Le Marseillais
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LE MARSEILLAIS / Collection Hermé - Mouvances Fabrication : William Baguet Maquette : Marie-Christine de Caro © 1991, Éditions Hermé 3, rue du Regard - 75006 PARIS ISBN 2-86665-149-9 Jean BAZAL LE MARSEILLAIS Roman type="BWD"Hermé DU MÊME AUTEUR LIBRAIRIE DES CHAMPS-ÉLYSÉES Collection «Le Masque» La corrida de Barcelone Panique en Camargue La caravane des Gitans Entre l'arme et les Corses LES PRESSES INTERNATIONALES Le diamant de la Bourride Un coup fumant Stupéfiant, ma parole ÉDITIONS GALLIMARD Collection « La Série Noire» Si toutes les garces du monde (en collaboration avec Roger May) ÉDITIONS DES 4 SEIGNEURS, Grenoble Marseille entre les deux guerres Marseille sur Scène ÉDITIONS PAUL TACUSSEL, Marseille Marseille Galante Dieu ou Satan ? Le Surnaturel existe ÉDITIONS ROBERT LAFFONT Marie la Jolie (Marie Paoleschi) ÉDITIONS JEAN SUSSE, Paris Chasses sous la mer ÉDITIONS DES BAIES DU SOLEIL Sauve ta peau ÉDITIONS I.N.A. Panique dans le pastis ÉDITIONS PANORAMA, Marseille Almanach Camargue et Nature 1971 et 1972 ÉDITIONS CÉVENNES MAGAZINE, Alès Mon ancêtre Jean-Louis, Compagnon de La Fayette ÉDITIONS CLAUDE MEZZANA, Marseille Si Marseille m'était dansée (en collaboration avec Vincent Fayola) ÉDITIONS FANVAL Le Milieu et moi (Marie Paoleschi) ÉDITIONS GUY GAUTHIER et FRANCE LOISIRS Le clan des Marseillais (1) ÉDITIONS JEAN-MICHEL GARÇON Le clan des Marseillais (11) ÉDITIONS OLIVIER ORBAN - LIVRE DE POCHE Le Corse (en collaboration avec Paul-Claude Innocenzi) BALLANTINE BOOKS, New York The Corsican (en collaboration avec Paul-Claude Innocenzi) EDICIONES MARTINEZ ROCA, Barcelone El Corso (en collaboration avec Paul-Claude Innocenzi) ÉDITIONS HERMÉ Le Milieu and C° - Confidences d'un journaliste Par le sang dans l'honneur - Avec les derniers bandits corses Déjà parus dans la même collection Le Milieu and C° - Confidences d'un journaliste Jean Bazal Gendarmerie - Unités spécialisées Gilbert Picard La grotte de l'Araignée Abdelkader Bekkar L'affaire Canson Laura Fairson / Alauzen di Genova Le Mal Zaïrois Euloge Boissonnade Par le sang dans l'honneur - Avec les derniers bandits corses Jean Bazal Ce roman, Le Marseillais, est la suite chronologique du Corse écrit en collaboration avec Paul-Claude Innocenzi et publié par Olivier Orban, en Livre de Poche, à Ballantine Books à New York et aux Ediciones Martinez Roca à Barcelone. Il s'agit d'une histoire vraie inspirée par des faits et des personnages authentiques existant ou ayant existé. Elle est présentée sous forme de récit romancé à la manière de certains films de la télévision. Pour des raisons faciles à comprendre, certains caractères et certains événements sont plus ou moins déformés. PREMIÈRE PARTIE La chute de l'ange Principaux personnages du roman Le Corse et de sa suite Le Marseillais Ange Vinciguerra, caïd abattu dans une station-service César Vinciguerra, son frère, ténor du barreau Noël Vinciguerra, patron de cabarets Mario Zeppo, numéro un du milieu à la suite d'Ange Vinciguerra Pascal Costa, filleul d'Ange Vinciguerra et agent immobilier Pauline Costa, mère de Pascal, veuve, antiquaire à Aix- en-Provence Zizou, maîtresse de Zeppo avant son mariage Linda, call-girl protégée par Zeppo Commissaire Gaston Rollet, chef de la Criminelle Tao, patron de cabaret à la Citadelle de Calvi Aurelia, jolie Calvaise Charlie-le-Matou, chef de bande, rival de Zeppo Gaby Recetti, ami de Zeppo Antoine Tiuccia, homme de main Lule Court, homme de main Gilbert-le-Libanais, patron de discothèques Marius Combes, propriétaire de clinique Docteur Max Richardet Mona Orlando, maîtresse de Richardet Docteur Émile Escotti Toussaint Paletti, comptable de clinique Noël Vermeil, avocat, directeur de discothèque Momon Marcheso, fidèle équipier de Zeppo Fanny, maîtresse de Momon Marchesi Bobby-le-Videur, codétenu aux Baumettes avec Zeppo I Un bel enterrement La Mercedes bleu azur métallisé roulait à vive allure sur la Promenade de la Corniche. Un vol de gabians tour- noyait au-dessus de la plage des Catalans quand elle ralen- tit pour s'engager sur l'aire de la station-service Total située à côté du dépôt de la Régie des Transports de Mar- seille. Au volant, Pascal Costa, filleul du caïd Ange Vinciguerra assis à côté de lui. Les deux hommes, le conducteur âgé d'une quarantaine d'années et son parrain, un septuagénaire au regard aigu et gris acier, élégamment vêtu d'un costume de soie de même couleur que sa Mercedes, avaient quitté le domicile d'Ange, villa La Balagne, chemin du Vallon de l'Oriol. Comme ils en avaient l'habitude deux fois par semaine, ils venaient faire le plein de super. Le pompiste s'approcha de Pascal qui lui tendit la clé du réservoir d'essence. Alors que le compteur de la pompe commençait à tourner, une moto rouge vint se ranger contre la Mercedes sans que personne n'y prêtât attention. L'engin était monté par deux hommes d'une trentaine d'années, coiffés d'un casque blanc de motard et les yeux cachés par de grosses lunettes à verres noirs. L'un portait un blouson de daim et l'autre un complet gris clair avec une chemise noire ouverte sur le cou. Ce dernier, assis sur le tan-sad, sauta alors à terre, sortit de sa ceinture le colt 11,43 qu'il portait « à la génoise », puis s'approcha encore de la voiture en tirant à travers la vitre baissée de la por- tière droite. Dès les premiers coups de feu, Pascal, paniqué, avait ouvert sa portière et s'était précipité, sans souci du tireur, vers le bureau de la station-service en criant : - Vite, une arme ! Vite, un calibre... ! De son côté, Ange Vinciguerra avait bien essayé de fuir, mais une dizaine de projectiles avaient déjà criblé son corps avant que leurs impacts le fissent basculer sur le par- king. Mort. Les détonations avaient pu se confondre avec le bruit du marteau-piqueur qui, quelques instants auparavant, avait défoncé le trottoir devant le London Club. La fusillade n'avait guère duré plus de vingt secondes. Le tueur réenfourchait le tan-sad et la moto démarrait en trombe en direction de l'avenue de la Corse. Pascal était resté immobile devant le box du lavage automatique. Le souffle coupé, livide, les mains tendues en avant comme s'il se préparait à saisir une arme, il fixait avec une douloureuse stupéfaction le corps inerte de son parrain baignant dans une mare de sang. Une force her- culéenne le clouait au sol. Il était anéanti. En ces instants tragiques, son beau visage brun crispé par l'émotion présentait une troublante ressemblance, adoucie par un rappel des traits charmants de sa mère Pau- line Costa, avec la physionomie raidie par la mort de celui dont le sang s'épandait en plusieurs rigoles vers le rebord du trottoir. Il retint un sanglot, puis tourna brusquement le dos au lieu du drame. On aurait dit qu'il voulait éviter l'effroyable spectacle de deux yeux exorbités, d'une expression de stupeur et d'une bouche grande ouverte d'où pointait un bout de langue violacé. Pendant quelques minutes, il demeura prostré, absent, paralysé... Il ne prêta aucune attention aux gestes de l'employé de la station qui, sur l'ordre du gérant, jetait de la sciure sur ces ruisselets rouges que le soleil constellait de paillettes d'or. - Surtout, ne touchez pas au corps, recommandait le gérant fidèle lecteur de polars. On prévient la police. La foule commençait à affluer. Les jolies filles bronzées qui se rendaient aux bains du Petit Pavillon s'arrêtaient devant la station service, hési- tant à traverser la chaussée pour savoir ce qui s'était passé. Même le pêcheur de loups et de daurades posté contre le Restaurant Péron en face du Cercle des Nageurs dont les terrasses et les bâtiments imposants bouchaient la vue sur le feu de la Désirade et la passe du Vieux-Port avait planté contre la rambarde de la Corniche ses lignes, son vieux chapeau de feutre plein d'esques et son panier en osier et accourait aux nouvelles. Il entendit le pompiste intimer aux badauds qui se pressaient autour du cadavre de s'écarter : - Dégagez ! C'est pas beau à voir ! Un autre employé de la station survenait en traînant une bâche dont il recouvrit le mort avec précaution. Les gens s'interrogeaient : - Qu'est-ce qu'il y a eu ? Un accident ? - Non, renseigna le patron du restaurant La Rose de Chine, j'ai entendu des coups de feu... Au moins huit ou neuf... - Alors un règlement de comptes ? C'est la série en ce moment. - Y'a des chances. On dirait Chicago ! - Bah ! Encore une histoire de discothèques. La Mendi- gote, c'est à côté, Té ! Voilà les condés ! Précédés par deux gardiens de la paix, arrivaient trois policiers en civil du commissariat voisin du septième arron- dissement. Refoulant les badauds sans ménagement, ils soulevèrent la bâche et se penchèrent sur le cadavre pour l'examiner sommairement en attendant leurs collègues de l'Identité judiciaire. Ils furent bientôt là, accompagnés par le chef de la bri- gade criminelle, le commissaire principal Gaston Rollet. Les officiers de police et inspecteurs Marlin, Luperman, Jackie Lambert, Denys et Bardou l'assistaient. Le substitut et le chef de la Sûreté n'allaient pas tarder à les rejoindre. C'était le 27 août 1970. Le cadran du dépôt des autobus marquait onze heures trente. Quarante-sept ans auparavant, le 28 août 1923, presque jour pour jour, Ange Vinciguerra, alors âgé de quinze ans, tuait dans le maquis de Calenzana Pierre Orsini qui venait d'abattre son père Hyacinthe Vinciguerra. Faute de preuves, ce crime ne fut jamais élucidé, pas plus qu'Ange ne fut inquiété. La loi du silence, les principes du maquis... N'empêche, une vendetta infernale était née; elle devait durer encore plus longtemps que celle des Sangui- netti et des Paoli, de Venzolasca, qui ne devait s'éteindre qu'en 1916 avec l'extermination quasi totale des deux clans.