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UNIVERSITE D’ANTANANARIVO Faculté des Lettres et Sciences Humaines Département de Géographie

Mémoire pour l’obtention du diplôme de DEA ès Géographie

“Valorisation économique et

touristique des activités socio-

culturelles de l’Isandra

La montagne d’Andoharanomaitso avec la cime et la croupe dites Ambohitrimanjaka

Auteur : Oliva RAZAKA

Sous la direction de Madame Josélyne RAMAMONJISOA Professeur titulaire

05 novembre 2013

Dédicace

Aux amis suisses de Blonay (Canton de Vaud) : Jean-Claude Métraux, Laura, Laetitia, Alessia, Zelda, Olivia et Rachel ! Indiscutablement, vous m’avez fait explorer en Suisse, en Allemagne, en France les multiples facettes des montagnes, leur sacralité, les joies et plaisirs d’y séjourner fusse-t-il quelques poignées de minutes, les activités anthropiques, leur fragilité malgré leur aspect juchant, toisant toutes créatures, les ressources naturelles et culturelles qu’elles peuvent offrir à l’homme, et quoi d’autres encore… C’est ineffaçable, car montagnes et altitude obligent !

Aux Chrétiens de la FKMA Plateau Abidjan constituant la majeure partie de la communauté malgache de Côte d’Ivoire ! Comment rester insensible vis-à-vis de la reprise des travaux de rédaction, tant journalistique, épistolaire, qu’académique après avoir expérimenté le tourisme religieux dans la zone CEDEAO ? La découverte inespérée des hauts lieux naturels et culturels du tourisme, que vous m’avez gracieusement offerte durant mon séjour prolongé en terre ivoirienne, a ravivé ma velléité de reprendre la plume. Soyez assurés que ces superbes sites à travers le pays de Papa Houphouët sont immortalisés grâce aux prises de vue effectuées lors de notre passage…

Avec mes compliments !

Membres du jury

Président : Madame Josette RANDRIANARISON, Professeur titulaire

Rapporteur : Madame Josélyne RAMAMONJISOA, Professeur titulaire

Juge : Madame Elyane RAHONINTSOA, Maître de Conférences

Remerciements

Sincères remerciements à tous ceux qui ont accepté de sacrifier une importante partie de leur précieux temps, pour donner un coup de main, un coup de pouce à la réalisation du présent travail. Trouvez ici l’assurance de notre profonde gratitude. Il ne nous sera pas possible de vous énumérer tous sans compter le risque d’omission. Toutefois, qu’il nous soit légitimement permis de citer entre autres :

- Madame Josette RANDRIANARISON, Professeur titulaire au Département de Géographie, Président du jury. - Madame Josélyne RAMAMONJISOA, Professeur titulaire au Département de Géographie, Rapporteur. - Madame Elyane RAHONINTSOA, Maître de Conférences au Département de Géographie, Juge. - Les Enseignants-chercheurs du Département de Géographie, de la Faculté des Lettres et Sciences Humaines, Université d’Antananarivo. - Les autorités à tous les niveaux administratifs et sociaux de l’Isandra et de la Haute-. - La population de l’Isandra et les agents économiques. - Les institutions officielles et privées de et de la région Haute-Matsiatra. - Le CITE Ambatonakanga et son Directeur Général, Madame ANDRIANARIVONY Haingonirina. - Le TPFLM.

A vous tous, nous adressons nos chaleureux et sincères remerciements.

Sommaire

Introduction générale.

Première partie : Un pays grandiose, une histoire tourmentée Chapitre I : Milieu naturel grandiose de l’Isandra. Chapitre II : Du peuplement vazimba à l’histoire du temps présent. Chapitre III : Isandra un sixième du Betsileo : zone de migration rurale et rurbaine.

Deuxième partie : De l’autarcie à l’économie de transition Chapitre IV : Isandra un grenier de la RHM. Chapitre V : Marché intercommunal excentrique. Chapitre VI : Inclusion dans la « Vallée des mines ».

Troisième partie : Atouts et curiosités touristiques de l’Isandra. Chapitre VII : Les merveilles des montagnes de l’Isandra. Chapitre VIII : Manifestations culturelles, sportives et arts traditionnels betsileo. Chapitre IX : Le tourisme religieux.

Conclusion générale.

i

Résumé

Comment valoriser à travers une délimitation historique un territoire enclavé, et non seulement suivant le découpage politico administratif ? Comment valoriser les activités socioculturelles par son identité culturelle, les us et coutumes ?

Le présent travail de mémoire de DEA en géographie, bien qu’il fasse partie intégrante du secteur du tourisme, cerne une dimension multidisciplinaire. Il embrasse plusieurs domaines : environnement, géologie, économie, histoire, anthropologie et sociologie. Toujours dans la région Haute-Matsiatra, l’Isandra, délimité selon sa structure de l’ancien temps, possède des atouts géographiques, historiques, culturels et anthropiques. Nos études sont focalisées sur les activités socioculturelles de l’Isandra tel que nous l’avons délimité. Certes, son enclavement demeure une de ses principales faiblesses. Mais, il possède plusieurs atouts, dont les montagnes à multiples facettes qui sont une base mal exploitée de sa richesse. La présence en son sein du tobilehibe et du toby d’ constitue un mobile de développement du pèlerinage et du tourisme religieux à .

Mots-clés : Haute-Matsiatra, Isandra, Soatanana, écotourisme, tourisme religieux, fifohazana

ii Liste des tableaux, cartes, figures, croquis

Nature Intitulé Page

Carte nº 01 : Localisation de la Région Haute-Matsiatra (RHM) 03 Carte nº 02 : Présentation de la RHM et le district de l’Isandra 06 Carte nº 03 : Couverture forestière OPCI Isandra 11 Tableau 01 : Normales de températures période 1961-1993 13 Tableau 02 : Normales de précipitations période 1961-1990 14 Carte nº 04 : Plan régional de développement RHM zone à priorité économique consolidé 24 Graphique1 : Graphe camembert de la population de l’Isandra 26 Tableau 03 : Evolution de la production rizicole 30 Tableau 04 : Filière et retombée économique pour le territoire 31 Tableau 05 : Nombre des éleveurs de zébus et du cheptel bovin 39 Carte nº 05 : Aménagement réseau routier OPCI 41 Carte nº 06 : Coût du trajet vers le chef-lieu de district pour une personne 45 Carte nº 07 : Carte géologique de la RHM 47 Carte nº 08 : Potentialités touristiques OPCI 53 Carte nº 09 : Localisation grotte Ambalamena Ilomotsa (le zoma de l’) 57

iii Liste des photos

Nº Photo Légendes Page

-- Montagne avec la cime et la croupe dites Ambohitrimanjaka. Couverture

01 : La chute d’Iorana 03 : 02 Le sommet d’Ambatotelo 07 02bis : Exemple de relief résiduel 08 03 : Cascade d’Andriamitsioka 09 04 : Forêt naturelle près du zoma 10 04bis : Phénoménale chute de grêle au mois de juillet en Haute-Matsiatra 15 04ter : Epiphénomène atteignant l’épaisseur de l’amas de neige 15 05 : Un tatao 16 06 : Stèles funéraires 17 07 : Forêt de stèles funéraires près d’Antoetra 18 08 : Le tokolava d’Andriamanalimbenitany 19 09 : Le valabe de Mahazoarivo 20 10 : Exploitation de rizières en altitude 20 11 : Collecteurs de paddy 31 12 : Transport de raisins vers la cave 33 13 : La vendange à Andoharanomaitso 33 14 : Grains de café Arabica à Andimbe 34 15 : Plantation de caféiers à tambohobe Vohitsisaky 35 16 : Marché public d’ Itsara 38 17 : La place du marché d’ 38 18 : Soatanana vue à partir du tranomena de Vohitsisaky 40 19 : Etat de route communale vers Andoharanomaitso 42 20 : Le marché intercommunal d’Isorana 43 21 : Un baramba, moyen de transport rudimentaire 44 22 : Un échantillon de kaolin 48 23 : Une Exploitation aurifère 49 24 : Un creusement aléatoire 49 25 : Un lot de cabochons de tourmaline 50

iv 26 : Sommet de Fiadanana pour l’isolement en prière 54 27 : Le zoma de l’Isorana 55 28 : Intérieur du zoma 56 29 : Echantillons de son prélevés à l’intérieur du zoma 58 30 : Le tranomena de Vohitsisaky vue de loin 59 31 : Vue rapprochée du tranomena de Vohitsisaka 60 32 : L’ascension du mont Fiadanana 61 33 : Travaux de champs des Disciples du Seigneur 62 34 : Le Mozea de l’Université de Fianarantsoa 63 35 : Produits de l’artisanat betsileo : 65 36 : Instruments de musique traditionnels 66 37 : Démonstration de tolon’omby 67 38 : Le zébu neutralisé 67 39 : Le tranomena de Ratsivalaka à Mahazoarivo 68 40 : La présumée gravure d’Ambatomisisoratra 72 40bis : Les pierres levées de Mandalahy 73 41 : La demeure de Rainisoalambo à Ambatoreny 74 42 : Sortie de chapelle des Disciples du Seigneur 75 43 : La butte d’Ankerana, lieu du neo-fifohazana 76 44 : Elevage bovin à Ankerana 76 45 : Maison des guides à Fianarantsoa 78

NB : Toutes les prises de vue et photos d’archives sont de l’auteur, sauf celles dont les sources sont citées.

v Glossaire

Alahamadibe: Cérémonie pour marquer le nouvel an en Imerina Ambaibo: Terme betsileo Ambahiboho comme dans les zones sédimentaires Baramba: Sorte de porte bagage sans roue tirés par des zébus, différent de varamba, avec des roues Dahalo: Bandit, brigand, voleur de bovidés Dinidinika ambany tafotrano: Concertation familiale, conseil de famille Fanandroana: Astrologie Fangataham-bady: Demande en mariage, souvent avec remise des arrhes Fidiranandranovao: Inauguration d’une nouvelle habitation Fifohazana: Mouvement de réveil spirituel chrétien. Revival Fitampoha: Cérémonie sakalava pour le bain des reliques royales Fivondronana: Ancienne appellation du district Fokontany: Le bas de l’échelle des collectivités décentralisées Hadivory: Fossé circulaire établi pour la défense des sites collinaires Isantaona: Assemblée générale ordinaire annuelle Kabary: Discours Kabary am-panambadiana: Discours lors d’une demande en mariage Kalita: Art de rimer des chansons populaires Katraika: Instrument de musique archaïque confectionné avec des boîtes de lait et du caillou dedans Kipotsaka: Art de rimer des airs traditionnels Korintsana: Sorte de maracasse Lanonana: Fêtes familiales comme la circoncision et l’exhumation Lapa: Lieu où se déroule la circoncision pratiquée par un marabout Marambasia: Discoureur du roi, agent d’affaires Menalamba: Dahalo vêtus de rouge dans l’Andoharanomaitso Mpihiragasy: Chanteur et danseur folklorique Nenegna: Réception des convives lors des cérémonies funéraires Ombiasa: Devin sorcier Sambatra: Cérémonie traditionnelle antambahoaka Sokela: Allocution de salutations au lapa ou lanonana

vi Tandrafasana: Cérémonie sacrificielle lors d’une inauguration d’un nouveau tombeau Tatao: Petit monument érigé en souvenir d’un mort Tatimbary: Petite soubique pour offrir du riz en guise de solidarité Tavy, tevy ala: Culture itinérante sur brûlis Tobilehibe: Centre principal de réveil spirituel Toby: Centre de réveil spirituel affilié à un tobilehibe Tohivakana: Généalogie esquissant la succession des souverains Tranomena: Tombeau de souverain Tsangambatolahy: Espèce de dolmen, monument Tsangantsaina: Cérémonie traditionnelle antankarana Tsena: Marché Vandovia: Petite soubique plate pour offrir du riz à la famille Vatolahy: Stèle, monument Vazimba: Le proto-malgache, le premier implanté à Madagascar Voatavo: Plante cucurbitacée dont l’enveloppe du fruit sert de caisse de résonnance Volambetohaka: Festivité de la région Amoron’i Mania Zokilahimatoa: Le frère aîné Zoma: Excavations dues à la dégradation de masse granitique pouvant servir d’abris sous roches

vii Acronymes

CIDST : Centre d’information et de documentation scientifique et technique CIRDR : Circonscription interrégionale du développement rural CITE : Centre d’information technique et économique CR: Commune rurale CTD : Collectivités techniques déconcentrées CTI/ACORDS : DEFAP : Département Evangélique de Formation Apostolique Paris FFPM : Fiombonan’ny Fiangonana Protestanta eto Madagasikara FID : Fonds d’intervention pour le développement FJKM : Fiangonan’i Jesoa Kristy eto Madagasikara FLM : Fiangonana Loterana Malagasy FLSH : Faculté des Lettres et Sciences Humaines IFCI : Institut français de la Côte d’Ivoire Abidjan IRD : Institut de recherche pour le développement ISAVOLA : Isandra LMS : London Missionary Society MAE : Ministère des Affaires Etrangères MIFANDRAI : Miatrika Fampandrosoana ANDRAikitra Iraisana ONG : Organisation non gouvernementale OPCI : Organisme Public de Coopération Intercommunale PED : Pays en voie de développement PPP : Partenariat Public Privé RC : Route cantonale RFI : Radio France Internationale RHM : Région Haute-Matsiatra RIP : Route d’intérêt provinciale RN : Route nationale RP : Révérend Père TV : Télévision

viii Introduction générale

Face à l’altération grandissante et avancée de l’environnement et de la biodiversité due à la fois à la variabilité climatique et aux actions dévastatrices de l’homme, des mesures préventives peuvent être prises pour amoindrir, sinon ralentir l’accélération de ce fléau. En plus de l’action de l’érosion et les intempéries, les facteurs de dégradation de la nature sont multiples telles que les pratiques de feux de brousse et la culture itinérante sur brûlis. Il en est autant pour le comportement irresponsable de l’homme qui ne respecte pas l’éthique relative à la conservation de la nature.

Le présent travail, intitulé : « Valorisation économique et touristique des activités socioculturelles de l’Isandra, Région Haute-Matsiatra (RHM) », consiste à élaborer un outil de travail servant à inciter et appuyer les responsables décideurs dans le cadre de la décentralisation et de la régionalisation. Notre choix s’explique par la nécessité de désenclaver les zones intérieures de Madagascar, et d’inciter le développement économique. Nous citons l’intensification de la libre circulation des personnes et des biens, la facilitation de la communication et de la télécommunication, et enfin, le tourisme, qui est la forme de communication interpersonnelle par excellence.

La filière tourisme, un des meilleurs éléments du décollage économique, demeure encore balbutiante dans notre pays et s’achemine tant bien que mal vers le stade potentiel. Les statistiques de la dernière décennie mettent en exergue le net recul de la fréquentation des sites touristiques comme les réserves naturelles et les différents parcs gérés par les ONGs. Le simple passage d’une dépression tropicale dans une région donnée suffit à réduire le flux de visiteurs franchissant nos frontières, sans parler de la chute du tourisme causée par les événements politiques et faits sociaux engendrant une crise. Les actes de banditisme1 perpétrés à travers les routes nationales, et les vols à la tire dans la capitale malgache, ternissent l’image de marque de Madagascar. Ces faits influencent beaucoup sur les arrivées et les mouvements des touristes. Leurs impacts négatifs gangrènent l’économie nationale. De ce fait l’évolution allant de mal en pis, matérialisée par le dramatique épisode Remenabila2 et consorts, est suivie avec un certain intérêt par les observateurs, notamment les auditeurs de RFI (Radio France Internationale), alias la Radio du Monde.

L’importance du sujet réside dans le fait que le tourisme à Madagascar ne doit pas se cantonner au seul tourisme international. Le secteur du tourisme national demeure quasiment

1 Le contexte actuel véhiculé par le mythe Remenabila et les dahalo dépasse nos frontières et fait la renommée de Madagascar sur Internet. 2 Célébrissime identité d’un illustre inconnu, d’où le nom de l’actualité et non le mot de l’actualité du chroniqueur de RFI Yvon Amar. 1 inexploité, et une grande partie de la population malgache estimée à plus de 20 millions d’habitants forme une masse non négligeable de consommateurs potentiels des nouveaux produits touristiques, pouvant être proposés sur le marché du tourisme local. Le tourisme international, dans la grande île, se confine en grande partie au tourisme balnéaire, à l’écotourisme, au tourisme culturel et au tourisme d’affaires. Ainsi, seuls les sites afférents et relatifs à ces types de tourisme demeurent fréquentés et bénéficient des avantages qui en découlent, à l’instar de la valeur ajoutée. Le reste du territoire national, notamment les zones reculées et réputées être difficiles d’accès, ne peuvent pas escompter grand-chose en terme de valeur ajoutée. D’après les chiffres officiels, le nombre de visiteurs est encore loin d’atteindre le cap du million. Les nationaux nantis pratiquent généralement le tourisme balnéaire, et l’écotourisme. De ce fait, l’agrégat des recettes qui doit alimenter les caisses de l’Etat demeure négligeable par rapport au matelas de devises engendré par le tourisme international.

L’idée de créativité porte à priori ses fruits, car promouvoir et développer les diverses formes du tourisme au niveau d’un espace géographique donné, répondent automatiquement à la logique des besoins, et occasionnent la venue des touristes, nationaux dans un premier temps et expatriés par la suite. Tout d’abord, cette créativité nécessite et exige un bon marketing, ensuite, elle est justifiée par la nécessité de mise en place effective du « développement durable du tourisme », termes que nous préférons personnellement utiliser à la place de l’expression à la mode « tourisme durable ».

Le présent ouvrage vise comme objectif général le développement régional et la lutte contre la pauvreté. Les objectifs spécifiques sont : la démystification des « joyaux » naturels et culturels mal connus du légendaire royaume de l’Isandra, la vulgarisation des richesses historique et géographique, la revitalisation des vignobles et des plantations des caféiers Arabica, l’intégration du tourisme religieux comme tourisme de masse constituent les objectifs spécifiques.

La problématique est la suivante : le district de l’Isandra dispose-t-il de ressources naturelles, de potentialités culturelles et socioéconomiques et d’activités anthropiques pouvant servir de levier économique et touristique au niveau de cet espace géographique ? Une hypothèse s’avère plausible : malgré son enclavement, l’Isandra offre sur le marché du tourisme des potentialités économiques et touristiques pouvant faire décoller l’essor de la RHM.

Cette éventualité résulte de la démarche que nous avons adoptée. La documentation bibliographique3 (et webographique) est privilégiée dans nos travaux de recherche. Elle est renforcée d’une descente sur terrain durant 20 jours allant du dimanche 05 février au vendredi 24 février 2012, délais de route

3 La liste des bibliothèques et Centres de documentation est fournie en foot note en annexe (CF Bibliographie) 2 compris. Les itinéraires que nous avons effectués couvrent sept communes rurales sur onze. En tout, ils mesurent 254 km. Environ 72 km sont effectués à pied avec un guide autochtone. Les parcours par taxi-brousse et par autostop ont rendu les liaisons intercommunales moins chronophages et moins harassantes. Les individus interviewés et personnes ressources sont au nombre de 44. Enfin, la rédaction et l’analyse des informations collectées constituent la dernière partie du travail.

Aussi, les trois grandes divisions du présent travail nous fournissent un éventail d’éclaircissement à la problématique sus formulée, à savoir : - Un pays montagneux, une histoire tourmentée, - De l’autarcie à l’économie de transition, - Atouts et curiosités touristiques de l’Isandra.

Photo n˚ 01

La chute d’Iorana (rivière Mahasihanaka) près de Fanjakana, une curiosité naturelle favorisant4 l’économie et le tourisme Source : ONG Haonasoa Fianar

4 La chute d’Iorana n’a rien à envier de celle de Howick (près de Pietermaritzburg, Afrique du Sud). La place de la chute de Howick a été aménagée en superbe site touristique ; c’était sur ce lieu que Nelson Rolhy Mandela a été arrêté par le régime raciste de Pretoria alors qu’il y effectuait son dernier discours. 3 Carte n˚ 01 : Localisation de la RHM – Région Haute-Matsiatra

Source : ONG Haonasoa Fianarantsoa

4 Première partie – Un pays montagneux, une histoire tourmentée.

La région Haute-Matsiatra (RHM) est localisée entre 45º 51’ et 47 º 41’ de longitude Est, et 20 º 68’ et 22 º 21’ de latitude Sud. Les régions limitrophes sont : au Nord l’Amoron’Imania, au Sud l’, à l’Est le -, et à l’Ouest le (Carte n˚ 015). L’appartenance de la région Haute-Matsiatra à la partie méridionale des hautes terres centrales de Madagascar offre au district d’Isandra un type de relief montagneux. La RHM est un exemple type par excellence de paysages du socle cristallin.

Le district d’Isandra, formait avec ceux du Vohibato et du Lalangina (l’ISAVOLA) l’ancien fivondronana de Fianarantsoa 2 ou F2. Après l’éclatement du F2, l’Isandra est délimité à l’Ouest et au Nord-ouest par le district d’, au Nord par le district de Manandriana (Région Amoron’Imania), au Nord-est par le district d’, à l’Est et au Sud-est par le Lalangina, Vohibato et Fianarantsoa 1 ou F1, et au Sud par le district d’- Tsienimparihy (Carte n˚ 02).

L’ancien royaume de l’Isandra était l’un des plus puissants royaumes du Betsileo qui en comptait six. Le roi Andriamanalimbenitany, alias Andriamanalina I, se distinguait pour être un puissant monarque parmi les souverains qui se succédaient au pouvoir (le tohivakana). Par contre, le royaume connut son déclin sous Andriamanalina III.

La structure montagneuse de l’Isandra, sa population à majorité montagnarde, ainsi que l’espace pour la circulation de personnes et de biens peuvent-ils favoriser le développement économique et touristique de l’ensemble des onze communes rurales formant le district ? Les trois chapitres suivants montrent les atouts pouvant apporter une réponse à ce questionnement.

5 Anomalie : Nous remarquons que sur cette carte tracée par l’ONG Haonasoa, la partie Sud-ouest de la RHM parait adjacente à la région Atsimo-Andrefana. Ce qui ne correspond pas à la réalité physique et administrative. 5 Carte n˚ 02 : Présentation de la région Haute-Matsiatra (RHM) et le district Isandra

PRESENTATION DE LA REGION HAUTE-MATSIATRA Isandra = Vohibato = ISAVOLA Lalangina

Lalangina Isandra

Vohibato

Source : François SIMON, Chargé de mission coopération décentralisée RHM – Tsianolondroa. Arrangement de l’auteur

6 1. Chapitre 1 - Milieu naturel grandiose de l’Isandra.

L’Isandra est une zone située en plein milieu rural. Sur le plan touristique, cet espace administratif n’est pas très éloigné des infrastructures d’hôtellerie, soit la ville de Fianarantsoa. Le district dispose de conditions géographiques favorables au décollage de l’économie et du tourisme.

Les trois sections ci-après composant ce chapitre montrent le type de relief (Photo n˚ 02), l’hydrographie et végétation, puis le climat.

Photo n˚ 02

La montagne d’Andoharanomaitso avec le sommet d’Ambatotelo rappelant celui d’Ambatomanoina Avaradrano Antananarivo, près d’Ambohimalaza

7

1.1. Type de relief montagneux à faciès multiples.

L’Isandra est inclus dans un système androyen6 très important couvrant le tiers de la RHM dans sa partie occidentale plaquée entre le système de Vohibory allongé et rétréci du Nord vers le Sud, et le système du graphite dans la partie Est parallèlement à la côte (Carte n˚ 07 p. 47). Les roches sont principalement constituées de granit migmatitique sous forme de minces filets allongés, des couches allongées parallèles à la côte et des îlots discontinus de roches granitiques.

Photo n˚ 02 bis

Un exemple de relief résiduel aggravé par l’exploitation de carrière

Les falaises abruptes de l’Isandra, dues aux cassures engendrées par les mouvements tectoniques, présentent une apparence impressionnante. L’Isandra abrite de nombreuses formes de massifs granitiques dénudés, et dont les pieds et les flancs en contrebas sont constitués de reliefs résiduels résultant de l’érosion différentielle. La désagrégation en boules du granit a laissé plusieurs excavations naturelles. Cet épiphénomène géologique a donné naissance à des sites archéologiques qui ont servi à l’homme de lieux de sépulture royale, ou d’abris sous roche appelés en dialecte betsileo zoma. Une grande partie de l’Isandra est fortement constituée de relief montagneux accidenté par des massifs isolés et sillonnés par des dépressions étroites souvent drainées par des rivières.

6 H. BESAIRIE, Carte géologique de Madagascar mise à jour le 1er janvier 1954, interprétée par RANTOANINA Maurice, Ingénieur Géologue. 8 1.2. Hydrographie dense, couvert végétal varié.

Photo n˚ 03

La splendide cascade d’Andriamitsioka, (CR Mahazoarivo) un avenir hydroélectrique pour l’Isandra Source : ONG Haonasoa Fianar

Bien que l’Isandra ne soit pas doté d’importants lacs, on peut rencontrer des étangs rendant fertiles les plaines et les bas-fonds appelés ambaibò. Néanmoins, l’imposante présence de masses granitiques témoigne de l’importance de la nappe phréatique. Par ailleurs, la plupart des bassins versants font figures de sources de ruissellement dont la jonction donne naissance à une rivière comme celle nommée Isandra. L’observation synoptique de la carte de l’Isandra7 permet d’avancer que le district, appartenant à la région Haute-Matsiatra, est doté de cours d’eaux tributaires de ce fleuve pour ne parler que de la rivière Isandra proprement dite qui conflue avec le et l’Ankona avant de grossir le débit de la Matsiatra. Le et une partie du Zomandao arrosent aussi l’espace Sud du district. Toutefois, la grande partie Nord de la commune de Fanjakana présente un aspect semi-aride. Certes, il ne s’agit pas de régime hydrographique sur le plan quantitatif, mais le service rendu par l’eau est suffisant pour l’agriculture et l’économie. L’existence de chutes d’eau est prometteuse quant aux futurs aménagements de barrages de retenue pour l’irrigation et la production d’électricité (Photo n˚ 03). Pour en finir avec le volet hydrographie, l’Isandra est doté de sources d’eau chaudes en des points différents, mais étant donné la dégradation de l’infrastructure routière, l’exploitation du thermalisme et du tourisme thérapeutique demeure incertaine.

7 Carte murale dans les locaux du district sis à Anjoma Fianarantsoa. 9 La végétation varie selon la nature du relief (Carte n˚ 03). Généralement, les pénéplaines ne comportant pas de traces d’activités anthropiques offrent des paysages de steppes couvertes de plantes herbacées.

Situé dans les hautes terres centrales, l’Isandra possède des forêts d’eucalyptus et de pins, qui abondent dans les lieux montagneux notamment les plus reculés. Des lambeaux de forêts primaires8 (Photo n˚ 04) qui diminuent au fur et à mesure de la progression de la pratique des tavy9 par les occupants des espaces adjacents

Les rives des cours d’eau serpentant dans les vallées se font repérer par la luxuriance des longozo10, de hautes herbes et d’espèces de roseaux. Les activités de l’homme s’avèrent considérables ; d’immenses superficies comportent un couvert végétal résultant des plantations industrielles comme les vignobles, les caféiers, les arbres fruitiers, et les cultures saisonnières (rizières, cultures sèches…)

Ainsi, la végétation est constituée d’un couvert permanent et de cultures saisonnières en fonction du climat.

Photo n˚ 04

Lambeau de forêt naturelle près du zoma de l’Isandra. La pratique du tavy a dévasté et dénudé le contrebas

8 Photo n˚ 04 : remarquez la présence du granit et du gneiss résultant de l’érosion naturelle. 9 Tavy ou tevy ala : cultures itinérantes sur brûlis typiques de la falaise betsimisaraka sur le versant oriental malgache. 10 Longozo : plante herbacée aux fruits rouges, aspect buissonnant, poussant dans les zones forestières chaudes et humides, généralement le long des cours d’eau et/ou bas-fonds. Plante indicatrice de sol fertile. . 10 Carte n˚ 03

Source : SAHA Betsileo Fianar

11 1.3. Climat tropical d’altitude.

L’année se divise en deux saisons bien distinctes : l’une chaude et humide allant d’octobre à avril, l’autre fraîche et sèche. Cependant, un microclimat dû à la variabilité climatique génère périodiquement d’intenses chutes de grêles causant des dégâts considérables parmi les concessions de vignobles d’Andoharanomaitso.

Le climat est un vecteur d’attrait touristique capital11. Les impératifs climatiques peuvent influencer les agréments des voyages et en briser les charmes. D’après Lozato-Giotart, l’été « permanent » des destinations tropicales et subtropicales attire de nombreux touristes des régions tempérées même pendant les périodes froides et brumeuses de ces zones Sud. Par ailleurs, les conditions climatiques sont favorables pour les activités agricoles et les plantations caféières et vinicoles.

En 50 ans, Fianarantsoa et ses environs immédiats, dont l’Isandra, sont rarement touchés par les passages cycloniques. Citons ceux de la dépression tropicale Alibera en janvier 1990, du cyclone tropical Daisy en février 1994, du cyclone tropical Litanne en mars 1994, et du cyclone tropical Gretelle en février 1997. Pour l’année courante, la Haute- Matsiatra n’a par été épargnée par la tempête tropicale Giovanna dans la nuit du 13 au 14 février 2012, lors même de notre étude sur terrain et qui nous a bloqué à Mahazoarivo (chef-lieu de CR).

Les deux tableaux ci-après (Tableaux n˚ 01 et n˚ 02), fournis par la Direction Générale de la Météorologie d’Ampandrianomby, comportent les extraits de relevés sur trentenaire des normales de températures et des normales de précipitations. Ils concernent la station de Fianarantsoa qui est la plus proche de l’Isandra. Une lecture synoptique permet d’avancer que les données climatiques relatives au pays betsileo ne sont pas excessives et s’avèrent convenables au tourisme.

11 LOZATO-GIOTART, Géographie du tourisme, de l‘espace regardé à l’espace consommé, p. 44, Collection géographie, 2ème édition revue et augmentée, MASSON 1987, 187p. 12 Tableau nº 01

NORMALES DE TEMPERATURES (EN °C ET 1/10) Période 1961 – 1990

Station de FIANARANTSOA : Latitude 21°27`S Longitude 47°06`E Altitude 1109m

MOIS Tn Tx Tm JAN 17,2 26,2 21,7 FEV 17,2 26,1 21,7 MAR 16,6 25,3 20,9 AVR 15,2 24,5 19,9 MAI 12,7 22,6 17,7 JUN 10,5 20,4 15,5 JUL 10,1 19,7 14,9 AUG 10,2 20,4 15,3 SEP 11,2 23,0 17,1 OCT 13,4 25,0 19,2 NOV 15,3 26,1 20,7 DEC 16,6 26,3 21,5

Tn = Tº minimale ; Tx = Tº maximale Tm = Tº moyenne ;

Source des données sur trentenaire mises en tableau : Direction Générale de la Météorologie Ampandrianomby Arrangement graphique réalisé par l’auteur.

Le tableau n˚ 01 sur les températures et la courbe équivalente montre la hausse des températures à partir d’octobre à mars, et la baisse à partir du mois d’avril. Le maximum est au mois de décembre avec 26º 3, et le minimum au mois de juillet avec 10 º 1. Mais l’amplitude diurne peut être élevée.

13 Tableau nº 02

NORMALES DE PRECIPITATIONS (EN mm et 1/10) Période 1961 – 1990

Station de FIANARANTSOA : Latitude 21°27`S Longitude 47°06`E Altitude 1109m

Nb de Pluies en Max de MOIS Normales Jours 2007 24h Date/année JAN 227,8 19,4 369,3 105,8 16/1989 FEV 220,8 18,9 307,9 229,5 20/1985 MAR 137,6 20,9 84,7 124,3 15/1986 AVR 46,4 14,2 125,3 54,8 01/1987 MAI 27,3 11,3 31,0 47,4 03/1974 JUN 16,5 10,9 8,9 12,8 13/1970 JUL 24,6 13,4 4,5 34,0 23/1965 AUG 21,4 11,8 3,5 62,6 22/1966 SEP 18,0 6,9 34,0 24,8 20/1985 OCT 61,5 9,6 22,7 48,8 29/1982 NOV 124,9 15,1 159,1 62,1 15/1979 DEC 241,4 20,7 128,9 99,7 08/1965

Source des données sur trentenaire mises en tableau : Direction Générale de la Météorologie Ampandrianomby Arrangement graphique réalisé par l’auteur.

Il en est de même pour le tableau n˚ 02 en ce qui concerne les précipitations et la courbe équivalente. La hausse des précipitations commence au mois d’octobre à mars, et la baisse à partir d’avril. Le maximum est au mois de décembre avec presque 250mm, et le minimum au mois de juillet avec environ 15mm. Mais l’année 2007 est marquée par un hiver très sec après une abondance de pluies de janvier à mars.

14 Ces données sur trentenaire nous montrent qu’il n’y a pas eu de grandes variations au niveau climatique dans la région. Nous avons également pu constater la même constance en ce qui concerne les autres éléments du milieu naturel. C’est dans ce cadre physique que l’histoire que nous allons aborder dans la section suivante a évolué.

Photo n˚ 04 bis

Phénoménale chute de grêle au mois de juillet en Haute-Matsiatra,

Photo n˚ 04 ter

Epiphénomène atteignant l’épaisseur de neige (au plaisir des enfants du village).

15 2. Chapitre 2 - Du peuplement vazimba à l’histoire du temps présent.

Les habitudes sociales et culturelles répondent aux descriptions d’une zone rurale. Les traditions orales font état de quelques origines du nom Isandra. Néanmoins, la mieux retenue est celle tirée du nom du roitelet Andriatsandranatra. Ce nom fut ensuite attribué à la petite rivière Ivolovandana qui sillonne la vallée du Sud au Nord. Plus tard, Isandra indique le royaume établi sur cette seigneurie. C’était l’un des plus puissants royaumes du pays betsileo qui en comptait six. De ce fait, l’Isandra présente différents aspects anthropiques, il est riche en diversités socioculturelles

2.1. Protohistoire vazimba.

Le groupe social Betsileo est un peuplement doté d’une histoire ancienne spécifique et bien distincte, affirment les grands auteurs12 à l’instar du RP13 Dubois, Rainihifina, et F. Raison-Jourde. Les éléments de culture et de civilisation d’un peuple occupent leur place en tant que beaux-arts, arts plastiques et festivals folkloriques. Ces derniers sont des curiosités rares constituant des potentialités touristiques de la zone d’étude.

Photo n˚ 05

Un tatao en mémoire d’un disparu

La présence de tombes de Vazimba dans un certain nombre de villages témoigne le royaume primitif dans l’Isandra. Des noms de rois vazimba transmis par la tradition orale betsileo restent célèbres de nos jours comme le géant Ravariona et Andrianafotroa.

12 DUBOIS H.-M, S.J. Monographie des Betsileo (Madagascar). RAINIHIFINA J. Tantara betsileo. RAISON-JOURDE F. Bible et pouvoir à Madagascar au XIXème s. 13 RP : Révérend Père. 16 Ravariona, en pays betsileo, est l’équivalent de Rapeto en Imerina. Selon le RP Dubois, l’origine des Betsileo14 remonte au-delà des Vazimba. Il parle des Taimbalibaly, des Taindronirony et des Bongô, qui auraient eu comme ancêtres les Fonoka15 et les Lakoka ou Gola16. Par ailleurs, le RP Dubois fait aussi état des Kimosy qui étaient des Pré- Vazimba17.

2.2. La civilisation de la pierre (granit migmatitique et gneiss)18.

Andriamanalimbenitany roi de l’Isandra, un des souverains les plus célèbres de la fin du XVIIIème siècle, a subdivisé en quatre sections son royaume réparties entre ses fils. Il s’agit l’Arivoakarenina ayant pour capitale Fanjakana ; de l’Ambatanisandra ou Isandra proprement dit avec Ambohitrandrazana comme centre ; du Ranomaitso dont Akarina pour chef-lieu ; et de l’Ilafarivo dont la ville principale est Iavomanitra.

Photo n˚ 06

Stèles funéraires avec gravures post-mortem récentes

La célèbre forteresse de Mahazoarivo, enclavée entre les hautes montagnes et dominée par le plus haut sommet Ampitsinjovana19, est rattachée à l’Isandra. Elle était l’ancien chef- lieu du district, cédant ce statut administratif à Isorana. Le RP Dubois n’a pas tari d’éloges

14 DUBOIS H.-M, S.J. Monographie des Betsileo (Madagascar), 2001 copyrightClicanoo.com – Le Journal de l’Ile – Contact : [email protected] Histoire de Madagascar. Les temps anciens en pays betsileo, p. 1 alinéa 3. 15 D’après la tradition orale et une hypothèse de théologiens chercheurs, Fonoka proviendrait de Fonikiana ou Fenikiana, de Phéniciens. Le Père Dubois avancent que les Fonoka seraient les premiers habitants de l’Isandra. 16 Des théologiens présument que Gôla est issu du Gaulois. Par contre, « Ny bokin’i Rainitovo » avance que Gôla signifie ancêtre des Malgaches fahagolatany Lako de lakoka signifie beau. 17 DUBOIS H.-M. S.J, Op. cit 18 Photos n˚ 05 et 06 : l’altération et l’usure de certains granits et gneiss utilisés pour les monuments témoignent de la longévité de l’histoire. 19 Ce sommet culmine au delà de 1800 m et permet le balayage de 360º pour la vue panoramique de la Haute-Matsiatra 17 à l’endroit de l’Isandra qu’il a mis au rang de « première des provinces » par son passé et par son étendue. L’Isandra est le premier à faire alliance avec les rois de l’Imerina considérés comme zokilahimatoa ou l’aîné par les rois betsileo. En matière de fiscalité, le royaume de l’Isandra comptait déjà 7000 hetra20 imposables répartis en six tranches ayant chacune plus de 1000 hetra. Ces informations et données permettent d’affirmer que l’ancien royaume était prospère et se distinguait par sa capacité organisationnelle en matière fiscale et administrative.

Photo n˚ 07

Une « forêt » impressionnante de stèles funéraires près d’Antoetra, non loin de Mahazoarivo

Mais, ce qui avait marqué le royaume de l’Isandra depuis sa protohistoire jusqu’à nos jours est la civilisation de la pierre. Comme le granit et le gneiss abondent dans tout le royaume, les monuments de souvenirs et de localisation de loges funéraires sont tous marqués de statues de pierres (vatolahy, tatao) du type dolmen et menhirs des Bretons et des Britanniques de la préhistoire (Photo n˚ 07).

Bon nombre de travaux des pierres constituent des attraits touristiques et des curiosités culturelles pour satisfaire la soif des touristes élitistes dans l’Isandra. Nous estimons important de signaler la grande statue Malazamandry traînée péniblement par les soldats d’Andriamanalimbenitany depuis le Lalangina vers Mahazoarivo pour marquer sa domination, et abandonné à ce lieu pour être une pierre couchée célèbre.

20 Hetra : hetra, isam-pangady, haba, hajia, fadintseranana… significations en malgache de dîme, impôt, fisc, redevance… 18 Citons aussi le fameux Tokolava (Photo n˚ 08) qui retraçait le grand concours culinaire proposé par le monarque à ses sujets. Ces toko ayant servi de foyers sont encore à leurs places respectives qui s’étendent linéairement jusqu’à plus de trois kilomètres.

Photo n˚ 08

Le fameux tokolava d’Andriamanalimbenitany sur des km dissimulés sous les herbes, près du fameux Malazamandry

2.3. Attachement du Betsileo à la terre : un paysan exemplaire.

Dans les années 80, le Président de la République de l’époque, en visite de travail dans l’actuelle région (province de Tamatave), a amené avec lui le Chef de province de Fianarantsoa dont il a cité le nom et l’appartenance ethnique. De manière humoristique, il s’est adressé aux autochtones Betsimisaraka en lançant un avertissement à ces derniers, que s’ils ne veulent pas travailler la terre pour la plantation rizicole, il enverra des paysans betsileo dans la région pour occuper et exploiter cet espace géographique. C’est la raison de la présence du Chef de province de Fianarantsoa. Une anecdote qui n’est pas sans rappeler qu’en réalité, les travaux de bras des Betsileo valaient depuis longtemps plus que la mécanisation agricole vu les rizières en terrasse et les superficies de terrains

19 cultivées, qui dans les vallées, sur les pénéplaines, voire sur les flancs des montagnes (Photo n˚ 09).

Photo n˚ 09

Le valabe de Mahazoarivo sis en altitude sur le flanc d’Ampitsijovana résultant des travaux de bras de longue haleine des Betsileo

Si les propos de l’ancien Président de la République adressés aux Betsimisaraka ne sont qu’une sorte d’émulation, les pays sakalava et tsimihety ont servi depuis de longues périodes de terrains de migration betsileo. Aussi, les plaines rizicoles de la et de la Sofia ont donné naissance aux Betsileo de Marovoay et de Mampikony. Ainsi, il n’est pas étonnant si les Betsileo sont attachés à leurs propres terres d’origine (Photo n˚ 10). En outre, si les Malgaches sont réputés être consommateurs de riz, la palme revient aux Betsileo, avec une consommation par tête estimée à plus de 260 kg/an.

Photo n˚ 10

Exploitation de rizières en terrasse à plus de 1500m d’altitude

20

Rares sont les terrains vagues qui restent inexploités. Il n’y a que les lavaka et les rochers qui ne comportent pas de traces anthropiques. L’Isandra constitue ainsi un district pilote.

L’échantillonnage d’enquête que nous avons effectué auprès des habitants susmentionnés montre que chaque foyer possède sa superficie de terrain qui sert à la fois de culture et, dans une moindre mesure, d’élevage. Le tableau du paragraphe suivant donne une esquisse de la filière bovine recensée. Mais il existe bon nombre de foyers qui possèdent quelques têtes de bovins et d’autres animaux de basse-cour, entretenus de manière extensive.

21 3. Chapitre 3 - Isandra un sixième du Betsileo : zone de migration rurale et rurbaine

L’Ibetsileo comptait six royaumes du Nord au Sud : le Manandriana, le Fisakana, le Lalangina, le Vohibato, l’Isandra et l’Arindrano. Il a été dit plus haut que l’Isandra est un des plus puissants royaumes betsileo, mais son histoire présente des hauts et des bas.

Si l’attachement à la terre constitue le principal mobile d’implantation sur un espace géographique, généralement, la culture va de pair avec l’élevage. Cependant, si actuellement la destruction de culture devient fréquente, le vol de bovidés accélère l’aggravation de l’insécurité21. Mais il n’empêche que l’agriculture demeure la principale motivation de migration tant rurale que rurbaine. Les produits d’exploitation agricoles de l’Isandra inondent les marchés de la capitale du Betsileo (Fianarantsoa) et sont acheminés vers les grands centres commerciaux de Madagascar. Les trois sections ci-après apportent une modeste contribution pour le désenclavement de l’Isandra.

L’implantation dans l’Isandra des groupes sociaux en provenance des royaumes adjacents au pays betsileo s’est faite à la suite des invasions perpétrées par ces groupes : Bara venant du Sud et Sakalava de l’Ouest. Plus tard, le développement du réveil spirituel né à Soatanana à l’aube du XXème siècle était le premier mobile qui a favorisé les premières immigrations dans l’Isandra. Les individus convertis au revivalisme22 ont quitté leurs régions d’origine pour immigrer définitivement à Soatanana.

Par ailleurs, pour les communes rurales autres que Soatanana, les mouvements migratoires de départ existent pour des causes multiples dont économique telle la recherche de source monétaire et de revenus, ainsi que d’ordre social comme l’insécurité. Mais les données chiffrées ne sont pas disponibles. Actuellement, la naissance du centre de réveil d’Ankerana et l’exploitation des carrières dans les zones enclavées dans la vallée des mines provoquent un rush de migrants. Ces deux pôles d’attraction sont devenus une sorte d’ « Eldorado ».

3.1. Isandra ancien royaume et l’actuel district de l’Isandra.

La délimitation de l’Isandra sous l’époque féodale est définie comme partant du Matsiatra se terminant au Sud un peu avant la vallée du , avec une limite imprécise à l’Ouest, limites presque en ligne droite du Nord au Sud depuis le massif de l’Andranogaga jusqu’au rocher de Langela. Il est à noter que, l’actuel vaste district d’Ikalamavony faisait

21 L’insécurité constitue le principal facteur de recul pour le tourisme, surtout international. 22 De l’anglicisme revival qui signifie réveil spirituel. 22 partie intégrante du royaume de l’Isandra. La capitale était Mahazoarivo, qui abrite actuellement le musée dit « Musée d’Andriamanalina »23.

Par ailleurs, les traditions orales font état d’un empire, sous le puissant roi Andriamanalimbenitany. Cet immense territoire serait étendu au Nord jusqu’à Iandrantsay, près de Betafo dans le , et au Sud aux environs du Zomandao, près d’Ihosy dans l’Ihorombe. Si le royaume d’Isandra brillait au temps du grand roi Ralaimainty alias Andriamanalimbenitany ou Andriamanalina I (l’équivalent d’Andrianampoinimerina), le petit empire déclina sous le règne de Raonibenitany dit Andriamanalina III, un de ses successeurs dans le tohivakana. L’Isandra a perdu son autodétermination. Le monarque a conclu un pacte de non agression avec Andrianampoinimerina. Au moment où Radama I a pacifié le Betsileo, l’Isandra n’a plus offert aucune résistance à l’invasion merina. L’évolution de l’histoire montre que peu à peu, le royaume s’effrite et l’administration territoriale engendre des modifications et des changements de délimitation.

Le district de l’Isandra est une subdivision administrative récente (Carte n˚ 04). Auparavant, c’était l’ancien fivondronana de Fianarantsoa II ou F2, incluant l’Isandra, qui a pris l’appellation de ISAVOLA, ou Isandra-Vohibato-Lalangina. L’éclatement de ces trois constituants a donné actuellement trois districts distincts. Si avant, la capitale du royaume de l’Isandra était Mahazoarivo, le district de l’Isandra a aujourd’hui comme chef-lieu Isorana. Il s’agit probablement d’une raison de proximité et de commodité administrative, car la CR la plus éloignée (Mahazoarivo) est à 34 km, tandis que la plus proche (Soatanana) se trouve à 10 km du chef-lieu. Le district d’Isandra regroupe onze communes rurales et 104 fokontany. D’ailleurs, Isorana était pendant la colonisation un ancien poste administratif. Un des rares districts de toute l’île inséré dans la nouvelle organisation, l’Isandra revêt une double personnalité : le district et l’OPCI.

23 Le Musée d’Andriamanalina résulte des œuvres de M. Razafindrandriantsimaniry Dieudonné Michel, Enseignant- chercheur, ancien Ministre de l’Enseignement Supérieur, natif de l’Isandra. 23 Carte n˚ 04

District d’Isandra

Actuel district d’Ikalamavony

Source : François SIMON, Chargé de mission coopération décentralisée RHM - Tsianolondroa Arrangement de l’auteur Isandra = Hautes terres Ouest de la RHM Ikalamavony = Moyen Ouest

3.2. L’Organisme Public de Coopération Intercommunale (OPCI)

L’OPCI est une personne morale qui regroupe les onze communes rurales du district pour une meilleure organisation des intérêts communs sur le plan socioculturel et économique. La plupart des données naturelles, culturelles, administratives correspondent à celles du district, à savoir ; la superficie, la population, les statistiques administratives et privées relatives aux infrastructures et activités existantes sur toute l’étendue du district de l’Isandra. De ce fait, l’OPCI présente un avantage et pourrait constituer un bel exemple des 3P24 avec l’intervention des ONGs comme Haonasoa, Saha, FID, les collectivités territoriales des pays partenaires, etc.

Origine du nom de l’OPCI25 : l’OPCI a été dénommée Isandra MIFANDRAI qui se traduit littéralement Isandra MIatrika Fampandrosoana ANDRAikitra Iraisana. Ce

24 Jargon pour annoncer le système « Partenariat – Public – Privé » 25 Source : Monographie de l’Isandra 2010 Haonasoa 24 nom traduit la volonté des Communes membres d’unir leur effort pour le développement de leur territoire commun. Naissance de l’OPCI : L’OPCI Isandra MIFANDRAI a été créé officiellement le 16 octobre 2004. La dynamique a été impulsée par l’offre d’appui aux intercommunalités lancé par CTI/ACORDS. L’enclavement physique et informationnel de la majeure partie de la zone, ainsi que la persistance de l’insécurité qui a une forte corrélation avec les problématiques foncières et qui annihile l’économie du territoire, poussent les Communes à se regrouper en OPCI. Leurs principaux objectifs sont de : - Développer des services à caractère intercommunal, - Renforcer la capacité des Communes membres, - Assurer la protection et la libre circulation des biens et des personnes, - Promouvoir l’identité et l’économie du territoire.

Cette conscience sur la problématique de l’enclavement physique et informationnel, de l’insécurité et les problèmes fonciers, qui a donné naissance à l’OPCI s’avère très importante et fait la force principale de l’OPCI.

3.3. Une zone de migration hospitalière

A l’échelle régionale, la Haute-Matsiatra en général et l’Isandra en particulier constituent une zone de migration prisée. A l’image du bourg de Soatanana à l’échelle communale, la présence de tous les groupes sociaux implantés au sein du grand centre de réveil spirituel (tobilehibe fifohazana) fait tâche d’huile dans toutes les communes rurales attenantes et les autres composantes du district de l’Isandra. Il n’y a plus que les Merina, Sakalava, Bara, les « Sud-est », Antandroy et Vezo qui peuplent l’Isandra. Les Antankarana, Tsimihety, Betsimisaraka et Sihanaka intéressés par l’exploitation minière et le business de l’agroalimentaire continuent de pratiquer la migration à travers l’Isandra.

Comme nous ne disposons pas de statistiques officielles relatives à la population du district de l’Isandra, la synthèse démographique concernant la région Haute-Matsiatra que nous établissons ci-dessous peut servir de base d’extrapolation à l’échelle sous- préfectorale.

25 Les chiffres de 2007 pour la population de la Haute-Matsiatra atteignent 124588026 habitants pour une superficie de 20323 km², soit une densité de 61,3 hab/km². La population de la Haute-Matsiatra, comme la plupart des autres régions de la Grande île subit des mouvements migratoires en provenance des autres anciennes provinces de Madagascar ainsi que le montrent les indices27 suivants : . Antananarivo : 27% . Toliara : 11% . Mahajanga : 02%

Les données actuelles chiffrées ne sont pas disponibles. Ces chiffres ne reflètent plus la réalité, entre autres dans l’espace géographique de l’Isandra. Les groupes sociaux des diverses régions des trois autres anciennes provinces qui ne figurent pas (Fianarantsoa, Toamasina et Antsiranana) sont tous présents dans l’Isandra. Il est même des villages ou de nouvelles habitations qui ne sont habités que par des « Sud-est » communément connus sous l’appellation de Betsirebaka ou Korao. Dans la pratique, les Antandroy vivent aussi en communauté.

Graphique n˚ 01

Les 4% (Autres ethnies) incluant tous les groupes sociaux de toutes les régions de Madagascar sont dus à leur intégration dans le camp de réveil spirituel de Soatanana, après avoir quitté définitivement leurs régions d’origine. SOURCE : OPCI 2010

26 Source – INSTAT - SNAT 27 MAEP/UDPR, Monographie de la région Hate-Matsiatra, p. 18, 2003 26 Conclusion partielle

La région d’étude se situe dans la partie méridionale des Hautes Terres Centrales. L’Isandra est un milieu rural.

Du point de vue géomorphologique, il s’agit du socle cristallin, présentant un aspect montagneux. Les roches sont constituées par du granit migmatitique, matérialisées par des falaises abruptes et des massifs dénudés. Les désagrégations en boules de granit sont fréquentes et donnent lieu à de nombreux sites archéologiques et à des reliefs résiduels à formes très rares.

L’Isandra jouxte le fleuve Matsiatra dans sa limite Nord. La rivière, qui porte son nom assure une humidité, garantissant ainsi la pratique de l’agriculture. En terme aquifère, le paysage est agrémenté d’étangs, de chutes d’eau et d’eaux de ruissellement provenant des bassins versants. Le climat présente les caractéristiques d’un climat tropical d’altitude avec la présence de deux saisons : chaude et humide d’une part, fraîche et sèche de l’autre. Des variantes peuvent survenir au niveau local. Il s’agit cependant d’un climat qui permet à la population de pratiquer leur agriculture sans grande difficulté.

Concernant son histoire, l’Isandra est un des royaumes les plus puissants du Betsileo et des vestiges permettent d’avancer l’existence de royaumes primitifs des temps Vazimba ou même bien avant. En relation avec sa géographie, la civilisation de la pierre a particulièrement marqué le royaume de l’Isandra. Des preuves sont fournies par les nombreuses formes de pierres levées qui ont poussé la curiosité des chercheurs vers un approfondissement de la culture de cette région.

L’originalité et la spécificité Betsileo, à savoir l’attachement au sol se retrouve également chez le paysan de l’Isandra. Presque toutes les terres sont exploitées et parallèlement l’élevage est aussi pratiqué. L’Isandra est actuellement une zone de migration urbaine et rurale. De nombreux groupes sociaux des régions avoisinantes viennent s’y installer. L’aire de rayonnement du camp de réveil de Soatanana attire même des populations en provenance de toutes les régions de l’île. Ce rush vers Soatanana qui constitue l’épiphénomène migratoire de l’Isandra nous introduit dans la deuxième partie de notre travail.

27 Deuxième partie – De l’autarcie à l’économie de transition.

Si l’Isandra vivait depuis longtemps en autarcie, son économie est actuellement en phase de transition vers l’exportation. Les informations que nous avons recueillies auprès de quelques notables font état d’autosuffisance alimentaire dans l’Isandra pendant la période post- coloniale. L’extrapolation des données établies dans la monographie de l’Isandra confirme l’effectivité de ces deux assertions. Il s’agit notamment de données chiffrées relatives à la production agricole, artisanale et minière.

Les trois chapitres qui suivent vont nous permettre de développer ces idées. Ainsi, « Isandra, un grenier de la RHM », « Marché intercommunal excentrique », « Inclusion dans la Vallée des mines », seront les grands axes de cette deuxième partie.

28 4. Chapitre 4 - Isandra, un grenier de la RHM.

Une simple observation du paysage (en voiture et à pied lors du terrain) permet de justifier l’intitulé du présent chapitre, notamment après avoir effectué la traversée d’autres districts de la RHM. Cette assertion est avérée par les statistiques. En un aucun moment de l’histoire, l’Isandra n’avait besoin de se procurer ailleurs ce dont la population avait besoin pour la subsistance et les ordinaires. Au bas mot, chaque famille possédait son lopin de terre suffisant pour la culture et l’élevage pour satisfaire la consommation du ménage le long de l’année. Ceux qui en produisaient plus qu’il n’en faut faisaient acheminer leurs produits, afin d’inonder le marché d’Anjoma à Fianarantsoa. Les recettes y afférentes servaient à couvrir les dépenses pour les autres besoins : scolarisation, soins médicaux, etc.

Au niveau des collectivités, fokontany, communes rurales, grâce à l’OPCI l’Isandra est le district le mieux organisé depuis l’éclatement du fivondronana28 de Fianarantsoa II, ou ISAVOLA (Isandra Vohibato Lalangina), en trois districts. Un adage populaire met en exergue la prédominance et la richesse de la CR Andoharanomaitso en matière de produits vivriers : « Isandra Isandra aby, fa Andoharanomaitso Isandra soasoa », en d’autres termes « Samy tompon’anarana fa Andoharanomaitso no tena Isandra », c'est-à-dire que toutes les CR appartiennent à l’Isandra, mais la palme revient à Andoharanomaitso. Lors d’une grande crise du riz sous la royauté, c’est à Andoharanomaitso que le souverain régnant de l’époque a pu solutionner la crise grâce à la production de cette localité devenue plus tard le grenier du riz, justifiant par conséquent l’adage ci-dessus mentionné.

Les Menalamba29 étaient contrés par Andoharanomaitso à Tsimahamena30. Cette invasion des dahalo mena lamba (littéralement bandits vêtus de rouge) était initialement prévue jusqu’à Mahazoarivo, mais a avorté à Andoharanomaitso. Actuellement, les CR de Mahazoarivo et de Soatanana font partie de la circonscription de compétence de la brigade de la Gendarmerie Nationale d’Andoharanomaitso. Au point de vue sécurité publique, qui a son importance dans le développement touristique, le Commandant de brigade a affirmé que malgré l’immensité de son rayon d’action, Andoharanomaitso est classé « zone bleue », c’est-à-dire une zone où la sécurité est presque permanente, par opposition à « zone rouge ». Les trois sections ci-après traitent de la production rizicole, vinicole et caféière.

28 Fivondronana ou fivondronampokontany : ancienne forme sous le Deuxième République du district ou sous-préfecture. 29 Ce sont des dahalo aux tissus rouges et non les Menalamba résistants au pouvoir colonial 30 Le nom de cette localité est le raccourci de « Tsy maha mena lamba ny dahalo Andoharanomaitso » 29

4.1. Production rizicole vivrière et spéculative.

On peut relever un paradoxe dans le document de l’OPCI : l’Isandra est le premier producteur de semence de riz dans la région. Néanmoins, l’OPCI est loin des autres districts en terme de production agricole.

La superficie cultivée a augmenté en général, sauf, en 2009 où cette dernière a diminué à cause de la dégradation des infrastructures hydrologiques et le retard de la tombée de la pluie. Pourtant, la production rizicole suit une tendance croissante.

Evolution de la production rizicole

Tableau n˚ 03

Année 2007 2008 2009 Superficie 7 172 10 884 9 939 rizicole Production 26 469 37 010 38 056 en riz

Source : CIRDR Isandra, 2010, moyenne de la Campagne agricole 2008/2009 est de 3,45 T/ha.

A titre de rappel, les Betsileo sont les plus grands consommateurs de riz. Mais la riziculture n’exclut pas la culture d’autres céréales et tubercules (maïs, blé, manioc, patate douce…). Historiquement, le seul grenier d’Andoharanomaitso a permis à un grand roi betsileo de régler la situation du royaume lors d’une grande crise du riz. Cet historique de ravitaillement à grande échelle du territoire est encore transposable au contexte économique actuel.

Les collecteurs quadrillent le district de l’Isandra d’Est en Ouest, et du Nord au Sud. Notre prise de vue (Photo n˚ 11) montre des dockers en action dans la CR Anjoma Itsara, près de Fanjakana. Ces localités sont accessibles toute l’année même si l’état des routes laisse à désirer. La spéculation prend une grande ampleur. Les camionneurs arrivent avec des chargements de marchandises générales (entre autres friperies), et partent avec des tonnes de paddy.

30 Photo n˚ 11

Les collecteurs de paddy sillonnent l’Isandra avec leurs camions Mercedes type 1924

L’estimation de la retombée économique des activités productives pour le territoire est présentée dans le tableau ci-après. Si la perception de ristourne s’effectue normalement, les chaînes de valeur peuvent générer pour les CTD’s 104 347 803 Ariary.

Tableau n˚ 04 Filière et retombée économique pour le territoire

Filière Production Revenu brut % Produit Ristourne (T) en millier d'Ar sortant estimatif en Ar Riz 38 056 152 224 000 25.00% 57 084 000 Manioc 12 474 2 494 800 30% 22 453 200 Arachide 1 132 905 600 90% 6 112 800 Voandzou 1 117 893 600 40% 2 680 800 Maïs 589 294 500 60% 2 120 400 Patate douce 1 060 530 000 30% 1 908 000 Brède 200.16 75% 900 720 Tomate 102.5 51 250 99% 608 850 Oignon 11.12 0% - Vigne 371 148 400 99% 2 203 740 Café 40 40 000 20% 48 000 Ananas 579.62 115 924 99% 3 442 943 Bovidé 10449 2 089 800 000 5% 522 450 Porcin 1468 234 880 000 80% 1 174 400 Volaille 61750 308 750 000 50% 3 087 500 lait 165750 165 750 000 99% - Total 2 956 878 074 104 347 803 Source : Production (DRDR, 2010) ; Ristourne (Calcul Haonasoa sur base du barème de ristourne de la Région). Il pourrait y avoir des erreurs sur les unités.

31 Le tableau n˚ 04 montre que la production en tonnes du riz (38.056) dénote la préoccupation des agriculteurs. Le riz reste le vecteur principal de ristourne (57.084.000 ariary) pour le territoire bien que 75% servent pour la consommation locale. Les bovidés, recensés à 10449 têtes, ne permettent à l’Isandra d’obtenir qu’une ristourne de 522.450 ariary, alors que le revenu brut s’élève en millier d’ariary à 2.089.800.000. Par ailleurs, le lait estimé à 165.750 litres qui sont voués à 99% à ravitailler les marchés en dehors de l’Isandra, n’engendre le moindre ariary quant à la ristourne.

4.2.Andoharanomaitso : vignoble de l’océan Indien.

Ambalavao, Ambohimahasoa, , Famoriana, Fianarantsoa, Maromby… restaient depuis longtemps des renoms pour la production vinicole. Les étiquettes et emballages portant ces noms sont devenus des labels qui dépassent nos frontières et dont les contenus sont prisés par les consommateurs sur le marché international. Certes, ces espaces viticoles se trouvent en dehors de l’Isandra, mais il n’empêche que l’Isandra est aussi le premier producteur de vin de la région. Si les Côtes d’Isandra, ayant fait les beaux jours de Soatanana et de l’Isorana, sont rangées dans les oubliettes, le Lazan’i Betsileo, un excellent produit de marque, fait d’Andoharanomaitso le « vignoble de l’océan Indien ». Aussi, charretiers et camionneurs se rivalisent à travers la route d’intérêt provincial et l’embranchement menant vers la cave industrielle d’Andoharanomaitso (Photo n˚ 12) tantôt pour la livraison de raisins31, tantôt pour le chargement de conteneurs de vins. La filière viticole et vinicole absorbe le chômage à Andoharanomaitso. En outre, elle constitue une motivation pour les habitants, et surtout les paysans pour l’exploitation des terrains pour la plantation de vignes (Photo n˚ 13).

Cependant, il n’y a pas que le TAONA ZINA32 dans l’Andoharanomaitso. Mise à part la destruction de cultures perpétrées par les actions anthropiques et certaines maladies de plantes, Andoharanomaitso connaît presque chaque année un microclimat qui ravage les grappes de raisins en instance de cueillette. Il s’agit de la chute intense de grêles pouvant détruire en un rien de temps toute la production et qui entraînera nécessairement la faillite.

D’un côté, comme étant la cause principale de ce fléau, la croyance populaire fait état de non-respect des us et coutumes betsileo du lieu, s’agissant d’une punition divine, ou de colère des ancêtres.

31 Photo n˚ 12 : le main road d’Andoharanomaitso est le théâtre de va-et-vient des charrettes de livraison. 32 Taona zina pourrait traduire de manière libre une année de bonne récolte, une année fertile. 32 Photo n˚ 12

Les charrettes livrent les matières premières au lieu que les camions chargent les produits finis

D’un autre, les rationalistes (cartésiens) ont effectué des essais et expérimentations pour contrer, à défaut d’amoindrir et limiter les dégâts, en faisant appel aux tirs de fusils vers les gros nuages afin de les disperser et épargner ainsi les plantations des chutes de grêles.

Photo n˚ 13

La vendange lors de notre passage : différents types de raisins

Cette problématique de la production vinicole dans la CR d’Andoharanomaitso nous introduit vers le meilleur café Arabica du globe.

33 4.3. Café Arabica d’Isandra : première qualité mondiale.

La majorité des CR du district de l’Isandra sont dotées de terrains constitués d’espaces fertiles et ombragés propices pour la plantation de caféiers. Certes, la production de café ne se chiffre pas en milliers de tonnes comme ceux destinés à l’exportation et plantés en zones côtières, mais qualitativement (Photo n˚ 14), il s’agit de la meilleure qualité mondiale33. La production de café Arabica dans l’Isandra intéresse les Américains et les Français. Selon des sources, une expérimentation a déjà été effectuée avec une ONG des Vosges. Les deux hypothèses suivantes restent déterminantes quant à l’avenir du café Arabica de l’Isandra, et doivent en permanence être tenues en considération.

- Forces : La demande en café sans caféine est toujours grandissante, et est loin d’être satisfaite sur le marché international. Le marché, tant national qu’international, est encore non saturé, une telle assertion doit inciter et les paysans et les décideurs à s’investir au lancement et à la promotion de ce produit de luxe. Etant donné que l’Isandra n’est pas le seul endroit cultivable des hautes terres centrales de Madagascar, la plantation de l’Arabica devra être encouragée sur tout autre lieu favorable des hauts plateaux malgaches.

Photo n˚ 14

Grains de cafés Arabica à Andimbe

33 A part les Américains, une ONG des Vosges et du Jura (France), est déjà passée à l’expérimentation... 34 - Faiblesses Le vieillissement de la plantation constitue la première faiblesse. A titre indicatif, la plantation du café Arabica dans l’ datait de la période coloniale. Ce sont les colons et autres exploitants coloniaux qui ont initié la culture de ce type de café dans les fossés circulaires (hadivory) qui servaient de systèmes de défense des sites collinaires ayant servi de quartiers féodaux au temps des royaumes successifs à Madagascar. L’insuffisance de plants de café est une constatation amère, toute initiative de prolifération de la production est tributaire de cette lacune et carence. La faible productivité des pieds de café demeure un lourd handicap. Cette donnée prouve la nécessité d’un travail pluridisciplinaire, l’apport des techniciens en la matière (ingénieurs agro et autres vulgarisateurs agricoles…) est plus que primordial et indispensable. Une exploitation à majorité de petite taille, peu ou mal entretenue (Photo n˚ 15) nous montre que 70% de la production ne répondent pas à la qualité requise par le marché à l’export.

Photo n˚ 15

Plantation de caféiers à Antambohobe Vohitsisaky

En tout état de cause, l’Isandra doit servir d’exemple et de phare pour les autres districts des hautes terres centrales dotés d’endroits propices pour la plantation de café arabica. Il ne faut pas oublier qu’il suffit d’un petit quelque chose d’insolite ou d’endémique pour que les touristes élitistes viennent effectuer les observations, à l’instar du « Bird watch », de la grenouille rouge, et autres lémuriens de très petite taille. D’ailleurs, l’intéressement

35 des Américains et des Français constituent déjà des bons signes. Si les enquêtes que nous avons menées sur place s’avèrent exactes, cette qualité est certifiée ISO 2001.

Ce volet café Arabica constituant un bel avenir du circuit commercial et de l’agrégat économique nous introduit dans le chapitre qui met en exergue les problèmes de commercialisation des produits agricoles de l’Isandra.

36 5. Chapitre 5 - Marché intercommunal excentrique.

« Les conditions d’enclavement sont déterminantes pour l’accès aux marchés du travail, des produits de consommation, pour l’écoulement des productions et l’accès aux intrants et au crédit. Le coût du déplacement vers le chef-lieu de district représente le montant que dépense une personne pour se rendre du chef-lieu de commune vers le chef-lieu de district en considérant le ou les moyens de transport les plus fréquemment utilisés par la majorité de la population. Les données recueillies lors de l’enquête structurelle concernent l’accès au chef-lieu de district et permettent de faire la distinction entre les coûts du trajet en saison sèche et en saison des pluies. La carte ci-après présente les coûts du trajet en saison des pluies, généralement (mais pas toujours) plus élevés qu’en saison sèche. » (Atlas RHM p.13). Cet extrait de l’Atlas de la RHM met en exergue la problématique d’enclavement.

5.1.Problématiques des marchés locaux et communaux.

Les marchés locaux, c'est-à-dire au niveau de chaque fokontany, regorgent de produits agricoles et de denrées de subsistance au moindre prix. Les autochtones n’arrivent pas à consommer tous les produits mis en vente. Par contre, les consommateurs occasionnels (visiteurs impromptus, ou individus de passage…) profitent de leur passage pour se ravitailler et acheter les produits qui les intéressent. Ces clients de fortune, plus nantis que les consommateurs locaux, ont des pouvoirs d’achats leur permettant de s’approvisionner sur ce dont ils ont besoin. Le marché local et communal de Soatanana constitue un exemple type par excellence en période de isantaona (pèlerinage). La localité est très animée par l’arrivée de milliers de pèlerins. Ces derniers sont des vecteurs de valeurs ajoutées.

Toutefois, si les produits agricoles locaux peuvent le long de l’année s’acquérir à un coût dérisoire, ceux dits industriels (alimentaires, PPN, textiles, technologiques…) font l’objet de spéculation, et demeurent de manière chronique difficilement accessibles aux résidents. Par ailleurs, la percée du commerce de friperies dans toute l’île constitue une sorte de ballon d’oxygène pour des pays enclavés comme l’Isandra, notamment les textiles qui inondent les places du marché (Photo n˚ 16).

Quant aux marchés communaux, ils favorisent l’intensification de la circulation des personnes et des biens. Le marché, qui était depuis longtemps une institution sous la féodalité, demeure encore de nos jours un pôle d’attraction populaire, un lieu de rassemblement d’immenses foules (Photo n˚ 17).

37 Photo n˚ 16

Le goût multicolore des paysans et campagnards

Cependant, la circulation des personnes et des biens se déroule en permanence dans une ambiance d’insécurité résultant des actes de banditisme. En outre, la difficulté de communication et de déplacement est due au mauvais état des routes communales et celles dites d’intérêt provincial. Une grande partie des routes des CR éloignées sont difficilement carrossables, surtout en saison de pluies (Photo n˚ 19).

Photo n˚ 17

Le jour du marché constitue un pôle d’attraction populaire.

Sur un tout autre plan, le marché de bovidés mérite une attention particulière. Ce produit de l’élevage, abattu ou sur pieds, est présent sur tous les espaces de négoce. L'élevage bovin occupe une place importante au niveau de l’intercommunalité, tant sur le plan

38 économique que social. La population accorde plus de valeur au cheptel en tant que signe de prospérité, une forme de thésaurisation et principal moyen de production. Cette situation incite les éleveurs à apporter un traitement particulier aux animaux surtout en ce qui concerne la santé et alimentation. On compte environ 2399 éleveurs de bovidés dans le territoire. Nous reproduisons le tableau nº 05, relatif à la filière bovine, élaboré par le Service vétérinaire du district d’Isandra en 2010.

Tableau n˚ 05

Nombre des éleveurs de zébus et du cheptel bovin

Nombre Bœufs Commune éleveurs recensés 191 578 Ankarinarivo 243 768 Iavonomby Vohibola 320 1 102 Fanjakana 318 1 858 Isorana 211 838 394 1 757 Anjoma Itsara 182 776 Soatanana 137 695 Ambalamidera II 85 387 Mahazoarivo 117 656 Andoharanomaitso 201 1 034 TOTAL 2 399 10 449

Source : Vétérinaire mandataire du district d’Isandra 2010 On a recensé environ 10449 têtes de bovidés au niveau de l’OPCI dont 3023 des génisses (29%).

La moyenne générale de nombre de zébus par éleveurs est de : 4,355. La plus forte moyenne revient à Fanjakana, et s’élève à : 5,842 Nasandratrony affiche la plus faible moyenne avec : 3,026 Remarques : . Nasandratrony est la CR la plus proche de Fianarantsoa, tandis que Fanjakana se trouve diamétralement opposé. . Les CR proches et plus accessibles dont les moyennes dépassent 5 sont : o Soatanana avec : 5,072 o Andoharanomaitso avec : 5,144 o Mahazoarivo avec : 5,606

La commercialisation des produits de l’élevage porcin et de la basse-cour vient après le circuit commercial des bovidés.

39

5.2. Problèmes de communication et d’infrastructure.

L’enclavement d’espace géographique comme l’Isandra est matérialisé par la problématique de communication.

Photo n˚ 18

Soatanana était relié par TELMA fixe grâce aux plaques solaires qui ont disparu Actuellement, le réseau TELMA mobile commence à inonder l’Isandra

Sur le plan de la télécommunication, la couverture en réseau de téléphonie mobile tend à se développer progressivement. Par contre, le réseau de lignes téléphoniques traditionnel est en voie de disparition, il n’y a pas encore plus d’une décennie, les poteaux métalliques supportant les fils téléphoniques ont été remplacés par des émetteurs récepteurs alimentés par des plaques solaires. A leur tour, ces plaques solaires ont aussi fait l’objet de vols ou de dégradation volontaire. Dans tous les cas, ce type de matériel fait partie des produits technologiques obsolètes qui tomberont progressivement en désuétude. En gros, deux opérateurs de téléphonie mobile sont présents au niveau du district. Selon un technicien, le taux de couverture Airtel (concurrent de Telma) avoisine les 70% avec ce que les utilisateurs appellent « points noirs » à Mahazoarivo, Nasandratrony.et Fanjakana. Telma affiche pour l’instant un taux de couverture assez modeste, seule une grande partie de l’Isorana, et Soatanana (Photo n˚ 18) sont couvertes en permanence. L’implantation de relais d’émetteur-récepteur Orange, présente à Fianarantsoa, est souhaitée par la population.

40

Carte n˚ 05

CR de Fanjakana meilleure moyenne de têtes de zébus par éleveur

Source : SAHA Betsileo Fianar. Arrangement effectué par l’auteur

La CR de Fanjakana (meilleure moyenne de bovidés par éleveur) est la plus enclavée et mal desservie

41

Le réseau routier constituant les voies de communication et l’infrastructure routière de l’OPCI paraissent atteindre les chefs-lieux de CR (Carte n˚ 05). Cependant, l’état des routes laisse à désirer, la majorité de ces dernières ne sont accessibles que saisonnièrement. Ce sont des routes d’intérêt provincial (RIP) et des routes communales (RC) qui ne sont praticables que par voiture tout terrain à la moindre précipitation. Isorana, le chef-lieu de district est desservi par la route nationale (RN42) qui relie Fianarantsoa à Ikalamavony, le district adjacent à l’Isandra. Même cette RN42 n’est accessible que par véhicule tout terrain 4x4 en saison de pluie. Par ailleurs, l’insécurité forme aussi un frein au développement car les agressions perpétrées par les bandits sur la RN42 s’opèrent dans la nuit et le tôt matin. Les localités de Nasandratrony, d’Anjoma, de Soatanana, d’Andoharanomaitso et d’Isorana peuvent être desservies toute l’année sauf en cas d’incident ponctuel, tel que ponts endommagés ou éboulements lors de passage cyclonique dans la région. Les localités de Mahazoarivo, Fanjakana, Ambondrona ne peuvent être atteintes que par 4x4 en saison de pluie.

Photo n˚ 19

L’aide-chauffeur élague les buissons envahissant la largeur de la chaussée. En contrebas à droite : le ravin

5.3. Lourd investissement pour un marché intercommunal isolé.

L’implantation du nouveau site servant de marché intercommunal avait fait l’objet de très long débat au niveau du district et de l’OPCI. En effet, onze communes ont recommandé Isorana pour devenir le centre du marché intercommunal, étant donné la position

42 géographique qu’il occupe. L’OPCI, convaincue de cette nouvelle conception des onze CR, a proposé de décaper la place du marché de bovidés avant de l’aménager. Mais le bureau d’études « RTR »34 a passé outre cette velléité de l’OPCI et a un peu précipité les choses en désignant l’actuel emplacement où est bâtie l’infrastructure.

Ce marché intercommunal (Photo n˚ 20), malgré son bel aspect et son architecture flambant neuf n’est pas fonctionnel et est loin d’être opérationnel. Quand on se pose la question : pourquoi les matériaux et matériels de construction implantés n’ont-ils pas fait l’objet de disparition ? La réponse vient du fait qu’un préposé de l’OPCI assume en permanence le gardiennage. Néanmoins, le site en question a engendré une création de poste salarié. Autrement, la place n’attire nullement personne, sauf pour les excursions comme le Lundi de Pâques.

Photo n˚ 20

Le marché intercommunal d’Isorana (isolé en altitude)

De tout ce qui en découle, quelle est alors l’utilité de ce marché intercommunal ? Nous avons pu récolter quelques réflexions sur les marchés locaux de la part de personnes âgées rompues à la paysannerie. Pourraient-elles servir d’étalons et d’échantillonnages pour pouvoir généraliser et dégager une problématique commune à tous les chefs-lieux ? Elles se résument comme suit :  Le marché de Soatanana est « curieux » ! Il ne fonctionne pas comme il faut, comme il se doit. Ce fait dépasse notre entendement, c’est un peu mystérieux ! Pourtant, il s’agit

34 Sigle du Bureau d’études ayant obtenu le financement pour la construction du marché intercommunal. 43 de l’endroit le plus peuplé. Le marché n’est florissant que lors de l’assemblée générale du fifohazana.  Le marché de Mahazoarivo fonctionne bien. Seulement, l’insécurité et le mauvais état des routes restent les obstacles de développement du commerce.  De son côté, Anjoma Itsara ne rencontre aucun problème majeur à moins qu’il ne s’agisse de l’exiguïté de l’espace servant au marché (Photo n˚ 16 et 17, page 38). Les routes y sont pratiquement accessibles et favorisent le développement de l’offre et de la demande sur le marché.  Le cas d’Ambondrona est similaire à celui de Soatanana : le marché est en léthargie.  Pour Ambalamidera II, le marché n’est que de nom, c’est à peine s’il existe.  Le marché de Nasandratrony fonctionne convenablement en période de campagne, mais souffre en période de soudure. Ce qui fait qu’en moyenne, son état de « santé » ne peut guère afficher une performance satisfaisante.  Fanjakana, en tant que chef-lieu de CR, peinait pour maintenir son marché, alors que ses fokontany regorgent de tsena35 lors des campagnes.  Iavonomby Vohibola détient un marché potentiel et un commerce de bovidés, mais sa position est excentrique. Elle jouxte la partie Nord de Fianarantsoa.  Le marché d’Andoharanomaitso présente un aspect solide et peut être considéré comme un marché pilote. Néanmoins, sa position géographique n’est pas favorable pour héberger le marché intercommunal. La commune est très isolée par rapport aux autres.  Seul Isorana est doté de marché digne du nom.

Photo n˚ 21

Un Baramba : une forme de moyen de transport vers le marché d’Isorana

35 Tsena : marché 44 En bref, les marchés de produits agricoles demeurent temporaires, et ne fonctionnent mieux qu’en période de campagne, sinon ils disparaissent du paysage du circuit commercial. Seuls fonctionnent pour toute l’année les marchés où se pratique la transaction sur les bovidés et sur les porcs. Ce qui favorise les actions des dahalo.

Carte n˚ 06

RN 7 Vers Ambositra

Anjoma Itsara RN 42 Ambohimahasoa Ikalamavony RN 25 Vers Mananjary Isorana Lalangina

Isandra Fianarantsoa Mahazoarivo Soatanana Vohibato Andoharanomaitso

Ambalavao

RN 7 Vers Tuléar

Chef-lieu de province Chef-lieu de district

Route nationale (RN) RIP (les principales pistes carrossables) Source : SIRSA (Atlas RHM) : arrangement de l’auteur

45 6. Chapitre 6 - Inclusion dans la « Vallée des mines ».

Une grande partie de l’Isandra appartient à la Vallée des mines. A titre documentaire, le plan des travaux de construction de chemin de fer reliant Antsirabe et Fianarantsoa prévoyait la traversée du Nord au Sud de cet espace riche en sous-sol. A l’instar d’Ikalamavony, district adjacent, l’Isandra possède un potentiel de richesse du sous- sol tant en produits miniers (pierres précieuses et semi-précieuses) qu’en métaux précieux, notamment l’or. En plus de la destination de renommée comme celle de Bevahondrano et les environs, Soatanana attire également les prospecteurs, ainsi, exploitants miniers et aventuriers s’y sont installés en 1998 pour ratisser les zones d’Ambaibò, aux environs de Mahazoarivo.

Selon les croyances populaires concernant l’îlot volcanique Andranomafana qui se trouve au milieu du fleuve Matsiatra, des gisements aurifères importants existeraient, mais ces derniers sont difficilement accessibles à cause du danger de la variation du niveau des eaux de la Matsiatra, surtout en période de crue. Non loin d’Andranomafana se trouve une montagne où l’on aurait, dans l’histoire, repéré un gisement de mercure, qui selon la même légende irait de pair avec le gisement d’or. Pourquoi de telles informations auraient-elles échappé au Service géologique, depuis le temps de Henri Besairie ? D’ailleurs, la montagne dite Fahibarika n’est qu’à cinq kilomètres environ. Fahibarika, avant l’indépendance, faisait le bonheur des colons avec ses gisements de tourmaline, béryl, cristal de roche… et or.

6.1. Carrières de Bevahondrano.

Si Ikalamavony, chef-lieu de district, est à 63 km d’Isorana, Bevahondrano qui se trouve à 111 km, appartient à l’espace administratif appelé Isandra Andrefana. Grâce à la richesse du sous-sol, Bevahondrano est devenu un pôle d’attraction, et constitue une zone de migration tant nationale qu’internationale36. On peut recenser tous les groupes sociaux en provenance des régions de Madagascar. Une habitude populaire bien malgache qui consiste à comparer les paysages a donné à Bevahondrano le sobriquet de « Tsenan’Isotry »37. En fait, les carrières de Bevahondrano regorgent d’important gisement de tourmaline. Selon une affirmation d’un exploitant minier, le gisement de tourmaline peut aller jusqu’à une profondeur maximale de 40 m. Cependant, c’est à partir de 20 m que la couche supérieure de tourmaline intéresse les prospecteurs.

36 Des opérateurs des différents pays d’Afrique, notamment de la CEDEAO, s’y sont établis de manière permanente 37 Le marché d’Isotry, quartier le plus populeux de Madagascar, sinon de la capitale. 46 Nous ne disposons d’aucune donnée, ni de statistiques, témoignant de la recette dans la caisse publique (Administration étatique et collectivités locales) de ristournes ou d’intérêts perçus sur l’exploitation minière à Bevahondrano. Les informations que nous avons reçues signalent que jusqu’à ce jour, les ressources minières de Bevahondrano ne présentent pas assez d’intérêts pour les districts concernés, encore moins pour la région. Ce sont les exploitants (individuels ou groupes) nationaux et principalement les « affairistes » africains qui en tirent bénéfice.

Carte n˚ 07

La partie Ouest du district de l’Isandra est incluse dans la vallée des mines Source : François SIMON, Chargé de mission coopération décentralisée RHM - Tsianolondroa 47 Diamétralement opposé à l’Isandra Andrefana, l’Isandra possède aussi des pierres précieuses et semi-précieuses comme la tourmaline et le béryl, à Fahibarika près de Manody, aux environs d’Andranomafana, CR de Fanjakana.

Photo n˚ 22

Un bloc de kaolin38 justifiant la forte présence de feldspath dans la région

Contrairement à l’Isandra Andrefana, le Sud de Bevahondrano alimente la caisse de l’Etat grâce à l’exploitation de minerais de fer, opérée par les Chinois, ce qui suscite un vif intérêt pour la région, voire pour le pays.

6.2. Prospection aventurière dans l’Isandra.

Comme dans les régions fertiles et productrices de la Grande Ile, l’agriculture était depuis des années une des causes de migration dans l’Isandra. En outre, Soatanana en tant que berceau du Réveil spirituel (fifohazana), et ses environs, Ankerana y compris, sont devenus depuis le siècle dernier des sites d’attraction migratoire. Actuellement, le secteur minier constitue à son tour un attrait d’aventuriers et fait augmenter le flux migratoire. Ainsi, les carrières de Bevahondrano et autres endroits réputés riches en produits du sous-sol, ne sont pas les seuls eldorados de l’Isandra. Des chercheurs et prospecteurs anonymes préfèrent effectuer, à titre strictement personnel et privé, des itinéraires géologiques dans d’autres endroits susceptibles de renfermer des ressources minières exploitables. De ce fait, les différents types de reliefs et de terrains intéressent les aventuriers. C’est la raison pour laquelle, des prospecteurs ont élu domicile à Soatanana, importante localité la plus proche du fokontany Ambaibò, qui, rappelons le, possède des espaces fertiles similaires aux plaines de la partie sédimentaire de l’île.

38 La reconnaissance des roches a été approuvée et certifiée par Rantoanina Maurice, Ingénieur Géologue. 48 En bref, les aventuriers soupçonnent que ces lieux renferment des richesses, notamment l’or (Photo n˚ 23), et méritent d’être pris en considération sur le plan opérationnel. D’ailleurs, le village d’Anjiva, au Sud d’Ikalamavony, produit déjà de l’or au sein de ses carrières.

Photo n˚ 23

Paysage d’Eldorado : à la recherche et découverte d’un filon aurifère La nappe phréatique apparaît en moins de 5 m de profondeur

L’enquête menée autour de ce sujet a abouti à des informations contradictoires et à des opinions controversées. Certains aventuriers se déclarent satisfaits des recherches et découvertes, d’autres affirment rentrer bredouilles, et ne sont pas du même avis (Photo n˚ 24).

Photo n˚ 24

Les aléas et les mauvaises surprises des creusements

6.3. Lutte contre le trafic de pierres précieuses.

Le trafic illégal de produits ne se limite pas au seul trafic de produits illicites et prohibés comme le chanvre indien et le tabac, dont l’Isandra n’en est pas exempt. Les produits miniers (Photo n˚ 25, page suivante) constituent des enjeux de poids pour les trafiquants et les amateurs de risque.

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Photo n˚ 25

Quelques kilos de cabochons de tourmaline en provenance de Bevahondrano Kelivozona appréhendés par la police de la route à

Existe-t-il un réseau de trafiquants dans le secteur minier au sein de l’Isandra ? Il est difficile d’y répondre. Une circulation d’informations (non vérifiées) prétend qu’il s’agirait d’un réseau allant de la base au sommet. Certaines personnes avancent même que les arrestations unitaires effectuées par les forces de l’ordre ne sont qu’un petit aspect du problème. Aussi, l’existence d’un réseau de trafiquants ne serait qu’une hypothèse.

Par contre, il est incontestable que le trafic effectué par des individus existe (Photo n˚ 25). Les agents de force publique font état d’une moyenne de deux arrestations par jour, rien que par la police de la route. La plupart des cas, des étrangers, dont des Africains, sont impliqués parmi les trafiquants. Cette présence d’expatriés parmi les présumés trafiquants appréhendés laisse supposer l’existence d’un véritable réseau, et pourrait constituer une réponse non erronée à la question supra.

Le trafic et la circulation illicite de personnes et de biens existent dans l’espace géographique de l’Isandra. Avant de conclure la seconde partie de notre travail, nous mettons en exergue ce constat de fléau qui peut ronger à grande vitesse l’économie de l’Isandra, et par ricochet celle de la nation.

50 Conclusion partielle

L’Isandra est une collectivité territoriale à vocation agricole, minière et commerciale. Il ne s’agit pas de conclusion hâtive si on qualifie l’Isandra de riche pays, bien que l’infrastructure routière, la communication et télécommunication laissent à désirer.

La production rizicole de l’Isandra ne se limite pas au stade de la seule consommation. Elle est commercialisée et attire beaucoup de spéculateurs de tout genre, à l’instar d’Anjoma Itsara et ce malgré la distance à parcourir et l’état de la route. Ainsi, le riz est un vecteur de valeur ajoutée dans l’économie du district. De son côté, quoique la célèbre société « Côtes d’Isandra » ait disparu du paysage économique du secteur, la CR Andoharanomaitso tient toujours la palme d’être le vignoble de l’océan Indien. Aussi, la production vinicole est non seulement un élément de l’agrégat économique, mais offre des emplois, même, saisonniers aux autochtones. Par ailleurs, l’attention des « chasseurs d’insolite » ainsi que d’éventuels bailleurs de fonds pourrait être attirée par le simple fait que l’Isandra détienne la meilleure qualité au monde du café Arabica. Surpasser les grands, tels que le Brésil et la Côte d’Ivoire en cette filière, constitue un atout très exploitable.

Cependant, la commercialisation des produits au niveau local n’est pas sans problème. Il en est autant pour le marché intercommunal de l’OPCI dont l’emplacement définitif parait excentrique. Il en résulte que ce marché peine à devenir opérationnel, car les éventuels utilisateurs auront à affronter difficilement la distance et la mauvaise route.

Quant à la richesse du sous-sol, l’Isandra n’est pas en reste car il appartient à l’espace appelé « Vallée des mines ». L’exploitation de plusieurs carrières donne naissance à de nouveaux villages et augmente considérablement le nombre de migrants. Afin que les richesses du sous- sol produisent de l’intérêt au développement économique, il est recommandé de mettre en place un dispositif de lutte contre le trafic de pierres et autres métaux de valeur. L’Isandra regorge d’espaces susceptibles d’être prospectés.

Ces potentialités économiques du district, qui constituent aussi des atouts, nous permettent d’étudier dans la dernière partie de notre étude les atouts et curiosités touristiques de l’Isandra.

51 Troisième partie - Atouts et curiosités touristiques de l’Isandra.

Le culturel, incluant le cultuel39, occupe le premier plan quant aux potentialités touristiques de l’Isandra vu le pèlerinage et le tourisme religieux au titre de tourisme de masse. Toute connotation péjorative du terme est écartée dans cette considération, étant donné le grand nombre de pratiquants, acteurs de ce type de tourisme. La riche histoire de l’Isandra vient s’ajouter à la diversité culturelle de la région.

Le tourisme balnéaire ne concerne pas l’Isandra. Par contre, la région regorge de sites naturels et culturels dont certains pourraient être aménagés aux fins de développement économique comme les barrages hydroélectriques. Dans le cadre du tourisme se trouve la pratique du parapente, une discipline sportive très prisée du tourisme ludique. Suivant la thèse de Michel Lussault40 mettant en évidence la relation entre l’urbain et le rural, l’Isandra, avec les espaces géographiques variés qu’il renferme, répond à la problématique de ce Géographe.

39 Tourisme cultuel, ou tourisme religieux, ou pèlerinage. 40 Géographe enseignant à l’Université de Lyon, invité de l’émission 7 milliards de voisins à la RFI le mercredi 05/06/13. 52 Carte n˚ 08

Les chefs-lieux de CR peuvent satisfaire le tourisme d’affaires Fanjakana est riche en sources compte tenu de la moyenne de thermales et sites volcaniques. Elle zébus par éleveur : 4,355 renferme l’histoire des relations entre les Merina et les Betsileo

Ankerana : pèlerinage

Mahazoarivo : tourisme culturel Soatanana : tourisme culturel

Andoharanomaitso : tourisme vinicole

Source : ONG Haonasoa Fianar. Arrangement de l’auteur.

53 7. Chapitre 7 - Les merveilles des montagnes de l’Isandra

La formation géologique a favorisé l’existence de reliefs montagneux dans la majorité de la superficie de l’Isandra. Le socle cristallin explique l’abondance de massifs, de collines et de montagnes présentant des sommets dénudés, faisant apparaître alternativement granits migmatitiques et gneiss. Le massif de Fiadanana, dont le sommet sert actuellement de lieu d’isolement en prière lors des pèlerinages et en période du isantaona, offre un splendide paysage, et un rideau naturel, à l’Ouest de Soatanana (Photo n˚ 26).

Photo n˚ 26

Le sommet du mont Fiadanana à l’Ouest de Soatanana pour la randonnée granitique et l’isolement en prière

7.1. Le zoma de l’Isorana vers un patrimoine mondial de l’UNESCO.

Un zoma est considéré de nos jours comme un abri sous roche. Il s’agit en fait d’une sorte de labyrinthes (grotte) résultant de la fracture d’une montagne de granit, suite à un séisme par exemple. Autrefois, le zoma servait de lieu de cachette, ou de rempart pour mieux se défendre contre les invasions et les persécutions. L’existence d’un zoma est généralement liée à celle d’une masse de granit, ou d’une falaise. La plupart des massifs et collines de l’Isandra comportent des zoma. La CR Anjoma Itsara doit son nom au zoma qu’elle possède, et non pas au zoma (vendredi) jour du marché local.

Le zoma de l’Isorana, ou « Grotte Ambalamena Ilomotsa » (Photo n˚ 27, page 54), est le plus important. Vu de loin (à partir du marché intercommunal diamétralement opposé), le

54 site n’a rien d’extraordinaire ni de frappant, pourtant, à l’approche du lieu, le paysage devient très impressionnant et pittoresque. La falaise gigantesque et les énormes blocs de granits résultant de cassure offrent un univers exceptionnel. La grande ouverture des excavations naturelles donne l’impression d’être devant des cavernes qui se prolongent en labyrinthes.

Photo n˚ 27

Le zoma de l’Isorana au premier plan en contrebas de la falaise. Patrimoine national en cours de négociation pour inscription à la liste du patrimoine mondial de l’UNESCO (vue à 1 km) Le bloc de granit inaccessible comporte la tombe de Ramavo

La grotte Ambalamena Ilomotsa (Photo n˚ 27) a donné naissance à de multiples légendes à cause des mystères non encore élucidés jusqu’à présent. Une croyance collective des autochtones est basée sur le fait que le zoma et la localité de Mahazoarivo sont reliés par un tunnel naturel long de quelques kilomètres. Mais actuellement, à longueur de temps, le tunnel est bouché et devient impénétrable. En outre, des animaux sauvages non identifiés, des reptiles dangereux, et insectes venimeux y vivent, ce qui rend difficile et très périlleux l’exploration au-delà des limites conseillées par les guides spécialisés locaux.

55

Ces informations émanant des autochtones ne sont pas destinées à faire reculer les visiteurs nationaux et les touristes internationaux, mais il faudra seulement en tenir compte, car le zoma n’est pas sans danger (Photo n˚ 28). Aussi, il faut aviser les visiteurs et afficher les avertissements et les précautions à prendre.

Photo n˚ 28

A l’intérieur du zoma (abri sous roches), une curiosité géologique. Vue partielle du labyrinthe

56 Carte n˚ 09

Le zoma Ambalamena Ilomotsa se trouve non loin d’Isorana et de Soatanana. Le tranomena de Vohitsisaky (lieu de sépulture royale Photos 30 et 31), est dans le même secteur

Source : ONG Haonasoa Fianar. Arrangement de l’auteur.

57

Le zoma de l’Isorana figure en tête parmi les atouts et curiosités touristiques de l’Isandra, voire de la Haute-Matsiatra. Depuis un certain temps, les Responsables étatiques et administratifs des Ministères concernés ont déjà entamé la démarche pour faire de ce zoma un patrimoine mondial matériel de l’UNESCO. Selon des sources autorisées, le dossier est en cours d’étude à Paris depuis un certain temps.

Photo n˚ 29

La couche de sons sur toute la surface d’un compartiment est très épaisse

L’amas de sons (Photo n˚ 29) dans plusieurs compartiments prouve la présence de l’homme avec ses activités liées à la préparation du riz, durant la royauté41. Ce témoin des activités humaines des siècles derniers nous mène à la visite d’une autre curiosité naturelle transformée par l’ingéniosité des anciens Betsileo.

41 Ce zoma a servi aux sujets d’Andriamanalina III de cacher ce souverain pour mieux le protéger de ses assaillants. 58 7.2. Le tranomena de Vohitsisaky : une merveille des falaises de granit migmatitique.

Le tranomena42 de Vohitsisaky est un monument qui témoigne des merveilles de la combinaison de la nature et des œuvres anthropiques (Photos ci-après).

Photo n˚ 30

Après la cassure, l’énorme croûte a pris place en contrebas. Une curiosité géologique exploitée par l’homme La flèche indique la grotte, lieu de sépulture

Les têtes de zébus installées dans l’excavation naturelle (Photo n˚ 31) annoncent la sépulture royale et princière. Pour des raisons de convenance et de tabou, la prise de vue n’a pu être effectuée de près. Le site de Vohitsisaky, comme le zoma de l’Isorana, ne peut être rallié que par un cheminement à pieds, d’où la nécessité et l’utilité de la randonnée. La fracture géologique du granit migmatitique du massif de l’Isandra a offert au lieu un énorme bloc, occupant une place stable à mi-hauteur. La façade visible de cette masse de granit comporte la caverne qui sert de loges funéraires aux souverains betsileo du temps du roi Andriamalina III. Seule la tombe de la reine Ramavo, contemporaine de Ranavalona III, se trouve au sommet du bloc de granit dominant l’entrée du zoma de l’Isorana. Le zoma et le tranomena forment un ensemble de sites exceptionnels qui

42 Tranomena : tombeau royal. 59 constituent des attraits du tourisme rural, du tourisme culturel et du tourisme élitiste. La visite du zoma et du tranomena, deux sites sis en altitude, incite les randonneurs à découvrir les autres sommets de l’Isandra.

Photo n˚ 31

L’excavation naturelle a servi de sépulture du roi Andriamanalina III et de ses descendants. Une des spécificités culturelles betsileo d’Isandra. Plan rapproché de la grotte vue de loin dans la photo n˚ 30 précédent

7.3. A la conquête des sommets.

L’Isandra, en tant que pays montagneux, possède multiples facettes d’altitude et de sommets : replat, haut plateau, crête, massif, chaîne, croupe, pic et cime via le col passage. Le plus haut sommet, Ampitsinjovana avoisinant les 2000 m, se trouve à Mahazoarivo la capitale de l’ancien royaume. Ce sommet offre une vue panoramique tous azimuts permettant un coup d’œil synoptique sur toute la région Haute-Matsiatra.

60 Photo n˚ 32

Le projet tutoré baptisé : « La randonnée granitique de l’Isandra ». La marche excursion d’une journée pour l’isolement en prière est organisée et pratiquée lors du isantaona de soatanana

La localité dite Fanjakana, non loin d’Anjoma Itsara, qui symbolise l’histoire betsileo et les liens avec le royaume merina, est perchée sur une montagne boisée d’eucalyptus. Les champs verdoyants, les rizières et les vignobles d’Andoharanomaitso forment un ensemble de superbes paysages visibles en plongée à partir des sommets aux alentours. Les adeptes de longue marche pour se rendre à Soatanana à partir de Fianarantsoa empruntent l’itinéraire direct traversant monts et vaux, en passant par le lieu-dit « Table des Apôtres ». Ce trajet se fait en cinq heures de temps, non-stop, pour les individus en bonne forme. Les amateurs et apprentis aventuriers effectuent la distance en sept heures. Toutefois, l’insécurité commence à rendre délétère ce type de tourisme sportif suite à une agression des dahalo à l’endroit des pèlerins ralliant Soatanana lors d’un isantaona. Ce ne sont que des exemples, car les chefs-lieux de CR sont entourés de montagnes, ou de collines. Mais le sommet le plus prisé de l’Isandra et le plus fréquenté est celui du mont Fiadanana faisant corps au site culturel et cultuel de Soatanana.

61 Autrefois, le sommet servait de lieu de pratique de sorcellerie par le fameux Rainisoalambo, père du revivalisme dans toute l’Afrique. Actuellement, il s’agit d’un lieu saint qui sert aux « Disciples du Seigneur » à réconforter les malades qu’ils prennent en charge. L’espace sert aussi à l’isolement en prière, une des pratiques dans le Réveil spirituel. Le sommet de Fiadanana demeure le symbole de la sacralité des montagnes (Photo n˚ 33).

Photo n˚ 33

Les Disciples du Seigneur tout de blanc vêtus travaillent le replat de la montagne

La Randonnée granitique pratiquée par des milliers de pèlerins chaque isantaona43 est combinée de la visite du site d’Ambatoreny où se trouve la demeure de Rainisoalambo au moment où il a eu la vision ayant donné naissance au premier fifohazana de Madagascar. La longue file indienne est hétéroclite, mais ce sont surtout les petits bourgeois en provenance des provinces malgaches qui apprécient cette randonnée à caractère spirituel. Pour certains, conquérir Fiadanana c’est un peu se rapprocher de la voûte céleste. Pour d’autres, c’est aller à la rencontre du Seigneur.

Cette profonde culture spirituelle enracinée en plein Isandra nous amène à parler des manifestations culturelles dans l’environnement profane de l’Isandra.

43 Isantaona : assemblée générale des Disciples du Seigneur du 14 au 18 septembre de chaque année. 62

8. Chapitre 8 - Manifestations culturelles, sportives et arts traditionnels betsileo.

La totalité du pays betsileo est riche dans le domaine de la culture. Actuellement, la grande famille se distingue en Betsileo Avaratra et Betsileo Atsimo. Le Betsileo Avaratra correspond dans la quasi-totalité à la région Amoron’i Mania, tandis que le Betsileo Atsimo à celle de la Haute-Matsiatra. Rappelons que dans l’ancien temps, l’Isandra était le plus vaste et le plus puissant des six royaumes qui avaient constitué l’« empire » d’Ibetsileo.

En général, les us et coutumes betsileo s’apparentent à celles de la nation : l’occupation de l’espace, les mois calendaires et l’astrologie (Photo n˚ 34). Il existe des variantes tant dialectales que culturelles et traditionnelles entre Betsileo Atsimo et Avaratra. Le volambetohaka par exemple, un festival qui, apparemment, était le seul apanage d’Ambositra, et qui a fait tâche d’huile dans tout le Betsileo Avaratra, est pratiquement introuvable en Betsileo Atsimo. Par contre, le savika44 ou tolon’omby se pratique partout en pays betsileo (Nord et Sud), évidemment avec des nuances de styles.

Photo n˚ 34

Le Mozea de l’Université de Fianarantsoa est une des entités permettant la documentation

Les trois chapitres qui suivent s’avèrent non exhaustifs tant les mœurs et pratiques sociétales betsileo sont de couleurs arc-en-ciel. L’Isandra conserve le plus, les manières héritées de la protohistoire vazimba du Betsileo.

44 Savika ou tolon’omby : combat entre l’homme et le zébu, un style de toréador à la malgache. 63 8.1. Le lapa et lanonana, le horija, le jejo45.

Le lapa et lanonana sont des pratiques festives dans la société betsileo. Le terme lapa s’applique spécifiquement à la circoncision qui est une occasion de grand rassemblement familial.

Les membres de la famille et les amis au village participent à cette fête en exécutant des attributions recommandées par la coutume et la croyance. Dès l’arrivée au village, les jeunes garçons sont chargés de chercher des cannes à sucre et de les déposer au coin Nord- est de la maison (Alahamady). Ces cannes à sucre vont servir d’objets de mêlée comme au rugby sitôt la petite chirurgie effectuée. Les invités aux nerfs solides se précipitent pour s’en emparer, d’où l’expression « Mitolom-pary ». Il s’agit d’une démonstration de force, dans le but de souhaiter que le petit garçon à circoncire, soit aussi solide que ceux qui ont pu s’en procurer.

Avant la circoncision, avant que les oiseaux diurnes ne survolent la source46, de jeunes filles et garçons costauds y sont envoyés pour chercher de l’eau, à l’aide d’un voatavo. L’eau transportée de la source jusqu’à la maison s’appelle « ranovita ». Une partie de cette eau froide sera dispersée sur l’enfant avant l’opération du prépuce, et l’autre sera bue par le même enfant. Cette pratique est recommandée par la croyance, car ce breuvage éviterait l’hémorragie. Le reste va servir à laver la plaie après l’intervention.

En guise de bénédiction, juste après l’intervention, chaque famille invitée se met en rang pour remettre aux père et mère de l’enfant le « tatimbary » ou « vandovia » contenant du riz et de l’argent. Le tatimbary est porté en première ligne par les femmes sur la tête, suivies des hommes en arrière. Le lapa est marqué par une veillée de danses et de boissons alcooliques, avant et après l’intervention du praticien traditionnel.

Par ailleurs, le lanonana est une grande fête rassemblant plusieurs personnes à l’occasion d’une circonstance autre que la circoncision. Il peut s’agir d’une exhumation, d’une cérémonie de mémoire dite « tsangambatolahy », d’une inauguration de tombeau dite « tandrafasana », ou de maison d’habitation dite « fidiranandranovao ». Un vœu exaucé peut aussi faire l’objet d’un lanonana de la part de la personne concernée. Ces deux cérémonies, lapa et lanonana, sont précédées de fanandroana (consultation d’astrologue) et de saodrazana (prières adressées aux ancêtres).

45 Les significations des mots en italiques sont données en annexe sur les pages du glossaire. 46 Entre une heure et trois heures du matin 64

Le horija est une activité traditionnelle effectuée par les artistes betsileo. Contrairement à l’acapela, il s’agit d’entonner des airs typiquement betsileo accompagnés d’instruments musicaux, notamment le jejo voatavo et le katraika (korintsana). Les paroles sont orientées vers la vie sociale, sentimentale (déclaration amoureuse), description élogieuse à l’endroit d’une personne célèbre, ou à un lieu de souvenir…

Comme le zébu a sa place dans la vie quotidienne du Betsileo, le horija est une occasion pour l’artiste de faire l’éloge de son propre bovidé qui, par exemple a réussi des exploits, soit en travaillant les rizières, soit en gagnant un combat entre taureaux. Le horija permet aussi au chanteur de décrire la suprématie d’un zébu, indomptable, lors d’un tolon’omby.

Actuellement, les artistes utilisent le kabosy parmi les instruments de musique pour donner plus de tonus à l’horija. Plus tard encore, le farara ou harmonica, contribue à l’évolution de l’horija. Une ressemblance de culture entre Merina et Betsileo est à signaler : en Imerina lorsque les Mpihiragasy sont invités par les spectateurs à effectuer de nouveau un air déjà joué (bis repetita), les personnes présentes « jettent » de l’argent (ou monnaies) vers les Mpihiragasy. Les Betsileo en font autant lorsqu’une ou plusieurs personnes demandent au troubadour de chanter un air à la demande.

Photo n˚ 35

Produits de l’artisanat et instrument de musique : jejo voatavo

Le jejo est un instrument de musique fabriqué à partir de la coquille de potiron séchée, c’est de cette manière que cet instrument a reçu son appellation jejo voatavo. Le jejo est un instrument à corde avec une manche et des mécaniques, un peu comme la guitare. La

65 voatavo séché sert de caisse de résonance pour une meilleure amplification du son musical, l’ensemble est dénommé jejo voatavo. Comme tout instrument de musique, le jejo a sa place en matière de feeling artistique et sentimental.

Photo n˚ 36

hsk « Voatavomonta » tranformé en katraika instruments de percussion

8.2. Le tolon’omby un sport viril betsileo.

Savika c’est le terme utilisé en Betsileo Avaratra, Amoron’i Mania. En Isandra, et dans tout le Betsileo Atsimo c’est l’expression tolon’omby qui est usuel. Il s’agit d’un sport propre aux Betsileo. Dans l’Isandra, ni Antandroy ni Bara qui sont des peuples pasteurs, et bien moins les Merina, ne pratiquent le tolon’omby. Mais, comme l’exception confirme la règle, des jeunes hommes non Betsileo, et sporadiquement des femmes Betsileo entrent dans la danse.

A part la pratique sportive à proprement parler, la finalité du tolon’omby est un entraînement personnel en vue des travaux des rizières. En fin de compte, les jeunes individus ont intérêt à maîtriser ce type de sport, car les bœufs sont destinés à piétiner les rizières. La manière dont on les dresse à se mettre au travail est exactement similaire au tolon’omby. Ainsi, les séances de tolon’omby constituent des entraînements pour les jeunes combattants.

Le tolon’omby fait partie des traditions anciennes betsileo (Photo n˚ 37). Généralement, à chaque festivité familiale ou sociale (lapa, lanonana ou autres), une séance de tolon’omby peut avoir lieu. On enferme dans le parc à bœufs le zébu le plus costaud et le plus féroce,

66 et c’est à l’intérieur que le spectacle se déroule. La mutation de la société traditionnelle vers la société moderne, fait que le tolon’omby commence à avoir sa place dans les villes. Photo n˚ 37

Un jeune adolescent d’Anjoma Itsara démontrant à la demande de l’enquêteur l’amorce du tolon’omby

Dans les villages, le tolon’omby est aussi une compétition organisée par les jeunes à titre de défi. Il n’est pas rare qu’il y ait des blessés. Selon des sources, des blessés graves ont même succombé suite aux blessures. Mais de tels incidents ne vont pas pour autant faire disparaître ce jeu viril, car c’est comme si de rien n’était. Bien au contraire, l’accident fait hausser la renommée du bovin, puisque la future personne, qui arrivera à mettre à terre ce célèbre animal, sera aussi auréolée de gloire.

Photo n˚ 38

Il suffit de quelques secondes pour que le jeune torero immobilise le bovidé

Dans la plupart des cas, le combattant use du gris-gris ody tandroka, car ce dernier fait entièrement confiance à cette technique de défense, et est ainsi convaincu de son efficacité. Les cornes du zébu ne pourraient jamais percer son corps. Si cela s’avère fondé,

67 le spectacle de tolon’omby va s’ajouter aux curiosités pour tous visiteurs. Une certaine somme pourrait être allouée au vainqueur dans le cas où des parieurs misent et émettent des pronostics sur le combat.

8.3. L’art oratoire betsileo : sokela, treka, kabary.

Deux grandes figures historiques de l’ancien Betsileo : Ratsivalaka (un Antemoro ombiasa47 du roi Andriamanalimbenitany) et Rainisoalambo (le père du réveil spirituel de toute l’Afrique) ont été des orateurs talentueux dont les valeurs dépassent actuellement nos frontières. L’ombiasa du puissant régent, alias Docteur Ratsivalaka, était non seulement un guérisseur traditionnel, mais aussi un habile et sage conseiller de la cour. « Docteur »48 Ratsivalaka était pour Andriamanalimbenitany ce que le fameux Andriamahazonoro était pour Andrianampoinimerina. Rainisoalambo, fils de Marambasia49, devenu à son tour Marambasia succédant à son père discoureur du roi, était aussi un devin sorcier, qui usait de talismans et d’amulettes pour guérir ou pour porter atteinte à quelqu’un, selon le cas. Grâce à son talent d’orateur et de discoureur, il était d’office agent d’affaires et jouait le rôle d’avocat au tribunal féodal. Les Missionnaires britanniques du LMS50 l’ont nommé régisseur général du temple.

Photo n˚ 39

Le tranomena de Ratsivalaka à Mahazoarivo (Isandra Fianarantsoa II). Ratsivalaka fût le plus grand guérisseur et détenteur du pouvoir surnaturel pendant le règne d’Andriamanalina I. Il s’est enterré dans sa propre tombe. Comme Andriamahazonoro, astrologue chiromancien antemoro devenu conseiller d’Andrianampoinimerina, Tsivalaka (lui aussi Antemoro de Vohipeno) était le bras droit d’Andriamanalimbenitany et a reçu le titre et l’appellation de Docteur Ratsivalaka Source : ONG Haonasoa Fianar

47 Ombiasa : individu prédicateur de l’avenir, devin sorcier, manipulateur d’oracle. 48 Appellation donnée à Ratsivalaka 49 Marambasia ou Mpikabarin’andriana est une fonction évolutive, le Marambasia assume automatiquement le rôle d’agent d’affaires auprès du tribunal féodal. 50 London Missionary Society dont les missionnaires étaient les premiers installés dans l’Isandra vers 1866. 68

Le sokela est d’usage chez le Betsileo en guise de salutations et de bienvenue adressées aux convives à une fête (lapa ou lanonana). Le sokela ne se pratique pas lors des discours funèbres. Le discours lors des obsèques s’appelle nenegna qui consiste à prononcer l’éloge funèbre à l’endroit du disparu. Le nenegna se termine par un remerciement ou kabary.

La spécificité du sokela est l’art pour le locuteur de faire des rimes dans son discours. Les termes prononcés au cours de cette sorte de poésie sont appelés kalita ou kipotsaka. Ce sont les hôtes qui sont chargés de prononcer le sokela. A leur tour, les invités répondent aussi de la manière sokela. Par conséquent, les invités sont censés avoir un porte-parole habile, capable de prendre part au sokela. Le sokela est un genre de dialogue où les deux parties montrent leur talent et savoir-faire en matière de poésie.

Le sokela doit être effectué en dialecte betsileo pure, sans faire appel à aucun mot d’autres régions et surtout pas le français ou l’anglais. Le sokela marque la convivialité entre des personnes qui se connaissent. C’est une belle manière d’échanger de bonnes nouvelles et de se partager de nouvelles expériences vécues de part et d’autre.

Le kabary est une pratique traditionnelle betsileo qui consiste à raconter en public les caractéristiques d’une quelconque matière, ou l’origine d’une personne, sa lignée, sa généalogie, sa puissance économique, son niveau d’études, sa religion… En principe, c’est un raiamandreny51, assisté d’un autre individu, qui effectue le kabary. L’objectif du kabary est le même que celui du kabary effectué par les dirigeants, mais c’est la manière qui diffère. Pour la demande en mariage, il s’agit de fangataham-bady et non pas de kabary am-panambadiana comme en Imerina.

Le treka est une sorte de concertation familiale du type “takariva amorom-patana” ou du “dinidinika ambany tafotrano” en Imerina. Le treka est un cadre d’échanges d’idées, de points de vue et de discussion. On peut effectuer le treka en plein air.

Autrefois, le treka se pratique au cours de jeu d’adresse ou de jeu d’esprit comme au fanorona. Le treka entamé en cours de jeu sert à expliquer la tactique ou dévoiler une stratégie d’attaque ou de défense. Il matérialise aussi l’élaboration d’un plan de développement.

51 Raiamandreny : en trois mots, ray aman-dreny signifient parents (père mère), mais écrit en un seul mot veut dire dignitaire, autorité etc. 69 Le treka se fait en famille, dans la société, dans le cadre des activités de subsistance, entre cultivateurs ayant terminé les travaux des champs avant de rentrer. L’établissement d’une règle de société à la manière coutumière peut se faire à l’aide d’un treka. Normalement, il appartient au plus âgé d’engager la discussion dans un treka, cependant, chacun peut par la suite prendre la parole. Les jeunes ont droit à la parole s’ils ont quelque chose à dire lors d’un treka. Le treka renforce davantage les liens d’amitié. Des personnes qui ne s’entendent guère ne peuvent pas être unis par un treka. Ce volet concernant l’art oratoire du Betsileo, nous introduit directement sur le dernier chapitre de notre étude.

70 9. Chapitre 9 – Le tourisme religieux.

Le pèlerinage, tourisme religieux ou cultuel est une forme de tourisme qui est déjà pratiqué dans le monde. Il peut être classé dans plusieurs types de tourisme : tourisme de masse (toute connotation péjorative de ce type de tourisme mise à part), tourisme culturel, tourisme rural et solidaire, tourisme responsable, tourisme sportif et bien d’autres… La masse de participants au pèlerinage justifie son classement dans le tourisme de masse : Rome, Jérusalem, Saint- Jacques-de-Compostelle, Lourdes, La Mecque, Rio de Janeiro, Yamoussoukro…

Le tourisme religieux est aussi pratiqué depuis des décennies, voire plus d’un siècle à Madagascar. Les adeptes des religions chrétienne et traditionnelle voyagent en grand nombre pour des recueillements, des ressourcements, des prières intensives vers un lieu spécifique, ou un site approprié. Les Fitampoha, Fanompoambe, Tsangantsaina, Alahamadibe, Sambatra, qui sont à la fois des fêtes et des rites religieux adressés aux dieux et aux ancêtres sont pratiqués depuis les siècles derniers. Les Chrétiens, avec le pèlerinage catholique d’Anosivolakely et les isantaona fifohazana des quatre tobilehibe protestants (Ankaramalaza, Manolotrony, Farihimena et Soatanana), se chiffrent en milliers.

9.1. Fianarantsoa, là où s’apprend le bien.

Sur les quatre tobilehibe protestants qui existent à Madagascar, trois sont implantés dans la seule province de Fianarantsoa. C’est dire que cette province est certes la plus arriérée, comme disent les anciens dirigeants, dans certains domaines, mais au plan spirituel, l’on peut en déduire qu’il s’agit de la province la plus christianisée. Cette assertion est confirmée pas la forte présence de toutes les grandes missions évangélisatrices à Madagascar, entre autres, catholique, luthérienne et réformée.

La ville de Fianarantsoa a été créée par le roi Rajoakarivony I conformément à un décret de Ranavalona I, Reine de Madagascar. Elle fut érigée pour être la réplique de la ville d’Antananarivo. Le nom signifie littéralement « Là où s’apprend le bien ». Fondée sur les hautes terres centrales de Madagascar, Fianarantsoa a à peu près la même altitude que la capitale malgache. Il en est de même pour le climat et les reliefs.

Chef-lieu de province et de région (Haute-Matsiatra), Fianarantsoa possède les infrastructures urbaines modernes que nécessite le tourisme national et international. Sur le plan administratif, académique, religieux et financier, Fianarantsoa est dotée d’entités publiques nécessaires pour la circulation des personnes et des biens (transports,

71 communication et télécommunications, hôpitaux…), université, archevêché, banques, assurances et hôtellerie…

Photo n˚ 40

Ambatomisisoratra à Alakamisy Ambohimaha : portail d’entrée de Fianarantsoa Les flèches noires indiquent la fameuse gravure supposée hébraïque par plusieurs sources

Fianarantsoa est une ville touristique : tourisme urbain, tourisme culturel et élitiste, tourisme religieux, tourisme sportif, festival du vin… Comme Fianarantsoa constitue la porte de l’Isandra et de Soatanana, il est indispensable d’évoquer le site d’Ambatomisisoratra à Alakamisy-Ambohimaha (Photo n˚ 40). Il s’agit bien entendu, des gravures apparentes sur le flanc du massif granitique non loin de cette CR. Selon la thèse des chercheurs, notamment les Théologiens, les Anthropologues et les Archéologues, ces sortes d’inscriptions sur la falaise seraient de l’ancienne écriture araméenne qu’auraient dû effectuer des expéditions en provenance de la Palestine pour exploiter l’or et les bois précieux de Madagascar. Mais jusqu’alors, cette information n’est qu’au stade d’hypothèse de beaucoup de chercheurs. Néanmoins, la position que cette falaise occupe intéresse les observateurs et les visiteurs. Par rapport aux pierres levées (sortes de dolmens) implantées sur la côte de Mandalahy, la falaise est exactement en position diamétralement opposée (Photo n˚ 40bis). D’ailleurs, la falaise d’Ambatomisisoratra, suite aux discours que le Président Ratsiraka prononçait, attirait bon nombre de curieux. 72

Aussi, Ambatomisisoratra, dont l’accès est actuellement règlementé, est devenu une curiosité touristique. Elle est en position avancée par rapport à Fianarantsoa, pour être le portail de la capitale du Betsileo.

Photo nº 40bis

Vue partielle des pierres levées (type de dolmens) sur la côte de Mandalahy, diamétralement opposées à Ambatomisisoratra

9.2. Soatanana « Le beau village blanc ».

La région Haute-Matsiatra englobe le district de l’Isandra où se trouve Soatanana, le berceau du Réveil spirituel de Madagascar, sinon de toute l’Afrique. En effet, le fameux devin sorcier Rainisoalambo devance les deux illuminés du continent africain au plan revivalisme spirituel. Le Réveil de Rainisoalambo s’est manifesté le 14 octobre 1894, tandis que celui du Libérien William Wade Harris52 et du Congolais Simon Kibangu53 ont eu lieu respectivement en 1913 et 191854. Ainsi, la palme revient à Madagascar dans le domaine du pèlerinage au sein des centres de réveil spirituel. La diffusion sur Internet de

52 William Wade Harris, considéré comme prophète par les Harristes. Ce Libérien a évangélisé le long du littoral ivoirien. 53 Simon Kibangu, quoique son ministère du revival n’ait duré que 7 mois, il a donné naissance à l’Eglise Kibanguiste. 54 Solomon Andria, Réveils en Afrique, in Théologie évangélique, vol. 7 n˚ 1, 2008, pp. 79-88. 73 ces données a provoqué un rush d’intéressés, pour des raisons d’informations, ou d’aventure à Soatanana. Aussi, depuis notre travail de projet tutoré et mémoire lors des années d’études en licence et maîtrise respectivement intitulés : « La randonnée granitique de l’Isandra » et « Soatanana : itinéraire culturel », plusieurs expatriés et nationaux résidant à l’étranger sont venus visiter Soatanana pendant le isantaona (du 14 au 17 septembre) ou le long de l’année.

Photo n˚ 41

La demeure de Rainisoalambo, lieu du Réveil du père du Revival malgache, à Ambatoreny

Par ailleurs, des artistes plasticiens de renommée, de nationalité malgache et étrangère, ont déjà été des pionniers qui ont vulgarisé l’endémicité de Soatanana, à l’instar de Pierrot Men, le photographe professionnel de Fianarantsoa, avec son exposition de photos à Paris intitulée « Soatanana le beau village blanc ». Jean-Pierre Mellaert (de Tintin Photos), est l’auteur de prises de vue artistique sur Soatanana. Rozenn Leboucher, une photographe spécialisée dans le domaine de la culture, anthropologie, ethnographie et tourisme, est venue spécialement à Soatanana en tant que chasseresse d’images insolites, et bien d’autres comme la chaîne de TV France 24 récemment.

74 Photo n˚ 42

Sortie de chapelle des Apôtres du fifohazana à Soatanana

Il n’y a pas seulement que le village qui est blanc à Soatanana. Tous les Apôtres, enseignants, élèves sont vêtus de blanc. Cette « blancheur » est recommandée par la doctrine héritée de Rainisoalambo.

9.3. Ankerana le village champignon du néo fifohazana.

Si Soatanana tient le droit d’aînesse dans le domaine du fifohazana, Ankerana figure parmi le peloton des derniers-nés que nous démystifions et désignons par le terme « néo fifohazana ».

Ankerana était un petit village d’une dizaine de toits appartenant à la CR d’Isorana. Le Catéchiste du lieu Rakotondrasamy, alias Dadasamy, a érigé une nouvelle église au village d’Andohareana qui a pris par la suite le nom d’Ankerana. Le nouvel Ankerana (Photo n˚ 43, page 76) est devenu célèbre, et a attiré un rush inexplicable de croyants. Ces derniers s’y rendent pour consulter Dadasamy, considéré en quelque sorte comme un prophète. D’autres y viennent pour se soigner d’une maladie mentale, spirituelle, voire physique, par la miraculeuse cure d’âme et de l’imposition de main par cet extraordinaire personnage.

De telles informations permettent d’affirmer que le fifohazana est porteur de nouveau souffle et est vecteur de nouvelle civilisation et culture, donc de développement. Dadasamy a su et pu, en un temps record, propager sa doctrine et a obtenu l’adhésion de convertis, dont des intellectuels et des Responsables des gouvernements successifs.

75 Photo n˚ 43

La butte d’Ankerana devenue célèbre à cause du rush de milliers de gens à chaque AG annuelle du 3 juillet

Epaulé par la diaspora malgache, ce personnage atypique a pu mettre les pieds à travers plusieurs pays d’Europe et en Amérique du Nord. Par la suite, les intéressés devenus des disciples inconditionnels se sont rendus à Ankerana.

Photo n˚ 44

L’élevage bovin et la production agricole sont encouragés à Ankerana, sans contrainte

76 La plupart d’entre eux ont procédé sans hésitation à la construction de maisons sur place, en prévision d’hébergement lors du isantaona. Le jeune fifohazana d’Ankerana s’est fixé son isantaona le 3 juillet de chaque année.

A une certaine tranche de la décennie 2000-2010, Ankerana a concurrencé, voire surpassé, le nombre de pèlerins venus à Ankaramalaza. Ce dernier héberge chaque année 15000 à 20000 âmes.

Cette migration massive vers Ankerana, même temporaire, a des impacts sur l’économie de la communauté de base réceptrice et de la collectivité locale. D’ailleurs, la population paysanne d’Ankerana est agricole (Photo n˚ 44, page 76).

77 Conclusion partielle

L’Isandra possède des potentialités et curiosités, tant naturelles que culturelles, exploitables pour la promotion de plusieurs catégories de tourisme.

En premier lieu, les montagnes et les massifs granitiques offrent une série de sites qui constituent des atouts. Ceux-ci sont transformés par les proto Betsileo, soit en abris sous roches ou en site collinaire défensif comme les zoma, soit en lieu de sépulture comme les excavations naturelles d‘Itomany et de Vohitsisaky. Les sommets attirent de leur côté les randonneurs, et dans l’avenir ils pourraient servir de points de décollage des parapentes ou des sauts à l’élastique dans le domaine du tourisme sportif et ludique.

Dans le domaine de la culture, l’Isandra faisant partie du pays Betsileo est doté de diverses activités récréatives morales et physiques. Les activités artistiques et sportives peuvent faire l’objet de recherches.

Sur le plan spirituel, l’Isandra avec ses deux importants toby fifohazana reçoit pendant l’année des pèlerins et visiteurs qui viennent soit pour se ressourcer, soit pour des besoins de cure d’âmes.

Photo n˚ 45

La Maison des Guides devant la gare ferroviaire FCE. Fianarantsoa, carrefour du Sud, est le portail de l’Isandra

78 Conclusion générale

Le district de l’Isandra, de par sa situation géographique, possède des avantages physiques et économiques qui peuvent être valorisés et exploités dans le secteur du tourisme. C’est un pays montagneux avec des espaces aménageables, favorables à la mise en place de projets de développement. Sur le plan anthropologique, l’Isandra qui détient une brillante histoire, a donné naissance à une culture et une civilisation laissant comme héritage des traditions perpétuelles. Ces avantages naturels, assortis de diversités culturelles ont forgé un mode de production, permettant tout d’abord d’aboutir à une certaine autosuffisance alimentaire, et ensuite de transformer l’économie primitive autarcique en une autonomie de transition. Quant aux ressources humaines et naturelles, ces dernières se diversifient dans l’Isandra.

Nous avons pu constater dans cette étude que, les merveilles de la nature et des montagnes, constituent des potentialités touristiques, qui ne sont malheureusement pas exploitées jusqu’à présent. La situation politique du pays, la sécurité intérieure, la détérioration des routes et des moyens de communication sont des facteurs qui ralentissent la croissance du tourisme. Madagascar sombre dans une spirale infernale, qui empêche l’économie du pays d’émerger. La pauvreté ne cesse d’augmenter année par année, la famine faisant rage, fait des victimes dans les quatre coins du pays. Pourtant un paradoxe s’impose : car comment pouvons-nous parler de famine dans un pays où une région telle que l’Isandra, détient une richesse agricole et minière. Malgré la mise en place de certains organismes, la région peine à commercialiser ses ressources premières. Certes, tout au long de notre étude, nous nous sommes basés sur l’exposition des problèmes mais qui dit problèmes dit solutions. En effet, la lutte contre la pauvreté doit s’opérer sur deux volets :

- Tout d’abord, éradiquer la famine qui sévit à l’intérieur du territoire national, en commercialisant à moindre coût les produits. Mais tout ceci entraînera une création d’emploi afin d’aboutir à cette production, qui nécessitera le recrutement de la main d’œuvre locale, (création d’usines, amélioration du système de transport pour effectuer la distribution).

- Et enfin, il est bon de prendre exemple sur certains pays en voie de développement (PED) qui ont réussi à faire bondir leur économie. En effet, tout repose sur l’exportation des matières premières. L’Afrique qui est cependant le deuxième continent à consommer le plus de riz au monde, n’arrive pas encore à satisfaire les besoins (les terres et les climats ne sont pas assez favorables à la culture, et la maîtrise de l’eau pour l’irrigation des rizières ne permet pas encore plus de deux cycles de production rizicole par an comme dans les pays asiatiques).

79 Après la Colombie, la Côte d’Ivoire et le Brésil, Madagascar détient le meilleur café au monde, que ce soit en termes de qualité ou de quantité.

L’Isandra, comme la plupart de certains sites mondiaux, s’avère être un lieu de pèlerinage religieux pour certains, ou un lieu de ressourcement (Soatanana, Ankerana). Mais l’insécurité et l’instabilité du pays, freinent toute sorte d’investissement. D’ailleurs, pour l’année 2013, les statistiques d’évaluation émises par le tobilehibe Soatanana affichent une nette régression quant au nombre de participants au isantaona du 17 septembre dernier.

De par ses atouts et potentialités, l’Isandra demeure un outil efficace pour la lutte contre la pauvreté. Mais comme nous avons pu le constater, le facteur principal qui mine à l’avancée de cette lutte est la crise politique actuelle. Une éventuelle inscription du zoma de l’Isorana comme patrimoine mondial de l’UNESCO ne mérite-t-elle pas une intense démystification et des études afin d’attirer les bailleurs et investisseurs de tout bord ? Le statut du zoma comme patrimoine mondial de l’UNESCO exige une amélioration de l’infrastructure routière et une réfection des pistes et RC. Une prise en main plus consistante par les décideurs politiques tenant du pouvoir pour le contrôle de la fameuse Vallée des mines n’est-elle pas plus que nécessaire ? Sinon, faudrait-il laisser aux trafiquants et aux orpailleurs la prérogative d’exploiter à outrance ces ressources naturelles ? Serait-ce nécessaire d’affirmer que l’existence des gîtes miniers favorise l’essor du tourisme de l’orpaillage ? Naturellement, ce dernier est conditionné par la sécurité. De tel paradigme constituerait une ouverture et un aménagement dans la région. Des perspectives d’aménagement général pour le développement régional forment une alternative vis-à-vis de l’exploitation illicite perpétrée par les hors-la-loi.

Il n’est pas encore trop tard, et non impossible d’exploiter les ressources minières pour le développement de la région. Mais encore faut-il qu’il y ait une sécurisation pour les éventuelles parties prenantes. Etant donné que l’exploitation minière s’opère encore dans la clandestinité, une législation spéciale destinée pour cette région devra être incessamment mise en place. Pour ce faire, une meilleure organisation de l’exploitation et un bon contrôle de l’application de cette législation occasionneront un développement pour la région

Malgré tout, que ce soit sur le plan régional ou national, la force de ce pays réside dans le « cœur de la population » qui, durant des générations, fut connu pour son comportement pacifique. Le temps passe et l’instabilité gagne du terrain. Mais, l’espoir de voir l’économie du pays renaître, permet à tous de vivre malgré et envers tous les problèmes qui y persistent.

80 En guise de clausule, un natif du Betsileo, haut responsable de l’Université de Fianarantsoa, affirme qu’un changement de mentalité devra s’opérer au niveau des individus qui se proclament ouvertement être les « propriétaires » des patrimoines matériels et immatériels du Betsileo. Selon ce grand commis, cette manière de penser et d’agir constitue un obstacle à toute velléité de valorisation de tel ou tel patrimoine, richesse de la Haute-Matsiatra. Cette personnalité avance comme argumentation le cas du site historique de Kianjasoa à Fianarantsoa, et d’autres sites de l’Isandra comme Soatanana et la fameuse pierre couchée Malazamandry témoin des démonstrations de force entre les royaumes de l’Isandra et de l’Arindrano.

81 BIBLIOGRAPHIE

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82

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- PUMAIN Denise, SAINT-JULIEN Thérèse, L’analyse spatiale 1. Localisations dans l’espace, Collection Cursus, série « Géographie » sous la direction de Ph. Pinchemel, Masson & Armand Colin Editeurs – 34 bis, rue de l’Université – 75007 Paris, 167p.

- RAISON-JOURDE Françoise, Les souverains de Madagascar, l’histoire royale et ses résurgences contemporaines, Editeurs KARTHALA, 476p.

- VÉRIN Pierre, MADAGASCAR, Editions KARTHALA, 270p.

Ouvrages techniques :

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- MERENNE, SHOUMAKER B., Analyser les territoires. Savoir et outils, Bonchamps-Lès- Laval, Presses Universitaires de Rennes, 2002, 166P

83 - RAJEMISA Raolison, Dictionnaire historique et géographique de Madagascar, Librairie Ambozontany – Fianarantsoa 1966, 384p.

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- ESCANDE Elisé, Les disciples du Seigneur (Un mouvement d’évangélisation à Madagascar), Société des Missions Evangéliques, Paris 1926, 97p.

- JOYCE PETER, Presenting South Africa,. First publication in 1998, copyright in published edition, Struik Publishers (PTY) LTD 1998, 228p.

- KAZUYOSHI NAMACHI, Pèlerinages, 30 ans de grands reportages à travers le monde, édition française 2005 par le National Geographic Society, 509p.

- KÜMMERLY + FREY, Grand atlas de l’évasion en voiture Suisse-Europe, 1991, éditions géographiques, Berne, 650p.

- THUNEM A. Historique du réveil spirituel à Madagascar, 1935, 112p.

- VAISSE Christian, MADAGASCAR, Photographies et texte, les Editions Arthaud, Paris, 1990, 192p

- WHEELER A., SELKE P., Objectif Nature. Les requins, éditions Gamma – éditions Héritage INC, 36p.

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84

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- RAZAKA Oliva, Démythification par voie de média d’un site de pèlerinage dans les perspectives de développement touristique: l’exemple du tobilehibe Soatanana (province de Fianarantsoa), mini-mémoire de DEUG de fin d’études en Journalisme, FJ, fac/FLSH, novembre 2006, 41p.

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- DIETER Fahrni, Histoire de la Suisse. Survol de l’évolution d’un petit pays depuis ses origines jusqu’à nos jours, 4ème édition 1989, édition PRO HELVETIA, 112p.

- KACOU Roger, Ministre du tourisme ivoirien, Relance du tourisme ivoirien. Le pari de Roger Kacou, in Fraternité Matin, nº 14574 du 28/06/2013, p. 4-5

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- RADILIFERA Henri, RAZAFISON Rivonala, SOATANANA « Le village blanc », in Revue de l’océan Indien, Madagascar, nº 197, novembre 1999, pp 51-58.

Rapports :

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- RANTOANINA M., Itinéraires de collecte minéralogique le long des principales routes du Sud de Madagascar, mars 1997.

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55 Bibliothèque de Géographie FLSH, Bibliothèque universitaire BU, Académie malgache Tsimbazaza, Centre de documentation du Ministère du Tourisme, CIDST Tsimbazaza, IRD Ambatoroka, CITE Ambatonakanga, American Press Center, Centre de documentation MAE, DEFAP Arago Paris, Centre de pèlerinage de la Sainte Médaille Paris, Bibliothèque de Carouge Genève, Salle de conservation des documents authentiques produits par Martin Luther château de Wartburg Eisenach Allemagne, IFCI Abidjan. 86 Liste des personnes ressources

Andriamananjara Rambeloson Harivola, Chef du Département de Géographie FLSH. Andriamirado Nony Tiana, Chef de service Conservation du patrimoine national. Andrianantenaina Jean Edmond Elaboration du schéma d’aménagement touristique, Coopération suisse ONG HAONA SOA Andriarimanana Henintsoa Prince betsileo, Ankaraoka, Andoharanomaitso Delannoy Fabrice, Photographe professionnel, artiste plasticien, auteur de prises de vue artistiques sur Soatanana. Harilalaina Irma Juliandres, Chef de district de Lalangina. Heliarimalala Mireille SAHA Betsileo Lot 002/3606 Villa Anne Ivory Fianarantsoa. Kam C.H.L. PDG d’entreprise, Economiste, Antananarivo. Latimer Rangers, Journaliste Grand Reporter, pionnier escalade de découverte de la montagne d’Ambondrombe RHM. Leboucher Rozenn, Photographe spécialisée dans le domaine de la culture, anthropologie, ethnographie et tourisme, chasseresse de photos insolites dans le monde. Lalaonirina Zorlin Zaielle Secrétaire Général de la RHM. Mallaert Jean-Pierre, Photographe, TINTIN PHOTOS, auteur de prise de vue artistique sur Soatanana. Men Pierrot, Photographe professionnel, Studio Labo Men, Fianarantsoa. Pfnausch Gerhard, Guide touristique spécialisé, Wartburg, Eisenach, Allemagne Rabemanantsoa Noêl, Ph’d, Professeur SALT Fianarantsoa, Notable betsileo. Rabiaza Faliana, Cadre responsable de circuit MADA 2047. Rafaharoandraibe Rolands Conservation International Fianarantsoa Rafanomezantsoa Marojaona Pasteur Mpitondra Fileovana FLM Andoharanomaitso. Raharimalala Emeline, Directeur du Patrimoine, MCP. Raharison Benjamin, Chef de région Haute-Matsiatra. Rahonintsoa Elyane, Maître de Conférences, FLSH, Ex-Présidente de l’Office Régional du Tourisme Analamanga (ORTANA). Rajosoa (Dada), Pastora Iraka, Raiamandreny du tobilehibe Soatanana Rakotondravohitra Nisa Danielina, Chef de service Normes et Labellisation (Ministère Tourisme) Ralaivita Mamy Médecin, Directeur technique SALFA Andohalo, Mpanakanto manandratra ny horija betsileo, lauréat de Découverte 83. Ramampy Lechat Zénaïde, Ancienne Député-Maire d’Ambalavao Tsienimparihy. Ramasivanona Paul Marie Léonard (GP1) Commandant de Brigade Gendarmerie Andoharanomaitso. Rambeloson Jean-Aimé, Historien africaniste, cadre betsileo natif de la RHM. Ranaivo Jonah (feu), Exploitant minier à Soatanana. 87 Randramampianina Charles Walter, Pasteur, ancien Président du SPAf. Randriamandimbisata Enintsoa Chef district Isandra Randriamandranto Joël, Past-Président de l’Office National du Tourisme ONTM Randriambololona Gérard Association HAONA SOA Antarandolo Fianarantsoa. Randrianandrasana Jean Pierre Pasteur de la paroisse FLM Anjoma Itsara. Randrianarivo Lala (Mme), Chef de service de suivi de la gestion des hôtels d’Etat au Ministère du Tourisme. Randrianasolo Jean Ernest (feu) Notre guide (itinéraire Andimbe-Mahazoarivo via Antoetra). Randrianirina Dieudonné, Pasteur, Président du SPAf FLM, Fianarantsoa Randrianony Pierre Descendant d’Andriamanalina III Antambohobe Vohitsisaky. Rantoanina Maurice, Ingénieur géologue retraité. Rasoamiaramanana Armand Hubert, Biostratigraphe, Maître de Conférences Faculté des Sciences Rasoanambinina Saholy Secrétaire exécutif Office Régional du Tourisme.Fianarantsoa. Rasolonirina Faralahy Joseph Tsarahonenana Antambohobe Vohitsisaky. Razoanirina Agnès Marie Léonide Maire de la CR Mahazoarivo Ratefiarivony Jeannet Jonah, DG ADER et SERMAD, maître d’œuvre d’électrification rurale de l’Isandra. Ratovondrahona Léonard, Technicien à la Direction Générale de la Météorologie. Ratsimbazafy, Maître de Conférences, Université de Fianarantsoa. Ratsimbazafy Jaona Olivier, Chef de service Musée universitaire de Fianarantsoa. Raveloson Claude Gaude, Directeur Interrégional du Tourisme, Circonscription de Fianarantsoa. Ravololonandrianina Jeannette Elysée Ingénieur agronome, ancien Chef de service de la Protection des Végétaux, Antananarivo. Razafimahatradraibe Maire de la CR Andoharanomaitso Razafimahefa Sedera Directeur exécutif Office Régional du Tourisme Fianarantsoa. Razafindravola Marie Esther Michel, Maire de la CR Isorana, chef-lieu de district.Isandra Thosun Eric Mandrara, Economiste, Professeur Faculté DEGS. Vincent Jules, Antandroy migrant à Andimbe, paysan et exploitant Minier. Conseiller communal Isorana, membre OPCI.

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ANNEXES

89 FICHE D’ENQUETE MÉNAGE

I. IDENTIFICATION DU MENAGE Nº fiche d’enquête : __0__/ _0__/ _1__/ Date de l’enquête : 10/ 02/ 2012 Lieu de l’enquête : ___Anjoma Itsara (Chef-lieu de CR)_____ Heure de début et heure de fin de l’enquête : 14 h / 20 mn à 16 h / 00mn Nom de la personne enquêtée : RANDRIANANDRASANA Jean Pierre (Pasteur de la FLM Anjoma Itsara)

Fokontany Benangana

Hameau/village

ID ménage Nom du chef de ménage RANDRIANANDRASANA Jean Pierre

Sexe F : M : x NS Primaire

Secondaire I Niveau d’instruction

Secondaire II Universitaire x Marié(e) Divorcé(e) x

Statut matrimonial Veuf(ve) Célibataire

Foyer Nombre de personnes : 08

Parcelles Nombre total : 03

90 II. ACTIVITES GENERATRICES DE REVENUS

II.1. Capital foncier

Mode de faire valoir Nombre Code parcelle

En propriété (1 vatra = 0,8ha) 1,2

Location

Empruntés 01

Métayage

Total 02

II.2. Agriculture

Type Surface cultivée Récolte par an

Riziculture Riz 01 ha 02 tonnes (insuff. engrais) Maïs Pour la Cultures vivrières Manioc 5 ares consommation Patate douce Annuelle ménage

Cultures maraîchères Brèdes légumes 50 m² Besoins du foyer

Arboriculture Pêchers manguiers Besoins du foyer orangers avocatiers

AUTRES*

* Si oui, à préciser

91 II.3. Elevage

Nombre/quantité Destination

BOVIN (Tête) 02 Charrue

PORCIN (Tête) 02 Vente

AVICULTURE (Tête) 20 Vente

APICULTURE (ruche) 02 Vente

PISCICULTURE (m²) 40 Vente

Canards 10 AUTRE* Oies 06 Vente Dindes 06

* Si oui, préciser

II.4. Exploitation minière

Nombre/quantité Destination

Pierres industrielles

Béryl

Grenat

Tourmaline

Or

AUTRE*

* Si oui, préciser 92 III. ACTIVITES SOCIOCULTURELLES

Type d’activités Lieux de déroulement

Activités politiques Conseil municipal Mairie Membre de la Activités culturelles chorale FLM FLM Anjoma Itsara A travers 6/11 CR Activités sportives Marche/jogging du district Vente de produits Marché d’Anjoma Activités commerciales agricoles et couture Itsara Pasteur de Anjoma Itsara Activités religieuses paroisse Président de district Toutes les paroisses AUTRE* luthérien du district

* Si oui, préciser

93 FICHE D’ENQUETE collectivité de base

IV. IDENTIFICATION DE LA COBA Nº fiche d’enquête : __0_/ _0__/ _2__/ Date de l’enquête : 12/ 02/ 2012 Lieu de l’enquête : ___Andimbe (CR Isorana)____ Heure de début et heure de fin de l’enquête : 19 h / 00 mn à 20 h/ 15 mn Nom de la personne enquêtée : VINCENT Jules (Antandroy migrant, paysan, exploitant minier, membre OPCI)

Fokontany Isorana

Hameau/village Andimbe

ID ménage Croisement Soatanana RN 42 ; PK 32 Nom du chef de ménage Antoine de Padoue

Sexe F : M : x NS Primaire

Secondaire I Niveau d’instruction

Secondaire II x Universitaire Marié(e) Divorcé(e) x

Statut matrimonial Veuf(ve) Célibataire

Population Nombre : 16400 Nombre de votants

Parcelles Nombre total : 04

94 V. ACTIVITES GENERATRICES DE REVENUS

II.1. Capital foncier

Mode de faire valoir Nombre Code parcelle

En propriété (1 vatra = 0,8ha) 1,7

Location

Empruntés

Métayage

Total 1,7

II.2. Agriculture

Type Surface cultivée Récolte par an

Riziculture Tsiangapeta 1,5 ha 3,5 T maroanaka Manioc Cultures vivrières Maïs 02 ha 6 T Arachide

Cultures maraîchères

Arboriculture

AUTRES*

* Si oui, à préciser

95 II.3. Elevage

Nombre/quantité Destination Charrue BOVIN (Tête) 10 Vente

PORCIN (Tête) Vente AVICULTURE (Tête) 60 Consommation

APICULTURE (ruche)

PISCICULTURE (m²) Vente AUTRE* moutons/chèvres occasionnels Consommation

* Si oui, préciser

II.4. Exploitation minière

Nombre/quantité Destination

Pierres industrielles 100 kg Vente

Béryl

Grenat Barika : 100 kg Tourmaline : Gem 30 kg Vente

Or

AUTRE*

* Si oui, préciser

96

VI. ACTIVITES SOCIOCULTURELLES

Lieux de Type d’activités déroulement Assistant député et HAT. Isandra Activités politiques Conseil communal Isorana Isandra Guide touristique zoma, Zoma Ilomotse Activités culturelles culturel (Tranomena) Vohitsisaky

Activités sportives Tolon’omby Div FKT Isandra Ventes produits miniers Div CR Isandra Activités commerciales et agricoles

Activités religieuses Laïc catholique EKAR Isorana

AUTRE* Notable antandroy District Isandra

* Si oui, préciser

97

Article rédigé en malgache, signé de l’auteur, sur le isantaona de Soatanana septembre 2013 paru en page 7 du quotidien « Basy Vava » nº 6893 du vendredi 27 septembre 2013.

98

Article rédigé en malgache, signé de l’auteur, sur le isantaona de Soatanana septembre 2013 paru en page 4 du quotidien « Ny Vaovaontsika » nº 1724 du lundi 30 septembre 2013.

99

Article rédigé en français, signé de l’auteur, sur le isantaona de Soatanana septembre 2013 paru en page x du quotidien « Diva » nº 335 du mardi 08 octobre 2013.

100

Article rédigé en malgache, signé de l’auteur, sur la route nationale 42 paru en page 3 du quotidien « Basy Vava » nº 6897 du mercredi 02 octobre 2013

101

Article rédigé en français, signé de l’auteur, sur la route nationale 42 paru en page 6 du quotidien « DIVA » nº 331 du Jeudi 03 octobre 2013

102 Tables des matières

Page

Sommaire i Résumé ii Liste des tableaux, figures, croquis, cartes iii Liste des photos iv Glossaire vi Acronymes viii

Introduction générale 01

Première partie : Un pays montagneux, une histoire tourmentée 05

Chapitre 1. Milieu naturel de l’Isandra 07 1.1. Type de relief montagneux à faciès multiples. 08 1.2. Hydrographie dense, couvert végétal varié 09 1.3. Climat tropical d’altitude 12

Chapitre 2. Du peuplement vazimba à l’histoire du temps présent 16 2.1. Protohistoire vazimba 16 2.2. La civilisation de la pierre (granit migmatitique et gneiss) 17 2.3. Attachement du Betsileo à la terre, un paysan exemplaire 19

Chapitre 3. Isandra un sixième du Betsileo, zone de migration rurale et rurbaine 22 3.1. Isandra ancien royaume et l’actuel district de l’Isandra 22 3.2. L’Organisme Public de Coopération Intercommunale (OPCI) 24 3.3. Une zone de migration hospitalière 25

Conclusion partielle 27

103

Deuxième partie : De l’autarcie à l’économie de transition 28

Chapitre 4. Isandra, un grenier de la RHM 29 4.1. Production rizicole vivrière et spéculative 29 4.2. Andoharanomaitso : vignoble de l’océan Indien 32 4.3. Café Arabica d’Isandra : première qualité mondiale 34

Chapitre 5. Marché intercommunal excentrique 37 5.1. Problématiques des marchés locaux et communaux 37 5.2. Problème de communication et d’infrastructure 40 5.3. Lourd investissement pour un marché intercommunal isolé 42

Chapitre 6. Inclusion dans la vallée des mines 46 6.1. Carrière de Bevahondrano 46 6.2. Prospection aventurière dans l’Isandra 48 6.3. Lutte contre le trafic de pierres précieuses 49

Conclusion partielle 51

Troisième partie : Atouts et curiosités touristiques de l’Isandra 52

Chapitre 7. Les merveilles des montagnes de l’Isandra 54 7.1. Le zoma de l’Isandra vers un patrimoine mondial de l’UNESCO 54 7.2. Tranomena de Vohitsisaky : merveille des falaises de granit migmatitique 59 7.3. A la conquête des sommets 60

Chapitre 8. Manifestations culturelles, sportives et arts traditionnels betsileo 63 8.1. Le lapa et lanonana, le horija, le jejo 64 8.2. Le tolon’omby un sport viril betsileo 66 8.3. L’art oratoire betsileo : sokela, treka, kabary 68

Chapitre 9. Le tourisme religieux 71 9.1. Fianarantsoa, là où s’apprend le bien 71 9.2. Soatanana le beau village blanc 73 9.3. Ankerana le village champignon su néo fifohazana 75

Conclusion partielle 78

104

Conclusion générale 79

Bibliographie 82 Liste des personnes ressources 87

Annexes 89 Fiche d’enquête ménage 90 Fiche d’enquête COBA 94 Publication d'articles journalistiques 98

Tables des matières 105

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