LYON ET L’ART MODERNE DE BONNARD À SIGNAC 1920-1942

EXPOSITION DU 14 OCTOBRE 2012 AU 10 FÉVRIER 2013 ESPACE GRENETTE

En juin 2011, Dominique Fessetaud, Michel Fessetaud et Martine DOSSIER DE PRESSE Payard ont fait don au musée Paul-Dini, des archives de Denise Contact presse: Mermillon (1920-2011) et de Marius Mermillon (1890-1958). Le [email protected] classement de ces archives a conduit le musée à s’interroger Musée Paul-Dini, musée municipal sur la place qu’a tenu la ville de sur la scène de l’art de Villefranche-sur-Saône moderne dans les années 1920-1942. 2 place Faubert, 69400 Villefranche-sur-Saône Téléphone 04 74 68 33 70 Fax 04 74 62 35 13 Lyon de l’entre-deux-guerres est marquée par le mandat municipal www.musee-paul-dini.com (1905-1957) d’Édouard Herriot. L’âge d’or des avant-gardes touche non seulement l’architecture mais aussi tous les arts : peinture, sculpture, musique, danse, arts décoratifs, théâtre, chant, cinéma, photographie, littérature, gravure, édition. Le cadre chronologique choisi pour Lyon correspond à l’émergence d’une critique et de groupes artistiques actifs, dont l’activité se ralentit avec la fin de la « zone libre ».

Marius Mermillon et George Besson, personnalités reconnues du monde artistique et qui se connaissent depuis novembre 1921, y jouent un rôle important au même titre que le docteur Émile Malespine et Marcel Michaud quoique ceux-ci soient engagés dans des choix esthétiques plus radicaux. Chacun adopte une définition singulière de la modernité, notion que nous proposons de repérer au travers des différents groupes artistiques lyonnais. CATALOGUE Édition Villefranche-sur-Saône, Musée Commissariat : Sylvie Carlier, conservateur en chef du musée Paul-Dini Paul-Dini, 180 pages, format 20,5 x 26 cm, et Lucie Goujard, docteur en histoire de l'art / Histoire de la photographie 150 illustrations, prix public: 30 € extraits Sylvie Carlier directeur du musée Paul-Dini, musée municipal de Villefranche-sur-Saône LYON, SCÈNE DE L'ART MODERNE, 1920-1942

Dans le courant des années 1920-1930 s’organise autour de l’hôtel de ville un pôle artistique et culturel. Au numéro 95 de l’an- cienne rue de l’Hôtel-de-Ville se trouve la galerie des Archers, animée par Antonin Ponchon. Ce dernier dirige la revue La Broderie nouvelle, publiant des patrons de travaux brodés, qui lui garantit des revenus utiles pour assurer un stock d’œuvres. La galerie Saint-Pierre, administrée par Alfred Poyet, est située au numéro 10 de la même rue, et présente les jeunes peintres et sculp- teurs sortis de l’école des beaux-arts, située en face, dans l’ancienne abbaye Saint-Pierre. Les salles du musée municipal installé dans les mêmes locaux offrent un parcours de l’art ancien à la création contemporaine. Les collections sont enrichies par Henri Focillon, Léon Rosenthal et René Jullian: les œuvres de Bonnard, Derain, Matisse et BLANC ET DEMILLY, Filets de pêche, s. d. Positif monochrome sur papier bromure. Chalon-sur-Saône, musée Nicéphore Niepce. Valadon côtoient celles des Lyonnais du XIXe siècle, référents pour des générations d’artistes dont le mode d’expression essen- tiellement figuratif s’éloigne du cubisme ou des formules surréalistes et dadaïstes.

En 1920, Lyon est imprégnée par le groupe Ziniar initié par des peintres et des sculpteurs issus de l’école des beaux-arts de Lyon. Les artistes lyonnais Adrien Bas, Émile Didier, Louis Bouquet, Pierre Combet-Descombes, Claude Dalbanne, Jacques Laplace, Étienne Morillon, Antonin Ponchon, Georges-Albert Tresch et le sculpteur Marcel Gimond se rassemblent pour exposer à la galerie Saint- Pierre. Après la disparition du groupe Ziniar en octobre 1924, ses anciens membres contribuent en 1925 à la naissance du Salon du Sud-Est auquel les hommes de lettres Marius Mermillon, George Besson, Gabriel Chevallier, Léon Werth, Henri Béraud, Joseph Jolinon, Mathieu Varille, Frédéric Vars, les photographes Théodore Blanc et Antoine

Demilly et quelques artistes parisiens – PAUL SIGNAC, Remorqueur dans le port de Rotterdam, 1906. Huile sur toile, 46 x 55 cm. Collection Dr Vouillon. Paul Signac, , apportent leur soutien de 1925 à 1938. Sahut d’organiser au sein du salon grenoblois Les cultures avant-gardistes parisiennes l’Effort des expositions d’artistes lyonnais aux s’imposent avec retard mais de manière Mermillon fonde en 1926 Les Arts à Lyon, relais côtés des artistes dauphinois. Réciproque- certaine à Lyon avec l’essor des voies de cir- éphémère (quinze numéros de janvier 1926 à ment certains artistes grenoblois tels Marcel culation et la parution de revues artistiques mai 1927) de l’actualité du Salon du Sud-Est. Sahut, Jules Flandrin ou Henriette Gröll et littéraires impliquant des échanges régu- Mermillon persuade aussi le peintre Marcel participent en retour au Salon du Sud-Est. liers et soutenus entre les grands pôles LYON, SCÈNE DE L'ART MODERNE, 1920-1942 Sylvie Carlier

CLAUDIUS LINOSSIER, Plateau rond à la danseuse, BROUILLARD, Paysage dit aussi Sur la hauteur, 1935. Huile sur toile, 200 x 130 cm. Donation Muguette et Paul Dini 2, 2000. s. d. [vers 1940] Maillechort incrustré de cuivre et d’argent. Villefranche-sur-Saône, musée Paul-Dini, musée municipal. Lyon, musée des Beaux-Arts. urbains. Cela se voit en particulier à travers au salon parisien de 1925. Des ébénistes lyon- arts décoratifs). En échangeant ses impres- l’exemple de Suzanne Valadon, Maurice nais comme Sornay et Chaleyssin innovent sions, ce dernier influence une grande partie Utrillo et André Utter, se déplaçant de Paris avec une décoration d’intérieur caractérisée de ses amis comme c’est sans doute le cas vers Saint-Bernard, leur lieu de villégiature par des lignes pures. Suite à l’Exposition de Théodore Blanc et Antoine Demilly qui, à proximité de Lyon, et vers Grenoble et internationale de 1925, et contrairement aux avec leur catalogue Aspects de Lyon (1933), Genève. Les échanges se concrétisent lors Musées de la chambre de commerce et témoignent d’une admiration commune des salons lyonnais par la présence d’ar- d’industrie, Léon Rosenthal, conservateur pour le cinéma tout en puisant dans les tistes parisiens et, à l’inverse, lors des salons du musée des Beaux-Arts de Lyon, propose sources des livres illustrés. parisiens investis par les créateurs lyonnais. d’acquérir une création de Ruhlmann, tandis La participation d’artistes comme Bonnard, que l’architecte lyonnais Pierre Renaud initie Parallèlement, Émile Malespine (1892-1953), Marquet et Signac aux Salons du Sud-Est, celle un Salon des arts décoratifs modernes (1927- qui dirige de 1922 à 1928 la revue Manomètre de et Jules Migonney entre autres, 1929) qui réunit, en l’espace de trois ans, des et dont les recherches le mènent à une pein- rejoints par Louis Touchagues dès 1923, se artistes polygraphes au service de la déco- ture informelle, marque profondément Marcel révèlent stimulantes. D’emblée, l’appui de col- ration intérieure. Michaud (1898-1958). Ce dernier, galeriste, lectionneurs et de critiques tels Léon Deshairs, poète, critique, crée en 1938 la galerie Robert Rey ou Guillaume Janneau – qui leur La pluridisciplinarité se manifeste avec Folklore, rue Thomassin à Lyon, où il diffuse consacrent une série d’articles dans Art et des commandes privées et publiques de l’œuvre de nombreux artistes de l’avant-garde Décoration – lie définitivement ces artistes grands décors auprès de Pierre Combet- internationale – Marcel Breuer et Alvar Aalto. du Sud-Est aux arts décoratifs; la peinture Descombes, Eugène Brouillard ou Louis Michaud est aussi à l’origine, en 1936, du côtoie alors les œuvres de céramistes Bouquet (auteur des fresques de la Grande groupe d’avant-garde Témoignage rassem- comme Claudius Linossier, notamment dans poste à Lyon), et avec l’organisation du blant de jeunes sculpteurs comme Étienne- le numéro consacré au Salon des arts déco- Salon de l’Art décoratif moderne (palais de Martin ou François Stahly et des peintres ratifs de Paris (1925) au sein duquel s’investit Bondy, Lyon) de 1927 à 1929. La circulation proches du surréalisme tels que Jean la chambre de commerce lyonnaise. des formes et des idées à Lyon est alors Bertholle ou Jean Le Moal. Ce groupe est for- favorisée par des personnalités au savoir tement marqué par le cubisme mais surtout À l’initiative du président de cette dernière, encyclopédique. Cette culture savante par le surréalisme. Dès 1937-1939, ses artistes Édouard Aynard – alors même qu’un musée s’incarne grâce à de nombreux écrivains et exposent au Salon d’automne de Lyon, à la des Tissus avait ouvert ses portes à Lyon en critiques comme Joseph Jolinon (aussi féru galerie Matière et Formes de René Breteau 1890, couplé dès 1922 à un musée des Arts de football que de peinture), Robert Laurent- (Paris), ainsi que dans l’atelier de René-Maria décoratifs –, les plus belles soies des ateliers Vibert, Mathieu Varille et au peintre Burlet (122, rue Saint-Georges, Lyon). La Bianchini-Férier exécutées par la Fabrique Pierre Combet-Descombes dont les mobilisation en 1939, puis la guerre entraînent d’après les cartons de Dufy et de Delaunay centres d’intérêt croisent diverses disci- la disparition de Témoignage, en dépit des sont envoyées au musée Galliera (1923) puis plines (photographie, music-hall, danse, efforts de Michaud pour le faire survivre. extraits Chantal Duverget, docteur en histoire de l’art GEORGES BESSON ET LES LYONNAIS

biographies et des souvenirs, la revue proposait des écrits engagés sur l’art et la politique. Son originalité résidait dans la présence de nombreux dessins d’artistes en marge des textes: Dufy, Dunoyer de Segonzac, Maillol, Marquet, Matisse, Rodin, Vuillard, Vallotton ou Van Dongen. Dans la seconde série de la revue, George Besson privilégie les sujets plaisants, consacrant par exemple l’essentiel du n° 4 à des propos sur les vins. Ainsi le premier écrivain de la région lyonnaise à publier un texte en mai 1921 était Henri Béraud et son sujet portait sur le vin de Beaujolais.

Par le style « tonitruant » de ses nouvelles, Henri Béraud fut propulsé dans le milieu journalistique parisien. C’est lui qui intro- duisit Marius Mermillon auprès de George Besson. Mermillon remet d’abord un arti- cle autobiographique. Le style plaît à Besson qui suggère à l’éditeur Georges

AUGUSTE CARRAND, L’Atelier du château de Richoud, s. d. [vers 1880-1892]. Huile sur toile, 54 x 65 cm. Crès de lui confier deux ouvrages issus de Villefranche-sur-Saône, musée Paul-Dini, musée municipal. la revue Les Cahiers d’aujourd’hui : en 1925, L. Carrand, F. Vernay, et en 1927, une Entre le critique d’art George Besson et c’est le début d’une grande amitié. Ils se monographie sur Albert André. De 1925 à la ville de Lyon, c’est une longue histoire reçoivent régulièrement, d’abord à Paris, 1932, devenu directeur artistique des édi- d’amour dont le temps fort fut, au début de dans l’appartement des artistes, 52, bou- tions Crès et Cie, George Besson publia en 1920, la rencontre avec l’écrivain Marius levard Rochechouart, puis l’été à Laudun Mermillon. Les liens artistiques qui se sont (Gard), à quelques kilomètres de Bagnols- tissés ensuite, furent concrétisés par des sur-Cèze où Albert André avait hérité expositions communes jusqu’en 1939 et des d’une maison de famille. En 1917, Albert écrits jusqu’aux années 1960. André est sollicité par la municipalité de Né à Saint-Claude en 1882, Georges- Bagnols-sur-Cèze pour exercer les fonc- François-Noël Besson monte à Paris en tions de conservateur bénévole du musée 1905, pour commercialiser les pipes de l’en- Léon-Alègre. Encouragé par Renoir qui lui treprise familiale. Le 15 janvier 1906, il promet des œuvres, l’artiste accepte et, épouse Léonie-Adèle Chamot, une amie après l’incendie du musée en 1924, fait d’enfance. Dorénavant le couple vivra affluer les dons émanant de Georges Cle- environ dix mois par an dans la capitale. menceau, Paul Durand-Ruel, Élie Faure, Parallèlement, Besson se passionne pour Pierre Bonnard, , Claude la vie politique locale. Son engagement Monet, Paul Signac, Ambroise Vollard et politique au Parti socialiste constitue la clé Louis Valtat. Le musée de Bagnols-sur- de sa destinée personnelle et de sa carrière Cèze devint alors l’un des premiers professionnelle. musées d’art contemporain de province. Avec l’ami Francis Jourdain (1876-1958), En 1910, George Besson est présenté par peintre, décorateur et écrivain, George l’historien d’art Élie Faure au peintre Albert Besson fonde Les Cahiers d’aujourd’hui, André (1869-1890). En 1905, ce dernier publication bimestrielle qui paraît de 1912 PIERRE BONNARD, Fleurs sur une cheminée au Cannet, épouse Marguerite Cornillac, surnommée à 1914, puis, après une interruption liée c. 1927. Huile sur toile, 106,2 x 73 cm, Maleck. Entre les André et les Besson, à la guerre, de 1920 à 1924. Outre des Lyon, musée des Beaux-Arts. GEORGES BESSON ET LES LYONNAIS Chantal Duverget

SUZANNE VALADON, Le Canard, 1930, huile sur toile, 73 x 60 cm, Centre Pompidou-MNAM, Paris, LES ARTS À LYON, trois couvertures de janvier en dépôt à Besançon, musée des Beaux-Arts et d’Archéologie. 1926 à mai 1927.

1929, dans la collection «Les Artistes nou- Lugdunovien» par l’achat d’une aquarelle et 1933, George Besson suit de près les veaux», un Marquet, par Marius Mermillon. de Signac. Besson rédige aussi le compte activités de cette dernière, laquelle, rendu des Salons pour la presse nationale malgré un lourd déficit poursuivra son Après la dislocation en octobre 1924 du (L’Humanité, Ce Soir), devenant ainsi le fonctionnement jusqu’en 1932. George groupe Ziniar se constitue, en 1925, l’Union promoteur de la peinture lyonnaise. Besson la soutient en acquérant en régionale des arts plastiques (URAP), à l’ins- 1929, une huile de Jean Puy, lors de tigation de Marius Mermillon. Pour donner Le 8 mai 1926, s’ouvre le deuxième Salon du l’exposition de ses peintures en 1930. un certain poids à cette nouvelle institution, Sud-Est en présence d’Édouard Herriot, Mermillon demande à Besson d’inviter «des ainsi que du comte Carlo Sforza, ancien De plus, George Besson se rendait artistes parisiens». C’est ainsi que dès ministre des Affaires étrangères d’Italie. régulièrement à Lyon et faisait le lien l’exposition inaugurale, le 6 juin au Palais Deux initiatives furent prises en lien avec entre Mermillon, Ponchon et le milieu Bondy, figurent aux cimaises les œuvres de George Besson pour assurer le rayonnement parisien des artistes et des critiques. la «bande à Besson»: André, Bonnard, de ce salon provincial: le lancement d’une Avec Marcel Gimond, il concevait la Matisse, Monet, Signac et Van Dongen. Non revue littéraire et artistique (Les Arts à Lyon: sculpture comme un « témoignage seulement George Besson est présent à ce voir le texte de Sylvie Carlier) ainsi que l’ou- humain » et dénonçait « l’académisme Salon inaugural, mais il y fait son «shopping verture de la galerie des Archers. Entre 1926 pédant » des informels. extraits Lucie Goujard, docteur en histoire de l’art/histoire de la photographie « LA RÉPUBLIQUE DES CAMARADES* »

* Cf. Malespine, Émile, « Le Congrès des peintres de France », in Le Fleuve, décembre 1925.

Le trio Ponchon, Mermillon, Besson défend est venu à Lyon, après un séjour en Suisse, avant tout l’art moderne et se distingue en pour terminer ses études de médecine. cela des représentants de la nouvelle Dessinateur, il a conçu l’album Catalogue esthétique: l’Université des Heures, Marius de sentiments pour Ziniar. Il fait ses Audin, Jean Epstein, Émile Malespine, puis vrais débuts grâce à la littérature, avec Marcel Michaud. Marius Audin devance Promenoir et la parution de ses premiers Ponchon et Mermillon entreprenant de ouvrages. En 1921, il publie coup sur coup soutenir les artistes lyonnais, dès son aux éditions de La Sirène: La Poésie d’au- installation comme imprimeur éditeur en jourd’hui, un nouvel état d’intelligence, 1918. Il fonde une revue (Les Lectures, 1918, de conception graphique très contempo- puis L’Effort libre, 1919) puis, en 1919, sous raine. À Lyon, l’acte fondateur reste la le nom de sa maison d’édition Les 2 collines, création de Promenoir. Codirigée par le un cercle et une galerie qu’il anime un court graveur Pierre Deval, l’écrivain Lacroix et temps avec Léon Vallas, Louis Aguettant, Jean Epstein la revue réunit textes litté- Lucien Chiselle et Raoul Stéphan, le futur raires et gravures sur bois originales. rédacteur en chef de la revue Notre carnet Suivant une démarche désormais tradi- (1924-1929). L’éditeur réunit ainsi autour de tionnelle, les collaborateurs de Prome- PHILIPPE BURNOT, Route des Alpilles, s. d. Gravure sur bois, 27,8 x 23 cm. Paris, Centre national des arts plastiques lui un groupe de dessinateurs qui contri- noir se font aussi rapidement les maîtres / FNAC; Dépôt à Lyon, musée des Beaux-Arts. buera aux illustrations de ses éditions d’œuvre de la première exposition avant- bibliophiles. Il confie notamment l’illus- gardiste à Lyon «Cubisme, purisme et tration de ses ouvrages à Touchagues, expressionnisme». Accueillie par l’Uni- Bouquet et Combet-Descombes. versité des Heures et inaugurée le 27 novembre 1921, elle réunit les œuvres de Après la guerre, son amitié avec le diri- Fernand Léger, Le Corbusier, Amédée geant de l’entreprise Pétrole Hahn, Robert Ozenfant, Albert Gleizes, Oscar Kokoschka, Laurent-Vibert, collaborateur de La Revue Lasar Segall, aux côtés de celles des fédéraliste et futur initiateur de la fondation collaborateurs de Promenoir ainsi que de soutien aux artistes de Lourmarin, sem- celles de Combet-Descombes, Dalbanne ble encourager une activité éditoriale rela- et Irénée Dubois. tivement traditionnelle – comparable à celle des deux principaux éditeurs d’art lyonnais Promenoir disparaît en juin 1922 lorsque de cette période, Lardanchet et Masson. paraît le mois suivant le premier numéro de Laurent-Vibert fut, jusqu’à son décès brutal Manomètre qui semble donc en constituer en 1925, à la fois le mécène et le collabora- la suite (neuf numéros; juillet 1922 – janvier teur de l’éditeur dans sa contribution à 1928). La revue avant-gardiste est fondée l’histoire du livre. Par son intermédiaire, et et dirigée par Malespine. Littéraire, artis- bien qu’il ait connu Combet-Descombes à tique, dadaïste et surréaliste, elle est à son BLANC ET DEMILLY, Montée Bonafous, Salonique pendant la guerre, la Maison des tour construite suivant un modèle avant in Les Aspects de Lyon, collection Julie Picault. 2 collines se rapproche davantage du gra- tout graphique et littéraire. Mais le fonda- veur Philippe Burnot et des deux maisons teur de Manomètre ne se détourne pas pour Combet-Descombes – puis le sculpteur d’édition d’art traditionnelle Il faut ajouter autant des artistes lyonnais que par ailleurs Salendre – occupent une place tout à fait le rôle d’un autre proche de Laurent-Vibert, il collectionne. S’il loue le surréalisme singulière. Ils seront autant associés aux Mathieu Varille, historien local qui prati- de Giorgio De Chirico et de Max Ernst, il tenants de l’«art moderne» qu’à ceux de quera la photographie avec Blanc et s’émerveille devant les œuvres de quelques l’«avant-garde». Cette réception indiffé- Demilly, membre de la Société de Guignol, figures lyonnaises: François Dorias, André renciée confirme l’existence de conni- et avec lequel Audin se lie d’amitié. Sornay, Émile Didier, Jacques Laplace, Louis vences permanentes entre les deux Thomas et Tony Garnier. positions artistiques réputées opposées. Cette naissance de l’avant-garde à Lyon La fin du XIXe et le début du XXe siècle inau- est aussi marquée par le futur cinéaste Dans ce paysage artistique lyonnais, gurent avant tout une ère de démultipli- Epstein. Originaire de Pologne, ce dernier Touchagues, Didier, Laplace, Ponchon et cation du visuel et des représentations «LA RÉPUBLIQUE DES CAMARADES* » Lucie Goujard

dont certains artistes sont littéralement investis. De fait, ce bouleversement empêche toute tentative de considérer l’art de cette période suivant l’unique et traditionnelle classification en disciplines. Le dessi- nateur, décorateur, peintre et graveur Pierre Combet- Descombes est associé sans distinction à tous les groupes artistiques et culturels de la ville. Fasciné par les univers de spectacles est reconnu à la fois pour ses œuvres décoratives et ses monotypes de facture et d’atmosphère pourtant contraires. Pétri de roman- tisme, il est aussi plus particulièrement séduit par les spectacles artificiels complets, le cinéma et la danse, devenus les lieux de l’onirisme et de la «pure» ima- gination. Il commente ainsi le déroulé «féerique» des sensations procurées par les danses de Loïe Fuller: «féeries, rêve de lumière, architecture d’ombres, irréa- lité, splendeurs colorées».

Le cinéma d’avant-garde sera surtout diffusé par Malespine et Michaud. Il n’est alors pas anodin de remarquer la présence permanente de Combet- Descombes à leurs côtés. Ce dernier avait participé à la revue d’Epstein Promenoir et fut également un proche de Malespine. Ainsi, comme Combet-Descombes, Malespine rédige des chroniques consacrées au cinéma dans des revues locales, Les Pages lyonnaises et Notre Carnet. Tous deux précèdent Michaud,futur critique pour Lyon universitaire, puis L’Effort.

EDMOND CÉRIA, La Cathédrale Saint-Jean, s. d. Huile sur toile, 81 x 65 cm. Donation Muguette et Paul Dans ce riche contexte d’accueil des modernités, seul Dini 1, 1999. Villefranche-sur-Saône, musée Paul-Dini, musée municipal. l’œuvre de Théodore Blanc et Antoine Demilly semble rejoindre, pour la photographie, la nouvelle esthé- tique. Mariés aux filles du photographe Édouard Bron, ces derniers reprennent son atelier de portraits en 1924 sous l’unique signature Blanc & Demilly (31, rue Grenette). Leur œuvre témoigne d’une très grande maîtrise de la photographie qui leur a permis de réa- liser des images d’une étonnante variété de sujets et destinations: portraits, vues de Lyon, poupées du théâtre de Guignol, et surtout ce que l’on nomme à propos de René Jacques: photographie d’illustration (publicités, reportages, natures mortes). Au même moment, la photographie connaît une évolution tech- nique majeure avec l’apparition des nouveaux «appa- reils instantanés à mains», les Leica et Rolleiflex. Pour l’essentiel, Blanc et Demilly conçoivent des por- traits d’atelier. Alors que ces derniers conservent une pose austère, traditionnelle, des visages, la nouvelle technique, transposée dans le cercle mondain et ami- cal, leur permet comme à Man Ray d’élaborer des BLANC ET DEMILLY, Le Marché Saint-Antoine, 1930. Épreuve gélatino-argentique, 18 x 24 cm. Collection Damien Voutay. portraits plus vivants réalisés de manière personnelle, à l’extérieur et le plus souvent avec la complicité du modèle (Combet-Descombes, Gabriel Chevallier, «LA RÉPUBLIQUE DES CAMARADES* » Lucie Goujard

passage, ils inaugurent également, le classique, celui de l’animation par la pré- 15 décembre 1927, «un deuxième studio sence humaine, ni la «vue» documentaire moderne» de «fournitures d’appareils, (cadrage frontal, vues aériennes, d’en- cinéma, de produits et réalisation de semble, des ponts, de la cathédrale). travaux soignés» au 10, rue du Président- Après 1936, Blanc et Demilly publient dans Carnot. La même année, ils participent Le Point et Mieux Vivre (Jacquemaire – La au Salon des arts décoratifs. Blédine). Dirigé par Besson, Mieux Vivre est le plus moderne. Les thèmes qu’il Les premières photographies de Blanc aborde sont entièrement liés à la santé, au et Demilly ont été publiées, à partir de bien-être, aux divertissements, parmi mai 1926 par Mermillon dans Les Arts à lesquels le numéro de Sougez consacré à Lyon – où la photographie sert de manière la photographie et celui de Carco sur le très ponctuelle d’illustration pour les cinéma. Il réunit aussi de nombreux com- portraits et les reproductions d’œuvres. plices, dont Blanc et Demilly, et Besson lui- L’activité et l’œuvre de Blanc et Demilly même. D’abord amateur photographe, sont finalement très similaires à ce que membre du Photo-Club de Paris, ce der- connaît alors Paris; exception faite de ce nier a contribué aux bouleversements de qui en constitue aujourd’hui inéluctable- l’édition d’art moderne – désormais illus- BLANC ET DEMILLY, Danseuse, s. d. [vers 1933]. Épreuve ment le point d’orgue Les Aspects de trée de photographies – ainsi qu’à la diffu- gélatino-argentique, 59,5 x 49,6 cm. Collection Damien Voutay. Lyon, objet à la fois curieux, paradoxal et sion de l’œuvre de certains photographes. inattendu. Prestigieuse série de fascicules, Joseph Jolinon). Blanc et Demilly se consa- éditée par la Société de Guignol, Les Comme dans toutes les villes de Province, crent aussi aux paysages, y compris urbains, Aspects de Lyon forment un ensemble l’art à Lyon se définit avant tout par scènes et vues de Lyon – parmi lesquelles d’une subtilité inégalée de tons, de l’attachement à une certaine tradition. De des vues monumentales dont le véritable nuances et d’estompe. Elle s’oppose en Ravier à Michaud en passant par Besson sujet est la lumière. Celle-ci se mue en effets cela entièrement aux conceptions épu- et Mermillon, l’entrée de la modernité ne changeants, laissant place à une urbanité rées attendues de la photographie semble ne devoir passer que par une iné- cinématographique, lumineuse et mou- moderne pour offrir une poétique série luctable démarche d’opposition ou de vante (silhouettes, voitures, tramways). d’images, faisant résonner tradition et rejet, réciproque, des structures en place. Entre 1926 et 1930, Blanc et Demilly ani- innovation. Les images ne correspondent Pourtant, s’il est aisé de rétablir ces clas- ment leur studio mais publient aussi dans plus à un inventaire monumental au sens siques distinctions entre disciplines, Les Arts à Lyon, Les Amis de Guignol, traditionnel du terme mais restituent une tradition et novation, art moderne et L’Écho des spectacles de Lyon et du Sud- suite d’«aspects» qui met en scène au fil avant-garde, l’activité très dense de Est, puis Notre carnet, Lyon universitaire, de la découverte une atmosphère choisie. l’ensemble des personnalités, de milieux Paris-Lyon et La Vie lyonnaise. Forts du L’ouvrage s’apparente à une promenade et convictions parfois inconciliables, succès de leur atelier qui accueille le urbaine; une flânerie qui n’exclut pas démontre surtout un atypique phéno- Tout-Lyon ainsi que les personnalités de définitivement ni le motif pittoresque mène d’interrelations permanentes.

PIERRE COMBET-DESCOMBES, Jazz dit aussi Music-Hall, s. d. Huile sur toile, 50,2 x 124,7 cm. Lyon, courtesy galerie Michel Descours. ARTISTES EXPOSÉS

HECTOR ALLEMAND LOUIS CARRAND MICHEL DUBOST ALBERT MARQUET GERMAINE DE ROTON (Lyon, 1809 – Id., 1886) [Louis-Auguste Carrand, [Pierre-Albert (Beaujeu [Rhône], 1889 – ou Loulou dit] FRANÇOIS Marquet, dit] Lyon, 1942) ALBERT ANDRÉ (Lyon, 1821 – Id., 1899) DUCHARNE (Bordeaux, 1875 – Paris, 1947) (Lyon, 1869 – Laudun (soyeux lyonnais) MARCEL SAHUT [Gard], 1954) EDMOND CÉRIA JACQUES MARTIN [Marcel Adolphe (Évian-les-Bains, 1884 – (Villeurbanne, 1844 – Lyon, 1919) Baptiste Sahut, dit] ADOLPHE APPIAN Paris, 1955) (Le Havre – 1877, (Grenoble, 1901 – [Jacques-Barthélemy Forcalquier, 1953) JACQUELINE MARVAL Aix-en-, 1990) Appian, dit] FRANCISQUE [Marie-Joséphine CHALEYSSIN MARCEL SAINT-JEAN (Lyon, 1818 – Id., 1898) JOANNÈS DURAND Vallet, dite] (Lyon, 1872 – ?, 1951) (Lyon, 1914 – Id., 1994) (Lyon, 1873 – Le Cannet (Quaix-en-Chartreuse [Isère], [Alpes-Maritimes], 1914) JEANNE BARDEY ÉMILIE CHARMY 1866 – Paris, 1932) GEORGES SALENDRE (Lyon, 1872 – Id., 1954) (Saint-Étienne [Loire], 1878 – JULES FLANDRIN (Romanèche-la-Montagne [Ain], Crosne [Essonne], 1974) [Jules Léon HENRI MATISSE 1890 – Lyon, 1985) ADRIEN BAS (Le Cateau-Cambrésis [Nord], (Lyon, 1884 – ANTOINE CHARTRES Flandrin, dit] 1869 – Nice, 1954) JEAN SEIGNEMARTIN Saint-Rambert, 1925)] (Lyon, 1903 – Id., 1968) (Corenc [Isère], 1871 – (Lyon, 1848 – Alger, 1875) Grenoble, 1947) JULES MIGONNEY EUGÈNE BENOÎT BAUDIN GABRIEL CHEVALLIER (Bourg-en-Bresse, 1876 – MARCEL SEIGNOBOS (Lyon, 1843 – Id., 1907) (Lyon, 1895 – Cannes, 1969) OTHON FRIESZ Paris, 1929) (Le Pouzin [Ardèche], 1892 – [Émile Othon Id., 1972) PIERRE JEAN BERTHOLLE Friesz, dit] HENRIETTE MOREL (Dijon, 1909 – Paris, 1996) COMBET-DESCOMBES (Villeurbanne, 1883 – Id., 1956) CHARLES SÉNARD [Joseph Métayer- (Le Havre, 1879 – Paris, 1949) (Caluire, 1878 – Lyon, 1934) RENÉ BESSET Descombes, dit] ÉTIENNE MORILLON MARCEL GIMOND (Soucieu-en-Jarez [Rhône], PAUL SIGNAC (Lyon, 1900 – Paris, 1980) (Lyon, 1885 – Id., 1966) [Marcel Antoine 1884 – Id., 1949) (Paris, 1863 – Id., 1935) Gimond, dit] GEORGE BESSON OTHON COUBINE EDWARD STEICHEN (Tournon [Ardèche], 1884 – CAMILLE NIOGRET [Otokar ou Ottokar (Bivange [Le Luxembourg], 1879 [Georges Besson, dit] Nogent-sur-Marne (Le Pont-de-Beauvoisin [Isère], Kubbin, dit] – West Redding [Connecticut, (Saint-Claude [Jura], [Val-de-Marne], 1961) 1910 – Bourg-en-Bresse 1882 – ?, 1971) (Boskovice [Moravie], 1883 – [Ain], 2009) États-Unis], 1973) , 1969) HENRIETTE GRÖLL ROBERT PERNIN LOUIS THOMAS LUCIEN BEYER (Grenoble [Isère], 1906 – JEAN COUTY (Chalon-sur-Saône (Lyon, 1892 – Id., 1989) (Suisse, 1908 – Paris, 1983) Les Côtes de Sassenage (Saint-Rambert-l’île-Barbe, [Saône-et-Loire], 1895 – [Isère], 1996) PAUL BEYER 1907 – Lyon, 1991) Lyon, 1975) LOUIS TOUCHAGUES (Saint-Cyr-au-Mont-d’Or, (Strasbourg, 1873 – HENRI-EDMOND CROSS CLAUDE IDOUX 1893 – Paris, 1974) Bourges, 1945) PELLOUX PIERRE [Henri Edmond Joseph (Lyon, 1915 – Meudon, 1990) (La Mure [Isère], 1903 – GEORGES-ALBERT THÉO BLANC Delacroix, dit] Lyon, 1975) JOHAN-BARTHOLD TRESCH [Théodore Georges, dit] (Douai [Nord], 1856 – JONGKIND CHARLES PIGUET (Delle [Territoire de Belfort], (Lyon, 1891 – Id., 1985) Saint-Clair [Var], 1910) (Lattrop [Pays-Bas], 1819 – (Bière [Suisse], 1887 – 1881 – Aix-en-Provence, 1948) La Côte-Saint-André PIERRE BONNARD VENANCE CURNIER Lyon, 1942) [Isère], 1891) MAURICE UTRILLO (Fontenay-aux-Roses [Hauts- (Lyon, 1885 – Id., 1971) ANTONIN PONCHON (Paris, 1883 – Dax de-Seine], 1867 – Le Cannet, LOUIS JOURDAN (Terrenoire [Loire], 1885 – [Landes], 1955) [Alpes-Maritimes], 1947) CLAUDE DALBANNE (Lyon, 1877 – Id., 1964) (Bourg-en-Bresse, 1872 – Saint-Étienne [Loire ?], 1965) Paris, 1948) ANDRÉ UTTER LOUIS BOUQUET (Paris, 1886 – Id., 1948) (Lyon, 1885 – Id., 1952) ANNE DANGAR PHILIPPE POURCHET (East Kempsey [Australie], ALICE KOHN (Lyon, 1873 – Id., 1941) SUZANNE VALADON FLORENTIN BOURGADE 1885 – Sablons [Isère], 1951) (Lyon, 1902 – Id., 1990) JEAN PUY (Bessines-sur-Gartempe MARCEL BREUER SONIA DELAUNAY JACQUES LAPLACE (Roanne [Loire], 1876 – [Haute-Vienne], 1865 – Paris, 1938) [Marcel Lajos Breuer, dit] [Sara Llinichtna ou (Lyon, 1890 – Id., 1955) Id., 1960) (Pécs [Hongrie], 1902 – Sophie Stern, dite] JEAN LE MOAL DIMITRI VARBANESCO New York, 1981) (Odessa [Ukraine], 1885 – FRANÇOIS-AUGUSTE (Authon-du-Perche RAVIER (Giurgiu [Roumanie], 1908 – Paris, 1979) Paris, 1963) EUGÈNE BROUILLARD [Eure-et-Loir], 1909 – (Lyon, 1814 – Morestel Id. Chilly-Mazarin [Isère], 1895) (Lyon, 1870 – , 1950) ANTOINE DEMILLY FRANCOIS VERNAY (Mâcon, 1892 – Lyon, 1964) [Essonne], 2007) LÉON BRUNARD MARCEL RENARD [François Miel, dit] (Bourg-en-Bresse, 1872 – ANDRE DERAIN PAUL LERICHE [Marcel Claude (Lyon, 1821 – Id., 1896) Caluire, 1931) (Chatou [Yvelines], 1880 – (Roanne [Isère], 1876 – Renard, dit] Lyon, 1949) MAURICE Garches [Hauts-de-Seine], 1954) (Lyon, 1893 – Paris, 1974) RENÉ-MARIA BURLET DE VLAMINCK CLAUDIUS LINOSSIER (Paris, 1876 – Rueil-la-Gadelière (Albertville, 1907 – PIERRE DEVAL AUGUSTE RENOIR Chambéry, 1994) (Lyon, 1897 – (Lyon, 1893 – Id., 1953) [Eure-et-Loir], 1958) [Pierre-Auguste La-Valette-du-Var, 1993) PHILIPPE BURNOT GEORGES LUGON Renoir, dit] MICHEL ZADOUNAISKY (Lantignié [Rhône], 1877 – ÉMILE DIDIER (Lyon, 1896 – Nyons (Limoges, 1841 – (Odessa [Ukraine], 1903 – Beaujeu [Rhône], 1956) (Lyon, 1890 – Id., 1965) [Drôme], 1989) Cagnes-sur-Mer, 1919) Lyon, 1983) TROIS CRITIQUES D’ART INFLUENTS À LYON: BESSON, MERMILLON, MICHAUD. REPÈRES BIOGRAPHIQUES

George Besson (1882-1971) Marcel Michaud (1898-1958) Critique et collectionneur, il crée la revue Issu du monde artisan, Marcel Michaud Les Cahiers d’aujourd’hui, publication s’installe à Lyon à 18 ans et suit des cours bimestrielle (1912-1914 puis 1920-1924). du soir en littérature. Jusqu’au début des George Besson exercera de 1925 à 1932 années 1920, il se rapproche de l’extrême les fonctions de directeur aux Éditions gauche et collabore à des journaux Crès et Cie, puis de 1932 à 1957 aux Édi- libertaires comme Le Réveil de l’esclave. tions Braun et Cie. Il fonde avec Marius Malespine et lui, amis, fondent la com- Mermillon la galerie des Archers à Lyon pagnie de théâtre expérimental du animée, de 1927 à 1932, par Antonin Donjon. Michaud ouvre à Lyon la galerie Ponchon Cf. texte du Chantal Duverget). Stylclair en 1934 – où il présente le mobi- lier de Breuer et Aalto, et celui issu des expériences du Bauhaus – et, en 1938, la galerie Folklore – après avoir initié en 1936 le groupe d’artistes d’avant-garde Témoignage (Stahly, Étienne-Marcel, Bertholle, Le Moal…). La galerie Folklore devient lieu de rencontre des expres-

BLANC ET DEMILLY, Portrait de Marius Mermillon, sions artistiques les plus diverses favo- portant chapeau, s. d. [vers 1926 ?], épreuve risant l’art d’avant-garde. gélatino-argentique, 33 x 23,7 cm, Musée Paul-Dini, musée municipal de Villefranche-sur-Saône, fonds Denise et Marius Mermillon.

Marius Mermillon (1890-1958) Dans les années 1910, Marius Mermillon reprend le négoce paternel de vin tout en publiant successivement, en 1911 et 1916, un essai sur le paysagiste Philippe

EDWARD STEICHEN, Adèle et George Besson, 1909. Pourchet et Poèmes de l’ambulance, Photographie par contact, 29,1 x 23,2 cm. Notés en campagne (Août-décembre Donation Jacqueline Bret-André. Saint-Denis, 1915). Ses liens avec la littérature s’in- musée d’Art et d’Histoire. tensifient après sa rencontre avec l’écri- vain Henri Béraud, défenseur d’une modernité lyonnaise, passionné comme lui de gastronomie et des arts. Mer- millon fonde en 1926 Les Arts à Lyon, relais éphémère (quinze numéros de janvier 1926 à mai 1927) de l’actualité du Salon du Sud-Est. Le critique colla- bore également à des revues lyonnaises (Le Tout Lyon, Lyon universitaire, artis- tique, littéraire et théâtral) et pari- siennes (Le Crapouillot). Marius Mer- millon disparaît la même année que Marcel Michaud (1958) avec qui il entre- tint une amitié basée sur l’estime mais aussi sur leurs divergences esthétiques. AUTOUR DE L’EXPOSITION

LES DIMANCHES AU MUSÉE COUPS DE CŒUR Musée Paul-Dini à 15h: les dimanches 14 et 21 octobre 2 place Faubert 2012; 18 novembre 2012; 9 et 16 Samedi 10 novembre 2012 à 15h 69400 Villefranche-sur-Saône décembre 2012; 13 et 20 janvier Parcours thématique dans Tél. 0474683370 Fax 0474623513 [email protected] 2013; 10 février 2013 l’exposition Lyon et l’art moderne www.musee-paul-dini.com Visites commentées, durée: 1h Samedi 19 janvier 2013 à 15h horaires d’ouverture Tarif: 3€/pers. + droit d’entrée En partenariat avec le conservatoire mercredi de 13h30 à 18h; jeudi et Conditions de réservation: de musique de la CAVIL vendredi de 10h à 12h30 et de 13h30 15 minutes à l’avance, visite Welcome, Willkommen, à 18h; samedi et dimanche de 14h30 à 18h assurée à partir de 3 inscrits bienvenue in Cabaret! Le musée est fermé le lundi, le mardi, (limité à 30 personnes) Parcours dans l’exposition le mercredi matin, les jours fériés Lyon et l’art moderne (1er et 11 novembre 2012), et du Durée: 1h 24 décembre 2012 au 1er janvier 2013 Tarif: 7€/personne la séance FOCUS droits d’entrée JACQUES TRUPHÉMUS Conditions de réservation: plein tarif: 5€ / tarif réduit: 3€ 14 octobre 2012 – 10 février 2013 15 minutes à l’avance groupes: 3€ (à partir de 10 personnes, Espace Cornil Rendez-vous assuré sur réservation) Pour les 90 ans de l’artiste et suite à partir de 3 inscrits gratuité: moins de 18 ans à l’exposition à l’Hôtel de la région (limité à 30 personnes) passe musée: 20€ (libre accès pendant 1 an) Rhône-Alpes (printemps 2012), Renseignements et réservations: entrée libre et gratuite pour tous les 1ers le musée Paul-Dini consacre un Service des publics dimanches du mois accrochage dédié à sa peinture. 0474683370 17 œuvres au total seront présentées. visites commentées groupes (à partir de 10 personnes) réservation obligatoire visite 1h: 6€ par personne PEINTURE ET CINÉMA visite 1h30: 7,5€ par personne réservation au 0474683370 En partenariat avec le cinéma Les 400 coups – association groupes scolaires et centres de loisirs L’autre cinéma renseignements et tarifs au 0474683370 Vendredi 11 janvier 2013

direction direction Châlon Bourg en → 17h30: visite au musée Mâcon boulevard Burdeau Bresse (durée: 30 minutes). Tarif: 3€/pers.,

limitée à 30 inscrits. Réservation rue Paul de la visite au musée: 0474683370 Bert place Faubert rue Gantillon

direction → 18h30: projection du film Bourg en Bresse gare SNCF Renoir de Gilles Bourdos (2012) direction rue Nationale Tarare bd Louis Blanc Tarif: 4€ pour les personnes qui gare routière assistent à la visite commentée (sur présentation du ticket JACQUES TRUPHÉMUS, Autoportrait devant la cheminée, direction prendre direction sortie A6 Lyon N6 centre ville Lyon 2002. Huile sur toile, 130 x 97 cm. Collection de l’artiste. d’entrée du musée)