THÈSE La Bipédie Humaine : Épistémologie, Paléo-Anthropologie
Total Page:16
File Type:pdf, Size:1020Kb
THÈSE présentée pour l’obtention du grade de : DOCTEUR DE L’UNIVERSITÉ DE PARIS OUEST NANTERRE LA DÉFENSE spécialité : Philosophie de la biologie : épistémologie de la paléoanthropologie Anthropologie philosophique préparée à : l’Université de Paris Ouest Nanterre La Défense La bipédie humaine : épistémologie, paléo-anthropologie, métaphysique présentée par : Mathilde LEQUIN Soutenue le 2 juin 2015 devant le jury composé de : Pr. Frédéric Worms Ecole Normale Supérieure, France Rapporteur Pr. Raymond Corbey Université de Leiden, Pays-bas Rapporteur Pr. Jean Gayon Université Paris 1, France Examinateur Pr. Denis Forest Université Paris Ouest Nanterre, France Examinateur Pr. Thierry Hoquet Université Lyon 3 Jean Moulin, France Directeur de thèse Dr. François Marchal Université d’Aix-Marseille, France Co-encadrant Remerciements Mes remerciements vont d’abord à mon directeur de thèse, Thierry Hoquet, dont les conseils toujours avisés et malicieux ont été décisifs dans l’avancement de ce travail, ainsi qu’à François Marchal, qui a co-encadré cette thèse, pour sa disponibilité et son aide précieuse, grâce à laquelle j’ai pu apprendre à déchiffrer le langage des paléoanthropologues. Je tiens également à exprimer ma reconnaissance aux personnes qui m’ont accompagnée dans la genèse de ce projet, en par- ticulier Jean Gayon, Francis Wolff et Frédéric Worms. Je pense aussi aux paléoanthropologues qui m’ont accordé de leur temps pour échanger sur la bipédie : Gilles Berillon, Guillaume Daver, Laurent Puymerail, Bernard Wood. Mes pensées vont également aux enseignants-chercheurs de Nanterre, en particulier Denis Forest et Jean-Michel Salanskis. Enfin, je remercie mes proches pour leur soutien et leur compréhension tout au long de ces années de recherche : mes parents, pour l’affection et la confiance dont ils m’ont toujours témoigné, et Roland, pour sa patience sans borne et ses encouragements constants, auxquels cette thèse est infiniment redevable. i Table des matières Introduction générale 1 1 L’impossible naturalisation de la station droite 15 1.1 La station droite est-elle le propre de l’homme ? . 16 1.1.1 Genèse d’un topos métaphysique. 16 1.1.2 La station droite entre physique et métaphysique. 20 1.1.3 La définition paradigmatique de l’humain comme animal bipède. 24 1.2 Le vacillement de la différence anthropologique . 26 1.2.1 Humains quadrupèdes et singes bipèdes . 26 1.2.2 Extension et réduction du propre de l’humain . 30 1.2.3 Une taxinomie désordonnée ? . 33 1.2.4 Homo duplex .................................. 36 1.3 La reconquête de l’unicité humaine dans l’anthropologie . 40 1.3.1 Une nouvelle métaphysique de la station droite . 40 1.3.2 La station droite comme destin physique . 46 1.3.3 Les difficultés de la caractéristique anthropologique . 49 2 Forme, fonction, évolution : trois philosophies du pied humain 53 2.1 L’accentuation des différences dans l’approche fonctionnelle . 54 2.1.1 La perfection fonctionnelle du pied humain . 54 2.1.2 La transformation fonctionnelle d’une main de singe en pied humain . 58 2.2 L’approche structuraliste des ressemblances . 62 2.2.1 L’anatomie humaine excentrée par la théorie des analogues . 62 2.2.2 Unité morphologique, unicité anthropologique . 65 2.2.3 Divergences méthodologiques sur le pied, convergence métaphysique sur la main . 69 2.3 La généalogie du pied humain . 72 2.3.1 Y a-t-il eu une révolution darwinienne en anthropologie ? . 72 2.3.2 Les ressemblances et les différences rapportées à la communauté d’origine 75 2.3.3 La réhabilitation de l’ordre des Primates contre l’ordre des Bimanes . 78 3 L’embarrassante station droite du « lien manquant » 83 3.1 Un fémur surdéterminé par la théorie . 84 3.1.1 Le concept de « lien manquant » . 84 3.1.2 L’homme-singe : ni homme, ni singe . 88 3.1.3 Gibbon géant ou Homo sapiens ?....................... 93 iii 3.2 L’invention d’une herméneutique . 95 3.2.1 L’émergence de la paléoanthropologie . 95 3.2.2 « L’homme sauvage », analogue de « l’homme fossile » . 96 3.2.3 Le développement ontogénétique comme récapitulation de l’évolution phy- logénétique . 99 3.2.4 Le pied du grand singe, substitut du pied « préhumain » . 101 3.3 Station droite arboricole et bipédie terrestre . 102 3.3.1 Le modèle brachiationniste d’évolution de la bipédie humaine . 102 3.3.2 « L’homme arboricole », résurgence d’Homo sylvestris ? . 104 4 Le critère postural et locomoteur face au critère cérébral 109 4.1 Le concept de découverte prématurée a-t-il un sens en paléoanthropologie ? . 110 4.1.1 Le crâne de Taung : singe ou singe-homme ? . 110 4.1.2 La réhabilitation du critère postural et locomoteur . 115 4.2 Pithécophobes et pithécophiles . 120 4.2.1 L’argument du parallélisme . 120 4.2.2 L’argument de l’irréversibilité . 122 4.2.3 L’argument de l’orthogenèse . 125 4.3 Généralité ou spécialisation de la structure anatomique humaine . 128 4.3.1 La conception généraliste du dernier ancêtre commun . 128 4.3.2 L’humain comme primate non-spécialisé . 131 4.3.3 La station droite comme résultat de la fœtalisation . 133 5 La bipédie de la famille humaine 137 5.1 La conception néo-darwinienne de la bipédie comme origine de la lignée humaine 138 5.1.1 La sélection . 138 5.1.2 L’adaptation . 142 5.1.3 La redéfinition des variations . 144 5.2 Les différents niveaux de redéfinition de la lignée humaine . 146 5.2.1 La bipédie comme critère de définition de la famille humaine . 146 5.2.2 L’outil comme critère de définition du genre Homo . 151 5.2.3 Homo habilis : les limites de la redéfinition du genre Homo . 154 5.3 La redéfinition fonctionnelle de la bipédie comme comportement . 157 5.3.1 La conception holiste du « patron » locomoteur . 157 5.3.2 Du morphologique au fonctionnel . 159 5.3.3 Représentations de l’ancêtre et modèles d’évolution de la bipédie . 164 6 L’humanisation de la bipédie des homininés 169 6.1 L’archéologie du débat : individu, espèce, genre . 170 6.1.1 L’individu : Lucy . 170 6.1.2 Australopithecus afarensis : une ou plusieurs espèces ? . 175 6.1.3 Le genre Australopithecus, prédecesseur ou contemporain du genre Homo ? 179 6.2 La confusion entre morphologie, comportement et phylogénie . 182 6.2.1 Morphologie et comportement : l’approche biomécanique . 182 6.2.2 Fonction et phylogénie : la terminologie cladistique au service d’une concep- tion adaptationniste de la bipédie . 184 6.3 La polysémie des modèles de bipédie . 188 6.3.1 Les modèles actuels . 188 6.3.2 Les modèles représentationnels . 192 6.3.3 L’insuffisance des modèles notionnels . 194 7 La rupture de l’équivalence entre bipédie et humanité 199 7.1 Vestiges fossiles et vestiges théoriques . 200 7.1.1 Des traits « humains » nécessairement « bipèdes » . 200 7.1.2 Des traits bipèdes nécessairement humains . 205 7.1.3 La dialectique de la généralité et de la spécialisation . 208 7.2 La rupture de l’équivalence entre bipédie et lignée humaine . 212 7.2.1 La lignée humaine est-elle immunisée contre l’homoplasie ? . 212 7.2.2 L’os, signal génétique ou comportemental ? . 216 7.2.3 De la bipédie humaine aux bipédies plurielles des homininés . 222 Conclusions 227 Bibliographie 235 Index 261 Résumé La paléoanthropologie utilise la bipédie comme critère d’interprétation des vestiges fossiles per- mettant d’établir leur appartenance à la lignée humaine. Ainsi, la bipédie devient une caracté- ristique propre à la lignée humaine et qui en marque l’origine. Nous identifions ici un « cercle herméneutique » de la paléoanthropologie, puisque l’humain y est défini par la bipédie et, réci- proquement, toute bipédie est interprétée comme étant nécessairement humaine. Du fait de cette circularité, les traits associés à la bipédie sont surinterprétés dans la description des vestiges fossiles, qui se voient alors conférer une signification fonctionnelle et phylogénétique univoque. L’unicité de la bipédie humaine constitue un principe d’interprétation resté largement ininter- rogé en paléoanthropologie. Ce point révèle l’attachement de cette discipline scientifique à une conception philosophique du propre de l’homme qui semble pourtant difficilement compatible avec l’approche évolutionniste. Au contraire, une véritable épistémologie de la paléoanthropolo- gie doit mettre en perspective la signification accordée à cette caractéristique anthropologique : nous nous y employons dans cette thèse, en montrant que le concept métaphysique de « station droite » trouve son écho dans le concept naturaliste de « bipédie ». Cette continuité ou cette capillarité de la philosophie à la science est ici mise en évidence à travers les usages du critère de la bipédie dans la description de plusieurs espèces fossiles. De Pithecanthropus erectus à Ardipi- thecus ramidus, nous analysons différents modes de l’équivalence entre « bipède » et « humain ». Cette équivalence, souvent implicite, représente une source de confusion majeure pour la paléoan- thropologie, impliquant un concept d’ « humain » aux contours flous. Notre épistémologie de la paléoanthropologie dégage donc différents problèmes que cette discipline se doit d’affronter pour que le débat sur l’évolution de la bipédie dans la lignée humaine puisse avancer. vii Abstract Bipedalism is used in paleoanthropology as a criterion to decipher fossil record in order to es- tablish their membership to the human lineage. As such, bipedalism is considered as a unique characteristic of the human lineage that marks its origin. In this thesis, we identify a « herme- neutic circle » of paleoanthropology, since the human is defined by its bipedal characteristics and, conversely, any bipedalism is interpreted as necessarily human. Because of this circularity, traits associated with bipedalism are overstated in describing the fossil record, being confered an unambiguous functional and phylogenetic meaning.