LABORATOIRE D'ANTHROPOLOGIE - PRÉHISTOIRE - PROTOHISTOIRE ET QUATERNAIRE ARMORICAINS

UNIVERSITÉ DE RENNES (SCIENCES) I Campus de Beaulleu Avenue du Général Leclerc 35042 RENNES CEDEX Tél. : (99) 28 61 09

HABITAT DE L'AGE DU FER

DE KERSIGNEAU - ST-JEAN,

PLOUHINEC, FINISTERE

RAPPORT DE FOUILLES 1988

P.R. GIOT LABORATOIRE D'ANTHROPOLOGIE - PRÉHISTOIRE - PROTOHISTOIRE ET QUATERNAIRE ARMORICAINS

UNIVERSITÉ DE RENNES^(SCIENCES) G7 Campus de Beaulieu Avenue du Général Leclerc 35042 RENNES CEDEX

RAPPORT SCIENTIFIQUE SUR LES FOUILLES

sur le site de KERSIGNEAU - S T - ï E A If

en PLOUHINEC (Finistère):

Campagne de Fouille Programmée 1988 et Synthèse des résultats des Trois campagnes 198G - 198?' - 1988.

3C X 3C X X X

Historique. Le site de Kersigneau Saint-Jean (il est plus près et dépend maintenant de propriétaires.de ce dernier village, alors qu'autrefois il avait été désigné, sous le nom du premier de ces deux villages voisins) avait été ignoré par les premiers auteurs de répertoires archéologiques du Finistère (Flagelle 1875 et 1876—1877'; P. Du Châtellier,. 1ère édition, 1889). H rut découvert par E. Le Garguet (qui ne le connaissait pas en 1883) et fouillé par lui en 1889, et publié en 1890, sous forme d'un article de 20 p. et 4 pl. h.t. Le produit de ces fouilles fut versé par celui- ci au Musée de Kernuz, propriété privée de P. Du Châtellier, c'est ce qui explique la publication dans le Bulletin de la Société d'Emulation des CÔtes-du-Nord, dont H. Le Carguet n'était pas membre, mais où P. Du Châtellier publiait habituellement parce qu'il était en mauvais termes, à ce moment-là encore, avec la Société Archéo­ logique du Finistère, dont H. Le ^arguet était pourtant membre depuis 1883 et où ce dernier publiait d'habitude. Il n'y a dans son article aucune indication sur le déroulement des fouilles, leur durée, l'importance des moyens mis en oeuvre ni quel /s personnel. C'est pratiquement son unique fouille de quelque envergure, et nous avons lieu de soupçonner qu'il a bénéficié de l'aide du"contre-maître fouilleur" qu'utilisait P. Du Châtellier, ce qui expliquerait le sort du produit de la fouille et la localisation de la publication. Hyacinthe Le Carguet (né à Pont-l'Abbé en 1847, décédé à en 1924) fut percepteur à Audierne de 1880 à 1911. C'était un érudit cultivé, qui devint vice- président de la Société- Archéologique du Finistère en 1911 (il y publia entre 1883

et 1923 pas moins de 40 articles principaux),, vice-président du Groupe Finistérien d'Etudes Préhistoriques en 1921, mais il fut surtout un folkloriste distingué et recueillit beaucoup de traditions populaires (il publia entre 1889 et 1902 une série d'articles importants dans la Revue des Traditions populaires). H. Le carguet semble avoir fait des investigations ponctuelles et multiples sur une grande surface comprenant le plateau où se trouve le site et les pentes vers le Nord. Son texte est à la fois vague et précis. Il est accompagné de plans et de sections inhabituellement détaillés pour l'époque, dans la région. Malheureusement, peut-être lors de la gravure au trait, il se produisit des erreurs de transcription d'échelles et de lettres de signalisation qui font que ces documents restent pour partie d'interprétation difficile, le texte trop succinct ne permettant pas de lever les incertitudes. On a l'impression que certains plans ont été faits au bureau d'après des impressions et non des mesures sur le terrain, et pourtant il y a des mesures chiffrées avec une fausse précision impressionnante, au cm près. Bien entendu, toute une partie du texte r)o perd dans des interprétations toponymiques, géographiques et historiques qui n'ont plus aucun intérêt. Il distingue le *?camp gaulois", à l'Ouest, recoupé par le "camp romain", à l'Est. Une brève mention dans la 2 e édition du répertoire de P. Du Châtellier (1907') n'apporte rien de plus.. En 1938, lors de la "Brittany T'brpedition"le Prof. R.E.M. Wheeler (futur Sir Mortimer Wheeler) visita le site (Notebook, vol I, p. 55), mais ne connaissant pas la publication de H. Le ^arguet, il ne remarqua que la portion rectangulaire, sans rien de défini parmi les buttes intérieures et extérieures. De toutes manières cela ne correspondait pas au genre de Mil-fort qu'il prospectait. Il est amusant que l'un des proprétaires actuels,. M. Donnart, se souvient de cette visite, et que c'est lui, âgé de 14 ans, qui conduisit le futur Sir Mortimer Wheeler sur les lieux.

Comme la collection Du Châtellier est entrée au Musée des Antiquités Nationales en 1925, ce qui a été conservé du produit des fouilles de H. Le Carguet s'y trouve. La sigillée a été exploitée par R. Cloastre pour son D.E.S. de 1953. Les données concernant le site furent résumées par L. Pape dans sa thèse sur les Osismes (1975, publiée en 1978), tandis que deux fibules furent déterminées d'après les figures de H. Le Carguet par P. Galliou (1975), en même temps que R. Sanquer datait une marque de sigillée et une marque d'amphore, toujours d'après la même publication originale, tandis que L. Richard (1969 et 1970) avait dû examiner les objets de bronze à St-G-ermain. En 1985, Melle X. Daire, dans le cadre de sa thèse sur la céramique de La Tène Finale en Armorique (Rennes I, 1987'), a examiné ce qu'il y avait à St-G-ermain à savoir une douzaine de tessons (n2759ô9), mélangés avec la poterie gallo-romaine. •Nous nous étions jadis intéressé à ce site, qui s'était trouvé menacé par un projet de déviation de la N 784 ( Pointe-du-Raz) qui l'aurait pris en. écharpe; on avait instruit un dossier de protection qui est.resté en suspens à cause des incertitudes sur les propriétaires avant le remembrement. De toutes manières le projet routier (qui on l'a compris plus tard, était lié au projet de centrale nu­ cléaire de r~"l : . .1 écarté par l'opposition de toute la population) était suffisamment contrecarré par le classement que nous avions fait prononcer pour l'op­ pidum du Suguensou (en Esquibien) qui fait face de l'autre côté de l'estuaire du Goyen. Suite au remembrement, dont le plan cadastral date de 1980, tout le soi-disant "camp gaulois1' et la partie occidentale du soi-disant "camp romain" appartiennent à un propriétaire, la partie orientale de cette dernière structure à un autre. Au début de 1986 un projet avorté de piste de moto-cross eut le temps en quelques jours avant son interruption de dévaster une large partie du site. Le bulldozer a eu le temps d'araser complètement le cinquième septentrional du "camp romain" et environ le tiers septentrional du "camp gaulois"; quant à des structures périphériques éventuelles décrites par H. Le Carguet sur la pente au nord, elles ont été largement arasées. Au début avril 1986 M. Le Goffic, archéologue départemental, après un débroussaillage du "camp gaulois" en fit un levé topographique avec nivellement. Notre première campagne de fouilles de sauvetage urgent eut lieu pendant la première moitié de septembre 1986; une seconde campagne de sauvetage eut lieu pendant tout le mois de juillet 1987. Enfin le chantier étant devenu fouille programmée, la campagne de 1988 s'est déroulée pendant tout le mois de juillet et pendant une dizaine de jours à la mi-septembre.

Situation géographique, topographie, géologie et pédologie. Le site se trouve sur le sommet d'un replat ou colline subsidiaire, culminant vers 45 m d'altitude, dominant la haute partie et le coude de l'estuaire du Goyen (ou rivière de Pont-^roix); de là on ne peut voir ni la mer ni l'entrée de l'estuaire qui se trouve par devant Audierne. Par contre le site fait, en décalé vers l'amont, presque face à l'éperon barré du Suguensou. Au droit du site vers le Nord, la pente est assez rapide, puisque l'on desccend en environ 160 m de la cote 45 à- celle des plus hautes mers (2,50 m NGF environ); au Sud du site il y a un ensellement de quel­ ques mètres, cultivé et fertile, le séparant de la pente qui remonte progressivement vers le plateau granitique de Plouhinec (qui culmine au bourg à 100 m d'altitude, mais ne dépasse pas 85 m au Sud même du site, comme on est déjà proche de la profonde vallée de la partie aval de l'estuaire du Goyen). Le site se trouve donc en position

relative détachée, sauf par le Sud-^st, mais on ne peut guère parler d'un éperon0 Le substratum du site est formé par un granité d'anatexie qui fait partie des formations affectées par la"zone broyée sud-armoricaine". Ce granité affleure direc­ tement sous le sol, tout en étant très diaclasé et aussi cryoclasté, sans aucune couverture intermédiaire d'arène, de formations de solifluxion ("head") ou d'altéra­ tion argileuse..!! est peu apte à fournir des moé'llons, et la source actuelle de bonnes pierres est une carrière plus au Sud, proche de Kersigneau, ouverte dans le leuco- granite de la bande Pointe-du-Raz - Quimper. Ces deux granités sont d'ailleurs à biotite (mica noir) et à rnuscovite (mica blanc), mais en proportions inverses. Le trait majeur de l'ancien cadastre (1836) est la distinction entre les terrains infertiles, des garennes en parcelles parallèles orientées Sud-Nord, descen­ dant vers l'estuaire du Goyen, mais qui incorporaient la majeure partie du "camp gaulois" comme du "camp romain", et d'autre part les terrains cultivés, à bonne terre, situés dans le vallonnement au Sud de la crête du replat où se trouvent ces structures et sur le sommet du plateau leur faisant suite à l'Est. Les talus séparatifs de ces deux zones suivent à peu près le Sud du "camp gaulois", le Sud et l'^st du "camp romain'*', mais point de manière rigoureuse; les dispositions internes et les limites Nord et Ouest de ces structures ne se retrouvent absolument pas dans le parcellaire qui les a ignorés. De plus la parcelle, plus grande qu'un champ en lanière, qui sur l'ancien cadastre jouxte au Sud le "camp gaulois", tout en ayant été pâturée, est 'Caillouteuse au voisinage de cette structure, et n'a jamais été défrichée. Il est vraisemblable que des restes très arasés de structures s'y continuent. Ces terrains de landes et de garennes infertiles, et notamment les deux "camps" n'ont jamais été défrichés et cultivés. Traditionnellement ils servaient à fournir des ajoncs (on sait que jusque vers 1950 les ajoncs broyés dans une petite machine qui se trouvait dans chaque ferme fournissaient une nourriture pour les vaches) et des fougères pour la litière. Depuis le remembrement, ajoncs et fougères ayant perdu beaucoup de leur intérêt, tous ces terrains tendaient au maquis. Sous l'humus superficiel, largement formé d'un feutrage de rhizomes de fougères, avec des touffes de bruyères en compétition avec des ronciers, on passe directement à un sol poudreux et sec du type "terre de bruyère1?, sans aucune cohésion ni pouvoir de maintien, car la fraction argileuse - au sens minéralogique plutôt qu'au sens sédimentologique - y est très restreinte. Au point de vue pédologique c'est un ranker atlantique, cryptopodzolique, extrêmement acide: les mesures de pH faîtes au Laboratoire selon les normes pédologiques par D. Marguerie ont donné une moyenne

voisine de 4}8 Ge qui est vraiment acide pour un sol. C'est donc ûra milieu très corrosif et déstabilisant pour beaucoup de restes archéologiques attaquables par hydrolyse acide, en particulier la poterie à long terme, mais aussi corrosif à plus court terme pour les épidémies des mains des fouilleurs. On ne peut guère distinguer des horizons dans un tel sol poudreux, et l'on passe directement à la roche du subs- tratum; il y a juste quelques cuvettes très limitées où nous avons rencontré une tendance à l'accumulation d'un milieu un peu plus argileux. Comme tous les restes des structures sont des ruines de murets en pierres sèches de granité, entre lesquels se sont infiltrés les rhizomes de fougères et cette terre poudreuse, qui les englobe et les soutient, une fois l'humus enlevé, il y a forcément fragilité et difficulté de maintenir les structures en place. Ces conditions rendent la fouille difficile et désagréable, sans compter autour des structures res­ tées à peu près en place une nappe de pierres éboulées qui finit par constituer des volumes et des poids considérables à manutentionner. Il est impossible de mécaniser un tel chantier où structures éboulées et reliques à conserver sont intriquées et doivent être disséquées manuellement, ce qui rend les choses d'autant plus pénibles-. La structure limitante de l'habitat de l'Age du Fer.

Pour vérifier s'il n'y avait pas de fossé extérieur à cet habitat, nous l'avions recherché par un décapage sur le versant nord à partir du niveau atteint par l'arase­ ment de la piste de moto-cross, c'est-à-dire la zone de transition entre les racines du sol et les premiers affleurements du rocher. La zone décapée se trouvait entre la fin dû terrain sensiblement horizontal, où le talus schématisé par H. Le Carguet aurait dû passer, et la rupture vers la grande pente descendant sur la vallée du Gdyen, et le résultat a été clairement négatif. De même nos décapages vers l'Ouest opérés en 1988' ont été négatifs1 ',. Il n'y avait pas de fossé extérieur. Il est certain que dans la roche fracturée cela aurait demandé un certain travail^ plus difficile que dans une arène granitique par exemple, mais ailleurs on en connaît des exemples (et sur le site même le creusement du souter­ rain a été tout aussi difficile). La structure limitante a été un muret directement posé sur le vieux sol et précédé par rien d'autre. Le long de la section du bulldozer nous l'avions reconnu par ses parements externe et interne en 1987» et en 1988 nous avons pu le dégager sur près de 14 m de long. Alors que le plan1 idéalisé de H. Le Carguet dessinait un- superbe hémicycle outrepassé fort régulier, d'un rayon extérieur de l'ordre de 22 m, pour ce * que nous avons dégagé le rayon extérieur de courbure n'est que de l'ordre de 17 m; il faut surtout en conclure que le tracé de cette enceinte peut être fait d'arcs raboutés • de courbure variable, et que plus probablement le site originel avait une forme ovale ou ellipsoïde, comme la topographie du replat le laisse imaginer. Le muret limitant possède un parement externe et un parement interne faits de blocs un peu plus grands que ceux de sa masse interne,, mais dépassant rarement 0,50 m de dimension principale. La masse interne est faîte de matériaux plus irrégulièrement accumulés, mais par places on y décèle des alignements de blocs, sortes de parements en écailles, comme dans toutes ces structures de pierres sèches. Mais toute cette strue ture est réduite pratiquement à l'assise de base, très rarement à deux rangs de blocs moins élevés. La différence de niveau entre le sommet du vieux sol et l'arase de ce qui reste du muret n'est guère que de 0,20 à 0,25 m. Il est évident que pour avoir un sens et une fonction délimitante sinon protectrice ce muret devait avoir une hauteur beaucoup plus importante, et nous n'en voyons plus que la base qui a échappé au démantèlement par prélèvement de matériaux aux époques gallo-romaine.et ultérieures. Il est à noter que par devant, vers l'Ouest, nous * trouvons très peu de blocs qui ont pu en retomber et poser sur le vieux-sol, un peu

ne. davantage, mais relativement encore très peu, inclus dans le sol actuel, qui fait en A moyenne guère plus que 0,20 à 0,25 au-dessus du niveau du vieux sol défini non pas pédologiquement ou stratigraphiquementj, mais par le niveau de la base du muret et du niveau de quelques tessons de poterie, d'ailleurs peu nombreux. Le plus remarquable de ces derniers est plutôt une fusaïole de terre cuite. La partie septentrionale du muret se présente sous une largeur de 1,80 à 2 m, ce qui est une bonne base pour un muret d'une hauteur appréciable. Par contre la partie méridionale, du fait de l'emprise du côté intérieur du "couloir" donnant accès à la construction voisine, se trouve réduite à une moyenne entre 0,75 et 0,90 de largeur. Mais une petite portion, longue de 2 m, se trouve renforcée par un petit massif exté­ rieur. A la limite méridionale de la fouille, le muret se trouvait réduit à son pare- , ment externe, par suite de la présence d'un vide transversal. On peut penser à une petite "porte", presque une "poterne", notion qui peut être confortée par l'accumula­ tion de petits galets - pierres de fronde qui se trouvait stockée là. Il est difficile de dire si le"couloir" a été aménagé en retaillant dans le muret d'origine ou si la disposition finale est d'origine. Nous n'avons pas d'éléments permettant vraiment de suggérer que le muret n'était guère plus haut que 1 m, ce qui est la hauteur atteinte par le muret le mieux conservé entourant la construction comme par le muret de subdivision interne de l'enclos. C'est vraiment le minimum pour qu'il puisse avoir un sens. Il serait plus satisfaisant de l'imaginer haut d'environ 1,50 m, sinon même de 2 m (mais dans ce dernier cas, son- assise le long du "couloir" serait peut-être un peu étroite et instable: cependant si nous regardons certains murets en pierres sèches, voire.en galets, dans le Cap ^izuni, datant des derniers siècles, il en est qui peuvent avoir une base bien étroite pour leur hauteur, et on n'est pas étonné de les voir s'effondrer de temps en temps).

La superposition des structures gallo-romaines sur celles de l'Age du Fer.

H1. Le Carguet avait figuré et décrit l'enclos gaulois, un hémicycle outrepassé, presque deux-tiers de cercle, comme recoupé par les structures limitantes de l'établis­ sement gallo-romain, à savoir un muret d'enceinte principal précédé à l'extérieur d'uni petit talus. Un décapage subsidiaire poursuivi en 1986 et 1987 a permis de vérifier cette description, à ceci près que le petit talus est conservé de manière très discon­ tinue et qu'il est plus près du muret principal. On a constaté que de nombreux déchets de l'activité de l'époque gallo-romaine, fragments de tuiles, tessons de poterie, etc, avaient été jetés par-dessus ce muret d'enceinte et s'étaient accumulés à son pied extérieur, et que ce semis s'arrêtait quelques mètres plus loin, de sorte qu'ailleurs dans l'habitat de l'Age du ^er, on n'a pratiquement pa.s de débris gallo-romains de dispersés; le petit talus est construit par-dessus quelques-uns de ces restes gallo- romains, ce qui en confirme la date. D'autre part le muret d'enceinte gallo-romain est superposé au vieux-sol de l'Age du Fer et à des structures de cette dernière époque, , comme un fragment de muret, ou une sorte de petit coffre ou de structure de combustion, i A ce niveau, le matériel de l'Age du Fer, identique à celui contenu ailleurs dans l'habi tat de cette période, reste assez abondant. Ceci confirme ce qu'on peut comprendre de la description de H. Le carguet, que l'habitat de l'Age du Fer se prolongeait vers l'Est et que l'établissement gallo-romain a été construit par dessus. Comme l'intérieur de l'établissement gallo-romain a été davantage fouillé par H. Le Carguet (actuellement c'est un maquis ou l'on ne distingue plus grand'chose) il est probable que tout y a été davantage dérangé et que la reprise du site y serait moins intéressante. II. Le Carguet avait dessiné sur son plan' les structures internes de l'enclos à partir des reliefs visibles à son époque, certainement idéalisés quelque peu, et il avait fouillé,, sans doute assez sommairement, trois structures de la partie méridio­ nale de l'hémicycle: la "hutte" ou maison M, au Sud-Est, qui fut fouillée plus com­ plètement, orientée N-S, et dont les restes se voient sur le terrain sans problème car elle est séparée des autres; - la "hutte" ou maison lî, à l'Ouest, orientée E-W (notée également M sur le plan de H.L.C.), et qui est peut-être celle que nous venons de fouiller; - la "hutte" P, au Sud-Ouest. Mais dans toute la zone entre le Nord et le Sud-Ouest de l'enclos, il a figuré bien d'autres structures rectangulaires, tangent- tés à celles-ci, formant au total un découpage sensiblement plus compliqué que celui indiqué par la topographie relevée en 1986. On ^okt même dire qu'on ne peut trop chercher à concilier les deux, certainement du fait de distorsions de dimensions et d'emplacements, en plus d'un peu d'imagination, sur le plan de notre précurseur, auquel il faut quand même rendre hommage, pour l'époque. Il avait également reconnu qu'entre sa grande maison M et les autres "huttes", il y avait une bande S.V/.-N.E. sans grandes structures apparentes, à part des petits reliefs (qui ressemblent à autant de petits tas d'épierrement sous l'humus superficiel). 2 Fous avons fouillé; environ 350 m de l'enclos de l'Age du Fer, dont à peu près 300 m se situent à l'intérieur de son enceinte dans le Secteur Nord-Ouest. On 2 peut dire qu'environ 80 m sont occupés par l'édifice situé à l'Ouest juste derrière le muret d'enceinte, annexes comprises. Dans le reste, nous avons un muret séparatif (muret "A";) délimitant entre l'édifice et lui (qui est orienté N.sT.-S.E. selon un tracé curviligne) une sorte de "cour"1, et au Nord de ce muret sépa.ratif et de sa. prolongation virtuelle une zone avec de nombreux': restes d'antres édifices presque complètement arasés à part quelques fragments de-ci de-là des bases de leurs murets» Mais antérieur a une partie de ces constructions arasées, et antérieur au muret sépara.tif' se trouve le comblement de deux chambres au toit effondré d'un souterrain armoricain1, dont le creusement et l'utilisation ont été par conséquent plus anciens encore, Il y a donc des éléments partiels d'une chronologie interne des constructions successives, qui montre au surplus de très fréquents abandons et reconstructions de ces édifices, ce qui va de pair avec une assez longue durée de fréquentation du site, ce qui est suggéré d'autre part par la typologie des céramiques et les dates radiocarbone. Le souterrain. Comme c'est la plus ancienne structure, nous commencerons par le souterrain, qui pose de nombreux problèmes géologiques et géotechniques, en dehors des archéologiques. Ayant beaucoup exploré ces souterrains, nous disons souvent qu'il n'y a pas d'habitat armoricain (de colline) qui se respecte sans son souterrain, du moins dans le domaine occidental de la péninsule armoricaine.

En 1986 nous avions été étonnés de trouver dans la "cour" (centrée sur les coovr— données x = 98, y = 101,25) une fosse creusée dans le sous-sol, à ce point du granité moins diaclasé et déchiqueté par la gélifraction quaternaire, profonde de 0,40 m sous le niveau du vieux-sol environnant, et d'un diamètre moyen d'environ 0,80 m. Nous pensons qu'il s'agit peut-être d'une tentative de creusement d'un puits vertical de souterrain, qui fut abandonné à cause de la trop grande résistance de la roche. On se serait ensuite déplacé vers le Nord de quelques mètres, pour trouver un sous-sol beaucoup plus facile à travailler. En 1986 également nous avions reconnu, également au pied du muret séparatif, UÏIE fosse(centrée aur x = 95,50, y = 105,50 environ) dont nous n'avions pas poursuivi le dégagement car elle passait sous le muret. Le décapage de 1987 au Nord du muret avait montré que des structures transverses (vers x = 91 à. 92,. y? = 113 - 114) s'étaient décrochées en-dessous du niveau du vieux- sol normal parce qu'elles reposaient sur un comblement, qui s'était tassé, d'une grande fosse. La partie sud de la chambre nord, la chatière entre les fosses,, et la partie nord de la chambre sud furent dégagées. En 1988', la partie nord de la chambre nord fut complètement dégagée, après enlèvement des derniers éléments de structures superposées, dont une .grande dalle sur champ encastrée; de même, après démontage du la partie du parement nord du muret séparatif' qui était ta.ssée et dégradée, le reste de la chambre sud fut dégagé, puis la chatière la reliant au puits vertical d'accès, enfin ce dernier fut complètement dégagé de son remplissage. Précisons que la fouille de tout le souterrain fut assurée par un seul de nos collaborateurs, Hervé Morzadec, à la. fois pour des raisons d'homogénéité d'exécution et parce que sa. formation géologique le rendait plus apte aux observations géotech­ niques sur la fracturation des roches, tout en le mettant en éveil contre les impru­ dences . Le bourrage des chambres dont le plafond s'était effondré quelque temps après leur creusement, comprenait les pierres tombées de ce plafond et du haut des parois, mélangé avec des matériaux provenant i£ë la surface du site les plus divers, pierres et terres, et comprenant par conséquent quelques restes archéologiques mêlés, pierres utilisées, tessons de poterie, charbons de bois etc, le tout dispersé. Par contre sur le plancher des chambres, sous ce remplissage, il pouvait subsister quelques restes de leur période d'utilisation normale avant que les plafonds ne crèvent. Le développement de bout en bout de cette structure souterraine est d'environ 11,75 m. Le plan d'ensemble du site ci-joint montre au niveau du vieux-sol les contour de l'ouverture du puits vertical d'entrée, et ceux des plafonds effondrés. §SïHi&8S

Le plan particulier du souterrain montre le plan au niveau des planchers, et des sections longitudinale et transversales. On remarquera que les planchers sont formés de roche beaucoup plus solide et moins disloquée que les parois et les voûtes. Les sections montrent qu'en partant du fond du puits d'entrée (à environ 1,65 m sous le niveau du sol de l'époque),, le souterrain, est allé en s'approfondissant un peu au passage de la première chatière, ensuite il est allé en remontant dangereusement, ceci alors qu'en allant vers le Nord le terrain commence à pendre vers la vallée du Goyen. Ce n'est donc pas étonnant si les toits des chambres n'ont pas tenu longtemps. Les mineurs ayant creusé ce souterrain ont donc commis une faute géotechnique. On sait cependant qu'on a décrit récemment des galeries à ciel ouvert (à Quimper -Kerlaé'ron et à Plouaret), où les salles sont séparées par des chatières identiques à celles des souterrains normaux, ce qui est une sorte de non-sens. Pourquoi creuser un puits vertical et des chatières compliquées pour donner accès à des chambres à ciel ouvert ? On notera qu'ici les chatières s'accompagnent de décrochements importants. Il y a d'ailleurs un petit fragment du niveau du toit de la deuxième chambre de conservé, juste à la sortie de la chatière qui lui ittoime accès, avec presque 1 m de hauteur sous plafond. De même il subsiste une certaine longueur de la partie méridionale du toit de la première chambre, dépassant l'accès à la chatière,

D:'ailleurs, dans le peu de matériel trouvé au fond des deux chambres (; pOA- différent de celui trouvé dans leur comblement), il n'y a guère de quoi éclaircir davantage l'utilisation exacte de ces locaux souterrains. Signalons cependant dès maintenant que le fond de la chambre nord a fourni quelques petites masses irrégulières de scories légères et très vitrifiées, à nombreuses vésicules ou bulles. Certaines donnent l'impression de la vitrification de sable, par les grains accolés; il y en a en tout 85 g; l'observation au binoculaire à lumière incidente axiale a montré au fond de

quelques cryptes de la masse la plus grande, qui. fait 39 g5 accrochées dans le verre quelques minuscules paillettes d'or. Il s'agit donc de résidus d'opérations de fusion après orpaillage, sujet sur lequel nous aurons à revenir plus loin. Le comblement du puits d'entrée se présentait, différemment: on sait que les puits d'accès aux souterrains armoricains ont été toujours très soigneusement comblés, et que ce processus fait partie de leur utilisation normale (ou tout au moins de leur dernière utilisation)j et souvent on ne trouve des objets que dans le remplissage du puits, les chambres restant complètement vides, quoique ceci ne soit pas constant. Ici le remplissage du puits comportait des pierres près de la surface; celles-ci faisaient donc partie du dernier apport. En dessous il y avait surtout un mélange de terre et de cendres, et au fond à nouveau quelques pierres plates (dont certaines pouvaient provenir des parois instables). Le remplissage du puits débordait jusqu'à remplir la chatière voisine. . , > JIM «*t

Parmi le remplissage du puits d'entrée on doit signaler un certain nombre de fragments d'argile cuite de clayonnage, parfois avec des traces de branchages, parfois avec des surfaces planes et lissées; il y avait de ces fragments à peine cuits ou pas cuits du tout, confirmant que la cuisson est plus le résultat d'incendie accidentel que d'une cuisson fonctionnelle. D'autre part il faut tout de suite signaler que' dans le vieux sol de la surface, autour du puits d'entrée et notamment vers l'Ouest et le Sud-Ouest, jusqu'à environ 2 m de distance du bord, il y avait bien davantage de tels fragments de clayonnage que la dispersion de très petits fragments observée ailleurs sur presque tout le site. Il est donc légitime de penser qu'il y avait au-dessus de l'entrée du puits, ou juste à côté,'une structure comportant des clayonnages: ceci rejoint des observations faites sur le site de bien d'autres souterrains armoricains. Il y avait, comme partout sur le site, des galets marins utilisés comme outils, souvent cassés, , . _ ... _, . , « , , . , , _ ' et aussi quelques petits galets - pierres de fronde, objets également des plus courants. On peut signaler avec plus d'importance deux objets lithiques: d'abord sous les pierres du sommet du remplissage, 0,40m de profondeur sous la surface, une hache polie néolithique en amphibolite (de section ovoïde, allongée mais au talon brisé, il en reste 104 mm de long pour une largeur de tranchant de 43 mm): on sait que de tels objets étaient couramment récupérés comme "céraunies" à l'Age du Fer comme à l'époque gallo-romaine. D'autre part, à 1,50 m de profondeur, un superbe galet de microgranite (comme les galets des cordons littoraux de la baie d'Audierne), d'un poids de 1.525 gy très régulier, et muni d'une rainure équatoriale par piquetage (longueur 131 mm, fiiamètres 95 et 88 mm), une des extrémités montre des marques de choc consécu­ tives à son utilisation. Ce type d'objet, qu'on pourrait évidemment prendre pour un. poids de filet (ceux-ci sont d'habitude beaucoup moins soignés et réguliers) corres­ pond tout à fait à la morphologie de ceux considérés comme "maillets à rainure''' et trouvés dans des sites protohistoriques d'exploitation minière. Il est donc tentant d'en voir un indice, A part deux fusaïoles, on peut compter environ 150 tessons de poterie dans ce rem­ plissage. Il y avait beaucoup de cendres et charbons de bois, et les cendres atténuant l'acidité générale des terres, le milieu est très localement devenu plus favorable à la conservation des os, dont il y avait quelques débris, le plus important étant une hémi-mandibule de jeune cervidé, sans doute un cerf d'ailleurs, à 2 m de profondeur. C'est une indication très intéressante. Dans l'extension de ce remplissage vers la chatière, encore quelques débris d'os, du clayonnage et des petits galets - pierre de fronde, une fusaïole de terre cuite et environ 110 tessons de poterie. Au total le souterrain et son remplissage nous auront donné des informations des plus précieuses, par rapport aux restes dispersés dans les terres de surfiace, sous et dans les murets, grâce à un milieu moins perturbé et plus conservateur. Les restes divers de murets de constructions détruites.

Ces résidus sont^jLe plus souvent réduits à un ou deux rangs de parements extérieurs de chaque muret, et à un bourrage de plus petites pierres à l'intérieur. Quelquefois, par places, un parement présente deux ou trois assises, et pas seulement celle de base. On constate, -presque toujours^ que non seulement le vieux-sol sous ces murets contient des fragments de poterie dispersés, des pierres utilisées, des charbons de bois, mais qu'on en retrouve au milieu des blocages. Il est difficile d'être très affirmatif" ou de généraliser, il est possible qu'au moins dans quelques cas les blocages ne comportaient pas seulement de la pierre sèche à la base, mais aussi un peu de terre remaniée; plus haut il s'agit d'infiltrations à partir des sols qui se sont formés par-dessus les ruines. On voit à l'examen du plan' d'ensemble que ces restes se suivent pendant un, deux ou trois mètres, puis disparaissent car tout a été enlevé plus loin. Il est difficile de trop chercher, dans ces conditions, à tirer trop de conclusions sur le plan des cons­ tructions évanouies. Celle la plus au Nord a été tronquée par la piste de moto-cross (entre x = 96 et 99) y = 114*50 et 116 environ), on peut penser à un angle Sud-Est d'un édifice. Il est à noter que dans son bourrage, on a trouvé un petit fragment de bracelet à section semi-circulaire (en fait réduit à un quart) en lignite (sans doute du lignite importé: de la région de Purbeck, dans le Dorset - le "^immeridge shale"-, comme d'habitude en ^rmorique). Un fragment du muret S.W.-N.E. a été tronqué par le grand muret séparatif. C'est peut-être une relique d'une structure venant envelopper ou environner l'entrée du puits du souterrain, Â son intérieur on peut signaler quelques pierres jointives à plat, qui ne sont pas des meules (.zone x = 95 à 98, J - 10? à 110 environ). Deux murets formant un angle droit ont été construits par-dessus le remblaiement des toitures effondrées des chembres du souterrain, et reposaient par-dessus (élément S.S.W.- N.M.E. entre x. = 94 à 96, y = 107 à 112 environ; élément W.N.W. - E.S.E. entre 3£l= 91 et 96, y = 112. et 114 environ); il est à noter que le parement méridional de son meilleur élément subsistait avec plusieurs assises près de l'angle interne, et que son bourrage était particulièrement riche en tessons de poterie. Mais celui-ci était lui- même tronqué par un parement, lui-aussi construit par-dessus le remplissage de la chambre nord du aouterfain, mais dont le bourrage interne avait été, pratiquement tout enlevé, par le bulldozer. On remarquera que ce parement s'aligne avec le plus méridional de la relique de muret décrite au début de ce paragraphe, dans un style un peu diffé­ rent: il est difficile de dire s'il s'agit du même édifice, mais compte tenu de l'angle interne de l'autre fragment, c'est très possible. Dans le bourrage du souterrain, il y avait sur champ une dalle allongée, descendant de quelques décimètres plus bas que les pierres des murets construits par dessus; ceux-ci, comme nous l'avons déjà dit, étaient

descendus par suite du tassement des terres du remplissage. 0n a figuré en pointillé sur le plan les pierres qu'il a bien fallu enlever pour pouvoir fouiller complètement la chambre nord du souterrain. Il est à noter qu'au-dessus du remplissage de la chambre sud du souterrain, mais au niveau du vieux-sol environnant, il fut trouvé en 198S un; petit fragment d'un bracelet très simple en bronze. D'autre part, à l'Ouest de la chatière entre les chambres, dans le vieux-sol se remarquent trois petites pierres alignées Nord-Sud fichées en terre, sans lien particulier avec ce qui les environne. Il est beaucoup plus difficile de décrire le reste de structure au Nord-Ouest du chantier, dont l'axe principal est aligné S.W.- N.E. (entre jt = 84yj/ = 108; et x = 90) j' = 113 environ). Cette structure est recoupée par celles dépendant de la construction beaucoup mieux conservée que nous décrirons plus loin (il ne semble pas qu'on rjuisse la considérer comme aboutée à ces dernières); sur environ 2,50 m de long il subsiste un bon reste de muret à deux parements. Puis celui-ci est interrompu par une zone où il y a des pierres à plat, débordant vers l'Est, et donnant l'impression d'un passage plus ou moins aménagé:. Au-delà sa situation est "beaucoup plus confuse et dérangée, il y a de part et d'autre des accumulations de petits cailloutis, avec bien entendu des tessons de poterie et des grains de charbon de bois mêlés à la terre les infiltrant; on. distingue tout juste une ligne de pierres qui paraît continuer le parement faisant face au Nord-Ouest, les autres organisations de pierres qu'on peut entrevoir sont sans doute plus illusoires. La zone de pierres à plat se prolonge jusqu'aux pierres qui semblent prolonger le parement sud' du grand muret séparatif ("A") et se raccorder en arc au dos du muret principal de la grande construction. Au sujet de ces dernières il convient d'éviter de se laisser entraîner à imaginer un; raccordement du grand muret séparatif vers la­ dite construction; il est peut-être préférable d'imaginer un raccordement vers le Nord-Ouest à cette structure très dégradée que nous venons de décrire, le grand muret ayant formé la paroi nord du passage dallé de pierres à plat. La suite des fouilles permettra peut-être d'éclaircir ces problèmes en démontant complètement la zone de cailloutis confuse qu'on n'a d'ailleurs aucun intérêt à conserver. Rappelons, pour en terminer avec ces structures très dégradées, que ces murets englobent parmi leurs matériaux, comme les autres structures du site d'ailleurs, nombre de fragments de meules dormantes, de molettes, les uns et les autres en granité, parfois des galets utilisés et des pierres de fronde, enfin de très nombreux broyeurs-percuteurs sphéroïdes en quartz ou leurs fragments. Le grand muret séparatif et les zones dégagées.

Le grand muret séparatif, formant un arc centré vers le Sud-Oest, a été dégagé en 1986 et décrit alors. Sauf aux extrémités dégradées, et aux endroits où superposés au comblement du souterrain les appareillages de ses parement interne et externe se sont tassés, il peut s'élever jusqu'à 0,50 à 0,60 m au-dessus du vieux-sol; son épaisseur varie entre 1,20 et 1,50 m maximum. On le suit donc sur une quinzaine de mètres, et on vient de voir le problème de sa prolongation vers le Nord-Ouest. Il s'interrompt assez brutalement vers le Sud-Est, et comme le sous-sol y présente un haut-fond rocheux, on n'en trouve plus les assises de base. Le terrain étant dégagé et plat vers le Sud-Est, sans aucun relief, on ne semble pas pouvoir prévoir de prolongation dans cette direction, où alors c'est qu'elle aura, été arasée très complet an ent, par exemple par les constructeurs de la grande construction M fouillée par H". Le '-'arguet. Au Nord-Est de ce muret séparatif, dans les espaces ne dépendant pas des ruines d'édifices décrits précédemment, il y a peu à dire. Sous l'épendage plus ou moins horizontal des pierres éboulées provenant des structures, comme partout le vieux-sol livre de-ci de-là quelques tessons de poteries et autres restes usuels sur le site, sans accumulation notable. Dans la "cour" circonscrite par le grand muret, les choses sont plus intéres­ santes. En allant vers le Sud, sous un épendage de pierrailles sous un humus à peu près horizontal., on constate que le vieux-sol a tendance à être moins épais parce que le rocher, moins altéré, remonte un peu. On y a donc trouvé moins de tessons de poterie dispersés que dans la partie septentrionale, quoiqu'il puisse y avoir des tessons infiltrés jusque dans les creux du rocher. Rappelons qu'en 1986 nous avons trouvé dans la partie otiest de cette cour, deux fragments de stèles cylindro-coniques en granité, dont l'un se raboute exacte­ ment à un autre morceau découvert encastré dans le vieux-sol sous la partie arasée pour Ici piste de moto-cross. D'autre part nous avions également dégagé en 1986, à l'Ouest de l'ouverture du puits d'entrée du souterrain et juste au-dela de la,zone à nombreux débris de clayonnages, une longue structure de combustion alignée Est-Ouest, qui nous a donné une date radiocarbone (GIF-7309) correspondant à l'intervalle entre 415 et 165 ans

avant notre ^q ^ ^ ^ ^ confiance), soit La Tène Ancienne et Moyenne, ce qui correspond bien aux tessons de poterie du vieux-sol environnant» En nettoyant avec soin jusqu'au rocher une surface de plus de 2$ m2 au Sud- Ouest du puits d'entrée au souterrain, dans cette "cour", nous avons rencontré

(autour du point x = 91>y = 101}environ) un assemblage de petites dalles, construi­ sant une sorte de petit coffre, avec dedans et autour une concentration de charbons de bois importante, et quelques tessons de rjoterie. C'est une autre structure de combustion, assez particulière (quoique faisant penser à celle trouvée à environ 1 m à l'Ouest du muret de clôture gallo-romain, mais dans le vieux-sol de l'Age du Fer], Ailleurs dans la"cour", près des creux du rocher, il pouvait y avoir de petites concentrations de charbons. Mais un peu au Nord de ce foyer-coffre, à mi-distance de la structure de combustion allongée, on a trouvé isolément dans le vieux-sol près du rocher un- fragment de petit creuset en terre cuite, à surface vitrifiée, la vitrification verdâtre et craquelée englobant quelques vacuoles. Dans un endroit près du rebord, on y distingue deux petits globules d'or pris dans la vitrification, d'un diamètre de l'ordre de l/20 de millimètre au maximum, et quelques autres encore plus minus- , C'est donc un petit creuset ayant servi à fondre le résultat de petites récoltes d'orpaillage. Au surplus, sous les fondations de la grande construction située un peu plus à l'Ouest, il a été trouvé un autre petit fragment irrégulier de petit objet fortement vitrifié, tendant vers une belle teinte rouge, mais sans qu'on y discerne de globules de métal fondu. Les scories vitrifiées de la chambre nord du souterrain et ces fragments de creusets nous confirment donc que sur le site on a traité les récoltes d'orpaillage dans des ruisseaux voisins. On sait que le hasard a voulu que trois fouilles de 1988 en Bretagne donnent des preuves de telles exploitations (le site carolingieni du camp des Salles à , avec une profusion de creusets à globules d'or incrus' tés dans la vitrification; le petit camp de l'Age du Fer à Rannée près La Guerche-de --Bretagne en IIle-et-Vilaine), Les travaux de nos collègues géologues du B:,R,G,M, ont montré que l'or en Bretagne, prospectable à la bâtée dans les alluvions, est lié non pas aux granités, mais aux formations du Briovérien (Précambrien) qui se sont trouvées dans la zone h^/pothermale au-dessus des granités cadomiens; l'or s'y trouve associée aux petites'-lentilles s et filonnets agencés en stoctererks de quartz d'une manière très diffuse et dispersée le plus souvent. Il faut l'érosion et la formation d'alluvions pour rendre l'orpaillage possible (à ce point de vue le Massif Armoricain est très riche, mais pas aux normes industrielles, quoiqu'il y ait pas mal d'amateurs d'orpaillage). Dans le ca,s de Kersigneau Saint-^Jean, la réxxmse est immédiate: en traversant l'estuaire du Goyen (et à l'Age du Fer le niveau de la mer étant plus bas que maintenant, on devait passer à gué facilement), juste au Nord de la bande de granité d'anatexie du Goyen, on trouve une bande de schistes et P~j micaschistes briovériens (que je connais bien, car il y a quelque 40 ans, j'ai commencé ma carrière de géologue-pétrographe dans ces régions), et les prospections à la bâtée du B'.R.G.M. ont effectivement montré que les alluvions des petits ruis­ seaux les traversant ont une petite teneur en or (de la catégorie entre 2 décigramme et 1 gramme au mètre cube d'alluvion, il faut être patient), les deux sites pros­ pectés de la carte publiée en 1969 se trouvant sur les deux ruisseaux principaux situés à l'Ouest et à l'Est de l'oppidum du Suguensou. Signalons que nous avons découvert des passées riches en graphite dans ces schistes brmovériens dans la tranchée de la route D 43 traversant cette bande: pour graphiter leurs pots les habitants du site n'avaient pas non plus à chercher loin,- La l'Courettew située entre le muret d'enceinte et les structures reliques situées au nord de la construction principale (entre x=82 à QS et y/ = 108 à 112 environ) a été décapée jusqu'au rocher également. Le niveau est un peu plus bas du fait de la pente. Dans certains creux de rocher on a trouvé des a.ccumulations de charbons de bois. L'une d'entre elles, particulièrement importante et protégée car s'infiltrant sous le plus externe des parements de renfort de la grande construction (x = 83; y = 108,50) a donné une date radiocarbone-(GIF-76ll) correspondant à l'inter valle - 185 avant notre ère à + 185' après notre ère: comme dans la pratique pour ce secteur du chantier le début de l'époque gallo-romaine est pratiquement exclu, ceci correspond à La Tène Finale, il s'agit donc d'une activité plus tardive que celle de la structure de combustion de la "cour" voisine. L'intérêt de des deux datations radiocarbone, pratiquement non recouvrantes et donc mutuellement exclusives, est d'embrasser l'ensemble de la fréquentation du site à l'Age du Fer; on pourrait multiplier les datations radiocarbone, étant donné les nombreux groupements de charbons de bois découverts, mais ce serait sans grand intérêt, car on aurait surtout chance d.'obtenir des fourchettes à-cheval sur celles.desudeux;.premières déterminations, et donc non discriminables statistiquement.

L'édifice principal de l'Ouest de l'enclos. Il nous reste à décrire la structure la plus complexe, qui est située juste à l'abri du muret délimitant l'enclos. C'est un édifice où l'on peut constater des remaniements successifs, et tenter de distinguer trois sinon quatre phases de construc­ tion. A part la destruction d'une portion des structures internes sans doute par l'effet du trou creusé lors des fouilles de ET. Le car>guet, il subsiste plusieurs assises superposées des divers murets. C'est donc l'édifice le mieux connu, à plan sub-quadrangulaire sinon sub-carré. La première (ou les premières) phase de construction est très résiduelle; il est possible que si l'on démontait complètement les murets subsistants on en retrouverait d'autres traces cachées à l'intérieur. On peut y rattacher au Sud-Est de l'édifice final, un élément de muret nord-sud, à deux parements et blocage interne, mais dont le parement externe s'incurve. L'édifice devait donc être décalé; vers le Sud, et on n'en a pas conservé grand'chose. On peut être tenté de rattacher à la même phase deux trous de poteaux, ménagés dans le substratum rocheux et remplis de terre meuble, l'un situé: conti-e et à l'intérieur du ce premier fragment de muret, l'autre à A-j 25 m en face, l'un ét l'autre recouverts par les murets postérieurs. Autre relique d'une e phase ancienne, mais pas forcément du même bâtiment, un alignement de pierres nord- sud énigmatique, trouvé au fond de ce que nous nommerons ci-après le "faux-couloir". La seconde phase de construction correspond à la plus grande dimension de la construction, et au muret le mieux construit, pour partie encore le plus élevé. Il s'est rabouté en sifflet, à l'ÏBst à ce qui avait été conservé de la. première phase, avec quelques assises de contrefort extérieures pour conforter ce raccord. Ce muret s'est incurvé, d'une manière un peu dissymétrique, pour donner la paroi nord, puis après une nouvelle incurvation, la paroi ouest. Ces murets peuvent avoir une largeur oscillant entre 1,25 et 1,30 m en moyenne; les points les plus hauts peuvent attein- 0,85 à 1,00 m au-dessus du vieux-sol environnant; c'est certainement là une hauteur résiduelle minimale. L'impression est d'une construction subrectangulaire dont l'axe principal est orienté. îîord-Sud, de dimensions internes 8 m au minimum, sur G m de large. La troisième phase comprend des remaniements intérieurs et extérieurs. A l'inté­ rieur il y a rétrécissement des dimensions. Pour ce faire, dans la partie nord on appuie sur le muret existant une paroi, dont le parement intérieur, pour ce qu'il en reste, est fort joliment construit. Ce muret intérieur devient autonome au Nord-Ouest, laissant un espace vide envkcorne^ comblé ensuite de petites pierres. A l'angle nord-ouest ce muret de restriction! s'interrompt pour l'arrivée d'un étroit couloir, dont les parois sont parées. Le muret restrictif occidental continue ce tracé, c'est lui qui a subi le plus de dégâts du $ait de la fouille ancienne (ou de perturbations anciennes, en tout cas); son parement ouest est bien construit, son parement est est plus défectueux car il y a un dévers fâcheux. Ce muret se continue jusqu'au niveau de l'extrémité de celui conservé de l'autre côté, provenant des deux premières phases: on obtenait donc une construction en forme de fer à cheval. Le mur de façade de ce dernier état, qui a également fort souffert de la fouille ancienne, conserve assez bien son parement frontal, et une partie du parement interne; il est placé en retrait par rapport à l'extrémité des deux branches du fer à cheval, on x>eut imaginer une toiture en auvent; d'autre part il n'existait pas sur toute la largeur, et ménageait une entrée d'une largeur d'environ 1,20 m. On avait donc une pièce de dimensions utiles d'environ 4 m sur 4 m. Le mur restrictif ouest n'était pas appuyé sur le muret ouest de la deuxième phase de construction. Faisant suite à la petite''corne'vide observée au Nord du couloir, il y avait entre les deux murets parallèles une sorte de "faux-couloir'*, espace qui ne fut pas laissé vide, et qui fut comblé, sinon tout dè suite, du moins à un moment donné, par un bourrage d'assez grosses pierres jetées un peu n'importe comment. La poursuite du vrai couloir a. nécessité le montage d'un parement en continuité, bouchant à la fois la petite scorne''au Nord, et le "faux-couloir" au Sud. Ensuite, tout en continuant à s'incurver, le couloir passe à travers le muret du deuxième état de la construction, dont les saignées ont été pa.rées en continuité, pour venir s'allonger parallèlement au parement occidental, autrement dit extérieur, de ce muret. C'est évidemment un très étrange couloir, par son étroitesse, variant entre 0,60 à I m, peu favorable à une circulation rapide ou au passage d'une personne encombrée,- II se pose à nouveau le problème de la hauteur des murets le délimitant de part et d'autre: pour réaliser une entrée ou une sortie "dérobée"^ cachant effectivement les passages, il faudrait une hauteur minimale de l'ordre de 1,50 m. Le flanc extérieur de ce couloir est réalisé par le muret délimitant l'enclos, dont l'épaisseur se réduit d'autant. Ou bien ce muret était préexistant, et a été retaillé pour établir le couloir, ce qui parait peu probable. Ou bien l'établissement du couloir est synchrone de la construction de ce muret d'entourage du site, et dans cette zone sa construction a été menée de manière à ce que le couloir se trouve en quelque sorte englobé dans sa masse, selon une technique que l'on retrouve ailleurs en Europe dans bien des édifices à murailles de pierres sèches (par exemple en Sardaigne, en Irlande ou en Ecosse, quoique des comparaisons trop précises soient aventurées). Ce couloir aboutit à une sorte de chambre transversale, pas très bien conservée et qui était encombrée par des blocs. Il semble qu'il y avait un petit seuil de séparation, et que cette chambre aboutissait sur l'extérieur de l'enclos par un autre seuil; c'est une zone qui a pu au surplus être fréquemment remaniée, concernant un point sensible au point de vue sécurité. L'extrémité est de cette chambre transversale s'appuie sur un. massif assez irrégulier de pierres, ajouté à l'extrémité du bourrage du faux-couloir.: On remarquera que la construction du muret de clôture parait avoir soit tronqué, soit s'être appuyé sur une zone dégradée du muret de la deuxième phase de la construc­ tion, qui au niveau de la fouille se trouve rétréci, et paré par une façade inverse et un bourrage, ^lus au Nord, sans doute pour des raisons de consolidation réciproque et pour éviter un angle mort fragile,, on a élevé en escalier trois murets de parement chacun retenant un bourrage moins soigné. L'intérieur de l'espace utile de la construction ainsi rétrécie à sa troisième phase a été par zones plus ou moins dérangée par le trou très irrégulier de la fouille ancienne, qui est descendue jusqu'au sous-sol rocheux. Des traces de feu dans le milieu nous ont paru en définitive fort suspectes; d'ailleurs un objet moderne (un jeton com­ mercial en plastique d'une marque de vins d'il y a vingt ans) à ce niveau témoigne d'un remaniement ou d'un remplissage progressif. Par contre, au pied des parois on avait creusé beaucoup moins profond,ou l'on ne s'en était pas du tout approché au Nord et au Nord-Est. De sorte que non seulement le sol de la pièce contenait quelques tessons de poterie dispersés, mais par un décapage soigné, l'on a pu découvrir trois trous de poteaux très clairs, creusés dans le substrat rocheux, le long de la paroi nord, et un autre le long de la paroi est. Ailleurs les dégradations étaient trop grandes pour en reconnaître avec certitude. Ces observations de trous de poteaux (au remplissage plus meuble, avec quelques pierres de calage et parfois quelques grains de charbon de bois dans cette terre), sont évidemment très intéressantes au point de vue architectural. La construction possédait donc des poteaux porteurs de la charpente du toit. Celle-ci pouvait ne pas

reposer sur les murets de pierre, mais elle pouvait également le faire. En tout cas la base des poteaux était bien protégée par les murets contre les pluies et les vents parfois violents dans cette région proche du littoral. Ajoutons qu'au pied interne des murets, comme dessus, il y avait des petits fragments d'argile brûlée provenant de cla^onnages, comme ceux dispersés un peu sur tout le site,'

Ajoutons, mais ceci concerne plutôt la deuxième phase de construction, qu'à l'exté­ rieur du muret est de l'édifice, sous le petit massif de contrefort un peu désordonné (vers x. = 89 et y de 102 à 104,50), il y a au-dessus du vieux-sol une masse étalée d'argile crue rapportée, très semblable à celle utilisée pour les fragments cuits de clajronnage, Juste à côté (x = 89,10 et y = 101,75) se trouvait une hache polie, à tran­ chant un peu émoussé par usage, en dolérdte du type A (dimensions 81 x 50 x 22 mm), sans doute encore une "céraunie11 ou "pierre de foudre" destinée à protéger l'édifice (l'usage se pratiquait encore dans ces régions il y a quelques décades). En dehors des objets ou fragments d'objets qu'on trouve indistinctivement un peu partout sur le site, il reste à décrire les trouvailles un peu plus synptomatiques pour éclairer l'utilisation ou la fréquentation de la construction. D'abord, dans la partie Est-Ouest du couloir et jusqu'au tournant, il fut découvert en 1987' une assez grosse concentration de charbons de bois sur le sol, à faire croire que momentanément on a pu s'en servir comme structure de combustion. Ce ne fut probablement qu'un incident de courte durée. Par contre dans la partie Nord-Sud, il y avait beaucoup plus de tessons de poterie qu'ailleurs, et surtout des tessons pouvant se raccorder (environ 180 tessons sur 5 m de distance). Enfin, à l'approche de la chambre d'entrée, juste au Nord du petit seuil, il y avait une véritable "soute à munitions"' de 117' petits galets - pierres de fronde, ailleurs simplement quelques unes de dispersées» L'entrée a pu servir de point d'appui pour une défense éventuelle du site, à moins qu'il ne s'agisse d'activités de chasse plus pacifiques. Mais on sait qu'assez souvent dans les camps armoricains(et ceux des îles britanniques) également, on a signalé de telles accumulations de galets — pierres de fronde, et l'expression de "soute à munitions" n'est pas exagérée. Ensuite, devant l'entrée normale et l'auvent de la construction, il a été rencontré dans le vieux sol des groupements de tessons de vases écrasés sur place, comme s'il s'agissait d'un endroit où on les posait volontiers. D'antre part, mais au-dessus de ce niveau du vieux-sol, juste sous l'humus super ficiel et au-dessus des éboulis et remplissages de pierrailles (en x 82,y 99, au- dessus de l'angle du"faux-couloir'' et de son remplissage; 3^85,50, y 99»50, et en 2c8^y 99j dans les deux cas devant la façade, au-dessus des pierrailles éboulées), on a trouvé quelques tessons d'amphore très corrodés, dont un col fait penser à une variante de Dr es sel I. Ces éléments semblent donc liés à une fréquentation tout à fait tardive du site. Les indications du bord extrême sud-occidental, de la fouille de 1988, amorce de la continuation du muret externe limitatif* au-delà de le "porte", amorce de la con­ tinuation du muret limitant la "chambre"' derrière cette "porte", continuation de la grande accumulation de pierres à l'arrière de celle-ci (x- = 82:, y = 9?') et topogra­ phie du terrain, montrent une continuation de structures importantes vers le §ud, immédiatement au-delà de la zone explorée. Mais, dans la mesure où l'on peut se fier à son plan, on atteint la construction P qu'il a sommairement explorée. On ne peut écarter l'hypothèse que les constructions successives en fer-à-cheval que nous avons dégagées ne seraient que la moitié d'édifices plus amples (dans ce cas le muret que nous avons appelé "de façade" du dernier état ne serait qu'une partition interne). Nous avons peu d'indications permettant de dire si ces constructions étaient des bâtiments de service, ou au contraire des "maisons" d'habitation, cette dernière fonction étant vraisemblable au vu des dimensions, au moins à certain stades. Mat•êv±aie: et objets lithigues. Sans reprendre en détail ce qui a été dit dans les rapports de 1986* et de 1987, les données de 1988 confirment plusieurs indications et observations. Les meilleurs matériaux de construction ou pour les objets en granité ne pro­ viennent guère du sous-sol local en granité d'anatexie trop disloqué, mais du massif d.e leucogranite Pointe-du—^az - Quimper, situé à quelques centaines de m plus au Sud. Il a été trouvé ambotal au moins 34 meules dormantes, fragments de meules dormantes, molettes et fragments de molettes, le plus souvent en remploi dans les maçonneries sèches. Il faut souligner qu'il n'a été découvert aucun fragment de meule rotative, type d'objet qui commence à apparaître en Armorique à La. Tène finale, ceci est peut-être une indication chronologique sur la fréquentation principale du site à moins qu'elle oit culturelle. Les trois fragments de stèles sont aussi dans ce leucogranite. Par contre un objet exceptionnel, le "maillet à rainures",, a été fait à partir d'un galet de microgranite très certainement soigneusement choisi à cause de sa régularité. Ce microgranite se trouve uniquement à l'état de galets dans les cordons littoraux pleistocènes et actuels (ceux-ci aux matériaux dérivés des précédents pour l'essentiel) du fond de la Baie d'Audierne, entre Plozévet et Penmarc'h surtout, et on. n'en connaît toujours pa.s l'emplacement du gisement sous-marin, Non altérée, c'est une roche d'une exceptionnelle solidité. Il a été trouvé plus de 130 objets divers en pierres d'origine extérieure au site, La plupart sont des galets marins utilisés comme objets percutants ou lissants; la plupart doivent venir des plages et cordons littoraux du Ford de la Baie d'Audierne, et pas seulement du fond, comme la composition de certains l'indique, lies petits galets utilisés comme pierres de fronde se décomptent, fragments compris, à plus de 430 (dont les 117 de la "soute à munitions''); ils sont le plus souvent en quartz ou en quartzite» Leur poids moyen est de l'ordre de 40 g. Les "broyeurs-percuteurs sphéroïdes en quartz méritant une étude particulière, tant ils sont nombreux sur le site, où l'on en compte jusqu'à présent 85, fragments compris. Sauf" quelques cas de quartz patines et rubéfiés, qui ont eu une existence longue en surface, la plupart sont en quartz de filon (parfois englobant des passées micacées), blancs ou translucides. Un certain nombre ont pu être faits avec des galets régularisés. Le poids moyen idéal devait être de l'ordre de I kg, le diamètre de l'ordre de 0,10 m, niais bien entendu, du fait des irrégularités de forme de l'ébauche, ou d.es éclats perdus en cours d'utilisation, il y a souvent de nombreux méplats. La surface sphéroïde,, qui est mathématiquement une enveloppe, est très finement piquetée, sans qu'on puisse distinguer ce qui relève de la préparation de l'outil de son utilisation. En tout cas il servait à broyer ou écraser très finement, à marteler ou à régulariser avec précision. Ces -types d'objets sont connus au moins depuis le Néolithique Final (on avait tendance à y voir des "percuteurs" pour la taille, ce qui est douteux; il y a des mobiliers d'allées couvertes où ils sont peut-être adventices), en tout cas il y en a de l'Age du Bronze de datés avec certitude. Sur un site on en trouve d'habitude quelques unités voire une douzaine au maximum, ^ci 85 pour les quelque 350 m ex** plorés à présent (et encore il peut y en avoir dans les maçonneries sèches non démon­ tées),: pose vraiment un autre problème. En dehors du broyage éventuel de minerais, on peut penser au surfaçage soigné de pierres telles que celles des stèles armori­ caines, dont précisément trois fragments ont été trouvés sur le site. On peut donc hésiter entre une activité de mineurs - métallurgistes, et celle de carriers - tailleurs de pierres - sculpteurs, les deux activités pouvant d'ailleurs avoir été exercées à la fois. En dehors des deux haches polies récupérées comme "céraunies",, il y a peu de matériel néolithique ou de tradition néolithique, résiduel sur le site ou récupéré,. Après les pluies, la piste de moto-cross avait fourni aux collecteurs un certain nombre de silex; sur le chantier il n'en a été récolté que rela.tivement peu, quel­ ques éclats de débitage, une ou deux petites lames et un grattoir.

Le métal. Eu fait de la très grand.e agressivité du sol, quelques petites concrétions d'oxyde de fer représentent tout ce qui peut être advenu dJ"Objets en ce métal, et il n'est pas possible de distinguer d'éventuelles infiltrations récentes (pertes de bergers ou de chasseurs, par exemple). Le bronze se conserve mieux, mais est rare: un petit Stagnent de bracelet déjà mentionné, et un petit fragment d'anneau dans le vieux-sol de la "courette" au Nord de la construction principale. Rappelons incidemment le fragment de lignite. Aussi les traces de la fonte du résultat de l'orpaillage prennent leur place dans une indigence relative en bronze, ou en tout cas dans un souci de ne pas en perdre. Le clayqnnage. On a signalé quelques masses d'argile non cuite, toujours provenant de l'al­ tération superficielle d'un granité, donc d'origine relativement locale. Le clayon- nage consolidé par une cuisson sans doute accidentelle, comme des incendies, est irrégulièrement réparti sur le site. Il a été soigneusement récolté, et au total

c e on en a. recueilli 16.475 B>

Comme nous l'avons signalé dès 1986, la totalité de la céramique de La ™ène décou­ verte sur le chantier appartient à la catégorie que nous avons dénommée récemment la "proto-onctueusel'sur l'évidence minéralogique et pétrographique (nous joignons copie de notre dernière publication à ce sujet). Il s'agit d'une céramique très originale, où la pâte est essentiellement à base de minéraux basiques (chlorite, talc et en moindre proportion d'amphibole), provenant de l'altération du massif de serpentine de la baie d'Audierne, . __ . n ^ , -,-,»• ' a 17 fcm au S.L. a vol d'oiseau,, Ce phénomène est d'autant plus remarquable que dans d'autres sites de l'Age du G Fer du Cap- (la région d'Audierne, du Raz et de Pont- roix) on trouve surtout des poteries à matériaux d'origine locale d'après leurs dégraissants (de type grani­ tique essentiellement), ce qui d'ailleurs est le cas aussi de la poterie gallo-romaine commune de notre site lui-même. Il y a donc eu exclusivité pour une poterie importée, et ceci pendant toute la fréquentation de l'Age du Fer, ou tout au moins pour de la poterie faite avec une matière première importée. Certes ses caractéristiques peuvent en partie expliquer ce choix exclusif. Le plus curieux est que des sites de l'Age du Fer des environs immédiats du gisement d'origine des matériaux ne montrent pas tous ce choix, et que certains utilisent surtout des céramiques fabriquées avec des maté­ riaux plus traditionnels. Ces études pétro-archéologiques poursuivies par nous avec les moyens sophistiqués de notre laboratoire sont pleines d'aperçus imprévus sur les pratiques de ces potiers. En milieu aussi agressif que celui de Kersigneau St-^ean, alors que les minéraux basiques sont très altérables, il s'ensuit que beaucoup des minéraux sont très désta- 1 &î une agression géochimique de 2000 ans transformant considérablement l'aspect de surface et de profondeur de tels matériaux. L'étude de telles modifications est également très intéressante du point de vue géochimique, d'autant plus qu'opérant sui­ des objets datables (de même que pour les céramiques médiévales faîtes selon les mêmes echniques, la poterie "onctueuse"), on introduit une mesure du temps. Cette poterie est très fragmentée, autant qu'elle est dispersée sur tout le chantier. On peut on compter, en additionnant le produit des trois campagnes, 2700 2 tessons principaux, en négligeant les esquilles et débris inférieurs au cm . En dehors des quelques tessons raccordables dans le couloir et par devant l'édifice principal, et encore d'une manière bien décevante, il est exceptionnel que deux tessons se raccordent. On n'a donc pratiquement pas de formes "archéologiquement complètes". Nous avons confié l'étude typologique de ces céramiques à Melle M.T. Daire, dans le cadre du développement de sa thèse sur les céramiques armoricaines (Doctorat "Archéo­ logie et ^rchéométrie", Université de Rennes I, juin 1987)• Au rapport de 1987 nous avons joint des planches des formes les plus caractéristiques des récoltes de 1986 et 1987; le dessin de l'abondante moisson de 1988 n'est pas encore commencé, mais à des variantes de détail près, les formes et les décors sont similaires. Comme nous l'avons déha souligné, globalement il y a des formes et des décors estampés hérités de La Tène ancienne de la région, dans une majorité de formes qu'on peut plutôt rapprocher de La ^ène Moyenne de la région, jusqu'au début de La Tène Finale; l'altération des surfaces rend la discrimination de l'emploi du tour rapide incertaine, d'autant plus qu'il n'est pas du tout évident que cet outil ait jamais été employé avec les matériaux de la céramique proto-onctueuse, qui ne s'y prêtent pas particulièrement. A moins de donner dans un charlatanisme pseudo-scientifique que nous réprouvons, il est extrêmement dangereux d'utiliser les détails de la typologie céramique comme critère chronologique précis, surtout en l'absence de trouvailles ou d'ensembles fermés. On ne peut exprimer valablement qu'une impression, au vu de son expérience, et c'est dans le cas présent celle d'une fréquentation principale située entre environ - 300 et - 100 avant notfe ère; ceci n'exclut-' donc pas de moindres compo­ santes antérieures et postérieures. Il est évidemment dommage que le site ne présente pas de fossés ou de fosses avec des remplissages stratigrapMqu.es permettant d'échelonner les données (le rem­ plissage du souterrain^ effectué volontairement en une fois n'oiffire pas un tel échelonnement continu; il permettra peut-être simplement de séparer deux ensembles). Ceci dit, l'exploitation géochimique, pétro-archéologique et typologique de ces nombreux tessons de poterie proto-onctueuse sera à la longue très fructueuse.

LIS _CAMCTERES _0RIGIlïAUX_âu site_de Kersigneau_Saint^ean,

Pour conclure, il convient de synthétiser ce qui fait l'originalité de ce site, en dehors de la poterie, des indices d'exploitation des ressources minérales de la région, qui indiquent des savoir-faire très particuliers. On a un ensemble de structures en "pierres sèches, muret de clôture, murets de base des constructions successives, tout à fait exceptionnel en Armorique, Les habitats usuels sur les hauteurs montrent des ensembles de fossés (associés le plus souvent à des palissades), et des constructions à charpente de bois et clayonnages. Dans les habitats littoraux ennoyés dans les dun.es (Quiberon, , Les Ebihens en St-JTacut-de-laMer, par exemple) on a certes des murets en pierres sèches pour servir de fondations aux édifices. Mais ici, non loin de la mer mais déjà sur une hauteur, on a. une autre situa­ tion, unique. De plus, l'édifice avec un couloir étroit aménagé en somme à l'inté­ rieur de la muraille, est extrêment original. En laissant de côté les ensembles de constructions en pierres sèches des régions méditerranéennes, au climat par trop différent, et pour s'en tenir à la façade atlantique de l'Europe, à climat plus homogène malgré les différentes de latitude entre le Portugal et l'Ecosse, on peut trouver de nombreux parallèles, mais il convient bien entendu de ne faire aucune assimilation directe, ce sont des convergences. D'abord au Word du Portugal et en Galice les citanias et les castros; ensuite au Cornvrall britannique les courtyard nous es, plus au Nord au Pays de Galles et régions voisines d'Angleterre, de nombreuses variétés des enclosed homesteads; en Irlande d'innombrables ca.sh.els, plus que les raths ; en Ecosse certains ti-aits des rqundhouses et des îfaeelhouses (qu'on retrouve dans les brocha plus tardifs). Tous ces mondes occidentaux de l'Age du Fer offrent au moins des suggestions. Il faut avoir vécu en mauvaises saisons dans ces pays pluvieux et venteux pour saisir certaines nécessités. Au surplus, les souterrains caractéristiques de la moitié occidentale de l'Armorique de l'Age du Fer, sous la forme de tranchées couvertes mégalithiquement (comme les "petites galeries" du Morbihan), se retrouvent au Cornrrall (les fogous), en Irlande et en Ecosse, air-: mêmes périodes. Il se trouve que les plus caractéristiques de ces sites, tant en Galice qu'en Irlande, avec plus de modération dans le Royaume-Uni, ont fait l'objet de restaura­ tions et de présentations réussies comme attraits touristiques, parfois d'une manière un peu audacieuse. Ceci pose, après la fin des fouilles d'un site aussi intéressant, oelui de son. devenir. On se trouve devant plusieurs éventualités possibles: l) soit poursuivre la fouille exhaustive jusqu'à la destruction de toutes les structures, par démontage systématique de manière à en tirer le maximum d'informations scientifiques, et passer outre à tout souci de conservation et de présentation. - 2) soit continuer à fouiller en vue d'une consolidation et d'une restauration sélective, dans l'ojrbiquc d'une pré­ sentation au public. Comme les murs très dégradés avaient certainement une hauteur appréciable pour être fonctionnels, notamment le muret de clôture de l'enclos, une restauration assez audacieuse, au moins sur un tronçon, donnerait une idée de l'appa­ rence d'un tel habitat. Il en faudrait les moyens, et ensuite l'assurance d'un suivi, d'un entretien régulier pour éviter la ruine par envahissement de la végétation, — 3) continuer à fouiller, mais après étude suffisante, secteur par secteur, et rembla­ yer les structures les plus fragiles et intéressantes par du sable, solution de toutes manières opportune avant de prendre la décision de la deuxième solution. De toutes façons il reste encore beaucoup à explorer sur ce site original,

Pierre-Roland G I 0 î avec le concours d'une équipe et notamment celui de Hervé M 0 R Z A D E C .

Annexes jointes: - article: "Pétro-archéologie d'un groupe de céramiques armoricaines, une esquisse." - rapport palynologie de Dominique MARGJJICRIE» séparé. Logende.g des planches: 1) - Positionnement sur la carte au 25.000 avec esquisse géologique d'après la feuille Pont-Croix au 50.000, levers P. Segouzo. 2) - Etat d'avancement du chantier sur le fond du nivellement de 198S. 3) - Dépliant, plan: d'ensemble (secteur C). 4.)- Plan et coupes du souterrain. 5)- Les trois phases d'évolution de la construction occidentale. 6j- Répartition du clayonnage en grammes par carrés de 5 3C 5 ni. 7) - Le maillet à rainure en microgranité (lCSJ-C-322) du puits du souterrain. 8) -Broyeur-percuteur sphéroïde en quartz patiné et rubéfié (lCSJ-B-41). 9j- Broyeur-percuteur sphéroïde en quartz de filon et inclusions micacées (KSJ-C-l), type le plus fréquent. 10) - Le fragment de creuset en macrophotographie, avec emplacement des globules Au. 11) - Vues aériennes (clichés Ph. Guigon), a) en descendant le Goyen, b) le remontant. 12) - Vues aériennes (clichés Ph. Guigon), a) du Sud, b) du Word. 13) - Vue générale de l'Ouest. En carton, répartition d'après le B.R.G.M. des résultats des prospections d'Au à la bâtée. 14) - Vues de détail à -partir de l'Ouest, a.) vue montrant la branche Ouest-Est du couloir, b) partie méridionale du muret de clôture, à droite l'entrée. - Les pierres claires ont été nettoyées par la pluie, les pierres noires viennent d'être dégagées. 13)" a) vue rapprochée de la branche Ouest-^st du couloir d'accès, avec en arrière-plan partie de l'intérieur de l'édifice en phase 3 (TP = trou de poteau), b) vue à partir du Sud-Ouest de l'ensemble de l'édifice. 16) - Vues à partir du Sud. a) axée sur le faux-couloir entre murets successifs. b) axée sur l'édifice à sa phase 3. 17) - Vue oblique à partir du Sud-Ouest sur le faux-couloir et l'intérieur de l'édifice à sa phase 3. Vue de détail montrant le rang de pierres d'une phase ancienne au fond du faux-couloir.

Informations sur la docuiaentation _(au Laboratoire "Anthropologie^ Préhistoire, Protohistoire et Quaternaire AiTnoricains"de l'Université de Rennes ï^. Les plans sur papier millimétré sont levés à l'échelle de 5 cm pour 1 m (l/20); les mises au net sur calque à la même échelle. Ensuite il y a des réductions successives au banc photographique et à la photocopieuse selon les besoins. Les plans joints sont donc des réductions des documents de travail. Exceptionnellement le présent rapport est illustré de tirages en couleurs d'après diapositives. Actuellement nous avons environ 350 diapositives relatives à ce

site, nous avons tendance à les reprendre en noir et blanc en plus. Nous avons environ 380 clichés 24x36 noir et blanc, et 180 clichés 4,5x6 cm noir et blanc, qui restent à l'état de négatifs, dont on ne fera que les tirages positifs néces­ saires au moment de la publication, par mesure d'économie de temps et d'argent,-» (droits exclusifs de reproduction). Bulletin de la Société préhistorique française, tome 85, 1988, n2 G pp. 168-171.

168 éléments caractérisâmes parmi les inclusions ou dégraissants naturels (Giot, 1971 b). Ici il ne s'agit plus de poteries à usage culinaire, mais des qualités mécaniques de cohésion données par l'abondance des fragments de silicates à struc­ tures en ruban ou en feuillets, donnant par leur feutrage une trame résistante, malgré une cuisson très souvent à très Pierre-Roland GlOT, avec le concours de Maric-Yvanc faible température. DAIKK, Hervé MORZADEC et Guircc QUERRE. — Pétro- Le cas particulier des produits de différenciation (une archcologie d'un groupe de poteries armoricaines, une bande de chlorititc à 95 % de clinochlorc forme l'axe de la esquisse. carrière des potiers médiévaux) et d'altération de la sci pcnli- Sans doute que l'une des plus grandes surprises de l'aîné nite de Ty-Lan (qui est une métapéridotitc) au hasard des d'entre nous, en abordant l'étude des poteries protohistori- prélèvements de la pseudo-argile de surface et des grains ques armoricaines, fut d'y voir assimilée dans les collec­ qu'on y laisse inclus, peut donner des proportions très tions une quantité considérable de tessons de grands vases, variables de chloritc, de talc et d'amphibole, ce qu'on la plupart en forme de marmites, avec des rebords horizon­ observe dans les poteries qui en sont issues. En dehors des taux larges, plats ou rides, à marli très marque, faits d'une minéraux de cette paiagenèsc basique, on y trouve égale­ pâte « onctueuse » à grandes inclusions claires sur le fond ment des proportions variables des minéraux provenant des rouge violacé, rayable à l'ongle et donc très peu dure. Rien paragenescs plus acides du voisinage graniti­ que la morphologie indiquait une date médiévale ou post- que et métamorphique entourant le secteur (quartz, feld­ •médiévale (quoique une lèvre carrée à méplat horizontal spaths potassiques et plagioclascs, micas), entrés soit débordant de ce genre se rencontre dès l'époque gallo- comme composants de restes de limon superficiel, soit romaine, assez rarement d'ailleurs : nous en avons trouvé comme résultats de l'altération de filonnets de quartz un exemple en poterie grise commune à l'île Lavrct près de traversant le massif de serpentinite, soit comme reflets du Bréhat). Mettre ces fabrications de poterie « onctueuse » sous-sol des lieux de fabrication. Cependant, en dehors de (comme on disait à Quimper dès 1871), manifestement grains accidentels de quartz de plus grande dimension, les centrées sur la Basse-Comouaille finistérienne, à leur place grains de cette composante plus acide seront en général plus chronologique correcte, qui était en effet médiévale, fut un discrets. Il s'agit de poteries où la phase argileuse au sens premier pas (Giot, 1955). Même après celui-ci, on fut proprement dit (c'est-à-dire minéralogiquc et non point étonné de voir des tessons de cette poterie exposés au seulement granulométriquc) est très minoritaire. D'autre Musée des Antiquités Nationales comme « protohistori­ part les minéraux basiques sont les plus sensibles à l'altéra­ ques » voire comme « néolithiques » ; la chose ayant été tion par hydrolyse acide, et 1000 ou 2000 ans dans un ranker signalée au conservateur responsable (A. Varagnac), il fut (terre de bruyères) ont un effet redoutable, leur donnant à répondu que c'était leur caractère « primitif » ou « archaï­ l'œil nu comme au microscope un aspect « rouillé ». que » qui justifiait cette utilisation dans une vitrine pure­ Nous nommons « proto-onctueuse » cette céramique ment pédagogique. Une autre étape (Giot, 1971 a, puis d'âge prolohistoriquc faite avec les mêmes matériaux que 1986) fut de pousser plus loin l'étude pétro-archéologique i 1'« onctueuse » médiévale, le plus souvent avec des inclu­ du matériau si particulier de cette poterie riche en paillettes sions beaucoup plus petites. Dans la pratique technique de talc, et de montrer que non seulement elle avait été de la détermination, le recours à la diffractométric de fabriquée près de la baie d'Audierne (et notamment au rayons X sur un petit échantillon pulvérisé est souvent plus lieu-dit Bodérès, autrement dit la Poterie, en Plonéour- efficace que l'examen d'une lame mince au microscope Lanvern), mais que ses matériaux essentiels provenaient de polarisant, les deux méthodes se complétant heureusement. l'altération en talc, chloritc et amphibole des serpentinites formant un important massif proche de et de Une certaine variabilité dans la composition des pâtes ne Peumcrit et où se voient près de Ty-Lan les stigmates d'une permet pas d'en exclure, de même que pour une minorité ancienne et vaste carrière typique des extractions de des céramiques médiévales, qu'on n'ait pas parfois fait des potiers. Son succès comme poterie à feu s'explique par la mélanges entre les produits d'altération des serpentinites de résistance aux chocs thermiques que lui confère sa constitu­ Ty-Lan (les seules à pouvoir fournir le talc), et d'autres tion minéralogiquc. bandes d'amphibolites, elles-mêmes assez varices, de prasi- nites et de chloritoschistcs, voire de passées micaschistcuscs Mais une deuxième surprise fut plus tard de constater plus banales ; mais c'est supposer que nos potiers cher­ que l'utilisation de cette sorte très particulière de matériau chaient la complication, à moins que chacun ne mélangeait à avait commencé dès l'Âge du Fer. Certes, nous avions une petite quantité des produits d'altération de la serpenti­ découvert entre-temps la forte tendance des potiers proto- nite, une part des matériaux disponibles au voisinage de son historiques armoricains à profiter, en particulier pour la habitat personnel. En tout cas cette variabilité n'incite pas à fabrication de certaines poteries fines, des caractères des imaginer un unique atelier de potiers, mais plutôt une pâtes riches en minéraux basiques issus de l'altération des constellation dispersée dans le temps et dans l'espace « roches vertes » du socle, autrement dit des roches régional, tous venant chercher une partie de leur approvi­ cruplives et métamorphiques basiques, donnant surtout sionnement dans la petite surface occupée par le massif de des amphiboles et des feldspaths plagioclascs comme serpentinite (au total 4,5 km2, y compris trois ou quatre 169 170

petites annexes dispersées entre le Nord-Est de Pouldrcuzic encore du souterrain de Castellou-Péron. Ce serait comme si et en Tréogat, mais au Sud de Plovan-sur-Mcr). après avoir constaté l'intérêt des poteries faites avec les produits d'altération des roches vertes, on avait tenté dans On ne sera pas étonné si des urnes cinéraires découvertes cette région méridionale de s'approvisionner au plus près. aux abords du massif principal de serpentante, datant du Hallstatt final et de La Tene ancienne, à Kcrgoglé en Plovan Bien entendu, il faudrait pouvoir disposer de beaucoup et entre Lannvrcon et Brémcl ou en Pcumcrit, ou des pots plus de sites et de beaucoup plus d'échantillons pour pouvoir du remplissage du souterrain de La Tene ancienne de vraiment tirer des conclusions sur le processus d'acquisition Lcspurit-Ellcn en Pcumcrit, se montrent constituées de cette et de diffusion de ce savoir-faire technologique. Il n'en reste manière. La tradition est née certainement tout autour des pas moins que l'ensemble formé par les diverses formations gisements les plus favorables de ces matières premières et massifs de « roches vertes » de la baie d'Audicrnc, originales. Pour le moment nous n'avons pas eu l'occasion ensemble assez exceptionnel en Bretagne (Jcanneau, 1966 ; d'étudier des poteries de La Tene moyenne ou finale en Pcucat, 1973 ; et cartes géologiques), est de toute évidence à proto-onctueuse provenant des enviions des massifs de l'origine de particularités technologiques céramiques. serpentinitc. Il n'est pas dans notre propos de détailler ici les considéra­ Par contre à La Tene moyenne et finale, il s'en est exporté tions et observations pétrographiques, minéralogiqucs et jusqu'à des distances de 15 à 20 km (à vol d'oiseau), en géochimiques que l'étude poussée au laboratoire et sur le quantités souvent importantes vers le Nord-Ouest (l'habitat terrain nous occasionne. Nous voulons plutôt dégager briève­ de Kcrsigncau St-Jcan en Plouhincc que nous fouilloiis ment la philosophie qui en découle et les aperçus sociaux que actuellement, où quasiment toute la poterie entre la fin de cette technologie somme toute raffinée permet d'entrevoir. La Tène ancienne au début de La Tene finale en est Les remarquables capacités, si l'on y réfléchit bien, des composée), vers le Nord (le site cultuel de Trogouzcl en hommes préhistoriques et protohistoriques à tirer parti du Douarncncz, sous un fanum gallo-romain), et vers l'Est aux monde minéral étonneront toujours. Pour ce qui est des environs de Quimpcr (Kcrincr en Pluguffan, Lanniron, Le industries lithiques, clans le domaine géographique et géolo­ Bradcn et Kcrlaëron en Quimper). Cependant, à des gique armoricain, depuis une quarantaine d'années nous distances équivalentes ou moindres, d'autres sites de ces avons pu montrer bien des choses, et nos élèves ont régions au Nord-Ouest, au Nord ou à l'Est des gisements de développé certains aspects particuliers. Mais les objets et serpentinitc, n'en montrent point ou peu, la popularité de la outils en pierre sont en matière travaillée mais non transfor­ production étant donc irregulierc. mée, tout au plus on constate parfois le recours au feu ou à A une dizaine ou une douzaine de km vers le Sud l'étonncment pour faciliter le débitage ou la retouche. Par (toujours à vol d'oiseau), on trouve des variantes de proto- rapport aux minerais, la métallurgie, clic, est une transfor­ onctueuse soit caractéristiques, comme dans le cimetière à mation totale. L'art du potier, lui, est autre chose encore. Le urnes cinéraires de Roz-an-Tiémcn en Plomcur, datant du plus souvent à partir de matières minérales non consolidées Hallstatt final et de La Tène ancienne pour l'essentiel, soit (c'est le savant qui considère un gisement d'argile comme faisant davantage penser à l'utilisation de bandes d'amphi- formé d'une « roche », mais bien entendu il y a tous les bolitcs et de chloritoschistcs plus proches, comme pour les intermédiaires), le potier fabrique une roche artificielle quelques tessons que nous avons pu étudier du cimetière de (c'est comme un métamorphisme purement thermique, sans Kcrviltré et du site de Tionoan en St-Jcan-Trolimon, voire pression sensible autre que celle des doigts lors du façonne­ ment ou du tournage). Il y a d'ailleurs exceptionnellement les vases taillés dans des blocs rocheux, et dans le domaine des roches basiques, il y a en particulier l'utilisation de la pierre ollaire, qui est une variété de serpentine ; dans notre région sud-finistérienne, à l'époque médiévale et post- médiévale, les chloritoschistcs de la formation de Trunvcl et les prasinites de la formation de Tréogat ont beaucoup servi à faire des récipients frustes. Ajouter à une argile sédimentairc fine un peu de sable ou d'arène comme dégraissant (et les seules argiles sédimen- taircs à avoir été, rarement, utilisées dans l'Ouest du Massif armoricain sont plio-pléistocènes et marines, caractérisablcs en général par des spiculcs d'éponges), est très différent comme démarche que d'utiliser comme pâte céramique un matériau d'altération très hétérogène, souvent très granu­ leux, très peu plastique quoique lissable à sec. Le lustrage l'ig. - Les environs de la baie d'Audicrnc (Finistère), tend à aligner tangcnticllcmcnt à la surface les paillettes de a, b cl c : les massifs de scrpcnlhiHc. .Sites a liuterie proto-nnclucusc : 1, Trogouzcl en Douarncncz ; 2, Kcrsigncau St-Jcan en l'Iotiliincc ; 3, minéraux en feuillets comme les micas ou le talc, il tend aussi I.cspcrnon eu l'Iouliincc ; 4, Kcrincr en l'in^uiTau ; 5, Lanniron ; 6, Le à rapprocher de la surface les particules fines et donc à Ilradcn ; 7, Kcrlaëron en Quimpcr ; S, Kcr|;o|>lc en l'iovau ; 9, Lcspurit- Kllcn ; 10, Luunvrcon en l'cumcril ; II, Caslcllou-I'cron ; 12, Tronoan ; enfouir les « pavés » plus durs. C'est un long lustrage qui a 13, Kcrviltré en SI-.Ican-Trolimon ; 14, Koz-an-Trcmen en IMomcur. permis de monter ces vases d'aspect presque « métallique » pnr leur finesse à la panse (de l'ordre de 3 à 4 mm souvent), (Remerciements à MM. M. Clément, J.-P. Le Bihan et les détails imitant ceux des récipients en tôle de bronze M. Le Goffic pour la communication d'échantillons de (comme les larges cannelures internes au rebord reflétant le poteries de leurs fouilles respectives à Trogouzcl en Douar- repli du métal, le cas d'imitation des anneaux de chaudron nenez, au Bradcn et autres sites de Quimper, à Lcspurit- d'une urne de Lannvréon), les carénations si réussies des Ilcllcn en Pcumeiit). panses (que René Joffroy nous disait être à son avis la marque de l'époque de La Tènc ancienne, alors que d'autres GIOÏ l'.-R. (1955) — Un type de céramique antique inédit de détails ou des objets associés faisaient encore penser au Curnouaillc cl d'ailleurs. Annales de Bretagne, 62, pp. 202-213. Hallstatt final, sage indication de la très grande relativité des GIOT P.-R. (1971 a) — La céramique onctueuse de Comouaille. Bulletin de la Société Archéologique du Finistère, 97, pp. 109- arguments chronologiques trop serrés), comme Roz-an- 130. Trémcn et Kcrviltré nous en montrent des séries impor­ GIOT P.-R, (1971 b) — Ombres çt lumières sur la chronologie de tantes. La régularité de certains ferait penser à l'usage de la la céramique armoricaine de l'Age du Fer. Annales de Bretagne, tournette, tout au plus ; il en est de même pour les 78, pp. 73-92. productions de La Tènc moyenne et finale, mais la mauvaise GlOT l'.-R. (1979) — L'Âge du Fer. In : Giot P.-R., Briard J., conservation des surfaces en milieu très agressif ne permet Pape L. : Protohistoire de la Bretagne, Rennes, pp. 215-360 (rappelle les références antérieures les plus utiles). pas des conclusions absolues pour certains gisements. En tout cas, du fait de son manque de plasticité, ce serait le plus GIOT P.-R., QUEKRU G., MORZADUC H. (1986) — Glanes ccramologiqucs finisteriennes. Bulletin de la Société Archéologi­ généralement une pâte peu commode à tourner (la poterie que du Finistère, 115, pp. 79-94. onctueuse médiévale inspire les mêmes réflexions aussi). A JEANNEAU J.-Y. (1966) — Élude géologique cl métallogcniquc des La Tène moyenne et finale, les surfaces les plus lustrées roches vcrlcs de la baie d'Audicrnc. Thèse 3' cycle, Paris, 87 p. peuvent être graphitées par enduction, mais ici encore c'est PliUCAT J.-J. (1973) — Les schistes cristallins de la baie d'Au­ une technique de lissage et de polissage. dicrnc. Thèse 3' cycle, Rennes, 108 p. Comme ce sont des pâtes rougeâtres riches en fer, le polissage leur donne souvent une apparence voisine de celles ayant reçu un enduit d'hématite, au moins après un peu d'usure ou d'érosion. Il en résulte qu'on a souvent décrit certaines de ces poteries soigneusement lustrées comme enduites d'hématite. Les décors imprimés ou estampés, les incisions, les moulures ou cannelures assez régulières indiquent cepen­ dant des possibilités de finition dans quelques cas presque aussi réussies que pour les poteries à proprement parler montées au tour, rapide. Les potiers fabriquant la céramique proto-onctueuse attei­ gnaient donc une maîtrise appréciable dans l'utilisation de ce matériau particulier. La température de cuisson, d'après les données diffractométriques, est en général supérieure h 500" mais certainement inférieure à 750 ou 800". Elle se trouve donc dans les limites usuelles de poteries protohistoriques de la région. Si les matériaux plus traditionnels pour la fabrication de la poterie manquent un peu dans les régions limitrophes de la baie d'Audicrnc, il n'en est plus de même quelques kilomè­ tres plus loin. C'est donc bien une autre raison qui a motivé l'exportation, soit des matières premières, soit des produits achevés, jusqu'à 15 ou 20 km à la ronde. A l'époque du début de leurs fabrications, les potiers de la baie d'Audicrnc surclassaient en savoir-faire, en finesse, en esthétique les fabrications plus grossières des alentours. Leurs productions étaient sans doute aussi plus imperméa­ bles. Leur réputation a pu persister longtemps après que leurs concurrents aient atteint à leur tour un bon niveau, avec des matériaux céramiques plus usuels. Aux temps actuels, la « cote » de bien des choses reflète des réputations anciennes qui n'ont plus de fondements. Université de Rennes I, Laboratoire d'Anthropologie, Préhistoire, Protohistoire et Quaternaire Armoricains

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Cote. ¿4 km A/Ç-F (IUM ytviJiA^Li^j {

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-y1- -y-1- sommet de structure base de structure équidistance des courbes de niveau: 25cm

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CIATOIWAG-E : répartition en grammes par carrés de 5 x 5 m.

Alluvions minéralisées en Au

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d'après f,' Guigues et P. Devismes, B.R.G.M., I969 Alluvions minéralisées en Au

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d'après ¿T,' Guigues et P. Devismes, B.R.G.M., 1969

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LABORATOIRE D'ANTHROPOLOGIE, PREHISTOIRE,PROTOHISTOIRE ET QUATERNAIRE ARMORICAINS U.P.R. n'403 du C.N.R.S., Université de Rennes I, Caipus de Beaulieu 35042 RENNES CEDEX - Tél. : 99 28 61 09

LE SITE GAULOIS DE KERSIGNEAU SAINT-JEAN

(PLOUHINEC, FINISTERE)

Rapport d'études palynologiques

Dominique Marguérie

décembre 1988 ANALYSES POLLINIQUES SUR L'HABITAT GAULOIS DE KERSIGNEAU SAINT-JEAN (PLOUHINEC, FINISTERE)

par Dominique Marguérie

A l'occasion des campagnes de fouilles 1986 et 1987 que di­ rige P.-R. Giot sur l'habitat gaulois de Kersigneau Saint-Jean en Plouhinec (Finistère), nous avons eu l'occasion de procéder aux prélèvements d'un certains nombre d'échantillons en vue d'analyses palynologiques.

Ces études se sont faites dans le cadre des prestations de service proposées par le Laboratoire d'Anthropologie de l'Université de Rennes I. Elles ont été subventionnées par la Sous Direction à l'Archéologie, après acceptation du Conseil Supérieur à la Recherche Archéologique.

1 - LOCALISATION DES PRELEVEMENTS (FIG. 1)

En 1986, deux prélèvements ont été effectués à l'extérieur de la maison sud-ouest, dans les carrés B2 et B3 :

Kersigneau 86 pal À : carré CB3, sous meule Kersigneau 86 pal 2 : carré CB2, sous mur central A

En 1987, trois prélèvements ont été effectués à l'intérieur de la maison sud-ouest :

Kersigneau 87 pal 3 : sous mur nord de la maison Kersigneau 87 pal 4 : même provenance, un peu décalé

Kersigneau 87 pal 5 : sous bordure du couloir d'accès de la maison

2 - ETUDE PALYN0L06IQUE

2.1 - Protocole d'analyse

Les sédiments bruts, récoltés sur le site archéologique, sont traités aux acides chlorhydriquas 'et fluorhydriques afin d'éliminer leurs constituants minéraux. La matière organique est détruite par traitement aux bases (potasse et soude). Les pollens et spores sont ensuite concentrés sur une liqueur de densité égale à 2 (la densité des pollens fossiles est infé­ rieure ou égale à 2). Le contenu poil inique des échantillons est enfin coloré à la fuschine basique, puis monté sur lame afin d'être observé au microscope optique voire électronique.

2.2 - Résultats d'analyses (fig.2 & 3)

Sur l'ensemble des deux années considérées, neuf échantil­ lons ont été prélevés, seuls cinq, après préparation chimique, se sont révélés porteurs de pollens en assez grand nombre pour permettre une étude. Dans ces cinq cas, le matériel poil inique est apparu en bon état de conservation.

Les résultats sont à scinder en deux groupes. Il s'agit étrangement du groupe des prélèvements de 1986 d'une part et d'autre part de celui de 1987. Ce bipartisme, à première vue étonnant, s'explique par les deux aires de provenance nettement différentes présentées au paragraphe précédent.

A l'intérieur de la maison, les sédiments présentent des spores de fougères en surreprésentation. A l'extérieur, au nord-est, la flore est plus variée et composée d'une quantité raisonnable de fougères.

Les échantillons pal 1 et 2 présentent des taux de pollens d'arbres et arbustes faibles (10 et 14,5 Dans pal 1, le Noisetier domine la strate arborescente. Dans pal 2, c'est le Chêne. La strate herbacée de ces deux échantillons est variée : jusqu'à 16 taxons différents dans pal 2- Les Graminées et Com­ posées sont nombreuses. A leurs cotés, les Plantains sont tou­ jours bien représentés. Il convient de remarquer, dans Pal 2, le nombre élevé de pollens d'Ericacées et la présence de Papi- lionacées, deux familles de plantes typiques des landes. Enfin, des pollens de Céréales ont été comptés parmi les lames correspondant à ces deux exemples.

Les échantillons pal 3, 4 et 5 sont fort riches en spores de fougères- Celles-ci représentent des taux variant de 85,5 à 97,7 9$. Nous avons donc été contraints de compter 400 à 4000 grains pour obtenir un nombre convenable de pollens d'herbacées et d'arbres. Les fougères sont dominées par une forme trilète lisse. Dans une moindre mesure le Polypodium est présent.

Si l'on fait abstraction des fougères, on retrouve dans ces trois échantillons une ambiance proche de celle rencontrée dans les prélèvements extérieurs à la maison. Les arbres et arbustes représentent environ 15 Parmi eux, le Noisetier domine. L'Aulne indique par sa présence la relative humidité des sols alentours.

Parmi les Herbacées, les Graminées et Composées sont tou­ jours nombreuses. Les Plantains sont également présents en nombre. Les échantillons (Pal 3 et 4) en provenance de la base du mur nord de la maison présentent tous deux des taux élevés de Crucifères, famille rencontrée dans aucun autre échantillon de ce site. Enfin, l'échantillon Pal 5 renferme une grande quantité de Malvacées. A. 1 3 H 5 arbres arbres 2, 3 << 5* PINUS SYLVESTRIS -- 0.0 -- PINUS SYLVESTRIS - - 1.0 -- ALNUS 1.3 0.9 0.0 0.2 0.5 ALNUS 1.3 0.9 2.1 6.7 3.8 CORYLUS 6.0 2.8 0.2 0.2 1.4 CORYLUS 6.0 2.8 10.4 6.7 9.4 CARPINUS -- 0.0 -- CARPINUS -- 1.0 - - QUERCUS 1.0 6.5 0.0 - 0.3 QUERCUS 1.0 6.5 2.1 - 1.9 FRAXINUS - 1.2 - -- FRAXINUS - 1.2 - - - TIL1A 0.3 -- - - TILI A 0.3 --- - arbustes arbustes HEDERA 1.0 3.1 --- KEDERA 1.0 3.1 --- herbacées herbacées 6RAMINEE 36.9 M.2 0.2 0.6 3.0 GRAHINEE 36.9 14.2 9.4 26.7 20.8 COHP CICHORIEE 1.3 10.8 - 0.2 0.5 COHP CICHORIEE 1.3 10.8 - 6.7 3.8 COHP ANTHEHIDEE 13.3 7.7 0.6 - 0.3 COHP ANTHEHIDEE 13.3 7.7 26.0 - 1.9 COHP ARTEHISIEE - 0.3 - - - COHP ARTEMISIEE - 0.3 --- COMP CARDUACEE - 4.6 0.0 - 0.3 !COHP CARDUACEE - 4.6 1.0 - 1.9 CARYOPHYLLACEE 0.7 0.9 0.0 - 0.3 CARYOPHYLLACEE 0.7 0.9 1.0 - 1.9 CKENOPODIACEE 0.3 0.6 0.0 -- !CHENOPODIACEE 0.3 0.6 2.1 -- CRUCIFERE -- 0.5 0.8 - CRUCIFERE -- 19.8 33.3 - D1PSACEE - 0.3 -- - D1PSACEE - 0.3 -- - ERICACEE 0.7 26.8 0.0 - - ERICACEE 0.7 26.8 1.0 -- CALLUNA - 1.2 0.3 -- CALLUNA - 1.2 11.5 -- HALVACEE - 0.3 0.0 - 4.7 HALVACEE - 0.3 1.0 - 32.1 OHBELLIFERE - 0.6 -- - OHBELLIFERE - 0.6 --- PAPILIONACEE - 0.3 --- PAPILIONACEE - 0.3 - - - PLANTAGO 6.3 10.2 0.1 0.2 3.3 PLANTABO 6.3 10.2 5.2 6.7 22.6 RANUNCULACEE - - 0.1 -- RANUNCULACEE - - 4.2 - - RUBIACEE 1.0 0.6 0.0 0.3 - RUBIACEE 1.0 0.6 1.0 13.3 - CEREALE 1.3 2.2 - - - CEREALE 1.3 2.2 --- fougères fougères HONOLETES 2.7 2.2 1.7 2.3 1.4 HONOLETES 2.7 2.2 - -- POLYPODIUH 24.6 1.5 2.0 3.8 30.1 POLYPODIUH 24.6 1.5 --- TRILETES 1.3 0.3 1.3 6.1 18.4 TRILETES 1.3 0.3 --- TRILETES LISSES -- 92.7 85.6 35.6

Fu. I Kens igneau

p O A M P B I E L L I c 0 u c H AP -> <- NAP E 10 10 Wä 10 10 S 10X r [ LJ_l_LI-LJ-L LI ifc L 301

La L 325

L3 L 96

L4 L 150

L5 L 53 Programe SCIHPUCE • sable • Echelle: !2X lOX analyse : D. Marguerie, 1987 A la différence de Pal 1 et 2, aucun de ces échantillons rie renferme de Céréales.

3 - INTERPRETATIONS DES ANALYSES POLLINIQUES

Les résultats d'analyses montrent l'existence sur le site de Kersigneau, à l'âge du Fer, d'un paysage ouvert dans lequel subsistent seuls quelques bosquets de Noisetiers. Il résulte de défrichements intensifs probablement débutés bien avant la pé­ riode gauloise. La strate herbacée est constituée de toute une variété de plantes rudérales témoignant, si besoin était, de l'intense occupation de ces lieux par l'homme.

Il est important de noter l'existence de quelques céréales parmi les échantillons prélevés à l'extérieur de la maison sud- ouest. Celles-ci peuvent être le témoignage de l'existence en cet endroit d'une aire de battage.

A l'intérieur de la maison, les Céréales n'existent pas. Le fait remarquable ici réside en la multitude de spores de Fou­ gères. Celles-ci n'appartiennent pas au genre Pteridium coloni­ sant actuellement le site. Peut-être faut-il voir là la traduc­ tion d'une donnée ethnographique- En effei, les habitants de ladite maison ont pu utiliser les fougères comme éléments de toiture ou de plancher. Celles-ci ramassées en grande quantité en un endroit donné et appartenant dans leur grande majorité à une même espèce (qui reste si possible à définir) ont fort bien pu sporuler sur le lieu d'habitat.