L'avant-Garde Et Ses Revues Dans Le Lyon De L'entre-Deux-Guerres
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Université de Lyon Université Lumière Lyon II Institut d'Études Politiques de Lyon « Ville et pouvoir urbain » L’Avant-garde et ses revues dans le Lyon de l’entre-deux-guerres L’émergence d’une Avant-garde provinciale à travers trois revues lyonnaises d’après-guerre: Le Mouton Blanc, Promenoir et Manomètre Alicia Dorey Mémoire de Master 1 Sous la direction de Renaud Payre Soutenu le 4 juillet 2011 Table des matières Epigraphe . 5 Introduction . 6 Partie 1 : Naissance D’une Avant-Garde Provinciale . 12 Chapitre 1 : Un climat propice à l’émergence d’une Avant-garde au lendemain de la Grande Guerre . 12 1) Un renouveau culturel et idéologique . 13 2) Un courant emblématique de l’Avant-garde de l’entre-deux-guerres : le Dadaïsme . 16 3) Le poids de l’académisme local . 17 Chapitre 2 : l’émergence d’une Avant-garde locale . 19 1) La genèse artistique et littéraire de l’avant-garde lyonnaise . 19 2) Le rôle de l’imprimerie Audin . 22 3) Le rôle de Pierre Combet-Descombes . 25 Partie 2 : Trois Revues Avant-Gardistes Lyonnaises : Le Mouton Blanc, Promenoir Et Manometre . 31 Chapitre 3 : Une Avant-garde en décalage : Promenoir (1921-1922) . 31 1) Une revue locale entre influences extérieures et choix singuliers . 32 2) Une revue territorialisée . 37 Chapitre 4 : Le Mouton Blanc et l’ambivalence d’une époque (1922-1924) . 39 1) Le MoutonBlanc, « organe du classicisme moderne » : Prolongement d’un débat d’avant-guerre . 40 2) Une revue en décalage par rapport à l’Avant-garde lyonnaise . 42 Chapitre 5 :Une revue emblématique de l’Avant-garde lyonnaise, Manomètre (1922-1926) . 44 1) Manomètre , une revue locale ? . 44 2) Manomètre, une revue internationale . 46 Partie 3 : L’Avant-Garde Souffle Sur La Ville . 50 Chapitre 6 : Les paradoxes d’une avant-garde localisée à vocation internationale . 50 1) Des revues locales ouvertes à l’international . 51 2) Internationalisation et dépendances multiformes des revues locales . 53 Chapitre 7 : Une réflexion sur la ville . 56 1) Une idée de l’urbain : revues, ville et typographie . 56 2) Les architectes d’Avant-garde à Lyon . 59 Chapitre 8 : Le déclin des revues : la mort d’une avant-garde ? . 62 1) Le tournant des années 1930 et la fin de revues emblématiques . 62 2) Une victoire du classicisme provincial ? . 65 Conclusion . 67 Références bibliographiques . 69 Sur l’Histoire culturelle et artistique . 69 Sur l’Avant-garde . 69 Sur Lyon . 70 Ouvrages . 70 Travaux étudiants . 70 Sources . 72 Archives privées : Fonds Ancien de la Bibliothèque Municipale de Lyon . 72 Archives privées : Fonds Audin, Musée de l’imprimerie de Lyon . 72 Ressources internet . 72 Index des noms . 73 Annexes . 75 Epigraphe Epigraphe Remerciements « En criant, comme on le fait tous les cinq ou dix ans, que l’avant-garde est morte, on signifie seulement qu’à la tête bourgeonnante du monstre, une certaine avant-garde cède sa place à une autre et commence à descendre vers les anneaux de la queue.» Jean Epstein, Esprit de Cinéma, 1955 DOREY Alixia_2011 5 L’Avant-garde et ses revues dans le Lyon de l’entre-deux-guerres Introduction « Il n’y a pas d’histoires. Il n’y a jamais eu d’histoires. Il n’y a que des situations, sans queues ni tête ; sans commencement, sans milieu, et sans fin ; sans endroit et sans envers ; on peut les regarder dans tous les sens ; la droite devient la gauche ; sans limite de passé ou 1 d’avenir. ». Lorsque l’essayiste et cinéaste d’avant-garde Jean Epstein écrit ces lignes en 1921, il esquisse non seulement le portrait d’un état d’esprit caractéristique des « années folles », telles qu’on les a nommées rétrospectivement, mais témoigne aussi de l’émergence d’une nouvelle manière d’envisager la production artistique et littéraire. Le caractère volatile du terme d’avant-garde se définit par sa propension à n’exister qu’en fonction de ce qu’elle précède et annonce. L’acception intellectuelle et esthétique de la notion d’avant-garde est 2 en premier lieu une « dialectique de l’action, qui se propulse vers l’avant. » . Au-delà d’une analyse de cette dialectique de l’action, il importe de s’interroger sur le champ d’action de ces avant-gardes, non pas uniquement d’un point de vue symbolique, mais par une approche territorialisée. L’étude d’une avant-garde à l’échelle d’une ville, Lyon, durant la période de l’entre-deux guerres, témoigne de cette variable fondamentale que constitue le territoire. Ce dernier semble être à la fois structuré et structurant. Les revues avant-gardistes qui essaiment à Lyon durant cette période sont symptomatiques de cette ambivalence. Si les recherches sur l’avant-garde soulignent leur vocation nationale ou internationale, l’échelle locale semble quelque peu négligée. Derrière l’analyse formelle de la notion d’avant-garde, on distingue une imbrication de plusieurs « champs sociaux », à 3 l’instar du sociologue John Barnes : Le premier est fondé sur une base territoriale, c'est- à-dire politique, hiérarchique et stabilisée ; le second correspond au système industriel, autrement dit l’organisation de ce réseau autour d’une activité principale ; enfin le troisième se compose de relations informelles d’interconnaissance. Les relations entre ces individus sont transitives, dans la mesure où un nombre restreint de connaissances peuvent suffire à relier une myriade d’individus entre eux de manière indirecte. De ce postulat découle tout le paradoxe du fonctionnement d’une avant-garde, qui revendique son refus des conventions tout en s’inscrivant dans un réseau organisationnel d’interconnaissance à une échelle beaucoup plus restreinte que celle à laquelle elle semble aspirer. Si le territoire apparaît comme étant une variable clé de la constitution d’un réseau social, la formation d’une avant- garde à l’échelle locale semble se heurter au poids d’un certain provincialisme, ayant un impact sur son activité principale, qu’il s’agisse de productions artistiques ou littéraires, et plus particulièrement de la publication d’une revue. C’est alors au cœur du « champ social » des relations d’interconnaissances que se joue la formation d’un mouvement d’avant-garde à l’échelle locale. Celui-ci balance entre un mimétisme des mouvements avant-gardistes reconnus et retranchement dans des structures stabilisées, moyennant une certaine forme d’institutionnalisation. Ainsi, comment une avant-garde provinciale parvient- 1 EPSTEIN, Jean, Cinéma, Paris, Editions de la Sirène, 1921 2 ESTIVALS, Robert, GAUDY, Jean-Claude, VERGEZ, Georges, L’Avant-garde, Paris, Bibliothèque Nationale, 1968, p 15 3 BARNES J. A. "Class and Committees in a norwegian Island Parish", Human Relations, 7, 1954,pp. 39-58 6 DOREY Alixia_2011 Introduction elle à se construire dans un environnement peu propice à son éclosion, et s’inscrit dès lors dans un rapport structurant avec la ville qui l’a vu naître ? Nombreuses sont les disciplines ayant traité de la notion d’Avant-garde. La spécificité de cette thématique réside dans l’évolution même du concept d’avant-garde au sein des publications de périodiques: d’abord militaire, il est devenu politique, et enfin esthétique et culturel. En dépit de cette complexité à séparer ce qui relève du politique de l’esthétique au sein des écrits relatifs aux avant-gardes, deux champs disciplinaires peuvent être mis en avant : l’Histoire, notamment l’Histoire de l’art, et la Sociologie. Plusieurs angles d’approches peuvent être envisagés à partir des hypothèses et théories existantes : une approche externaliste qui privilégie une approche plus contextualisée, où un mouvement d’avant-garde est envisagé à travers le prisme d’un contexte politique, social et économique précis. Ensuite, une approche dite internaliste, privilégiant la monographie, qui permet d’expliquer l’émergence d’un mouvement avant-gardiste au travers d’une de ses activités, notamment la publication de revues. Enfin, une approche offerte par les sciences sociales nous permettra de dépasser l’opposition traditionnelle en Histoire de l’Art entre internalisme et externalisme. Il est en revanche fondamental d’en articuler les principales caractéristiques et méthodologies, qui serviront de fil directeur à ce travail de recherche, afin de déterminer les liens entre avant-garde, société locale et les productions artistiques et intellectuelles qui en résultent. La nécessité d’une analyse internaliste de la notion d’avant-garde constitue un préalable indispensable à ce travail de recherche. Deux angles d’approche sont à prendre en considération : Il s’agit dans un premier temps de définir les origines de cette notion, les évolutions sociales dont elle est le symptôme, les personnes qui s’en réclament, ainsi que les mouvements et systèmes de pensée qui s’y inscrivent, pour adopter ensuite une approche plus centrée sur la production de cette avant-garde, approche notamment privilégiée par tout les tenants de la méthode analytique en Histoire de l’Art. Dans leur ouvrage L’Avant-garde, paru en 1968, Robert Estivals (Dir.), Jean-Claude Gaudy et Georges Vergez traitent de l’utilisation du terme « Avant-garde » au sein des titres de périodiques publiés depuis la fin du XVIIIème siècle jusqu’au début du XXème siècle. Cette analyse permet de retracer l’évolution du concept d’avant-garde. Ainsi, on passe progressivement d’une acception militaire de l’avant-garde à une acception intellectuelle et esthétique. Vient s’insérer entre ces deux acceptions l’existence d’une avant-garde politique. Selon Robert Estivals, « l’avant-garde est action, pulsion même, puisqu’elle vise à être en tête. L’action de l’avant-garde culturelle est devenue action de l’esprit sur lui-même. 4 ». Les revues d’avant-garde affirment une volonté de se placer en porte à faux avec le mouvement culturel de leur époque.