Cet ouvrage est publié à l'occasion du centenaire de la naissance du peintre Pierre Deval (1897-1993), avec le concours : du conseil général du Var des amis de la vieille Valette et des sites de la galerie Michel Estades.

La galerie Michel Estades présente en permanence des oeuvres de Deval. 18 rue Henri Seillon,, 83 000 Toulon Tél. 04 94 89 49 98 Malassis n 51 142 rue des Rosiers, 93400 Saint-Ouen Tél. 01 40 Il 32 60 -

1 CbMver/Hn* "La lecture à Orvès" - détail huile sur toile collection galerie Michel Estadcs Michèle Gorenc

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Temps Regard AUTRES TEMPS Ouvrage publié avec le concours du Conseil général du Var, des Amis de La Vieille Valette et des sites, de la Galerie Michel Estades.

(Ç) Editions Autres Temps - 1997 Tous droits de traduction, adaptation et reproduction interdits ppur tous pays. à Philippe, Anne, Pierre, Jeanne, à Françoise, Oliver, Colin, Anthony, Kenneth, cet hommage à leur père et grand-père, pour le centième anniversaire de sa naissance. Remerciements

Cette biographie a vu le jour grâce à l'appui de nombreuses personnes qui en ont facilité les recherches. D'abord Pierre Deval qui m'a fait partager ses souvenirs et a mis ses archives à ma disposition, Ses enfants, Philippe et Françoise, pour leur amical soutien, Alain Bitossi, président des Amis de La Vieille Valette et des Sites pour son aide constante et ses conseils avisés, Mmes Chemain et Dauphiné, MM. Chemain, Daspre et Dauphiné, professeurs des universités, pour leurs encouragements, MM. Bréon et Chanel, conservateurs des musées, pour leur solidarité, Mme Bronia Clair pour ses documents, Mme Prévot, bibliothécaire du Fonds Doucet, pour son accueil, Mme Chaney et ses enfants pour leur gentillesse et la qualité de leurs souvenirs, ainsi que tous les collectionneurs qui, dans l'anonymat, portent un amour commun à l'œuvre du maître d'Orvès. Je tiens à remercier aussi les associations qui m'ont chaleureusement accueillie : les Amis de La Vieille Valette et des Sites, les Amis du Vieux Toulon, et notamment MM. Girardet, Jean et Marmottans, les Amis du Musée de Toulon et plus particulièrement Mmes Guieu et Lapras et M. Traversin, l'Amitié Bosco, MM. Girault et Romain pour leur attention et Mlle Baréa pour la découverte du Fonds Bosco, les Abd-el- Tif et Mme Cazenave pour avoir enrichi mes connaissances sur la Villa. Ma reconnaissance va également à Elisabeth, Sylviane, Elisa et Julien pour leur affection stimulante, et à ceux qui, par leurs compétences professionnelles et artistiques, ont contribué à la réalisation technique de ce livre : Reine Blua (traitement de texte), Marcel Bouget (reprographie), MM. Fradier et Fidanza (photographies), Marie-Christine Bossard (maquette de couverture), Thierry Canezza (graphisme), Gérard Blua (édition), ainsi que Florence Sarano pour son regard amical, Hélène Perret et Guénia Israéli pour leurs lectures minutieuses et leurs précieuses indications. Enfin un grand merci au galeriste Michel Estades et à son collaborateur Gilles Feuga, dont l'affection pour Deval et l'esprit d'entreprise ont permis l'édition de cet ouvrage. Sommaire

Préface 7

1. L'enfant choyé 9 Une famille de soyeux lyonnais. Gustave et Isabelle Deval pré- sentés par Claude Farrère. Pierre Deval, l'enfant fragile et choyé. La formation autodidacte. Les conseils de Jeanne Bardey, élève de Rodin. Les amis René Clair et Jacques Rigaut. La Première Guerre mondiale. Lamateur des Ballets russes.

2. 1921, l'année charnière 19 Formation à Paris, à la Grande Chaumière. Les amis . La mise en accusation de Maurice Barrès. Deval, directeur de revue. Le rappel à l'ordre. Ariane au Luxembourg. L'amitié de Léonce Bénédite. Un artiste inspiré et productif.

3. Le séjour algérien 31 Le pensionnaire de la villa Abd-el-Tif. Lamitié de Jean Launois et . Le mariage avec Henriette Bergerat. Les voyages dans le sud algérien et au Maroc. Les expositions et la presse. La Biennale de Venise.

4. Orvès, terre des dieux 45 Paris ou le Midi ? Latelier au n° 19, quai Saint-Michel. Deval illustrateur. Les expositions parisiennes, galeries Carmine et Druet. En Norvège avec Albert Marquet. Orvès, un domaine dans le Midi, à la Valette-du-Var. Linstallation. Les fresques de la salle à manger.

5. Maison de la sagesse 55 La rencontre avec Henri Bosco. Au château de Lourmarin. Le voyage en Sicile. Bosco découvre Orvès. Le Quartier de sagesse. Les poèmes pour Orvès. Deval décore Bosco. Deux artistes en perspectives. 6. Les années trente 65 Deval façonne son domaine et reçoit ses amis : Marquet, , les anciens d'Abd-el-Tif, les figuratifs en villégiature sur la Côte, les critiques Besson et Bassler. Le galeriste Bassano. L'amitié de Willy Eisenchitz et de Claire Bertrand. Le séjour de Pierre-Jean Jouve. Les expositions et la crise du marché de l'art.

7. De la guerre aux années soixante-dix 79 Une meurtrissure : l'occupation d'Orvès. Deval, réfugié dans le Vaucluse. Les lettres de Yolande, modèle et amie. Panser les bles- sures. La brouille avec George Besson. Expositions à Bruxelles et à Paris, chez Jacques Blot. Sur les routes de . Lîle du Levant et les naturistes.

8. Le Jardin clos et ses délices 91 Deval, peintre de la femme. Un thème récurrent. Nus et por- traits. Les modèles, les sujets, les décors. Lamante, la mère, la nymphe. Les clés : tradition occidentale, orientalisme, mytho- logie. Symboles et mythes.

9. Le vieil homme et la cote 103 Les expositions locales. La rencontre d'un amateur chaleureux. L'établissement de la cote. Commissaires-priseurs et ventes publiques. Les premières ventes. Les expositions à . Dans quel musée exposer ? L'envolée du marché. La dernière exposi- tion à la Galerie Michel Estades à Toulon.

10. Derniers combats, derniers bouquets 111 Orvès, dans le PAZ de la ZAC. Une partie inégale. Le dédale des administrations. La COREPHAE et la commission des sites. Le classement. La sérénité retrouvée. La reconquête de la mémoire. Les derniers bouquets. Deux coeurs purs.

Les expositions de Pierre Deval 120

Les couleurs de Pierre Deval 121 Préface

'Histoire de l'Art, qui se voudrait une science exacte, n'aime pas qu'on la contrarie. De beaux théorèmes tentent d'expliquer qu'elle fut, au XXe siècle, une asymptote L s'approchant au plus près d'une ligne droite, sur laquelle se retrouveraient tous les mouvements d'avant-garde : fauvisme, cubisme, dadaïsme, surréalisme... Ligne idéale, épurée, mais finalement inhumaine, car sans contradiction ; un chemin d'une certaine mémoire, tout tracé et volontiers oublieux des artistes qui furent à l'école buissonnière. Mais les poètes sont là pour sauver le monde, et comme l'a si bien dit Victor Hugo, « la science est l'asymptote de la vérité. Elle approche sans cesse et ne touche jamais ». Si la science n'est finalement pas la vérité, si elle n'est pas exacte, alors l'Histoire de l'Art ne le sera pas davantage et tout reste encore ouvert pour les chercheurs des grandes profondeurs ou des chemins de traverse. C'est en tout cas ce que démontre ce livre passionnant, consacré au peintre Pierre Deval qui a vécu son siècle dans sa grande largeur de 1897 à 1993. Une vie exemplaire qui apprend que l'Histoire de l'Art du XXe siècle reste encore à défricher et à écrire. Bien sûr, Pierre Deval n'a pas ouvert de voies ni été chef de file. Il était trop modeste pour cela. Dadaïste dans sa jeunesse, aux côtés d'Eluard et Breton, il n'a cependant pas voulu délivrer de message ni intellectualiser sa peinture. Malgré tout, son oeuvre est bien là, témoignage d'un art de vivre et d'un solide appétit créatif. Son Ariane (1921), sa Naturelle (1923), ses Musiciens arabes de la Villa Abd-el-Tif (1923), ses aquarelles d'Algérie, sa Jeune Fille aux raisins verts nous disent assez son idéal et sa foi en la vie. Proche d'Etienne Bouchaud, de Jean Launois, de Jean Puy - autres redécouvertes du siècle - comment pourrait-on situer l'œuvre peint de Pierre Deval ? Dire qu'il est inclas- sable serait céder à la facilité. Son art devrait pouvoir être comparé à celui de ceux qui, tels Henry de Waroquier, Amédée de la Patellière, Georges Sabbagh, furent baptisés pendant l'entre-deux-guerres du doux vocable de « peintres de la réalité poétique ». Ami des poètes et des écrivains, il le fut d'ailleurs puisque sa vie fut émaillée de belles rencontres, de René Clair à Henri Bosco et Pierre-Jean Jouve. Voilà donc l'histoire d'une vie écrite avec science et beaucoup d'amour. Il en faut tou- jours pour les artistes. Pierre Deval a de la chance : quatre années à peine après leur avoir tiré sa révérence, ses amis se penchent sur son travail et le font revivre. L'expérience tend, en effet, à démontrer que les purgatoires artistiques sont souvent plus longs. Merci donc à Michèle Gorenc pour ce beau livre qui nous fait partager sa passion pour un artiste sensible et généreux. Ce sera pour beaucoup une découverte, hors des sentiers battus ! Mais finalement, selon l'un des bois gravés du jeune Pierre Deval, dadaïste : « Eperico- loso sporgersi », est-il vraiment si dangereux de se pencher au-dehors ? Emmanuel BREON Conservateur du Patrimoine Musée des Années Trente Boulogne-Billancourt

L'enfant choyé

(ierre Jean Charles Deval est né le 20 août 1897 dans le VIe arrondissement de Lyon. Il est le troisième enfant d'une famille de soyeux, bourgeoisement p installée au 45 de l'avenue Noailles, à l'angle de la place de la Rédemption. Sa sœur Marguerite et son frère Jean ont respectivement dix et cinq ans de plus que lui. Sa mère, qui a perdu un autre garçon en bas âge sept ans plus tôt, se montre particulièrement attentive. Comme la santé de ce petit dernier se révèle fragile, elle n'hésite pas à l'envoyer souvent à la campagne chez ses parents, à Saint-Didier-au-Mont-d'Or ou à Sainte-Foy-lès-Lyon. Elle l'em- mène quelquefois au « Parisien », berceau ardéchois de la branche paternelle où se trouvent les usines de moulinage et les filatures de soie. Mais elle n'aime pas cet endroit : c'est là qu'est mort à huit mois son deuxième enfant. Elle accompagne Pierre encore plus loin lorsque c'est nécessaire, en Savoie pour changer d'air, à Grasse pour bénéficier de la douceur de l'hiver méditerra- néen ou dans les stations à la mode comme La Baule ou Vichy. Là, on mène grand train entre gens du même monde. A La Baule, par exemple, Pierre se lie d'amitié avec Françoise, une petite fille de son âge. Il participe avec elle aux concours de châteaux de sable. Tandis qu'ils s'amusent, légers et sérieux comme tous les enfants, les parents et amis sympathisent. Il s'agit des Halévy, des filles de José-Maria de Heredia, d'Henri de Régnier et de Pierre Louÿs. Durant ces vacances trop souvent forcées, le jeune garçon dessine beaucoup et comme il semble doué, il reçoit à dix ans sa première vraie boîte de couleurs. On engage parfois les services d'un professeur de dessin pour que le temps de la convalescence semble moins long. Il s'établit ainsi avec sa mère une affectueuse complicité. Lors des fréquents séjours qu'elle effectue à Paris dans sa famille, elle l'emmène visiter les Salons, les expositions et les musées du Luxembourg et du Louvre. « Plus tard, je me suis rendu compte qu'il y avait beaucoup de pompiers. Mais c'était pour moi avant tout de la peinture »1. Ainsi, grâce à l'ouverture d'esprit et l'affection de sa mère, les jeunes années de cet enfant fragile s'ouvrent vers l'épanouissement d'un don au lieu de le conduire au repli sur soi, à la crainte de la maladie et à la hantise secrète de la mort. Cette mère, Isabelle Deval née Jay (1862-1941), est une forte personnalité. Un roman de Claude Farrère illustre son caractère tout en douceur et ferme résolution. La Porte dérobée 2 décrit cette constellation familiale où la mère d'Isabelle Jay et celle de l'écrivain - de son vrai nom Frédéric Charles Bargone — sont deux sœurs si liées qu'elles multiplient les occasions d'être ensemble. 1. Conversation de l'auteur avec Pierre Ainsi pour les dimanches et les cérémonies religieuses, les anniversaires et les Deval. 2. Claude Farrère, la Porte dérobée, Paris, fêtes de chacun, les Bargone se rendent chez les Jay, rue Impériale. Les enfants, Flammarion, 1930. Toutes les citations sui- Isabelle et ses sœurs Marguerite et Jeanne, jouent avec leurs cousins, Claude vantes sont extraites de cet ouvrage. Farrère et « Dodo », le frère aîné. A chaque congé tout ce petit monde se rend aux Coutures, à Sainte-Foy-lès-Lyon dans la propriété de monsieur Jay « une espèce de paradis, avec des pelouses, des arbres, des fleurs et une salle à manger tapissée de toiles peintes ». Pour resserrer les liens et peut-être aussi se préserver du malheur (les Bargone ont eu deux garçons morts en bas âge) ces relations de parenté sont doublées par des choix conscients, sacrés, confessionnels, marqués par la répétition des pré- noms. Ainsi la mère de Claude Farrère est marraine de sa nièce Isabelle Marie Frédérique qui est à son tour marraine de son cousin Frédéric Charles. Plus tard pour continuer la chaîne, celui-ci sera le parrain du dernier fils de sa marraine, c'est-à-dire de Pierre Jean Charles Deval. Et Isabelle à nouveau, qui a donné à ses deux premiers enfants le prénom de ses soeurs - Marguerite et Jean (ne) - sera marraine de la deuxième fille, Isabelle, de sa sœur aînée Marguerite. Ce double réseau, place Isabelle et Claude Farrère dans une situation particulière de complicité et d'affection. La jeune fille apparaît sensible, gaie, moqueuse même à l'égard de ce filleul qui « l'aime à la passion ». Mais elle sait agir avec maturité et fermeté lorsque la situation l'exige. C'est elle qui lui annonce, au cours d'une promenade dont elle a pris l'initiative, la mort de Dodo, enlevé par une fièvre typhoïde. Un jour, « marraine Bella » présente : « un monsieur qu'on a d'ailleurs aimé du premier coup parce qu'il a des yeux très beaux et très bons, qui vous regar- dent droit, en face, et qui ont l'air de sourire en vous regardant ». Voici donc l'entrée en scène de Gustave Louis Félix Aimé Deval (1853-1943) commerçant en soies. Il est originaire de Chomérac, un petit village ardéchois où son père possède deux usines de moulinage. Dès 1870, à la sortie du collège, Gustave travaille dans l'entreprise familiale ainsi que dans une autre maison où il remplace patrons et employés partis pour la guerre. Se perfectionnant dans les manipulations, il devient directeur des soies et exploite dans la région jusqu'à vingt-cinq moulinages et six filatures en plus des usines familiales. Désirant donner de l'ampleur à ses affaires, il décide de s'installer à Lyon. A partir de 1882, il occupe un poste de vendeur chez Armandy et Cie. En 1885, il épouse Isabelle Jay et monte dans la hiérarchie sociale. Il devient fondé de pouvoir d'un indus- triel ardéchois, Fougeirol qui combine les qualités de filateur, moulinier, tisseur et constructeur d'outillage approprié et souhaite créer une maison de ventes à Lyon. Mais ce projet s'étant modifié, Gustave Deval s'associe avec son ami Henry Terrail. Plus tard, en 1896 ils fondent la maison Terrail, Payen et Cie. Par la suite, en 1922, pour favoriser la situation de chacun de leurs enfants, les amis se sépa- rent d'un commun accord. Ainsi naît la Maison Gustave Deval, puis en 1925 la société G. Deval et Cie. Jean Deval, le fils aîné, en devient le principal associé. Cette exemplaire ascension vient de loin. Dès 1886, à la succession de son père, Gustave Deval modernise et augmente les capacités de l'entreprise étendant son rayon d'action à Pierrelatte, Saint-Priest et Montélimar. A Lyon, installé place Tolozan et quai de Retz, la Maison Deval s'occupe d'achats et de ventes de soies de toutes provenances, grèges et ouvrées. Elle établit des succursales en Chine, au Japon et en Amérique du Sud. Elle ouvre des maisons d'achats à Milan, Turin, Beyrouth et des agences à Paris, Calais, Troyes, Roubaix, Saint-Etienne, Alger, Bâle, Zurich, Côme, Barcelone, Londres et Lodz. La famille Deval. Chevalier de la Légion d'honneur, consul du Chili de 1910 à 1928, décoré environ 1900, de l'Ordre national du Mérite, Gustave Deval n'est pas seulement un industriel photographie, coll. part. Pierre Deval, de grand talent. Sa forte personnalité et son ouverture d'esprit exercent aussi sur les genoux de sa mère. dans son entourage un certain charisme. Même si le sens des affaires ou le souci A droite, son père Gustave Deval, du rang à tenir motivent sa conduite, des valeurs comme l'amour du prochain Mme Veuve Numa Deval, et le respect de l'autre prévalent et le conduisent à accepter et favoriser le goût Léopold Deval. A gauche, Jean Deval, du petit Pierre pour la peinture. une domestique, Marguerite Deval Son éducation n'est pas pour autant délaissée. L'enseignement primaire se et trois cousines. déroule à peu près régulièrement à l'école Ozanam. Par contre durant l'année de sixième, à cause d'ennuis pulmonaires, il doit cesser de suivre les cours du lycée Ampère pour rester en permanence à la maison. Un précepteur, M. Rouffet, professeur de Lettres classiques, vient l'instruire et l'initier aux humanités. L'élève se passionne pour la mythologie et la culture gréco-latines. Les qualités exceptionnelles de ce maître, tant intellectuelles que spirituelles, touchent sa sensibilité3. Quelque cinquante années plus tard, Pierre Deval, reçoit avec surprise un témoignage sur la qualité des rapports humains qui se sont établis entre son précepteur et son père. En effet, en 1964, une des filles du professeur qui avait été employée un certain temps par la Maison Deval, lui écrit 3. La famille Deval, catholique pratiquante, pour régler par un chèque substantiel une dette de son père. Ses parents, est émue par la conversion collective du pro- explique-t-elle, étaient gênés pour acquérir une maison plus grande à la suite du fesseur, sa femme et ses filles qui, passant de la foi protestante à la communion romaine sont décès d'une sœur en sanatorium et de l'accueil des deux neveux orphelins. baptisés par le primat des Gaules. Gustave Deval avait donné la somme qui manquait à son financement, soit le dixième du prix d'achat, sans demander de contrepartie. Ce n'est qu'en 1964 lorsque cette maison a été vendue que la fille de M. Rouffet a remboursé la dette familiale en exprimant une reconnaissance émue au fils de son bienfaiteur. Pierre Deval ignorait tout du geste de son père mais il ne s'en étonnait pas outre mesure : il connaissait sa bonté. Tout cela explique-t-il l'attachement de l'élève puis de l'homme à la culture gréco-latine ? C'est en tout cas grâce à son excellente formation humaniste qu'il réussit son baccalauréat. Il obtient la première partie en 1915, avec d'excellentes notes à l'écrit comme à l'oral en latin et en français. En 1916 il réitère tout aussi brillamment. Pour ces deux années au moins, il retrouve le lycée Ampère et quelques-uns de ses camarades d'enfance comme Jean Lacroix qui se destine aux études médicales. Pierre Deval, lui, ayant satisfait aux exigences familiales peut se consacrer à la peinture d'autant que son frère s'occupe activement de l'entre- prise. Il installe alors son atelier dans les derniers étages du numéro 9 de la rue Tronchet, à côté du domicile. « Là, par un large vitrage, on découvre des toits, encore des toits, puis la Croix-Rousse, avec ses maisons régulièrement cubiques, sorte de "Casbah du labeur lyonnais", perspective monotone que viennent rompre quelques taches de verdure accrochées aux pentes de la colline »4. A part les leçons de dessin qu'il a prises pendant ses convalescences au hasard des villégiatures, il travaille en autodidacte, fuit l'atmosphère confinée des cours des Beaux-Arts et cherche seul sa voie. Il fréquente le musée Saint-Pierre pour copier les anciens. Il y admire aussi les fresques de Puvis de Chavannes et le bronze de Rodin placé dans le jardin intérieur, accueillant les visiteurs. L'Age d'airain le fascine par son réalisme, la pureté de la forme et l'aspect naturel, presque animal, qui se dégage de ce geste d'étirement vers l'arrière. Le peintre débutant prend alors Rodin comme guide. A-t-il vu, en 1912, l'exposi- tion des deux cents dessins qui provoque tant d'émoi parmi le public lyonnais et que la presse locale qualifie « d'indécente exhibition »5 à cause de la liberté et de la sensualité qui se dégagent de ses nus ? Le critique Camille Mauclair les considère comme des « brouillons de mouvements » qu'il aurait fallu faire voi- siner avec des marbres et des bronzes du maître. Au contraire, Roger Marx, rédacteur en chef de la Gazette des Beaux-Arts, représentant officiel du secréta- riat d'Etat aux Beaux-Arts, explique qu'« isoler de son œuvre les dessins d'Auguste Rodin et les étudier, c'est remonter au principe de son art, c'est sur- prendre l'essor de son inspiration, saisir le secret de la pensée »6. Pierre Deval est, certes, un peu jeune pour participer à ces polémiques, cependant il connaît et apprécie très tôt l'œuvre dessinée du sculpteur. En effet, il gardera tout au long de sa vie, parmi ses documents de référence, le numéro spécial d'une revue de 4. Marcel Requien, L'Illustré, mai 1922. 1914 consacrée à Rodin7, illustrée de nombreux dessins et pointes sèches autant 5. Le Salut public du 11 Mai 1912. Cité par que de photos de marbres. Il a toujours été sensible à leur qualité expressive et à Hubert Thiolier in Jeanne Bardey et Rodin, Lyon, Imprimerie des Beaux-Arts, 1990, la pureté de leur ligne. A leur charge émotive et sensuelle aussi. Mais l'adolescent p. 99. 6. Cité par H. Thiol,ier, op. cit, p. 101. qu'il est encore au début de ce siècle, est tout en retenue et discrétion. Pour l'ins- 7. « L'Art et les Artistes, Rodin, l'homme et tant, seule la technique du maître l'intéresse. Il veut la faire sienne. l'œuvre », revue d'Art ancien et moderne des deux mondes, numéro spécial, Paris, 1914. Sur le chemin de cette recherche, il rencontre Jeanne Bardey dont le mari, 8. Elle décore elle-même le Conservatoire de peintre d'intérieur, avait décoré l'appartement de son oncle8. Elle-même peintre musique dans la tradition de Puvis de et sculpteur, a connu Rodin et travaillé avec lui. En élève passionnée, elle Chavannes. transmet les paroles du maître, et dans ses dessins, elle pratique l'épure maxi- male. Elle « pense en lignes comme un mathématicien pense en chiffres »9 et recommande « une observation exacte de la nature devant conduire à une inter- prétation artistique ». Elle révèle aussi au jeune Deval les travaux de Holbein et de Durer et lui apprend la force d'un beau dessin. Tout cela correspond à la sen- sibilité et à l'habileté du débutant. Il va désormais travailler dans cette voie. Sa quête le conduit aussi au musée des moulages. Il découvre là un lieu extra- ordinaire où son imaginaire autant que sa pratique peuvent s'exercer. Cet appendice de l'Institut d'archéologie abrite des trésors avec les copies en plâtre de la statuaire gréco-latine, Pierre Deval y retrouve les dieux, les déesses, les faunes et les nymphes qui ont illustré ses cours d'humanités. Ainsi Jupiter, Mercure, Diane, Vénus, Léda et le cygne, Laocoon et ses enfants... s'incarnent dans la réalité. Mieux que devant le modèle d'atelier, il vient croquer puis peindre ses héros grâce à la complicité du gardien qui protège le sol autour de lui pour éviter les taches de peinture sur le parquet. A cette époque, durant l'été 1914, peu avant la déclaration de guerre alors qu'il fait de la bicyclette sur la plage de La Baule, Pierre Deval rencontre un jeune homme du même âge et qui a le même goût pour échanger, discuter de l'avenir du monde. René Chomette veut être poète. Dans quelques années, il sera cinéaste sous le pseudonyme de René Clair. Rentré à Lyon, Pierre Deval correspond avec cet « heureux Parisien », se découvre des goûts communs, ouvre son cœur et se livre à la joie de l'amitiélo. Il évoque son amour pour l'art « qui rend la vie supportable, sert à s'évader du quotidien et apporte un peu de bonheur ». La musique l'enchante, « infinie et indéfinie, productrice de rêves merveilleux et changeants... C'est surtout la musique française moderne - Debussy, Vincent d'Indy, Ravel, Duparc - qui m'émeut et me plaît ». Avec ardeur, il « se jette dans la sainte littérature » et conseille à son ami ses auteurs les plus chers, comme Romain Rolland « qui vous procure d'admirables et inou- bliables heures » et son Jean-Christophe « une des plus grandes joies que vous puissiez avoir » car « cette œuvre est superbe, considérable et vivifiante pour les jeunes gens aux heures assez fréquentes de spleen ». Il lit encore D'Annunzio « qui vous communique une impression d'extraordinaire, de bizarre et de fou vraiment merveilleuse », Maupassant avec « ses histoires horribles qui vous don- nent envie de vomir mais qui sont si bien écrites ». Il butine aussi chez Henri de Régnier, Flaubert le visionnaire, Proust et tout Balzac suite à « une période de dépression intense (...) pour m'intéresser à quelque chose de long et de suivi ». Et comme René s'essaie à la poésie, Deval lui fait part de ses critiques, avec amitié et franchise. « Je trouve vos poèmes très bien cadencés, très musicaux. Et puis ils ont un charme et une jeunesse surtout, tout à fait incomparables. En somme, poésie très originale, très personnelle, très claire, très simple : ce que j'aime. » Dans chacun de ses courriers, il réclame son lot de textes, encourage, engage à publier et songe même pour cela à faire appel à son cousin Claude 9. H. Thiolier, op. cit, p. 10. Farrère. 10. Les citations sont extraites de la corres- pondance de Pierre Deval avec René Clair, du Les deux jeunes gens s'adonnent à des lectures ferventes et c'est sur le terrain 29 septembre 1914 au 6 octobre 1919. Fonds de la poésie que les accents sont les plus vibrants. « Baudelaire s'élève comme un René Clair, Bibliothèque Doucet, Paris. pic, isolé et plus haut que les autres. Quel artiste génial ! Et Samain, Musset, Leconte de Lisle, Heredia, Verlaine, Verhaeren, Mallarmé (je les nomme dans le désordre). Je les aime et les vénère comme les représentants les plus splendides et les plus raffinés du plus noble des arts ». Il apprécie d'un égal élan les sym- bolistes qui chantent « tous les sentiments à peine formulés du cœur, la poésie de demi-teinte » ainsi que celle des parnassiens « violente et exacte, éblouissante et indifférente » qui « vous laisse dans un rêve qui la prolonge ». Il porte un inté- rêt particulier à Verhaeren, le seul « qui puisse écrire des poèmes magnifiques sur la guerre car il magnifie tout. Quelle puissance ! C'est de la même sève robuste que celle qui éclate dans les tableaux de Rubens ou de Frans Hals. Et puis à côté de cela, il fait des poèmes d'une douceur infinie ». Aussi, lorsque René lui annonce qu'il a été reçu par le vieux maître, il donne libre cours à sa joie : « Il est proprement l'ami rêvé pour vous, le soutien prochain de vos luttes, l'aide nécessaire et puissante qui pourra faire éclore un enthousiasme heureux dans le public. Il est très connu et il n'est pas fini ». Aussi n'hésite-t-il pas à brusquer un peu son ami pour qu'il donne le meilleur de lui-même ; il lui conseille de condenser, d'ôter le superflu, de travailler surtout : « Ce qui me rendrait triste et furieux, c'est que vous abandonniez tout à fait - et je sais que c'est un peu votre habitude — n'êtes-vous pas un déplorable flemmard ? Je vous supplie de retravailler ce poème ». En ce qui le concerne, Deval signale dès le début de cette correspondance que « faisant beaucoup de peinture moi-même, je serai très content de causer avec vous sur ce sujet ». Et de citer ses maîtres. Ses goûts vont de la tradition (Rembrandt, Velasquez...) à l'impressionnisme. Il place pourtant Whistler « au- dessus de tous, splendide créateur d'harmonies exquises. C'est le Portrait de ma mère, du Luxembourg, qui m'émeut le plus. C'est d'une simplicité, d'un goût qui vous enchantent ». Et Deval « qui aime passionnément la peinture » se laisse aller à quelques confidences où nous voyons poindre déjà les qualités de l'artiste futurll. Aucun artifice chez lui, « le principal est de rester simple, lorsque l'on sait bien son métier et qu'on a du goût, on a la facilité de rendre bien les harmonies les plus subtiles et les plus franches dont on a le spectacle. Je peins franchement ce que je vois le plus largement possible : ce qu'il faut c'est rester sincère et ne pas vouloir paraître original. Et puis aussi, il ne faut copier que ce que l'on voit et rien de plus ». Pour cela, l'artiste doit aller directement à la Nature, « être en adoration et communier avec elle lorsqu'on dessine ». Enfin la clé de la réussite, c'est le travail « qui peut rendre la vie plus féconde et plus belle et nous excuser de vivre, auprès des autres qui sont morts ; il faut nous y livrer tout entier. Ce qu'on fait tout d'un coup, en une fois, ne peut pas être tout entier beau mais contient des émotions et des cris qui doivent rester ». Aussi, « l'essentiel est d'aller lentement. S'acharner sur un dessin, mais que le résultat soit beau ». Et cette ardeur opiniâtre procure « la joie qu'on a pendant la créa- tion de l'œuvre, l'enthousiasme qui vous prend, un bel état d'enthousiasme ». A l'automne 1916, les deux amis peuvent enfin se revoir, Deval ayant obtenu de ses parents l'autorisation de passer une dizaine de jours dans « la ville unique » en récompense de son baccalauréat. Mais « c'est surtout vous que je désire voir 11. Cette correspondance découverte à la fin à Paris, où nous échangerons avec plus de vitesse — réponses immédiates — nos de notre étude corrobore tout ce que nous a rêveries et nos enthousiasmes reflétés par notre amitié qui a grandi peu à peu à révélé la personnalité du peintre. travers des lettres écrites pendant deux ans. Ô bonne amitié bien souvent récon- fortante ! » Au cours de « ces promenades heureuses à travers Paris » Deval se livre « à l'ahurissement naïf et à la joie du provincial » devant les spectacles du « centre intellectuel et artistique du monde ». Plus simplement aussi, René lui présente quelques amis de lycée. Deux d'entre eux sont des figures particuliè- rement brillantes. Jacques Rigaut, plutôt original et fantasque, se plaît aux jeux de mots brillants et inattendus, aux aphorismes et aux formules péremptoires. Maxime François-Poncet éclaire toutes les conversations par son esprit et sa culture. Pierre Deval se plaît en leur compagnie. Il obtient bien vite de son père l'autorisation de séjourner quelques mois dans la capitale et loge chez sa tante Bargone avec l'objectif d'une meilleure formation artistique. Mais, bien qu'on n'ait pas encore vingt ans, il faut se rendre à la dure réalité de la guerre. Pierre Jacques Rigaut Deval est d'abord réformé pour faiblesse et ensuite mobilisé dans un corps 1919, dessin, 17 x 13 cm. auxiliaire. Mais ses problèmes de santé ressurgissent. A cause d'ennuis pulmo- Coll. part. naires, il est renvoyé chez lui. Il suit alors le conflit qui embrase le monde depuis la sphère familiale, son frère étant affecté aux soins dans les hôpitaux de Lyon. La famille reçoit les amis qu'il y rencontre, notamment le docteur Bourcart venu de Suisse avec ses deux filles pour offrir leurs services à la France dont ils sont originaires. Denise, la plus jeune, peint pendant ses loisirs et sympathise avec Pierre12. Quant aux amis parisiens, Jacques Rigaut s'engage en décembre 1916 devan- çant l'appel, Maxime François-Poncet espère et appelle de tous ses vœux son départ pour le front. Malheureusement, il meurt au combat dès son arrivée, en juin 1918. Les trois jeunes gens sont désespérés. « C'est épouvantable » écrit Pierre Deval, le 21 juin 1918, « J'ai ouvert ensemble vos deux lettres, celle de Rigaut et la vôtre, et je ne me doutais pas en voyant vos deux écritures à côté l'une de l'autre qu'elles m'apprendraient la mort du troisième de mes amis de Paris, qui sont les plus chers de mes amis - Ah ! Pauvre cher Poncet, c'est peut- Maxime François-Poncet être lui que je connaissais le mieux car j'avais été plus longtemps avec lui et mon 1917, dessin, 17 x 13 cm. estime s'était mêlée d'une amitié très forte et fervente. J'éprouvais une joie Coll. part. bonne et féconde à voir s'exercer cette merveilleuse force d'intelligence et j'ai senti bientôt combien la sensibilité de ce cœur était vive. Quelle chose inique de faire tirer des hommes pareils. Il faut bien nous reprendre maintenant entre nous - car nous restons si peu. J'espère que Rigaut va rester longtemps encore à Fontainebleau. Et vous comment allez-vous ? » De Jacques Rigaut, nous connaissons une lettre confidentielle à Simone Kahn, future femme d'André Breton, dans laquelle il clame son désarroi : « Max est tué. La chose est monstrueuse, révoltante, incroyable. Je suis effon- dré, je ne sais plus de quel côté me tourner. Il est probablement irremplaçable et en tout cas ma vie était arrangée avec la sienne, parallèlement. Je suis abso- 12. Après la guerre, elle épousera le musicien Jean Binet. Une forte amitié les liera tous les lument sans courage »13. trois, le peintre et le musicien concevant Pierre Deval vient de réaliser le portrait du disparu et il a dû le laisser à Paris même, bien plus tard, des collaborations tem- poraires. chez sa tante Bargone. A sa demande, René se charge de lui en envoyer une 13. Jacques Rigaut, Ecrits, édition intégrale photo, consolation bien mince mais qui apporte un peu de réconfort. « J'ai reçu établie et présentée par Martin Kay, Paris, Gallimard, 1970. Correspondance avec Simone votre lettre contenant la photographie et ma douleur s'est rallumée plus vive à Kahn, p. 169. la vue de ce portrait où nous avions travaillé en quelque sorte ensemble. Je me T ^maître Leëd ive Lyon, 1897 - La ValetteduVar, 1993

Pierre Deval a consacré sa longue vie à la peinture. Il y a trouvé le bonheur de vivre, en artiste discret : les grands circuits marchands et les cénacles qui font l'histoire de l'art l'ont oublié. Pourtant Pierre Deval traverse le siècle. A l'orée de la guerre de 1914-1918, il échange avec René Clair des enthousiasmes d'adolescent pour la poésie, la musique, la peinture. Au début des années vingt, il partage, à Paris, l'aventure Dada avec Breton, Tzara, Aragon, Soupault, Jacques Rigaut... A Lyon, il dirige une revue avec Jean Epstein. Une de ses huiles, Ariane, accueillie au Salon d'Automne, est acquise par l'État et exposée au Jeu de Paume. En 1923, pensionnaire de la Villa AbdelTif, en Algérie, il lie une amitié profonde avec Albert Marquet. A son retour, il expose à la Biennale de Venise puis fréquente les grands Fauves sur la Côte d'Azur : Matisse, Manguin, Camoin, Jean Puy, Othon Friez... En 1925, la lumière du Midi le fixe à La Valette-du-Var. Son beau domaine d'Orvès et sa maison de maître du XVIIIe siècle accueillent et inspirent les amis peintres, critiques, éditeurs d'art et écrivains comme Henri Bosco et Pierre-Jean Jouve. Peu à peu, un dialogue s instaure avec sa terre et Orvès devient partie intégrante de son œuvre. Si sa vie se lit comme un roman, sa peinture transcende les épreuves. En effet, malgré les deux guerres mondiales, la crise économique des années trente, la domination de l 'art abstrait, le risque de destruction d'Orvès, ses toiles expriment le Bonheur, recréant chaque fois l'image de la vie triomphante et l'harmonie de l'Âge d'Or. Coloriste raffiné, chantre délicat de la femme et de l'intimité, Pierre Deval est un grand figuratif du XXe siècle, aujourd'hui retrouvé.

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