursuite.

Par ailleurs, l’application du Dina se rencontre des obstacles suivants sa nature. De nombreuses dispositions des Dina sont en contradiction avec celles du droit pénal. Il y a alors un conflit de compétence entre le Dina et certains règles en vigueur.

Le phénomène de l’insécurité rurale est devenu grave, malgré ces différentes mesures de sécurisation, dans certains District de la Grande île. Le District de Betioky-Sud, objet de l’étude, fait partie des zones où il y a une recrudescence du banditisme rural et des vols de bœufs et qui mérite d’être analysé pour pouvoir apporter une contribution à la lutte contre ce phénomène.

32 Le « kizo » est une gorge, c’est-à-dire un passage obligé des voleurs de bœufs. 34

Problème de l’insécurité rurale liée au vol de bœufs .Cas du District de Betioky-Sud. ______

DEUXIEME PARTIE: ANALYSES ET RECOMMANDATIONS SUR LA SECURISATION DE LA FILIERE BOVINE DANS LE DISTRICT DE BETIOKY-SUD

35

Problème de l’insécurité rurale liée au vol de bœufs .Cas du District de Betioky-Sud. ______

CHAPITRE PREMIER : ANALYSES SUR LA SECURISATION DE LA FILIERE

BOVINE DANS LE DISTRICT DE BETIOKY-SUD.

SECTION 1 : LA PRESENTATION DU DISTRICT DE BETIOKY-SUD .

Le District de Betioky-Sud, étant donné le lieu d’étude choisi, il est préférablede le présenter en général et de le délimiter. En outre, le fait de savoir l’évolution et les manifestations du phénomène de vols de bœufs s’avère plus que nécessaire.

§1-La présentation générale et la délimitation administrative du District de Betioky-Sud.

D’abord, la Région AtsimoAndrefana a été créée par la loi n°2004-001 du 17 juin 2004 relative aux Régions et est formée par neufs Districts : Toliara I, Toliara II, Ampanihy- Ouest, Ankazoabo-Sud, , , Betioky-Sud, , Sakaraha. Elle fait partie de l’ex-Province autonome de Toliara.

A l’ordre de grandeur, le district de Betioky-Sud occupe la deuxième place après celle de l’Ampanihy-Ouest avec une superficie totale 9 829 Km2.

Il est traversé par le fleuve de l’Onilahy d’Est en Ouest, la partie Sud du fleuve est habité par les Mahafaly et la partie Nord par les Tanosy. Le district est donc divisée en deux anciennement appelé Avaradrano pour les Tanosy du Nord et Atsimondrano pour les Mahafaly du sud.

Ainsi, le District de Betioky-Sud comporte33 Communes dont 32 Communes rurale de 2ème catégorie et une commune urbaine de 2 ème catégorie.

Le nombre et liste des communes seront donnés dans le tableau suivant :

Nombre et liste des Communes :

DISTRICT CLASSEMENTS NOMS DES COMMUNES BETIOKY-SUD COMMUNE URBAINE DE 2ème CATEGORIE

COMMUNES RURALES DE 2ème Bemavo CATEGORIE Fanjakana Sakena Tanamary Ambatry Mitsinjo 36

Problème de l’insécurité rurale liée au vol de bœufs .Cas du District de Betioky-Sud. ______Andranomangatsiaka Ankazomanga Ouest Ankazombalala Ankilivalo Antsavoa Besely Maroarivo Ankazomanga Marosavoa Sakamasay Soaserana Tanambao Haut Temeantsoa Source : Annexes au décret n°2011-0042 du 26 janvier 2011 portant classement des Communes en Communes urbaines et en Communes rurales

Le district de Betioky-Sud compte 425 998 hab. Sa densité est de 10,07 hab/Km. 33

En outre le District de Betioky-Sud est distant de 160 Km de Tuléar par la route nationale RN 10 34 qui mène Tuléar vers Fort-Dauphin.

§2-L’évolution, les manifestations du phénomène de vol de bœufs et les difficultés rencontrés.

I-L’évolution etles manifestations du phénomène de vol de bœufs.

A-L’évolution du phénomène de vol de bœufs.

Les vols de bœufs existaient déjà, il y a longtemps dans le district de Betioky-sud, surtout chez les Tanosy de l’Avaradrano. Historiquement, dans les temps anciens, les voleurs de bœufs portaient le nom de « dahalo » .Ensuite, du temps de la première République, ces voleurs de bœufs sont appelés « merindahy »35 . Dans les années 60 et 70, ces « merindahy » opéraient seulement chez les Tanosy de l’Avaradrano. Ils n’ont jamais volé chez les Mahafaly de l’Atsimondrano.

33 Source : Région Sud-ouest. 34 Route secondaire victime de l’insécurité routière. 35 Celui que l’on ne peut pas attraper, celui que l’on ne peut pas avoir confiance. 37

Problème de l’insécurité rurale liée au vol de bœufs .Cas du District de Betioky-Sud. ______

Les « merindahy » volent les bœufs sans porter atteinte à la vie du propriétaire ou du gardien. Le vol se basait sur la course (un grand coureur) et l’endurance du voleur. Leur stratégie est que tout en courant, ils s’accrochent à la queue du bœuf volé. Ainsi, ils courent très vite sans pour autant connaitre la fatigue. La plupart du temps il opéraient durant la nuit.

Dans les années 80, du temps de la 2è République, où les voleurs de bœufs portaient le nom de « malaso ». Ce nom vient du fait que quand ils opèrent, ils portent une sandalette nylon (« kapakiranily ») dont ils enlèvent les dents (sortes de crampons). Le dos de la sandalette devient alors très lisse. Les traces qu’ils laissent lors d’un vol deviennent alors, ainsi, difficilement repérables.

Le vol des « malaso » s’est déroulé toujours dans l’Avaradrano, chez les Tanosy, sans toucher l’Atsimondrano des Mahafaly. Ces « malaso » sont des jeunes allant de 16ans à 25ans. Ils sont très jeunes. Ils ne se contentent pas de voler les bœufs mais ils tuent en même temps le propriétaire ou le gardien : là se situe la différence entre les « merindahy » et les « malaso ».

Les « malaso » se spécialisent et évoluent au cours des années 80 ; d’où l’apparition des « vatofantsiky »36 . Ce sont des jeunes allant de 20ans à 30ans. Les « vatofantsiky »sont des « malaso »professionnels. Ils volent le grand jour, de 8 heures du matin à 16heures de l’après- midi 37 , tuent ou non, opèrent dans l’Avaradrano.

Actuellement, à partir des années 2009 jusqu’en ce moment les « malaso » existent toujours et il touche de plus en plus le zone d’Atsimondrano. Pire, ils se spécialisent. Durant la période de transition (2009-2013), les « malaso » évoluent et ont donné naissance à des « Ga ». « Ga » signifie fort, sans émotion, sans sentiment qui n’éprouve plus rien. Les « Ga » sont des « malaso » rejeté par ses parents et sa société. Aussi, ils vivent dans la forêt.

36 Pierre à clou, pierre aiguisée. 37 Selon un éleveur de bœuf venant de Belamoty. 38

Problème de l’insécurité rurale liée au vol de bœufs .Cas du District de Betioky-Sud. ______

B- Les manifestations du phénomène de vol de bœufs.

1- Les vols de bœufs dans les parcs au village.

Ce sont des cas fréquents dans le District de Betioky-Sud. Le vol porte sur tous les bœufs du « vala » ou parc (plusieurs dizaines) et est commis sans violence par un petit nombre d’individus (deux ou trois) venant d’autres localités, quelquefois hébergés par des amantes occasionnelles du village mais sans être enregistré dans le « bokim-bahiny » (registre des passagers, c’est-à-dire, des non-résidents dans le village) et souvent avec la complicité des parents (fils, petits fils ou neveux… du propriétaire) ou voisins qui ouvrent le parc, moyennant rémunération. Il arrive aussi que ce vol soit commandité par des riches propriétaires de bœufs, de marchands de bovidés embarquant parfois les animaux volés dans des camions ou les acheminant par route, ou encore de bouchers des grandes villes.

2- Les vols de bœufs par des « malaso » et des « Ga ».

Durant la période de transition, les « malaso » et les « Ga » opèrent, non seulement chez les Tanosy de l’Avaradrano, mais aussi, chez les Mahafaly de l’Atsimondrano. Le vol s’effectue dans tout le district de Betioky-sud. Les vols sont perpétrés dans les parcs. Les bandits tuent le propriétaire et/ou le gardien, commettent des incendies des maisons d’habitation, greniers...Ils tuent n’importe quels poursuivants lors des poursuites. Les voleurs portent alors au cours du vol, des armes à feu et des armes blanches telles que des fusils de chasse de marque Baïkal ou Simplex, de calibre 12 ou 16 ou deskalachnikovs loués par des militaires.Les « malaso » et les « Ga » utilisent également des armes à feu de fabrication locale appelées « tombokoso »38 .

Le vol de bœufs par les « malaso » et les « Ga » est chose courante dans le quotidien des habitants de Betioky-Sud 39 . Chaque jour, du moins, un vol de bœufs se produit dans l’une des communes rurales suivantes : Tongobory, Vatolatsaka, Bezaha, , Manalobe, Belamoty, Montofeno, Salobe, Tanambao-Haut, Lazarivo.

En outre, pour toutes attaques, les « malaso » et les « Ga » portent leurs grigris « riotse »40 . Ces grigris sont attachés autours de tout son corps à l’aide d’un tissu rouge : sur le

38 Littéralement : pieds de cochon. C’est une arme artisanale sous forme d’un pied de couchons dont sa balle est fabriquée par une pile ALKALINE. 39 MANITRISA “BetiokyAtsimo : “ Mpiandryombyroalahymatyvoatifitra, omby 72 lasan’nydahalo ”, Midi Madagasikara du 25 février 2014. 40 Le riotse est un grigri anti-balle. Le voleur de bœufs qui a un riotse sur lui ne peut pas être tué par balle. Quand on tire sur lui, la balle du fusil ne peut pas l’atteindre. Elle passe à côté. Le riotse ne sert pas seulement d’anti-balle. Il sert également à se protéger contre les coups de sagaies, de couteaux, de haches. Les malaso ou les « Ga » se procurent du riotse chez un sorcier appelé " Ombiasa " dans le dialecte du Grand Sud de l'Ile. 39

Problème de l’insécurité rurale liée au vol de bœufs .Cas du District de Betioky-Sud. ______bras droit s’il est droitier et sur le bras gauche s’il est gaucher, autour de sa tête, de sa poitrine, de sa hanche, sur le pied droit ou gauche (c’est selon).

Ensuite, avant l’attaque, ils boivent une potion ensorcelée appelée « fandrisike » (littéralement : ce qui pousse à agir ou prendre risque, ce qui incite à l’action. Les « malaso »et les « Ga » après avoir bu le « fandrisike » devient très excités. Ils deviennent comme une autre personne.

De plus, ils utilisent un gros sifflet dans lequel ils soufflent au cours de l’attaque. Le sifflet que les « malaso » et les «Ga » utilisent est appelé « vangabe ». A partir du moment où ils arrivent à quelques centaine de mètres du lieu de l’attaque, ils sifflent le « vangabe ».

Ces problèmes sont dus aux difficultés rencontrées dans le District de Betioky-Sud.

II-Lesdifficultés rencontrées dans le district de Betioky Sud.

A-Les difficultés sur la poursuite des voleurs de bœufs.

Les difficultés d’arrestation des auteurs des vols et de récupération des bovidés s’expliquent dans le retard considérable de l’organisation des poursuites impliquant des préparatifs ainsi qu’aux tactiques des voleurs de bœufs très stratégique.

1- Le retard de l’organisation de la poursuite.

Parfois, les ou les propriétaires découvrent le vol plusieurs heures après sa commission. Après la découverte du vol, le ou les propriétaires s’organisent pour alerter en vue de la poursuite des voleurs, les membres du fokonolona dont certains pourraient habiter des hameaux assez éloignés, certains ne veulent pas poursuivre pour crainte d’être tué par les « malaso », de même pour les gendarmes qui peuvent être aussi situés plus loin de certaines localités comme le cas de la CR de Masiaboay.

Après le « Hazolava » ou alerte, le fokonolona ne procède pas directement à la poursuite mais il y a d’abord un rassemblement pour écouter un « kabary » destiné à organiser le pistage des traces des bœufs volés. Puis avant ce pistage (« oridia ») et la poursuite des présumés voleurs, le ou les propriétaires se munissent de cahiers de bovidés ou « bokin’omby »

40

Problème de l’insécurité rurale liée au vol de bœufs .Cas du District de Betioky-Sud. ______et de passeport de recherche des animaux volés.Après ils rassemblement les vivres nécessaires pour tous les poursuivants dont le nombre est d’ailleurs susceptible d’augmenter en cours de route, pour la durée de la poursuite pouvant s’étaler sur plusieurs jours et même plusieurs semaines.

Pendant tous ces préparatifs pour la poursuite, les voleurs pouvaient déjà être éloignés. Les voleurs conduisent les bœufs volés sur une longue distance de plusieurs dizaines dekilomètres en passant par les « kizo », pour les vendre à des receleurs n’exigeant pas de papier règlementaires 41 .

2- Les tactiques des voleurs de bœufs.

Les tactiques des voleurs sont bien rodées pour échapper aux arrestations par les poursuivants. Ils abattent sur le chemin par intervalle de distances des bœufs pour appâter les membres du fokonolona et gendarmes poursuivants à en consommer la viande, ou abandonnent quelques animaux pour les occuper et retarder ainsi la poursuite.

Les voleurs entreprennent aussi des mouvements de diversion de divers type : ils effacent les traces de pas des bœufs vers l’entrée du « kizo » jusqu’à sa sortie, ou font passer les animaux dans des rivières, lacs ou étangs pour ces traces échappent aux gendarmes et membre du fokonolona poursuivants, ou les font revenir sur leurs pas, les font passer sur les pas d’un autre troupeau pour confondre les traces ou encore font passer sur les pas d’un autre troupeau pour confondre les traces ou encore font passer tous les bœufs dans un pâturage d’autrui pour provoquer la confusion.

Il peut arriver aussi que les voleurs modifient le pelage des bœufs 42 ou effacent les marquages obligatoires sur ses peaux 43 .Cette modification lui permet de blanchir les bovidés avec la complicité de certaines responsables administratifs d’où le non-respect de la règlementation apparaisse.

41 Attestation d’inscription dans le cahier de bovidés, passeport de recherche ou autorisation de quitter le village ou la commune… 42 Chaque bœuf est aussi identifié par les pigmentations de son pelage et sa tranche d’âge, et parfois la longueur et la forme de ses cornes (« maota » ou « temboay »). Mais les vocabulaires utilisés varient suivant les régions. 43 Il est obligatoire d’apposer un marquage en vue de l’identification du propriétaire ou de sa famille ou de son clan sur la peau de chaque le bétail. Mais les bovidés sont aussi identifiés par les marques aux oreilles. 41

Problème de l’insécurité rurale liée au vol de bœufs .Cas du District de Betioky-Sud. ______

B-Le non-respect de la règlementation.

L’adage tel que : «on ne gouverne pas par décret » est bien vérifié dans le cas de la filière bovine à cause dublanchissement de bovidé qui provoque des effets néfastes :de laxisme, la négligence et la corruption sous toutes ses formes au niveau des acteurs concernés.

1-Le blanchissement de bovidés.

Pour mieux connaitre le rapport entre le vol et le blanchissement dans le District de Betioky-Sud, il s’avère nécessaire de mettre en exergue le circuit de bœufs volés et le processus de blanchissement de bovidés.

a-Le circuit de bœufs volés.

Ou va donc tous les bœufs volés ? Bien que faisant l’objet de nombreuses digressions, on va essayer de répondre à cette question suivant des investigations sur terrain.

Premièrement, on peut dire qu’une partie des bœufs volés est vendus au loin comme à Antananarivo. En général, le voleur suit le trajet comme suit : si le vol a eu lieu à Betioky, il passe à et arrive à Bezaha ; si le vol a été commis à Ankazomanga Ouest, il passe à Tongobory et arrive à Vatolatsake et les bœufs volés hors du District de Betioky-Sud comme ceux qui sont en provenance d’ et de Vohitane passe à Masiaboae et arrive à Bevoae. Enfin, il y a ceux qui vont grossir les grands troupeaux dans un foret inaccessible sauf les « malaso » comme le cas d’Ankara au sud de la Commune rural d’Ambatry.

b-Le processus de blanchissement de bovidés.

Au cours de l’investigation sur terrain, les processus de blanchissement de bovidés volés se présentent sous plusieurs formes. Mais en général, les receleurs de bovidés volés sont les acteurs principaux de blanchissement de bovidés. Avec la complicité des responsables administratifs, ceux-ci font le recensement illicite de bovidés volés, délivrent des faux papiers par corruption. Il peut arriver aussi que le receleur fait une falsification de document de transaction. Après ces blanchissements, les bœufs sont vendus sur le marché.

2- Le port de boucle d’identification.

Le port de boucle est obligatoire dès la première vaccination anti-charbonneuse (art 4 de l’arrêté N° 0322/99). D’après la constatation sur le marché « Tsenan’aombe » de Betioky-sud, on ne trouve pas un bœuf qui porte de boucle d’identification mais le vétérinaire sanitaire en délivre après la transaction et les propriétaires le conserve dans une pochette en sachet.

42

Problème de l’insécurité rurale liée au vol de bœufs .Cas du District de Betioky-Sud. ______

3- Le marché contrôlé des bestiaux.

L’organisation de l’accès au marché contrôlé des bestiaux sont règlementés par le

Décret n° 2005-503 nonobstant des dispositions prises par l’ancien Faritany.

Toutefois, la plupart des marchés contrôlés de bestiaux ne sont pas clôturés : il n’y a pas de système d’approvisionnement en eau potable. La plupart ne possèdent ni de parc d’attente ni de couloir de triage. Pour les marchés, la plupart n’ont pas d’infrastructure et l’accès est libre comme au marché de la CR d’Ambatry chaque Samedi.

4- Le CRB et les changements dans la composition de cheptel.

La réglementation prévoit de délivrer à chaque propriétaire un cahier de contrôle (CRB). D’après la constatation sur terrain, les éleveurs achètent des cahiers d’écolier de 50 ou 100 pages faute de l’imprimé.

En outre, tout changement susceptible de modifier la composition du cheptel doit être signalé au Chef du Fokontany dans un délai d’une semaine .Celui-ci doit rendre compte au CAA à chaque fin du mois. Les modifications doivent être apportées dans le CRB (Art 4 et suivant le Décret de 1982 repris presque en totalité par les art 4 et suivant du décret de 2005). Dans la pratique les modifications attendent généralement le recensement surtout pour la naissance de veau (d’ailleurs, dans beaucoup de localités, les paysans n’arrivent pas à déclarer en une semaine même la naissance de leur enfant). Seul le vol est déclaré à temps pour procéder à la poursuite.

C-L’effet du phénomène de vol de bœufs.

Les différents effets précités théoriquement sur la recrudescence de vols de bœufs, seront confrontés aux réalités du District de Betioky-Sud.

En tant que premiers responsables en la matière, les Autorités déconcentrées et au niveau des Collectivités Territoriales Décentralisées risquent d’être entachées par les effets de vols de bœufs.

1-La n égligence des Autorités locales et déconcentrées, obstacle à une bonne gestion de la filière bovine.

A cause de la recrudescence des vols des bœufs dans les milieux ruraux, les Autorités administratives et locales ne sont plus enthousiastes à mener une véritable 43

Problème de l’insécurité rurale liée au vol de bœufs .Cas du District de Betioky-Sud. ______lutte.Aucontraire, ils se rangent du côté des malfaiteurs par le biais de corruption passive.

En outre, les fonctionnaires demandent des affectations et les nommés ne veulent pas prendre leur poste dans les zones enclavées, terrains de vol de bœufs. D’où l’insuffisance des enseignants dans les établissements scolaires publics.

2-Le laxisme.

Durant la réalisation de notre travail de recherche, on a pu constater que les autorités locales sont en conflits permanents. De ce fait ce n’est plus le développement de la région ou de la commune qui est leur priorité mais l’accumulation de richesse rapide par le blanchissement des bœufs volés effectuer par les patrons ou les marchands illégaux.

3-L’insécurité rurale conduisant à une baisse de production.

L’insécurité rurale causée par les attaques des « dahalo » provoque de stress, des problèmes liésà la santé publique comme la crise cardiaque. En fait, les faux bruits permanents évoqués par les malfaiteurs inquiètent les paysans qui ne peuvent pas vivre tranquillement. Cette situation pourrait conduire aux troubles psychologiques de la population rurale et par conséquent à une baisse de production locale étant donné que la majorité de la population active est agricole-éleveur.

Face à ces difficultés, les différentes mesures de lutte contre le vol de bœufs rencontrent aussi des problèmes.

SECTION 2 : LES DIFFERENTES MESURES DE LUTTE CONTRE LE VOL DE BŒUFS.

§1-Le contrôle effectué par le Chef de District.

En tant que premier responsable de sa circonscription, le Chef de District a le devoir de contrôler toutes les personnes intervenant dans la gestion des bovidés (la gestion administrative et sanitaire). Même si le vétérinaire exerce un mandat sanitaire, il peut être contrôlé par le Chef de District. Mais il est pratiquement impossible pour le Chef de District de procéder à un contrôle sanitaire et le contrôle sur l’action du CAA.

Par ailleurs, le Chef de District reste impuissant face aux éventuels fraudes des

44

Problème de l’insécurité rurale liée au vol de bœufs .Cas du District de Betioky-Sud. ______vétérinaires sanitaire ainsi que les CAA de sa circonscription. Ce constat marque une mauvaise coordination des attributions des contrôles.

Le Chef de District, en tant que président de l’OMC de son ressort territorial, rencontre aussi des problèmes sur le manque d’informations concernant les opérations de force de polices et les analyses de la situation de vols de bœufs faute de rapport d’activité de la part de la gendarmerie concernant les résultats.

§2- L’intervention des forces de l’ordre.

I-L’intervention de la gendarmerie nationale.

La Gendarmerie Nationale est présente dans tous les Districts de la Région Sud-Ouest. Les trois compagnies 44 avec un Officier coordonnateur sous l’égide desquelles figurent 25 brigades, 03 postes avancés et 2 Pelotons Mobiles Portés sont coiffées par l’Etat-major du Groupement Sud-ouest basé à Toliara.

Le District de Betioky-Sud fait partie de la compagnie territoriale d’Ampanihy 45 dans laquelles’éparpillent les 05 brigades : la brigade de BetiokySud, la brigade de Bezaha, la brigade de Tongobory, la brigade de Belamoty et la brigade de Benenitra.

Il est à remarquer que l’implantation des postes avancés dépend de la demande de la commune ou dans le cas où la zone est considérée comme une zone rouge de sécurité rurale comme le cas de la commune Manalobe. De même pour les détachements ou gardes « kizo » qui assure la sécurité au niveau des villages les plus enclavés avec une insécurité assez importante.

Les contraintes de la gendarmerie nationale dans le District se manifestent au niveau de l’effectif du personnel qui est insuffisant. Il est 1 gendarme pour 1000 à 2000 personnes au lieu de 1 gendarme pour 200 personnes selon la norme 46 .Il en est de même par rapport aux moyens de déplacement, ce qui pousse le Chef de Brigade de Betioky-Sud à emprunter la voiture 4X4 du District 47 .

44 L’Etat-major du Groupement de la Gendarmerie Nationale de la Région Sud-Ouest se répartie en trois compagnies : la compagnie d’Ankazoabo Sud, la compagnie territoriale d’Ampanihy, la compagnie territoriale de Toliara. 45 Ampanihy est un chef-lieu du District d’Ampanihy Ouest au Sud du district de Betioky-Sud relié par la route nationale RN 10. 46 Selon MARAZAFY FidelysLemonty, Chef de brigade de Belamoty. 47 Selon le Chef du District de Betioky-Sud. 45

Problème de l’insécurité rurale liée au vol de bœufs .Cas du District de Betioky-Sud. ______

Au niveau social, dans certaines communes, des catégories de personnes empêchent la gendarmerie d’effectuer son travail.

II-L’intervention de l’armée.

L’Etat-major de la RM 5 basé à Toliara coiffe les garnisons de 4 Région : Menabe, Androy, Anosy et Sud-Ouest. Il commande 3 Corps d’Armées dont 1 basé à Morondava, 1 à Taolagnaro et 1 à Toliara qui se trouve au Camps RAVELOSON Mahasampo. Ce dernier s’occupe de la Région Sud-Ouest.

Le Corps d’Armée du Sud-Ouest s’occupe de 5 compagnies 48 dans lesquelles on trouve la compagnie de Bezaha du District de Betioky-Sud.

L’armée pratique le système des détachements. Présentes dans le District de Betioky- Sud, les Détachements sont mobiles et leur nombre et leur répartition diffèrent selon l’état de la sécurité de la zone. Ils s’installent dans les zones rouges ou au niveau des villages à la demande de la commune ou encore en cas d’alerte.

Le nombre de Détachement d’appui à la sécurité est également un indicateur du cas de vol de bœufs : 8 détachements sont présents dans le district de Betioky-Sud. Ce qui signifie que l’insécurité est importante dans cette zone.

Les contraintes de l’armée se manifestent aussi au niveau des moyens de communication et de transport qui sont insuffisant surtout au niveau des détachements. L’alimentation des troupes en détachements pose également un problème à cause de l’insuffisance de moyens. Des problèmes se posent au niveau des infrastructures et des fournitures de bureau. Des contraintes d’ordre social et politique se rencontre aussi dans le fonctionnement du corps, voire la confusion de son attribution et celle de la gendarmerie.

48 Les 05 Compagnie du corps d’armé du Sud-ouest sont : la compagnie d’Antanimeva, la compagnie de Sakaraha, la compagnie d’Angarazy, la compagnie d’Ampanihy et la compagnie de Bezaha. 46

Problème de l’insécurité rurale liée au vol de bœufs .Cas du District de Betioky-Sud. ______

§3- De la participation de la population en matière de lutte contre

l’insécurité.

I- Le Kalony 49 : système d’autodéfense villageoise.

Le Kalony est un système d’autodéfense né dans la Région Sud-Ouest. Il a été crée 02 mai 2008 lors du conseil Régional qui s’est tenu au siège de la Région Sud-Ouest à Toliara par la Décision N° 2008-03/CR/RSO, homologué par le Tribunal de Première Instance de Toliara par l’ordonnance N° 30-REF du 06 Aout 2008.

Le Kalony est une convention multilatérale basée sur la responsabilisation des jeunes hommes âgés de 18 à 50 ans pour la lutte contre tout acte de banditisme, surtout : le vol de bœufs, l’effraction, atteinte à l’ordre public 50 .

D’une manière générale l’activité du Kalony se base sur le suivi et contrôle des activités de la population et le contrôle de la circulation. Le Kalony est également chargé de contrôler les armes. Il travaille au niveau du Fokontany et est mis en place dans tous les fokontany de la Région Sud-Ouest.

Le système possède un bureau de 13 membres dont : un Chef Kalony, deux (02) vices chefs, un trésorier, un vice trésorier, quatre (04) Ray Aman-dReny, deux (02) commissaires au compte et deux (02) conseillers.

La Région est chargée de fournir des matériels pour Kalony. Il s’agit de sandales en kiranil, gilets fanion, etc. Des armes de deuxième catégorie (fusil de chasse) et des Armes de troisièmes catégories (couteau, hache) sont également utilisées par ce système. Il doit aussi avoir des matériels de communication simple tels que : le « Antsiva »51 , Sifflet.

Comme source de financement, le Kalony est subventionné par la Région et la commune. Les amendes venant de l’enfreint des règles sont également une source de financement très importante pour le système.

Le contrôle et le suivi des activités de Kalony sont assurés par un « Vaomiera » (comité) qui est mis en place au niveau de la commune. Les membres de ce comité sont : Le Maire, Ray Aman-dReny ou notable, Chef Kalony, Chef Fokontany.

49 Le Kalony vient du mot français « colonne » ou formation en colonne. C’est un système de recherche de personne ou d’un bœuf 50 Article 01 du statut de KALONY. 51 Gros coquillage employé comme la flute 47

Problème de l’insécurité rurale liée au vol de bœufs .Cas du District de Betioky-Sud. ______

La relation de Kalony avec les forces de l’ordre est aussi non négligeable car la poursuite des malfaiteurs nécessite la collaboration avec les forces. Le Kalony est une source d’information pour les forces de l’ordre.

Par ailleurs des contraintes empêchent le fonctionnement du Kalony dans le District de Betioky-Sud..

II- La non-effectivité du « Dinan’nyKalony ».

L’application du Dinan’nyKalony est complexe dans la Région Atsimo-Andrefana en général et dans le District de Betioky sud en particulier. Compte tenu des difficultés rencontrés par les comités exécutifs et membres du Kalony sur le plan financier, matériels, voire sur le plan humanitaire.Les membres du Kalony ne sont pas motivés à accomplir sesresponsabilités faute de rémunération.

L’obstacle du Kalony réside aussi sur la constitution de leurs membres. Certains d’entre eux induisent en erreur les autorités administratives ainsi que les forces de l’ordre du fait que certains d’entre eux ne sont que des « Malaso » qui se déguisent comme desjeunes dynamiques dans le fokontany.Ces jeunes hommes qui décident la continuation ou la suspension du Kalony selon les temps qui leur conviennent. Ce qui fait qu’ils organisent moment propice pour faire leurs actes de vol et de faire le Kalony selon ses désirs.

Par ailleurs, l’application du Dina est parfois source de rivalité entre les différents hameaux ou groupes ethniques. Il y aussi des abus de la part de « Mpizaka » (celui qui défend dans le « kabary » en commettant d’extorsion de bovidés, ou pour obtenir des bœufs (« hory ») à leur profit personnel à l’occasion de la procédure de restitution de bovidés.

En tout état de cause, le dinan’nykalony peut résoudre les problèmes de l’insécurité rurale dans le District mais il donne aussi de nombreuses occasions pour manifester une mauvaise foi comme de fausse accusations de vols de bœufs après de simulacres de vols appelés « dramotse »52 .

De ce fait, le Dinan’ny Kalony , comme les anciens Dina, rencontre aussi des difficultés qui risque d’être source de l’insécurité avec les abus 53 .

52 Selon ROBESPIERRE José, Eleveur Betioky-Sud. 53 RASAMOELINA Henri, « Heurs et malheurs des dina à Madagascar par Henri RASAMOELINA », Lakroan’i Madagasikara du 27 Septembre 1998, p 6. 48

Problème de l’insécurité rurale liée au vol de bœufs .Cas du District de Betioky-Sud. ______

CHAPITRE II : LES RECOMMANDATIONS A TITRE DE SUGGESTION.

En constatant ses différentes difficultés rencontrées au niveau local, pour pouvoir apporter une contribution à la lutte contre le vol de bœufs tant au niveau local qu’au niveau national,il est judicieux de préciser les failles sur l’emploi des mesures répressifs.

SECTION 1 : LES MESURES REPRESSIVES : NECESSAIRES MAIS INEFFICACES.

§1- Des mesures répressives.

Plus souvent, les mesures répressives ont de failles en ce sens que les moyens humains, financiers et matériels sont insuffisants pour avoir des résultats efficaces et efficients. Ce qui ne donne pas des résultats efficaces et en pérennité.

I-Les opérations des agents de force de l’ordre.

Il est à souligner qu’au fur et à mesure qu’on augmente les actions des forces de l’ordre (poste avancé, postes fixes, gardes kizo , le DAS, opération, défense villageoise, plan local de sécurité, Kalony, Dina, etc.), la recrudescence de vol des bœufs et les tueries ainsi que les trafics d’armes 54 s’intensifient. Ce qui provoque des déceptions et de la peur pour les forces de l’ordre face au rapport de force entre eux-mêmes et les voleurs de bœufs.

A- Les opérations, le « garde Kizo » et le DAS.

L’Etat fait des dépenses considérables pour la lutte contre les vols de bœufs par les biais des opérations 55 . Ces opérations peuvent être aidées à la réussite mais ce n’est qu’une solution temporaire. Face à l’insuffisance de personnel, des matériels et d’équipements de sécurité adéquats, les Agents des forces de l’ordre sont considérées comme des offrandes de sacrifice pour les voleurs de bœufs 56 .

54 RASAMOELINA Henri, « Trafic d’armes et insécurité à Madagascar », Lakroan’i Madagasikara du 30 Juillet 1989, p 6. 55 Opérations VAHORO dans tous les territoires malgaches en 2003 ; opérations ANGAREDONA à Tsiroanomandidy en 2007 et instaurées dans le Région de Bongolava selon la RNM en date du 29 Octobre 2007 ; les opérations successives dans la Région Sud-Ouest et dans tous les territoires malgaches en 2006-2007-2008. 56 Selon Emahasaka villageois de la Commune d’Ambatry, District de Betioky- Sud : « Matematefahatanezandaroreo, atolymialyamim-bato » voulant dire que les gendarmes sont morts sans raison comme un œuf qui se bat avec une pierre ». 49

Problème de l’insécurité rurale liée au vol de bœufs .Cas du District de Betioky-Sud. ______

Les forces de l’ordre ont alors la peur dans l’accomplissement de leur travail et certaines refusent de suivre les voleurs lorsqu’il y a de « Hazolava » ou alerte. Tel est le cas car ils sont faibles par rapport aux « Malaso » qui sont doués sur la connaissance des trajets qu’ils devront suivre.

Force est de savoir aussi que certains d’entre ces forces de l’ordre, selon l’investigation, font involontairement de « fatidrà » ou pactes avec les voleurs de bœufs pour se protéger. De ce fait, les opérations et le « garde kizo » ne sont parfois qu’un symbole et qui deviennent une solution inefficace pour la lutte contre le vol de bœufs.

B- L’utilisation des différents moyens.

Pour renforcer la lutte contre le vol de bœuf, le gouvernement utilise différents moyens tels que : les motos, les voitures 4x4, hélicoptères, et d’autres armements appropriés. Durant la période de transition (2009-2013), le gouvernement a employé des matériels qui permettraient la traque des « Malaso »57 .

Ces différents moyens sont plus que nécessaires mais faute de la précarité du budget de l’Etat ainsi que l’inadéquation du système à la réalité social, ils provoquent des effets négatifs car parallèlement aux opérations militaires, une approche sociologiquedoit être considérée pour éviter les effusions de sang.

II-Les mesures relatives à la participation et à l’intervention du Fokonolona.

Puisqu’il s’agit de développement local en matière de lutte contre le vol de bœufs, la participation active de la population locale s’avère plus qu’important même si celle-ci rencontre des problèmes.

Le fokonolona ne se précipite pas à la participation et à l’intervention contre le « Malaso » de peur qu’il perde sa vie. Etant une intervention non rémunérée, sans formation militaire au préalable et des matériaux de sécurité, le fokonolona ne veut pas épuiser ses forces pour rien. De plus, les « Malaso » ne sont autre que des jeunes parmi les membres du fokonolona et au moment de l’intervention, ils participent aussi par hypocrisie et ils décident

57 RFI, « Madagascar : renforcement des moyens contre les voleurs de bœufs ».www.rfi.fr du mercredi 12 septembre 2012 50

Problème de l’insécurité rurale liée au vol de bœufs .Cas du District de Betioky-Sud. ______sur le commencement, la suspension et l’arrêt de l’intervention du fokonolona. Ces jeunes profitent aussi la non-participation de certains membre du fokonolona pour gagner les amendes reconnus à ceux qui enfreindre le Dina 58 .

Par ailleurs, le « fagnarahan-dia » ou poursuite opéré par les fokonolona tombe toujours à la mort de membre de ceux-ci et des forces de l’ordre faute de l’ignorance du trajet du « Malaso ».

Ce qui fait que la communauté de base est toujours nécessaire à la lutte contre le vol de bœufs mais cela requiert une amélioration adéquate pour atteindre les objectifs escomptés. De ce fait, la répression qui a toujours été appliqué par les pouvoirs successifs, source de la recrudescence de vol de bœufs amène à penser vers le renforcement des mesures préventives.

§2- Vers un renforcement des mesures préventives.

I-Le renforcement des contrôles Administratifs.

A- Pour les forces de l’ordre.

Les forces de l’ordre sont les premiers responsables de régularités des bœufs accédant au marché. Ils peuvent faire du contrôle avant, pendant et après chaque marché.

Pour les bœufs d’élevage, ils sont vendus par des éleveurs de la Commune où siège le marché ou des Communes avoisinantes. Les forces de l’ordre doivent vérifier la régularité du CRB de la permission de vente dans l’aire d’attente.

Pour les bœufs de commerce, ceux-ci sont achetés par des commerçants dans une autre localité et commercialisés sur un autre marché.

Ainsi, les forces de l‘ordre doivent contrôler : la régularité des documents d’achat 59 , la conformité signalement écrit et signalement réel, la concordance des numéros des papiers administratifs et les Communes et District d’origine et la conformité des signatures et descachets 60 .

De ce fait, dans le cadre de la police administrative, trois étapes de contrôles permettent de prévenir tout non-respect des Lois et Règlements dans la circulation des bœufs.

58 L’article 08 du statut de Kalony prévoit les amendes et les ressources financiers du Kalony. Alors que ceci est bafoué par les membres du Kalony par profit. 59 CRB, Certificat de vaccination et passeport. 60 Ils doivent disposer des noms et spécimen de signature des principaux responsables concernés. 51

Problème de l’insécurité rurale liée au vol de bœufs .Cas du District de Betioky-Sud. ______

1-Lestricte contrôle au départ.

Chaque Commune disposant d’un marché contrôlé de bœufs doit se doter d’une aire de départ et/ ou d’embarquement pour les bœufs de commerce. Avant chaque départ que les bœufs marchent à pied ou qu’ils soient transportés par camion, les Forces de l’ordre effectueront des vérifications des papiers administratifs du vendeur, des documents d’achat, du passeport. Ensuite, des contrôles de conformité signalement écrit et signalement réel seront accomplis. De préférence, les éléments qui ont participé au contrôle au marché ne doivent pas procéder au contrôle au départ.

Le contrôleur sera responsable c’est-à-dire que les agents chargés du contrôle signeront au dos le passeport par exemple et y consigneront leurs observations qui les engageront.

Pour faciliter les tâches, le jour de départ doit être fixé le jour après le marché.

2-Le contrôle en cours de route et à l’arrivée.

L’itinéraire des bœufs en déplacement doit être inscrit dans le passeport. Le CAA doit veiller strictement à l’application du texte dans ce sens. En outre les itinéraires officiels doivent être fixés par District puis par Région pour les bœufs de commerce. Pour les bœufs d’élevage en transhumance, un itinéraire précis doit être décrit dans le passeport.

En cours de route, les forces de l’ordre doivent effectuer des vérifications. Des points de contrôle obligatoire peuvent même être créés.

A chaque point de contrôle, les papiers administratifs, les documents d’achat, les passeports seront vérifiés. Les éléments des Forces de l’ordre sont responsables du contrôle qu’ils effectuent. Ils consignent et signent leurs observations au dos du passeport.

Arrivés à destination, les bœufs de commerce doivent être contrôlés par les forces de l’ordre territorialement compétentes. Ils doivent vérifier les papiers administratifs, lesdocuments d’achat, le passeport. En outre, ils vérifient la conformité du signalement écrit et signalement réel des bœufs. Ils consignent et signent leurs observations au dos du passeport.

52

Problème de l’insécurité rurale liée au vol de bœufs .Cas du District de Betioky-Sud. ______

B- Pour les autorités locales.

1- Au niveau du Fokontany.

A chaque recensement annuel, le Chef du Fokontany doit être en mesure de connaître la situation du cheptel bovin de sa circonscription.

A la fin de chaque mois, le Chef du Fokontany doit établir un tableau récapitulatif de la situation du cheptel bovin dans son Fokontany. Ce document doit parvenir au CAA et au Maire au plus tard le 05 du mois suivant. Il doit être détaillé dans le tableau des entrées et le tableau des sorties.

2- Au niveau du CAA et le Chef du District.

Le CAA doit élaborer un document de synthèse mensuel permettant de retrouver la situation mensuelle des cheptels bovins dans les Communes de son arrondissement. En outre, le CAA doit élaborer un document de synthèse mensuel sur le mouvement des bœufs passant dans les marchés de sa circonscription.

Ce document est élaboré à partir des documents hebdomadaires résumant chaque marché qui devront être adressés respectivement au Chef de District, à la Brigade de la Gendarmerie et /ou au Commissariat de Police du ressort, au vétérinaire territorialement compétent.

Enfin, le CAA de la Commune de départ doit informer par téléphone le CAA de la Commune destinataire des bovidés le nombre des bovidés par commerçants, objet de passeport qu’il a délivré.

Le Chef du District doit, lui aussi, effectuer des documents de synthèse à partir des rapports des documents dont il est destinataire.

Par ailleurs, au niveau de la communauté de base, le renforcement de contrôle de circulation de personne doit être effectué par le biais de la mise en œuvre de l’ « Andrimasompokonolona ».

53

Problème de l’insécurité rurale liée au vol de bœufs .Cas du District de Betioky-Sud. ______

II-La mise en œuvre de l’ « Andrimasompokonolona ».

L’ « Andrimasompokonolona » est un système traditionnel de contrôle du déplacement de la population dans un Fokontany. C’est un moyen de prévention pour empêcher en avance les actes de vols pour qu’ils ne produisent pas des effets. Il bloque les itinéraires des délinquants.

Il s’agit de l’application du « principe de la non-violence »61 car le fait d’utiliser des armes lourdes pour confronter avec les « Malaso » ne produise que des effusions de sang 62 . C’est-ainsi qu’il est temps de se penser au contrôle stricte du déplacement de la population. C’est-à-dire tous les membres du Fokonolona (l’individu, les membres de la famille, les étrangers) doivent être identifiés ainsi que ses statuts et ses activités.

La mise en œuvre de l’ « Andrimasompokonolona » n’est pas un nouveau système mais il est parmi les pratiques dans les Fokonolona 63 . Mais la mise en œuvre de ce système semble ineffective car tous les réglementations sur la sécurité publique du Fokonolona (le Dina) n’est applicable qu’après l’homologation du Tribunal 64 .

De ce fait, pour mener à bien ce système, un projet de Dina au niveau local ou régional qui est conforme à cette système traditionnel doit être constitué. Pour éviter la non homologation du Tribunal, le projet de Dina doit être élaborer non seulement par les Fokonolona mais aussi avec les élus, les techniciens de l’administration territoriale surtout au tribunal de l’ordre judiciaire et les forces de l’ordre territorialement compétent.

Les recommandations citées ci-dessus ne seront pas réaliser si les problèmes ou les causes profondes au niveau national ne sont pas considérés.

61 « Certains grands hommes comme : MahtmanGandhi, Martin Lutter King, Nelson Mandela, Dala ï-Lama sont convaincus que le principe de la non-violence est la seule solution pour résoudre les problèmes qui portent atteinte aux droits fondamentaux de l’homme » Propos du Colonel Fanapera Chef de cellule de Sécurité de la Région AtsimoAndrefana. 62 RAKOTO Ignace:« Plus l’acte répressif exige l’intervention d’un appareil lourd et spécialisé, appliquant des pénalités rigoureuses, plus il y des acquittements, et plus il devient improbable que les vols et violences soient combattus». 63 Le « Jado »et le « Kizo ». 64 Article 7 de la loi 2001-004 du 25 octobre 2001- « Le Dina ne devient exécutoire qu’après son homologation par le tribunal de l’ordre judiciaire compétent ou la Cour d’appel ainsi que sa publication par voie d’affichage, de kabary ou par tout autre mode de publicité ». 54

Problème de l’insécurité rurale liée au vol de bœufs .Cas du District de Betioky-Sud. ______

SECTION 2 : LA PROPOSITION DE SOLUTION SUR LE PLAN NATIONAL.

La lutte contre l’insécurité rurale a besoin d’un gouvernement à qui les gouvernés peuvent faire confiance. De ce fait, une réforme législative doit être opérer et il faut une gouvernance responsable.

§1-La réforme législative relative à la sécurité publique.

Cette réforme doit être apporté tant sur l’amélioration de loi portant réglementation général des Dina en matière de sécurité publique que la modification de la disposition du code pénal en matière de prévention et de répression de vol de bœufs.

I- La nécessité de l’amélioration de la loi N°2001-004.

A- L’uniformisation de Dina de chaque Région.

Il s’agit de la nécessité d’adoption de mesures d’accompagnement à la loi n° 2001-004 du 25 Octobre 2001 portant réglementation générale des Dina en matière de sécurité publique.

L’uniformisation de Dina, selon les besoins réels ressentis par la population locale de chaque Région doit être préciser. Par ailleurs, les délibérations du Dina exécutoires doit être d’office et que tous les refus d’exécution du Dina doit être sanctionner d’où le renforcement des « dina » qui a été jugé opportun pour éradiquer ce phénomène « malaso »65 .

Il est aussi nécessaire d’adopter le système de mandat pour les comités exécutifs du Dina (les Mpizaka ).

Il ne suffit pas d’apporter une amélioration pour remédier les points faible de cette loi mais il est aussi nécessaire d’adopter de mesures d’accompagnement.

B- Les mesures d’accompagnement.

Il s’agit des mesures visant l’efficacité des actions du fokonolona pour bien mettre en œuvre le Dina. De ce fait, des sensibilisations régulières des fokonolona dans le sens de leur responsabilisation citoyenne et de formation élémentaire, permanente, technique et

65 JAMES R avec RASAMOELINA, « Sécurité rurale, Recrudescence des vols de bœufs »,La Gazette de la Grande-Ile du 29 Juillet 2003, p 3. 55

Problème de l’insécurité rurale liée au vol de bœufs .Cas du District de Betioky-Sud. ______

juridique appropriée des membres des comités exécutifs des Dina sont souhaitées.

Aussi, compte tenu de la complexité des Dina et de leur application dans des espaces différents et de contexte sociologique évolutif 66 , il importe de mettre en place une sorte de Bureau indépendant observatoire de la mise en œuvre des dina pour procéder périodiquement à l’évaluation des résultats d’impact de l’application des différents dina, basé sur des indicateurs mesurables. Ces résultats pourront servir ensuite de base d’études pluridisciplinaires éventuellement pour guider toute réforme législative nécessaire surtout en matière de la lutte contre le vol de bœufs.

-II- Vers la correctionnalisation de vol de bœufs.

Malgré l’élaboration du Code Pénal en matière de prévention et répression, les vols de bœufs ne cessent de s’aggraver à travers le temps et l’espace de Madagascar du fait que ses origines sont multiples.

Ainsi la correctionnalisation des vols de bœufs est l’une de proposition de la lutte contre le vol de bœufs. On a tout lieu de croire que l’hypothèse est erronée. L’utilisation des mesures de pénalité très rigoureuse semble inefficace pour combattre le vol de bœufs. Les vols de bœufs qualifiés crimes semblent avoir perdu ce caractère. Ils encombrent les rôles des cours criminelles eu égard aux verdicts prononcés : beaucoup d’acquittements. Ils font perdre inutilement du temps aux magistrats et de l’argent à l’Etat, sans compter les occasions de corruption 67 .

Dans la lutte pour la sécurité rurale, on devra rehausser le niveau d’application de la loi par la correctionnalisation du vol de bœufs. Un proverbe malgache dit avec justesse : « Seryvitan’anamalao ka hamonoanavantotr’akoho ! »(Pourquoi tuer un poulet, alors que de l’herbe potagère suffit comme ingrédient dans le bain de vapeur pour soigner le rhume de cerveau ?) C’est comme si on voulait guérir un malade au moyen d’une orgie de médicaments ! La correctionnalisation permet une justice plus expéditive au sens de rapide, donc une répression plus efficace.

66 IMBIKY Anaclet. Op.cit.p 11. 67 RAKOTO Ignace « L’insécurité rurale liée au vol de bœufs : quelques propositions de solution » ,30 Janvier 2010, p 16. 56

Problème de l’insécurité rurale liée au vol de bœufs .Cas du District de Betioky-Sud. ______

Une voix autorisée 68 s’est déjà élevée pour expliquer que la criminalisation des vols de bœufs ne s’imposait nullement en 1960, au moment où ces vols étaient en régression. Cette baisse a été démontrée au moyen des statistiques de la gendarmerie, indiquant que le nombre de vol de bœufs dénoncé a été divisé par trois, de 1956 à 1960 sur tout le territoire national. Dans la province de Tuléar, la régression avait commencé dès 1952 et le nombre de vol de bœufs dénoncé a été divisé par huit, de 1952 à 196069 .

Il est sans doute temps de reprendre cette idée de correctionnalisation, après l’expérience inefficace d’un demi-siècle de criminalisation des vols de bovidés. La sévérité excessive des peines a créé l’illusion dangereuse d’une corrélation « naturelle » entre l’intensité de l’acte répressif et l’assurance de la sécurité rurale. Cette hypothèse, qui fonde pourtant la pratique répressive actuelle en matière de vols de bovidés, n’a jamais été prouvée scientifiquement, que ce soit dans l’expérience du passé ou dans les pratiques actuelles.

§2-La nécessité de la gouvernance responsable.

L’instauration de la bonne gouvernance est incontournable pour espérer aider les ruraux dans le règlement des problèmes liés aux phénomènes du vol de bœufs. De ce fait, plusieurs lutte doit être mener pour instaurer la sécurité en milieu rural, y compris la dépolitisation de l’Administration et surtout la lutte contre la corruption.

I-La dépolitisation de l’Administration. La politisation de l’Administration, l’incompétence et le manque de professionnalisme de certains agents publics incitent à penser sur une amélioration du code de déontologie parfois négligé et la relance du contrôle et de l’inspection tout en considérant la motivation des fonctionnaires.

A-L’amélioration de Code de déontologie.

Cette dépolitisation de l’Administration consiste en l’amélioration de code de déontologie et d’éthique des Fonctionnaires dans l’exercice de leurs fonctions. Selon Michel MASSIOT, un auteur français, il a souligné que « la réforme de l’Administration exige un

68 ORTOLLAND André, magistrat français ayant servi pendant seize ans à Madagascar (1951 à 1967), notamment comme président du tribunal de Tuléar, puis chef du Service de législation, d’études et de documentation du ministère de la Justice de la République malgache, auteur d’un ouvrage sur les institutions judiciaires à Madagascar durant la colonisation. Il terminera sa carrière avocat général à la Cour de cassation. 69 RAKOTO Ignace .Op.cit. p 56 57

Problème de l’insécurité rurale liée au vol de bœufs .Cas du District de Betioky-Sud. ______aménagement de l’organisation politique, administrative, financière et judiciaire du pays en général » 70 . Ainsi, il s’agit de :

- l’élimination du principe de subordination de l’Administration au pouvoir politique. Il ne s’agirait plus de se contenter à exécuter les ordres politiques venant « d’en haut » mais de faire sortir des conceptions pour le bien commun de la population et pour un développement effectif local,

- la neutralité de l’Administration (éthique et déontologie des fonctionnaires qui sont politiquement neutre dans l’exercice et à l’occasion de l’exercice de leurs fonctions en mettant en œuvre des opinions personnelles nécessaires).

B-La relance du contrôle et de l’inspection.

Les agents chargés du contrôle et des inspections méritent d’avoir des libertés d’action et des protections contre les attaques des autorités politiques et administratives. L’inspecteur d’Etat (chargé à émettre des ordres de missions à leurs subordonnés et à se saisir d’office eux- mêmes sans attendre les ordres des autorités hiérarchiques). De plus, les agents vérificateurs doivent être protégé (l’inspection sera assurée par le service de l’Inspection du Ministère) ; ainsi il appartient au chef hiérarchique direct de fournir les preuves suffisantes de l’existence de « patrons » en matière de vol de bœufs.

C-La motivation des fonctionnaires.

Il s’agit de sortes d’encouragement et de félicitations pour les Agents de l’Etat méritants. De plus, se lancer aux actions de motivations des fonctionnaires implique nécessairement, comme a souligné un autre auteur français, André BARILARI:« à la modernisation de l’Administration, par dotation des matériels informatisés, correspondant aux nouvelles technologies à notre ère »71 . Ce projet de modernisation de l’Administration incite non seulement la motivation des fonctionnaires dans l’exercice de leurs fonctions, mais encore la facilitation de rapport entre l’Administration et les Administrés sous diverses formes :

70 MASSIOTMichel « L’Organisation politique, Administrative, Financière et Judiciaire », Paris, LGDI, 1971. 71 BARILARI André, « La modernisation de l’Administration », Paris, LGDI, 1994. 58

Problème de l’insécurité rurale liée au vol de bœufs .Cas du District de Betioky-Sud. ______

L’Etat doit donner une place considérable au financement d’un programme sectoriel lié

à l’élevage bovine. Cette position permettrait donc de redynamiser le secteur et va sans doute faire diminuer le taux du vol de bœufs.

En dépit de crises économiques, l’Etat doit s’efforcer d’améliorer la rémunération des fonctionnaires; en sus de la motivation pécuniaire, des lettres de félicitations et d’autres mesures d’encouragement sont à généraliser pour que les bons exemples se propagent et neutralisent les « mauvaises images » fondées ou non de l’Administration sur la corruption.

II- Lutte contre la corruption.

A- Etat des lieux.

La corruption, entendue comme « le mauvais usage du pouvoir, de l’autorité ou de fonctions publiques en vue de l’obtention d’avantages privés » est un dysfonctionnement qui touche aussi bien les fonctions régaliennes de l’État, que les activités économiques, sociales, culturelles. Elle atteint l’accès aux services publics (justice, forces armées, éducation, santé, élevage, énergie, eau…), voire l’aide alimentaire dans les pays les plus démunis. Ses formes sont extrêmement variées, du détournement d’argent public à la rémunération indue pour l’obtention d’un droit ou d’un avantage. Elle est même parfois acceptée, ce qui complique d’autant son éradication.

B- Les objectifs de lutte contre la corruption pour la lutte contre le vol de bœufs.

La lutte contre la corruption s’accompagnant de celle contre le vol de bœufs, s’agit en premier lieu de construire une culture déontologique dans l’ensemble des champs où intervient le régulateur public ou relevant de l’État : finances publiques, police et justice, santé, éducation, état civil, commerce international.

Ainsi, la lutte contre la corruption regroupe un grand nombre d’objectifs :

− Affermir la démocratie, en réprimant le financement irrégulier des formations politiques et le trafic d’influence ; − Consolider l’État de droit, en assurant en particulier l’indépendance, l’impartialité et l’équité du système judiciaire ; − Préserver les fonds publics, en garantissant la régularité des marchés, le bon fonctionnement des systèmes fiscaux et douaniers, et en bannissant le

59

Problème de l’insécurité rurale liée au vol de bœufs .Cas du District de Betioky-Sud. ______

détournement d’actifs publics ;

− Lutter contre le crime organisé, dont les activités se développent en partie à cause

de la corruption ; − Changement de valeurs et de la mentalité et l’application de la Code de conduite ; − Confiance accrue du public dans un traitement équitable par les tribunaux, par l’Administration publique et par les forces de sécurité.

C- Les activités à prendre pour la lutte contre la corruption.

Bien que bon nombre d’actions soient effectuées pour la lutte contre le phénomène de vols de bœufs, il faudra les amplifier par d’autres stratégies au niveau de toutes les organisations administratives, locales, et organismes spécialisés.

Pour atteindre ces objectifs, il faut soutenir et encourager toutes les différentes entités publiques ou privées ; toutes les institutions ; ainsi que la population en général et locale pour une effectivité de la mise en œuvre des dispositifs nationaux anti- corruption 72 avec l’aide des Agents venant de l’extérieur tels que les Bailleurs de Fonds mais surtout par la conviction ultime des Agents de l’Etat malagasy.

En fait, ces derniers devraient encourager la formulation d’une définition de la corruption qui recouvre la réalité locale des faits, l’instauration d’une culture du contrôle, et l’amélioration de la détection et de la sanction des faits.

Par ailleurs, les Agents de l’Etat plus particulièrement les Représentants de l’Etat devraient renforcer les contrôles tant financiers (par les Cours des comptes, les Tribunaux administratifs), que politiques (par les assemblées nationales), permettre de limiter le pouvoir discrétionnaire des administrations centrales et locales(les CTD) et partant de réduire les risques de comportements déviants.

Ainsi, les programmes de formation des fonctionnaires, la professionnalisation du recrutement, l’organisation de plans de carrière et l’augmentation des rémunérations contribuent à la limitation de ces risques. La lutte contre la corruption implique également une simplification des procédures administratives, ainsi qu’une sensibilisation et une association 73 de la société civile.

72 Loi n° 2004-030 du 09 Septembre 2004 sur la lutte contre la corruption. 73 Une idée d’instaurer une association des étudiants de l’Université de Toliara pour la lutte contre la corruption a été élaborée par quelques étudiants de Droit en troisième année (en 2011) mais elle n’a pas abouti à sa faim. 60

CONCLUSION

En guise de conclusion, les vols de bovidés sont parmi les anciens phénomènes d’insécurité rurale à Madagascar .Ils sont réapparus d’une façon cyclique au cours de l’histoire de Madagascar 74 .Actuellement, il n’a plus rien à voir avec la tradition culturelle. Le vol actuel est de plus en plus lié au commerce dans lequel nombreuses personnalités sont impliquées pour accentuer la recrudescence de l’insécurité rurale.

L’histoire de l’application du droit en matière de vol de bœufs a montré qu’en dépit de rigoureuses interventions élaborées par le législateur malgache pour la sécurité rurale et contre le vol de bœufs, les améliorations escomptées ne se produisaient que tout à fait sporadiquement 75 . Elles étaient même inefficaces par moments, puisque les vols, les brigandages et les meurtres allaient en augmentant d’année en année.

Le Gouvernement ne cesse d’améliorer la gestion de la filière bovine. A cet effet, il fait des efforts sur le contrôle relatif aux bovidés pour régler la situation par le biais des autorités administratifs et locales en adoptants des dispositifs pour la prévention et la répression de ce phénomène.

Mais dans la pratique, ces différentesmesures sont ineffectives du fait que de nombreux blocages et contraintes y sont afférents.

Pour le contrôle de bovidés, on constate la fragilité du système. Cette faiblesse est provoquée par : le non effectivité de recensement des bovidés, le non application des dispositions législatives. En plus, des profiteurs de tous acabits apparaissent pour aggraver la situation à travers la corruption et autres trafics illégaux 76 .Cela peut aller des autorités de toutes sortes (administratives, militaires et judiciaires) jusqu’aux hommes d’affaires comme les « mpanarivo » ou grands propriétaires bovins et les bouchers 77 .

Quant aux intervenants, les contrôles administratifs sont confrontés à des obstacles, à savoir : la faiblesse de contrôle à l’égard des vétérinaires et le CAA, la limite

74 RASAMOELINA Henri, « Insécurité rurale et problème de gouvernance à Madagascar », Madagascar Matin du 02 Septembre 2013. 75 RAKOTO Ignace, « La problématique de l’application du droit en matière de vol de bœufs à Madagascar (1787-1960) ». 76 RASAMOELINAHenri .op.cit. p 63. 77 JAO Patrius, Op.cit. p 16. 61

de la compétence, les insuffisances des moyens nécessaires aux inspections et la faiblesse de poursuite relative au blanchiment de bovidés.

Il en est ainsi sur la mise en œuvre du système d’auto-défense villageoise. Les Dina qui ont été déjà adopté ne répondent pas entièrement à l’attente des victimes de l’insécurité rurale. La population active du District de Betioky-Sud de la Région Atsimo-Andrefana, objet de la présente mémoire, en majorité des agriculteurs et éleveurs, rencontre ces problématiques. Le problème de l’insécurité rural constitue un frein au développement local.

Malgré les mesures prises au niveau local, l’acte de banditisme rural persiste jusqu’à aujourd’hui 78 .

Ainsi, l’étude a pour but d’apporter une contribution sur la résolution de cette problématique. Il s’agirait, pour cela, de l’application du « principe de la non-violence » en renforçant des mesures préventives pour éviter les conséquences néfastes des mesures répressives. Ceci se fait par l’amélioration des textes règlementant la sécurité publique et des mesures d’accompagnement ainsi que la valorisation de la valeur de l’Administration et ses agents tout en luttant contre la corruption.

Bref, l’insécurité rurale liée au phénomène de vols de bœufs constitue un important blocage de l’activité économique et un obstacle au développement humain.

D’après les constants, les causes de l’insécurité rurale ne résident pas non seulement sur les difficultés rencontrées au niveau local mais ils se justifient par la faiblesse du système au niveau national.L’impuissance de l’Etat, face à ce phénomène, provoque la mésentente de la population qui considère les agents de l’Etat comme des « Vazaha »79 qu’on doit craindre.

Le dysfonctionnement profond et permanent depuis de longue année des mesures étatiques manifestées par la politisation de l’Administration, le non respect de la déontologie, le déficit d’indépendance, l’impartialité, l’insuffisance quantitative et qualitative des moyens matériels, financiers et personnel provoquent l’instabilité politique sources des crises cycliques durant lesquels les vols de bœufs sont aggravés. En effet, comme dans les pays en développement, les dirigeants parvenus au pouvoir par une voie extra-constitutionnelle ont bafoué l’Etat de droit, entrainé les populations à la

78 MANITRISA.op.cit.p 40. 79 Rapport de l’Atelier inter-regional sur le vol de bœufs dans la Région Atsimo Andrefana et Ihorombe. Toliara 26-27 septambra 2012. 62

désobéissance civile, organisé des élections truquées de fraudes pour légitimer leur régime insurrectionnel, une sorte de blanchissement politique et recouru systématiquement à des moyens anti-démocratiques et de la corruption pour s’y maintenir.

Bref, l’ineffectivité des mesures contre l’insécurité ruraleimplique l’inadaptation aux impératifs géographiques et aux réalités humaines du moment.La base de cela est l’adoption d’un régime politique fiable.

63

ANNEXES

ANNEXE I

ORDONNANCE N° 60-106 DU 27 SEPTEMBRE 1960 relative à la répression des vols de bœufs (JO n° 124 du 01.10.60 p. 1949, RTL V), modifiée et complétée par la loi n° 61-030 du 18 octobre 1961 ( JO n°190 du 21.10.61 p. 1818), l'ordonnance n° 62-090 du 1 er octobre 1962 ( JO n°250 du 19.10.62 p. 2371), l'ordonnance n° 75-023 du 1 er octobre 1975 ( JO n° 1084 du 11.10.75 p. 2660) et l'ordonnance n° 76-015 du 17 mai 1976 ( JO n° 1129 du 05.06.76 p.1327 ; Erratum : JO n° 1131 du 19.06.76 p. 1442)

DISPOSITIONS PRELIMINAIRES

Article premier - Des cours criminelles, définies au titre III, connaissent des vols de bœufs et autre faits qualifiés crimes par la présente ordonnance ainsi que des infractions connexes.

Ces juridictions sont établies au siège des tribunaux de première instance et des sections.

Elles ont le même ressort que le tribunal ou la section sauf ce qui est dit à l'article 48 (Loi n° 61-030 du 18.10.61)

Art. 2 - Les faits qualifiés délits sont déférés aux tribunaux correctionnels, conformément au droit commun.

TITRE PREMIER : DES INFRACTIONS

CHAPITRE PREMIER : DES SANCTIONS PENALES

Section I : Des faits qualifiés crimes

Art. 3 - Les vols de bœufs sont sanctionnés, conformément aux dispositions ci-après.

Art. 4 - Sera puni de la peine de mort, quiconque aura soustrait ou tenté de soustraire frauduleusement un ou plusieurs bœufs; dès lors que cette infraction a été précédée, accompagnée ou suivie d'un meurtre. Art. 5 - (L n° 61-030 du 18.10.61) Sera puni de la peine des travaux forcés à perpétuité tout individu coupable d'avoir soustrait frauduleusement un ou plusieurs bœufs, si le vol a été commis avec la réunion de trois au moins des circonstances aggravantes suivantes

1° La nuit ;

2° En réunion de deux ou plusieurs personnes ;

3° Avec port d'arme apparente ou cachée, sans qu'il y ait lieu de distinguer à cet égard entre les armes par nature et les instruments qualifiés armes par l'usage qui en est fait ;

4° Avec violences ;

5° En alléguant un faux ordre de l'autorité civile ou militaire.

Art. 6 - (Loi n° 61-030 du 18.10.61) - Tout autre vol de un ou plusieurs bœufs commis dans les champs, pâturages, parcs, enclos ou en tout autre lieu sera puni d'une peine de cinq à vingt ans de travaux forcés

Art. 7 - (Loi n° 61-030 du 18.10.61) Sera puni de la même peine, tout individu qui aura, volontairement et sans nécessité, mis à mort, mutilé et blessé un ou plusieurs bœufs appartenant à autrui.

Art. 8 - Outre les cas de complicité prévus aux articles 59, 60 et 61 du Code pénal, seront considérés comme complices d'un voleur de bœufs et, comme tels, punis des mêmes peines que celui-ci, les individus qui, en connaissance de cause, lui auront fourni nourriture ou asile ou prêté par un moyen quelconque, même indirect mais conscient, aide et assistance dans la préparation ou la commission de son crime ou pour assurer son impunité .

Art. 9 - Le receleur de bœufs volés sera puni des mêmes peines que l'auteur principal, quand bien même il aura ignoré les circonstances aggravantes du crime.

Toutefois, si le crime commis par l'auteur principal est passible de la peine de mort, le receleur n'encourra que celle des travaux forcés à perpétuité.

Art. 10 - A l’ encontre des individus punis des travaux forcés à temps ou de la réclusion, l'interdiction de séjour devra toujours être prononcée. Sa durée sera de cinq à dix ans. Art. 11 - Les dispositions de l'article 380 du Code pénal ne sont pas applicables aux soustractions visées à la présente section.

Les dispositions de l'ordonnance n° 62-029 du 14 mai 1960 ( voir ord. mod. N° 72-023 du 18.09.72) tendant à renforcer la répression de certaines infractions et à accélérer la procédure sont applicables aux infractions visées par la présente ordonnance ( Loi n° 61-030 du 18.10.61) .

Section II : Des faits qualifiés délits

Art. 12 - Quiconque, connaissant l'auteur d'un vol de bœufs, ne l'aura pas dénoncé aux autorités, ou, connaissant le leu de son refuge, ne l'aura pas signalé, sera puni d'un emprisonnement d'un à cinq ans et d'une amende de 10 000 à 100 000 francs.

Art. 13 - Tout individu coupable d'avoir porté, même contre personne non dénommée, une fausse accusation de vol, recel, mise à mort, blessures ou mutilation d'un bœuf, sera puni des peines prévues à l'article 12 précédent.

Art. 14 - Tout abattage clandestin de bœufs ou tout abattage opéré sans qu'il puisse être justifié de la propriété de l'animal abattu, sera puni d'un emprisonnement d'un à trois mois et d'une amende de 10 000 à 100 000 francs ou de l'une de ces deux peines seulement.

Si l'abattage est le fait des représentants légaux, agents ou employés d'une société civile ou commerciale, l'amende pourra être portée au décuple de la valeur globale des bêtes abattues.

CHAPITRE II : DES REPARATIONS CIVILES

Art. 15 - Seront déclarés civilement responsables et condamnés solidairement à la restitution des bœufs volés ou au remboursement de leur valeur, quand il aura été retenu à leur encontre une faute en relation avec l'infraction commise, le fokonolona :

Du village où demeuraient habituellement les coupables ; Du lieu où les animaux dérobés auront été retrouvés ; De l'endroit où les traces des bœufs volés auront abouti. Les représentants de ces fokonolona seront cités à la diligence du ministère public lorsque leur responsabilité paraîtra devoir être recherchée. Le même droit appartiendra à la partie civile.

Art. 16 - En cas d'acquittement, la partie civile pourra, néanmoins, demander réparation du dommage causé par la faute de l'accusé, telle que cette faute résulte des faits qui ont été l'objet de l’accusation.

Art. 16 bis (Loi n° 61-030 du 18.10.61) - Lorsque les biens du condamné ne permettent pas le paiement des dommages-intérêts , le président du tribunal ou le président de la section peut, sur présentation de la grosse de la décision et des pièces justificatives, autoriser l'exécution solidaire ment sur les biens du conjoint ou des parents du condamné qui, à l'époque du crime ou du délit, habitait le même canton que lui et dont la parenté est établie selon les règles coutumières .

Le magistrat compétent est celui du lieu de la situation des biens.

L'opposition à cette ordonnance est portée devant la juridiction civile compétente qui statue d’urgence.

Pendant la durée de l'instance civile, les bœufs saisis pourront être confiés par l'agent d'exécution à la garde soit d'un service public, s'il en existe, soit d'une personne digne de confiance, qui devra les représenter à toute réquisition de justice.

Si la partie saisie et la partie saisissante sont d'accord et si elles s'entendent sur la valeur estimative des bœufs à saisir, ceux-ci peuvent être remis directement à la partie saisissante. Il sera alors dressé un procès-verbal de remise.

Les dispositions de l'article 221 du Code pénal sont applicables aux décisions rendues en vertu de présent article ( Ord .n° 62-090 du 01.10.62).

TITRE II : DE L'ENQUETE PRELIMINAIRE ET DE L'INFORMATION

Section I : Du rôle du fokonolona

Art. 17 - Toute personne, ayant connaissance d'un vol de bœufs, doit en aviser le fokonolona de son domicile.

Art. 18 - (Loi n° 61-030 du 18.10.61) Le fokonolona rend compte à l'officier de police judiciaire le plus proche. Il prend en même temps et sans désemparer toutes mesures nécessaires à la découverte et à l'arrestation des coupables. Il recherche les traces, recueille les renseignements, organise la poursuite. A cet effet, il peut pénétrer à l'intérieur de toutes propriétés ou concessions, tous établissements.

Art. 19 - Les représentants du fokonolona ont qualité pour entendre les témoins, sans toutefois que ces derniers puissent être retenus à cet effet au-delà de vingt-quatre heures.

Art. 20 - Dans le cas où ces opérations amènent dans un village la découverte d'une ou plusieurs bêtes dérobées ou de leurs dépouilles, la population est rassemblée. Les explications des suspects sont recueillies publiquement. Du tout, il est dressé procès-verbal par un citoyen lettré à ce requis. Les fonctionnaires publics, s'il s'en trouve, sont tenus de déférer à cette réquisition.

Art. 21 - Les suspects sont conduits sans retard devant l'officier de police judiciaire le plus proche du lieu de leur capture. Ils peuvent être entravés si leur fuite est à craindre, mais ne doivent en aucun cas subir de violences ou de mauvais traitements.

Section II : Des attributions de l'officier de police judiciaire

Art. 22 - Prennent la qualité d'officier de police judiciaire subalterne, pour la seule constatation des crimes et délits prévus par la présente ordonnance :

Les chefs de canton ; Les militaires de la gendarmerie, quelles que soient leurs fonctions, qui n'ont pas normalement cette qualité.

Art. 23 - Les officiers de police judiciaire et tous autres ont compétence même en dehors des limites de leur circonscription pour poursuivre l'enquête commencée sur les infractions prévues par la présente ordonnance ou pour l'exécution de toute délégation judiciaire.

Ils se trouvent placés sous le contrôle constant du commandant de l'unité de gendarmerie, dans le ressort de laquelle ils opèrent.

Art. 24 - L'officier de police judiciaire est saisi, en matière de vol de bœufs :

Soit par la rumeur publique ; Soit par la plainte ou dénonciation ; Soit par le fokonolona, qui a le devoir de l'aviser dans les plus brefs délais.

Art. 25 - (Ord. N° 62-090 du 01.10.62) Sitôt informé du vol de bœufs, l'officier de police judiciaire en avise le commandant de l'unité de gendarmerie qui lui-même rend compte à son tour au magistrat ou à l'officier du ministère public compétent. Le magistrat ou l'officier du ministère public peut lui adresser toutes instructions utiles.

Art. 26 - L'officier de police judiciaire averti du vol de bœufs se rend sur les lieux le plus promptement possible et prend la direction de l'enquête avec le concours du fokonolona qui lui doit aider et assistance et peut être chargé par lui de certaines missions.

Art. 27 - Deux membres du fokonolona, dont le chef du village, assistent à l'audition des suspects. A la fin de celle-ci, ils interpellent les déclarants pour savoir s'ils ont à retrancher ou à ajouter aux mentions consignées au procès-verbal ou au carnet de déclarations de l'officier de police judiciaire.

Ils signent ce procès-verbal ou ce carnet de déclaration, qui font foi jusqu'à preuve de contraire.

Art. 28 -(Ord. N° 62-090 du 01.10.62) Le commandant de l'unité de gendarmerie compétente coordonne les diverses enquêtes des personnes qualifiées officiers de police judiciaire au sens de la présente ordonnance.

Art. 29 - (Ord. N° 62-090 du 01.10.62) Il transmet les procès-verbaux des enquêtes et fait conduire dans les délais légaux les personnes appréhendées, au magistrat ou à l'officier du ministère public. Art. 30 - Dans les enquêtes menées en vertu des dispositions des articles 17 à 29 ci- dessus, l'inobservation d'une des formalités qui y sont prescrites n'emporte aucune nullité, si elle n'a pas eu pour conséquence de gêner ou de compromettre l'exercice des droits de la défense.

Section III : Des attributions du ministère public

Art. 31 - (Ord. N° 62-090 du 01.10.62) Dès réception des procès-verbaux d'enquête, le procureur de la République ou le magistrat qui le représente auprès de la section compétente, s'il estime qu'il y a lieu de poursuivre l'auteur d'une des infractions prévues à la présente ordonnance, suit à cet effet l'une des deux procédures ci-après.

Art. 32 -(Ord. N° 62-090 du 01.10.62) S'il s'agit de l'un des crimes, flagrants ou non, autres que ceux punis de la peine de mort ou des travaux forcés à perpétuité, ou délits, flagrants ou non, dont les auteurs sont identifiés et contre lesquels peuvent être retenus soit des aveux circonstanciés, soit des charges manifestes, le procureur de la République ou le magistrat qui le représente auprès de la section compétente procède à l'interrogatoire sur l'identité de l'auteur présumé, lui fait connaître les faits qui lui sont reprochés et recueille ses explications .

Il décerne, s'il échet, un mandat de dépôt dont la durée de validité ne peut dépasser trois mois à compter de la date d’écrou.

Après avoir procédé, s'il y a lieu, par lui-même ou par délégation, à toutes investigations complémentaires dans les formes prévues en matière d'information sommaire, il signe un ordre de renvoi , devant la cour criminelle spéciale ou devant le tribunal correctionnel, suivant le cas, et rend une ordonnance de prise de corps qui se substitue , le cas échéant , au mandat de dépôt . Il fait donner citation aux accusés ou prévenus pour la plus proche audience utile.

Art. 33 -(Ord. N° 62-090 du 01.10.62) S'il s'agit de crimes punis de la peine de mort ou des travaux forcés à perpétuité, ou, exceptionnellement, d'autres crimes ou délits rendant nécessaires l'intervention d'un juge d'instruction, le magistrat du ministère public ordonne l'ouverture d'une instruction préparatoire .

Art. 34 - Lorsqu'un individu appréhendé dans les cas prévus à l'article 32 est présenté à un officier du ministère public, celui-ci, après l'avoir interrogé sur son identité, lui fait connaître les faits qui lui sont reprochés et recueille ses explications (Ord. N° 62-090 du 01.10.62) .

Il décerne un billet d'écrou dont la validité est en principe limitée à quinze jours, à charge pour lui d'en avise immédiatement le magistrat du ministère public en lui demandant la délivrance d'un mandat de dépôt. Ce billet d'écrou peut exceptio nnellement être renouvelé pour une seconde période de quinze jours dans les conditions prévues aux articles 165 et 225 du Code de procédure pénale. ( Ord. N° 75-023 du 01.10.75).

Si l'information lui paraît complète, il transmet immédiatement les pièces au magistrat du ministère public et fait transférer l’inculpé.

Dans le cas contraire, il procède à tous actes nécessaires à la manifestation de la vérité dans les formes prévues en matière d'information sommaire ; il peut à cet effet déléguer les officiers de police judiciaire de sa circonscription. Il transmet les pièces au magistrat du ministère public dont il dépend, au plus tard dans les deux mois de l'arrestation de l'inculpé, et fait transférer ce dernier.

Art. 34 bis - Lorsque l'officier du ministère public constate que les faits retenus contre un individu appréhendé constituent une infraction exigeant l'ouverture d'une instruction préparatoire dans les cas prévus parl'article 33, il adresse au parquet dont il dépend les premiers éléments de l'enquête ( Ord. 62-090 du 01.10.62)

Il décerne un billet d'écrou valable pour une période de quinze jours contre l'auteur présumé qu'il fait aussitôt transférer et propose l'ouverture d'une instruction préparatoire avec délivrance d'un mandat de dépôt, sauf à renouveler le cas échéant ce billet d'écrou pour une autre période de quinze jours comme il est dit à l'article 34 ci-dessus ( Ord. N° 75-023 du 01.10.75)

Art. 34 ter -(Ord. 62-090 du 01.10.62) Dans tous les autres cas, il transmet dans les plus brefs délais la procédure d'enquête au magistrat du ministère public dont il dépend, seul habilité à prendre une décision.

Section IV : De l'instruction et du renvoi devant la cour criminelle spéciale

Art. 35 - Lorsqu'une instruction est ouverte, il est procédé conformément aux dispositions du Code de procédure pénale ( Loi n° 61-030 du 18.10.61) .

En cas de charges suffisantes de crime emportant la peine des travaux forcés à temps, le juge d'instruction rend une ordonnance de renvoi devant la cour criminelle spéciale et une ordonnance de prise de corps, qui se substitue, le cas échéant au mandat de dépôt . Dès réception du dossier, le procureur de la République ou le magistrat qui le représente auprès de la section compétente fait donner citation aux accusés ou prévenus pour la plus prochaine audience utile ( Ord. N° 62-090 du 01.10.62).

Si la peine encourue est celle des travaux forcés à perpétuité ou la mort, le juge d'instruction rendra une ordonnance de transmission des pièces à la chambre d'accusation ( L. n° 61-030 du 18.10.61).

Art. 36 - Lorsqu'une ordonnance de transmission à la chambre d'accusation aura été rendue, le procureur général sera tenu de mettre le dossier en état dans les quinze jours de sa réception à son parquet.

La chambre d'accusation statuera dans les quinze jours.

Art. 37 - Dès le prononcé de l'arrêt portant renvoi, le procureur général dresse l'acte d'accusation et la liste des témoins, parmi lesquels doivent obligatoirement figurer les chefs de village ayant participé à l’enquête.

De son côté, le premier président fixe par ordonnance la date de la session et désigne le magistrat chargé de la présider.

Art. 38 - Notification est faite à l'accusé de l'arrêt de renvoi, de l'acte d'accusation, de la liste des témoins et de la liste de session.

Copie en langue malgache, de chacune de ces pièces, doit être délivrée à l’accusé.

Section V : De l'organisation de la défense

Art. 39 - Chaque fois que les circonstances le permettent, un défenseur est désigné d'office à l'accusé, soit parmi les membres du barreau établis au siège de la juridiction, soit parmi les agents d'affaires autorisés, soit en la personne de tout autre citoyen jugé apte à assurer efficacement la défense .

L'accusé peut également choisir, pour l'assister telle personne qui lui convient, sous réserve de l'agrément du président.

A défait, toute personnel, qu'elle soit ou non parente, peut s'offrir pour présenter sa défense.

Lorsque la peine de mort ou les travaux forcés à perpétuité est encourue, un avocat est toujours commis. ( L. n° 61-030 du 18.10.61) .

Art. 40 - Les désignations sont faites par le président de la cour criminelle. Il peut déléguer ce pouvoir.

TITRE III : DU JUGEMENT

Section I : De la formation des cours criminelles spéciales

Art. 41 - La cour criminelle spéciale est composée :

Du président du tribunal de première instance ou de la section, ou de tout autre magistrat désigné par le premier président de la cour d'appel ;

De six assesseurs ayant voix délibérative ( Ord. N° 76-015 du 17.05.76).

Art. 41 bis (Ord. N° 76-015 du 17.05.76) Par dérogation aux prescriptions de l'article 38 de l'ordonnance n° 62-038 du 19 septembre 1962 sur la protection de l'enfance, la cour criminelle spéciale est compétente pour statuer dans les procédures où seront impliqués les mineurs âgés de moins de dix-huit ans au moment de la commission des faits qui lui sont reprochés. L'excuse de minorité sera applicable et les mineurs bénéficieront, en ce qui concerne les peines, des dispositions des articles 35 à 37, 43 à 46 de l'ordonnance n° 62-038 du 19 septembre 1962 ci-dessus visée.

Lorsqu'un mineur sera impliqué dans une procédure comprenant des majeurs, la cour criminelle spéciale statuera sans désemparer sur leur cas par débats et arrêts distincts.

Art. 42 - Le ministère public est représenté par le procureur de la République ou l’un de ses substituts ; à défaut par un magistrat désigné à cet effet par le procureur général.

Au siège des sections de tribunal, la présence du ministère public n’est pas obligatoire. ( L. n° 61-030 du 18.10.61) .

Art. 43 – Lorsque la peine de mort ou de celle des travaux forcés à perpétuité est encourue, le président de la cour criminelle spéciale et le représentant du ministère public doivent avoir rang au moins de conseiller à la cour d’appel et de substitut du procureur général. ( L. n° 61-030 du 18.10.61) .

Le premier président et le procureur général, chaque fois qu’ils le jugent convenable, siègent à la cour criminelle spéciale.

Art. 44 (Ord. N° 76-015 du 17.05.76) - Les assesseurs sont tirés au sort sur une liste de trente neuf noms de citoyens âgés de vingt-cinq ans au moins, jouissant de leurs droits civils et politiques. Le collège des assesseurs comprend : pour un tiers des éleveurs de bœufs, pour un tiers de non éleveurs de bœufs, pour un tiers des citoyens domiciliés en dehors de la sous-préfecture du siège de la juridiction compétente.

Art. 45 - Les fonctions d’assesseurs sont incompatibles avec l’exercice d’une fonction gouvernementale ou parlementaire, avec la qualité de fonctionnaire de la police ou de militaire d’une armée quelconque.

Nul ne peut être assesseur dans une affaire où il a accompli un acte de police judiciaire ou d’instruction ou dans laquelle il est témoin, dénonciateur, interprète, expert, plaignant ou partie civile.

Art. 46 - (Ord. N° 76-015 du 17.05.76) Six assesseurs titulaires et trois suppléants sont désignés trimestriellement par voie de tirage au sort sur la liste annuelle.

Trois urnes seront déposées à cet effet sur le bureau de la cour criminelle spéciale pour chacune des catégories d’assesseurs prévue à l’article 44.

Ils sont appelés à siéger pour le jugement de toutes les affaires autres que celles visées à l’article 48 ci-dessous. Pour les affaires expressément désignées par le procureur de la République, un tirage au sort spécial aura lieu immédiatement avant l’audience . Les assesseurs seront convoqués à cette fin à la diligence de ce magistrat et seront tenus de s’y présenter sous peine d’encourir les peines d’amende prévues à l’article 410, 4° alinéa du Code de procédure pénale et dans les mêmes formes.

Le tirage au sort sera valablement effectué lorsque le chiffre de vingt-six assesseurs aura été atteint.

Art. 47 (Ord. N° 76-015 du 17.05.76) - Le ministère public et l’accusé ne peuvent récuser que deux assesseurs chacun.

Art. 48 – Lorsque le renvoi a été prononcé par arrêt de la chambre de la chambre d’accusation pour des faits emportant la peine de mort ou celle des travaux forcés à perpétuité, l’affaire est portée devant la cour criminelle spéciale établie au lieu où siège la cour criminelle ordinaire, déterminée comme il est dit à l’article 3 de l’ordonnance n° 60-107 du 27 septembre 1960 portant réforme de l’organisation judiciaire .( Ord. n° 62-090 du 01.10.62) .

En ce cas les assesseurs sont tirés au sort sur la liste de trente-neuf noms instituée par l’article 44 ci-dessus suivant la procédure prévue pour la cour criminelle ordinaire ( Ord. N° 76-015 du 17.05.76).

Section II : De la procédure

Art. 49 – Il est ensuite procédé comme devant les cours criminelles ordinaires. Toutefois, lorsque la cour criminelle spéciale est saisie directement par un ordre de renvoi du procureur de la République ou du magistrat qui le représente auprès de la section compétent, ou par une ordonnance de renvoi du juge d’instruction, toute demande de nullité d’un acte de poursuite ou d’instruction doit être, à peine de forclusion définitive, proposée à cette juridiction dès l’ouverture des débats ( Ord. n° 62-090 du 01.10.62) .

Art. 50 – Toutefois, le délai imparti au procureur général pour se pourvoir en cassation est porté à quinze jours francs.

Le recours en cassation du procureur général est ouvert contre les arrêts d’acquittement ( Ord. n° 62-090 du 01.10.62) .

DISPOSITIONS DIVERSES

Art. 51 – La présente ordonnance entrera en vigueur le 1 er janvier 1961.

Art. 52 – Les lois n° 59-23 et 59-55 respectivement n date des 17 février et 9 juin 1959, sont abrogées en toutes leurs dispositions.

ANNEXE II

Loi n° 2001-004 du 25 octobre 2001 portant réglementation générale des Dina en matière de sécurité publique (J.O. n° 2746 du 19.11.2001, p. 3047) L'Assemblée Nationale et le Sénat ont adopté en leurs séances respectives du 16 mai 2001 et du 27 juillet 2001, Le Président de la Republique, Vu la Constitution, Vu la décision n° l4-HCC/D3 du 17 octobre 2001 de la Haute Cour Constitutionnelle, Promulgue la loi dont la teneur suit :

EXPOSE DES MOTIFS

Les Dina ont toujours existé à Madagascar depuis les époques les plus reculées sous forme orale ou écrite. Ils avaient comme cadre institutionnel le Fokonolona : communauté humaine, spatiale et entité administrative.

Les Dina, conventions collectives typiquement malgaches, étaient considérés comme étant un ensemble de règles coutumières d’organisation de la société et, en tant que tels, ils ont été conçus comme l‘émanation d’une réelle volonté populaire, et observée comme telle, car ils furent institués par ceux-là même qui en avaient ressenti le besoin. L’importance numérique des Dina est considérable et leurs impacts d’une grande diversité varient d’une région à une autre à cause d’un manque d’homogénéité absolue des coutumes. Certains Dina, élaborés dans le cadre de la politique du Gouvernement pour des mesures de sécurisation massives, ont dans leur principe presque éradiqué le fléau « DAHALO » (Dinan’i Toliary, Dinan’ny Fandriampahalemana, Dinan’ny Mpihary…)

Néanmoins, leurs applications ont présenté certains inconvénients : empiètement sur les compétences des autorités judiciaires, excès et abus perpétrés par certains dirigeants de Dina, enclin à la loi du Talion ; mise à mort des individus appréhendés… A la suite de la recrudescence des divers actes de banditisme, les avatars de certains Dina qui sont allés jusqu’à prévoir des Vonodina extrêmes, exécution des coupables par exemple ou des dispositions jugées contraires à la légalité, ont entraîné des remous à leur égard, non seulement au sein de la population mais jusqu’au niveau des pouvoirs publics. Les Dina étaient considérés comme une profusion au niveau local de législations parallèles difficiles à contrôler. Aussi, d’aucuns ont-ils souhaité leur abolition laissant ainsi les lois et règlements en vigueur jouer leur rôle.

Des arguments militent pourtant en faveur des Dina : les partisans soutiennent que le Dina soit la meilleure façon de renouer avec l’efficacité de l’organisation traditionnelle de la vie en société, la méthode la plus démocratique de responsabiliser la population des campagnes notamment en matière de sécurité publique et plus particulièrement pour lutter plus efficacement contre les vols de bœufs. En outre, il est difficile de provoquer une rupture brutale avec des pratiques et traditions, tels que les Dina ancrés depuis de longue date dans la vie quotidienne de la population et conformes aux principes de la démocratie, d'autant plus que les lois actuellement en vigueur leur reconnaissent une valeur certaine (cf. entre autres, article 472, 7° et 8° du Code pénal et article 36, 13° de la loi n° 94-008 du 26 avril 1995 fixant les règles relatives à réorganisation, au fonctionnement et aux attributions des collectivités territoriales décentralisées). La légitimité du maintien des Dina doit alors être considérée comme juste et licite. Pour prévenir tout excès ou abus, il faut néanmoins que les pouvoirs publics puissent contrôler les Dina en les intégrant dans l'ordonnancement juridique interne d'une manière expresse.

La présente loi ainsi que le Dina lasitra y annexé vont dans ce sens. Ils ont été élaborés à partir des idées maîtresses et résolutions issues de six ateliers d'envergure provinciale, à raison d'un atelier par Province, organisés dans le courant de l'année 1999 et d'un atelier d'envergure nationale qui s'est tenu les 27, 28 et 29 avril 2000 à Fianarantsoa, dans le cadre du renforcement des actions menées par le Gouvernement en vue d'améliorer la sécurité publique. Ces ateliers ont vu la participation des différents responsables des cinq départements ministériels directement concernés par la sécurité publique, des différents responsables au niveau des Faritany, des Députés de Madagascar. des Maires et des Conseillers communaux

ainsi que des « mpizaka dina » des zones concernées. Les grandes lignes de la présente loi et du Dina lasitra portent sur .

1.LA LOI PORTANT REGLEMENTATION GENERALE DES DINA EN MATIERE DE SECURITE PUBLIQUE

1.1. Les dispositions générales: la définition du Dina, soncontenu et son champ d'application territoriale ainsi que le vonodina. 1.2. Le régime juridique des Dina : le Dina est adopté à la majorité des membres du Fokonolona, âgés de 18 ans révolus, présents à l'assemblée générale lorsqu'il s'agit d'un hameau, d'un village ou d'un Fokontany. Au niveau d'une commune, le Dina est adopté à la majorité des représentants désignés par l'ensemble des membres du Fokonolona de chaque hameau, de chaque village et de chaque Fokontany et ceux désignés par le Conseil de la commune parmi ses membres. A l'échelon d'une sous-préfecture, d'une région, d'une province autonome, le Dina est adopté par délibérations concordantes prises par la majorité des représentants visés ci-dessus au niveau de la commune. Dans tous les cas, le Dina ne devient exécutoire qu'après son homologation par le tribunal judiciaire territorialement compétent.

1.3.La structure d'application du Dina: Cette section précise qu'un comité appelé « Comité exécutif du Dina » est institué au niveau de chaque Fokontany, de chaque sous- préfecture et à chaque niveau des collectivités territoriales décentralisées ayant établi un Dina. 1.4.Les dispositions particulières des Dina relatifs au vol de bœufs : Elles stipulent dans ce chapitre que les Dina relatifs au vol de bœufs s'appliquent au moins au Fokonolona d'une sous-préfecture. Des dispositions prévoient également des mesures préventives telles que la surveillance des passages obligés dits « kizo », l'alerte, le contrôle du « bokin'omby », l'exécution forcée du vonodina en cas d'opposition à la décision rendue par le comité exécutif du Dina.

80

2 - LE DINA LASITRA

Le modèle type de Dina à annexer à la présente Loi portant réglementation des Dina en matière de sécurité publique prévoit les devoirs et obligations du Fokonolona en matière de sécurité générale (vol de bœufs, détention d'armes, ivresse publique, violations des tombeaux ou de sépultures, délit de destruction de culture, réglementation des marchés etc...).

La salubrité et la santé publiques n'ont pas été omises pour autant. Enfin, les dispositions sur les vols de bœufs sont détaillées dans un assez long chapitre. Tel est, l'objet de la présente loi.

CHAPITRE I : Dispositions générales

Article premier - Le Dina est une convention collective présentée sous forme écrite, librement adoptée par la majorité des membres du Fokonolona âgés de dix-huit ans révolus ou selon le cas, de ses représentants désignés à l'article 6 de la présente loi.

Art. 2 - Le Dina édicte des mesures que la population concernée juge nécessaires à l'harmonisation de la vie sociale et économique ainsi que de la sécurité en fonction des réalités locales et pour lamise en oeuvrede ses attributions essentielles destinées à l'éducation civique des citoyens dans le cadre d'une structure basée sur l'autogestion populaire de la sécurité, pour promouvoir le développement et le progrès social et instaure une discipline collective afin de préserver l'ordre et la sécurité publics. Tout Dina doit être conforme aux lois et règlements en vigueur. Dans tous les cas, le Dina applicable est celui du lieu où l'acte ou le manquement répréhensible a été commis.

Art. 3 -La violation des règles édictées par le Dina entraîne l'application du VONODINA qui consiste en des réparations pécuniaires ou en nature au profit de la victime et du Fokonolona telles que prévues dans le Dina.

CHAPITRE II Du régime juridique des Dina

SECTION 1 De l'élaboration et de l'adoption des Dina

Art. 4 -L'initiative des Dina appartient au Fokonolona et à ses représentants visés à l'article premier ci-dessus. Tout groupement de personnes peut présenter un projet de Dina aux autorités locales compétentes pour être soumis au Fokonolona ou à ses représentants.

Art. 5 -Dans l'élaboration des Dina, le Fokonolona peut faire appel aux élus, aux techniciens de l'administration territoriale, au tribunal de l'ordre judiciaire et aux forces de l'ordre territorialement compétentes.

Art. 6 - Au niveau d'un hameau, d'un village ou d'un Fokontany, le Dina est adopté à la majorité des membres du Fokonolona. Tout Dina applicable au niveau d'une commune est adopté à la majorité des représentants dûment désignés par l'ensemble des membres du Fokonolona de chaque hameau, de chaque village et de chaque Fokontany et ceux désignés par le conseil de la commune parmi ses membres. Tout Dina applicable au niveau d'une sous-préfecture, d'une région ou d'une Province autonome est adopté par délibérations concordantes prises par la majorité des représentants visés à l'alinéa ci-dessus au niveau de la commune.

SECTION 2 De l'homologation des Dina

Art. 7 - Le Dina ne devient exécutoire qu' après son homologation par le tribunal de l'ordre judiciaire compétent ou la Cour d'appel ainsi que sa publication par voie d'affichage, de kabary ou par tout autre mode de publicité.

Art. 8 - Dans les trente (30) jours suivant son adoption, le projet de Dina est transmis par les soins du maire au conseil municipal ou communal. Le conseil dispose d'un délai de quinze (15) jours à compter de la date de réception du projet de Dina pour émettre son avis et le transmettre au représentant de l'Etat. Le représentant de l’Etat fait parvenir le projet de Dina assorti de son avis au tribunal de l'ordre judiciaire territorialement compétent dans un délai de quinze (15) jours. Ce délai court à compter de la date de réception du projet de Dina.

Le dossier doit être communiqué au procureur de la République pour ses conclusions écrites dans le délai de trois jours de sa réception au parquet.

Art. 9 - Le président du tribunal de première instance territorialement compétent ou le juge qui le remplace doit statuer suivant la procédure de référé. Le refus d'homologation d'un Dina doit être motivé. Dans tous les cas, les décisions du tribunal territorialement compétent sont susceptibles d'appel. Le délai pour interjeter appel est de un mois.

L'appel est jugé par le premier président de la Cour d'appel qui doit statuer dans un délai de quinze (15) jours. La décision n'est pas susceptible de pourvoi en cassation. Le Dina homologué est déposé dans chaque village et au bureau du Fokontany pour être consulté par le public.

SECTION 3 De l'application des Dina

Art. 10 - Un Dina régulièrement homologué s'applique immédiatement sans préjudice des poursuites pénales. Dans tous les cas, les actions en réparation civile sont indépendantes des actions pénales.

La procédure d'application du Dina doit être effectuée de manière contradictoire. Toutefois, l'absence de l'une des parties résultant d'une mauvaise foi ou de la détention provisoire par décision du juge ne saurait faire obstacle au déroulement de la procédure d'application du Dina. Art. 11 - Aucune autorité administrative, judiciaire, autorité investie d'un mandat électif, ni membre des forces de l'ordre ne doit intervenir lors des délibérations du comité exécutif du Dina. En matière de réparation civile, le tribunal territorialement compétent régulièrement saisi surseoit à statuer jusqu'à ce que le comité exécutif du Dina prévu aux articles 15 et suivants de la présente loi a vidé sa saisine. Pour assurer le maintien ou le rétablissement de l'ordre public, le représentant de l'Etat territorialement compétent peut faire appel à la police nationale ou le cas échéant, requérir, dans les formes réglementaires, les unités de la gendarmerie et de l'armée stationnées dans sa circonscription.

Art. 12 - En cas de refus d'exécution, le comité exécutif du Dina notifie au(x) récalcitrant(s) qu'il sera procédé à l'exécution forcée du vonodina. A cet effet, le représentant de l'Etat territorialement compétent requiert sans délai, dès qu'il aura reçu notification du refus d'exécution du Dina, les forces de l'ordre en vue de l'exécution forcée du vonodina.

Art. 13 - En tout état de cause, toute forme de rétribution, de rémunération, de don en nature, demeure formellement interdite pour les autorités administratives, judiciaires, les élus et les forces de l'ordre dans le cadre de l'application des Dina. Celui qui aura reçu ou offert l'une des différentes formes des dons prévus à l’alinéa précédent sera puni de deux à dix ans d'emprisonnement et d'une amende obligatoire de 15.000 à 1.500.000Fmg.

Art. 14 - Tout auteur d'actes ou d'omission volontaire destiné à entraver les opérations du comité exécutif du Dina sera puni des peines prévues par l'article 400 paragraphe 3 du Code pénal. Tout détournement, toute destruction, toute aliénation des biens objet du litige, demeurent formellement interdits jusqu'à ce que le comité exécutif du Dina ou le tribunal a vidé sa saisine, sous peine des sanctions prévues à l'article 400 et suivants du Code pénal.

SECTION 4 De la structure d'application des Dina

Sous-section 1 Du Comité exécutif du Dina

Art. 15 - Pour l'application d'un Dina régulièrement établi, il est institué au niveau de chaque Fokontany, de chaque sous-préfecture et de chaque collectivité territoriale décentralisée, un comité appelé comité exécutif du Dina dans les conditions fixées par la présente loi. Selon le cas, ce comité est chargé d'appliquer le Dina entre : - membres du Fokonolona d'un même Fokontany ; - membres du Fokonolona de deux ou plusieurs Fokontany d'une même commune ; - membres du Fokonolona de deux ou plusieurs communes d'une même sous- préfecture ; - membres du Fokonolona de deux ou plusieurs sous-préfectures d'une même région ; - membres du Fokonolona de deux ou plusieurs Provinces autonomes.

Art . 16 - Le nombre des membres du comité visé à l'article 15 ci-dessus est fixé par le Dina.

Art. 17 - Pour la constitution des comités exécutifs du Dina, le Fokonolona ou l'ensemble de ses représentants à chaque niveau visé aux alinéas 2 et 3 de l'article 6 ci- dessus procède à l'élection des membres du Bureau du comité exécutif du Dina. Le Bureau exécutif du Dina est composé de : - un Président ; - un Vice-président ; - un Trésorier ; - un Vice-trésorier ; - un Secrétaire ; - des Conseillers. Les membres du Bureau exécutif du Dina sont élus par et parmi les membres du Fokonolona visés à l'article 15 ci-dessus. Une liste arrêtée par l'autorité administrative territorialement compétente constate l'élection desdites personnalités dont la durée du mandat est de un an renouvelable. Sous-Section 2 De la procédure devant le comité exécutifdu Dina

Art. 18 - Le comité exécutif du Dina est saisi par une requête adressée au président du comité exécutif du Dina. Cette requête est constatée par une inscription sur un registre ad hoc contre délivrance d'un récépissé au demandeur.

Art. 19 - Les parties sont avisées, par convocation écrite du président du comité exécutif du Dina, quinze (15) jours francs au moins avant le jour fixépour l'instruction de l'affaire. Art. 20 - L'assemblée générale statue dans un délai de huit (8) jours au moins et trente (30) au plus à compter de la date du récépissé.

Si l'assemblée générale n'a pas statué dans le délai fixé au précédent alinéa, le demandeur peut soumettre l'affaire au tribunal de l'ordre judiciaire territorialement compétent, dans les cinq (5) jours qui suivent la date d'expiration dudit délai.

Art. 21 - Le comité exécutif du Dina tient un registre de délibération côté et paraphé par le Délégué administratif d'arrondissement ou le représentant de l'Etat territorialement compétent ou les élus, et où sont consignés les procès-verbaux. Une copie du procès-verbal est adressée au représentant de l'Etat, au tribunal territorialement compétent, aux élus et notifiée à chacune des parties.

Art. 22 - Si l'une des parties s’estime lésée par la décision rendue par le comité exécutif du Dina, elle peut présenter un recours devant le tribunal judiciaire du lieu où les faits ont été commis dansun délai de quinze (15) jours à partir de la décision du comité rendue contradictoirement ou à partir de la date de la notification de la décision rendue par défaut. Le recours devant le tribunal judiciaire territorialement compétent ne suspend pas l'exécution du vonodina. Le tribunal visé à l'alinéa premier ci-dessus statue en premier et dernier ressort dans un délai de trente (30) jours à compter de la date de réception de la requête. Les débats dirigés par le président ont lieu au chef-lieu du Fivondronampokontany après audition des membres du Comité exécutif du Dina, du représentant de l'Etat territorialement compétent et des élus. A défaut de comparution du défendeur, le tribunal statue sur pièces. Sous-section 3 Des règles de fonctionnement du comité exécutif du Dina

Art. 23 - Le comité ne peut procéder valablement à la mise en oeuvre de l’application du Dina qu'en présence de la majorité absolue de ses membres.

Art. 24 - Les décisions sont prises à la majorité absolue des membres présents du comité exécutif du Dina et du Fokonolona membre du Dina.

Art. 25 - Il est interdit à tout membre du comité de prendre part à la délibération d'une affaire qui le concerne ou met en cause les membres de sa famille.

Art. 26 - Tout membre du comité ayant commis des fautes graves dans l'exercice de ses responsabilités est démis d'office de ses fonctions sans préjudice des poursuites judiciaires. Sont notamment considérées comme fautes graves telles que visées à l'alinéa premier ci-dessus, les cas d'absences répétées non justifiées aux réunions du comité. La démission d'office est constatée par décision du Délégué administratif d'arrondissement ou du représentant de l'Etat territorialement compétent conformément à la délibération de membres du comité exécutif du Dina et du Fokonolona membre du Dina.

Art. 27 - Les membres du comité exécutif du Dina perçoivent une indemnité forfaitaire fixée par le Fokonolona ou la collectivité territoriale décentralisée concernée. Cette indemnité est supportée par la caisse du Dina constituée par les vonodina. Art. 28 - Les dépenses relatives au fonctionnement du comité sont prises en charge par la caisse du Dina ou par la collectivité territoriale décentralisée concernée, selon le cas. A cet effet, le comité exécutif du Dina doit tenir un registre de comptabilité de caisse. CHAPITRE III Des dispositions particulières aux Dina relatifs au vol de bœufs

Art. 29 - Nonobstant les dispositions de l'article 6 ci-dessus, les Dina relatifs aux vols de bœufs régulièrement adoptés dans les conditions fixées par la présente loi s’appliquent au moins au Fokonolona d'une sous-préfecture. Dans tous les cas, le Dina adopté dans le lieu où le vol a été commis est applicable de plein droit. Le Dina doit prévoir des mesures préventives, notamment la surveillance et le contrôle des passages obligés généralement appelés " kizo ", le nettoiement desdits passages, la répercussion du signal d'alerte et le pistage des traces afin de faciliter la poursuite des voleurs de bœufs. Le village qui entend l'alerte a le devoir de le transmettre par tous les moyens et sans tarder aux autres villages environnants. Le village ou ceux qui auront failli aux obligations prévues aux alinéas précédents seront sanctionnés par le Dina. Art. 30 - Tout vol de bœufs doit être déclaré par le propriétaire dans un délai de 48 heures au président du Fokontany qui en saisit immédiatement les autorités compétentes.

Art. 31 -Le président du Fokontaiiy vérifie si les bœufs déclarés volés sont régulièrement inscrits dans le cahier de contrôle dit « bokin'omby » et délivre au propriétaire une attestation valant autorisation de poursuite. Art. 32 -L'application du Dina s'effectue par la procédure du « kabary fototra » dont l'objet consiste à procéder à l'audition des parties et à l'issue de laquelle le comité exécutif du Dina rend sa décision par écrit. En cas d'absence de l'une des parties, les dispositions de l'alinéa 3 de l’article 10 ci-dessus sont applicables. Le comité peut, en tant que de besoin, faire appel à des témoins. La décision du comité est consignée dans un procès-verbal établi à l'issue de la procédure d'application du Dina dont copie est adressée au représentant de l'Etat et au tribunal territorialement compétents et notifiée aux parties.

Art. 33 - La décision du comité exécutif du Dina s'applique immédiatement nonobstant toutes voies de recours. Il sera procédé éventuellement aux réparations prévues par le Dina. Art. 34 - En cas de refus d'exécution, il sera procédé à l'exécution forcée conformément aux dispositions de l'article 12 ci-dessus.

CHAPITRE IV Du Dina type dit « DINA LASITRA »

Art. 35 - Le "DINA LASITRA" joint en annexe à la présente loi constitue un modèle type de Dina. Dans tous les cas, les dispositions du Dina lasitra peuvent être appliquées, mutatis mutandis, au niveau d'un hameau, village, Fokontany, commune, sous-préfecture, région ou d'une Province autonome en vertu des articles 4, 5 et 6 de la présente loi.

Art. 36 - Par application des dispositions de l'article 35 ci-dessus, le "DINA LASITRA" peut être adapté en fonction des traditions et coutumes locales parfaitement établies sous réserve du respect des dispositions des lois et règlements en vigueur.

CHAPITRE V Dispositions finales

Art. 37 - Les dispositions de la présente loi sont applicables aux Dina autres que ceux relevant de la sécurité publique.

Art. 38 - Les modalités d'application de la présente loi feront, en tant que de besoin, l'objet de textes réglementaires.

Art. 39 - Sont et demeurent abrogées, toutes dispositions antérieures contraires à la présente loi. Art. 40 - La présente loi sera publiée au Journal officiel de la République. Elle sera exécutée comme loi de l'Etat.

Promulguée à Antananarivo, le 25 octobre 2001 Didier RATSIRAKA

ANNEXE III

SPECIMEN DE FICHE INDIVIDUEL DE BOVIN

FICHE INDIVIDUELLE DE BOVIN

LAHARAN’NY KAVINA : TAONA (Age) : VOLON’OMBY (Robe) :………………………………………………………………………………….. (Numéro Boucle d’identification) FAMANTARANA MANOKANA : ……………………………………………………………………………………………………………………. (Signes particuliers distinctifs) ………………………….………………………………………………………………………………………… LAHY / VAVY (Sexe) : . …………………………………………………………………………………………………………………. LAHARAN’NY BOKIN’OMBY : ……………………………………………………………………………………………………………………... KARAZANA (Type racial) : (Numéro du cahier de contrôle) …………………………………………………………………………………………………………………….. DATY (Date) KAODY MPIOPY DISTRIKA KAOMININA FIOVANA: SONIAN’NY CAA ANARANA SY NOMERAO KARAPANONDRO - VOLONOMBY (Signature CAA) ARY ADIRESIN’NY MPIOMPY NIDITRA NIVOAKA - FAMANTARANA MANOKANA (Entrée) (Sortie) ………………………………………………… …………………………………………………………………. ………………………….………………………………………………………………………………………… . …………………………………………………………………………………………………………………. ……………………………………………………………………………………………………………………. ………………………….………………………………………………………………………………………… . …………………………………………………………………………………………………………………. ……………………………………………………………………………………………………………………. ………………………….………………………………………………………………………………………… . …………………………………………………………………………………………………………………. ……………………………………………………………………………………………………………………. ………………………….………………………………………………………………………………………… . …………………………………………………………………………………………………………………. FANAMARINANA ARA-PAHASALAMANA (Certificat de vaccination)

TAONA DATY NANAOVANA VAKISINY KARAZAM -BAKISINY SY LAHARANA ANARANA SY SOKAJIN’NY MPAN AO ANARANA SY SONIAN’NY VETERINERA (Année) (Date de vaccination) (Type et lot du vaccine) VAKISINY (Nom et signature du vétérinaire)

N° OOOOOOO Source : Annexe de l’Arrêté interministeriel N° 20835/2012. ANNEXE IV

STATISTIQUE ACTES DE BANDITISME DURANT L’ANNEE 2011 DANS LE GROUPEMENT DE LA GENDARMERIE NATIONALE ATSIMO/ANDREFANA ************************************ NBRE CASES VICT OU VICT OU DAHALO REGION UNITES DISTRICTS DATE AB CAS AB BIENS OU VALEURS DEROBES ARR SUITE JUD INCED FKL BLES FKL TUES TUES AUTEURS TOLIARA I 01/08 - 01/09/11 09 02 02 - - 22 Millions Ar – 06 TPH portable 05 04 MD – 01 LP - 04 Bijoux en or -03 marmites- 400.000 Ar-effets vestimentaires- 26/04-25/06 - TOLIARA II 06 03 - 01 01 trousse de toilettes-produits de 08 04 MD – 04 LP - 27/10/11 CIE TOLIARA beautés+somme d’argent non déterminée R SAKARAHA 02/02/11 03 01 - - 03 - 03 03 MD - 09 -14/09 -Oct. MOROMBE Inconnu 04 - 03 03 01 moto – 70.450.000 Ar 06 03 MD – 03 LP - 11 TOTAL CIE TOLIARA IDEM 18 10 02 04 07 IDEM 22 14 MD – 08 LP - 1.200.000 Ar-divers effets S ANK/SUD 31/01/11 02 01 - - - vestimentaires-03 cartables écoliers- - - - 02 colliers en or CIE ANK/SUD 4.000.000 Ar –divers effets 16-29/04- 05/05 BEROROHA 02 04 - 01 03 vestimentaires-450 gobelets de riz 02 02 LP - -16/09/11 O blanc. TOTAL CIE ANK/SUD IDEM 04 05 - 01 03 IDEM 02 02 LP - AMP/OUEST 06/09/11 05 03 - - - 13 Millions Ar - 01 P.A - 360 g d’or 05 01 MD – 04 LP 02 CIE 840.000 Ar-03 TPH portable-01 BETIOKY/SUD 07/04 - 29/09/11 06 03 - - 04 10 03 MD – 07 LP 03 AMP/OUEST appareil photo BENENITRA 02/08/11 04 01 - 01 01 - 01 01 MD - TOTAL CIE AMP/OUEST IDEM 15 07 - 01 05 IDEM 16 05 MD – 11 LP 05 111.890.000 Ar-09 TPH portable- 04 Bijoux en or -03 marmites- effets vestimentaires-trousse de toilettes-produits de beautés-03 TOTAL RSO IDEM 37 22 02 06 15 40 19 MD – 21 LP 05 cartables écoliers-02 colliers en or- 450 gobelets de riz blanc-01 appareil photo-01 moto-01 P.A - 360 g d’or

Source : Groupement de la gendarmerie nationale Atsimo Andrefana. ANNEXE V

Source : FTM, année 2000. BIBLIOGRAPHIE I-OUVRAGES : -BARILARI (André) , « La modernisation de l'administration », Paris, LGDJ, 1994. -FAUROUX (Emmanuel) , « Le boeuf et le riz dans la vie économique et sociale sakalava de la vallée de Maharivo » in AOMBE n°2 , ERA , ERA,ORSTOM et MRSTD , 1989,295p. -IMBIKI (Anaclet) , « Le « Fokonolona » et le « Dina » Institutions traditionnelles modernisées au service de la Sécurité publique et de la Justice populaire à Madagascar », Edition Jurid’ika, Mai 2011. -MASSIOT (Michel ), « L'Organisation politique, Administrative, Financière et judiciaire », Paris, LGDI, 1971. -RANDRIAMAROLAZA (Louis Paul), « Elevage et vol de bœufs en pays Bara : la dimension socioculturelle », Recherche pour le Développement, série-Science de l’Homme et de la Société, 1986-I. -RAHARIJAONA (Henri) , “ Les Conventions du fokonolona, le Droit malgache et le développement rural », Bulletin de Madagascar n°220, Sept 1964. -RASAMOELINA (Henri) , « Etat - Communautés villageoises-Banditisme rural, à l’exemple de vol de bœufs dans la Région Haute Matsiatra », Thèse de Doctorat, Université de Perpignan, 2000 -RASAMOELINA (Henri) , « Le vol de bœufs en pays betsileo », Politique Africaine n° 52, Juin 1991, p 22-30.

II-DOCUMENTS : -DISTRICT DE BETIOKY-SUD , Monographie du District de Betioky-Sud. -ESOAVELOMANDROSO (Manassé ), « L’élevage traditionnel est-il un frein au développement? (l’exemple de l’élevage Mahafale dans le Sud-ouest) ». série-Science de l’Homme et de la Société, N° 1 Premier semestre 1986, Antananarivo.

-NOMENJANAHARY ANDRETafitaSareine , « Contribution à la lutte contre le vol de bœufs comme moyens de développement local durable : Cas de District de Tsiroanomandidy », Mémoire de fin d’étude, ENAM, Mars 2011. -REGION ATSIMO ANDREFANA , Monographie de la Région AtsimoAndrefana. -REGION ATSIMO ANDREFANA , Rapport de l’Atelier inter-regional sur le vol de bœufs dans la Région AtsimoAndrefana et Ihorombe.Toliara 26-27 septembre 2012. -RAKOTO Ignace , « La problématique de l’application du droit en matière de vol de bœufs à Madagascar (1787-1960) », 17 octobre 2011. -RAKOTO Ignace , « L’insécurité rurale liée au vol de bœufs : quelques propositions de solution », 30 Janvier 2010, p 16. -RAZAFIMAHEFA Tsaralaza , «Renforcement de contrôle en matière de blanchiment de bovidés : cas du district d’Ambatofinandrahana », Mémoire de fin d’étude, ENAM, Avril 2012. p 110.

III-ARTICLES DE JOURNAUX : -JAMES R avec RASAMOELINA , « Sécurité rurale, Recrudescence des vols de bœufs », La gazette de la Grande Ile du 29 Juillet 2003, p 3. -MANITRISA, « BetiokyAtsimo : Mpiandryombyroalahymatyvoatifitra, omby 72 lasan’nydahalo », Midi Madagasikara , 25 Février 2014.

-RASAMOELINA Henri , « Heurs et malheurs des dina à Madagascar par Henri RASAMOELINA », Lakroan’i Madagasikara , 27 Septembre 1998, p 6. -RASAMOELINA Henri , « Les métamorphoses du vol de bœufs à travers l’histoire deMadagascar» , Lakroan’iMadagasikara , 2465, 23 Février 1986, pp. 6-7, 2 mars 1986, p 6.

-RASAMOELINA Henri , « Le retour à une insécurité rurale larvée », Lakroan’iMadagasikara. 12 Mars 2000, p 5. -RASAMOELINA Henri , « Trafic d’armes et insécurité à Madagascar », Lakroan’iMadagasikara , 30 Juillet 1989, p 6. -RASAMOELINA Henri, « Insécurité rurale et problème de gouvernance – à Madagascar », Madagascar Matin , 02 Septembre 2013, p7. -RASAMOELINA Henri , « Le problème du Vol de bœufs à Madagascar » , Tribune Madagascar . 29 Aout 2002.

IV- WEBOGRAPHIE : -DIMISOA , « Filière bovine : l’utilisation de la fiche individuelle est effective », http://www.newsmada.com , vendredi 07 Février 2014. -JAO (Patricius), « Henri Rasamoelina : Les autorités et la population doivent s’écouter » . http://www.newsmada.com .2011.

-NAHORY (Faminah) , « Le vol des bœufs dans le district de Betioky-Sud », http://faminah.blogspot.com . 22 Septembre 2011.jeudi 22 septembre 2011. -MADAFOCUS , « Qui vole un bœuf vole … La légende du zébu du Sud de Madagascar » . http://madafocus.mondoblog.org , 24 Septembre 2012. -RFI , « Madagascar : renforcement des moyens contre les voleurs de bœufs », http://www.rfi.fr/afrique . 12 septembre 2012. -RAMAMBAZAFY (Jeannot) , « Madagascar: Dahalo ou le phénomène cyclique de plus en plus meurtrier » http://www.madagate.com , Jeudi, 06 Septembre 2012. -VALIS , « Le problème des dahalo reste d’actualité », http://www.madagascar-tribune.com , 22 août 2012.

V-TEXTES : -Code Pénal malgache. -Loi n° 2001-004 du 25 octobre 2001 portant réglementation des dina en matière de la sécurité publique. -Ordonnance n° 60-106 du 27/09/60 relative à la répression des vols de bœufs. -Ordonnance n° 62-001 du10/07/1962 fixant les mesures de police administrative contre les voleurs de bœufs. -Loi n° 2004-030 du 09 Septembre 2004 sur la lutte contre la corruption. -Décret n° 82.387 du 14/09/82 relatif au recensement, à la circulation et à la commercialisation des bovins. -Décret n° 2005-503 du 26/07/05 relatif au recensement, à l’identification, à la circulation et à la commercialisation des bovins. -Décret n° 84-0 12 du 08/02/84 portant création de l’Organisme Mixte de Conception. -Décret n° 2005-12 du 11/11/2005 portant création des Districts et des Arrondissements administratifs. -Décret n°2011-0042 du 26 janvier 2011 portant classement des Communes en Communes urbaines et en Communesrurales.

-Arrêté interministériel n°0322/99 du 08/01/99 portant l’identification de bovins en transaction. -Arrêté interministériel n°12880/2007 du 03 Août 2007 relatif à l’identification de bovins en transaction. -Arrêté interministériel n°9491/2003 du 18/06/2003 instituant la Fiche individuelle de Bovidé. -Arrêté interministériel N° 20835/2012 précisant les caractéristiques techniques de la Fiche individuelle de Bovidé. - Décision n° 2008-03/CR/RSO du 2 Mai 2008 sur le statut du « Kalony » dans la Région AtsimoAndrefana.

TABLE DES MATIERES REMERCIEMENTS

LISTE DES ABREVIATIONS

GLOSSAIRE

SOMMAIRE

INTRODUCTION ...... 1

PREMIERE PARTIE ...... 4 CADRE GENERAL SUR LE CONCEPT DE VOL DE BŒUFS ...... 4 CHAPITRE PREMIER : ...... 5 LES CONCEPTS SUR LE VOL DE BŒUFS ...... 5

SECTION 1 : CONTEXTE DU VOL DE BŒUFS ...... 5 §1-La genèse et évolution de vol de bœufs ...... 5 I – La genèse de vol de bœufs ...... 5 A-Les razzias ...... 5 B-Les vols inter-lignagers ...... 6

II- L’évolution de vol de bœufs ...... 7

A- Le vol de bœufs pendant la royauté ...... 7

1-L’insécurité permanente entre 1830 et 1860 ...... 7

2-L’insécurité à la fin du 19 èmè siècle ...... 7

B- Le vol de bœufs pendant la colonisation ...... 7

1-La manifestation de vol de bœufs ...... 8

2-La mesure prise par l’administration coloniale ...... 8

C- Le vol de bœufs après l’indépendance ...... 8

1- Les faits ...... 8

2- Les mesures prises ...... 9

§2- La dimension socioculturelle de vol des bœufs ...... 10 I- Le vol de bœufs spécialement dans la société pastorale Bara ...... 10 II- Le vol de bœuf dans la société pastorale Tanosy et Mahafale ...... 11

III- Les autres concepts de vol de bœufs ...... 11

97

§3- Le régime juridique du vol des bœufs ...... 13

I- Les éléments constitutifs de vol ...... 13

II- La qualification du vol de bœufs dans la législation malagasy actuelle ...... 14

SECTION 2 : LES ORIGINES DE LA RECRUDESCENCE DE VOL DE BŒUFS ...... 15

§1- Les principaux facteurs de la recrudescence de vol de bœufs ...... 15

I- Les facteurs socio – économiques ...... 15 II- Les facteurs politico-administratifs ...... 15 §2- Les effets de vol de bœufs ...... 16

I- Les effets socio-économiques ...... 16 A-Les effets sur l’agriculture ...... 17

B- Les effets sur l’enseignement et la santé ...... 17

II- Les effets politico-administratifs ...... 18 A- La détérioration des relations entre Etat et peuple ...... 18

B- La sous-administration comme résultats de l’insécurité rurale ...... 18

CHAPITRE II : ...... 19

LA GESTION, LES PROCEDURES DANS LA FILIERE BOVINE ET LES DIFFERENTES MESURES DE LA LUTTE CONTRE LE VOL DE BŒUFS...... 19

SECTION 1 - LA GESTION DE LA FILIERE BOVINE : DU RECENSEMENT A LA COMMERCIALISATION ...... 19

§1- Les recensements et l’identification des bovins ...... 19

I- Les recensements des bovins ...... 19

II- L’identification des bovins : la FIB (Fiche individuel de bovidé)...... 20 §2- La circulation et la commercialisation des bovins ...... 21

I- La circulation des bovins...... 21

A- Les procédures à faire pour les bœufs de transhumance et de commerce ..... 21 B- L’interdiction de la circulation pendant la nuit ...... 21

II- La commercialisation des bovins...... 21

SECTION 2- LES DIFFERENTES PROCEDURES DANS LA GESTION DES BOVIDES ...... 23

§1-La procédure d’acquisition et de vente...... 23

I- La procédure d’acquisition ...... 23 A- L’acquisition à la naissance...... 23 B- L’acquisition par un don ...... 24

C- L’acquisition par un achat ...... 24

1-Le marché contrôlé de bœufs ...... 24

2- Les documents d’achat...... 24

3- L’inscription au CRB pour les éleveurs...... 24

4- L’inscription aux passeports pour les commerçants de bestiaux...... 25

II- La procédure de vente...... 26

A- La boucle d’identification des bovidés...... 26

B- Le certificat de vaccination...... 26

C- Le certificat d’origine de bovidé...... 27

§2 – La procédure de contrôle ...... 27

I- Le recensement annuel et le contrôle sur renseignement...... 27

A- Le recensement annuel...... 27

B- Le contrôle sur renseignement...... 28

II-Le contrôle après vol de bœufs et sur opération...... 29

A- Le contrôle après vol de bœufs ...... 29 B- Le contrôle sur opération...... 29

SECTION 3 : LES DIFFERENTS MESURES DE LA LUTTE CONTRE LE VOL DE BŒUFS ...... 29

§1- Au niveau des autorités administratives et locales ...... 30

I- Au niveau du Fokontany, du CAA, de la Commune et du District ...... 30

A- Le Fokontany et le CAA...... 30

1- Le Fokontany ...... 30

2- Le Chef d’Arrondissement Administratif (CAA)...... 30

B- Le Maire et le Chef District...... 31

1- Le Maire...... 31

2- Le Chef du District...... 31

a- Le rôle du Chef de district...... 31

b- Le rôle du Chef de District dans l’OMC...... 32

II- Le vétérinaire sanitaire et les forces de l’ordre...... 32

A- Le vétérinaire sanitaire...... 32

B- Les Forces de l’ordre...... 32 §2- Le Dina ...... 33

I- Le Dina proprement dit...... 33

II- Les dispositions particulières aux dina relatifs aux vols de bœufs selon la loi 2001-004 du 25 octobre 2001...... 34

A- Le champ d’application des dina aux vols de bœufs...... 34

B- Les mesures de sécurité relative à la lutte contre les vols de bovidés...... 34

DEUXIEME PARTIE : ...... 35

ANALYSES ET RECOMMANDATIONS SUR LA SECURISATION DE LA FILIERE BOVINE DANS LE DISTRICT DE BETIOKY-SUD ...... 35

CHAPITRE PREMIER : LES ANALYSES SUR LA SECURISATION DE LA SECURISATION DE LA FILIERE BOVINE DANS LE DISTRICT DE BETIOKY-SUD 36

SECTION 1 : LA PRESENTATION DU DISTRICT DE BETIOKY-SUD ...... 36

§1-La présentation générale et délimitation administrative du District de Betioky-Sud. 36

§2- L’évolution et les manifestations du phénomène des vols de bœufs et les difficultés rencontrés ...... 37

I-L’évolution et les manifestations du phénomène de vol de bœufs...... 37

A- L’évolution du phénomène de vol de bœufs...... 37

B- Les manifestations du phénomène de vol de bœufs...... 39

1- Les vols de bœufs dans les parcs au village...... 39

2- Les vols de bœufs par des « malaso » et des « Ga »...... 39

II-Les difficultés rencontrées dans le district de Betioky Sud ...... 40

A- Les difficultés sur la poursuite des voleurs de bœufs...... 40

1- Le retard de l’organisation de la poursuite...... 40

2- Les tactiques des voleurs de bœufs...... 41

B- Le non-respect de la règlementation...... 42

1- Le blanchissement de bovidés...... 42

a- Le circuit de bœufs volés...... 42

b- Le processus de blanchissement de bovidés...... 42

2- Le port de boucle d’identification...... 42

3- Le marché contrôlé des bestiaux...... 43

4- Le CRB et les changements dans la composition de cheptel...... 43

C- L’effet du phénomène de vol de bœufs...... 43 1- La négligence des Autorités locales et déconcentrées, obstacle à une bonne gestion de la filière bovine ...... 43

2- Le laxisme ...... 44

3- L’insécurité rurale conduisant à une baisse de production ...... 44

SECTION 2 : LES DIFFERENTES MESURES DE LUTTE CONTRE LE VOL DE BŒUFS ...... 44

§1- Le contrôle effectué par le Chef de District ...... 44

§2- L’intervention de force de l’ordre ...... 45

I- L’intervention de la gendarmerie nationale ...... 45

II- L’intervention de l’armée ...... 46

§3-De la participation de la population en matière de lutte contre l’insécurité ...... 47

I- Le Kalony: système d’autodéfense villageoise...... 47

II- La non-effectivité du « Dinan’ny Kalony »...... 48

CHAPITRE II : LES RECOMMANDATIONS A TITRE DE SUGGETION...... 50

SECTION 1 : LES MESURES REPRESSIFS : NECESSAIRES MAIS INEFFICACES. 50

§1- Des mesures répressives ...... 49

I- Les opérations des agents de force de l’ordre...... 49

A- Les opérations, le « garde Kizo » et le DAS...... 49

B- L’utilisation des différents moyens...... 50

II- Les mesures relatives à la participation et à l’intervention du Fokonolona...... 50

§2- Vers un renforcement des mesures préventives...... 51

I-Le renforcement des contrôles Administratifs...... 51

A- Pour les forces de l’ordre...... 51

1- Le stricte contrôle au départ...... 52 2- Le contrôle en cours de route et à l’arrivée...... 52

B- Pour les autorités locales...... 53

1- Au niveau du Fokontany...... 53

2- Au niveau du CAA et le Chef de District...... 53

II – La mise en œuvre de l’ « Andrimasompokonolona »...... 54

SECTION 2 : LA PROPOSITION DE SOLUTION SUR LE PLAN NATIONAL...... 55

§1- Le réforme législative relative à la sécurité publique ...... 55

I- La nécessité de l’amélioration de la loi N°2001-004...... 55 A- L’uniformisation de Dina de chaque Région ...... 55

B- Les mesures d’accompagnement...... 55

II- Vers la correctionnalisation de vol de bœufs...... 56

§2- La nécessité de la gouvernance responsable ...... 57

I-La dépolitisation de l’Administration...... 57

A- L’amélioration de Code de déontologie ...... 57

B- La relance du contrôle et de l’inspection ...... 58

C-La motivation des fonctionnaires ...... 58

II- Lutte contre la corruption ...... 59

A- Etat des lieux ...... 59

B- Les objectifs de lutte contre la corruption pour la lutte contre le vol de bœufs ...... 59

C- Les activités à prendre pour la lutte contre la corruption ...... 60

CONCLUSION ...... 61 ANNEXES BIBLIOGRAPHIE TABLE DES MATIERES