UNIVERSITE D’ ECOLE DOCTORALE SCIENCES HUMAINES ET SOCIALES EAD ROUAGES DES SOCIETES ET DEVELOPPEMENT

LABORATOIRE DE RECHERCHE INTERDISCIPLINAIRE SUR LA COGNITION, LA CULTURE ET LES INTERACTIONS SOCIALES (LARICOCIS)

FACULTE DE DROIT, D’ECONOMIE, DE GESTION ET DE SOCIOLOGIE

MENTION SOCIOLOGIE

MEMOIRE DE MASTER

CHANSONS MALGACHES MODERNES : AVANT-GARDISME OU DERIVE DES VALEURS ?

Présenté par : RAKOTONIRINA Harivelo Eliane

Membre de jury Président : Monsieur RANDRIAMASITIANA Gil Dany, Professeur Titulaire. Juge : Monsieur RANOVONA-ANDRIAMARO, Maître de Conférences. Directeur de recherche : Monsieur ANDRIAMALALA Misah Ny Aina, Maître de Conférences.

Année universitaire : 2015-2016

Date de soutenance : 22 Septembre 2016



CHANSONS MALGACHES MODERNES :

AVANT-GARDISME OU DERIVE DES VALEURS ?

REMERCIEMENTS

Ce présent mémoire n’aurait pas attenu son terme sans la santé et la force que m’a accordées le Seigneur. Sur ce, je Lui rends grâce.

J’adresse mes gratitudes à Monsieur ETIENNE Stéfano Raherimalala, notre Responsable de Mention.

Je remercie sincèrement Monsieur ANDRIAMALALA Misah Ny Aina, mon directeur de recherche, pour son aide, ses conseils ainsi que son soutien.

Mes reconnaissances vont également au Professeur RANDRIAMASITIANA Gil Dany qui a accepté de présider ce mémoire.

Je souhaite à exprimer ma profonde gratitude à Monsieur RANOVONA- ANDRIAMARO mon juge. Vos critiques et remarques sont vivement souhaitées pour la reconstruction de ce travail.

Je tiens à adresser mes remerciements aux quatre artistes, Dama, , Princio et La Sainte, qui m’ont accordé leurs précieux temps à répondre à toutes les questions que je leur ai posées. Aussi, un grand merci à Monsieur RAZAFIMAMONJY Jean Baptiste, l’archiviste du groupe « », qui a facilité notre contact avec ces artistes.

Je tiens à remercier ma famille pour son soutien moral et financier, et qui m’a toujours encouragée durant l’accomplissement de cette recherche ; sans oublier toutes les personnes, de près ou de loin, qui ont contribué à la réalisation de ce présent travail.

SOMMAIRE

Introduction générale Première partie : Généralités sur le sujet d’étude et méthodologie de recherche Chapitre I : Généralités sur le sujet d’étude Chapitre II : Méthodologie

Deuxième partie : Déterminants sociaux du goût et pratiques musicales Chapitre III : Musique urbaine malgache : entre conservatisme et anarchie Chapitre IV : Evolution de la musique actuelle : reflet des inspirations Chapitre V : Relâchement du contrôle social

Troisième partie : Projection sur l’avenir de la culture malgache Chapitre VI : Culture malgache en situation critique Chapitre VII : Moyens de revalorisation de la culture malgache

Conclusion générale

LISTE DES ACRONYMES CCAC : Centre Culturel Albert Camus. CD : Compact Disque. CGM : Cercle Germano Malgache. CNTEMAD : Centre Nationale de Téléenseignement de . CSP : Catégorie Socio Professionnel. DEGS : Droit, Economie, Gestion et Sociologie. ISCAM : Institut Supérieur de la Communication des Affaires et de Management. NI : Niveau d’Instruction. OMDA : Office Malgache des Droits d’Auteurs. RDB : Radio Don Bosco R&B: Rythm And Blues. RFI : Radio France Internationale. RTA : Radio Tana.

TNTV: Teen and Nature Television.

LISTE DES TABLEAUX

Tableau 1 : Répartition des jeunes enquêtés selon le choix musical et l’âge ...... 44 Tableau 2 : Répartition des jeunes enquêtés selon le choix musical et le niveau d’instruction ...... 46 Tableau 3 : Répartition des jeunes enquêtés selon la CSP des parents ...... 47 Tableau 4 : Tableau récapitulatif en guise de synthèse comparative ...... 53 Tableau 5 : Répartition des jeunes selon l’artiste préféré...... 56

LISTE DES PHOTOS

PHOTO 1 : La chanteuse Stéphanie sur scène ...... 40 PHOTO 2 : La chanteuse Tence Mena sur scène...... 40 1

INTRODUCTION GENERALE

1. CONTEXTE GENERAL DE LA THEMATIQUE ETUDIEE Au cours de l’histoire, un évènement marque un temps précis. A partir de 3 000 ans avant J.C, les rois bâtisseurs de pyramide ont contrôlé plusieurs espaces. Au IIIe siècle avant J.C, on a vu la puissance de l’empire chinois. Vers la fin du Vè siècle, Athènes est considéré comme centre du monde. Vers la fin du XXe siècle, les américains ont tenté de diriger le monde en imposant une vision dans l’évolution des sociétés grâce aux progrès des sciences et techniques de l’information. Celui-ci affecte plusieurs domaines dans la société tant sur le plan politique, économique, social que culturel ; et son impact est très important dans les pays du tiers-monde comparé aux pays avancés. Face à ce que nous venons de dire, sur le plan social et culturel, si l’on ne se réfère qu’au domaine de la musique et de la chanson, on observe aussi une évolution, un changement dans ce domaine au cours du temps, que ce soit au niveau de la création ou de la vocation. Si, pour DUTHEIL PESSIN, la chanson sociale «appartenait à une époque où l’on chantait partout, dans les rues, dans les cours, dans les ateliers, dans les échoppes et dans les maisons… »1, avec la société industrielle naît alors « une nouvelle période où la chanson va devenir un produit culturel et se met en place une production industrielle de biens culturels ... La chanson a donc connu une transformation notoire, qui, peu à peu, a orienté toutes ses pratiques : tant celle de création que celle de diffusion et de réception… »2. Cela signifie que la chanson perd peu à peu sa vocation et dans la majorité des cas, elle est influencée par la culture et les modes de vie occidentaux. Pour le cas de Madagascar, la mondialisation a beaucoup modifié la culture malgache, si cette dernière représente, conformément à une perspective durkheimienne, « l’ensemble de manières d’agir, de penser et de sentir ». Ses aspects sont très visibles dans les domaines suivants : musiques, chants et les émissions télévisées.

La plupart des œuvres artistiques sont calquées sur les modèles occidentaux, la véritable identité malgache ne figure plus tellement dans ces œuvres. Ainsi, au cours du temps, on constate un changement au niveau des chansons malgaches par rapport aux origines ou plutôt dans les sociétés traditionnelles. Aussi rencontre-t-on à travers les

1 DUTHEIL PESSIN, 2004, p41 cité par Béatrice Mobilon-Bonfils, in Le(s) public(s) d’un artiste de variétés engagé, Bernard Lavilliers, à l’ère de la post-modernité . 2Béatrice Mobilon-Bonfils : Le(s) public(s) d’un artiste de variétés engagé, Bernard Lavilliers, à l’ère de la post-modernité, p 5-6. 2 chansons actuelles une certaine forme d’anarchie apparente, si on peut la qualifier ainsi, vu le contenu des chansons. D’où l’observation d’une immense différence entre les chansons d’avant et celles d’aujourd’hui. C’est la raison pour laquelle nous avons choisi comme thème « Chansons malgaches modernes : avant-gardisme ou dérive des valeurs ? » ; notamment à travers la considération d’artistes « classiques » comme Dama, Erick Manana, ou de jeunes artistes plus ou moins fraîchement apparus sur la scène musicale à l’instar de Princio et La’Sainte. Il serait donc nécessaire d’étudier l’évolution de la chanson malgache pour connaître la portée des cultures étrangères sur le domaine de la musique afin de dégager sa forme actuelle ; ainsi que ses impacts sur les individus. On va donc faire une étude comparative des œuvres artistiques « classiques » et modernes.

2. MOTIFS DU CHOIX DU THEME Les raisons du choix de ce thème sont nombreuses : à part la passion pour la musique, en particulier malgache, on a remarqué que ces derniers temps, ce sont les musiques et les chansons étrangères qui dominent les canaux médiatiques et que les jeunes qui intègrent dans le domaine musical actuellement sont attirés par ces genres de musique. Y a-t-il des jeunes conscients que la nôtre a une certaine valeur ? Et aussi, ces derniers temps, on a constaté que les musiques et les chansons malgaches sont inspirés de ceux des occidentaux tant sur le rythme que sur le texte, comme le R&B, hip hop, dance hall,…En outre, plusieurs individus sont devenus chanteurs/artistes sans avoir une certaine vocation en la matière. De plus, on relève que le nombre d’artistes malgaches ne cesse d’augmenter, surtout dans le domaine musical. D’après la statistique dressée par l’OMDA3, ils sont au nombre de 5035 depuis sa création en 1986 jusqu’en 2009, leur nombre s’est accru de 5869 en 2015 et actuellement, il atteint les 5882. En outre, le désir d’apporter une contribution au maintien et à la sauvegarde de la musique malgache en contexte de mondialisation nous a poussé à faire cette étude.

Quatre artistes ont été alors privilégiés et choisis pour cadrer cette étude, dont deux chanteurs classiques issus de la musique traditionnelle et deux artistes récents qui pratiquent la musique moderne. Ici, à part la différence de génération, la classification de traditionnelle et moderne repose surtout sur la différence des œuvres et la différence de parcours de vie musicale, c’est-à-dire, les générations passées des artistes ont un peu plus d’expérience dans le domaine musical que les nouvelles générations.

3 Statistique des membres et des œuvres, Avril 2016. 3

3. QUESTION DE DEPART Dans la société malgache actuelle, on rencontre différents malaises qui sont par la suite extériorisés à travers les attitudes des individus. Ils se présentent sous plusieurs formes telles que la violence (morale ou physique), les mauvais comportements… et ont des impacts dans différents domaines. Sur le plan culturel, on voit que les films et chansons sont les principaux vecteurs de troubles. On constate que les films violents et les chansons qui incitent des différends inondent, en ce moment, les canaux médiatiques. Sur ce, il nous parvient de dire si les artistes sont en général des visionnaires ou des analystes parce que la société dans laquelle nous vivons actuellement est marquée par différents malaises et un relâchement de contrôle au niveau de la société. Donc, il serait intéressant de savoir dans quelle mesure les chansons, en tant que productions sociales, reflètent l’état de la société dans laquelle elles sont produites.

4. OBJECTIFS Dans ce présent travail, il est question de savoir si les chansons, que ce soient traditionnelles ou modernes, tiennent une fonction éducative des citoyens, car ces derniers temps, on a remarqué que certaines chansons parlent de n’importe quoi, d’autres ne font qu’inciter à danser. D’où l’utilité de savoir les trois points suivants : si la société malgache perd sa valeur (le « fahendrena malagasy»4, le « fihavanana »5…), ou les artistes sont influencés par la culture et les modes de pensées occidentaux (chacun pour soi), ou si les institutions commencent à s’effriter, c’est-à-dire qu’il y a un manque de responsabilité des institutions concernées. Au regard de tout cela, nous nous fixons comme objectif global d’expliquer la déchéance plus ou moins généralisée des chansons malgaches actuelles. Ce qui nous conduit à nous fixer, en référence à une sociologie des artistes des œuvres d’art et du public, comme objectifs spécifiques : - l’étude du processus de productions de chansons (en comparant les chansons « classiques » et actuelles) ; - l’identification des facteurs et aspects du dysfonctionnement des institutions ou instances de régulation et de contrôle ; - l’examen des attentes et aspirations des consommateurs ainsi que les impacts des chansons modernes actuelles sur eux.

4 Littéralement la sagesse malgache. 5 Lien familial ; forme de solidarité basée sur le partage du même aina (flux de vie). 4

5. APERCU METHODOLOGIQUE Dans cette recherche, notre étude est basée sur l’entretien avec les artistes, les responsables des services publics concernés à savoir l’OMDA, le Ministère de l’Intérieur, le BAP qui travaille en étroite collaboration avec le Ministère de la culture. Pour savoir l’orientation et les choix des jeunes de 15 à 25 ans, résidant dans un même quartier, celui du fokontany d’Analamahitsy, avec l’utilisation de la méthode probabiliste avec un sondage par grappe : on s’est entretenu avec un groupe de jeunes de différents âges, de classes sociales et de niveau d’instruction différents, et on a élaboré alors un questionnaire. Afin de connaître les raisons du choix des individus et les chansons qui dominent les canaux médiatiques, on a fait des observations directes lors des spectacles et les émissions télévisées destinées aux diffusions des variétés malgaches. On a eu cette opportunité car l’interview s’est fait avant le déroulement d’un spectacle.

Nous avons choisi d’effectuer notre terrain à Antananarivo, (ici ce n’est pas la ville en question qu’on a choisi pour échantillon mais les artistes étudiés qui y résident), parce que c’est un lieu où habite la majorité des artistes surtout ceux qui ont trouvé un succès dans le domaine musical ou ceux qui veulent répandre leurs œuvres, ensuite c’est un endroit où se trouvent des ressources beaucoup plus connues dans le pays en terme de musique, tel que les producteurs, les maisons de disque, …

6. PARTICULARITE DE LA RECHERCHE Sachant que les chansons traditionnelles malgaches marquent l’identité culturelle malgache, elles sont, du moins en apparence, actuellement ruinées par la mondialisation et commencent à être laissées de côté ; ce qui pourrait entraîner à la déculturation. Comme toutes autres disciplines qui apportent un renouveau dans son domaine après une défaite (comme les réformes après une crise économique), on peut aussi apporter une réforme à la culture face aux influences des cultures étrangères. Le domaine musical est donc un volet encore exploitable malgré les différentes recherches qui ont été déjà effectuées. Il y a plusieurs chercheurs précurseurs de ce thème mais on ne va citer que deux.

D’abord, il y a PEARTHREE Geneviève dans son ouvrage La musique malgache : moyen de protection de l’environnement où elle expose qu’on peut transmettre une éducation environnementale à travers la musique malgache parce que cette dernière a un pouvoir unique dans le monde, aussi, elle rend plus important les messages dits. Ses études ont été centrées sur 19 artistes qui ont, d’une part, écrit au moins une chanson de sensibilisation ou 5 possède au minimum une chanson qui a pour thème l’environnement dans son répertoire ; et d’autre part sont persuadés qu’ils ont une responsabilité d’éduquer le peuple malgache à travers leurs œuvres. Ensuite, RAKOTOMALALA Mireille Mialy, dans son écrit sur la Musique à Madagascar : son évolution selon les divers courants d’influence, présente une analyse comparative entre musique européenne et africaine pour pouvoir montrer l’évolution de la musique malgache face aux différents courants d’influences qui entraînent sa transformation. L’originalité de notre travail par le choix des publics des artistes malgaches s’ils préfèrent la tradition ou la modernité, mais les deux auteurs suscités ne mentionnent pas les amateurs. En outre, dans cette recherche, nous travaillons sur la qualité anarchique de la musique actuelle.

7. LIMITES DE LA RECHERCHE Tout chercheur pourrait rencontrer des difficultés pendant l’accomplissement du travail de terrain. Durant la réalisation cette recherche, nous avons rencontré quelques problèmes. D’abord sur la question de temps. Les rendez-vous avec les artistes ont demandé beaucoup de patience car leur timing et leur calendrier sont très serrés. Par exemple, au moment convenu du rencontre, Dama n’a pas pu nous rejoindre parce qu’il exerce un autre métier, alors, l’interview a été reporté pour un autre jour. A ce moment, l’entretien s’est fait dans sa voiture au moment où il allait accomplir une répétition au spectacle auquel il allait participer très prochainement, encore faute de temps. Pendant l’interview, on s’est contenté de la réalité car on a assisté aux bruits de la circulation tels que les klaxons, les bavardages. C’est aussi la raison pour laquelle on n’est pas arrivé à s’entretenir avec les artistes de notre choix comme Black Nadia, Aarnah vu qu’elles effectuaient des tournés dans l’île. Et c’est pourquoi La’Sainte a été choisie, en raison de son début de carrière. En outre, certains enquêtés ne nous ont pas permis d’utiliser un dictaphone et nous étions obligés d’écrire tous leurs récits. Aussi, quelques jeunes enquêtés ont refusé de nous donner la profession de leurs parents.

8. ANNONCE DU PLAN Pour ordonner notre travail, on a élaboré le plan suivant : dans la première partie, on exposera la présentation générale du sujet d’étude et la méthodologie de recherche, on verra dans la deuxième partie les déterminants sociaux du goût et la pratique musicale, la troisième partie présentera la projection sur l’avenir de la culture malgache. 6

PREMIERE PARTIE PRESENTATION GENERALE DU SUJET D’ETUDE ET METHODOLOGIE

6

Cette partie est consacrée au cadrage général de notre sujet d’étude. Elle est très utile car c’est à travers elle qu’on aura une vision générale sur ce qu’on va entamer. Pour savoir ce que la musique apporte pour les individus, il est nécessaire de connaître son historique. Une brève histoire de la musique malgache sera donc présentée afin de savoir son évolution au cours du temps. Le cadre théorique de la recherche y est aussi présenté.

CHAPITRE I

GENERALITES SUR LE SUJET D’ETUDE

Dans une recherche, il est important de savoir le domaine et le milieu où se déroule l’étude. Comme notre étude est basée sur les chansons malgaches, il est nécessaire de connaître à propos des artistes. Dans ce chapitre, on va donc présenter brièvement la biographie des quatre artistes étudiés, ses ouvres ainsi qu’une brève histoire de la chanson malgache depuis la colonisation.

I. Sur les artistes I.1. DAMA I.1.1. Biographie Fils de RAKOTO et de RASOAMPAMONJY, RASOLOFONDRAOSOLO Zafimahaleo, dit Dama est né le 26 Mai 1954 à Marolambo - Tamatave. Il a fait ses études supérieures en Sociologie. Il est le fondateur du groupe « Mahaleo » (créé en 1972 en pleine grève estudiantine qui a entraîné la chute de la première République), dont le nom du groupe est tiré de son nom. C’est le premier groupe artistique malgache qui a réussi faire une tournée à l’ - Paris lors de la célébration de ses trente cinquième années d’existence en 2007 et a pu rassembler bon nombre de spectateurs sur ce lieu. Dama a été choisi pour représenter Madagascar à Londres en 1986 lors du festival de l’homme du British Museum. Il a été élu député de Madagascar pour deux mandats et c’est grâce à ce poste qu’il a pu réaliser des projets à Ambatofinandrahana comme la mise en place d’une radio locale, adduction d’eau, résolution des problèmes agricoles... Actuellement, il exerce plusieurs métiers et, à la fois cultivateur de riz à Morondava. 7

Il est passionné par des artistes étrangers et malgaches tels que : Georges Brassens, , Rakotozafy, Parson Jacques et Mama SANA. Même s’il est le leader du groupe du groupe Mahaleo, il chante en solo depuis 1991, comme Fafah et Dadah, et a sorti son premier album intitulé « Farakely». Dama est marié et père de deux (02) enfants.

I.1.2. Style musical Il adopte le « Bà Gasy » et le folk music et il est le promoteur du « Hira vokatry ny tany » ou musique du terroir, qui maintient toujours son dynamisme. Il est auteur, compositeur, arrangeur et joue de l’harmonica, guitare et le « kabosy »6.

I.1.3. Ses œuvres En tant qu’auteur/compositeur du groupe « Mahaleo », il a écrit environ 100 chansons qui sont interprétées par le groupe. Notons que le groupe avait 4 auteurs/compositeurs dont Dadah, Raoul, Bekoto et Dama ; pourtant lors de son contrat (en dehors du groupe), il ne chante que ses propres œuvres. Une de ses œuvres intitulée « Nosy milalao » a marqué l’histoire de la Nation Malgache car elle a été choisie comme hymne du troisième jeu des îles qui s’est tenue à Madagascar en 1991.

I.1.4. Ses thèmes Dans ses œuvres, Dama parle des différentes domaines de la vie comme : • La nature : dans le morceau « Nosy milalao », Dama décrit la beauté de la nature de son pays et raconte la fraîcheur de l’environnement ainsi que le beau temps qui donnent envie de s’amuser. • La vie en société en général : « Nahoana kay ? » qui parle des enfants qui n’ont pas fréquenté l’école mais travaillent la terre dès leur plus jeune âge, « taxi-brousse » qui raconte l’existence de la communication entre les malgaches du Nord de l’Ile jusqu’au Sud grâce aux taxi-brousses qui relient les différentes régions de l’Ile. • L’amour : la chanson intitulée « Voasary » nous conscientise que le vrai amour est destiné à celle qu’on aime vraiment, « Farakely» relate la rupture d’un couple même si le mari sent toujours de l’amour pour sa femme. • La politique : dans « Mihodikodina », il parle des fausses promesses que font les dirigeants et qui marque un grand écart entre les dirigeants et les dirigés.

6C’est une sorte de guitare hawaïenne, un luth à manche courte. Il fut probablement introduit à Madagascar par les Arabes. 8

« Mozambika » évoque la crise politique qu’a subie le Mozambique à cette époque et qui peut être considéré aussi comme le reflet de la situation politique à Madagascar ; le morceau « Ambohikobaka » rappelle les démagogies et les mensonges que font les dirigeants. « Ambohikobaka» désigne les dirigeants et « Ambalambahoaka » indique la masse populaire victime de la trahison.

I.2. ERICK MANANA I.2.1. Biographie Erick Manana ou RAFILIPOMANANA Erick Harisolofo est né le 01 Janvier 1959 à Antananarivo. Il est le fils de feu MANANA Philippe et de feue RASOARIJAONA Edwige. Il a vécu jusqu’à son adolescence à Fianarantsoa. Au départ, il était connu par sa passion du sport (athlétisme et basketball…) mais il est apparu sur le plan musical au moment où il a intégré le groupe « Voamaintilany », l’interprétation des chansons de « Razilinah », et enfin son adhésion au groupe « Lôlô sy ny tariny ». Quelques années plus tard, Erick décide de partir en solo mais il ne devient célèbre qu’à partir du moment où il a fondé le groupe « Feo gasy » avec Rakoto Frah (son ami proche).

I.2.2. Parcours musical C’est à l’âge de 10 ans que son grand-père lui a appris la guitare. A cette époque, il a chanté dans une chorale protestante et c’était une opportunité pour lui de maîtriser l’harmonie. Il est monté sur scène pour la première fois dès l’âge de 16 ans. • En 1980, il forme avec des amis le groupe « Lolo sy ny tariny ». C’était en cette même année qu’il a composé pour la première fois. Le groupe a effectué des concerts dans plusieurs festivals européens comme Bourges, Nyon, Hambourg, etc. • En 1982, il s’est installé à Bordeaux avant de vivre de sa musique à partir de 1990. Il a exercé alors comme métier chauffeur-livreur, préparateur de commande. • En 1991, il a fait des concerts avec des musiciens malgaches comme Régis Gizavo, Solo RAZAFINDRAKOTO, Justin Vali, Passy, la Malagasy Connection. • En 1993, il commence à passer périodiquement dans l’Ile. Ses interprétations des poèmes du troubadour Razilinah lui rend comme son héritier et ses interprétations personnelles lui met au premier rang des musiciens malgaches majeurs. • En 1994, il remporte le prix Découvertes RFI pour la catégorie « Afrique - Océan Indien ». 9

• En 1995, il a reçu différentes formations musicales telles que l’exercice du concert solo, duo avec Régis Gizavo, trio vocal avec les Sœurs Razafindramanitra. En cette année, 5 leaders des musiques malgaches se réunissent autour du grand maître « Rakoto Frah », dans le groupe « Feo gasy ». • En 1996-1997, beaucoup d’évènements marquent sa vie personnelle ainsi que sa vie musicale. On peut citer son premier enregistrement « live » aux Nuits Atypiques de Lagon, son passage dans l’émission « Pont des artistes » sur France Inter en 1997, à l’émission « Zig Zag café » à la télévision Suisse Romande et l’émission « Trafic » sur cette même chaîne avec Muriel Mérat en 1998. En 1997, son album « Vakoka » obtient le grand prix international du Disque de l’Académie Charles Cros, ainsi que le Choc du Monde de la Musique.

Jusqu’à maintenant, cet artiste réside à Bordeaux et continue toujours sa carrière musicale. Il revient dans le pays chaque année et y donne des concerts. Depuis l’année dernière, un concert nommé « Madagascar All Stars » a été organisé dont la deuxième édition s’est tenue en Avril dernier. Actuellement, il chante en duo avec une jeune allemande nommée Jenny.

I.2.3. Styles musicaux Erick Manana est le promoteur du « Bà gasy ». C’est son style et son rythme de musique. Il honore le « Vakoka » malgache, c’est tout ce qu’il possède, tout ce qu’il a vécu avant de partir à l’étranger. Pour lui, dans le « Bà gasy », il a pu rencontrer plusieurs rythmes (hira gasy, zanak’hira, le hira tranainy).

Le « Vakoka » a trois sens. C’est d’abord un précieux bracelet en argent. Ensuite, c’est un patrimoine culturel, musique originelle transmise par les ancêtres, les anciens. Enfin, c’est le titre de son album sorti en Avril 1997 et qui a reçu un grand prix du Disque de l’Académie Charles Cros et aussi le Choc du Monde de la Musique.

I.2.4. Ses thèmes Erick Manana s’approche de ses amateurs par ses textes à part les rythmes acoustiques. Il parle : 10

• De l’amour de son pays : « Izato hakantonao re ry nosiko » où il décrit la beauté floristique de Madagascar qui attire tous les touristes ; dans « Madagasikarako », il parle de sa fierté pour son pays même si ce dernier se trouve dans la pauvreté.

• Aspect de la culture malgache : dans « Ny hiran’ny taniko » où il raconte la bonté et son amour pour la musique malgache dont il n’échangera pas aux autres chansons étrangers et qu’il ne laissera pas périr. Aussi il nous informe sur la richesse culturelle que possède Madagascar dans sa chanson « Vakoka » où il rend hommage à tous les leviers de la culture malgache comme Mama Sana, Kotozafy,…

• La vie quotidienne : puisque la vie ne se sépare jamais de la mort, ainsi, Erick Manana évoque dans « Any an-danitra any » que nul ne peut échapper à la mort que ce soit enfant, jeune ou adulte. La chanson « 2cheveaux ndRandria » où il rend hommage à un chauffeur de taxi, appelé Randria dont sa vie dépend de cette voiture.

• L’amour pour une fille ou l’amour filial : « Ny ratranao dia feriko » raconte le rattachement d’un couple même dans les moments difficiles, « Ny fitiavako an’i Mama » qui expose l’amour d’un fils à sa mère.

• La sècheresse : Erick évoque dans « Mila rano » le besoin de la population en eaux suite aux manques de puits et de pluie.

• La pauvreté : Il expose dans « Tsofy rano » la pauvreté que vivent les malgaches, et que la famille a de la difficulté de trouver de la nourriture parce que même le manioc coûte cher, et dans « Aza manary havana ».

• La cuisine : le morceau « Ron’anana » parle de la négligence d’un ami à cause de la situation financière qui ne peut pas accéder aux meilleurs nourritures.

• Une ville : « le zoma » qui raconte la suppression du marché « zoma » dans la capitale et que l’endroit est devenu calme, ou encore « Barikavily », histoire de Brickaville, une ville toujours animée grâce à l’existence d’une gare qui est un lieu de rencontre des commerçants.

• La nostalgie de son pays : dans « Tany niaviako » il parle des paysages de Madagascar, comme le « zavona eny an-tampon’Ankaratra » (brouillard au sommet d’Ankaratra), le « Lemak’Ikopa », qui lui font souvenir et le désir de rentrer dans son pays. 11

I.3. PRINCIO I.3.1. Biographie Princio ou TIAVINIAINA Princio Mamisoa est né le 10 Octobre 1978. Son père était un musicien et sa mère médecin. Il s’est marié avec Amélie, qui est une danseuse, et le couple a une petite fille de 6 ans. Princio a grandi à Mahajanga où il a passé sa jeunesse. Il a étudié à l’Ecole Notre-Dame jusqu’en classe de première et ensuite il a été renvoyé de l’établissement, pas à cause des mauvaises notes mais suite aux mauvais comportements ainsi qu’au non-respect des disciplines. Alors, il a pris des cours et a quand même réussi aux examens de baccalauréat. Après l’obtention du diplôme de baccalauréat, il a continué ses études supérieures à Antananarivo au sein de l’ISCAM. Après deux années d’étude en Tourisme, il part en France pour faire sa troisième année à l’Université Greta-Garonne à . Une fois le diplôme décroché, il a décidé de s’orienter totalement à la musique, par conséquent il a décidé de rester à Bordeaux pour faire deux années d’étude dans une école de musique. Il est déjà passionné par la musique dès son plus jeune âge mais par respect pour ses parents, il a accepté de poursuivre ses études. Il est revenu à Madagascar en 2005.

I.3.2. Parcours musical Sa carrière musicale débute en 2006 dès son retour à Madagascar et après l’accomplissement de l’enregistrement de son premier album en 2005. Après ses études de musique, il a fait des animations dans des différents endroits comme dans les restaurants, cabarets, orchestres. Il a aussi effectué de nombreux spectacles et concerts dans le pays et même à l’étranger. Grace aux études de musique qu’il a faite en France, il a appris à faire des arrangements vocaux. On ne va pas citer tous ces évènements ici mais les plus marquants d’entre eux comme : x Son duo avec « Poopy »7 au Palais des Sports Mahamasina, qui lui a vraiment surpris parce que d’une part, c’est une des plus grandes chanteuses malgaches et d’autre part, leur univers musical est très différent. « Iray ampiana iray » était la chanson qu’ils interprétaient ensemble.

7Poopy ou Josée Helihanta RAMAHAVALISOA, chanteuse, Auteure/Compositrice, interprète malgache qui a commencé sa carrière en 1983 au sein du groupe Njila, jusqu’en 1989. Elle décide de partir en solo en 1990. 12

x Il y a aussi son duo avec « Olombelo Ricky »8, dont il est un de ses fans, sur la chanson « Iny havako iny ». x Il a aussi participé au festival « Donia » à Nosy-Be en 2011. Ses chansons sont appréciées par le public même si ce dernier a un goût musical un peu tropical. x Son concert à Montana - Paris reste un beau souvenir car la salle était pleine.

I.3.3. Ses œuvres Parmi les différents styles musicaux existants, Princio choisit de se focaliser sur les « Vazo miteny » ou « chansons à texte ». Il a sorti son premier album « Infirmiera » en 2006 et le second « Paradisa » en 2010. Grace à ce premier album, ses chansons ont pu être classées parmi les meilleures chansons malgaches.

Durant ces dix années de vie musicale, Princio a sorti trois albums, soit 40 morceaux. Il parle, en général, de :

• L’amour : la plupart de ses chansons l’exprime de comme « Darling » où il raconte le devoir conjugale, « Fanja » qui parle du respect que doit un mari à son épouse : la rendre heureuse, ne pas l’offenser.

• La politique : le plus célèbre est « Izy 4m’tsam » à travers lequel il sollicite la réconciliation des quatre ex-chefs d’Etat malgache.

I.4. LA’SAINTE I.4.1. Biographie De son vrai nom NANAE Cynthia Josia, La’Sainte est née le 08 Décembre 1987 à Majunga. Elle a étudié à l’école Notre Dame et y a obtenu son diplôme de baccalauréat en 2005. Elle a passé donc sa jeunesse dans cette ville. Après son bacc, elle a décidé de poursuivre ses études supérieures à Antananarivo et elle a choisi la filière Droit. Après quelques années d’étude dans la faculté DEGS elle a décidé de changer d’établissement et s’est inscrite à la CNTEMAD. La’Sainte a donc réussi à décrocher son diplôme de Maîtrise en Droit Public. Après l’acquisition du diplôme, elle a décidé de se consacrer totalement sur la musique. Et actuellement, elle envisage d’entrer sur la scène politique. Elle est à la fois chanteuse, auteur/compositrice.

8 Ricky RANDIMBIARISON : Chanteur/Compositeur, percussionniste, interprète malgache(1963). Il a fait partie du groupe MAHERA en 1979-1983 e c’était en 1989 qu’il mène sa carrière de solo. 13

I.4.2. Parcours musical Cynthia a débuté sa carrière musicale en 2005. A ce moment-là, elle appartenait encore au groupe « Shao Boana », mais à partir de l’année 2014, elle s’envole pour former son propre groupe nommé La’Sainte, tiré de son nom Cynthia. Elle a déjà fait de nombreux spectacles dans la capitale ainsi que dans les provinces. Elle est montée sur scène pour la première fois en 2010 avec le groupe « Shao Boana ». Pour ses états en solo, La’Sainte a effectué différentes spectacles dans les « pubs » de la capitale. Puisqu’elle a vécu jusque-là deux années de vie en solo sur la musique, elle n’avait pas de longues années de parcours sur le domaine de la musique comme les autres.

I.4.3. Ses œuvres Depuis 2014 jusqu’aujourd’hui, La’Sainte n’a encore produit que 10 chansons qui, selon elle, suivent des normes internationales c’est-à-dire elles ont une même capacité que celle des étrangers ou encore capable de se concurrencer avec la musique occidentaux que ce soient sur le son que sur l’instrumentalisation. Elle a réussi à faire un tournage de cinq chansons parmi ces dix et qui sont actuellement accessibles pour tout le public sur internet.

I.4.4. Ses thèmes En général, La’Sainte parle de l’amour (amour filial et l’amour de couple) dans ses chansons parce qu’il ne sépare jamais de la vie humaine. Ensuite, c’est aussi un réconfort dans la vie surtout dans les périodes difficiles. Le morceau « Mama » raconte l’amour d’une fille pour sa mère et « Hidance azonto » parle de la fidélité d’une femme à son mari même si elle part pour une fête avec ses amies. Ce ne sont que des exemples.

II. Aperçu général sur les chansons II.1. La chanson en général II.1.1. Définition Etymologiquement, il y a deux sources du mot chanson: d’abord, il est né à partir du mot latin « cantare » qui veut dire chanter ou faire entendre une chanson ; ensuite, il vient 14 du grec « cantio » qui veut dire « une composition musicale de caractère populaire, sentimental ou satirique divisée en couplets et destinée à être chantée »9. Pour Jean-Louis CALVET, la chanson est cet « air que l’on fredonne, des mots qui s’imprime dans nos mémoires et dont, suprême hommage, on oublie le plus souvent l’auteur »10.

Ou encore, le dictionnaire Larousse définit la chanson comme « une composition musicale divisée en couplets et destinée à être chantée ».11

D’après ces définitions, la chanson est donc, en général, des textes ou paroles accompagnées d’une musique, ou plus précisément accompagnée par des instruments. Par contre, il y a des chansons faites de textes seulement, connu sous l’appellation « a capela », c’est-à-dire sans accompagnement instrumental, (mais ici, on ne va pas se focaliser sur ce genre de chanson). Alors, ce sont le savoir-faire et le talent de l’artiste qui rendent ses œuvres attirants.

II.1.2. Catégories des chansons Selon Mireille Mialy RAKOTOMALALA12 , on relève 3 catégories de la chanson dans la pratique (instrumentale ou vocale) et au cours du processus de création : - La musique religieuse ou sacré, - La musique traditionnelle, - La musique profane (populaire, variété, rock, Jazz). Notre domaine d’étude est centré sur cette dernière catégorie, car « la pratique de cet art n’exige aucune étude réelle ou systématique »13 comme la musique classique qui requiert une connaissance approfondie. C’est pourquoi on trouve un nombre très élevé d’artistes qui pratiquent ce genre de musique par rapport à ceux qui choisissent la musique classique. Il faut préciser que certaines musiques contiennent des codes qui doivent être déchiffrés.

9 AWAZI F., (2009), L’enfant vu par la chanson. Approche sémantico-linguistique de la chanson congolaise, Université Catholique du Congo. 10 CALVET J-L., 2002, Quand la chanson devient propriété publique, in « Le français dans le monde », Revue de la Fédération Inter Professeurs de Français, n°332, p78 cité par Fidèle AWAZI, Université Catholique du Congo- Graduat 2009. 11 Edition Larousse 2009/ Paris, France 12 Elle est à la fois une pianiste concertiste de renom, une musicologue ayant de nombreuses publications à son actif et un acteur de la politique culturelle malgache. Après ses études en Russie, où elle obtient un Doctorat d’Etat, elle retourne à Madagascar et exerce un métier d’Enseignant –Chercheur en ethnomusicologie à l’Université d’Antananarivo, au sein de l’Institut de Civilisation. Elle est élu députée en 1995et devient Ministre de la Culture en 1996. Institut de civilisation d’Antananarivo. 13 RAKOTOMALALA M.M., 1994, « Musique à Madagascar : son évolution selon les divers courants d’influences », in Taloha N°12. 15

II.2. La chanson traditionnelle malgache II.2.1. Origine La musique traditionnelle de Madagascar n’est pas du tout d’origine malgache. Elle résulte de la migration des africains, des arabes, des européens dans l’île ainsi que des influences culturelles des peuples austronésiens. Bien sûr, les instruments de musique traditionnelle malgache sont donc d’origine étrangère. Par exemple : - le « lokanga voatavo » (harpe tubulaire), le « hazolahy » (tambourin sacré), le « amponga tapaka » (tambourin sur cadre), le « valiha » (cithare sur tuyau), le «marovany » (cithare sur caisse) sont d’origines austronésiennes ; - le « kaiamba » (hochet tubulaire deux nœuds), le « kijejy » (cithare sur bâton) proviennent de l’Afrique ; - le « sodina » (flute), le « kabosy » (luth), le « lokanga » (violon) sont originaires des pays arabes ; - le « langorona » (tambour militaire), le « gorodao » (accordéon diatonique) sont des apports européens.

Mais parmi les centaines d’instruments de musiques introduits à Madagascar, il y a certaines qui sont spécifiques d’une région comme le « mandoliny » (cithare plate) pratiqué dans le Sud de l’île, ou le « sodina » dans les hautes terres.

II.2.2. Spécificité A part l’utilisation de ces instruments de musiques cités ci-dessus, son « rythme ternaire »14 distingue la musique traditionnelle malgache des autres. Celui-ci est très varié à Madagascar du Nord au Sud, de l’Est à l’Ouest et même au centre. Chez les Antandroy15, on rencontre le « beko »16, c’est à l’Ouest de l’île qu’on trouve le « antsa sakalava »17, dans le pays Betsileo règne le « horija »…, et tout cela marque la richesse de la musique malgache. Cela montre que notre pays possède une richesse culturelle notamment sur volet musical.

14 ANDRIANAIVOMANANA Maminirina Rado, La musique traditionnelle à Madagascar, in MisicAfrica, http://musicinafrica.net§la-musique-traditionnelle-à-madagascar, page consulté le 06 Juillet 2016. 15 Appellation des peuples originaires du Sud de Madagascar. 16 C’est un chant polyphonique a capella généralement interprété par un groupe d’hommes, nommés sahiry, composé d’un récitant et de choristes. 17C’est un genre de musique caractérisant les habitants de la partie Ouest de Madagascar. 16

II.2.3. Moments où l’on utilise la musique traditionnelle La musique traditionnelle malgache peut être utilisée dans des différentes situations. Du fait que les chansons sont toujours omniprésentes dans les évènements quotidiens des malgaches, la musique traditionnelle est aussi très utilisée. Elle est chantée durant les évènements suivants : lors des veillées funèbres, où le « zafindraony »18 est très appliqué ; durant le culte des ancêtres comme le « tromba »19 ou les cérémonies d’invocation des ancêtres : « joro » ; aussi, les jeunes Antandroy passent leurs temps à chanter le « beko » pendant la garde du bétail ; sans oublier les moments mémoriaux comme la circoncision, le mariage, l’enterrement et l’exhumation. Bref, elle est utilisée selon les circonstances ou selon les évènements.

II.3. La chanson moderne II.3.1. Origine La musique moderne malgache provient de l’influence de la musique européenne et américaine. Selon Françoise Tétu de Labsade, « toute culture moderne est le résultat d’un metissage »20. Parmi les musiques modernes pratiquées à Madagascar, on peut citer le Jazz (le seul qui bénéficie d’un festival annuel connu sous l’appellation « madajazzcar »), le R&B, le Rap, le dance hall, le reggae, …

II.3.2. Forme des textes Les textes véhiculés par la musique moderne sont très divers. En général, ils parlent d’amour, de difficultés de la vie quotidienne, des rêves… Ainsi, ils sont faciles à retenir, sans besoin de réflexion. Quelquefois, les artistes sont considérés comme porte-parole de la masse populaire parce qu’ils arrivent à dire tout ce que le peuple n’ose pas dire à haute voix. Par exemple, dans le morceau « Izy 4m’tsam » (les quatre copains), Princio apporte le besoin de la population malgache à une stabilité politique et sollicite la réconciliation entre les quatre ex chefs d’Etat malgache. Selon lui, c’est après la diffusion de cette chanson qu’est née l’idée de la réconciliation nationale proposée par la FFKM. Quelquefois, ils sont considérés comme des visionnaires c’est-à-dire, ils arrivent à prédire ce qui va se passer ou bien à exprimer des attentes ou besoins sociaux. Comme illustration, à travers sa chanson intitulée «Io ary», prédit en avance la chute du régime

18 Style de chanson apparu dans le pays Betsileo. C’est une chanson sans instrument. 19 Rites de possession. 20FrancoiseTétu de Labsade, Le Québec : un pays, une culture, Edition Boréal- Avant-Propos de la deuxième édition. 17

Ravalomanana en 2009. Donc, c’est à travers ses œuvres que l’artiste puisse exprimer ses points de vue.

II.3.3. Moment et endroit où on utilise les chansons modernes Les musiques modernes sont utilisées dans des moments et endroits variés. Elles sont utilisées lors des mariages, les festivités familiales, kermesse et même durant les meetings,… Là, elles servent comme une distraction totale. Ainsi, on peut les trouver dans des lieux comme dans un cabaret, dans un restaurant et même dans les rues pour un but commercial c’est-à-dire quand on veut lancer des nouveaux produits ou service, parce qu’on pense que la musique est un des éléments qui attirent les clients à consommer. Et aussi, un moyen pour animer les gens lors des meetings.

III. Evolution de la musique malgache La musique, considérée comme sous-groupe de la culture, a subi elle aussi une évolution. A Madagascar, la musique n’a jamais cessé d’évoluer et elle est considérée comme un des secteurs en progression pourtant le pays se trouve dans un pétrin total. La musique a donc connu une transformation tant sur le domaine historique que sur le domaine de création/vocation.

III.1. Evolution historique Depuis la colonisation jusqu’à nos jours, on observe un progrès de la musique malgache. Sous le règne d’Andrianampoinimerina, le roi désignait les chanteurs pour accompagner le souverain dans ses sorties officielles et pour divertir le roi. A cette époque, on les appelait « mpihira-andriana »21. Puisqu’ils chantent debout pour preuve de respect envers le souverain et sa famille, leurs œuvres s’appelaient « hira tsangana »22. Et quand le roi a épousé une princesse Sakalava, on a introduit le « antsa » ou « chant de louange sacré en honneur du roi », le « hira tsangana » a été délaissé et devient populaire, utilisés dans tous les évènements sociaux (circoncisions, mariages,…). A ce moment-là, les chansons sont «simple, monotone ressemblant aux mélopées indiennes et malaises »23 . Et pendant la colonisation on l’appelait « hira gasy ». A Madagascar, le « hira gasy » est la forme

21 Littéralement chanteurs du Roi. Ils sont au service du Roi et ont pour mission de l’amuser. 22 Ou encore « chant debout ». C’est l’appellation des chants effectués par les « mpihira-andriana » car ils l’exécutaient debout pour montrer un respect au Roi et sa famille. 23 RAZAKANDRIANA Michel : Le folklore malgache, Bulletin de l’Académie Malgache nouv. Série 40, p70-75 18 traditionnelle de la chanson malgache, comme l’affirme Mireille Mialy RAKOTOMALALA qu’ « il est l’image et la représentation la plus significative de la tradition artistique malgache… »24. La troupe est composée de 10 à 12 personnes qui sont presque tous de la même famille. Celui-ci est une combinaison des expressions comme l’art de langage à l’aide du « kabary », de la danse et de la musique. Les contenus du « hira gasy » parlent en général la vie de tous les jours.

En 1936, suivant l’inventaire effectué par le Dr Félix ANDRIAMANANA sur les genres musicaux malgaches, il regrette « la disparition progressive des manifestations traditionnelles dans le domaine de la musique »25. Ainsi, il invite les compositeurs à créer des chansons calquées sur les modes européennes.

C’est dans les années 1960 que les malgaches ont commencé d’électrifier leur propre musique grâce à l’arrivée des instruments électriques. La pratique des chants utilisées auparavant (telle que les battements de la main, les tambours, les rythmes des pieds) ont été remplacés par l’utilisation des guitares électriques, la batterie, le piano (et d’autres instruments de musiques). C’est ainsi qu’a apparu le 1er disque 45 tours du « salegy » malgache.

Le terme chanson varie en fonction du temps où elle est évoquée. Au XXe siècle, la chanson malgache « est donc marquée ainsi par la professionnalisation que par la marchandisation »26.

III.2. Evolution dans le domaine de la vocation : Vue la difficulté de la vie actuelle, la musique, non seulement celle des malgaches mais ceux des occidentaux aussi, change de vocation. Si auparavant les artistes ont pour but d’éduquer (exemple : « mandrora mantsilany » de Mily Clément qui incite à respecter la faune et la flore), rehausser sa propre culture,… actuellement, leur but devient purement commercial, «la chanson est donc conçue comme une marchandise, avec une offre et demande»27. Elle connaît alors une transformation économique grâce aux Nouvelles Technologies de l’Information et de Communication. Ainsi, Béatrice ajoute qu’ «avec la

24 RAKOTOMALALA M.M., (1994), Musique à Madagascar : son évolution selon les divers courants d’influence, in Taloha n°12, Archéologie des hautes terres. 25 RAZAKANDRIANA Michel : Le folklore malgache, Bulletin de l’Académie Malgache nouv. Série 40, p70-75 26 Béatrice Mobillon-Bonfils, 2010, Le(s) public(s) d’un artiste de variétés engagé, Bernard Lavilliers, à l’ère de la post-modernité, RevistaProa, n°02, vol.01 27 Idem. 19 société industrielle nait alors une nouvelle période où la chanson va devenir un produit culturel et se met en place une production industrielle de bien culturel »28. Ce changement ou transformation économique et culturelle de la musique est observé sur le domaine de la création, de diffusion ainsi que la réception. Sur la création, la chanson moderne est devenue engagée « dans un processus économique - Technico-commercial et est devenue un phénomène d’industrie culturel »29. Sur la diffusion, le facteur technique est important. On observe la transformation des maisons de disque en enregistrement électronique (conversion des disques 45 tours en CD) ainsi que la facilité de reproduction et de large diffusion des œuvres artistiques. Là, « les objectifs marchands et stratégiques primeraient »30. Sur la réception, elle se mesure par l’appréciation des œuvres grâce aux disques qui est mesuré à l’aide de la croissance de la consommation privée et dans son utilisation publique dans un endroit bien défini comme dans les cafés, cinémas, l’espace radiophonique…

Bref, notre pays possède des richesses musicales grâce aux différentes ethnies, du Nord au Sud ; mais tout ce que nous venons de dire n’est qu’une généralité sur la musique malgache. Il est aussi nécessaire de la connaître puisque beaucoup ignorent la provenance de la musique traditionnelle malgache ainsi que son histoire.

28 Idem. 29 MORRIN, 1965, p28. 30 Béatrice Mobillon-Bonfils, 2010 Le(s) public(s) d’un artiste de variétés engagé, Bernard Lavilliers, à l’ère de la post-modernité,RevistaProa, n°02, vol.01. 20

CHAPITRE II METHODOLOGIE

Tout chercheur a besoin de méthodes et de techniques pour effectuer son travail. Ce présent chapitre est destiné à la présentation en détail des méthodes et techniques de recherche qu’on a utilisées tout au long de la recherche ainsi que les théories nécessaires pour appréhender notre objet, à savoir le rapport fonctionnel ou d’engendrement, existant entre les chansons malgaches modernes et l’état actuel de la société.

I. Etapes de la recherche En sciences sociales, il faudrait utiliser des techniques bien précises pour effectuer une recherche. Il y a différentes sortes de techniques qu’on peut utiliser et « le choix de la technique dépend de l’objectif »31 et doit atteindre le but de la recherche. Comme notre étude est de type hypothético-déductif, c’est une démarche classique en science moderne. Grosso modo, elle part de la question de recherche, celle de savoir ce que traduit la déchéance des chansons malgaches actuelles, et nous conduit à avancer, en l’occurrence, l’hypothèse d’un relâchement du contrôle social…, mais seuls les résultats de la recherche peuvent la vérifier. Alors, pour arriver à cette fin, on a fait un choix sur la technique qu’on va utiliser. Se référer aux étapes de la recherche de WEIBERG32 (objet et une question précise-hypothèses-recueil et traitement des données-interprétation des résultats), on constate un manque dans sa démarche ; en la comparant avec celle de Jean-Louis LOUBET DEL BAYLE33 (2009), Initiation aux méthodes des Sciences Sociales, il présente 5 étapes dont : Observation – Hypothèses – Vérification – Loi – Théorie. Quant à nous, face aux démarches utilisées par ces auteurs, nous avons notre propre démarche suite à ce que nous avons vécu dans la vie quotidienne. Elle est née à partir de la combinaison des démarches de WEIBERG et Jean-Louis Loubet. Par la suite, on obtient : Observation – Problématique – Hypothèses - Recueil des données – Analyse. Suite aux observations et constatations au quotidien que la culture malgache est dominée par les cultures étrangères

31Ibrahoma Lo: Méthodologie de recherche en sciences sociales. 32 WEIBERG (1994) : Quatre étapes pour une recherche, Sciences Humaines, n°35. 33 Professeur de Science Politique à l’Institut d’Etude Politique de Toulouse et Directeur du Département de Science Politique et de Sociologie de l’Université des Sciences Sociales. Spécialiste de l’étude des idées politique, il a notamment publié « Les non conformistes des années 30, une tentative de renouvellement de la pensée politique française. » 21 et que les produits étrangers priment dans tous les secteurs, surtout sur le volet musical où les musiques occidentaux inondent les différents canaux médiatiques et les différentes festivités. Cela nous donne une idée de mener une étude sur la portée sociale des musiques malgaches et étrangères principalement chez les jeunes.

I.1. Etape 1 : Observation Deplateau définit l’observation comme « une sélection, provocation, enregistrement et codage de l’ensemble des comportements et environnement qui s’appliquent aux organismes in situ et qui conviennent des objectifs empiriques »34.Selon Stéphane DUFOUR, Dominic FORTIN et Jacques HAMEL, il y a plusieurs modalités d’observations comme l’observation participante, directe, locale, flottante (« sans fixer l’attention sur un objet d’étude précis»)… Dans ce présent travail, on a fait une observation directe des faits par laquelle on « recueille des informations sans s’adresser aux sujet concernés »35. Il y a des indicateurs qui nous ont permis de faire ce type d’observation comme les remarques faites sur leurs apparences physiques, leurs goûts musicaux, etc…

Il s’agit ici d’une observation directe. Elle est très utilisée durant l’enquête et même avant. Dans la vie courante, on a pu faire une observation. Elle se fait dans deux volets : à travers les comportements des jeunes (habillement, tendance musicale,…) qui paraissent s’écarter de la norme établie par la société, ainsi qu’à travers les émissions radiophoniques et télévisées. Cette dernière nous intéresse le plus car elle permet d’observer l’aspect visuel des chansons sans négliger son aspect textuel. Nous avons essayé d’être ponctuel aux heures de diffusion des émissions des variétés malgaches dans les différentes chaînes télévisées à savoir « Destination Malagasy » de la télévision Record, « Miandry Vazo » de la TV Plus Madagascar, « TN an-kira » de la TNTV et « Gasy Fever » de la RTA. Nous avons eu l’avantage d’en suivre périodiquement parce que les heures de diffusion sont fixes et ne sont pas les mêmes pour chaque chaîne.

En outre, elle se complète avec l’entretien qu’on va faire car des fois, il y a des informations qu’on ne peut pas trouver lors d’un entretien. A vrai dire, durant l’entretien, l’interviewé ne peut pas tout dire ou quelquefois il ne nous donne pas des informations fiables ou encore lorsqu’on fait face à une question qui ne mérite pas d’être posée. Par

34 DEPLATEAU F., La démarche d’une recherche en Sciences Humaines, p16. 35 Ibrahima Lo, Méthodologie de recherche en Sciences Sociales. 22 exemple, on ne va pas demander à l’enquêté son sexe… Et c’est de ce côté que l’observation sera utile.

I.2. Etape 2 : Problématique I.2.1. Le cadrage théorique Il y a différentes façons d’analyser les problèmes sociaux vu que ceux-ci sont la raison des recherches sociologiques. Plusieurs courants de pensée tentent d’analyser les problèmes qui se présentent au niveau de la société si on ne cite que la sociologie américaine dominée par Merton et Nisbet (1961) qui ont souligné que « la religion et le droit représentent depuis toujours des contextes importants dans l’approche des problèmes sociaux »36, et la sociologie française où Dumont (1994) précise « cinq grandes perspectives dans l’analyse des problèmes sociaux »37 à savoir : « la perspective de la pathologie sociale, le comportement déviant, la désorganisation sociale, le conflit social et l’interactionnisme »38. Dans notre travail, on a fait appel à la démarche structuraliste pour analyser et expliquer les problèmes de régulation sociale rencontrés dans la société à travers les chansons.

I.2.1.a. La sociologie du goût L’élaboration de la recherche nécessite des théories « qui constituent le niveau le plus élevé de l’explication »39. Celle-ci dirige la vision du chercheur sur l’explication des réalités sociales qu’il observe tout au long de sa recherche. Ainsi, Raymond Aron définit « la théorie » comme « un système hypothético-déductif constitué par un ensemble de disposition, dont tous les termes sont rigoureusement définis, élaborés à partir d’une conceptualisation de la réalité perçue ou observée »40.

Théorie et recherche sont donc liées. Le sociologue R. K. Merton précise le rapport qui existe entre ces deux termes : « pour lui, la recherche suscite, refond, réoriente, clarifie la théorie ». Donc, il faudra bien choisir une théorie applicable au sujet de la recherche. Dans cette présente investigation, nous privilégions essentiellement la théorie structuraliste car l’individu est soumis à des règles structurelles, ce qui oriente les goûts et dégoûts, les

36 Henri Dorvel et Robert Mayer, 2001, Les approches théoriques, Les presses de l’Université de Québec, Collection : Problèmes sociaux et interventions sociales, pp15-29. 37 Idem. 38 Idem. 39 Jean-Louis Loubet des Bayle : Introduction aux méthodes des sciences sociales, l’Harmattan, Paris, p339. 40 “What is a Theory of International Relation?”, Journal of International Affairs, vol XXI, 1967, n°2, pp185-206. 23 tendances de l’individu ainsi que leur comportement. Cette théorie va donc définir notre vision tout au long de cette recherche car il est question, ici, de tendance musicale des jeunes. Donc, on va essayer de retracer les facteurs déterminants ou conditionnant des goûts des jeunes.

Il y a plusieurs théories qui marquent la sociologie des goûts tant sur l’individu que dans une société entière, à savoir, le plus célèbre, Pierre Bourdieu (1930-2002) dans son ouvrage « Distinction, critique social du jugement » où il développe sa théorie de formation du goût. Celui-ci, selon lui, résulte de l’organisation sociale d’une société. Il en expose plusieurs concepts mais nous n’en retirons que deux : celle de l’habitus et les homologies structurales. En ce qui concerne le goût d’un individu, on voit une alternation d’autres auteurs avec celle de Bourdieu qu’on verra plus tard.

I.2.1.b. L’habitus Selon Bourdieu, l’habitus est un ensemble de « structures structurés prédisposées à fonctionner comme structurantes »41. Il est structuré parce qu’il provient de la socialisation, et structurante car il est un « générateur d’une infinité des pratiques nouvelles, comme il serait d’un prime par laquelle on voit le monde, et que nous prédispose à toute sorte de découvertes en relation avec les conventions qu’on a intégré »42.

Pour lui, il y a un habitus individuel résultant de la socialisation d’une personne (la famille, l’école, les médias,…) qui oriente alors sa manière de penser, d’agir, façon de parler, ses goûts et dégoûts. Il y aussi un habitus de classe défini par l’acquisition commune du capital social où tous les individus de même classe peuvent avoir un comportement, goût,… à peu près identique et détermine leurs goûts communs. Ceux qui proviennent de la classe inférieure ne peuvent pas obtenir du capital culturel que les classes supérieures. Donc, pour lui, le choix des individus est déterminé par ces deux éléments. Alors, dans notre champ d’investigation, on va déceler ce qui réoriente le goût musical des jeunes si c’est le produit de leurs socialisations ou si c’est le fruit des conditions de vie au sein de la famille ou encore si c’est le résultant de l’habitus de groupe. Bref, le goût musical, en l’occurrence des jeunes, n’est pas un fait isolé mais, plus ou moins socialement déterminé, s’inscrit dans un cadre plus élargi, à savoir : l’espace et le style de vie, les aspirations individuelles, influences sociofamiliales, etc.

41 BOURDIEU P., L’habitus en sociologie entre objectivisme et subjectivisme, cité par Bernard Dantier, sociologue, 15 Juillet 2004. 42 Idem. 24

I.2.1.c. Les homologies structurales Ils se manifestent dans les préférences artistiques surtout la musique, dans l’habillement… On dit homologue parce qu’il y a une équivalence ou une sorte de relation entre l’espace des pratiques culturelles et l’esprit de la position sociale. Les bourgeois ou les classes supérieures sont passionnés par les manifestations artistiques raffinées tandis que celles provenant des classes populaires sont attirées par les formes d’art simples. C’est- à-dire que le goût des individus dépend donc du capital de chacun. Cependant, à partir des années 1990, ce rapport entre classes sociales d’appartenance et pratique culturelle semble être délaissé. « Plus qu’on s’approcherait des classes supérieurs, plus les goûts tendraient vers une multitude de pratiques et de styles de musiques »43.

Mario Baroni remet donc en question sur ce qu’a dit Bourdieu sur la théorie de l’habitus des classes inférieures et supérieures qui constituent un grand écart entre ces deux classes. Il affirme que le choix esthétique d’une classe bien précise peut se faire au-delà ou en dehors des pratiques culturelles « réservées » à sa classe sociale d’appartenance. Actuellement, suite à l’influence de la nouvelle technologie, telles que l’Internet et la Télévision, on peut trouver des différents goûts musicaux et des différentes modes de vie dans une même classe ou encore des différentes classes possédant des mêmes goûts. Ainsi, il dit que « ce qui détermine le goût musical ne se résume pas toujours à l’appartenance à un groupe social. D’autres éléments interviennent tels que le désir de changer de statut et le prestige de la technologie, ou au contraire, la conscience historique, la défense contre l’envahissement des médias. Selon le résultat de ce jeu de contradiction entre valeurs différentes et valeurs concurrentes, un goût ou un autre prévaudra… Dans certains cas, la communication qui se passe par les médias semble avoir rapproché les goûts des classes hiérarchiquement différents »44.

Sur ce, que ce soit le concept de Bourdieu ou la conception de Mario Baroni, ils sont très utilisés dans cette présente investigation pour connaître et analyser la préférence musicale des jeunes si elle résulte de son habitus ou du capital social. Sur les idées en contradiction de ces deux concepteurs, on va en apporter un jugement (que le comportement ou la tendance des jeunes ou leur goût musical un peu tourné vers une forme d’anarchie provient de leur classe sociale d’appartenance), c’est-à-dire une critique ou une affirmation ou un complément à travers les réalités qu’on a vues sur terrain.

43 Clémence Congnet, 2009-2011: La construction du goût : l’identité musicale en question, CEFEDEM Rhône-Alpes, Promotion. 44 Mario Baroni ,Groupes sociaux et goûts musicaux, dans Musique une encyclopédie pour le XXIè siècle, sous la direction de Jean-Jacques Nattiez, 2003, Musiques aux XXè siècle, Edition Acte Sud-Cité de la musique, p. 1156 et 1159. 25

I.2.1.d. Le contrôle social C’est un concept utilisé pour la première fois par les sociologues de l’Ecole de Chicago dans les années 1920 pour désigner la délinquance des immigrés aux Etats-Unis. Le contrôle social a pour fonction de renforcer la cohésion sociale. C’est un ensemble des normes sociales et juridiques mis en œuvre au sein d’une société qu’on doit respecter pour obtenir une conformité et une cohésion sociale ainsi que pour prévenir la délinquance. Le contrôle social résulte d’un jugement et d’une sanction. Il peut être interne (c’est-à-dire exercé par l’individu même) et externe (exercé par l’entourage des individus). Le contrôle social externe se présente sous deux aspects : formel et informel. On dit qu’il est formel quand les sanctions sont assurées par des institutions spécifiques telles que la police ou la justice ; il est informel lorsque les sanctions sont exercées par les membres de la société suite à l’interaction de la vie quotidienne (loi morale) comme la famille, l’école, les amis et même les médias et a un caractère non institutionnel. Le contrôle social informel a été rencontré dans les sociétés traditionnelles tandis que les sociétés industrielles utilisent le contrôle social formel. A Madagascar, on rencontre la coexistence des deux et parfois le premier est considéré comme important parce que, pour les malgaches (qui mènent leurs vies à se conformer aux normes et valeurs imposées par la société), être rejetée par la société suite à un mauvais comportement est une humiliation. Par contre, ce mauvais comportement, voir même la délinquance juvénile, résulte du relâchement de ce contrôle social. Donc, se référer à notre étude, il se peut que c’est cette inefficacité du contrôle social (formel et informel) qui conduit les jeunes à faire leurs choix sur la préférence musicale moderne et un peu anarchique ainsi que leurs comportements.

Ensuite, il y a un goût porté à l’échelle d’une société. On l’appelle aussi par la sociologie des tendances, tendances qui sont apparues en France pendant les trente Glorieuses (entre 1945 et 1973). Elle parle de la diffusion d’un goût au sein d’un ensemble sociale. Pour diffuser une tendance, ces trois éléments sont nécessaires : d’abord, les influences et les influenceurs (ou messagers), qui sont une minorité de la population. Ils ne sont pas forcément des gens célèbres ou riches, mais sont considérés comme référence en matière de mode et visible par le minimum de personnes qui le considère comme porteur de tendance. Ensuite, on trouve la validation culturelle. Un objet culturel, considéré comme valeur, devient tendance après l’étape de validation culturelle effectuée par le groupe ou la société que l’objet culturel est adopté ou rejeté. Et enfin figure la persuasion sociale. Actuellement, on assiste à un déclin de ce processus. Les médias et la presse semblent être 26 inefficaces pour diffuser une tendance, par contre l’industrie culturelle est en progression. Certains produits deviennent tendance non pas par leurs valeurs qui sont approuvées par la société mais par son utilité commerciale. Donc, c’est aussi à l’aide de ces trois volets qu’on peut mesurer les goûts d’une société. Dans cette recherche, il serait nécessaire de se référer à ce premier volet car c’est peut être grâce à lui qui attire les tendances des jeunes ou c’est ce que l’artiste envisage.

Malgré cela, la théorie constructiviste est aussi impliquée dans ce travail. Plusieurs pensent que cette notion a été créée par les sociologues or elle est apparue au XXè siècle dans le domaine de l’art. Elle est très pratiquée dans les différentes études centrées dans le domaine psychologique et social. Le constructivisme est l’une des théories à la mode dans les sciences sociales contemporaine et qui suppose que « les connaissances de chaque sujet n’est pas une simple « copie de la réalité» mais une (re)construction de celle-ci »45 et « étudie les mécanismes et le processus permettant la construction de la réalité chez les sujets à partir des éléments intégrés »46. Il existe plusieurs espèces du constructivisme mais concernant notre travail, on a fait recours à l’approche constructiviste sociale présenté par Peter Berger et Thomas Luckmann dans l’ouvrage The social construction of reality, 1996. Dans cet ouvrage, ils veulent savoir comment la réalité sociale et les phénomènes sociaux sont construits, comment ils sont créés, institutionnalisés et transformés en tradition. Nous avons fait donc référence à cette théorie pour savoir comment les artistes, à travers ses œuvres, tentent de structurer les individus, ou ce sont les chansons elles-mêmes sont des éléments voire des facteurs de structuration.

L’art est une expression de la réalité, c’est-à-dire il exprime ce qui est caché et ce qui est non-dit. Il n’a pas d’alphabet mais arrive à tout dire. C’est l’artiste qui véhicule donc cette réalité à travers ses œuvres. Et même ce qu’on a qualifié comme musique anarchique a particulièrement sa fonction, sa raison d’être. Si la chanson moderne se présente donc comme telle, ça veut dire qu’il y a un manque, un besoin ou un mécontentement au niveau de la société et l’artiste essaie de les extérioriser à travers les formes anarchiques de leur œuvre. Ce malaise conduit à l’émancipation et à la rupture face aux normes établies au sein de la société. C’est la raison pour laquelle l’art notamment la musique, dans le monde moderne, se présente sous une nouvelle forme.

45Anonyme, Constructivisme (psychologie), http://fr.m.wikipédia.org/wiki/Constructivisme_psychologie, page consultée le 25 Août 2016. 46 Idem. 27

I.2.2. Questions de recherche et position du problème Il est important de formuler clairement la question centrale de recherche parce qu’elle « permet de bien clarifier et préciser le sujet de la recherche »47. Il ne s’agit pas de faire un jugement ou une persuasion mais la volonté de savoir le fait et la réalité sociale. Ici, dans une visée essentiellement interprétative, nous cherchons précisément à savoir donc ce que le laisser-aller, pour ne pas dire dévergondage, à travers les chansons malgaches actuelles traduites. Conformément à notre posture foncièrement structuraliste, cette dérive des chansons malgaches s’enracinent dans l’état même de la société. Est-elle seulement une expression ou bien une conséquence même de la dérive actuelle de la société malgache (conflits identitaires, crise des valeurs, etc.) ? Quels peuvent en être alors les impacts socioculturels ?

I.3. Etape 3 : Hypothèses Les hypothèses sont nées lors de l’observation quotidienne des faits. Jean-Louis Del Bayle affirme qu’ « il n’y a pas d’observation sans formulation d’hypothèses de recherche… Une observation passive de la réalité n’est pas possible ». Les hypothèses sont considérées comme réponses provisoires à la question de départ. En tenant compte du sujet d’étude, et d’après notre observation, nous pensons qu’il y a un relâchement du contrôle social lié à un affaiblissement ou un dysfonctionnement des institutions de régulation, et que les artistes essaient de l’exprimer à travers ces œuvres les malaises de la société malgache. Aussi, la forme actuelle de la musique malgache serait-elle implicitement en adéquation avec la demande des actuels consommateurs, en l’occurrence les jeunes ; à cela s’adjoignant éventuellement un glissement fonctionnel des chansons (notamment de leur fonction éducative vers celle de divertissement ou de contestation).

I.4. Etape 4 : Recueil et traitement des données Il consiste à collecter les informations reçues de la population enquêtée. Une fois que les données sont ordonnées, on procède aux types de traitement, s’il sera nécessaire de faire une analyse statistique, analyses des documents écrits ou picturaux, c’est-à-dire analyse qualitative ou quantitative. Dans ce présent travail, ce qui nous intéresse c’est l’analyse qualitative car on a utilisé des questions ouvertes durant toute l’enquête.

47 DEPELTEAU François : « La démarche d’une recherche en Sciences Humaines », p7. 28

I.4.1. Technique de recueil des informations I.4.1.a. Les travaux d’observation Grosso modo il s’agit d’observer et d’enregistrer le maximum d’informations en relation avec notre thématique de recherche (Cf. I.1).

I.4.1.b. Entretiens qualitatifs Dans les sciences sociales, l’entretien est considéré comme un type de « relation interpersonnelle » entre le chercheur et la ou les personnes à qui on veut obtenir des informations sur un thème bien précis. Il se distingue des autres méthodes par la communication et l’interaction humaine. Elle permet un échange entre le chercheur et l’interlocuteur. Un bon chercheur doit savoir maitriser son comportement vis-à-vis de son interlocuteur pour ne pas l’effrayer, bouleverser ou l’ennuyer, et ce dernier, quant à lui, exprime ses perceptions d’un évènement, son point de vue face aux questions qui lui sont posées. Sachant qu’il existe plusieurs types d’entretiens, les enquêtes que nous avons réalisées se présentent comme suit : - Concernant le domaine de l’entretien On a fait recours à ce que Jean-Louis Loubet del Bayle qualifie comme « des entretiens d’individualités » car ce sont des entretiens qui ont pour cible des personnes précisément identifiées, « choisies par leurs caractéristiques individuelles et personnelles »48, par exemple des hommes politiques, des dirigeants, des hommes de responsabilités particulières. Dans ce présent travail, les sujets sont les artistes en question et ils sont interviewés en raison de leurs spécificités, c’est-à-dire de leur notoriété et leur compétence. Notons que chaque artiste a ses propres expériences et parcours de vie qui leurs rendent célèbre dans le domaine de la musique, leurs passés sont donc très différents. Et ils peuvent aussi être, à certains moments, des acteurs ou témoins des faits sociaux existants, ce qui définit leur conception des faits, quelquefois, très différemment.

- Concernant les critères de modalité d’entretien Ils sont nombreux et se distinguent selon la fréquence de l’entretien tels que l’entretien unique, l’entretien multiple, entretien répétés. Dans notre cas, nous avons fait un entretien unique par lequel toutes les questions sont posées lors d’un seul entretien c’est-à- dire qu’on ne rencontre qu’une seule fois les personnes enquêtées. Celui-ci est appliqué

48 LOUBET DEL BAYLE J. L., 2000, Initiation aux méthodes des Sciences Sociales, p73. 29 dans tous nos entretiens, que ce soient sur les artistes que sur les entretiens envers les responsables des services publiques. En outre, des entretiens directifs et non-directifs sont aussi faits. Dans l’entretien directif, des questions sont posées suivi des réponses de l’enquêté qui fournissent des informations qu’on attend. Il est destiné aux responsables des services publiques comme l’OMDA, le Ministère de l’intérieur, afin que ces derniers connaissent l’attente du chercheur. Quant aux artistes, la technique utilisée c’est l’entretien non-directif. L’objet de l’entretien est bien précis, aussi des questions sont déjà préparées en avance ; pourtant, au cours de l’interview, les questions posées dépassent celles qu’on a prévu dans le guide de l’entretien, des questions imprévues apparaissent suivant la réponse des enquêtés. Ainsi, le nombre de questions n’est pas déterminé et varie d’un enquêté à un autre suivant les réponses données par ce dernier.

a. Concernant la conception des guides d’entretien C’est une phase très importante et à ne pas négliger dans une recherche parce que les résultats de l’enquête dépendent de ses qualités. Le guide d’entretien est « constitué par la liste des questions qui seront posées aux sujets désignés par l’échantillonnage »49. Sa disposition ne se fait pas au hasard mais il y a des règles qu’on doit tenir en compte :

- Le nombre et le thème Ceux-ci ont été dressés et élaborés avant même le début et le déroulement de l’enquête. Les thèmes sont choisis en fonction de l’objet d’enquête et les nombres dépendent de l’enquêté et le milieu. Dans notre cas, le nombre de questions posées ne sont pas les mêmes : elles sont assez nombreuses pour les jeunes afin de ne pas gaspiller leur temps et ne pas empêcher leurs études ; une dizaine de questions sont posées aux artistes et les responsables des administrations publiques.

- L’ordre On a essayé d’ordonner les questions, c’est-à-dire en partant du général jusqu’aux détails pour ne pas ennuyer l’interlocuteur et pour éviter le coq à l’âne. On débute l’entretien par une « question d’introduction » qui est une question simple et permet l’entrée en matière, comme une question concernant le domaine de responsabilité de l’enquêté (par exemple le problème de l’art actuellement). Ensuite, on procède à l’alternation des questions ouvertes et fermées pour ne pas ennuyer l’enquêté. Enfin, les questions importantes sont avancées (questions sur ce qu’on veut vraiment connaître) avant

49 LOUBET DEL BAYLE J. L., 2000, Initiation aux méthodes des sciences sociales, p.108. 30 de terminer par une question sous forme de tests pour vérifier la valeur des réponses obtenues.

- La forme On a établi des questions ouvertes et des questions fermées. Sur ce premier, l’enquêté peut exprimer librement ses opinions sur un thème précis. Elles sont utilisées lors de l’entretien avec les artistes afin de savoir leurs avis, point de vue concernant l’art. Les questions fermées aussi sont utiles en raison de la clarté et la simplicité des réponses, comme celles qu’on a posées aux jeunes.

b. La délimitation de la zone d’enquête et la sélection des cibles Dans les recherches sociologiques, il est souvent impossible de travailler sur la population entière, mais il faut prendre un échantillon considéré, dans l’idéal, comme représentatif de la population à étudier. Dans le cadre de ce que nous pourrions considérer comme étant une enquête « de proximité », on a opté pour l’échantillonnage stratifié, où la population étudiée est divisée en deux catégories, dont la première constituée de jeunes qui ne pratiquent pas mais écoutent la musique, et la deuxième constituée de jeunes pratiquant la musique. Ainsi, on a procédé à un sondage par grappe qui consiste à interroger tous les individus membres d’un même groupe qui n’est autre ici que des jeunes, associés par la passion un peu similaire de la musique. Concernant l’enquête auprès des jeunes, on a interviewé cinquante (50) jeunes dont l’âge varie de 15 à 25 ans, dont le choix s’est fait au hasard, avec des CSP des parents différents, de niveaux d’instructions différents et de sexe différents. Appartenant à un même groupe, on a procédé alors à la technique de focus group pour recueillir des informations auprès de ces jeunes. Cela est important pour savoir le goût commun de ces jeunes ainsi que les points qui les diffèrent. Ils résident tous à Analamahitsy. Le choix de ce Fokontany s’est fait par l’utilisation de la technique du choix raisonné parce que nous avons remarqué que ce ne sont pas dans tous les quartiers qu’on trouve la même situation que celle-ci. 30% de ces jeunes sont issus d’un groupe de jeunes qui sont passionnés par la musique et se donnent rendez-vous tous les vendredi soir pour chanter et pour se distraire, et les 70% n’appartiennent pas à ce groupe mais résident aux alentours. Nous avons centré notre étude dans ce quartier parce que nous y habitons depuis longtemps et la constatation des comportements de ces jeunes nous donne l’idée de nous entretenir avec eux ainsi que ceux qui n’appartiennent pas à leur groupe. 31

Par ailleurs, on a choisi d’effectuer le terrain dans la capitale car la majorité des artistes y résident. Quatre artistes ont été choisis dont deux pratiquent la musique traditionnelle, non au sens « folklorique » du terme mais plutôt dans le sens « classique » (Dama et Eric Manana), et deux autres issus de la musique moderne (Princio et La’Sainte). On a sélectionné ces deux premiers parce qu’ils tiennent ou encore rehaussent la culture malgache tant sur les paroles de leurs chansons que sur la mélodie. Dama est le promoteur du « hira vokatry ny tany » et Erick Manana celle du « vakoka malagasy ». Quant aux deux autres qui adoptent la musique moderne, ils sont nés sur la scène musicale dans ce 3è millénaire, en plus le fait que l’un est plus connu au niveau national tandis que l’autre n’est connu que localement même si elle a déjà vécu 10 ans de musique.

I.4.1.c. Matériels utilisés a. Utilisation des nouvelles technologies La qualité des instruments utilisés par le chercheur est son avantage. Grace à l’évolution de la technologie, celui-ci aide le chercheur dans son travail, le rend facile et évite les travaux fastidieux. Si auparavant, toute l’enquête a été prise manuellement, cela a évolué avec l’utilisation du magnétophone et actuellement on parle des Smartphones. Dans notre cas, nous avons rencontré l’avantage de l’utilisation de ce matériel et nous permet d’économiser notre temps, de se concentrer sur l’entretien (au lieu d’écrire tout ce que notre interlocuteur dit). En outre, elle nous permet d’effectuer une enquête en ligne. Elle est considérée comme un moyen d’enregistrement sonore et visuel de l’enquête. Ensuite, les matériels informatiques nous aident beaucoup. A vrai dire, grâce aux nouvelles technologies de l’information et de la communication, la « communication en ligne » à l’aide des réseaux sociaux, on peut économiser notre temps. Suite aux données qui manquent ou qui nécessitent une précision, on n’était pas obligé de fixer un rendez-vous auprès des artistes vu que leur temps est plein. b. Matériels pour écrire Il s’agit ici, d’une part d’un stylo et d’un bloc note et d’autre part d’un dictaphone (intégré dans le smartphone). On a alterné l’utilisation des matériels au cours de la recherche. Ce matériel est très utilisé durant la pré-enquête, c’est-à-dire au moment de l’élaboration du questionnaire, et après l’enquête ou durant la période de la transcription. Dans certains cas, nous ne sommes pas permis d’utiliser un dictaphone car l’interlocuteur 32 nous en empêche et c’est là qu’on a besoin de ces matériels. Or, son utilisation présente quelques inconvénients parce qu’on n’arrive pas à noter tout ce que l’interviewé répond.

c. Matériels pour l’écoute et la vision En tant qu’étude sur la musique, l’écoute (des chansons) est très importante. Il faudra donc des matériels pour arriver à cette fin, mais comme notre société évolue, on n’a plus besoin des matériels classiques (comme les CD et ses accessoires) pour pouvoir les entendre. Grace aux progrès de la technologie donc, le téléphone peut les remplacer. On ne se contente pas de ce que les télévisions diffusent. Dans ce travail, elle est nécessaire parce qu’on veut observer l’aspect visuel et textuel (en partie) ainsi que ses impacts sur l’individu.

I.5. Etape 5 : Analyse L’analyse des résultats de l’enquête «consiste à faire parler les données recueillies en vue de confirmer ou infirmer les hypothèses de la recherche »50. Il convient au chercheur d’examiner et de vérifier les données pour être fiable. Sur ce, on va consacrer une analyse comparative des résultats de notre investigation dans ce présent travail. Celle-ci consiste à « rechercher les différences et les ressemblances existant entre les situations qui font l’objet de la comparaison,… »51. C’est à partir de cela qu’on peut connaître le rapport entre les sujets d’étude. Ainsi, Durkheim précise que : « nous n’avons qu’une manière de démontrer qu’entre deux faits il existe une relation logique, un rapport de causalité par exemple, c’est de comparer les cas où ils sont simultanément présents ou absents, et de rechercher si les variations qu’ils présentent dans ces différentes combinaisons de circonstances témoignent que l’un dépend de l’autre »52 . La relation, ici, ne peut pas forcément une ressemblance mais aussi peut être une relation de contradiction entre deux faits ou deux réalités sociales en tenant compte de l’historique des faits c’est-à-dire la progression des phénomènes à étudier en fonction du temps et de l’espace.

En somme, l’histoire de la chanson malgache a évolué en fonction du temps, et de même pour ses amateurs. Evolution veut dire changement, et quand on parle de cette évolution de la chanson malgache on rencontre un changement tant sur les aspects textuels

50 Copyright Les Editions de la Chenelièreinc., 2006, Savoir plus : outils des méthodes de travail intellectuel, 2è éd. (Raymond Robert Tremblay et Yvan Perrier) 51 Jean-Louis Loubet del Bayle : Initiation aux méthodes des Sciences Sociales, p298. 52 Les règles de la méthode sociologique, op. cit., p.124. 33 que visuels. La constatation de cette nouvelle forme que se présente la chanson malgache nous conduit à se demander si c’est dû aux dérive des valeurs qu’on rencontre au sein de la société actuel. Pourtant, l’observation au quotidien de la réalité montre que, dans cette situation, il y a, d’une part une défaillance des institutions de contrôle et d’autre part, il y a une conformité avec la demande des consommateurs. Or, ce ne sont que des suppositions mais le résultat de notre enquête, qu’on va voir dans la partie qui suive, peut les vérifier.

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DEUXIEME PARTIE LES DETERMINANTS SOCIAUX DU GOUTS ET LA PRATIQUE MUSICALE 34

« Si l’on veut connaître les hommes, je crois sincèrement qu’il faut étudier ses chansons…» Claude Duneton (1998)53. D’après cette citation, il y a une relation entre les hommes et leurs chansons. Cette relation peut avoir différentes formes. Dans cette partie, nous voulons savoir les attitudes des hommes, ici les jeunes, à travers leurs goûts musicaux.

CHAPITRE III MUSIQUE URBAINE MALGACHE : ENTRE CONSERVATISME ET PROGRESSISME ANARCHIQUE

Dans le milieu urbain malgache, on rencontre une dualité entre musique traditionnelle et moderne. Il convient d’apporter ici quelques précisions terminologiques. La première est considérée comme relevant d’une attitude conservatrice, en particulier en ce qu’elle est porteuse de valeurs fondamentalement traditionnelles (évoquant, entre autres, le patriotisme, l’attachement à la terre, le respect des parents, la valorisation de la paix, l’exaltation de l’amour véritable…), et la seconde est qualifiée d’« anarchique » en ce que, n’étant pas correctement régulée par une institution normative, elle dépend essentiellement d’intérêts commerciaux ; chacun y faisant plus ou moins à sa guise. L’opposition est forte entre ces deux formes de musiques. Ce chapitre présente donc leurs spécificités respectives ainsi que la différence existant entre eux.

I. Conservatisme S’agissant de production musicale, l’attitude de conservatisme consiste, à notre entendement, à faire en sorte qu’on y retrouve des traces de musique plus ancienne que ce soit sur le texte que sur rythme. Cela consiste à préserver les valeurs culturelles traditionnelles face à l’influence de la modernité, à raviver ou à raffermir à des formes de sensibilisation que des valeurs traditionnellement établies.

53 MOBILON BONFILS B., (2010), Les publics d’un artiste de variété engagés, Bernard Lavilliers, à l’ère de la post-modernité, Révista Proa, n°2, vol.01. 35

I.1. Les artistes conservateurs Sur le domaine de la musique, on rencontre plusieurs artistes conservateurs ou les gardiens de la tradition qui ont permis à certaines cultures malgaches de survivre et d’être reconnus régionalement ou internationalement. Parmi ces artistes, on peut citer :

54  Théo RAKOTOVAO, natif du « Masikoro » , qui est le leader-fondateur du groupe « Mikéa »55. Les « Mikéa », encore appelé « les hommes nus », sont des groupes minoritaires des malgaches résidant dans la forêt sèche de 3500 km² environ située au Nord de Tuléar, entre Marolambo et Morombe et qui ont une identité culturelle différente des autres et une vie fortement liée à la forêt. Théo nomme son groupe ainsi parce qu’il veut faire connaître aux gens la culture à laquelle il appartient. Le groupe attire donc ses publics sur la culture musicale de ce peuple isolé qui est en voie de disparition et fait connaître aux autres (que ce soit malgache ou étranger) la survie de cette tribu.

 Il y a aussi Olombelo Ricky qui a consacré treize années de recherche sur ses provenances à travers la culture « Vazimba »56 et ce qui définit ses créations musicales tant sur les instruments utilisés (« amponga » ou percussions) que sur les rythmes traditionnels pratiqués tels que le « seriko » (chant funéraire pour les anciens et les sages), le « korenda » (chant sacré « Vazimba » pour les prières, les mariages et les funérailles), … A titre d’exemple, un spectacle est organisé chaque année pour les jeunes après les examens de baccalauréat en vue de valoriser cette culture.

 Rossy ou RAHASIMANANA Paul-Bert figure aussi parmi les artistes conservateurs en raison de la préservation et rénovation du « vakodrazana malagasy »57 et le « vakisôva »58.

Ces artistes sus cités ne sont qu’un échantillon d’artistes qui rehaussent la musique traditionnelle malgache et préservent notre identité. A part eux, on peut citer Hanitra du « Tarika Be », « Feo gasy »,…

54 Appellation de la population venant du Sud-Ouest de Madagascar. 55 C’est une des tribus de la région de Morombe, plus précisément au Sud-Ouest de Madagascar. 56Ce sont les premiers habitants de l’île de Madagascar selon la tradition orale malgache. Ce sont êtres de petite taille qui suscitaient chez certains anciens malgaches de la crainte et du respect. 57Vakodrazana ou hira gasy. C’est une composition de musique, chant et danse propre à la culture des peuples des hauts plateaux centraux de Madagascar. 58 C’est une parole de musique Tsimihety miady rima 36

I.2. Raison du conservatisme Les motifs du choix pour les artistes sont multiples. D’abord, la connaissance de la supériorité de ses valeurs culturelles par rapport aux autres (or cette dernière est dominée par celui des étrangers), pousse les artistes à avoir un esprit conservateur. Ensuite, il y a un désir de donner une touche originelle à la culture malgache. Si on prend l’exemple de la population « Mikéa », elle rencontre aujourd’hui une transformation au niveau de la société comme dans les différentes sociétés paysannes à cause du « phénomène migratoire lié à la culture spéculative du maïs »59 , par la suite, elle fait face entre deux situations : soit elle devient pratiquant saisonnier de la culture du maïs soit elle vit dépendamment de la forêt en cueillant et en chassant. Ce vent migratoire déracine le peuple de leur origine, c’est la raison pour laquelle les artistes tiennent encore les genres de musiques caractérisant la culture de des peuples minoritaires dominés.

I.3. Types de musique pratiquée En tant que conservateurs, les styles musicaux et les supports matériels (instruments et technologies) utilisés sont conformes à la tradition malgache des différentes régions de Madagascar où l’artiste appartenait, c’est-à-dire les styles et instruments de musique qui caractérisent les malgaches.

 Sur le style, la pratique d’un aspect originaire de l’Île, avec ou sans rénovation, détermine l’artiste comme conservateur. On trouve, d’après ce que nous avons déjà évoqué avant, le « beko », qui commence à être reconnu par les gens en ce moment grâce à un jeune garçon, admiré de tous, qui a imité Théo R. dans une émission de téléréalité. Il est aussi pratiqué par différents artistes malgaches comme « Salala » et « Tsimihole ». On voit aussi le « vakodrazana » ou « hira gasy » adopté par, par exemple « Feogasy », « Rajery » ; ou encore le « horija betsileo » connu à travers « Raprosy », « Rastefa », Jean Emilien. Sans oublier le « sôva » adopté par Rossy, le groupe « jomak’ampama »,…

Quant aux textes, les conservatistes tiennent toujours en compte de la culture, des valeurs et mœurs dans les sociétés traditionnelles malgaches à savoir le « fihavanana »60,

59 Copyright 2010 DIOCESE (ECAR) MOROMBE, in http://www.ecar- morombe.org/index.php?option=com_content&view=article&id=158<emid=184, le 11 Août 2016. 60 « Qui permet à des personnes apparentées ou non apparentées d’agir comme agissent les parents ». Paul OTTINO, 1998, Les champs d’ancestralité à Madagascar- Parenté, alliance et patrimoine, éditions KARTHALA-ORSTOM, p11. 37 le respect (respect des parents et les aînés), l’entraide, et véhicule « un héritage à la fois moral, culturel, linguistique et familial »61…Ce mode de pensée se reflète à travers les comportements ainsi que les chansons. C’est pourquoi, les chansons qualifiées de « kalon’ny fahiny »62 contiennent des conseils et les messages à transmettre ont des sens sérieux. Comme illustration, le morceau « Tsipolotra » de Thierra Bruno exprime que les larmes et le désespoir ne résolvent pas les problèmes et les souffrances dues à la séparation.

II. Progressisme ou anarchie ? Une société est dite anarchique lorsqu’il n’existe pas de chef ou de dirigeant, et cela peut provoquer des troubles au niveau de la société ; il n’y a aucune instance de régulation et de contrôle ; chacun faisant alors à sa guise. On qualifie une musique de progressiste lorsqu’elle prône le changement, les réformes alors que sur un volet plus restreint, ayant une visée « révolutionnaire », elle est, dans le cadre de ce travail, considérée comme étant à tendance « anarchique » à cause de sa forme en désordre, déréglée, voire hérétique, c’est- à-dire qui ne suit pas la norme imposée par la société qui n’est autre que la loi morale ainsi méconnue. Dans le cadre de cette sorte de contre-culture, on y véhicule en l’occurrence, des contre-valeurs. Dans les faits, plusieurs facteurs peuvent être la source de cette dérèglementation : elle peut provenir de l’institution de contrôle, ou de l’artiste lui-même ou encore de la société. On a appelé ainsi les chansons modernes malgaches parce que c’est vraiment la forme que présentent ces genres de chansons. D’une autre manière, c’est la nouvelle version de l’art musical malgache actuel vue sa forme totalement désordonnée comme nous avons dit auparavant. Il est vrai que l’art, que ce soit la musique, la peinture, la danse, …, est une expression de la société (le bonheur et surtout les malaises), pourtant de nos jours il exprime les insuffisances de la société surtout à travers les danses. Les habits, les coiffures que portent les danseurs et même les chorégraphies pratiquées actuellement présentent que la société malgache se trouve dans un manque, si on ne cite que le manque de stabilité politique, économique et surtout social. Mais ce qu’il ne faut pas ignorer, c’est que l’art est aussi un moyen de contestation de la société. Donc, même si nous qualifions les chansons modernes d’anarchies, elles ont quand même une raison d’existence pour prouver à tout le monde qu’il y a une

61 RANDRIANARY V., 2001, Les musiques de Madagascar, Actes du SUD, in Muzikalité n°45. 62 Littéralement musique des générations passées. 38 organisation sociétale qu’on n’accepte pas. C’est aussi comme le cas de la pratique du feu de brousse afin d’exprimer aux dirigeants le refus ou l’opposition du régime politique en place.

II.1. Quelques artistes pratiquant de la musique « anarchique » En se référant à la définition de la musique d’anarchie qu’on vient de dire, on rencontre beaucoup d’artistes qui pratiquent ce genre de musique dans la société malgache actuelle. On peut citer :

 Rah Ckiky, qui montre à travers presque la plupart de ses chansons ses comportements, disons, de perversion comme dans le morceau « Omaly alina » (ou la nuit dernière) où il expose le plaisir charnel et le thème de sexualité dans « fary », « akondro », « Mi-vibre », « lanin’ny requin », « Mi sy la »63....

 Jean Aimé de Bemarivo, quant à lui, aborde des thèmes d’infidélités (un comportement qui s’oppose aux pensées malgache) comme un phénomène normal. Par exemple dans « Par silence », il parle de l’infidélité qui se fait en cachette afin que le mari n’ait pas de souci sur le comportement de sa femme ou encore « Aza atao zara vilana » qui prône un traitement équitable d’un mari et son rival.

Des artistes tels que « Sylange Kilalaky », « Dah’Mama », « Viavy Chila », etc utilisent la musique comme étant un moyen d’expression de conflit dans « Tsy matahotra adversaire », « Tompon’ny la clef », « Ahôgna traka » (ferme ta gueule). Elles veulent régler leurs différends à travers leurs œuvres et les faire connaître aux fans.

II.2. Styles de musiques adoptés Les styles de musique adoptés par les artistes qui pratiquent la musique d’anarchie sont très divers, mais en général, ils sont inspirés par la musique étrangère. Cette dernière engendre une trace sur la civilisation des peuples. Ainsi, RAFARALAHY Augustin affirme que cette influence a un « impact fondamental sur leur vie quotidienne : la façon de parler, de chanter, de danser, de s’habiller, de se coiffer… »64. Que ce soit le texte ou le rythme

63 Pour illustrer notre propos, voici un extrait textuel de cette chanson : « Tsy tantiko ny mahita anao mitsodatsoda be aminy e ; tsy tantiko ny mieritreritra fa ianao iny mandry ambaniny ao ; tsy tantiko ny mandinika fa ianao haronin’ny tanany e ; fa tiako raha mba izaho irery ihany no manao an’izany […] (trad. : « Je ne supporte pas de te voir l’embrasser (avec la langue !) ; je ne supporte pas l’idée que tu couches sous lui ; je ne supporte pas de penser qu’il te doigte ; je souhaite être le seul à te faire tout cela […] » 64RAFARALAHY A., « Les sociétés culturelles malgaches : l’ethnographie de Madagascar (musicologie, danses, arts folkloriques) et le fond Grandidier », in TALOHA-Revue scientifique internationale des Civilisations, numéro 16-17, 03 Septembre 2006. 39 ne tiennent plus compte des valeurs culturelles malgaches. Sachant que les malgaches ont un caractère pudique et parfois très susceptible : des mots déplacés ou les ironies peuvent les offenser. Or, les chansons modernes véhiculées, parfois moins subtiles, semblent plus crues. Elles comportent des intérêts ou plus précisément la musique devient un marché qui régit la loi de l’offre et la demande, les thèmes d’amour et de la vie quotidienne forment la base des chansons actuelles. C’est pourquoi on trouve la recrudescence des thèmes d’amour, d’argent, vengeance, etc, dans les chansons modernes.

II.3. La tenue du corps II.3.1. L’habillement Même s’il y a un dicton qui dit que « l’habit ne fait pas le moine », c’est-à-dire qu’on ne peut pas juger une personne par son apparence vestimentaire, pourtant celle-ci définit la personnalité ou l’identité du porteur. Pastoureau65 affirme que « Les vêtements disent qui l’on est, à quelle place ou rang on se situe, à quel groupe familial, professionnel ou institutionnel on appartient. Ce faisant, dans la symbolique sociale et dans l’imaginaire qui l’accompagne, le textile prend peu à peu le premier rang par rapport à tous les autres matériaux ». Rolland BARTHES en ajoute que «Le signifié principal du vêtement … c’est essentiellement le degré d’intégration du porteur par rapport à la société dans laquelle il vit. (En tant que langage, le vêtement) est, au sens plein, un modèle social, une image plus ou moins standardisée de conduite collectives attendues… ». L’apparence vestimentaire des artistes ou des chorégraphes peut donc dicter leurs caractères et leurs comportements. C’est à ce travers qu’on peut juger leurs œuvres de populaires ou classiques et oriente le public cible. L’habillement est un des facteurs qui caractérisent la qualité des musiques modernes. D’après ce qui a été évoqué ci-dessus sur ses formes qui ne suivent pas des normes imposées par la société, les modes vestimentaires que portent les artistes qui pratiquent les genres de musiques anarchiques sont très différents des artistes gardiens de la tradition. Actuellement, ces premiers ont l’audace de porter des habits vulgaires ou plus précisément des vêtements provocateurs qui incitent les gens à poser un regard sur eux, avec des tenues qui étalent les parties intimes du corps humain, jugé anormal par la société malgache, comme la poitrine (avec des vêtements décolletés), la hanche (avec des vêtements courts)… A titre d’exemple, la plupart des chanteuses ou femmes qui font un décor graphique d’un clip porte ces genres d’habits comme Dian-Hay dans sa chanson « Tsy mampagnino » (littéralement « pas de quoi ») où les hommes portent seulement des

65 Pastoureau, 2004, p 86 40 caleçons et la chanteuse porte uniquement un soutien-gorge pour la partie supérieure de son corps, ou encore «Onja Tinondia» qui a l’habitude de porter des habits trop courts. Par contre, l’habillement des artistes dans le passé se fait dans une entière modestie parce qu’ils se sentent être soumises aux lois morales qui règlementaient la société traditionnelle malgache. Leurs styles vestimentaires se font dont avec respects des normes et valeurs malgaches. On peut citer comme exemple la célèbre chanteuse « Bodo » qui s’habille avec une tenue décente même si elle ne porte pas les marques de la tradition malgache mais reste toujours humble. Voici quelques photos illustrant les styles vestimentaires des artistes féminins modernes sur scène. PHOTO 1 : La chanteuse Stéphanie sur scène

Source : midi-madagasikara.mg PHOTO 2 : La chanteuse Tence Mena sur scène.

Source : midi-madagasikara.mg

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II.3.2. La danse C’est aussi un indicateur qu’il ne faut pas oublier quand on parle du nouveau caractère de la musique malgache. La danse, qui fait partie des arts et aussi un élément de décor de l’aspect visuel des chansons, a vraiment changé. Si auparavant la danse, qui illustre une chanson, n’a été faite que rendre celle-ci plus jolie avec des jeux des mains, des mouvements des épaules et des pieds, actuellement, elle devient comme un moyen d’attirer l’attention du public sur une chanson, aussi elle devient comme une sorte de métier. En tant que métier, tous ceux qui peuvent retenir la concentration des gens afin d’obtenir plus d’admirateurs sont utiles. C’est pourquoi toutes les parties du corps humain, en particulier la partie postérieure, sont les plus mouvementées comme la hanche. La majorité des chanteurs et des chorégraphes sont expert en cette matière si on ne cite que « Viavy Chila » qui montre dans presque toutes ses chansons le mouvement de cette partie postérieure de son corps. « Mima » a même évoqué dans le morceau « Asio fanajana » sa fierté d’avoir une grosse hanche en disant « ananako raha ‘ty, hitsefako raha ‘ty … » ou je possède une grosse hanche et je la fait bouger. Tout cela montre que les anciennes et nouvelles chansons n’ont aucune similarité. Comme le mode d’habillement, la forme que prend la danse en ce moment a aussi une signification. Elle est l’expression d’une révolte, d’une réclamation que les individus n’osent pas de dire à haute voix. Donc, même si elle est souvent choquante, elle a une raison d’existence: elle exprime en quelque sorte, les insuffisances de la société.

Dans le monde urbain, que ce soit la musique conservatiste ou anarchique sont les représentant du monde de l’art. Pourtant, au quotidien, on rencontre la domination de la musique « anarchique » tant sur la diffusion que sur la consommation. Malgré cela, ces deux genres de musique coexistent sur le territoire malgache et sert toujours à unifier le peuple malgache. 42

CHAPITRE IV EVOLUTION DE LA MUSIQUE ACTUELLE : REFLET DES INSPIRATIONS ET ADEQUATION DE L’OFFRE A LA DEMANDE

Dans ce chapitre, on va voir, du côté de l’offre, comment les artistes conçoivent la musique malgache et d’autre part, au niveau de la consommation, quels facteurs orientent le choix des jeunes. Il s’agit donc ici de présenter les résultats de notre étude.

I. Sur la population d’enquête I.1. Source d’inspiration des artistes Les artistes, en tant que tels, ont leurs propres visions de la société et conçoivent la société différemment. Au fait, ils puisent leurs inspirations de réalités et d’expériences vues ou vécues. La musique joue ici sa fonction expressive en ce qu’elle sert donc à exprimer des critiques, des attentes, des aspirations, des convictions, etc. Quelquefois, leur vision concernant les faits sociaux est identique mais la façon de les exprimer n’est pas la même. D’abord, il y a la conception de la supériorité de valeurs culturelles malgaches. Face à la montée des musiques modernes, comme le « Rap »66 ou le « Hip hop », la « Dance hall »67 , le « R&B »68 , le « Gwetta »69 , les artistes sont conscients que la musique et les chansons malgaches ont encore leurs valeurs. Ces genres de musiques sont passagers et éphémères tandis que ceux des malgaches restent permanents, c’est-à-dire continuent toujours à exister tandis que les musiques modernes changent en fonction du temps et de la célébrité des rythmes. RAMAROSON Rado70 affirme que la musique traditionnelle et moderne sont comme les boutons et la chemise : d’une part les boutons ne peuvent pas remplacer la chemise et d’autre part, la musique moderne change suivant es tendances mais la musique traditionnelle reste elle-même. Même si les artistes enquêtés proviennent des générations différentes, éducation différentes, des milieux différents, ils

66C’est une musique née dans les ghettos noirs américains vers la fin des années 1970. Il connait son explosion en 1980. Le hip hop est le style évolué du Rap. 67Dancehall ou « salle de danse ». C’est une musique populaire jamaïcaine apparu en Jamaïque en 1970. 68Genre de musique apparu aux Etats-Unis au milieu des années 1990. 69 C’est un style de musique de provenance d’Afrique. 70 Chef du groupe RAMAROSON Ampanihimanga. Enquête faite par Geneviève Pearthree en 2007. 43 ont une même vision sur l’importance de la culture malagasy qui est actuellement influencée par l’avènement d’une culture mondiale. Donc, c’est à partir de cela que sont nées les inspirations des artistes. Erick Manana trouve son inspiration à partir de la constatation que les jeunes actuels ne s’intéressent plus à la culture malgache, ne voient même pas la richesse qu’ils ont sous leurs yeux comme la musique, la langue, le patrimoine ainsi que la diversité culturelle que le pays possède, et à la fin ce sont les étrangers qui réalisent la valeur et la beauté de la culture malgache ; « Toy ny valalan’amboa ka na ny tompony aza tsy tia »71 dit-on. En l’occurrence, Dama aussi trouve que les jeunes de nos jours sont paresseux, incapables de créer mais se contentent de se servir de ce qui est déjà prêt. Enfin, on rencontre la nécessité de la population qu’elle n’ose pas dire à voix haute. Dans ce cas, les artistes sont considérés comme porte-parole du public. D’après Princio, les malgaches sont dociles, ils ont leurs besoins que ce soit dans la vie ou au niveau de la société, ils ont besoin d’être bousculés pour exprimer ses mécontentements sur le pouvoir en place mais ils n’osent pas le dire à haute voix. La chanson « Izy 4m’tsam » de Princio est une illustration. Les malgaches ont voulu une stabilité politique suite aux différentes crises politiques qui se sont succédées dans le pays et aux conflits existants entre les quatre chefs d’Etat même s’ils ne descendaient pas dans les rues pour l’exprimer. Cet artiste a donc pris la responsabilité de transmettre le désir des malgaches aux dirigeants à travers cette chanson, où il souhaite la réconciliation de ces ex- chefs d’Etat. C’est par la suite qu’est née l’idée de la réconciliation nationale. Et pour transmettre le message aux publics cibles, il a l’habitude d’utiliser des parodies. Selon lui, s’il veut conscientiser les hommes sur le problème de la circulation routière, il vaut mieux dire l’accident afin qu’ils puissent être prudent. Ses inspirations sont tirées, d’après lui, de la musique malgache accompagnée de la réalité vécue. La’Sainte trouve que la nécessité dans la société c’est l’amour, tout dépend de cet élément parce que les désordres rencontrées au sein de la société résultent du manque d’amour, après celui d’argent ; cela concernant la généralité des gens, leur quotidien.

I.2. Facteurs d’influence chez les jeunes I.2.1. Age La question d’âge figure au premier lieu des variables structurantes de préférence musicales chez les individus. Sur ces 50 jeunes enquêtés, on constate que c’est l’âge qui

71 Proverbe malgache qui veut dire des choses qui nous appartiennent mais rejetées par soi. 44 détermine leurs choix. Voici un tableau qui présente le rapport entre le choix des jeunes et leurs âges.

Tableau 1 : Répartition des jeunes enquêtés selon le choix musical et l’âge

CHOIX AGES Chansons Chansons Aucun TOTAL traditionnelles modernes 15 0 2 0 2

16 0 4 0 4

17 0 3 0 3

18 1 6 0 7

19 1 6 0 7

20 0 3 0 3

21 0 6 0 6

22 0 8 0 8

23 0 4 1 5

24 1 1 0 2

25 3 0 0 3

TOTAL 6 43 1 50

Source : Enquête personnelle 2016.

En majorité, ce sont les plus jeunes qui s’intéressent aux chansons modernes car les artistes sont jeunes et ont presque leurs âges. Par exception, il y a aussi ceux qui, sans être réactionnaires pour autant, sont passionnés par la chanson traditionnelle. Les jeunes de 24 et 25 ans ont à peu près la même vision sur le choix des chansons et c’est la compétence des artistes et leurs styles de musique qui les attirent, un style un peu conservateur. D’après 45 ce que nous constatons donc, plus on est jeune, plus le goût tend vers les musiques de genre populaire, vers une culture de rupture.

La majorité des jeunes ont une tendance plus anarchique, tout comme les chanteurs qu’ils préfèrent parce qu’en quête d’identité, d’affirmation de soi ; ils sont perméables aux différents changements et innovations. Le statut des jeunes est flottant : ils ne sont ni enfants ni adultes ; ils se cherchent, ils veulent se construire. Cherchant parfois à se démarquer par rapport aux adultes, ils sont davantage ouverts au changement. Par exemple, au moment de l’introduction d’une nouvelle technologie, ce sont les jeunes qui sont intéressés en premier, et parvient à s’en servir habilement par rapport aux adultes. C’est la raison pour laquelle on voit une grande différence de choix entre les jeunes et les adultes.

I.2.2. Niveau d’instruction On constate une étroite relation entre le niveau d’instruction et le goût musical. Le diplôme marque l’attraction sur un goût musical car l’école est considérée comme concepteur de la sociabilité. Dans notre champ d’investigation, le choix des jeunes dépend de leur niveau d’instruction. Quand ils atteignent le niveau supérieur, ils commencent à s’éloigner de ce qui semble être populaire, surtout dans le domaine de la musique. Les personnes instruites, c’est-à-dire de niveau d’éducation élevé, ne sont plus influencées par les modes en vogue (que ce soit mode vestimentaire, style de musique célèbre suivant le moment,…) mais préfèrent ce qui est en dehors du célèbre, ils cherchent des modes qui peuvent les distinguer des autres. En tant qu’intellect, leurs choix se font avec des sérieux raisonnements et ils arrivent à distinguer le bon et le mauvais, ce qui est classique et vulgaire. Tandis que ceux avec de faible niveau d’instruction se rapprochent de la tendance populaire, du goût de la majorité de la population. Si on se réfère à la prolifération des réseaux sociaux contemporains comme « Facebook » (qui tient le premier rang en terme de nombre d’utilisateurs en ce moment), parmi ces utilisateurs : les personnes nobles et instruites essaient de se détacher de ces genres de communications publiques ou limiter leur utilisation puisque toutes formes de comportements y sont rencontrés. Par contre, les moins instruites sont attirées par le fait que celui-ci est utilisé par un grand nombre de public. Cette réalité affirme le concept de Bourdieu sur l’habitus : c’est la socialisation qui forge le goût des individus. Ici, l’instruction/l’éducation qu’a reçu ces jeunes qui définit leurs choix musicaux : ceux qui ont un faible niveau d’instruction ont un goût musical un 46 peu populaire et ceux qui ont atteint le niveau plus élevé ont une tendance un peu classique ou quelque fois en dehors de ce qui est habituel parce que d’après ce qu’on a dit dans le paragraphe précédent ce dernier a un raisonnement sérieux et une capacité d’analyse des faits.

La répartition des enquêtés suivant leurs niveaux d’instructions se fait comme suit :

Tableau 2 : Répartition des jeunes enquêtés selon le choix musical et le niveau d’instruction CHOIX NI NOMBRE Chansons Chansons Aucun traditionnelles modernes Universitaire 13 5 7 1

Lycéens 26 1 25 0

Secondaires 8 0 8 0

Primaires 3 0 3 0

TOTAL 50 6 43 1

Source : Enquête personnelle 2016. D’après ce tableau, si on compare les jeunes de niveau universitaire et des lycéens, le taux d’orientation aux chansons classiques est très bas pour ces derniers. Seul un individu sur 26 est influencé par les chansons « classiques » ; ce qui donne un taux de 3.84% contre 96.15%. Ceux des niveaux inférieurs, c’est-à-dire des niveaux primaire et secondaire sont tous attirés par les chansons modernes. Par contre, pour les niveaux universitaires, l’écart n’est pas vaste comme celle des lycéens : 38.64% des jeunes qui fréquentent l’université sont passionnés par les chansons « classiques » contre 53.84%, ce qui signifie que leur niveau est un facteur qui influence leur choix. Les personnes instruites conçoivent autrement les chansons que celles qui sont assez instruites parce que les personnes cultivées ont une forte capacité d’analyse des réalités sociales qui les conduisent à avoir un goût plus raffiné que les moins instruites.

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I.2.3. CSP des parents Le tableau ci-après montre la catégorisation des choix des jeunes et la catégorie socioprofessionnelle de leurs parents.

Tableau 3 : Répartition des jeunes enquêtés selon la CSP des parents

CSP DES PARENTS NOMBRE

Commerçants 10

Cadre 8

Fonctionnaires 8

9 Travaux individuels

Personnels d’appui 9

Ouvriers 4

Autres 2

TOTAL 50

Source : Enquête personnelle 2016.

La méthode dont on classifie ces CSP des parents se fait en regroupant les ceux qui pourraient s’associer : Commerçant : épicier, collecteur, vendeur de friperie, gargotier. Cadre : Commissaire de police, gestionnaire, Fonctionnaire : instituteur, secrétaire, infirmier, personnel de la commune urbaine d’Antananarivo Ouvrier : travailleur dans les zones franches. Travaux indépendants : couturière, dépanneur, pâtissier, plombier, Personnel d’appui : gardien/sécurité, femme de ménage Autres : non donnée.

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Pour les jeunes dont ses parents sont des cadres ou fonctionnaires, il y a ceux qui s’intéressent aux musiques modernes et ceux qui sont passionnés par les musiques traditionnelles. Et de même pour les jeunes issues de parents ouvriers ou commerçants. Le résultat de notre enquête montre que le choix des jeunes ne dépend pas de leur niveau de vie ou encore la catégorie socio-professionnelle de ses parents. On observe des jeunes issus de la classe aisée (dont les parents sont classés dans la catégorie des cadres) qui sont passionnés par les chansons modernes et populaires, pourtant, il y a ceux qui ne s’intéressent pas à ces genres de musique. Et de même pour les jeunes de la classe moyenne qui s’intéressent aux chansons traditionnelles. On peut dire que leurs choix dépendent plutôt de leur éducation et de la société où ils vivent. Souvent, on pense que les gens à faible revenu ont un goût musical populaire ou la musique d’ambiance et les personnes plus aisées ont du goût un peu classique comme l’affirme Bourdieu à travers son concept de l’homologie structurale qu’il y a une relation d’équivalence entre pratique culturelle et classe sociale. Il défend l’appartenance des classes aisées à des goûts culturels raffinés et les classes populaires à des goûts simples. D’après notre analyse des faits et de la réalité sociale, cette vision bourdieusienne n’est pas absolument valable dans ce sens. On voit que, les bourgeois peuvent aussi avoir un goût musical populaire et les classes moyennes peuvent avoir une tendance classique. On pourrait affirmer la conception de Mario Baroni que le choix d’une classe bien précise peut se présenter autrement que sa classe sociale d’appartenance. Quoique dans les faits, outre les éventuels effets de catégorisation et de stéréotype, la formation du goût dépend aussi de paramètres plus personnels ; le goût musical étant alors le reflet, voire le produit, de la trajectoire individuelle qui influence la sensibilité et conditionne les convenances personnelles. Le concept de classe semble ici plutôt réducteur puisque dans la mesure où chaque individu est désormais appelé à évoluer au sein de groupes multiples (résidentiel, estudiantin, professionnels, etc.), c’est en fin de compte cette multi-appartenance sociale de l’individu qui va développer d’une certaine manière ses convenances personnelles. On peut présenter ici quelques cas que nous avons observés dans notre champ d’investigation, une jeune fille issue d’une famille aisée, dont les parents ont des CSP classifiés dans la catégorie des cadres, qui est attirée par un goût populaire (différent de ses parents) à cause du désordre qu’elle rencontre entre ses parents et qui provoque un choc dans sa mentalité et la conduit à forger ses manières d’agir ainsi que ses comportements. Ses vécus au sein de sa famille l’emmène à créer ses propres tendances. Encore, un jeune garçon de 17 ans provenant d’une famille riche et pieuse a une tendance orientée vers les musiques anarchiques. Ce 49 n’est pas du tout le fruit de l’éducation qu’il a reçu mais c’est la conséquence des fréquents déplacements de ses parents dû au travail. L’absence de ses parents dans le foyer signifie pour lui une liberté, une capacité de faire tout ce qu’il veut d’où le détachement du mode de vie au quotidien (écoute des musiques évangéliques) et l’intégration dans un monde où il n’a pas l’accès durant la présence de ses parents à la maison, comme l’habillement, le goût musical ; etc…

II. Les diverses fonctions de la chanson Pour Stravinsky72, la musique n’ait pas de fonction car, selon lui, « l’œuvre d’art moderne n’est plus formalisée selon les règles traditionnelles ou l’école… ». De sa part, Yvonne BERNARD73 présente de nombreuses fonctions de la chanson et qui ont varié avec les époques. Les fonctions qui primaient autrefois sont dissoutes actuellement. La plupart est remplacée par d’autres fonctions et certaines ne sont pas encore supprimées. Pourtant, dans la société moderne où nous vivons actuellement, il y a une transformation et même une apparition d’autres fonctions de la chanson.

II.1. Fonction d’information Avant, la chanson tenait une fonction comme celle des journaux qui sert de mettre les gens au courant des évènements qui se passent dans la société. Elle se renouvelait suivant l’actualité. Cette dernière retrace les textes et paroles des chansons. Selon Aurélie Helmilinger74, la chanson est « le véhicule idéal pour transmettre des informations ». A titre d’exemple, lors de la propagation du virus « Ebola », des musiciens célèbres de la République Démocratique du Congo, comme Barbara Kanam, Salif Kéita, Didier Awadi,… se sont réunis pour enregistrer un single intitulé « Africa stop Ebola ». Les familles qui ne disposent pas de poste téléviseur dans les milieux ruraux peuvent donc être informées grâce à la diffusion de ces chansons.

72 Igor Fiodorovitch Stravinsky est un compositeur et chef d’orchestre Russe considéré comme l’un des compositeurs les plus influents du XXè siècle. 73 BERNARD Y., 1964, La chanson, phénomène social, in Revu Français de Sociologie V, p171. 74 Chercheur au Centre national de la recherche scientifique (CNRS), en France et spécialiste des corrélations entre musique et société. 50

II.2. Fonction rituelle La chanson servait aussi d’établir un dialogue entre les dieux et les hommes, sur les pratiques rituelles et sacrées. Pour les malgaches, le « antsa »75, qui est aussi un patrimoine de la musique de Madagascar, tient cette fonction, comme les musiques destinées aux louanges.

II.3. Fonction de métier Les chansons de métier sont destinées pour rythmer le travail afin d’alléger sa difficulté. Elle permet aussi de renforcer la solidarité du groupe professionnel. Les œuvres de « La Bolduc »76 est un exemple. Issue d’une famille pauvre, elle connaissait la souffrance d’être pauvre, par la suite on travaille dur pour gagner un salaire très bas. D’où elle parle du travail et du chômage dans ses chansons et encourage les chômeurs. Par exemple, le morceau « ça va venir, découragez-vous pas » est inspiré de la réalité sociale au Québec suite à la l’élection canadienne de 1930 qui met au premier rang Mr Richard Bedford Benett avec une promesse de donner de travail aux chômeurs.

II.4. Fonction de contestation On trouve cette fonction dans des chansons politiques appelées encore chansons engagées, qui critiquent la vie politique d’une nation. Elles sont en déclin actuellement non seulement à cause de la minorité de consommateur mais aussi due à sa production immédiate. Elles ne trouvent ses valeurs que lors des meetings ou des propagandes, pour montrer les mécontentements. A Madagascar, le chanteur Rossy présente cette forme de contestation dans sa chanson « Ampitapitao » où il proteste pour les classes sociales dominées. Il y a aussi « Sareraka » qui arrive à critiquer les régimes en place. Actuellement, la fonction contestataire des chansons est ruinée face à l’évolution d’une industrie de la chanson mercantile, c’est-à-dire des chansons éditées pour un simple profit.

II.5. Fonction de distraction C’est la fonction principale des chansons. Elle sert à décorer la vie dans le monde moderne à l’aide de la variété sonore qu’elle emporte pour amuser. En outre, elle sert de loisir, de la danse pour diminuer les ennuis, … C’est cette fonction qu’on trouve dans les

75 C’est une louange destinée aux Rois ou Souverains ou même les « olo-be » (les grands hommes) chez les Tsimihety, Sakalava, Betsimisaraka et les Antambahoaka. 76 Mary Rose Anna Travers dite La Bolduc est une auteur-compositrice-interprète québécoise.

51 chansons modernes vue la routine journalière vécue par les individus. Le « Zumba » est classé parmi celles qui font distraire, à la fois, il sert du sport.

II.6. Fonction de mémoire collective La chanson peut avoir aussi une fonction de mémoire collective en ce qu’elle sert à se commémorer le passé et de protéger l’identité culturelle. Les chansons québécoises assuraient surtout cette fonction parce que le pays porte des diverses empreintes comme les Amérindiens, les Anglais, les Américains, ainsi que des nombreux immigrants qui ont marqué le peuple québécoise malgré les habitants francophones qui dominent la majorité de la population. Les textes s’attachent donc à « se souvenir du passé et de préserver la langue française »77.

II.7. Fonction d’éducation Auparavant, la musique sert de transmettre des messages moraux : messages pour la santé, le bon comportement des gens. Plusieurs artistes sont conscients de leurs responsabilités d’éduquer le peuple à travers leurs œuvres. Comme preuve, il y a une chanson qui éduque les gens à avoir un respect envers les autres car on ne saura jamais ce que le lendemain nous apporte (« arahabao ny mpandalo fa aza ihomehezana, sao dia amin’ireny ny ho taolan-tehezana»78ou saluez tout le monde parce qu’on ne saura ce que l’avenir nous apporte.). Béatrice Pearthree à même distingué que la chanson malgache avait une fonction d’éducation environnementale. Actuellement, cette fonction est presque disparue.

II.8. Fonction de rêve collectif En ce moment, la chanson est souvent considérée une part de rêve. Suite à la difficulté qu’on rencontre dans la vie quotidienne, on réalise des rêves impossibles pour avoir une vie meilleure, loin de la pauvreté, or c’est une chose inimaginable. C’est comme si elle dépasse les fonctions de la littérature, du cinéma et du roman. C’est là que la chanson « invente pour la collectivité un univers de luxe, de bonheur et d’amour… »79. C’est la forme actuelle de la majorité de la musique, y compris la musique malgache.

77AnikaFalkert, La représentation du Canada dans la chanson québécoise-Université d’Avignon Frrance, p218. 78KintanaTelo : « Arahabaonympandalo ». 79 BERNARD Y., 1964, La chanson, phénomène sociale, in Revue Française de Sociologie. 52

Face à ces différentes fonctions de la chanson évoquées et d’après l’entretien avec les jeunes, on peut dire que la chanson tient une fonction de divertissement. La musique est considérée, pour les jeunes, comme un passe-temps parce qu’actuellement, ce n’est plus la parole ou les messages véhiculés à travers les chansons qui sont les plus importantes mais la mélodie qui l’accompagne. C’est pourquoi les « karaoké » sont très pratiqués dans des différents endroits où on peut s’évader pour servir de l’ambiance et de loisir pour les pratiquants et aussi pour les amateurs. Face à ces différentes fonctions qu’a tenues la chanson, celle de la chanson malgache moderne se présente autrement. Suite à l’influence de la mondialisation, en général, presque toute la société change. Pour les pays pauvres comme Madagascar, le changement est remarquable. C’est une société qui acceptait la soumission aux aînés, aux normes et valeurs établis pour organiser la vie mais suite aux proliférations de la mondialisation et à l’introduction des modes de vie occidentaux, on commence à laisser de côté la sagesse malgache parce qu’elle est considérée comme démodée. La nouvelle génération a donc besoin d’un progrès mais en tant que membre de la société, elle se sent qu’elle est encore sous une emprise de la société où elle vit. Pour montrer donc le refus de cette mode de vie passée, on voit dans tous le domaine une sorte de rébellion : dans le domaine de l’éducation, on n’accepte plus la punition aux enfants en classe même s’ils font des fautes graves. Dans le domaine de l’art, volet musical, on voit même l’existence d’un chanteur gay, comme Lillie Gasikara, qui réclame un respect pour eux dans le morceau « Sarimbavy ». Donc, on peut dire que la chanson malgache moderne a une fonction de rébellion vue la forme de révolte qu’elle emporte.

On peut conclure que, au cours du temps, ce n’est pas seulement les fonctions de la musique qui changent ou se modifient mais la créativité artistique, les besoins et les attentes du public changent aussi. Or, le modernisme et l’interculturalité sont des choses qu’on ne peut pas échapper. Donc, la musique malgache ne va pas cesser de changer que ce soit pour le meilleur ou pour le pire, mais il nous appartient de retenir le meilleur. Pour terminer, on va présenter dans un tableau à titre de récapitulation de synthèse comparative entre les chansons classiques et modernes.

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Tableau 4 : Tableau récapitulatif en guise de synthèse comparative

CHANSONS

CLASSIQUES MODERNES Critère de comparaison Instruments de Instruments traditionnels ou les musique moderne, instruments qui marquent la Electrification des Instruments malgachitude comme le « Sodina », instruments de « marovany », « angorodao »,… musique.

Mépris des valeurs culturels malgache ainsi que les règles Des textes qui n’offensent pas, porteurs moraux exigées par la des valeurs et mœurs malgaches. société malgache. Des textes qui tiennent en considération Contenu textuel Des textes qui la norme imposée par la société et parle à changent en fonction propos des sujets divers (le du temps et parlent, « fihavanana », respect des aînés, …) dans la majorité des cas, de l’amour, de l’argent…

Très importante, elles contribuent au Valeurs développement moral des individus à Musique d’ambiance l’aide des messages moraux véhiculés.

Valorisation de l’identité culturelle Obtenir plus de malgache. consommateurs Finalités/Fonctions Portée à la connaissance de toute la But purement culture malgache. financier

Source : Synthèse personnelle 2016.

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CHAPITRE V RELACHEMENT DU CONTROLE SOCIAL

Si on observe les contenus de la musique moderne, on constate que celle-ci n’implique pas les mêmes valeurs que celle d’avant. On voit à travers la musique les malaises que vit la société actuellement. La dérive axiologique que reflètent les chansons actuelles tient d’un certain relâchement du contrôle social, et ce, tant au niveau de leur production (en raison du dysfonctionnement des institutions de contrôle et de régulation) que de leur consommation (les parents n’étant plus tellement disposés à surveiller les jeunes quant à ce qu’ils écoutent). Plutôt laxiste, la collectivité n’étant pas à même de réagir face à ce constat.

I. Au niveau de la consommation On peut appeler consommateurs le public des artistes qui s’intéresse à leurs œuvres et leurs productions. Plusieurs raisons motivent les consommateurs à acheter le produit mais en général c’est la passion du client pour le produit.

I.1. Conformité à la demande de la population I.1.1. Aspect textuel des chansons Ici, ce sont les jeunes de 15 à 25 ans qui sont la population d’étude. Les types de musique considérés « anarchiques » traduisent le dysfonctionnement de la société actuelle ; ils semblent pourtant coïncider aux attentes des consommateurs. Ces derniers n’ont pas, parfois, ni la volonté ni la capacité d’analyse ou d’appréciation critique des textes, à cause d’une part, leur niveau d’instruction moins élevé et d’autre part, de leur mentalité dominée par le laisser-aller parce qu’ils se sentent fatigués de la routine journalière. Par conséquent, ils ne cherchent que des choses faciles, qui ne cassent pas la tête. C’est la raison pour laquelle les jeunes sont sensibles aux différents changements et influencés par la modernité. D’où les goûts musicales orientés vers la musique moderne puisque cette dernière se présente avec des textes qui ne nécessitent pas une forte réflexion. C’est aussi une des raisons qui les mènent à détester les chansons traditionnelles et les œuvres des artistes conservateurs car les messages à transmettre contiennent des codes que les personnes faiblement instruites ou subtiles ne pourraient pas comprendre. Comme 55 exemple, le morceau « Voasary » de Dama demande beaucoup de réflexions et de subtilités pour comprendre ce qu’il veut transmettre à travers cette chanson. On cite ici une partie de ce morceau : « …Somary gaga anefa izy nijery ilay voasary Fa voasary efa vita vaofy no nomeko azy Nanontany ahy izy nankaiza ny hodiny?” …Be mpaniry mantsy io voasary io Ka izay tonga ato an-trano dia mihinana ny hodiny…» Traduction, voir annexe.

Logiquement, on ne mange pas les fruits avec leur peau ; mais ici, la jeune femme demande où est passée la peau de l’orange. En plus, on ne sait même pas de quelle orange il s’agit. Donc, si on n’est pas suffisamment subtile et imaginatif, on n’arrive pas à comprendre qu’il s’agit d’un véritable amour qu’on ne doit pas offrir à n’importe qui mais destiné à celle qu’on aime vraiment.

Suite aux enquêtes que nous avons faites auprès des jeunes, on a pu prouver cette affirmation parce que la majorité d’entre eux préfèrent les artistes modernes. Quand on leur demande les artistes malgaches qu’ils préfèrent le plus, leurs choix sont très divers mais en général, ce sont les artistes qui produisent des musiques très faciles à cerner, même « anarchiques » qui priment dans leurs choix. La répartition se fait comme suit :

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Tableau 5 : Répartition des jeunes selon l’artiste préféré

N° NOMS D’ARTISTES NOMBRE DE FANS

1 Kougar 4

2 Jazz MMC 3

3 Agrad&Skaiz 5

4 Gangstabab 2

5 Odyai 5

6 Barinjaka 3

7 Melky 4

8 Stéphanie 3

9 Meizah 1

10 Skerzo 1

11 Ariane 1

12 Zay 2

13 Black Nadia 2

14 MartioraFreedom 2

15 Nina’s 3

16 Ambondrona 2

17 Théo Rakotovao 2

18 Mahaleo 1

19 Poopy 1

20 Ny Ainga 1

21 Rebika 1

22 Aucun 1

TOTAL 50

Source : Enquête personnelle 2016. 57

On voit à travers ce tableau la tendance moderne des jeunes très élevée qui atteint jusqu’à 86% contre 12% des goûts traditionnels (classiques). Une minorité ne s’intéresse ni aux chansons traditionnelles ni aux chansons modernes (02%). Quant aux artistes, on constate que 72% des artistes malgaches préférés par des jeunes sont des artistes qui pratiquent de la musique moderne contre 22,72% des artistes traditionnels. Cette simple statistique affirme que les jeunes actuels ne veulent plus écouter des messages moraux. Par contre, ils préfèrent danser, se distraire avec les chansons qui ont pour thème l’amour et la vie quotidienne, soit à cause de l’incapacité d’analyse comme ce que nous venons de dire ci-dessus, soit tout simplement par paresse intellectuelle. A vrai dire, ne disposant pas de véritables critères pour se livrer à une appréciation critique des chansons actuellement produites, les consommateurs semblent ne rien faire d’autre que de suivre le courant actuel. Dans un autre domaine, sur le volet cinématographique, on voit actuellement la prolifération des cinémas malgaches qui ne suivent pas les normes, que ce soit sur la qualité du son et de l’aspect de l’image, ou sur les valeurs apportées, pourtant ils sont les plus appréciés par le public par rapport aux autres porteurs des valeurs malgaches. Si on compare le feuilleton malgache « Safelika » ou « Malok’ila » de Scoop Digital et le film malgache « Quand les étoiles rencontrent la mer » de Raymond RAJAONARIVELO, on voit une immense différence entre les deux : sur le domaine de la production, on peut dire que le second est plus professionnel que le premier ; sur le domaine d’influence, le premier obtient beaucoup plus d’amateur que le second. Il en est ainsi parce que d’une part, le premier reflète les réalités que nous vivons au quotidien et d’autre part, il correspond aux attentes du public. En somme, le public ignore la professionnalisation et la qualité des arts. Comme preuve, un jeune garçon de 16 ans affirme que « ireny hira mampihetsiketsika ireny mihitsy no tiako henoina indrindra rehefa manao devoir satria ilay gadona mihetsika no mitarika ahy havitrika hanao devoir sy hianatra lesona » (trad. Je préfère écouter les musiques tropicales surtout durant l’accomplissement de mes devoirs à la maison parce que ces genres de musique me donnent des motivations). Aussi, une jeune femme de 20 ans précise que «tiako daholo rehefa vokatra malagasy amin’izao fotoana izao na hira indrindra fa ny film toy ny « Vola », ry « Malok’ila », sns satria ahitako ny fiainana andavan’andro izy ireny sady mampihomehy koa » (trad. J’aime tout ce qui est œuvre artistique malgache que ce soit la musique ou les feuilletons parce qu’ils reflètent les réalités de la vie quotidienne et aussi c’est amusant). Ce qui signifie que les individus ignorent les valeurs portées par les œuvres artistiques malgaches ainsi que ses qualités.

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I.1.2. Aspect « « visuel » de la chanson C’est aussi un critère qui pousse les jeunes à consommer les œuvres des artistes. Ils ne tiennent pas compte des messages véhiculés mais plutôt aux formes extérieures de la chanson. En général, l’aspect visuel des chansons modernes malgaches sont inspirés des modèles européens ou américains. D’après notre entretien avec les jeunes, on peut citer les points suivants : x Le mode vestimentaire de certains artistes est un critère qui attire le public à devenir fan. La façon dont quelques artistes féminins s’habillent est très attrayant. Comme illustration, la façon dont Nina’s et Melky s’habillent se fait dans une complète modestie. Elles s’intéressent aux vagues de la modernité mais en restant humble. Pour ses fans, elles portent des habits à la mode mais ne ressemblent pas aux autres qui montrent les parties intimes du corps humain. C’est un des éléments qui attire en premier ses amateurs.

x La danse est aussi parmi les facteurs qui poussent les jeunes à admirer les artistes. Kougar, Barinjaka et Stéphanie obtiennent beaucoup de fans par le rythme de ses chansons qui font bouger, très utilisées dans les fêtes que ce soient familiales ou des autres festivités au sein d’un groupe. L’arrivée en grand nombre de public lors des spectacles prouve l’admiration de ses fans à leurs œuvres. Selon leurs admirateurs, même si ces artistes possèdent des chorégraphes, ils participent fortement à la décoration gestuelle de leurs musiques. Actuellement, la danse est un trait marquant de la musique moderne malgache. Elle se diffère du type habituel ou plus précisément de la forme de la danse dans le temps passé. Même si c’est un art (art de la danse), pour les danseurs, elle expose la beauté corporelle pour exprimer les sentiments profonds. Pour le public, il est attiré par des nouvelles chorégraphies, c’est pour cela qu’on voit des différentes sortes de danses excentriques, c’est-à-dire les genres de danses qui s’écartent de la norme malgache comme l’agitation au maximum de la partie postérieure du corps.

x L’appartenance à une même génération attire le choix des jeunes. Cela facilite la transmission des messages chez eux grâce à la vision identique des choses. La plupart des fans d’Odyai et Martiora Freedom sont intéressés par leurs chansons le fait qu’ils se trouvent dans une même génération, en plus ces publics ajoutent comme si ces artistes connaissent leurs goûts. Par exception, il y a certains jeunes qui ont une autre vision que les autres qui sont attirés par la professionnalisation des artistes, la qualité de ses voix qui les distinguent des autres, les rythmes et surtout sur l’instrument utilisé. En outre, il y a le désir de certains 59 jeunes à connaître ses valeurs culturels à travers les conseils tirés à l’aide des chansons. On peut présenter les réponses des jeunes comme suit : x L’instrument de musique utilisée par l’artiste et la qualité des sons attirent le public. Mahaleo obtient son public par le biais de sa guitare et il faut noter que la passion pour cet instrument pousse les jeunes à admirer cet artiste. Un jeune homme passionné par la guitare représente ici l’amateur de ce groupe. L’utilisation de cet instrument lui pousse à adorer le groupe ainsi que ses œuvres puisque c’est le principal instrument utilisé.

x La professionnalisation des artistes dans le domaine musical aussi marque sa force pour ses fans vue l’influence de la musique étrangère, ainsi leur célébrité reste toujours malgré les nouveautés qui apparaissent dans ce domaine comme « Zay », « Poopy » et « Ny Ainga ». Les amateurs de ces groupes racontent qu’ils sont déjà vécu plus d’une dizaine d’années dans le domaine de la musique qui marque leur expérience et professionnalisme dans ce domaine. Selon encore leur dire, même si différents styles musicaux passaient durant ces années, leurs œuvres restent les mêmes.

x Les conseils tirés à partir des chansons motivent quelques-uns à faire leurs choix. Gangstabab et Agrad&Skaiz sont mentionnés comme des artistes dont ses textes et paroles apportent conseil. A titre d’exemple, la chanson d’Agrad&Skaiz « Bandy maté » (ou garçon/homme matérialiste) conscientise les hommes à être responsable dans la vie d’un couple, ils ne sont pas faits pour dépendre des femmes surtout dans le côté matériel mais au contraire, ils sont considérés comme un pilier au sein de sa famille. Gangstabab, lui aussi, éduque les jeunes à avoir un bon comportement durant son adolescence afin d’avoir un avenir meilleur, avec l’utilisation des dictons et des proverbes malgaches. C’est aussi un avantage pour ses amateurs car cela les pousse à s’intéresser beaucoup plus aux cultures malgaches et leur donne l’envie d’étudier le « kabary ».

x La voix, qui différencie un artiste à un autre, est aussi un élément de préférence. Black Nadia, Nina’s, Stéphanie et Ambondrona sont mentionnés comme artistes dont leurs voix marquent leurs spécificités, attirant et donne envie de les écouter tout le temps. Selon un des jeunes, même s’il y a une émission faite sur la capacité du public à imiter les artistes qu’ils préfèrent, ce dernier reste toujours un « kopikolé » comme le nom de l’émission mais la voix originale reste toujours la meilleure.

x Le rythme pratiqué par les chanteurs intéresse en premier lieu les jeunes. Ce choix se fait en fonction du temps. Par exemple, au moment où la R&B connaît son 60 ampleur, le choix des jeunes varie aussi en fonction du temps et ils s’intéressent aux artistes qui en pratiquent et c’est pareil pour le rythme Gwetta actuellement, c’est pourquoi Agrad&Skaiz, Kougar, Jazz MMC et Odyai ne ratent pas d’en pratiquer afin d’obtenir beaucoup d’amateurs. Et c’est ainsi qu’on qualifie les rythmes de « démodés » ou à la mode.

I.2. Faiblesse de la communication entre parents-enfants Souvent, les relations parents-enfants sont compliquées. Des fois, ils ne se comprennent pas et n’ont pas des mêmes points de vue sur un fait ou une situation. Celui- ci est la conséquence du conflit de génération entre ces deux catégories. Les parents ne saisissent pas les réalités vécues par les jeunes mais veulent transmettre leur goût conservateur ; de leurs côtés, les jeunes ne veulent pas écouter leurs parents mais préfère vivre dans un goût réformiste. « Si jeunesse savait, si vieillesse pouvait » dit-on. Les deux catégories ne se comprennent pas ; les parents considèrent les jeunes comme étant immatures (Tsy mbola mikatona loha malemy !) ; ceux-ci trouvent ceux-là caducs, dépassés par le temps et les évènements. Les parents ont parfois du mal à trouver un juste équilibre ; tantôt c’est le laxisme, tantôt c’est la répression. Aussi, faute de temps car accaparés par les difficultés de la vie et les activités productives, ne sont-ils pas disposés à imposer correctement un dispositif de surveillance sur leurs enfants qui échappent ainsi à leur contrôle. Il est possible de constater une délégation, volontaire ou non, de cette responsabilité éducative des parents à l’Ecole, aux médias, etc. Dans la vie courante, on constate que les mass média assurent beaucoup l’éducation des jeunes. A cause de l’insuffisance de temps à passer ensemble à la maison, les jeunes préfèrent tirer des leçons à travers les émissions radiophoniques (exemple : l’émission « mba ho vanona » de la RDB) et télévisées (à l’aide des différentes feuilletons diffusées). Sur ce, il n’est pas étonnant de voir la mésentente des parents et des jeunes puisqu’ils retiennent tout ce que le média les enseignent. En outre, c’est ce conflit de génération qui provoque l’insuffisance de la communication entre les deux générations, or ce système de partage entre parents-enfants détermine fortement les tendances des jeunes, que ce soit sur le style vestimentaire, la coiffure, goût musical. Parlons brièvement du conflit de génération : Le problème de conflit de génération a été remarqué et s’est aggravé aux XXè Siècle, avec le mouvement de Mai 1968 en France80, ou encore en Mai 1972 à

80 Il y avait des puissantes manifestations menées par les étudiants de l’Université de la Sorbonne, rejoignit par des lycéens et des ouvriers, à s’opposer à l’ancien système social et pour demander une 61

Madagascar81 ou bien en Juin 1989 en Chine82. Il s’est aussi développé dans les sociétés modernes et a pour élément déclencheur la liberté de choix des jeunes (exemple : au niveau de la recherche du travail), les médias qui ont provoqué l’ « uniformisation de la masse des jeunes » et la consommation de masse où les jeunes se trouvent, « dans laquelle les marques représentent les repères qui leur manque (marques de vêtements, sport, loisirs, jeux vidéo, …) ».

Si on apporte une analyse sur ces faits, on constate que le problème repose sur la question de conflit de génération. Les jeunes, en tant qu’intellectuels, ont leur propre idéologie de mener leur vie et veulent s’exprimer face aux impositions et avis des générations antérieures. Pour eux, les manifestations sont les meilleurs moyens de s’exprimer et d’attirer l’attention des adultes.

Suite à cette mésentente entre les générations, que ce soit les parents ou les jeunes ne peuvent pas se comprendre. Quelquefois, il y a des parents qui arrivent, à la fin, de comprendre leurs enfants, mais dans la majorité des cas, ils s’opposent toujours. Cette opposition entraîne une défaillance communicationnelle entre parents et jeunes. D’où la difficulté des parents d’orienter la tendance des jeunes, et la recherche pour ces derniers des goûts qui leur conviennent. Ils peuvent trouver leur goût musicale en dehors de son foyer, c’est-à-dire dans le groupe dont lequel ils appartiennent. D’après notre enquête auprès des jeunes, presque tous issus du groupe, informel, ont des goûts musicaux semblables influencés par la tendance de ce groupe, basée sur l’influence de la nouvelle technologie. D’une autre façon, c’est la tendance du groupe auquel ils appartiennent qui influence les tendances de chaque jeune mais ce n’est pas le contexte socio-familial. Ainsi D. PASQUIER ajoute que « pour être soi parmi les autres, il faut faire comme les autres »83. Quelques jeunes arrivent même à orienter le goût de ses parents à se conformer avec leur tendance. D’après ce que nous constatons sur ces jeunes alors, on peut affirmer la conception de Mario Baroni le goût musical dépend non seulement du groupe social

libération sociale et sociétale, sous le régime gaulien, avec des slogans : « La chienlit, c’est lui » ou « Soit jeune et tais toi » (avec l’ombre du Général de Gaulle en fond d’affiche), « Dix ans, ça suffit ». 81 Grève estudiantine menée par les étudiants de la Faculté de la médecine de l’Université d’Antananarivo suite aux non paiements de la bourse d’étude et aux réclamations des meilleures conditions d’internats et des systèmes d’étude. La grève s’endurcit et aboutit au renversement de la première République. 82 Manifestations dirigées par les étudiants, les intellectuels et d’ouvriers chinois sur la place de Tian An Men à Pékin. Les étudiants de l’Université de Pékin refusent la tutelle des associations universitaires qui sont entre les mains du Parti Communiste Chinois. Ils dénonçaient la corruption et demandaient des réformes politiques et démocratiques. La grève s’est achevée dans un bain de sang. 83 D. PASQUIER, 2005, Cultures lycéens. La tyrannie de la majorité, p53-62. 62 d’appartenance mais aussi de la technologie et des médias. Par exemple, un jeune garçon de 20 ans et étudiant en gestion a décidé de mener une vie indépendante face aux conflits existant entre lui et ses parents suite aux différents points de vue, différence de goûts (vestimentaire et coiffure, musicaux, émissions télévisées) ainsi que le choix d’école. Ses parents auraient bien voulu qu’il poursuive ses études universitaires en médecine or il a eu son propre choix. Avec ses parents, la vie tourne mal pour lui, la communication se fait rarement parce que ses parents sont déçus de la décision qu’il a pris sur son avenir, qui est la source du problème. D’où la rupture entre les deux puisqu’ils n’arrivent pas à se comprendre. Mais quelquefois, il y a des parents qui adaptent leurs comportements à se conformer avec la tendance de leurs enfants. Une jeune fille de 16 ans appartenant dans le groupe des jeunes, et attirée par le rythme R&B, et un goût vestimentaire tendanciel, dépense son temps le week-end à faire du karaoké avec ses parents en interprétant ses chansons préférées. Ses parents ainsi conscients de la situation décident de la soutenir dans ses activités pour que sa fille ait une confiance en ses parents et pour éviter la délinquance juvénile.

II. Au niveau de l’offre Le développement incessant des musiques à caractère anarchique résulte aussi de différents facteurs. Ici, on présente trois éléments qui définissent les qualités de la musique.

II.1. Défaillance des institutions de contrôle II.1.1. Non application des textes règlementaires Le non application des textes réglementaires figure au sommet de tout. Madagascar possède différentes lois régissant les arts et la culture mais elles restent occultes. Entre autre, on peut citer la loi n°94-036 promulguée en 1995 portant sur la Propriété littéraire et artistique, ou la loi n°2005-006 portant sur la Politique Culturelle Nationale pour un développement socio-économique de Madagascar. Cette dernière mérite d’être revue actuellement parce qu’il n’y a pas eu, jusqu’à maintenant, un décret d’application. De même, il y a la loi n°90-031 du 21 Décembre 1990 sur la communication qui n’est pas appliquée jusqu’à maintenant, or l’article 125 de cette loi régit le dépôt légal des imprimés de toute nature mis publiquement en vente, c’est-à-dire des œuvres que ce soit musicales ou photographiques, les enregistrements sonores ou visuels, les œuvres multigraphiées84

84 Loi n° 90-031 du 21 Décembre 1990 sur la communication, article 125. 63

(livres, affiches, brochures,…) doivent obligatoirement passer au service nommé « Division de la presse et du dépôt légal » au sein du Ministère de l’Intérieur pour servir de contrôle si on peut les publier ou non. Sur les œuvres musicaux, d’après le Responsable de ce service, il n’y a aucun dépôt légal effectuer par les artistes jusqu’à maintenant faute de l’invalidité de cette loi. Normalement, avant la diffusion des œuvres musicaux dans les médias, il fallait déposer un exemplaire au sein du service de contrôle et un autre à l’OMDA. Or, ce n’est pas le cas : les artistes passent directement leurs œuvres dans les stations radios-TV peu importe le contenu de leurs œuvres. C’est pourquoi les genres de musique d’anarchie circulent dans les différents canaux médiatiques.

II.1.2. Avantage des dirigeants Il serait intéressant de connaître pourquoi les lois conçues en 1990, en 1995 ou en 2005 ne sont pas encore appliquées actuellement? D’après notre analyse, on peut dire que c’est pour l’intérêt des dirigeants, car on constate qu’aujourd’hui les artistes engagés ne tardent pas à critiquer à travers ses œuvres l’incompétence du gouvernement face à une situation. Se référer à cette loi sur la communication de 1990, elle évoque que le code de la communication a pour objet de garantir la liberté d’expression et du droit à l’information. Brusquement, il y a quelque mois passé, une loi sur la réforme du code de la communication a vu le jour. Ce qui a bouleversé le peuple et surtout les journalistes car la presse est limitée à ne rapporter que des faits merveilleux, la couverture nationale des médias privés n’est pas souhaitée mais celle-ci soit réservée aux chaines publiques. Tout cela veut dire que la presse est soumis sous contrôle des dirigeants pour protéger leurs avantages afin qu’ils puissent exploiter en cachette la richesse de l’Etat. A part cela, d’après ce que nous avons observé lors de notre passage au sein du Ministère de l’intérieur, on a constaté que les presses écrites sont strictement soumises à des observations, tant sur les titres que sur le contenus s’ils ne sont pas provocateurs ou visent la souveraineté de l’Etat. Sur ces deux points, on rencontre une faiblesse du contrôle social formel, parce que, d’une part, il est inappliqué pour protéger les intérêts des dirigeants et d’autre part pour mépriser le peuple malgache. Donc, puisqu’il y a un manque de pouvoir, il n’y aura non plus de sanction. C’est pourquoi les chanteurs/artistes sont libres de faire de leur propre gré.

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II.2. Intérêt des artistes Actuellement, les produits musicaux sont devenus produit de marché. Le but des artistes dans ses œuvres repose sur un but lucratif. Le marché de la musique se développe en fonction du temps et de l’espace selon le besoin des consommateurs. Du village, région et s’étend au national voire même international, les attentes du public sont très diverses. Pour répondre donc aux demandes de ses clientèles, les artistes vont produire plus. Là, il s’agit donc de « l’équilibre partiel » sur le marché. Si la quantité de la demande augmente et que le prix s’élève, la clientèle est moins motivé à acheter ; tandis que si la demande augmente et que le prix diminue, les consommateurs sont disposés à acheter. En raison de vouloir satisfaire les besoins de ses clientèles, les artistes vont donc s’intéresser au plus sur la quantité des œuvres mais pas à la qualité. Donc, même si les textes sont nuls, ou les qualités sonores et visuelles ne suivent pas les normes, les amateurs continuent toujours à consommer leurs œuvres. C’est pourquoi on entend les interprétations des artistes modernes des œuvres de la génération passée d’artistes. Par exemple l’interprétation de la chanson «Raha mba fantatrao mantsy malala» de Ejema par Marion, ou celle de «Halako» de Fenoamby par Big MJ. Puisqu’on parle de l’art, ce qui le rend intéressant et attirant c’est l’esprit créatif de l’artiste, pourtant les générations actuelles d’artistes n’arrivent même plus à créer mais à imiter, prend ce qui est déjà conçu en le modifiant un peu. Et les amateurs, attirés par les nouveautés, consomment les œuvres ainsi produites. Se référer à ces deux artistes sus-cités, ils mettent une retouche sur les œuvres originales et appliquent leurs styles musicaux afin d’obtenir un nouvel aspect de la chanson.

II.3. Changement du rôle des médias Après la libéralisation des mass médias privés, il y a un changement de structure qui a provoqué le « développement rapide et incontrôlé du média privé »85 qui aboutit « au changement de rôle des médias ainsi que la manière de consommer, de voir, d’écouter et même dans les mœurs des malgaches »86. Les médias sont alors régis par la question financière. Pour eux, c’est le profit qui prime. Ils ignorent ce qui est de côté des auditeurs en laissant à ces derniers la responsabilité de prendre ce qui leur est bien ou mal à travers les diversités musicaux diffusées en boucle. Il faut noter que ce matraquage favorise la croissance de la

85 Interview de Haja RAVELOJAONA, « Vers la déculturation de la musique malgache ».C’est un concepteur-présentateur des émissions « Black and Blues » de la RTA. 86 Idem. 65 ressource des médias. Donc, il suffit pour l’artiste de payer la caution requise pour que ses œuvres soient diffusés, peu importe ses qualités. C’est la déréglementation du contrôle social exercé par ces institutions chargées de contrôle des œuvres artistiques (qui sont le ministère responsable, la famille et le média) qui provoque la banalisation de la production artistique et oriente les jeunes vers un goût musical populaire et anarchique, c’est-à-dire la faiblesse des artistes à produire quelque chose de mieux se confond avec le désir des individus qui sont incapables d’exiger des œuvres de bonne qualité. Et celui-ci les pousse à avoir un comportement qui s’éloigne aux normes imposés par la société qu’ils doivent se conformer. D’après ce que nous venons de dire dans ce chapitre, que ce soit le contrôle formel ou informel n’ont plus de pouvoir et la capacité de diriger le comportement des individus à se conformer aux règles judiciaires et morales d’un groupe social donné. Le ministère qui assure le contrôle formel ne garantit plus sa fonction de sanctionner les œuvres qui ne sont pas conforme aux règles établies à cause du profit d’une faible minorité. De sa part, les parents, instance d’apprentissage des normes et aussi vecteur de transmission des valeurs pour baliser le comportement des jeunes, n’exercent pas ses fonctions. Notons que dans la société traditionnelle, où les écoles étaient encore absentes, la famille a assuré la fonction de socialisation (c’est-à-dire lieu d’apprentissage de la vie en société) et on a observé une domination parentale, mais actuellement cette fonction tend à diminuer à cause de l’accroissement du nombre d’écoles et l’autorité des parents s’affaiblit à cause du principe de liberté des jeunes : autonomie, liberté d’expression, liberté de prise de décision. Par conséquent, le relâchement de ce contrôle social conduit les jeunes à s’écarter des normes puisque les institutions de contrôle et les parents n’arrivent plus à sanctionner et à les contrôler. D’où ses comportements (habillement, coiffure,…) et ses tendances orientées vers la danse et son intégration dans le domaine de l’amour dès le plus jeune âge.

Bref, on peut dire que la prolifération des chansons anarchiques qu’on rencontre en ce moment provient des trois éléments essentiels, « toko telo mahamasa-nahandro »87dit-on en malgache, qui sont les artistes eux même, les institutions de contrôle et les consommateurs qui sont les publics. Malgré cela, on constate encore la survivance des musiques traditionnelles considérées comme conservateurs de l’identité culturelle malgache.

87Les trois pivots. 66

TROISIEME PARTIE

PROJECTION SUR L’AVENIR DE LA CULTURE MALGACHE

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On constate que l’innovation est menaçante pour la culture malgache, surtout en ce moment de la propagation de la mondialisation. Elle n’est pas toujours bonne mais a des inconvénients. Au sein d’une entreprise, l’innovation est très importante et très utile notamment quand il s’agit d’une amélioration de la qualité de service. Dans un pays pauvre comme le nôtre, il faut savoir limiter ou modérer l’interculturalité sinon elle provoque un danger sur notre culture, c’est-à-dire qu’il ne faut pas toujours réagir face aux contacts avec différentes cultures, sinon elles pourront nous déraciner de notre origine.

CHAPITRE VI CULTURE MALGACHE EN DIFFICULTE

Face à la domination politique, économique et surtout culturelle des pays riches, notre culture risque de ne pas retrouver son originalité ou certaine risque de disparaître (comme le cas du « fihavanana » qui commence à être délaissé à cause de la force de l’argent qui peut tout faire, devient maître de tout et de tous). Et ce sont les générations futures qui vont subir les conséquences en ignorant qui sont-ils.

I. Risque de la perte de l’identité malgache L’identité culturelle d’une nation est caractérisée par l’héritage qu’ont laissé les ancêtres : héritage historique, la langue, les religions, les croyances, la façon de penser qui n’est autre que la pensée ancestrale. On retrouve aussi d’autres marques de l’identité dans les sociétés traditionnelles malgaches comme les types de maisons (« trano gasy »), plans de villages, les fêtes (qui s’effectuent en respectant la tradition). Dans la société moderne, on retrouve aussi des marques d’identité comme le drapeau, l’hymne, la devise,… C’est la marque de cette identité qui différencie un groupe d’un autre. On peut relever une double identité : identité personnelle des individus et identité collective de l’ensemble. La première est née avec conception de la spécificité d’un groupe par rapport aux étrangers et la seconde apparait avec la famille par le biais de l’éducation, l’instruction, la religion, … L’identité culturelle renvoyant ici aux éléments de la culture qui, ayant une vocation distinctive, puissent conférer autant la possibilité d’une reconnaissance de soi par soi- même que par autrui. Donc, la forte influence des cultures étrangères sur l’individu ou sur le groupe peut déraciner l’individu ou la collectivité. 67

I.1. Causes de la perte d’identité Plusieurs facteurs pourraient entraîner le déracinement identitaire. Selon le Pr RAFOLO A. et alii88, les éléments constitutifs de la perte d’identité sont : l’immigration, les réfugiés, et ceux qui n’ont pas du tout ou ont perdu ses identités. Pour le cas de Madagascar, ce ne sont pas ces éléments qui vont nous faire perdre notre identité parce qu’ils ne constituent pas un problème dans le pays. Nous devrions se soucier plutôt de cette influence de la mondialisation culturelle dont on ne peut repousser comme l’affirme encore le Pr RAFOLO A. et alii que « les influences des grandes puissances, notamment les Etats-Unis, par le biais de la mondialisation, de la diffusion croissante d’émissions télévisées… menacent des traditions…» .

I.2. Manifestations de la perte de l’identité La société contemporaine est marquée par le libre-échange, la circulation rapide de la communication ; bref, on vit dans une société ouverte. Ce dernier signifie qu’il y a une pénétration de la modernité, et que la société est prête à accueillir les autres cultures. Actuellement, face à la croissance de la mondialisation qui mène vers l’uniformisation culturelle mondiale, on rencontre alors des crises identitaires. Selon Dubois, dès notre naissance, on ne nous apprend pas la pensée malgache, mais quand on commence à étudier dans une école, on nous apprend les pensées occidentales. Par la suite, la pensée ancestrale est délaissée or cette dernière a beaucoup de valeur que celle des occidentaux. On l’a délaissé parce qu’on la considère comme pensée de l’homme attardé, en contradiction avec la mentalité utile actuellement. Ce qui est considéré comme identité malgache subit en ce moment une superposition des civilisations occidentales.

x La langue Qui est « considérée par la grande majorité des spécialistes comme paramètres fondamentaux difficile à contester »89. Elle a deux fonctions : fonction communicative et identitaire90 et inséparable de la culture. Actuellement, les malgaches ne maitrisent plus sa langue maternelle à cause de l’expansion des langues étrangères. L’enfant, dès sa base, est formé à apprendre la langue française et anglaise. A la maison, la langue étrangère devient la langue de communication. Or, on ne maitrise aussi parfaitement ces langues étrangères.

88 RAFOLO A. et all, 2004, L’identité culturelle en question », Annales de l’Université de Madagascar, vol13, pp13-21. 89 RANDRIAMAMPANDRY B-J., Convergence culturelle à Madagascar, p133-149. 90 RANDRIAMASITIANA G. D., Etude culturelle, support du cours Cultural Studies M2. 68

D’où l’apparition de l’ironie « teny vary amin’akotry »91, utilisé par la majorité des malgaches, pour ne pas dire presque tout. A titre d’exemple, il y a des chansons malgaches dont ses titres ou ses textes sont écrit avec ce variété « vary amin’akotry » comme « Izaho tompon’ny la clef » de Dah’Mama, « Laisse-passez » de Jerry Marcoss ou encore « Tsy matahotra adversaire » de Sylange si on ne cite que ceux-là. Donc, si nous ne sommes pas conscients de ce problème majeur, la langue malgache, risquant de se dévitaliser ou d’être dévorée par d’autres langues dominantes92, va devenir créolisée voire, comme l’Hébreu, une langue morte.

x La façon de vivre (Mode de vie) Il y avait un principe malgache « trano atsimo sy avaratra, izay tsy mahalen-kialofana »93 que nos ancêtres a utilisés comme principe de vie, qui marque l’entraide qui existait dans la société traditionnelle malgache face aux manques ou à l’insuffisance matérielles de ses voisins. Actuellement, cette façon de vivre risque de se dissoudre, surtout en ville à cause de, d’une part, l’insécurité et d’autre part de la mentalité individualiste emmenée par la vague de la modernité. Aussi, dans la société traditionnelle malgache, les liens qui unissent les hommes sont très importants que l’argent ou les valeurs matériaux. Les Ntaolo94 malgache voient l’importance de cette relation et concluent que « Aleo very tsikalakalam- bola toy izay very tsikalakalam-pihavanana »95 parce que les aides apportées aux voisins sont plus précieuses que les objets matériaux. Dans la société contemporaine, suite aux influences de la culture occidentale, cette sagesse s’estompe, l’argent devient le maître des hommes. C’est pourquoi on rencontre toute sorte de violence au sein de la société malgache car c’est l’argent qui prime.

x Le patrimoine Le patrimoine peut se définir comme « l’ensemble des créations significatives que les communautés choisissent d’hériter, de protéger, de mettre en valeur et de transmettre aux générations futures »96 donc, il est considéré comme bien existant et transmissible. Il « peut être purement matériel, mais également culturel et immatériel »97. Il est donc cet héritage légué

91 Lit. « Une langue (faite) de riz et de paddy », c’est-à-dire une langue qui mélange des mots d’origines diverses. 92 Nous évoquons ici ce que les sociolinguistes appellent « glottophagie ». 93Signifie l’entraide entre les voisins. 94 Ce sont les parents respectables dans la société traditionnelle malgache. 95Vaut mieux perdre de l’argent que les liens qui unissent les hommes. 96 Document de projet de la Ministère de la Culture et du Patrimoine Madagascar. 97 Breton, J-M, cité par Zineb Charai, (sous la direction de), Patrimoine, tourisme, environnement et développement durable (Europe-Afrique-Caraïbes-Amérique-Asie-Océanie), Edition Karthala, Paris, 2010, Préface. 69 par les générations qui précèdent. En tant qu’héritage laissé par les ancêtres ou les parents, il mérite d’être protégé, respecté, conservé, mettre en valeur car il est une propriété commune. Souvent, il est aussi considéré comme sacré. Comme illustration, on peut citer les musées, les monuments, les sites, etc. En ce moment, on constate une destruction des sites et des monuments appartenant aux patrimoines nationaux à cause de la négligence de ses valeurs. Il n’y a pas mal de temps, on a diffusé à travers les médias la démolition des établissements universitaires (qui sont partis en flamme), et qui sont classés parmi les patrimoines matériels. Le plus récent était quelques mois passés dans l’Université de Mahajanga suite aux conflits entre les étudiants originaire de cette région et ceux venant de la Région Sofia. En outre, dans cette ville su citée, un site appelé « cirque rouge » était victime de dévastation en 2010 d’où l’initiative de l’Etat à délimiter la superficie de ce site protégé à l’aide du service topographique régional.

x La musique Perte de la touche originale de la chanson malgache. Actuellement, il semble plutôt difficile de parler d’authenticité culturelle. En contexte de mondialisation, c’est la logique du marché qui prime. Dans ce cas, la visée d’un large marché conduit les artistes à opérer en fonction d’une logique primordiale : celle de fusion. Sous cet angle, les cultures locales semblent davantage instrumentées plutôt que valorisées. C’est la conséquence de l’assimilation sans remettre en question les différentes cultures qui ont intégré dans notre pays. Mais en tant que doué en matière d’imitation, les malgaches ont su combiner la musique étrangère avec la leur, par conséquent elle forme sa propre musique. Alors, suite à cette métissage culturel, on n’est ni malgaches ni européens. C’est ce que Dubois dit qu’ « il y a deux personnalités en vous. Les étrangers vous considèrent quelqu’un qui manque de personnalité ». Même s’il y a actuellement des artistes qui prétendent poursuivre des musiques traditionnelles, l’originalité de la musique ne se situe pas. Par exemple, « horija betsileo » apporté par le groupe « Oladad »en ce temps n’a plus sa forme originale parce qu’il est mélangé avec d’autre rythme comme le Rap, le Dance Hall, le R&B.

Bref, on peut dire qu’on risque de perdre notre identité même si certaines personnes considèrent que celle-ci n’est pas encore envisageable. Malgré la présence en nous, les malgaches, d’une mentalité de cohésion sociale qui marque l’union que ce soit dans la joie (naissance : « rom-patsa ») ou dans la tristesse (la mort : « fao-dranomaso »), mentalité qui persiste continuellement malgré l’influence de la culture des autres, on voit une modification de ces rites. La mort est un évènement très dure pour les malgaches et 70 nécessite un soutien, que ce soit moral ou matériel et financier, de la part de la société et la participation aux veillées funèbres marque la cohésion des malgaches. Actuellement, cette valeur est en train de se fondre car on constate le refus de cette cohésion. Dans certains cas, on réclame qu’il n’y aura pas de veillé funèbre. Cela veut dire qu’on se sent indépendant et n’a pas besoin d’aide des autres. Cependant, les moments tristes, comme la mort, prouvent la solidarité entre les malgaches.

II. Négligence et dénigrement des produits malgaches II.1. Qualité des produits décevants A Madagascar, il y a une ironie « vita gasy » (ou littéralement « fabriqué par les malgaches ») qui signifie que tous les produit malgaches sont considérés comme mauvais, de basse qualité et même il y a ceux qui pensent c’est sans valeur. Quelquefois, ce jugement semble être exacte parce que quand les malgaches perfectionnent un matériel, ils ne pensent pas aux qualités mais aux quantités qu’ils vont produire, ils rendent jolie la forme extérieure de l’objet pour attirer plus de clients. Par la suite, le matériel ne dure pas longtemps et ne sert plus à rien. Ce n’est pas seulement au niveau de la production qu’on rencontre la faiblesse des malgaches mais même au niveau de respect des temps : on désigne par « manao fotoan-gasy » celui qui ne respecte pas l’horaire convenu lors d’un rendez-vous. Tout cela devient un motif de la haine des produits malgaches chez les jeunes que ce soient artistes ou non. Ce ne sont que des illustrations sur la mentalité des malgaches. Mais que ce soit vrai ou faux, il y a des valeurs et des richesses qu’on ignore faute de ce jugement ancré dans nos pensées. Même si nous possédons des diversités culturelles très intéressantes, elles restent occultes à cause de ce jugement. C’est pourquoi les jeunes ne s’intéressent plus à notre culture, à nos produits tels que les films, la musique,…

II.2. Manque de professionnalisme A part cela, on trouve aussi un manque de professionnalisme, de talent et de savoir- faire, non pas seulement chez les chanteurs ou acteurs mais chez tous les individus qui pratiquent de l’art et ce qui se proclament comme artistes, comme les danseurs, les peintres… Isabelle de Maison Rouge a même affirmé qu’ «aujourd’hui, les artistes n’ont plus de savoir-faire »98. On constate l’absence de l’esprit créatif. Cependant, ce qui domine dans

98ISABELLE DE MAISON ROUGE, L’art contemporain, édition le Cavalier Bleu, p35-42. 71 la pensée de la plupart des artistes c’est l’idée d’imiter et on peut dire que les malgaches sont les plus doués. Cette auteur ajoute que « …les artistes vivent avec leur temps, ils ne cherchent plus forcément un style personne, une « touche inimitable », mais utilisent les outils qu’on trouve dans sa vie courante ». Or, ce qui rend l’art comme tel c’est « le régime vocationnel »l99 qui conduit à la création personnelle. Cette orientation des jeunes vers la musique moderne ainsi que la popularité de ce genre de a musique s’ajuste à leur socialisation.

III. Changement du rôle des artistes On a vu que la musique malgache change au cours du temps. Le rôle des artistes change aussi donc en fonction du temps. Leur rôle d’éducateur dans le temps passé change, et actuellement, ils sont considérés comme leaders d’opinion. Un leader d’opinion est, pour King et Summer (1990), « une personne sollicité par son entourage sur ce sujet ». Pour Reynold et Wells (1997) c’est « une personne qui influence en matière informelle le comportement d’autres personnes dans une direction souhaitée ». Bref, à partir de ces définitions, il nous convient de dire que le leader d’opinion est quelqu’un qui a de valeur au niveau de la société, personne qui est capable d’influencer et de persuader les autres. Les chanteurs sont donc considérés comme leader d’opinion car ils arrivent à influencer leurs publics, d’une part à travers leurs chansons, et d’autre part à travers leurs postures extérieures (ses gestes, ses modes d’habillements, coiffures,…). Le port des cheveux à moitié chauve par les jeunes filles en ce moment, ainsi que les pantalons déchirés justifient la capacité des chanteurs à influencer ses entourages. Cette capacité qu’ils possèdent est donc un facteur de reconstruction des individus, surtout les jeunes, comme a dit Thomas Luckmann et Peter Berger. Donc, la réalité objectivée et diffusée par les chanteurs à travers ses comportements est la forme de la reconstruction. Se souvenir à la double interrogation de Razmig KEUCHEYAN que « d’une part : qui construit et quel est le moteur de construction, et d’autre part qu’est ce qui est construit et quelle est la nature du résultat de la construction », on peut dire que dans notre cas, les chanteurs sont les sources de la construction, leurs chansons (dont ses thèmes se modifient en fonction du temps) et leurs postures (qui présentent les vagues de la mode) sont des moteurs de construction, les comportements et les tendances des jeunes (port des vêtements, coiffures tendanciels) ; suite aux influences des chanteurs sont les objets à

99 Pr RANDRIAMASITIANA G. D., Support du Cours Cultural Studies M2. 72 construire et enfin leurs attitudes et leurs mode de vie dans leurs quotidien est le résultat de cette construction. En somme, à l’heure actuelle, toutes les marques qui portent notre identité subissent des transformations à cause de la consommation sans réflexion de la modernité. Cela ne veut pas dire que nous devons vivre dans une société close mais il faut savoir les bons et mauvais côté de l’interculturalité face à notre culture. L’identité culturelle malgache devient donc métissée et commence à perdre son originalité. C’est l’avenir de notre génération future qui va subir ses conséquences en ignorant qui sont-ils. En tant que citoyen malgache, consciente de cette difficulté, nous apportons notre contribution sur la revalorisation de la culture malgache qui sera présentée dans le chapitre qui suit.

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CHAPITRE VII MOYENS DE REVALORISATION DE LA CULTURE

MALGACHE

Durant ces longues années où on voit l’influence des cultures étrangères sur la nôtre, la culture malgache semble être dominée par celle des pays occidentaux. Les malgaches deviennent comme étant étranger dans leur propre pays, comme si les étrangers sont devenus nos compatriotes et ont le même droit que nous de posséder des terrains. Malgré la difficulté subie par la culture malgache, on peut quand même la donner une nouvelle vie avec la collaboration des différents secteurs.

I. Pour les institutions I.1. Mise en place d’un service chargé d’écoute au sein du ministère Ce service aura pour fonction de surveiller et d’observer les aspects visuels et textuels des chansons. D’après les informations que nous avons reçues, il n’y avait aucun service destiné pour l’écoute dans ce ministère. Comment pourrait-on censurer certaines œuvres sans l’avoir écouté, observé et vu afin d’apporter un jugement ? Il fallait que les œuvres musicales passent sous contrôle de ce service avant d’être diffusées dans les médias et les maisons de production devrait être sous sa surveillance afin d’éviter la banalité d’accès dans la production des musiques. Actuellement, on voit l’accroissement du nombre des maisons de production non professionnelles et à des coûts abordables que tout le monde pourrait accéder par rapport à ceux qui sont professionnelles. Ce coût beaucoup plus bas attire les gens à devenir chanteurs peu importe sa connaissance en musique, sa créativité et sa vocation. Prenons comme exemple la chanson d’Espera Dadabila « bouge le motera » (fait tourner la hanche). Personnellement, ce morceau ne doit pas être diffusé car son aspect visuel peut offenser ce qui le regarde : on voit depuis le début jusqu’à la fin du clip les jeux de hanches, pourtant les malgaches sont vraiment sensible sur le comportement qui influence le sexe. Si on compare la danse, pour illustrer une chanson, à l’époque du roi Andrianampoinimerina et la danse actuelle, ce premier se fait dans une pleine modestie. A cet époque, « elle est marquée par le « tsipy tanana » ou « jeux de mains » qui se renferment et 74 s’ouvrent gracieusement»100 , il y a aussi le « dihy soroka » ou « mouvement des épaules qu’elles avancent alternativement d’avant en arrière avec les mains posées sur les hanches»101 suivi par les mouvements des pieds qui effectuent des petits pas suivant le rythme des épaules. Mais actuellement, ce ne sont plus les mains et les épaules mais plutôt les hanches et les fesses, et les danseuses portent avec elles des vêtements débrayés ou décolletés avec des bijoux. RADO, connu sous le nom de Georges ANDRIAMANANTENA, dans son poème « Ny tapaka amabaninareo », du 19 Mai 2005 montre son intolérance envers les aspects visuels des chants qui font bouger les hanches. En voici la première et la quatrième strophe : « 1- Ity mampandihy fitombenana ity Dia saim-betaveta kanefa tsikaritra Fa na dia maro be aza ireo izay tsy tia D’ireny no avoakan’ny fahitalavitra….

4- Ity misy hafatra omeko anareo Indrindra ho an’ny mpandihinareo Ny loha sy ny saina no ahetsiketseho Fa aza ny tapaka ambaninareo. »

Mais, malgré la volonté d’aller plus loin en matière de censure des œuvres musicaux, on constate une difficulté pour l’accomplissement de ce projet. C’est le développement de l’internet. C’est un domaine qu’on ne peut pas contrôler à cause du développement des réseaux sociaux. Cette nouvelle technologie permet la facilité d’échange des œuvres musicaux et aussi c’est un moyen de diffusion rapide des œuvres. Même si tous les malgaches n’ont pas la possibilité d’accès à ce genre de technologie, puisque la majorité des malgaches vivent encore dans le monde rural, on peut dire que ses influences ne vont pas tarder. Donc, même si on établit des règlements concernant la production des œuvres musicales et cinématographiques, on ne peut pas contrôler ses diffusions via internet.

100 RAKOTOMALALA M. M., De retour aux sources de 72 à la période contemporaine, in Madagascar, Les sortillèges de l’Ile Rouge, l’Harmattan, p153. 101 Idem. 75

I.2. Etablir une communication adéquate entre les institutions et les citoyens Avant, comme aujourd’hui, l’origine de la désorganisation au sein de l’Etat se repose sur le problème de la communication. Ici, la prolifération des musiques d’anarchie peut donc provenir de la défaillance de la communication entre l’institution concernée et les artistes. Même si les dirigeants ont leur part dans tout cela, c’est au ministère concerné qu’appartient la tâche de faire connaître aux citoyens les lois régissant les œuvres artistiques. Il nous semble être difficile de donner une suggestion pour les dirigeants afin qu’ils puissent élaborer le décret d’application des textes règlementaires car le pouvoir leur appartient. On ne peut rien faire pour eux vue qu’on avance/approche dans un régime dictatorial. Donc, pour que la communication passe entre les artistes et l’institution de contrôle, il est important de continuer l’activité qui est déjà faite au sein du Ministère de la culture en regroupant les artistes venant des quatre coins de l’île.

I.3. Orienter la télévision nationale à se consacrer totalement à la diffusion de la culture malgache Suite à la constatation que les trois et quart des émissions qui passent dans les canaux médiatiques sont des émissions qui promeuvent les cultures étrangères, on voudrait solliciter celui-ci à soutenir la culture malgache. On distingue quatre doctrine de la radio- télévision102: la doctrine démagogique qui a un caractère généralement commercial, c’est- à-dire facteur d’attraction, le second c’est la doctrine dogmatique qui est à peu près le même que le premier en convainquant les auditeurs, au troisième figure la doctrine originale appelé culturaliste dont la radio est le facteur de culture en soi et a pour rôle de trouver les techniques de vulgarisation et d’intelligibilité pour faire accéder aux hommes les richesses culturelles, et la dernière c’est la doctrine socio-dynamique qui a pour objet la promotion socio-culturelle. En comparant ces doctrines à la réalité, on peut dire que ce sont les deux premiers que les radio-télévisions tiennent en compte : à part les films et musiques étrangères qu’ils diffusent, la publicité domine les ondes car c’est un domaine commercial. C’est pourquoi la culture malgache est délaissée et même la radio-télévision nationale tient cette idéologie. Personnellement, la radio-télévision nationale malgache doit se charger de diffuser des émissions destinées à la promotion des cultures et valeurs malgaches afin que nos descendants aient l’opportunité de savoir le passé et la tradition malgache.

102 Abraham Moles, La radio-télévision au service de la promotion socio-culturelle, in : Communication, 7, 1996. Radio-télévision : réflexionset recherches. Pp1-10 76

I.4. Valorisation des festivals marquant la culture malgache Du Nord au Sud, Madagascar possède une diversité culturelle. Tout au long d’une année, des festivals marquants la culture malgache (la coutume, la tradition) ainsi que la diversité et l’originalité de chaque région se tiennent dans la grande île chaque année. De nombreux festivals sont donc présentés dont :

 Au Nord : on relève le « Sorogno » qui signifie la mariée. C’est une festivité de loisirs, de divertissement, respect des mœurs et joie populaire dans la région Diana, le « Kabiry » (instrument de musique traditionnel) qui est une manifestation culturelle et artistique en vue de la mobilisation populaire pour la protection de l’environnement, ou encore le festival culturel et artistique de rencontre artistique et de vitrine culturel appelé « takombitsika » qui se tient à Antsohihy,…

 A l’Ouest : on rencontre le festival « Sobaya » (à Katsepy) qui montre la valorisation du tissu « Sobaya » chez la sous-ethnie Antahotsy à Majunga, ou encore le « fanompoambe » qui est un bain de reliques royales dans la région Boeny, il y a aussi le « Angonoky » qui est une manifestation culturelle et artistique à Soalala pour la protection des tortues appelés Angonoky, qui sont des espèces protégées,…

 A l’Est : on observe l’existence du festival « Antsan’Ikaloara » qu’on rencontre dans la région Alaotra-Mangoro, qui est une cérémonie rituelle spécifique de la région du Lac Alaotra, le « Zagnaharibe » à Sainte Marie, un festival culturel et artistique en qui se coïncide avec la période de la reproduction des baleines, ou encore le « Jerijery » : festival culturel et artistique qui se déroule à Vavatenina.

 Au Sud : des différents festivals qui se tiennent dans la partie Sud de l’ile comme le « Volambetohaka » pratiqué dans la région Amoron’i Mania pour marquer les réussites de la récolte, le « Sambiravo » de Sahasinaka et le « Batrelaky » de Farafangana, une festivité culturelle et artistique pour préserver le chant et la danse,…

 Dans l’Imerina : l’ « Alahamadibe » est une festivité de célébration du nouvel an malagasy en suivant le calendrier lunaire, il y a aussi l’« Angaredona » qui est un festival international de la musique traditionnelle. Tous ces festivals sus cités ne sont que des échantillons parmi ceux qui existent à Madagascar. Une minorité d’entre eux est la plus connue au niveau national. On peut dire que la majorité des malgaches ne sait même pas l’existence des festivals autres que les plus célèbres tels que le « Donia », le « Jerijery », le « Volambetohaka ». Cela veut dire qu’il y a une catégorisation des festivités comme important et moins important. Pourtant, personnellement, les festivals comme l’ « Angonoky » et le « Kabiry » méritent d’être 77 valoriser et porter à la connaissance de tous parce qu’ils contribuent à la protection du patrimoine culturel malgache.

II. Au niveau des artistes II.1. Organisation des rencontres culturelles entre les nouvelles et anciennes générations En un mot, c’est l’interculturalité. Selon Claude Clanet, ce terme « introduit les notions de réciprocité dans une échange et de complexité dans les relations entre culture », c’est- à-dire qu’il y a un rencontre entre deux ou plusieurs cultures. Donc, on peut dire qu’il n’y a pas « de culture » mais « des cultures ». La culture se présente sous différentes formes, à savoir la culture de chaque être humain, la culture commune à un groupe bien précis, culture d’une organisation et elle varie suivant les différentes appartenances comme l’ethnie, la religion, la nation, groupe social, etc. Ce sont toujours les raisons de la rupture entre culture. Dans cette recherche, on a vu que ce n’est pas le groupe social ou l’ethnie qui cause la distance ou de rupture entre les chanteurs traditionnels et modernes mais c’est cette différence de la génération. Pourtant, en tant qu’artistes, ils ne doivent pas s’éloigner les uns des autres, d’où la nécessité d’organiser une rencontre interculturelle. L’avantage n’est pas seulement sur le domaine affectif ou domaine relationnel mais aussi sur l’échange musical ainsi que les expériences qu’on va bénéficier. Souvent, lors des différentes créativités, les artistes qui ont une ressemblance, c’est-à-dire ceux qui sont issus de la même catégorie (même style de musique, même génération) sont invités à accomplir un spectacle, comme on a observé avant la célébration de la 56è anniversaire de l’indépendance à Madagascar. Avant la célébration de cette fête, on a constaté que les artistes qui ont participé aux différents spectacles ont un style musical identique, comme Tsiliva, Princio, Kougar,…c’est-à-dire ils sont choisis à cause de, peut-être, l’appartenance générationnelle. Et de même pour les artistes traditionnelles, c’est entre eux que ce font les spectacles, comme le duo de Dama et Erick Manana. Pourtant, l’objet de l’interculturalité c’est d’unir les deux ou plusieurs cultures qui sont différentes. Nous proposons donc une rencontre musicale entre les artistes traditionnelles et modernes pour, d’une part, améliorer la connaissance et l’expérience des jeunes et d’autre part, éviter la différence ou l’incompréhension entre ces deux générations. Est-il donc envisageable de voir, par exemple, un duo d’Erick Manana et Stéphanie ou encore celle de Telo Fangady et kougar ?

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II.2. Encouragement des artistes pionniers de la culture malgache sur la scène mondiale : La musique malgache a sa spécificité par rapport aux musiques étrangères. Nous, les malgaches, ne percevons pas cette valeur culturelle que nous avons et ce sont les étrangers qui l’admirent à notre place. Comme preuve, Erick Manana affirme cette attitude lors d’un spectacle qu’il a effectué dans une ville qui se trouve au Nord de Québec, dans une salle contenant 200 places, on l’a remercié avec un « standing ovation » même si le public ne comprend pas les contenus de ses chansons. Ce qui est vraiment différent ici à Madagascar. Encore, lors d’un festival en Brésil, « Feo gasy » a été choisi de faire l’ouverture face aux 20 000 publics. Après leur passage sur scène, le public réclame le retour en scène de Rakoto Frah or il était déjà sur le point de renter. Il a quand même accepté la demande du public. Alors, c’est grâce aux artistes qui pratiquent des musiques traditionnelles que la culture et la musique malgache puisse être reconnue internationalement. On peut citer les grands artistes comme Rakoto Frah, qui était reconnu internationalement comme le plus grand joueur du Sodina (flûte) et a été l’ambassadeur du « hira gasy », Régis Gizavo qui a gagné le prix Média au concours « découverte RFI » avec la chanson Mikéa en 1989, Erick Manana qui a reçu le Prix de l’Académie Charles-Cros en 1997 pour son album « Vakoka », Rajery a été le lauréat du prix RFI musique du monde en 2002, Justin Vali a obtenu un grand prix de la musique traditionnelle en 2006. Ce que ces artistes font donc, permet aux cultures malgaches d’être connu sur le plan international. C’est la raison pour laquelle ils méritent d’être encourager pour sensibiliser les nouvelles générations à s’intéresser ou à rehausser la culture malgache.

II.3. Soutien aux projets des artistes : Suite aux négligences de l’Etat face aux influences de la modernité, heureusement, il y a des artistes qui sont conscients de la valeur culturelle malgache et veulent apporter leur contribution pour rehausser la culture malgache. Dans « Madagascar All Stars », qui regroupe des artistes malgaches venant des différentes régions de l’île, promoteur de la culture malgache ; les artistes montrent la diversité culturelle malgache reposant sur une même souche, car sous les yeux des étrangers, il n’y a pas de musique côtière ou musique des hauts plateaux mais musique de Madagascar. C’est pour cela que « Madagascar All Stars » a un projet de créer très prochainement un centre culturel pour la valorisation de la 79 culture malgache, en guise de « valim-babena »103 pour la nation ainsi que pour les malgaches, parce que les jeunes générations actuelles ne savent plus leurs bases et leurs propres identités, ils sont attirés par les cultures étrangères. C’est la raison pour laquelle il est important de faire savoir aux jeunes ses valeurs. Selon Dama, il est à remarquer qu’il existe des centres culturelles étrangers à Madagascar (comme l’ex CCAC ou Centre Culturel Albert Camus, le CGM ou Cercle Germano-Malagasy, le Centre Culturel Américain, l’Alliance Française,….) pourtant, même si l’IKM (Ivon-toeran’ny Kolon- tsaina Malagasy) vient d’être instauré très récemment, les artistes, dirigés par Dama et Erick Manana, ont une volonté de créer un nouveau centre culturel. Face à cette initiative des artistes, l’Etat doit, pour sa part, soutenir cet excellent projet que ce soit sur le plan matériel ou financier pour protéger et soutenir l’identité culturelle malgache.

Bref, la question d’interculturalité même si elle présente des menaces pour notre culture. Plusieurs de nos valeurs risquent de disparaître, alors sa récupération ou sa protection semble être difficile à présent à cause de la forte influence des nouvelles technologies.

103 Ce qu’on doit à quelqu’un. 80

CONCLUSION GENERALE

En somme, la musique fait partie de notre vie quotidienne qu’on le veuille ou non. Pour les malgaches, elle est toujours présente dans des différents évènements. Au cours de l’histoire, la musique malgache a subi peu à peu une transformation à cause de la mondialisation culturelle et elle est actuellement menacée par les influences de la modernité. Certains musiciens craignent que la musique traditionnelle est en train de se perdre et remplacée par la musique moderne vue que les jeunes générations sont influencés par ces derniers et ne veulent plus écouter les messages moraux véhiculés dans la musique mais au contraire attirés par les distractions apportées par celui-ci, comme la danse. Ainsi, les artistes n’ont plus cet esprit vocationnel et créatif mais ils ne font qu’imiter et semblent être guidés par la mondialisation culturelle. On assiste alors à une marchandisation du domaine de la musique qui conduit à la perte de sa fonction principale qui varie suivant les époques. La majorité des artistes ne pensent plus donc au contenu de leurs œuvres mais plutôt à la quantité des œuvres qu’ils vont produire. Guillaume Kosmicki a présenté un classement fonctionnel déjà connu de la musique : « des musiques à fort potentiel physique, destinées notamment à la danse, des musiques destinées à l’écoute pure attentive, des musiques destinées à la scène, des musiques de détente, des musiques à caractère spirituel, etc. ». Tout cela rend valide notre première hypothèse sur la fonction éducative de la musique malgache moderne. D’après l’analyse, le vent de la modernité est le plus fort que celle de la tradition d’où le souci de la perte totale de l’identité malgache.

Depuis ces longues années, la chanson n’a cessé d’harmoniser l’actualité, comme l’on a vu à travers le courant de l’évolution de la chanson malgache. Si on se réfère à partir de l’indépendance de Madagascar, les chansons, notamment les chansons engagées, ne ratent pas de parler les différents évènements subi par la nation et la société malgache que ce soit les revendications, la difficulté de la vie, la pauvreté,… Pendant les crises politiques, elles parlent des revendications, des révoltes et le désir de la paix ; lors des crises sociales, elles expriment la souffrance, et les maux de la société. Bref, tout ce qu’on a pu observer dans les chansons depuis ce temps jusqu’à nos jours c’est, dans la majorité des cas, la malaise de la société. Les artistes modernes ont l’audace de dire ce malaise avec des paroles très discrètes et même leurs chansons deviennent champ d’apparition de ce malaise. Actuellement, on voit que les chansons sont considérées comme un moyen d’expression des conflits en raison de son pouvoir communicatif, ils exposent à travers 81 leurs chansons leurs mésentente. Bon nombres d’artistes utilisent la chanson comme étant un moyen de transmission de disputes. On peut citer Joy K et Jerry Marcoss dans la chanson « Za mbô gaga » qui vise l’actuel député RAHASIMANANA Paul-Bert (Rossy), ou encore Dah Mama dans « Izaho tompon’ny la clé » où elle critique une autre artiste. Gérard Grosse affirme donc que la chanson « permet de se dire, de se connaître, d’abord professionnellement puis au niveau d’un groupe d’ami ou d’une salle de spectacle, même d’un peuple ou d’une nation, et, finalement, au-delà de toute barrière de langue et de culture, tout simplement en tant qu’être humain qui porte son lot de peines et de joies, de certitudes et de doutes, de colères et d’espoirs ». Ce qui veut dire que les chansons portent les caractéristiques de l’individu et de la société. C’est la raison pour laquelle elles sont considérées comme miroir de la société et comme « médias d’expression et de communication de masse, la chanson est donc le reflet de la société »104. Julie Ledoux en ajoute qu’ « une société se raconte par ses artistes… ». Malgré cela, ces genres d’artistes sont les plus appréciés par le public que les autres qui ont des caractères nobles en raison de leurs attentes orientées vers cet objectif. Cette affirmation montre la validation de notre seconde hypothèse.

Dans notre société actuelle, on qualifie ces genres de musiques comme de la « musique anarchique », qui sont beaucoup plus dispersées faute de, d’une part, l’absence de contrôle sur le domaine de la musique, et d’autre part, due au développement considérable de l’internet, comme nous l’avons précédemment cité et ce serait donc les générations futures qui vont subir la portée de ces musiques à travers leurs comportements. Cette défaillance de contrôle provoque la dérive des chansons modernes malgaches, comme si on est libre de faire ce qu’on veut. Mais si les institutions de contrôle ont accompli parfaitement leurs tâches, ces genres de musiques ne subsisteraient pas. D’où l’affirmation de notre première hypothèse. D’autres personnes pensent que l’influence de la musique moderne, ainsi que les cultures étrangères ne vont pas faire perdre les valeurs musicales et identitaires malgaches, ils croient que c’est juste une juxtaposition et l’évolution est une chose normale dans une société moderne. Or, dans un pays pauvre comme Madagascar, la modernité devient une menace sur la culture du fait qu’elle contredit à nos valeurs. Ce n’est pas seulement du côté de l’art qu’on peut désigner comme mauvais mais dans d’autres domaines aussi. Dans le domaine de l’éducation, les réformes éducationnelles détruisent les élèves, le niveau intellectuel diminue faute de la forte

104 Fidèle AWAZI : «L’enfant vu par la chanson. Approche sémantico-linguistique de la chanson congolaise », Université Catholique du Congo- Graduat 2009 82 dépendance aux nouvelles technologies. L’avenir de ces générations futures paraissent donc angoissante vu la propagation des cultures occidentaux, or on ne peut pas l’échapper car on vit dans une société ouverte. Ainsi, la prolifération des artistes qui pratiquent des musiques anarchiques peuvent être considérée comme signe de la pauvreté, comme celle de l’augmentation sans cesse des personnes travaillant dans le secteur informel.

Dans l’avenir, on craint alors que ces jeunes ne connaissent plus leurs valeurs identitaires, ils ne savent plus d’où ils viennent et où ils vont, c’est la faute à qui ? Si on répondrait que c’est la faute aux parents, ils ne sont pas les seuls à éduquer leurs enfants ; si on répliquerait l’école, c’est un lieu de rencontre des élèves issues des cultures et des classes sociales différentes ; si on dirait la société, elle se trouve actuellement dans un désordre. Il nous appartient donc d’être conscient et d’être fier des richesses qu’on a malgré notre pauvreté. Et même si les autres jugent que la pensée et la culture malgache sont des pensées des hommes arriérés, ainsi que les produits malgaches sont de basse qualité ; qui attendons-nous alors à les admirer? Suite aux changements temporels de la chanson malgache, que va-t-elle donc devenir ?

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BIBLIOGRAPHIE

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6. Frédéric Teulon, « La place des raisonnements statistique dans les sciences sociales et dans l’analyse de comportement », http://www.ipag.fr/fr/acceuil/la- recherche/publication-WP.html consulté le 23 Juin 2016. 7. Jean-Marc Warszawski, « A propos de la « fonction » de la musique », http ://www.musicologie.org/publirem/jmw_fonction_musique.html, consulté le 13 Août 2016. 8. Tsiry Fy Solt, Le deuxième roman de Jean-Claude Mouyon : « Beko ou la nuit du grand homme », http://www.actumada.mg/index.php?optio=com- content&viewlayout=blog&bid=39<emid=65&limitstart=6, consulté le 09 Août 2016.

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Table des matières Remerciements Sommaire Liste des acronymes Liste des tableaux Liste des photos INTRODUCTION GENERALE ...... 1 Première partie : Généralités sur le sujet d’étude et méthodologie de recherche CHAPITRE I : GENERALITES SUR LE SUJET D’ETUDE ...... 6 I. Sur les artistes ...... 6 I.1. DAMA ...... 6 I.1.1. Biographie ...... 6 I.1.2. Style musical ...... 7 I.1.3. Ses œuvres ...... 7 I.1.4. Ses thèmes ...... 7 I.2. ERICK MANANA ...... 8 I.2.1. Biographie ...... 8 I.2.2. Parcours musical ...... 8 I.2.3. Styles musicaux ...... 9 I.2.4. Ses thèmes ...... 9 I.3. PRINCIO ...... 11 I.3.1. Biographie ...... 11 I.3.2. Parcours musical ...... 11 I.3.3. Ses œuvres ...... 12 I.4. LA’SAINTE ...... 12 I.4.1. Biographie ...... 12 I.4.2. Parcours musical ...... 13 I.4.3. Ses œuvres ...... 13 I.4.4. Ses thèmes ...... 13 II. Aperçu général sur les chansons ...... 13 II.1. La chanson en général ...... 13 II.1.1. Définition...... 13 II.1.2. Catégories des chansons ...... 14 II.2. La chanson traditionnelle malgache ...... 15 II.2.1. Origine ...... 15 II.2.2. Spécificité ...... 15 88

II.2.3. Moments où l’on utilise la musique traditionnelle...... 16 II.3. La chanson moderne ...... 16 II.3.1. Origine ...... 16 II.3.2. Forme des textes ...... 16 II.3.3. Moment et endroit où on utilise les chansons modernes ...... 17 III. Evolution de la musique malgache ...... 17 III.1. Evolution historique ...... 17 III.2. Evolution dans le domaine de la vocation : ...... 18 CHAPITRE II : METHODOLOGIE ...... 20 I. Etapes de la recherche ...... 20 I.1. Etape 1 : Observation...... 21 I.2. Etape 2 : Problématique ...... 22 I.2.1. Le cadrage théorique ...... 22 I.2.1.a. La sociologie du goût ...... 22 I.2.1.b. L’habitus ...... 23 I.2.1.c. Les homologies structurales ...... 24 I.2.1.d. Le contrôle social ...... 25 I.2.2. Questions de recherche et position du problème ...... 27 I.3. Etape 3 : Hypothèses ...... 27 I.4. Etape 4 : Recueil et traitement des données ...... 27 I.4.1. Technique de recueil des informations ...... 28 I.4.1.a. Les travaux d’observation ...... 28 I.4.1.b. Entretiens qualitatifs ...... 28 a. Concernant la conception des guides d’entretien ...... 29 b. La délimitation de la zone d’enquête et la sélection des cibles ...... 30 I.4.1.c. Matériels utilisés ...... 31 a. Utilisation des nouvelles technologies ...... 31 b. Matériels pour écrire...... 31 c. Matériels pour l’écoute et la vision ...... 32 I.5. Etape 5 : Analyse ...... 32 Deuxième partie : Déterminants sociaux du goût et pratiques musicales CHAPITRE III : MUSIQUE URBAINE MALGACHE : ENTRE CONSERVATISME ET PROGRESSISME ANARCHIQUE ...... 34 I. Conservatisme...... 34 I.1. Les artistes conservateurs ...... 35 I.2. Raison du conservatisme...... 36 I.3. Types de musique pratiquée ...... 36 89

II. Progressisme ou anarchie ? ...... 37 II.1. Quelques artistes pratiquant de la musique « anarchique » ...... 38 II.2. Styles de musiques adoptés ...... 38 II.3. La tenue du corps ...... 39 II.3.1. L’habillement ...... 39 II.3.2. La danse ...... 41 CHAPITRE IV : EVOLUTION DE LA MUSIQUE ACTUELLE : REFLET DES INSPIRATIONS ET ADEQUATION DE L’OFFRE A LA DEMANDE ...... 42 I. Sur la population d’enquête ...... 42 I.1. Source d’inspiration des artistes ...... 42 I.2. Facteurs d’influence chez les jeunes...... 43 I.2.1. Age ...... 43 I.2.2. Niveau d’instruction...... 45 I.2.3. CSP des parents ...... 47 II. Les diverses fonctions de la chanson...... 49 II.1. Fonction d’information ...... 49 II.2. Fonction rituelle ...... 50 II.3. Fonction de métier ...... 50 II.4. Fonction de contestation ...... 50 II.5. Fonction de distraction ...... 50 II.6. Fonction de mémoire collective ...... 51 II.7. Fonction d’éducation ...... 51 II.8. Fonction de rêve collectif...... 51 CHAPITRE V : RELACHEMENT DU CONTROLE SOCIAL ...... 54 I. Au niveau de la consommation ...... 54 I.1. Conformité à la demande de la population ...... 54 I.1.1. Aspect textuel des chansons...... 54 I.1.2. Aspect « « visuel » de la chanson ...... 58 I.2. Faiblesse de la communication entre parents-enfants ...... 60 II. Au niveau de l’offre ...... 62 II.1. Défaillance des institutions de contrôle ...... 62 II.1.1. Non application des textes règlementaires ...... 62 II.1.2. Avantage des dirigeants ...... 63 II.2. Intérêt des artistes ...... 64 II.3. Changement du rôle des médias ...... 64

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Troisième partie : Projection sur l’avenir de la culture malgache CHAPITRE VI : CULTURE MALGACHE EN DIFFICULTE ...... 66 I. Risque de la perte de l’identité malgache ...... 66 I.1. Causes de la perte d’identité ...... 67 I.2. Manifestations de la perte de l’identité ...... 67 II. Négligence et dénigrement des produits malgaches ...... 70 II.1. Qualité des produits décevants ...... 70 II.2. Manque de professionnalisme ...... 70 III. Changement du rôle des artistes ...... 71 CHAPITRE VII ...... 73 MOYENS DE REVALORISATION DE LA CULTURE MALGACHE ...... 73 I. Pour les institutions ...... 73 I.1. Mise en place d’un service chargé d’écoute au sein du ministère ...... 73 I.2. Etablir une communication adéquate entre les institutions et les citoyens ...... 75 I.3. Orienter la télévision nationale à se consacrer totalement à la diffusion de la culture malgache ...... 75 I.4. Valorisation des festivals marquant la culture malgache...... 76 II. Au niveau des artistes ...... 77 II.1. Organisation des rencontres culturelles entre les nouvelles et anciennes générations ...... 77 II.2. Encouragement des artistes pionniers de la culture malgache sur la scène mondiale : .... 78 II.3. Soutien aux projets des artistes : ...... 78 CONCLUSION GENERALE ...... 80 BIBLIOGRAPHIE ...... 83

ANNEXES I

GUIDE D’ENTRETIEN GUIDE D’ENTRETIEN AUPRES DES JEUNES 1- Anarana Nom 2- Taona Age 3- Kilasy Niveau d’instruction 4- Asan’ny ray aman-dreny Profession des parents 5- Iza no mpihira Malagasy tena ankafizinao? Quel artiste malgache préfères-tu le plus? 6- Inona ny antony ankafizanao azy ? Quelle est la raison de ce choix ? 7- Inona ny gadona tena ankafizinao ? Quels rythmes préférez-vous le plus?

8- Mitondra fiovana eo amin’ny fiainanao na fitondran-tenanao ve ny fandrenesana ny hirany ? Raha eny, inona avy ? Raha tsia, nahoana ? Ta passion pour ces musiques apporte-t-elle un changement dans ta vie ou dans tes comportements ? Si oui, lesquels ? Si non, pourquoi ?

9- Ahoana ny fahitan’ny ray aman-dreninao io safidinao io? Comment vos parents perçoivent-ils votre choix?

10- Iza no mpihira ankafizin’ny ray aman-dreninao? Quel est l’artiste préféré de vos parents?

11- Inona no andrasanao ao anatin’ny hira iray? Quelle est votre attente dans une chanson?

GUIDE D’ENTRETIEN AUPRES DES ARTISTES 1- Ahoana ny hevitrao momba ny kolon-tsaina malagasy amin’izao vanin’andro ankehitriny izao ? Quelle est votre avis sur la culture malgache de notre époque ? 2- Raha ny eo amin’ny lafin’ny hira, ahoana ny fahitanao ny hira sy mozika malagasy manoloana ny fanatontoloana ara-kolon-tsaina ? Comment trouvez-vous les chansons et musique face à la mondialisation culturelle ? 3- Inona no mety ho fiantraikan’zany eo amin’ny tanora? Quelle pourrait être ses impacts sur les jeunes? 4- Eo amin’ny lafin’ny famoronan-kira, inona no tena tanjonao? Quel est votre objectif dans vos creations?

II

5- Inona no resahinao ao anatin’ny hira izay foroninao? Quels sont vos thèmes? 6- Ahoana ny fahitanao ireny tanora vao misondrotra amin’ny sehatry ny mozika ireny? Comment trouvez-vous les nouvelles générations d’artistes? 7- Tsy mba manana eritreritra ny hiara-hiasa amin’izy ireny ve ianareo mpanakanto zoky? Pourrait-il y avoir une coopération entre vous? 8- Ahoana ny fahitanao ireny hira izay efa mivaona amin’izao fotoana ireny? Comment trouvez-vous les chansons en déviance actuellement? 9- Ahoana ny hevitrao manolona ireny hira mifampihantsy ireny? Quelle est votre avis sur les genres de chanson qui incite? 10- Araka ny hevitrao, azo heverina ve ny hamerenana ny sivana? A votre avis, serait-il possible de réappliquer la censure? 11- Aminao manokana, ahoana ny mety ho avin’ny kolon-tsaina Malagasy raha tarafina amin’ny hira sy ny mozika? Comment estimez-vous l’avenir de la musique malgache? 12- Inona no mahatonga anareo mpihira fanta-daza hanorim-ponenana any ivelany? Quelle est la raison pour laquelle, vous migrez vers l’étranger? 13- Inona no antony mahatonga anao hampiasa fomba fiteny mivantambantana amin’ny hiranao? Quelle est la raison pour laquelle vous utilisez des affirmations directes dans vos paroles ?

GUIDE D’ENTRETIEN AUPRES DES INSTITUTIONS x OMDA 1- Inona no tena anjara asan’ny OMDA? Quelle est vraiment la mission de l’OMDA ?

2- Miisa firy ny mpikambana ato amin’ny ao? Combien y a-t-il des membres?

3- Misy fepetra handraisana mpikambana ve? Quels critères exigez-vous aux adhérents ?

4- Ianareo ve mijery ny kalitaon’ny zavatra vokarin’ny mpanankanto sa raisina avokoa izay tonga eo? Est-ce que vous tenez compte la qualité des œuvres artistiques avant le dépôt ou vous ignorez ?

III

5- Misy sivana ataonareo amin’ireny sangan’asan’ny mpanakanto ireny ve? Raha misy : inona, raha tsy misy: nahoana? Procédez-vous à la censure des œuvres artistiques ? Si oui : lesquelles, si non : pourquoi ?

6- Karazana mozika manao ahoana no betsaka mpiangaly araka ny fahitanareo azy? Quels genres de musique obtiennent plus de pratiquants?

7- Misy fiaraha-miasa ve eo aminareo sy ireo haino aman-jery ? Est-ce qu’il y a une collaboration entre vous et les stations TV/Radio ?

x SERVICE DE DEPOT LEGAL (Ministère de l’Intérieur) 1- Inona no tena anjara asan’ity sampan-draharaha ity? Quelle est la mission de ce service ?

2- Ovina no nisian’ny lalàna mametra ny famoronana zava-kanto? Depuis quand la loi régissant la censure des œuvres a-t-elle existé ?

3- Efa nisy vokatra niharan’ny sivana ve? Y a t-il des œuvres qui ont déjà subi la censure?

4- Inona no antony nampihantona ny fampiharana io lalàna io? Quelle est la raison du non application de cette loi ?

5- Inona avy ny karazana famoronana tokony hosivanina araka io lalàna io? D’après cette loi, quelles sortes d’œuvres doivent subir la censure ?

6- Amin’ny lafiny inona no hanivanana ny zava-kanto iray? Quelles sont les critères permettant la censure d’un œuvre ?

7- Raha eo amin’ny lafin’ny hira manokana, misy sampana manokana natao hihaino azy ireny ve ato amin’ity sampan-draharaha ity? Est-ce qu’il y a un département destiné pour écouter les œuvres musicaux au sein de ce service ?

8- Inona no mampiavaka ny asan’ny OMDA sy ity sampan-draharaha ity? Quelle est la différence entre vos tâches et celles de l’OMDA ?

9- Inona ny fepetra raisinareo manoloana ireny hira izay efa miteniteny foana ireny? Quelles mesures prenez-vous face à la prolifération des musiques dites « anarchiques » ?

IV

GUIDE D’ENTRETIEN AUPRES DES PARENTS 1- Inona ny hira henoin’ny zanakareo matetika? Quel genre de musique écoute votre enfant ?

2- Mitovy ve ny hira fihainonareo? Nahoana? Est-ce que vous avez un même goût musical ?Pourquoi ?

3- Ahoana ny hevitrareo manoloana ny safidin’ny zanakareo? Quel est votre avis face aux choix de votre enfant ?

4- Ekenareo ve ny safidiny sa toherinareo? Nahoana? Acceptez-vous ses choix ou vous les contrariez ?Pourquoi ?

5- Ahoana ny fandraisany ny hevitrareo manoloana izany? Comment il perçoit votre avis ?

6- Inona ny vokatry ny fihainoany io karazan-kira io eo amin’ny fitondran-tanany ? Quelles sont les conséquences de l’écoute de ces genres de musiques à travers ses comportements ?

7- Ahoana ny fahitanareo ny hira amin’izao fotoana izao? Comment trouvez-vous les chansons modernes ?

8- Araka ny hevitrao, inona no mety ho fiantraikan’ireny hira ireny eo amin’ny tanora? Selon vous, quelles pourraient être la conséquence de ces genres de musique sur les jeunes ? 9- Mandray anjara amin’ny fanabeazana ny tanora ve ny hira araka ny hevitrao ? A votre avis, la chanson contribue-t-elle à l’éducation des jeunes ?

V

EXTRAIT DE PAROLE DES ARTISTES

¾ ERICK MANANA

Ny Hiran'ny Taniko La chanson de mon pays

Ny angolam-peon'i RANDAFISON anie ka miaka- La voix de Randafison est attirante sy midina Difficile à écouter le soir car elle est émouvante Tsy azo henoina andro harivariva re ny fanahy no La chanson de mon pays est merveilleuse manidina Je l’aime trop et je ne la remplace pas Tsara e, tsara ny hiran'ny taniko La chanson de mon pays est merveilleuse Tiako o, tiako loatra ka tsy mba hatakaloko Je l’aime trop et je ne la remplace pas Tsara e tsara ny hiran'ny taniko o C’est tout ce qui m’appartient Tiako o, tiako loatra ka tsy mba hatakalo o Et je l’honore Io mba ahy o, io mba ahy o, C’est tout ce qui m’appartient Io mba ahy o! Et je ne la laisse pas périr car c’est mon héritage Ka lolohaviko an-tampon'ny lohako e Io mba ahy o, io mba ahy o, io mba ahy! Le son de la cithare sur tuyau de Rakotozafy est Tsy ho avelako ho faty fa lovako e ... étonnant Projetant de la terre au ciel Ny feom-balihan'i Rakotozafy anie Ce qui l’entend s’évanouie Tena mampiaiky volana e La chanson de mon pays est merveilleuse Manakoako eran-tany eran-danitra e Je l’aime trop et je ne la remplace pas Izay mandre azy torana e La chanson de mon pays est merveilleuse Tsara e, tsara ny hiran'ny taniko Je l’aime trop et je ne la remplace pas Tiako o, tiako loatra ka tsy mba hatakalo o C’est tout ce qui m’appartient Tsara e, tsara ny hiran'ny taniko Et je l’honore Tiako o, tiako loatra ka tsy mba hatakalo o C’est tout ce qui m’appartient Io mba ahy o, io mba ahy o, ka lolohaviko an- Et je ne la laisse pas périr car c’est mon héritage tampon'ny lohako Io mba ahy o, io mba ahy o, Io mba ahy! Tsy ho avelako ho faty fa lovako e ... Tsara e, tsara ny hiran'ny taniko o Tiako o, tiako loatra ka tsy mba hatakalo o Tsara e, tsara ny hiran'ny taniko Tiako o, tiako loatra ka tsy mba hatakalo o Io mba ahy o io mba ahy o io mba ahy o Ka lolohaviko an-tampon'ny lohako e Io mba ahy o, io mba ahy o, io mba ahy Tsy ho avelako ho faty fa lovako e

VI

Vakoka Patrimoine et culture

E tsy mba lefy e O impérissable Tsy maty fa mbola miteny Ne s’éteint pas mais vivant Ambolibe, Soalala na Farafangana Ambilobe, Soalala ou Farafangana Ka manana En possède

Parson, Kotozafy, Bao Angely Parson, Kotozafy, Bao Angely Filamatra sady modely Emblème et modèles Mankalaza ee!! I Hommage Dafisaony, mose Refila, mama Sana Dafisaona , mose Refila, Mama Sana Ireo ka tsy tontan’ny ela Mankalaza ee!! Eux aussi, pérenne Hommage Nandrotsy ny fahazazako ny vakoka ee Mikoriana ao anatin’ny rako Le patrimoine berce mon enfance Vakoka aa Et circule dans mon sang la la la la ..... O patrimoine, la la la

Mila rano On a besoin d’eau

Betsiboka tsy nandalo anie Betsiboka ne passe pas Variana niankandrefana C’est qu’il coule vers l’Ouest Tsara tondraka finaritra Tout lieu où il a passé Izay faritra lalovany Est bien arrosé

Mandoro fela-tongotra mahamay Dès le matin, sur ce que j’ai passé Ity tany nodiaviko hatramin’ity marain’ andro Fais bruler les plantes du pied Tsy felana, tsy ravina hialofana Ni fleur, ni feuille pour s’abriter Fidonaky ny masoandronay aty ka tsy misangy Sous l’ardence du soleil sans pitié anie On a besoin d’eau O mila rano!! Car ici, il n’y a pas de puit Fa tsisy fatsakana e! Parcourant monts et vallées Mihaotra havoana maro an-tongotra Ça coute un tonneau Izay no iray damozana e! On a besoin d’eau O mila rano! Nos descendants Ireo zanaka amam-para e! Criant sans cesse nos maux Ataon’ny aretina angaredona Mikaika tsisy farany e! On a besoin d’eau Notre univers O mila rano! Il a besoin de terre fertile et de forêt verdoyante Tontolonay aty e! Et de gouttes de pluie Manofy tany lonaka, ala maitso mavana Pitik’orana e

VI

¾ DAMA

Nosy milalao Jeu des îles

Ny ranomasina La mer et le ciel Sy ny lanitra Tous bleus, propres et merveilleux Samy manga Les verdoyants cocotiers Madio sy mahafinaritra Font agiter leurs feuilles Manofahofa tanana L’air pur Ireo voanio maintso mavana Chante car aujourd’hui c’est la fête Ny rivotra madio Venez, avancez Mihira fa andro fety anio Toutes les iles, jouons ensemble Avia mandrosoa Gasikara beau lieu de jeux Ry nosy miara-milalao Les jeunes, soyez tous prêts Gasikaraka kianja soa A bâtir ensemble Ry tanora mivonona ianao Une grande et commune maison Hiaraka hanangana Unifions-nous à créer car c’est la pierre angulaire Tranobe iombonana Les habitants font agiter leurs mains Firaisan-kina no hajoro Gais et joyeux Io no vato fehizoro Car les iles riveraines sont réunies Manofahofa tanana Venez, avancez Ny eto an-tanana Faly sy ravoravo Fa tafaray ny Nosy maro Avia mandrosoa Ry Nosy miara-milalao

Ny trano lehibe tokoa Ry tanora, vohay ny fonao Hifandry tanana Sy hifampitantana Ny fiarahana madio Midika fa andro fety anio.

VIII

Voasary L’orange

Iny izy fa tazako eny an-tampom-kavoana Là-bas, je la vois au sommet de cette colline Mamikavika mafy ery ambany ery S’essoufler avec sa longue jupe Mitofatofa amin’ ny zipo, zipo lavany Parsemée de pluie du Sud Fafazan’ ny orana avy any atsimo izy Repoussée par le vent sans avancer Tohan’ ny rivotra tsy avelany mandeha Très agile avec ses sandales Mavitribitrika anefa izy mitaingina ny kapany Malgré cette pente raide qu’elle doit parcourir Na dia misy aza ny fiakarana mideza Elle est très joyeuse, allant rendre visite à son Izay miandry azy atsy aloha atsy a ! amour Mavitribitrika izy e , hamangy ilay malalany Et ses pas rythment avec le battement de son Ny famindrany amin’ izay e ! cœur Manaraka ny fitempon’ ny fony. Devant la porte, son cœur battait follement Midobodoboka ny fony, midobodoboka aok’ Elle a frappé deux fois la porte, mais personne izany an ! n’a répondu Rehefa tonga teo am-baravarana Sur le point de frapper une troisième fois Nandondona indroa izy e , nefa tsy nisy namaly La porte s’ouvrit Saika handondona fanintelony izy Je l’ai invité à entrer Nivoha anefa ny varavarana Cependant, elle est assoifée Ka nampandrosoiko izy e ! tato an-trano Et je l’ai offert une orange Mangetaheta anefa izy Mais elle était ébahit de voir l’orange Dia notolorako voasary Une orange épluchée que je l’ai donné Samary gaga anefa izy nijery ilay voasary Alors elle me demande où est passé son Voasary efa vita vaofy no nomeko azy épluchure Nanontany azy izy e : nankaiza ny hodiny ? Cette orange est beaucoup enviée Be mpaniry mantsy io voasary io Et quiconque qui entre mange sa peau Ka izay tonga ato an-trano dia mihinana ny Mais je n’ai pas donné sa chaire à personne hodiny Je l’ai réservée pour toi Ny fonin’ ilay voasary anefa tsy nomeko an’ iza n’ La douce orange, je l’ai réservée pour toi. iza Natokako ho anao e , ny fonin’ ilay voasary an Natokako ho anao e , ilay voasary mamy an !

X

Nahoana kay Mais pourquoi ?

Nahoana kay ny kilonga aty no tsy mahay Pourquoi les enfants d’ici sont illettrés ? taratasy ? Pourquoi les enfants d’ici ne vont pas à l’école Nahoana kay ny kilonga aty no tsy mahalala La terre est leur cahier taratasy ? Leur bêche leur sert à écrire Taratsin’ izy ireo dia ny tany amboleny Leur vie dépend de la terre Ny angadin’ izy ireo no fanoratany eny. Leur domicile n’est pas au ciel Ny fiainan’ izy ireo dia mivelona amin’ ny tany Fonenan’ izy ireo tsy mba eny an-danitra eny Pourquoi les gens d’ici sont affamés en été ? Nahoanay kay ny olona ety no noana fahavatra ? Et pourquoi les gens d’ici n’ont pas d’argent en Nahoana kayny olona ety no tsy manam-bola été vahavatra ? Leur argent c’est le produit agricole Volan’ izy ireo dia ny vokatry ny tany Leur richesse ce n’est pas l’argent Harenan’ izy ireo tsy mba izany vola izany Leur vie dépend de la terre Ny fiainan’ izy ireo dia mivelona amin’ny tany Leur habitation est à la campagne Fonen’ izy ireo any ambanivohitra any. Nahoana kay ny fiainana aty no sarotra Pourquoi ici c’est difficile à vivre ? ivelomana ? Pourquoi la vie ici est difficile ? Nahoana kay ny fiainana aty no sarotra iainana ? Leur terre est aride Ny tenin’ izy ireo dia teny halan’ orana Leur village est tourmenté par le vent Tananan’ izy ireo dia tanana halan-drivotra Leur culture est menacée par la grêle Volan’ izy ireo sangisangin’ ny havandra Leurs enfants sont toujours malades Kilongan ’izy ireo dia mararirary lava Leur vie est loin de nôtre Ny fiainan’ izy ireo, fiainana lavitra antsika Leur vie, vie rurale Ny fiainan’ izy ireo, fiainan’ ambanivohitra Notre vie ici, vie citadine Ny fiainantsika ety, fiainana an-drenivohitra Notre vie ici, quel genre de vie ? Fiainantsika ety, fiainana manao ahoana? A nous de le savoir. Antsika no mamantatra izany.

XI

¾ PRINCIO

Eo anilanao Près de toi

Rehefa eo an-tratranao aho dia ravoravo o Je me sens heureux à tes côtés Falifaly mihirahira mivazovazo Je chante avec plein de joie Na mandreraka mamizana aza ny fiainana Même si la routine journalière me rend andaavan’andro fatigué Rehefa eo an-tratranao aho toa azoazo Dans tes bras, je me sens si calme Fa ny eo an-tratranao dia maharavoravo Tena maharavoravo Loin de toi je m’ennuye Faible, comme si je vis dans des ténèbres Rehefa lavitra anao aho toa mivarilavo Loin de toi je m’ennuye Goragoraka toa lozitra malazolazo A tes côtés je suis vraiment heureux Tsy mahita andro mihiratra toa manjombona tsisy masoandro Ne me laisses pas seul car je suis fragile Rehefa lavitra anao aho dia mivarilavo Comme un enfant dépendant de sa mère Fa ny eo an-tratranao no maharavoravo Ma vie est insensée sans toi J’ai besoin de toi dans ma vie pour apporter Ka aza avela irery fa tsy mba manan-kery de la lumière Fa mora mikodia mora lavo Parce que tu es l’ancre de ma vie qui Fa toy ny zazakely izay tsy mahasara-dreny l’empêche à s’écrouler Ka mila omena nono isan’andro Ne me quitte pas quoi qui se passe Satria dia zava-poana raha fanoto tsisy loana Fa toa tsy lavorary mavomavo Je suis malheureux et triste quand tu Ka mila anao foana, ianao mandavan-taona m’éloignes Hitondra izay anjara masoandro o Je n’arrive pas à dormir la nuit quand tu n’es Satria ianao ilay hany vatofanjika mafonja pas là Izay mnohana ny foko tsy ho lavo Loin de toi c’est très ennuyant Ka raha ianao no tsy eo dia hilentika angamba ny sambo Ka n’inon’inona miseho e Dia aza mihetsiketsika eo e

Rehefa tsy eo an-tratranao aho toa oriory e Valabalaka toa maloka be sorisory e Mifendrofendro isan-kalina mivandravandra tsy mahita tory Rehefa tsy eo an-tratranao aho toa oriory e Fa ny tsy eo an-tratranao toa manorisory Tena marina izany Rehafa eo an-tratranao aho toa ravoravo…….

XII

¾ La Sainte

Tsikon’ny pifo L’odeur d’argent

Vao mifoha maraindray Dès qu’on se réveille Olo jiaby milomay Tout le monde se précipite pour chercher de Karaha tsisy mifankahay l’argent Ah, bye bye de ‘zay On se salue et c’est tout

Mila olo mande mitsakaraka On a besoin de travailler pour se nourrir Aiza le pifo fa tsy araka Le lien familial est délaissé à cause de l’argent Samy mitady izay hahafeno kibo L’argent devient sujet de toute discussion Fihavanana zany efa nadino L’argent devient la source des désordres Vao mikoragna, koragna, pifo, pifo L’argent devient la source de mépris Mampikorontan-dava, pifo, pifo L’argent est la source de massacre Mpampiwerawera, pifo, pifo En tout, l’argent change la mentalité des Amonoana olo koa, pifo, pifo hommes Mapiova olo mihitsy môny ‘ty Ceux qui en possèdent sont considérés Mangengeny manjary mahay miteny comme supérieurs Zay misy harena de hoe jolie Regarde ceci, moi aussi j’en ai Manjary manambony tena fa hoe bonde Donne-moi un Jereo ‘ty, On se ressemble car on en possède Zaho koa misy, ameo kony Pense un peu Andao any Si tu as de l’argent, tu auras de meilleure vie. Môny, môny antsika samby misy Atsika jiaby mitovy, tapitra Tsisy ambony-ambany, mazava, tapitra Tsisy môny na tsisy aza mifampikodraba Vory anaty môny eo tsisy draba

Vao mifoha maraindraina Olo jiaby milomay Karaha tsisy mifankahay Ah, bye bye de ‘zay

Mangalà onon-draha jiaby, jiaby Zay mahazo onondraha jiaby, jiaby

Koa anao efa misy pifo Anao efa miaigny Vatanao amin’zany Efa mahazo aigny

Mila môny, zarao zay tsisy Mila môny, ameo zay tsisy Mila môny

XIII

Agnawitry Agnawitry

Agnawitry, agnawitry Agnawitry Alô agnawitry,alô agnawitry Allons danser Olo falifaly tsy maintsy magnawitry On danse quand on est heureux Anao ravoravo ke basy alô hagnawitry Faites tournez la hanche Any le clip fa alô hanonjo vity Tous les problèmes disparaissent aujourd’hui Ahodikodino vanianao sexy Toutes les malchances passent Atsatotsatoka minotsiky Parce qu’aujourd’hui c’est la fête Problemo jiaby niany miala any Allons danser Koa la poasy zany ‘ndao any Niany tsika hifety, ataovy izay mety Agnawitry ‘Ndao tsika hi-dance Tous les lieux où on passe se trouvent dans une entière ambiance Hagnawitry, hi-dance Pas de dispute, ambiance magnifique Aminay tsy maintsy ambiance, may tany jiaby La fête s’éclate andalovany Que les perturbateurs s’en aillent Tsy maintsy ambiance, tsy asiana walawala On se distrait Kapo anao, izory lala Felling efa manonga tsy somonga Vazo ty mandona, soma ty mafana tsy voatana Aminay tsy maintsy ambiance, may tany jiaby andalovany Tsy maintsy ambiance, tsy asiana walawala

Kapo anao, izory lala Fa zaka ataonay haiko fa misary adala Problemo jiaby niany miala any Koa la poasy zany ‘ndao any Niany tsika hifety, ataovy izay mety ‘Ndao tsika hi-dance

XIV66

¾ Rado

« Ny tapaka ambaninareo »

1- Ity mampandihy fitombenana ity Dia saim-betaveta, kanefa tsikaritra Fa na dia marobe aza ireo izay tsy tia Dia ireny no avoakan’ny fahitalavitra.

2- Heverin’ny tompon’ny fahitalavitra Ve fa ireny no tian’ny rehetra, Ka alefany foana mba hahafinaritra Hitaiza ny saina ho tia vetaveta.

3- Hadinon’ny tompon’ny fahitalavitra Fa samy olm-pady no mijery eo? Ity ary mba tsetsatsetsa tsy aritra Ireny ary ve no mba kantonareo?

4- Ity misy hafatra omeko anareo Indrindra fa ho an’ny mpandihinareo Ny loha sy ny saina no ahetsiketseho Fa aza ny tapaka ambaninareo.

RADO, 19/05/05

Nom et prénoms : RAKOTONIRINA Harivelo Eliane Née le : 28 Juin 1987 Titre : Chansons malgaches modernes : avant-gardisme ou dérive des valeurs Nombre de pages : 90 Nombre de tableaux : 05 Rubrique : Recherche Interdisciplinaire sur la connaissance, la culture et les interactions sociales. RESUME

Cette recherche est un essai d’analyse de l’évolution de la chanson malgache. Cette dernière change en fonction du temps, et se présente sous deux formes : traditionnelle et moderne. Actuellement, la musique moderne a un aspect anarchique et s’écarte de la norme imposée par la société. Une étude a été faite auprès des jeunes pour savoir leur goût musical face à l’influence de la musique étrangère et aussi une analyse comparative entre les chansons traditionnelles et chansons modernes pour connaître leurs relations. Ce qui nous conduit à constater que la musique moderne se détache de son origine et se présente sous un aspect vulgaire. Les chansons modernes sont les plus appréciées actuellement suite à la prolifération des nouvelles technologies, que nul ne peut contrôler ; d’où le risque de perte de notre culture, surtout notre identité culturelle.

Mots clés : Musique, chanson, anarchie, conservatisme, traditionnelle, moderne, culture, identité, fonction, classe sociale, tendance, identité.

ABSTRACT

This research is an attempt to analyze the evolution of the Malagasy song. This last change with time, and comes in two forms: traditional and modern. Actually, modern song has an anarchy aspect and deviate to the norm taxed by the society. A survey was carried out with young people to find their musical taste from the influence of foreign music and also a comparative analysis between traditional songs and modern songs to determine their relationships. This leads us to deduce that modern song disconnect to his source and have crude aspect. Modern songs are the most popular now due to the proliferation of new technologies that no one can control; hence the risk of the loss of our culture, especially our cultural identity.

Key words: Music, song, anarchy, conservatism, traditionnal, modern, culture, identity, fonction, social category, inclination, identity.

Directeur de recherche: Mr ANDRIAMALALA Misah Ny Aina.