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58 ANNÉE – Nº 17872 – 1,20 ¤ – MÉTROPOLITAINE --- VENDREDI 12JUILLET 2002 FONDATEUR : HUBERT BEUVE-MÉRY – DIRECTEUR : JEAN-MARIE COLOMBANI

 0123 DES LIVRES Théâtre, danse, et Mattei : la santé n’a pas de prix des poches pour l’été Le ministre de la santé estime qu’il faut en finir avec l’obsession de la maîtrise des dépenses CANNABIS DANS UN entretien au Monde, f Un entretien avec Jean-François Mattei, ministre de Londres assouplit la santé, estime que la sécurité Jean-François Mattei sociale n’est pas « au bord d’une cri- sa législation p. 5 se financière majeure ». Il affirme f que « la croissance des dépenses de La Sécurité sociale santé est inéluctable, en raison du n’est pas « au bord vieillissement de la population, du L’enquête sur coût des nouvelles technologies médi- d’une crise financière les attributions cales et de la recherche du mieux- être ». Jean-François Mattei ajoute majeure » de logements p. 10 donc qu’« il faut cesser de dire qu’il faut “maîtriser”, “contenir” » les f Le ministre veut MADAGASCAR dépenses de santé. Selon lui, les dépenses d’assurance-maladie ne « faire confiance » Les piteuses aventures doivent plus être calculées « uni- aux médecins de douze mercenaires quement sur des critères budgétai- res, mais sanitaires ». Pour autant, pour maîtriser français p. 2 « il n’est pas question d’augmenter les cotisations ». les dépenses BOURSE Le ministre avance sa solution : « Faire confiance aux professionnels f Il exclut de relever Autorités de contrôle : de la santé. » L’accord sur la revalo- risation des honoraires médicaux les cotisations fusion en vue p. 18 lui paraît être, de ce point de vue, « un acte fondateur » qui ouvre f SCHNEIDER-LEGRAND « une nouvelle époque ». Les régions Jean-François Mattei affirme qu’il économies ». Il remarque que la suicide, 30 par accidents domesti- explosives » dans le secteur hospita- prendraient en charge Divorce consommé p. 17 n’a pas « l’intention de transiger avec France enregistre, en matière de ques, 25 sur les routes. Et que le sida lier. Les régions pourraient prendre les dépassements » illégaux d’hono- mortalité avant 60 ans, « les pires fait 11 morts par semaine. Jean- en charge le parc immobilier des le parc hospitalier PORTRAIT raires. Pour lui, « c’est dans la pré- chiffres d’Europe », qu’il y a chaque François Mattei explique que les hôpitaux, « comme elles le font pour vention que l’on trouvera de nouvelles jour 50 décès liés au tabac, 30 par socialistes laissent « des situations les lycées ». Lire page 6 Claudie Haigneré, Mir au gouvernement p. 13  RÉGIONS : les projets de Sarkozy COMMENT lutter contre la pros- f La décentralisation titution ? L’afflux de femmes L’expulsion Toumaï, notre ancêtre d’Afrique, à l’essai p. 12 venues d’Europe de l’Est et d’Afri- des prostituées que et les nuisances générées par a sept millions d’années DISPARITION l’intensification des trafics dans cer- étrangères à l’étude tains quartiers conduisent le gou- vernement à ouvrir ce dossier com- f La pénalisation Paul Guilbert p. 11 plexe. Tandis que le ministre de l’in- térieur prépare une loi visant l’ex- International...... 2 Entreprises...... 17 des clients en débat Union européenne.... 5 Communication ...... 19 pulsion des prostituées étrangères, France...... 6 Marchés ...... 20 des voix s’élèvent en faveur d’une f Société...... 8 Aujourd’hui...... 22 répression accrue des clients. Le En Suède Carnet ...... 11 Météorologie...... 26 même débat parcourt l’Europe, Abonnements...... 11 Jeux...... 26 et en Allemagne Régions...... 12 Culture...... 27 divisée entre Etats partisans d’une réglementation et abolitionnistes. Horizons...... 13 Radio-Télévision ...... 31  /  Lire pages 8 et 9 Le satellite KEO attend vos messages pour les Terriens du DXXI e siècle

TERRIENNES, Terriens, à vos plumes ! C’est pas les seuls « cadeaux archéologiques » tions aussi sérieuses qu’Aerospatiale, UNE ÉQUIPE franco-tchadienne a mis au jour dans le désert du un véritable appel à l’inspiration des peuples qu’emportera KEO, sphère métallique ailée Arianespace, le Commissariat à l’énergie ato- Djourab les restes fossiles d’un préhumain, Toumaï, vieux de sept du monde qu’a lancé, mardi 9 juillet, sur le de 50 centimètres de diamètre. Les accompa- mique, le Centre national d’études spatiales, millions d’années. Les paléo-anthropologues s’interrogent sur ce toit de la Grande Arche de la Défense, Jean- gneront une encyclopédie numérique dres- le ministère français des affaires étrangères crâne (photo), le plus ancien connu, qui peut remettre en cause la Marc Philippe, créateur du poétique projet sant l’état des lieux de notre planète, une fres- ou l’Agence spatiale européenne. KEO a par théorie est-africaine du berceau de l’humanité. Lire page 24 e

KEO. Derrière ce nom se cache un satellite que de visages photographiés sur tous les ailleurs été élu projet du XXI siècle par  qui, d’ici deux ans, devrait quitter notre planè- continents, une plaque indiquant la configura- l’Unesco. te pour une mission unique dans l’histoire : tion des planètes du système solaire lors du Toutes les études techniques préalables rester en orbite autour de la Terre pendant lancement – ce qui permettra aux astrono- ont été menées à bien, une petite place gra- 50 000 ans et y revenir en émissaire du pas- mes du futur d’en retrouver la date – et un tuite a été réservée sur une fusée, probable- sé, porteur des messages que les humains du diamant dans lequel seront incluses quatre ment une Ariane-5. Il ne reste plus aux XXIe siècle naissant lui auront confiés. petites sphères d’or. « La première, explique humains qu’à imaginer ce qu’ils veulent dire Tout habitant de la planète est donc Jean-Marc Philippe, renfermera une goutte et transmettre à leurs très lointains héritiers. convié, selon l’expression de Jean-Marc d’eau de nos océans, la deuxième un petit volu- En espérant que, d’ici à cinquante millénaires, Philippe, artiste scientifique spécialiste des me d’air, la troisième une pincée de terre ara- Homo sapiens n’aura pas trouvé le moyen de métaux à mémoire de formes, à « rendre visi- ble et la dernière une goutte de sang, prise au se détruire. te à ses propres pensées » et à les coucher sur hasard, véritable signature génétique de l’espè- Il existe deux adresses pour envoyer son le papier ou à les saisir sur le clavier d’un ordi- ce humaine. » message à KEO : par Internet à www.keo.org ; nateur. L’œuvre collective ainsi réalisée sera A ceux qui le prenaient pour un doux par courrier à KEO, BP 100, 75262 Paris gravée dans des disques de verre assez soli- rêveur farfelu, le concepteur de KEO a opposé Cedex 06. Et attention, les messages ne doi- des pour résister à un séjour de cinquante mil- la patience et la force de conviction. Il a dû en vent pas dépasser quatre pages. lénaires dans le milieu hostile qu’est l’espace. falloir une bonne dose pour rallier gracieuse- Les messages du genre humain ne seront ment à sa cause des sociétés et des institu- Pierre Barthélémy  a  Le regard Le symbole Jean-Marie Messier

C’EST UN PARADOXE assez sai- vie des affaires, mais ne justifiant paroxysme la façon dont le monde de Jeanne sissant. De l’ascension de Jean- pas, une fois le problème réglé, des affaires avait envie de se voir. Marie Messier, il a été beaucoup qu’on s’y attarde durablement. Né de la vieille Compagnie générale question en France, durant de lon- Pourtant, le parcours du patron des eaux, figure de proue d’un capi- gues années. A gauche comme à déchu est un extraordinaire symbo- talisme d’Etat au cœur des systè- droite, on a souvent applaudi la mar- le de l’économie française. De la mes de réseau, d’influence, voire de che en avant du jeune patron. On en même façon que les scandales corruption, le groupe a voulu se a même fait la figure emblématique Enron ou WorldCom rendent comp- transformer en une puissance éco- de la mutation du capitalisme fran- te des dérives du capitalisme améri- nomique moderne, engagée dans le çais : une grande et belle réussite ! cain, le cas Vivendi Universal – ou monde des nouvelles technologies Mais, de sa chute, on a beaucoup plus précisément le cas Messier –, et n’ayant que le marché comme moins parlé. Ou plutôt, si la chroni- même s’il n’est pas exactement de boussole et comme maître. Quand que de son éviction a été minutieuse- même nature, parle beaucoup sur la transformation s’est achevée par ment racontée, elle n’a pas donné nos mœurs économiques de ce côté- la fusion avec le groupe Seagram, lieu à beaucoup de commentaires. ci de l’Atlantique, sur l’état du capi- tout le monde a applaudi. A27ANS,Jeanne Dandoy Pas un mot, ni à gauche ni à droite. talisme français, ses faiblesses ou présente à Avignon sa premiè- Pas de communiqués du gouverne- ses dysfonctionnements. Laurent Mauduit re création, Jane. Questions ment ni du patronat. Rien ! En fait, Vivendi Universal tel que Jean- et Martine Orange aux femmes, avec provo- tout s’est passé comme s’il s’agissait Marie Messier l’a façonné est un cation. Lire page 30 d’un tonitruant fait divers dans la produit hybride, poussant à son Lire la suite page 16 - 

Afrique CFA 1000 F CFA, Algérie 35 DA, Allemagne 1,50 ¤, Antilles-Guyane 1,50 ¤, Autriche 1,50 ¤, Belgique 1,20 ¤, Canada 2,50 $, Danemark 15 KRD, Espagne 1,50 ¤, Finlande 2,00 ¤, Grande-Bretagne 1 £, Grèce 1,50 ¤, Irlande 1,50 ¤, Italie 1,50 ¤,Luxembourg 1,20 ¤, Maroc 10 DH, Norvège 16 KRN, Pays-Bas 1,50 ¤, Portugal cont. 1,50 ¤, Réunion 1,50 ¤, Suède 16 KRS, Suisse 2,40 FS, Tunisie 1,5 DT, USA (NY) 2 $, USA (others) 2,50 $. 2/LE MONDE/VENDREDI 12 JUILLET 2002 INTERNATIONAL enquête

Anciens militaires des   ou du ren- car, pour venir en aide au président sortant, Didier Rat- intervention du  ’. L’opération, qui pas inconnus des services français. Leur , patron seignement, membres du DPS, le service d’ordre du siraka. L’aventure n’a duré qu’une trentaine d’heures aurait coûté à son commanditaire un - d’une société de gardiennage, aurait « travaillé » avec Front national, une douzaine de  fran- pour se solder par un  , leur avion étant ’, a réveillé sur la Grande Ile la peur de « bar- Bob Denard et a effectué différentes «  » çais ont tenté, à la mi-juin, une « mission » à Madagas- obligé de rebrousser chemin vers la France, après bouzeries » en tout genre. Les mercenaires n’étaient au Congo-Brazzaville et en Côte d’Ivoire. La piteuse équipée d’un charter d'« affreux » pour Madagascar Mélange d’amateurisme et d’affairisme, la tentative d’un groupe de douze mercenaires français de gagner la Grande Île pour se mettre au service du pouvoir menacé de Didier Ratsiraka, aujourd’hui réfugié à Paris, a été mise en échec, à la mi-juin, par les autorités françaises

MADAGASCAR l’appareil sur ordre de Paris. Le décembre 2001, aux Comores. Trei- de notre envoyé spécial « charter » fait demi-tour et se pose ze hommes recrutés dans les « C’est tellement gros qu’on se à l’aéroport de Lyon — Saint-Exupé- milieux d’extrême droite du sud de demande s’ils ne l’ont pas fait ry, dans la nuit du mercredi 19 au Le Falcon 900 de la compagnie la France, embarqués à bord d’un exprès. » Exprès d’être repérés, jeudi 20 juin. Après un contrôle privée AeroService Executive, gros chalutier à Nosy Be, une île sur  d’identité, les passagers sont laissés qui transportait la côte nord de Madagascar, avaient libres. Même si le Quai d’Orsay fait les douze mercenaires français, débarqué dans l’île de Mohéli, où ils savoir qu’il « examine les suites possi- décolle de l’aéroport étaient visiblement attendus par les Partie du Bourget bles à donner à cette affaire », il n’y a de Lyon-Saint-Exupéry, le 20 juin, troupes gouvernementales. Six de pas grand-chose contre eux. Ces sans ses passagers. Il était parti ces « chiens de guerre » y ont laissé le 18 juin, hommes « aux intentions suspectes » du Bourget le 18, à destination la vie ; les autres croupissent en pri- étaient partis « à poil », comme on d’Assouan (Egypte), selon son plan son. l’expédition avortée dit dans le jargon : sans armes ni de vol, mais avait été contraint équipement particulier. de faire demi-tour, dans la nuit    «  » s’achève le 20 à Lyon L’improvisation apparente du du 19 au 20 juin, après une escale Qu’il s’agisse d’une tentative ratée « voyage organisé » laisse pantois technique à Dar es-Salaam par amateurisme ou d’un leurre cen- les « professionnels ». L’un d’eux (Tanzanie), sur intervention sé couvrir une opération de plus exprès d’être empêchés. Cet ancien fait remarquer : « Généralement, les des autorités françaises. grande envergure, l’affaire du Fal-

sous-officier parachutiste a participé regroupements se font plutôt à Lon-  /   con 900 a réveillé, chez les Malga- à plusieurs opérations « officieu- dres, que les hommes rejoignent indivi- ches, le fantasme d’une Grande Île ses » en Afrique depuis son départ duellement. Dans ce cas précis, la Réu- équipe-là aurait été formée, et tion ? D’un signal, faussement inter- tion très capables, qui s’entraînent cernée par une nuée de mercenai- de l’armée. Il est aujourd’hui partagé nion aurait été un point de ralliement « maintenue en stand-by » depuis six prété comme un feu vert, qui serait régulièrement avec les Français. » res. Trois, quatre ou six hélicoptères entre ricanement et abattement idéal : on peut s’y rendre discrètement semaines. Sans connaître ni la desti- venu, « du côté du Château » ? Selon l’entourage de Marc Ravalo- selon les versions, chargés chacun après la piteuse équipée de douze sous prétexte de vacances. » De nation ni l’objectif, et encore moins Dominique de Villepin, le ministre manana, le président reconnu d’une douzaine d’hommes, auraient mercenaires français vers Madagas- là-bas, en effet, il y a l’embarras du le commanditaire. des affaires étrangères, qui a connu aujourd’hui par la communauté atterri dans l’île Sainte-Marie, près car. Partis ensemble, à la mi-juin, de choix pour rallier discrètement Le président sortant de Madagas- de près la cellule africaine de l’Ely- internationale, il s’agissait de l’assas- de Toamasina. D’autres sources évo- l’aéroport du Bourget comme VRP Madagascar, à une heure ou deux car, à qui l’idée aurait été soufflée sée, où il était secrétaire général jus- siner, lui, son ministre de la défense quent deux Transall et une centaine en goguette, ils ont été rattrapés par de vol, ou à trente-six heures de par un Français vivant sur l’île, qu’en mai, est catégorique. Pas ques- et son chef d’état-major. Les festivi- de mercenaires. Selon les services de le fond de la culotte avant même mer. Le temps a-t-il manqué ? Le aurait tardé à prendre sa décision. tion de tolérer ce genre de prati- tés de l’Indépendance, le 26 juin, au M. Ravalomanana, ces « soldats de d’avoir atteint la Grande Île. ques : « A la seconde même où j’ai été stade d’Antananarivo, en auraient fortune » seraient venus d’Afrique « Une boulette », ajoute le sous- informé, j’ai donné l’ordre qu’on arrê- fourni l’occasion. Déjà, en janvier, du Sud. officier. Un raté qui traduit l’état Fiasco ou « opération commerciale » ? te cet avion. Nous l’avons fait et nous au début du conflit, lorsqu’il haran- Un ancien premier ministre de d’approximation de la « profes- Chacun des passagers du Falcon 900 aurait perçu une somme allant, l’avons rendu public ; comment être guait d’immenses foules de parti- M. Ratsiraka, considéré comme l’or- sion » en France, encore régie par selon les sources, de 7 000 à 14 000 euros pour une mission d’un mois et plus clair ? » sans sur la place du 13-Mai, à Anta- ganisateur de l’opération, est en pri- de vieux réseaux post-coloniaux, demi. « Sans doute moins que ça si Bob Denard est derrière... car il paie très Minable opération de « Pieds nic- nanarivo, les gardes du corps de son à Antananarivo. Dans des cellu- alors que se développe dans les pays mal », corrige un ancien compagnon du mercenaire. Généralement, s’ajou- kelés » pour les uns, dont Didier Rat- M. Ravalomanana ne quittaient pas les voisines, ont pris place, le 25 juin, anglo-saxons une forme moderne tent à cette « avance » des frais journaliers et des primes à l’objectif que, siraka aurait fait les frais, l’affaire du de leurs jumelles les toits alentour : deux résidents français de l’île soup- de mercenariat : de puissantes socié- dans ce cas précis, personne n’aura à verser. Selon un habitué de ce type d’af- Falcon 900 aurait été une « diver- une rumeur avait annoncé l’arrivée çonnés d’avoir voulu contribuer au tés privées aux activités diversifiées faires, l’opération aurait coûté à son commanditaire l’équivalent de 350 000 sion », selon d’autres. « Si nous avi- en ville de tireurs d’élite étrangers soutien logistique des mercenaires. y ont pignon sur rue. à 450 000 euros. Un investissement exorbitant pour un tel fiasco. « Cela res- ons pu mettre des autocollants et une pour le supprimer. Des téléphones cellulaires, des semble à une opération commerciale », estiment plusieurs spécialistes. Quasi- banderole, nous l’aurions fait », affir- treillis et des moteurs de hors-bord   ment une arnaque de la part de professionnels âpres au gain, sans doute me un proche du dossier. Dans le ’   auraient été découverts dans leur Le mardi 18 juin, à 20 h 25, un Fal- nostalgiques et peu regardants sur les causes qu’ils servent. métier, cela s’appelle « animer le pay- Courant juin, alors que des escar- camion. A l’aéroport de Johannes- con 900 de la compagnie privée sage ». mouches opposaient des militaires burg, deux touristes ukrainiens, AeroService Executive décolle de A quoi, en effet, auraient servi ces des deux camps aux quatre coins de dotés de passeports tout neufs, avec l’aéroport parisien du Bourget avec président Ratsiraka n’était arrivé à « Ils attendaient peut-être le débloca- hommes ? Sécuriser l’aéroport de l’île, la sécurité de Marc Ravaloma- un treillis au fond de leur valise, une douzaine de passagers. Son Paris que trois jours plus tôt, le ge des fonds, avance un spécialiste Toamasina, dans la perspective de nana était à cran dans la capita- auraient été empêchés de monter plan de vol indique Assouan, en 14 juin, dans le but avoué de « tra- de la sécurité. Dans ce milieu, on ne combats avec les troupes de le. Les mercenaires « n’auraient pas dans un avion à destination d’Anta- Egypte, comme destination. Mais vailler à la recherche d’une solution à fait rien sans avoir touché l’argent, au M. Ravalomanana, qui contrôlaient pu faire un pas dans “Tana” sans se nanarivo. Dans ce paysage décidé- l’objectif est Toamasina (ex-Tamata- la crise malgache ». Formule suffi- moins la prime de départ. » déjà quatre provinces sur six ? faire étriper », assure un observateur ment bien « animé », personne n’a ve), sur la côte est de Madagascar, samment ambiguë pour que le tout- Sont-ils partis à la faveur d’un qui- « C’est ridicule, estime un expert mal- malgache. Le voyage des douze mer- vu le moindre de ces « guerriers ». fief du président sortant Didier Ratsi- Paris « barbouzard » se mette à proquo, ainsi que le suggèrent cer- gache. Le 2e RFI a été positionné cenaires aurait pu s’achever comme raka, où il s’est réfugié avec sa bruisser d’une rumeur insistante : tains ? D’un défaut de communica- là-bas : ce sont des forces d’interven- celui de leurs « confrères », en Jean-Jacques Bozonnet famille et son gouvernement et ten- « Le “Vieux” est à la recherche d’une te de résister aux forces du président équipe. » Un bon carnet d’adresses élu, Marc Ravalomanana. suffit, paraît-il, à réaliser un casting A l’escale de Dar-es-Saalam, où le acceptable en quarante-huit ou Des « soldats de fortune » proches de certains réseaux « françafricains » petit jet doit ravitailler en carburant, soixante-douze heures. Pourtant, les autorités tanzaniennes bloquent selon certaines informations, cette MADAGASCAR beaucoup bourlingué en Afrique. Leur départ en Le « capitaine Garibaldi » n’est pas considéré de notre envoyé spécial groupe, sous leur propre identité, ne pouvait comme une « pointure » dans la profession. Les services de renseignement français n’ont qu’éveiller les soupçons. Le chef et recruteur pré- Mais sa présence à la tête du commando mar- pas eu grand mérite à repérer les drôles de « tou- sumé de la petite troupe est Marc Garibaldi, 36 que, pour beaucoup d’observateurs, l’implica- ristes » qui ont embarqué dans le Falcon 900, le ans. Cet ancien aspirant, autoproclamé capitaine, tion des réseaux non encore éteints de Bob 18 juin, avec pour destination officielle Assouan. est connu pour avoir travaillé avec le mercenaire Denard et du général Jeannou Lacaze. Il aurait Car la plupart des hommes qui se sont présentés Bob Denard. En 1999, c’est lui qui aurait assuré la été « mis sur le coup » par Luc Marques de Oli- au contrôle des passeports de l’aéroport d’affai- logistique de l’« Opération Hadès ». La mission veira, un ancien sous-officier de la DGSE, âgé de res du Bourget n’étaient pas des inconnus. consistait à restructurer les forces gouvernementa- 45 ans. C’est cet homme, aujourd’hui patron Alain Travers, Cyril Avinès, Philippe Six, Guillau- les de M. Sassou Nguesso, au Congo-Brazzaville. d’une société de gardiennage en région parisien- me Farfarot, Hervé Pannetier, Nicolas Loire, ne, qui aurait assuré le lien avec Didier Ratsira- Gérard Fourneret, Gabriel Petitgérard, Michel «  »  ka, considéré par beaucoup comme le comman- Lamour, Jacques Guillet ont entre 30 et 60 ans. Ils L’année suivante, Marc Garibaldi était à Abid- ditaire de cette opération avortée. Spécialiste du sont soit d’anciens militaires – certains sont issus jan (Côte d’Ivoire), à la tête d’une équipe censée contre-espionnage, M. Marques avait mis en pla- des forces spéciales ou du renseignement –, soit venir en aide au général Robert Guei. Mais, ce un service de renseignement auprès du chef des membres du Département protection sécurité attendue de pied ferme en raison d’une « fuite » de l’Etat malgache au début des années 1990. (DPS), le service d’ordre du Front national. Il y a organisée par une officine concurrente, elle parmi eux quelques quinquagénaires qui ont déjà avait dû se replier à peine arrivée. J.-J. B. Les chefs d’Etat du continent font patienter M. Ravalomanana L’UA pourrait reconnaître le président malgache après la tenue d’élections législatives anticipées

DURBAN de vingt-cinq ans de la Grande Île cains. Marc Ravalomanana a, lui occasion aux Africains de reconnaî- de notre envoyée spéciale et désormais en exil en France. Le aussi, tenté directement, dans une tre le nouveau pouvoir sans réelle- « On nous tourne en bourriques : Burkina Faso et, avec plus de discré- lettre envoyée pendant le sommet ment se dédire. L’Union voulait les Européens exigent de nous d’être tion, l’île Maurice, ont tenté de au président Thabo Mbeki, d’inflé- avant tout montrer, à l’extérieur, sa des démocrates, puis nous critiquent l’épauler dans ce combat perdu chir la position de l’Union. Dans ce volonté de rupture avec l’ordre quand on refuse de reconnaître d’avance. Avant même le début du courrier, il demandait aux chefs ancien mais aussi prévenir les oppo- Marc Ravalomanana », s’insurge sommet, l’OUA avait fait savoir d’Etat d’avoir « une nouvelle appro- sants qu’il est mal venu de prendre un diplomate togolais. Ironie de que, conformément au principe che de la situation », assurait que le pouvoir par la rue. l’histoire : le Togo, qui avait été pro- adopté en 1999 à Alger, il n’était « l’ordre républicain est rétabli sur Reste au nouveau président mal- visoirement exclu de l’OUA en pas question d’accueillir un prési- tout le territoire » et promettait la gache à asseoir son pouvoir. L’Are- 1963, après le coup d’Etat de Gnas- dent élu de façon anticonstitution- tenue d’élections législatives antici- ma, le parti de Didier Ratsiraka, a singbé Eyadéma – toujours au pou- nelle. Qu’importe si un grand nom- pées. Il se disait prêt à ratifier immé- accepté la victoire du maire d’Anta- voir – a été parmi les plus virulents, bre de chefs d’Etat présents à Dur- diatement l’acte constitutif de nanarivo et les derniers bastions lors du sommet de Durban, à refu- ban ne sont guère mieux élus que l’Union africaine. tenus par le camp de l’ancien chef ser la reconnaissance du nouveau Marc Ravalomanana. Le président de l’Etat sont tombés sans combat. président malgache. sénégalais ne s’est d’ailleurs pas pri-   Mais Marc Ravalomanana, élu grâ- Le dossier a occupé une grande vé d’interpeller les « putschistes » L’Union laisse cependant la porte ce au soutien des Eglises – et sur- partie des débats lors de la premiè- présents dans la salle. ouverte et pourrait reconnaître le tout au besoin de changement re réunion des chefs d’Etat de De son côté, le chef de l’Etat nigé- nouveau président si les prochaines après des années de règne ratsira- l’Union africaine (UA), créée à Dur- rian, Olusegun Obasanjo, a clamé élections législatives lui appor- kiste –, n’a pas de parti politique. ban, sur le modèle de l’Union euro- que « l’ère des laquais » de l’Occi- taient une légitimité. Le président Otage des politiciens locaux, il aura péenne, pour remplacer l’Organisa- dent au sein de l’UA était terminée. Ratsiraka ayant quitté le pays dans du mal à maintenir autour de lui tion de l’unité africaine (OUA). Le Une pique à l’adresse du Sénégal, la débandade, l’Union ne pouvait une majorité solide. Les rancœurs, Sénégalais Abdoulaye Wade a eu soupçonné de se faire, au sein de la plus réclamer, comme elle le faisait après sept mois de crise, sont tena- beau revenir plusieurs fois à la char- conférence, le porte-parole de la jusque-là, la tenue d’une nouvelle ces et les cicatrices seront longues à ge, il s’est retrouvé quasiment seul France et des Etats-Unis. Paris a en élection présidentielle. disparaître. à défendre le tombeur de Didier effet reconnu le nouveau président Les législatives font donc figure Ratsiraka, président pendant plus malgache, dans le sillage des Améri- d’échappatoire pour donner une Fabienne Pompey LE MONDE/VENDREDI 12 JUILLET 2002/3 INTERNATIONAL En Israël, le fondateur du parti ultra-orthodoxe Shass sera libéré pour bonne conduite

Condamné pour corruption, Arieh Deri a conservé son pouvoir d’influence

JÉRUSALEM dans la banlieue de Tel-Aviv, au de notre correspondant cours d’élections municipales Un dessin humoristique publié organisées il y a plus d’un mois. en début de semaine dans la pres- Arieh Deri, La brève crise gouvernementale se israélienne campait l’aréo- l’ex-leader qui a opposé à la fin du mois de page du parti ultra-orthodoxe du Shass, le parti mai les partis ultra-orthodoxes au Shass, rassemblé autour de son ultra-orthodoxe premier ministre, à propos de la chef spirituel, le rabbin Ovadia israélien, sort de la réduction des allocations familia- Yossef. « Prions pour Arieh », prison de Maasiyahu, les pour cause de restrictions bud- commandait le saint homme. mercredi 10 juillet, gétaires a également illustré la « Pour qu’il reste en prison ou escorté perte d’influence du Shass. Le par- pour qu’il sorte ? », demandait par les gardiens ti avait réussi, jusqu’à présent, à alors un impertinent. à Ramleh. Il y tirer profit de l’affaiblissement Condamné à trois ans de prison retournera le soir des deux grandes formations pour corruption, fraude et abus pour y passer la nuit. israéliennes, pour s’imposer com- de confiance, l’ancien responsa- Condamné à trois me faiseur de majorité, moyen- ble du parti, Arieh Deri, devrait ans de prison pour nant des rétributions symboli- être libéré le 15 juillet pour bonne corruption, fraude ques et financières. conduite, après avoir purgé les et abus de confiance, Exclu pour avoir rompu la soli- deux tiers de sa peine. Son retour Arieh Deri, devrait darité gouvernementale lors de à la vie publique suscite d’ores et être libéré pour l’examen du projet de loi modi- déjà les interrogations au sein de bonne conduite fiant le budget, le Shass a piteu- sa famille. le 15 juillet. sement réintégré la coalition, Animal politique sans égal, quelques jours plus tard, sans

Arieh Deri avait fait du Shass, en AP/EITAN HESS6ASHKENAZI avoir rien obtenu, et selon la moins de vingt ans, la troisième presse israélienne, le rabbin Ova- formation politique en importan- damnation, Ovadia Yossef a con- pas venues à bout des nostalgi- dia Yossef a dû intervenir pour ce à la Knesset, après le Parti tra- fié le Shass à Eli Yishaï, ministre ques d’Arieh Deri. Par ailleurs, empêcher la publication d’une vailliste et le Likoud. Précédant de l’intérieur dans la coalition diri- des signaux inquiétants ont ali- lettre interne très critique pour de peu sa chute, les élections de gée par Ariel Sharon, une person- menté les doutes sur les capacités l’actuelle direction. 1999 avaient en effet été mar- nalité beaucoup plus effacée que politiques du patron de la forma- Même si Arieh Deri reste inter- quées par la poussée des « hom- son prédécesseur. tion ultra-orthodoxe. dit de responsabilités publiques mes en noir » séfarades, qui Les dernières projections en siè- pour encore plusieurs années du avaient recueilli dix-sept sièges.  ges des intentions de vote mesu- fait de sa condamnation, son Ce succès n’avait pourtant pas Méthodique, Eli Yishaï a placé rées par les enquêtes d’opinion pouvoir d’influence est intact. été sans tiraillements au sein de la ses hommes à tous les rouages du montrent que le Shass risque d’es- En dépit de déclarations lénifian- formation et son chef spirituel parti, qui bénéficie d’importantes suyer une sérieuse déconvenue tes, il ne devrait pas rechigner à s’était accommodé bien volon- subventions publiques. Périodi- lors des prochaines élections et s’en servir si l’érosion du Shass tiers des soucis judiciaires d’un quement, le chef spirituel lui a perdre un bon tiers de ses repré- se précise. ambitieux, qui commençait à lui renouvelé sa confiance et son sou- sentants. Le parti a déjà enregis- faire de l’ombre. Après sa con- tien, mais ces précautions ne sont tré une cuisante défaite à Lod, Gilles Paris Eloan Pinheiro dos Santos, femme et pionnière brésilienne contre le sida

BARCELONE – elle sera présidente du Syndicat des tra- production à Far-Manguinhos, je l’ai dirigée de notre envoyé spécial vailleurs de la chimie –, elle défend la produc- vers des maladies négligées, comme la tubercu- Serait-ce une affaire de femmes ? De la tion locale de médicaments, y compris celle lose ou le paludisme, car je savais que les multi- même manière qu’en Thaïlande c’est grâce à des matières premières, « car c’est là que sont nationales ne le feraient pas : il n’y a pas de Krisana Kraisintu que la production locale de le savoir-faire et les bénéfices », précise-t-elle, profit à y faire. » médicaments génériques a pu démarrer, le une lueur malicieuse dans ses yeux noirs. Salué comme l’une des grandes réussites programme brésilien d’accès aux traitements Son passage au public tient en partie à des contre le sida – la moitié des malades du sida antisida n’aurait pas eu la même physiono- changements dans la vie personnelle d’Eloan. traités dans les pays en développement sont mie sans Eloan Pinheiro dos Santos. Après Portant avec élégance ses cinquante- brésiliens –, le programme brésilien a démon- une trentaine d’années dans l’industrie phar- sept ans, elle a divorcé après vingt ans de tré que les médicaments génériques permet- maceutique privée, cette chimiste a pris en mariage et trois enfants ayant atteint l’ado- taient de réduire considérablement les coûts 1993 la direction de Far-Manguinhos, l’entre- lescence. « J’avais envie de changer de vie. Je et de contraindre les multinationales à bais- prise publique où elle mettra au point les for- ne voulais pas me contenter de parler, [je ser leurs tarifs. « Cela a été rendu possible par mulations génériques de la plupart des médi- voulais] agir », avoue-t-elle. la pression des associations et la volonté poli- caments antirétroviraux. tique du gouvernement », analyse Eloan, qui « Peut-être que les femmes ont une « ’   » fut militante du Parti des travailleurs. Aujour- conscience plus aiguë des besoins de leurs Après un séjour de perfectionnement à d’hui, elle n’est membre d’aucun parti, mais enfants et des droits de chacun », avance- l’Ecole de pharmacie de Londres, elle prend se reconnaît dans le mouvement social. «Je t-elle en guise d’explication. Dans les labora- ses fonctions à Far-Manguinhos, dans la ban- crois indispensable l’existence d’un secteur toires pour lesquels elle a travaillé, dont des lieue de Rio : « La Constitution de 1998 stipule public de production pharmaceutique. C’est le filiales brésiliennes du britannique Beecham que chacun doit pouvoir être traité gratui- meilleur moyen de contrôler les prix du médi- et de l’américain Winthrop, elle était chargée tement, mais seuls les 40 millions de Brésiliens cament, et pas uniquement pour le sida. » d’adapter les formulations originales aux les plus pauvres vont dans le secteur public de conditions de production locale. Syndicaliste santé. Lorsque j’ai commencé à organiser la Paul Benkimoun Peine de mort requise contre les assassins de Daniel Pearl Le journaliste du « Wall Street Journal », enlevé à Karachi en janvier, enquêtait sur les islamistes

ISLAMABAD caine, précisant que les procédures d’un avion d’Indian Airlines détour- les résultats des analyses d’ADN ne de notre correspondante légales avaient été ignorées : « Tou- né sur Kandahar (Afghanistan). sont pas encore connus. Peu après en Asie du Sud tes les preuves apportées par l’accusa- Omar Saeed Cheikh est inculpé la disparition de notre confrère, plu- Après douze semaines d’audien- tion sont douteuses. Sur la base de tel- aux Etats-Unis pour l’enlèvement sieurs courriers avaient été envoyés ces fermées à la presse, le procès les preuves, ils ne peuvent être accu- d’un Américain, en 1994, et Wash- à divers organes de presse avec des des accusés dans l’enlèvement et le sés » avait affirmé Rai Bashir, l’un ington a demandé son extradition. photos le montrant en captivité. meurtre du journaliste américain des avocats de la défense, avant Mais le président pakistanais, le Ces messages électroniques Daniel Pearl s’est achevé, à Hydera- d’exhorter la cour à « décider sans général Pervez Moucharraf, a affir- signés d’un groupe inconnu, le Mou- bad (sud-est du Pakistan) mercredi succomber à toutes sortes de pression mé qu’il serait d’abord jugé au Pakis- vement national pour la restaura- 10 juillet, le ministère public requé- et de peur et acquitter les quatre accu- rant la peine de mort pour les qua- sés, afin que justice soit rendue ». tre accusés présents. Sept autres Les pilotes de ligne américains pourraient être armés personnes toujours en fuite sont  ’ A Washington, la Chambre des représentants a voté, mercredi 10 juillet, impliquées dans l’affaire. Le juge Les défenseurs d’Omar Saeed en faveur du port d'armes pour les pilotes américains des vols commer- devrait rendre son verdict lundi Cheikh ont en particulier fait obser- ciaux, en dépit d'objections de l'administration Bush et des compagnies 15 juillet. Daniel Pearl, âgé de tren- ver que la police avait violé les aériennes. Par 310 voix contre 113, la Chambre, à majorité républicaine, s'est te-huit ans, chef du bureau du Wall droits de leur client en révélant son prononcée pour l’armement des pilotes qui le souhaitent, afin qu'ils soient Street Journal pour l’Asie du Sud arrestation le 12 février, alors qu’il en mesure de défendre leur appareil et leurs passagers en cas d'attaque ter- avait disparu à Karachi, la capitale était détenu depuis une semaine. roriste. Le texte voté par les députés prévoit de telles autorisations pour économique du Pakistan, le 23 jan- Selon plusieurs sources, Omar plus de 70 000 pilotes, sous réserve de leur formation à l’usage des armes, vier. Il enquêtait sur d’éventuels Saeed Cheikh s’était rendu le alors que les dirigeants républicains et démocrates de la commission des liens entre des militants au Pakistan 5 février aux services secrets pakista- transports de la Chambre entendaient limiter cet armement à une petite et Richard C. Reid, qui avait été arrê- nais et ceux-ci ne l’auraient remis partie des pilotes seulement. Le projet envisage aussi de donner quatre- té en décembre sur un vol Paris- que le 12 février à la police. vingt-dix jours à l’Administration chargée de la sécurité des transports pour Miami avec des chaussures bour- Agé de vingt-neuf ans, Omar fournir aux compagnies demandeuses des armes non léthales, comme des rées d’explosifs. Saeed Cheikh est un ancien étu- pistolets neutralisants. Le Sénat doit encore se prononcer sur cette législa- Dans son réquisitoire final, le pro- diant de la London School of Econo- tion. – (AFP, AP.) cureur Raja Qureshi a affirmé que mics. Il avait rejoint les mouve- les preuves contre les quatre hom- ments extrémistes islamistes après mes étaient éclatantes et il a rejeté un séjour en Bosnie, il y a une dizai- tan. Selon l’accusation, Omar Saeed tion de la souveraineté pakistanai- les arguments de la défense comme ne d’années, puis s’était entraîné en Cheikh a attiré Daniel Pearl dans un se, demandaient notamment un « problèmes purement techniques ». Afghanistan. En 1994, il avait été piège sous prétexte de lui organiser meilleur traitement pour les prison- Les avocats du principal accusé, envoyé en Inde au nom d’un mouve- un rendez-vous avec un mollah niers détenus sur la base américaine Ahmad Omar Saeed Cheikh, ment cachemiri pour enlever des pakistanais qui a très vite été mis de Guantanamo à Cuba. Le FBI citoyen britannique d’origine pakis- étrangers contre la libération du hors de cause. Daniel Pearl a dispa- avait retracé l’origine de ces messa- tanaise, et de ses trois coaccusés, maulana Massoud Ahzar, un des ru devant un restaurant du centre ges sur l’ordinateur de l’un des accu- avaient plaidé l’acquittement de chefs de la guérilla au Cachemire. Il de Karachi et a été détenu, selon la sés, Fahad Naseem. L’assassinat de leurs clients. Ils avaient affirmé que avait alors été arrêté par les autori- police, dans un faubourg de ce port. Daniel Pearl avait été révélé par une les preuves étaient inconsistantes tés indiennes et relâché avec Mas- Les restes d’un corps, qui pourrait vidéo, qui a été montrée au procès. ou qu’elles avaient été fabriquées soud Ahzar, le 31 décembre 1999, être celui du journaliste, ont été pour apaiser l’administration améri- contre la libération des passagers découverts en mai à Karachi mais Françoise Chipaux 4/LE MONDE/VENDREDI 12 JUILLET 2002 INTERNATIONAL

Le débat à l’ONU sur la Cour pénale internationale Une tempête meurtrière confirme l’isolement des Etats-Unis a balayé Berlin Une troisième proposition de « compromis », présentée par les Américains, BERLIN. Au moins trois personnes, dont maintient l’exigence d’un régime d’exemption général pour leurs GI deux enfants, ont trou- vé la mort, mercredi NEW YORK (Nations unies) insistent toujours sur la généralité ; part des orateurs ont dit compren- jamais suscité la moindre préoccu- 10 juillet au soir, lors de notre correspondante or l’exemption par le recours à l’arti- dre les préoccupations américai- pation à Washington ». La France, de chutes d’arbres – et S’il existait encore des doutes cle 16 doit être examinée au cas par nes et plaidé en faveur d’une solu- a-t-il dit, serait prête à discuter plusieurs autres ont sur l’isolement total de Washing- cas. » La proposition américaine tion « pragmatique » pour sortir d’une solution « dans les limites été blessées – à Berlin ton dans sa guerre contre la Cour devait faire l’objet de discussions, de l’impasse, aucun n’a accepté la qu’autorise le droit ». à la suite d’une tempê- pénale internationale (CPI), ils ont mercredi soir à Washington, entre position américaine ni demandé « La position de la France, telle te ayant provoqué été définitivement dissipés lors du le ministre français des affaires l’exemption pour ses propres res- que présentée par l’ambassadeur d’importants dégâts premier débat public qui s’est tenu étrangères, Dominique de Ville- sortissants. Les deux voisins des Levitte, est exemplaire », a estimé matériels. Des arbres sur ce sujet, mercredi 10 juillet, au pin, et son homologue américain, Etats-Unis, le Canada et le Mexi- Richard Dicker, de Human Rights ont été déracinés, des Conseil de sécurité de l’ONU. Tour Colin Powell. Elle pourrait, disait- que, ont été particulièrement Watch. Les militants des droits de automobiles endom- à tour, les représentants d’une qua- on mercredi soir, « diviser les Euro- intransigeants. Prenant la parole l’homme ont été particulièrement magées et des terras- rantaine de pays ont pris la parole péens ». en premier, l’ambassadeur du surpris par l’intervention de la ses de cafés se sont pour réaffirmer leur engagement Lors du débat, en tout cas, les Canada, Paul Heinbecker, qui Malaisie, qui pourtant, lors des envolées par de fortes  / envers la CPI et rejeter vigoureuse- négociations du traité de la Cour, rafales de vent. «La ment les exigences des Etats-Unis, avait joué un rôle « extrêmement tempête était tellement forte que des gens ont dû s’accrocher à des qui demandent une immunité per- A défaut d’accord... néfaste ». « Nous aussi, nous avons poteaux d’éclairage », raconte un témoin. L’aéroport de Berlin-Tegel a manente pour tous les personnels Le porte-parole du ministère français des affaires étrangères a affirmé, mer- des préoccupations concernant la été fermé au trafic et la circulation des trains entre Berlin et Ham- participant aux opérations de credi 10 juillet, que la France, « comme la Grande-Bretagne et l’ensemble des CPI, a dit l’ambassadeur Hasmy bourg a été interrompue. – (AFP, Reuters.) maintien de la paix. Le traité sur le membres du Conseil de sécurité, souhaite profondément qu’en fin de semaine le Agam. Il aurait été plus commode statut de la CPI, créée pour juger Conseil puisse aboutir à une solution répondant aux préoccupations américaines pour nous de ne pas participer à ce les auteurs de génocide, de crimes tout en respectant pleinement le statut de la Cour pénale internationale ». A pro- débat, mais nous sommes obligés de Bruxelles craint que la croissance de guerre et crimes contre l’huma- pos de la force de police des Nations unies en Bosnie (Minubh), il a indiqué nous exprimer contre ceux qui décri- nité, est entré en vigueur le qu’à défaut d’un accord d’ici la fin de la semaine la France soutiendrait un pro- vent la CPI comme étant une mena- creuse les déficits er 1 juillet, malgré les résistances de jet de résolution présenté par la Bulgarie proposant de prolonger le mandat de ce contre la paix et la sécurité inter- Washington. la mission jusqu’au 31 décembre. « Pour répondre à la préoccupation américai- nationales. » BRUXELLES. Le Commissaire européen Pedro Solbes ne cache pas ne, nous pourrions, comme le suggère le secrétaire général, ajouter à ce texte un son inquiétude sur l’évolution des finances publiques au Portugal, en «  ’ » paragraphe soulignant la primauté de compétence du Tribunal international «   » Italie, en France et en Allemagne, alors que les ministres des finances Après le débat, mercredi, les pour l’ex-Yougoslavie sur la CPI. Si cette solution ne pouvait être acceptée par les Au nom de la Jordanie, seul pays de la zone euro se réunissent jeudi 11 juillet. La Commission engagera Américains ont présenté un nou- Etats-Unis, la France apporterait tout son soutien au projet de résolution déposé arabe à avoir ratifié le statut de la une procédure pour déficit excessif à l’encontre du Portugal, dès qu’il veau projet de résolution, le troisiè- par la Grande-Bretagne permettant un retrait ordonné de la Minubh et sa relève, CPI, le Zend Rada Zend sera officiel que les déficits publics ont dépassé, en 2001, 3 % du pro- me, qui invoque l’article 16 du sta- le 1er novembre, par la Mission de police de l’Union européenne. » al-Hussein a évoqué avec émotion duit intérieur brut (PIB). « Je suis convaincu que le 3 % a été dépassé, tut de la CPI, permettant au Con- le Musée de l’Holocauste, à Wash- mais je n’ai pas de document officiel », explique M. Solbes. Si cette seil de sécurité de l’ONU de sus- ington. Selon lui, toute action du situation perdure en 2002, « cela posera une difficulté majeure ». pendre une enquête ou des pour- représentants d’une quarantaine avait demandé le débat, a critiqué Conseil contre la CPI « serait une M. Solbes veut aussi des explications de l’Italie, qui a annoncé un défi- suites pour une période d’un an de pays, signataires ou non du sta- la proposition américaine, qui façon de conforter les criminels de cit en 2003 et 2004, contrairement à ses engagements. « On ne peut renouvelable. « Inacceptable » en tut de Rome créant la CPI, ont pris reviendrait, selon lui, à placer les demain ». Malgré ce front uni, pas arriver à un accord un jour et faire juste après le contraire de ce l’état, le texte américain a suscité, la parole pour dénoncer le « faux forces de maintien de la paix « au- l’ambassadeur américain n’a pas qu’on a dit ». M. Solbes s’inquiète de ce qu’avec le retour de la crois- pour la première fois, de l’optimis- dilemme » imposé par les Etats- dessus de la loi internationale ». varié : « Certains estiment que les sance, les Etats membres, comme la France qui est sous surveillance, me chez certains : « L’affaire n’est Unis, qui les oblige à choisir entre Leur compromis est « illégal », Etats-Unis dramatisent la question soient tentés de lâcher la bride. – (Corresp.) pas bouclée, nous dit un ambassa- la CPI et les opérations de main- nous a déclaré M. Heinbecker. de la CPI. Je dis que ce sont les parti- deur, mais nous avons l’impression tien de la paix. Washington mena- Le Mexique a lui aussi rejeté sans de la Cour qui dramatisent à que les Américains ont compris leur ce, en effet, d’opposer son veto au « un régime d’exemption général ». propos de la solution pragmatique Festivités à Rabat pour le mariage défaut d’analyse. » Selon lui, «ilne renouvellement du mandat de la Dans un discours salué par les mili- que proposent les Etats-Unis. » John serait pas impossible que Washing- police des Nations unies en Bosnie tants des droits de l’homme, l’am- Negroponte n’a cependant plus du roi du Maroc Mohammed VI ton accepte un nouveau compro- si ses exigences ne sont pas prises bassadeur de France a mis l’accent menacé de retirer les troupes amé- mis ». en compte d’ici au 12 juillet. Tous sur la primauté de compétence du ricaines des Balkans. RABAT. Le mariage du roi Mohammed VI, 38 ans, avec Salma Benna- D’autres, en revanche, s’inquiè- les intervenants ont catégorique- Tribunal pénal international pour Le Conseil de sécurité devait exa- ni, 24 ans, sera célébré à partir du vendredi 12 juillet, à Rabat, dans tent : « Dans le texte précédent, les ment refusé les propositions améri- l’ex-Yougoslavie (TPIY) dans les miner le nouveau projet de résolu- une atmosphère de festivité et de folklore traditionnels, mais avec un Américains demandaient l’immuni- caines qui reviennent à un « amen- Balkans. La CPI, a dit Jean-David tion de Washington jeudi certain souci de sobriété. Les célébrations officielles couronnent l’acte té générale et pour toujours, expli- dement du statut de Rome », lequel Levitte, « offre aux Etats-Unis des 11 juillet. de mariage proprement dit, conclu à huis clos le 21 mars. Mais les fas- que un diplomate. Maintenant ils est « en dehors des compétences » garanties beaucoup plus substantiel- tueuses cérémonies initialement prévues à Marrakech avaient été ont renoncé à la perpétuité, mais du Conseil de sécurité. Si la plu- les que le TPIY, qui pourtant n’a Afsané Bassir Pour reportées en raison du « drame vécu par le peuple palestinien ». Les cérémonies n’ont pas donné lieu à l’octroi d’un jour férié. Des festivi- tés très colorées seront toutefois organisées, avec notamment un défi- lé de troupes folkloriques dans Rabat, et une grande cérémonie publi- La Russie propose à ses objecteurs un service civil de trois ans et demi que, vendredi, sur le Méchouar – la place devant le Palais royal où seront reçus les invités nationaux et étrangers. – (AFP.) MOSCOU Ce texte « permet à la Russie de devenir un dats, 40 000 conscrits désertent chaque année. de notre correspondante pays civilisé et rend son armée plus humaine »,a Et près de 4 000 à 5 000 appelés meurent, essen- Il en était question depuis des années, c’est estimé le chef de la commission des affaires tiellement par suicide, d’après certaines associa- Une femme premier ministre chose faite : le service militaire alternatif fait internationales du Conseil de la Fédération, tions. Le droit à un service alternatif, bien l’objet d’une loi en Russie. Mais le texte adopté Mikhaïl Marguelov, faisant fi du tollé qu’avait qu’inscrit dans la Constitution, n’était pas de Corée du Sud mercredi 10 juillet par le Conseil de la Fédéra- provoqué l’adoption du texte par la Douma, le reconnu jusqu’alors, et les objecteurs de tion n’a rien à voir avec le projet que défen- 19 juin. « Les appelés qui ne veulent pas avoir à conscience risquaient la prison. SÉOUL. Pour la premiè- daient les libéraux et les organisations non gou- faire avec l’armée préféreront aller en prison », Il y a quelques mois, les autorités de Nijni- re fois, une femme a vernementales. Sous la pression du lobby mili- s’était alors insurgé le député libéral Alexandre Novgorod avaient donné leur aval à une expé- été désignée, jeudi taire, la Douma (Chambre basse du Parle- Baranikov (Union des forces de droite). « Faire rience permettant à vingt et un jeunes pacifis- 11 juillet, au poste de ment), puis le Conseil de la Fédération, se sont un service alternatif de trois ans et demi est une tes d’effectuer un service civil dans un hôpital, premier ministre de prononcés pour un service alternatif propre à punition », avait estimé le député centriste Vla- moyennant 500 roubles par mois (16 euros). La Corée du Sud. Le prési- décourager tout objecteur de conscience. dimir Boutkeïev. dernière lecture à la Douma a sonné le glas de dent Kim Dae-jung a La loi, qui entrera en vigueur en janvier 2004, l’expérience : les jeunes gens se sont entendu nommé Chang Sang, prévoit que la durée du service civil sera de «   » dire que le temps qu’ils avaient passé dans cet âgée de 62 ans, doyen- trois ans et demi (contre deux ans pour le servi- Grigori Iavlinski, le dirigeant du parti libéral hôpital ne compterait pas comme temps de ser- ne de l’université fémi- ce militaire) et de vingt et un mois pour les Iabloko, avait, pour sa part, affirmé que le vice. « La loi qui est passée sous la pression direc- nine Ehwa à Séoul, à la diplômés de l’enseignement supérieur. Les débat avait consisté « à transformer un projet de te de l’état-major va contre les intérêts de la Rus- tête d’un cabinet dont objecteurs de conscience devront faire la preu- loi sur le service alternatif en loi sur l’esclavage sie et ceux de la société civile, avait alors affirmé six postes ont été rema- ve de leurs convictions et effectueront ce servi- alternatif ». La plupart des jeunes Russes cher- Boris Nemtsov, le dirigeant de l’Union des for- niés. Le ministre de la ce en dehors de leur région de résidence. Ils chent à échapper au service militaire, non seule- ces de droite, ancien gouverneur de Nijni- défense, Kim Dong- pourront être envoyés dans un établissement ment en raison de la guerre en Tchétchénie, Novgorod. Elle est réactionnaire et entrave la shin, dont l’opposition

militaire, comme un hôpital ou une usine, sans mais aussi à cause du bizutage meurtrier dont réforme militaire. » avait demandé la  -/ leur consentement. La durée sera alors de trois les appelés font l’objet pendant la première démission après l’ac- ans, ou de dix-huit mois pour les diplômés. année. Selon l’organisation des mères de sol- Marie-Pierre Subtil crochage naval du 29 juin avec la marine nord-coréenne, a été remplacé par Lee Jun. Ce remaniement intervient à l’approche d’élections législati- ves partielles, le 8 août, que l’opposition pourrait remporter. – (Corresp.) Le vice-président américain est poursuivi pour fraude  a ETATS-UNIS/IRAK : Mohammed Nour al-Din Saffi, un beau-fils George W. Bush annonçait, mardi, une sévérité renforcée pour la « criminalité d’entreprise » du président irakien Saddam Hussein, de nationalité néo- zélandaise, arrêté la semaine dernière à Miami, en Floride, pour NEW YORK sur son site Internet l’existence nous représentons. Nous réclamons charges en chiffre d’affaires. «La défaut de visa adéquat, a été expulsé vers la Nouvelle-Zélande, lundi de notre correspondant d’une vidéo réalisée en 1996 dans des millions et des millions de dol- commission mènera ses investiga- 8 juillet, ont annoncé les services américains de l’immigration. Il Moins de vingt-quatre heures laquelle M. Cheney fait la promo- lars », a-t-il ajouté. Le titre Halli- tions jusqu’au bout quelles qu’en n’avait pas été en mesure de présenter un visa d’étudiant, alors qu’il après le discours de George Bush à tion d’Andersen et vante « ses judi- burton a perdu 70 % de sa valeur soient les conclusions. Si quelqu’un prévoyait de prendre des cours de pilotage à Aeroservice, à Miami, Wall Street annonçant la plus gran- cieux conseils sur la façon d’agir lors des deux dernières années. a violé la loi, nous le poursui- une école fréquentée par un des terroristes présumés des attentats du de sévérité pour la « criminalité mieux et au-delà des procédures Dans un communiqué, le direc- vrons », avait déclaré son prési- 11 septembre 2001. – (AFP.) d’entreprise », une organisation normales d’audit ». teur financier du groupe énergéti- dent, Harvey Pitt, le 30 juin sur la a ETATS-UNIS : 31 personnes, dont trois ayant des liens avec les terro- anticorruption, Judicial Watch, a que, Doug Foshee, affirmait mer- chaîne de télévision ABC. Pour le ristes du 11 septembre, ont été arrêtées depuis le 24 juin dans le cadre engagé mercredi 10 juillet une pro- «   » credi que « ces accusations sont moment, M. Cheney n’a pas été d’une enquête sur une fraude leur ayant permis d’obtenir des visas cédure contre le vice-président, Selon l’acte d’accusation déposé fausses, sans fondement et sans réali- interrogé ni même approché par américains au Qatar entre juillet 2000 et mai 2001 de l’ambassade amé- Dick Cheney, et la société Hallibur- par Judicial Watch devant la Cour té ». Interrogé à ce sujet, le porte- la SEC. ricaine de Doha. – (AFP.) ton dont il a été le PDG d’octo- fédérale de Dallas (Texas), où se parole de la Maison Blanche, Ari Judicial Watch se présente com- a RUSSIE : l’ancien directeur adjoint de la compagnie russe Aero- bre 1995 à août 2000. L’organisa- trouve le siège d’Halliburton, l’en- Fleischer, s’est contenté de dire, me une organisation non partisa- flot, Nikolaï Glouchkov, un ami proche de Boris Berezovski, a plaidé tion accuse le groupe spécialisé treprise « s’est engagée dans une mercredi, que le vice-président ne mais penche nettement du non coupable, mardi 9 juillet, devant le tribunal de Moscou où s’est dans la recherche pétrolière fraude massive, afin de tromper les considère « cette plainte sans côté conservateur. Elle avait déjà ouvert un procès contre lui et deux de ses anciens collègues. M. Glou- d’avoir gonflé son chiffre d’affai- actionnaires, les investisseurs poten- objet ». attiré l’attention en lançant plu- chkov, Alexander Krasnenker et Lidia Krijevsaïa, sont accusés d’avoir res de 445 millions de dollars tiels et les marchés financiers sur sa La SEC (Securities Exchange sieurs procédures contre l’admi- détourné une partie des 252 millions de dollars réunis, du printemps entre 1999 et 2001. situation financière réelle et la Commission) – l’autorité des mar- nistration Clinton et en obtenant 1996 à l’automne 1997, par Andava, société basée en Suisse qui a La plainte met aussi en cause les valeur de ses titres ». « Cheney est chés – a ouvert, à la fin du mois de des courriers électroniques rela- recueilli 80 % des devises dont disposaient les représentations d’Aéro- membres du conseil d’administra- poursuivi en tant que participant mai, une enquête sur d’éventuel- tifs à l’affaire Monica Lewinsky et flot à l’étranger. Bien que la société Andava ait été créée par tion et le commissaire aux comp- direct et complice des actes fraudu- les manipulations comptables par au financement du Parti démocra- M. Berezovski, celui-ci ne figure pas parmi les accusés. Mardi, dans tes de l’entreprise, le cabinet leux », a expliqué, mercredi, Larry Halliburton. Après l’acquisition te. Judicial Watch a engagé une Kommersant, quotidien russe qu’il contrôle, le milliardaire exilé à Lon- Arthur Andersen. Ce dernier certi- Klayman, le président de Judicial pour 6 milliards de dollars de autre procédure cette année afin dres réagit à un article publié dans Le Monde du 6 juillet en affirmant fiait aussi les bilans d’Enron et a Watch lors d’une conférence de Dresser industries en 1998, lui per- d’obtenir les documents de l’équi- que ses affaires dans l’immobilier en France « n’ont jamais eu de rap- été jugé coupable le 15 juin « d’obs- presse. mettant de devenir le numéro un pe ayant travaillé sous la direction port avec l’argent d’Aeroflot, ni avec les sociétés Andava et Forus ». «Je truction à la justice » dans cette « Halliburton a surévalué ses pro- mondial de son secteur, la société de Dick Cheney sur la politique n’ai jamais caché que je fais en France des affaires dans l’immobilier, et affaire – la plus grande faillite de fits et causé un important préjudice a changé de méthodes compta- énergétique du gouvernement. avec un grand succès, parce que le prix de l’immobilier dans le sud de la l’histoire des Etats-Unis. Le Wall à de nombreux citoyens américains, bles. Elle aurait transformé alors France augmente très vite ces dernières années », précise-t-il. Street Journal a révélé, mercredi, des petites gens. » « Ce sont eux que plus de 100 millions de dollars de Eric Leser LE MONDE/VENDREDI 12 JUILLET 2002/5 UNION EUROPÉENNE

La Grande-Bretagne assouplit sa législation sur le cannabis

Les consommateurs – quatre adolescents sur dix disent avoir fumé – ne seront plus interpellés et ce stupéfiant sera rangé dans la même catégorie que les antidépresseurs et les stéroïdes. Ces mesures permettront à la police de donner la priorité à la lutte contre les drogues dures

LONDRES peine maximale de deux ans de pri- fumeurs de joints dans certaines cir- de notre correspondant son qui n’est pratiquement jamais LES STATUTS JURIDIQUES DU CANNABIS DANS CINQ PAYS EUROPÉENS constances « aggravantes », par Elle semble bien lointaine l’épo- prononcée. A l’avenir, ils ne risque- exemple à la sortie d’une école. que – c’était à la fin des années ront plus d’être arrêtés. Ils rece- 1-Législation 2 - Sanction 3 - Utilisation médicale L’assouplissement de la législa- 1960 – où des policiers londoniens vront un « avertissement » et leur tion anti-stupéfiants vise un objec- Allemagne faisaient irruption dans l’apparte- drogue sera confisquée. • 1-La loi n'interditpas la consommation desproduits stupéfiants mais elle érige en infractionspénales tif : consacrer le maximum de ment de Ringo Starr, le batteur des En mars, un comité d’experts toutes les opérationsquiles concernent(fabrication, commerce, détention, etc). moyens à la lutte contre les dro- 2 - Plus de 90%desprocédures engagéespour la détention d'une quantitédecannabis ne dépassantpas Beatles, avant d’y saisir 40 gram- avait recommandé de revoir la clas- • gues dures. Le porte-parole de mes de marijuana. Aujourd’hui, 4 sification du cannabis, « dispropor- 10 grammessont abandonnées. Tony Blair soulignait, mercredi : 3 - L'utilisation du cannabis est autorisée pour la recherche scientifique adolescents britanniques sur 10, tionnée par rapport à son caractère • « Les vrais problèmes sont ceux pro- dont un sur quatre âgé de moins de nocif et à sa nature ». Le ministre de Espagne • 1-La loi organiquede1992, a érigé la consommation desproduits stupéfiants dans les lieux publics en voqués par les drogues de la classe A 15 ans, avouent avoir fumé au l’intérieur a suivi cet avis. Mais il infraction administrativegrave. – l’héroïne, le crack, l’ecstasy – et ce moins une fois du cannabis. Le phé- souligne que le déclassement du 2 - En règle générale, toute sanction est excluelorsquela quantitédétenuenedépasse pas 50 grammes. sont eux qui doivent retenir notre nomène est si massif qu’il contraint cannabis n’équivaut pas à sa dépé- • attention ». Cette politique est loin le gouvernement à assouplir, pour nalisation : la détention, le commer- France • 1-L'usage de produits stupéfiants est puni d'une peine de prison d'un anet d'une amende de 3750 €. de faire l’unanimité. Le Parti conser- la première fois depuis trente ans, ce et le trafic de cannabis demeu- • 2 - En 1999, une directivedu ministèredela justice demande de considérer l'emprisonnementpour usage vateur accuse le pouvoir de placer la législation anti-drogue. rant des délits. Pour ne pas être de drogue comme dernierrecours. la société « devant la perspective Le ministre de l’intérieur, David accusé de laxisme, M. Blunkett a • 3 - En automne, le Marinol (médicament contenant dessubstance de cannabis) devrait être autorisé à d’une catastrophe ». Blunkett, a annoncé mercredi annoncé un durcissement des pei- usage thérapeutique. 10 juillet aux Communes son inten- nes frappant les trafiquants de stu-   tion de rétrograder le cannabis de péfiants de classe C qui encourront Pays-Bas • 1-Bien qu'elles constituent des infractionspénales,la venteet la culturedu cannabissonttolérées. La mesure annoncée mercredi la classe B à la classe C. La classe B désormais jusqu’à 14 ans de prison • 2 -Jusqu'à 5grammes,la détention et la ventedans les « coffee shop » sonttolérées. revient à étendre à l’ensemble du comprend les drogues douces, la (au lieu de 5 ans). Il a également • 3 -Depuis le9juillet 2002, une loi autorisela culture, l'importation et la ventedu cannabis à des fins pays l’expérience pilote conduite thérapeutiques. classe C regroupe les tranquillisants refusé d’avaliser un rapport parle- depuis un an dans l’arrondissement et les stéroïdes. La nouvelle législa- mentaire qui recommandait, en de Lambeth, dans le sud de Lon- Italie • 1-La possession et l'usage personnel de cannabis constituentune infraction administrative. tion entrera en vigueur au plus tard mai dernier, de déclasser l’ecstasy : • 2 -Un simple avertissement est donné pour la première infraction en cas de possession de cannabis à dres, notamment dans les rues du en juillet 2003. Actuellement, la poli- « Toutes les drogues sont nocives, cel- usage personnel. centre de Brixton, considéré com- ce a le droit d’arrêter les détenteurs les de classe A sont mortelles, et l’ecs- 3 -Troisrégions ont demandé l'autorisation d'utiliser le cannabis à des fins de recherche médicale. me un « supermarché de la dro- de petites quantités de cannabis. tasy tue ». S’agissant du cannabis, la • gue ». Au lieu de perdre leur temps Ces derniers risquent même une police continuera à interpeller les Source : Sénat et l'Observatoireeuropéen des drogues et de la toxicomanie à traquer les fumeurs de cannabis, les policiers y privilégient la répres- sion contre les trafiquants de crack Les critiques et d’héroïne. Selon les derniers chif- « Les pays européens ont tendance à supprimer les mesures pénales » fres officiels, plus de 100 000 jeunes de l’ex « M. Drogue » de 16 à 24 ans et 200 000 adultes La décision du ministre de l’inté- LA POSITION du gouvernement français a le bis restent un délit. La loi du 31 décembre 1970 sanctions administratives sont appliquées. A fument du crack au Royaume-Uni. rieur britannique d’assouplir la légis- mérite d’être claire. Le ministre de l’intérieur, prévoit une peine d’emprisonnement d’un an défaut de modifier les lois, des directives ont Le pays a le chiffre record en Euro- lation sur le cannabis, en le rétrogra- Nicolas Sarkozy, l’a rappelé, mercredi 10 juillet, ou une amende pouvant atteindre 3 750 euros été prises pour mettre le simple usager à l’abri pe de morts par la drogue. dant de la classe B (drogues douces) en présentant son projet de loi sur la sécurité : pour un simple consommateur. Dans les faits, de trop lourdes condamnations. L’expérience de Lambeth, fait à la classe C ( qui regroupe les tran- « La nocivité de toutes les drogues doit être recon- la procédure se termine généralement par un Les Pays-Bas, souvent cités en exemple, pos- valoir la police, a permis de « libé- quillisants et les stéroïdes) a été nue et la dépénalisation de l’usage de certains « rappel à la loi » sans poursuites pénale. sèdent des lois sévères réprimant l’usage et la rer » plus de 1300 heures de travail vivement critiquée par Keith Hel- produits stupéfiants rejetée. » En cela, le minis- possession de stupéfiants par des peines de pri- pour les officiers qui peuvent ainsi lawell, qui fut pendant trois ans le tre de l’intérieur reprend les positions du Sénat ’  - son. En réalité, le cannabis y est toléré de facto s’occuper des trafiquants les plus « M. Drogue » du premier ministre qui, au début du mois de juillet, avait estimé, « Les pays européens ont tendance à suppri- en raison de l’application de différentes directi- dangereux. Pourtant, cette opéra- Tony Blair. dans un rapport d’une commission d’enquête, mer les mesures pénales contre la consomma- ves. Sans aller aussi loin, la Cour constitution- tion semble loin d’être concluante. Cet ancien officier de police accu- que la dépénalisation du cannabis serait « catas- tion de cannabis », souligne Danilo Bellotta, un nelle de Karlsruhe, en République fédérale d’Al- Dans le centre de Brixton, une ving- se le gouvernement d’envoyer un trophique » et que l’attitude de ceux qui la prô- des responsables de l’Agence des drogues et de lemagne, a demandé en 1994 de suspendre les taine de dealers traînent dans les « mauvais message aux parents, aux nent était « irresponsable ». la toxicomanie. « Malgré des législations différen- mesures pénales lorsqu’il n’y a pas « intérêt » rues, jour et nuit. A 10 livres (15,6 enfants, et au public en général » Dès le mois de mars, le débat avait fait irrup- tes sur la répression des drogues, une réflexion pour la société de poursuivre un usager de can- euros) le « rock », la boule de crack, avant d’ajouter : « Les propres con- tion dans la campagne électorale présidentielle, s’élabore depuis quelques années sur l’opportuni- nabis. ils entretiennent à eux seuls un mar- seillers du ministre de l’intérieur lorsque, au détour d’une phrase, Lionel Jospin té d’appliquer des sanctions pénales. L’exemple Seules la Grèce, la Finlande et la Suède inter- ché annuel estimé à plus de 18 mil- reconnaissent, eux-mêmes, que le avait lâché que « fumer un joint chez soi [était] de la directive française du 17 juin 1999 est révé- disent strictement toute consommation. Selon lions d’euros). Selon les statistiques cannabis est une substance dange- sans doute moins dangereux que boire de l’alcool latrice, poursuit-il. Elle demande de considérer Danilo Bellotta, « ils utilisent la loi comme instru- officielles, ne courent qu’un risque reuse, qu’il y a un lien entre le canna- avant de conduire ». Plusieurs candidats, parmi l’emprisonnement pour usage de drogue comme ment de dissuasion, convaincus qu’une société sur 85 d’être arrêtés. Pour pouvoir bis et les drogues plus dures, et que lesquels Noël Mamère et Olivier Besancenot, dernier recours. » sans drogue est possible ». les inculper, la police doit les inter- de plus en plus de jeunes consomma- s’étaient alors déclarés favorables à une dépé- L’Espagne, l’Italie, le Portugal et le Luxem- peller en flagrant délit. teurs demandent à suivre une cure nalisation du cannabis. bourg ne prévoient pas de sanctions pénales Nicolas Bourcier de désintoxication ». En France, l’usage comme le trafic de canna- pour usage personnel de cannabis. Seules des et Yann Laurent Jean-Pierre Langellier Michel Barnier : « Les agriculteurs ne veulent pas être des assistés sociaux » Plusieurs commissaires se sont opposés à la proposition de réforme de la PAC adoptée par la Commission européenne le 10 juillet

BRUXELLES « Je me suis opposé à ce texte », ge contredit l’idée même de l’éco- vers plus d’extensivité ou de respect les Pays-Bas ou l’Autriche, persi- Michaele Schreyer, a voté contre de notre bureau européen affirme au Monde M. Barnier qui nomie rurale ». de l’environnement », accuse fle un fonctionnaire. « C’est une ce projet, estimant qu’il mainte- Avec l’Espagnole Loyola de Pala- se dit toutefois « solidaire » de la Au fil des ans, estime-t-il, les M. Barnier. réforme très libérale », accuse nait les dépenses à un niveau trop cio, ancienne ministre de l’agricul- décision du collège, qui a approu- citoyens risquent de contester la La Commission n’a pas fait M. Barnier. « A quoi cela sert-il de élévé. ture de son pays, le commissaire vé le texte. « C’est plus qu’une légtimité des aides octroyées pour d’étude d’impact de ses proposi- parler d’Europe forte si on a des La Commission veut baisser le français Michel Barnier, proche de réforme, c’est une rupture », esti- des raisons historiques et non pas tions et M. Barnier n’exclut pas politiques faibles ? ». prix de soutien des céréales, par- Jean-Pierre Raffarin, s’est opposé me-t-il, contestant que les aides pour soutenir la production. A ter- que le découplage conduise à une Pour Mme de Palacio, les Euro- ce que le plan d’aide américain ris- en vain, mercredi 10 juillet, au pro- agricoles puissent être totale- me, leur évolution – donc le reve- concentration de la production péens font la même chose que les que de peser sur les cours. Mais jet de réforme de la politique agri- ment indépendantes – décou- nu des agriculteurs – risque d’être vers les bassins agricoles les plus Américains en 1996. Ces derniers comment expliquer aux agricul- cole commune (PAC) présenté plées – de la production agricole. soumis à des contraintes avant riches, ce qui ne serait bon ni pour ont dû revenir en arrière, mais ce teurs européens qu’il faut les devant la Commission européen- « Les agriculteurs ne demandent tout budgétaires. l’aménagement du territoire ni serait beaucoup plus difficile pour aider moins parce les Américains ne par le commissaire autrichien pas à être des assistés sociaux. Ils De plus, « le découplage prive la pour l’environnement. les Européens, vue la lenteur des aident plus leurs fermiers ? «Ilya responsable de l’agriculture, ont envie et besoin de vivre de leurs PAC d’un outil pour réguler la pro- Une politique en faveur d’une prises de décision à Bruxelles. un risque politique », s’inquiète Franz Fischler. produits » Pour lui, « le découpla- duction, y compris pour l’orienter agriculture extensive aurait gêné M. Barnier.   Enfin, estiment les détracteurs « Si on veut faire une vraie réfor- de la réforme, la Commission ne Hostilité des paysans me pour que la PAC coûte moins respecterait pas le mandat qui lui Le gouvernement allemand est pour, M. Stoiber contre cher au moment de l’élargissement, a été donné pour négocier devant français et allemands on peut le faire en décidant une cer- l’Organisation mondiale du com- La Fédération nationale des syndi- FRANCFORT rait déjà modifier les modalités de compare aux exploitations de taine dégressivité des aides aux gran- merce (OMC). Le commissaire au cats d’exploitants agricoles (FNSEA) de notre correspondant la PAC, mais ses ambitions avaient l’ouest du pays, dont la superficie des exploitations tout en préservant commerce Pascal Lamy était cen- et son homologue allemand, le Le projet de réforme de la politi- été contrecarrées par Jacques Chi- est beaucoup plus modeste. Elles les aides à la production pour les sé faire reconnaître des aides par- Deutscher Bauernverband (DBV) – que agricole commune (PAC) susci- rac. toucheraient en moyenne petites exploitations », estime tiellement liées à la production. dont les présidents, Jean Michel te des réactions contrastées en L’Allemagne est par ailleurs sen- 750 000 euros, et elles voient donc M. Barnier. Mais dans ce cas-là, En proposant de les déconnecter, Lemétayer et Gerd Sonnleitner, se Allemagne. Sur le fond, le gouver- sible à la philosophie de la réfor- d’un mauvais œil le plafonnement « il faut tout mettre à plat ». l’Europe se mettrait en position sont rencontrés mercredi 10 juillet à nement du chancelier Gerhard me, qui prend ses distances avec imaginé par Bruxelles La réforme proposée se ferait à délicate. Paris – ont publié une déclaration Schröder se félicite du plan initié une logique productiviste. « La pro- (300 000 euros par ferme). Le prin- budget constant. C’est d’ailleurs commune « rejetant » les proposi- par la Commission, quitte à appa- tection de l’environnement, celle des cipal syndicat agricole allemand (le pourquoi la Verte allemande, Arnaud Leparmentier tions de réforme de la PAC. « Il n’y a raître en profond désaccord avec animaux et celle du consommateur DBV) a fait part de son opposition. pas actuellement de dérapage des Paris. La ministre de l’agriculture, sont enfin en harmonie avec la poli- Une autre voix critique s’est fait dépenses communautaires, mais l’écologiste Renate Künast, estime tique agricole », a ainsi estimé entendre, celle du rival de me une stabilité », ont-ils indiqué, et que la réforme proposée ouvre M Künast. Egalement en charge M. Schröder lors des législatives du « la modulation, le plafonnement et « la voie à une nouvelle politique de la protection des consom- 22 septembre. le versement sous condition des agricole européenne ». mateurs, cette dernière a été nom- aides vont à l’encontre de la compéti- Cet enthousiasme s’explique mée en pleine crise de la vache   tivité de l’agriculture et du secteur avant tout pour des raisons finan- folle ; elle plaide inlassablement Dans un entretien au quotidien agroalimentaire européen ». Pour cières : plus gros contributeur au pour une agriculture plus respec- La Tribune, Edmund Stoiber, les deux responsables, qui ne sont budget communautaire, Berlin, tueuse de l’environnement. Toute- actuel ministre-président de la cependant pas hostiles à « une évo- craint de voir son effort financier fois, le plafonnement des aides Bavière, un Land doté d’une forte lution, après 2006, de la politique augmenter dans la perspective de directes suscite de sérieuses réser- tradition agricole, a jugé « tout à agricole », les propositions de la l’élargissement de l’Union, en ves au sein même du gouverne- fait impossible » une réforme avant Commission reviennent à « affaiblir 2004. ment et dans les milieux ruraux. l’élargissement, « sauf à mettre l’Europe face à l’offensive exportatri- Car il fait peser une menace sur les celui-ci en péril ». Il plaide plutôt ce américaine ».   grandes exploitations issues de la pour lancer le chantier de la PAC La Confédération paysanne esti- Les dirigeants allemands plai- République démocratique alle- entre 2004 et 2006, une fois que les me, elle, que les propositions favori- dent pour une remise à plat de l’ac- mande. nouveaux promus seront ferme- seront « le productivisme ». Hervé tuel dispositif avant l’adhésion des Au lendemain de la chute du ment arrimés à l’Union. En cas de Gaymard, ministre de l’agriculture, pays candidats : à leurs yeux, les Mur et de la réunification, les victoire électorale, M. Stoiber affir- s’oppose « à toute réforme anti- bénéficiaires de la PAC, dont la anciennes fermes collectives sont me vouloir dégager un compromis cipée, avant 2006, de la PAC » et France, doivent partager la manne parvenues à tirer leur épingle du entre la France et l’Allemagne juge « insuffisantes, contestables ou existante avec les futurs membres. jeu, en particulier grâce à l’actuelle pour régler ce délicat dossier. trop floues les orientations de En 1999, lors du sommet euro- PAC. Leurs performances sont tout Bruxelles ». péen de Berlin, M. Schröder espé- à fait honorables, quand on les Philippe Ricard 6/LE MONDE/VENDREDI 12 JUILLET 2002 FRANCE social

Dans l’entretien qu’il a accordé au Monde, Jean- dans les  publics et accuse ses prédéces- 1995 par le gouvernement Juppé, a été « un échec 11 juillet, un  du régime général de 2,4 mil- François Mattei,    ,dela seurs d’avoir financé les 35 heures au détriment de qui a probablement coûté [à la droite] les élections liards d’euros pour 2002. L’assurance-maladie enre- famille et des personnes handicapées, estime que le ’-. Il estime que la tentative de 1997 et a nui à la gauche ». La commission des gistre un déficit de 5,6 milliards d’euros ; les autres gouvernement a hérité de « situations explosives » de maîtriser les   , lancée en comptes de la Sécurité sociale a annoncé, jeudi branches ne sont que faiblement excédentaires. Jean-François Mattei : « La dernière tentative pour sauver la “Sécu” » « Depuis vingt ans nous avons tout essayé », explique, dans un entretien au « Monde », le ministre de la santé, pour qui la « maîtrise comptable » des dépenses de santé a été un échec. Il entend « faire confiance aux professionnels de santé » et s’engage à ne pas « augmenter les cotisations »

LE TEXTE de cet entretien a été la population, du coût des nouvel- Le mot « malaise » est un euphé- relu et amendé par M. Mattei. les technologies médicales et de la misme. C’est le résultat d’une dégra- Vous présidez, pour la premiè- recherche du mieux-être. Il faut ces- dation progressive. Les hôpitaux re fois, la commission des comp- ser de dire qu’il est nécessaire de Jean-François ont dû rogner sur les dépenses de tes de la Sécurité sociale qui « maîtriser », « contenir » et poser Mattei, en mai 2002. personnels, de soins et d’investisse- annonce un retour des déficits. la question du niveau de ces dépen- Le ministre ment. Aujourd’hui, près de 50 % Quelles sont vos solutions ? ses dans le budget de la nation en de la santé des hôpitaux publics sont en défi- Ce gouvernement a déjà innové faisant la part de l’assurance-mala- s’alarme cit. La paupérisation des murs, le en créant un ministère de la santé die, celle des assureurs complémen- de la situation vieillissement des équipements et autonome, responsable à la fois de taires et celle laissée aux usagers. des hôpitaux publics. les problèmes de personnels expli- l’assurance-maladie et de la santé L’Ondam [l’Objectif national des « Aujourd’hui, quent la tension extrême. Dès cette publique. C’est très important. Je dépenses d’assurance-maladie, voté près de 50 % année, j’ai dû provisionner 400 mil- constate que, aujourd’hui, le systè- chaque année par le Parlement sur des hôpitaux publics lions d’euros pour financer la mon- me se caractérise par son opacité, proposition du gouvernement]ne sont en déficit. tée en charge des comptes épargne- sa complexité et que cette commis- doit plus être calculé uniquement La paupérisation temps des professionnels de l’hôpi- sion fonctionne trop comme une sur des critères budgétaires mais des murs, tal qui ne pourront pas prendre chambre d’enregistrement. Je ne sanitaires. Je souhaite surtout que le vieillissement immédiatement leurs 35 heures, et suis pas sûr de vouloir garder les le projet de loi de financement de des équipements trouver 300 millions d’euros supplé- choses en l’état. la « Sécu » pour 2003 soit précédé et les problèmes de mentaires pour honorer les proto- Les comptes montrent une situa- d’un vaste débat d’orientation. personnels expliquent coles professionnels et les mesures tion préoccupante, la croissance Excluez-vous une augmenta- la tension extrême », catégorielles décidés par le précé- des dépenses ne s’est pas infléchie tion des cotisations, l’allonge- affirme-t-il. dent gouvernement. On nous a lais-

mais, surtout, le précédent gouver- ment du RDS, le remboursement /  sé des situations explosives. nement a utilisé les ressources de la de la dette sociale ? Qu’en est-il du plan « Hôpi- « Sécu » pour financer des poli- Il n’y aura ni étatisation, ni priva- succès si elle n’est pas construite Que répondez-vous aux méde- priorités de santé publique ? tal 2007 » annoncé par M. Raffa- tiques éloignées de son objet. Les tisation. La « Sécu » est la proprié- avec eux. La confiance est le maître cins libéraux, de plus en plus La France est le pays qui a le rin ? 35 heures ont ainsi ponctionné té, le bien commun de tous. Je suis mot de cette nouvelle approche. nombreux à réclamer la réouver- meilleur système de santé dans le Ce plan se fera en deux temps. environ 5 milliards d’euros dont la un libéral tempéré. Je le redis : il L’accord de revalorisation des ture du secteur à honoraires monde, mais, sur la prévention, elle D’abord un état des lieux, puis la moitié sur l’assurance-maladie. Si n’est pas question d’augmenter les médecins généralistes rentre-t-il libres ? est très mal placée. Nous avons en question du rôle donné aux on rendait cet argent, nous cotisations. L’allongement du rem- dans ce cadre ? Pour le moment, il n’en est pas matière de mortalité avant 60 ans régions. J’espère obtenir le feu vert n’aurions pas le même affichage… boursement de la dette sociale L’accord du 5 juin, basé sur l’en- question. Mais je vis cette deman- les pires chiffres d’Europe. Chaque du premier ministre pour mettre en Si je suis conscient du déficit, je le n’est pas évoqué, car aucun arbitra- gagement moral des profession- de comme une attente de revalori- jour, il y a 50 décès liés au tabac, 30 œuvre le plan quinquennal d’inves- relativise. Nous ne sommes pas au ge n’a encore été rendu. nels à respecter des bonnes prati- sation chez les spécialistes, dont le par suicide, 30 par accidents domes- tissement de 6 milliards d’euros, bord d’une crise financière majeu- Vous laissez donc filer les ques médicales, notamment sur la prix de la consultation n’a pas été tiques, 25 sur les routes et 11 morts promis par Jacques Chirac pendant re. Le déficit du régime général, dépenses ? prescription de génériques, apparaî- augmenté depuis 1995. Au-delà, je du sida par semaine. C’est un pro- la campagne. Dans la discussion à 2,4 milliards d’euros, ne représente Depuis vingt ans, nous avons tra plus tard comme un accord fon- crois qu’il n’y aura plus lieu d’avoir blème culturel. Nous avons très venir sur la régionalisation, je sou- que 1 % des dépenses totales, qui tout essayé. La maîtrise de l’offre, à dateur. Ce n’était pas seulement la un écart entre généralistes et spé- peu de lieux en France qui ensei- haite déconcentrer en transfor- s’élèvent à 232 milliards. Alors que travers la politique de numerus solution à une crise, mais le pre- cialistes, d’autant que la médecine gnent valablement la santé publi- mant les Agences régionales d’hos- nous avons eu quatre années de clausus, a abouti à la situation dra- mier acte ouvrant une nouvelle épo- générale va devenir une spécialité que. Il faudrait créer une grande ins- pitalisation en agences régionales croissance, il est dommage que la matique de pénurie que nous con- que. en 2004 du fait de la réforme des titution du type de la London Scho- de santé. Les régions pourraient gauche n’en ait pas profité pour fai- naissons aujourd’hui. La maîtrise Vous avez quand même toléré études. Il faudra peut-être créer ol britannique, pour former des éli- prendre en charge le parc hospita- re les réformes de structure néces- comptable de 1995 a été également les dépassements illégaux d’ho- une rémunération de base complé- tes. Nous n’avons pas le droit de lier comme elles le font pour les saires. un échec qui nous a probablement noraires… tée en fonction des critères de péni- rater cette occasion : c’est dans la lycées. Cela dépendra du vote de la Lesquelles proposez-vous ? coûté les élections de 1997 et qui a Après cette situation d’urgence, bilité, de contrainte et de responsa- prévention que l’on trouvera des loi. Je demande d’abord à ce que l’on nui cette fois à la gauche. Je vais je n’ai pas l’intention de transiger bilité. L’idée d’une consultation à économies. change d’état d’esprit. La croissan- essayer une dernière tentative : fai- avec les dépassements. S’ils persis- plusieurs niveaux tarifaires me sem- Partagez-vous le constat d’un Propos recueillis par ce des dépenses de santé est inéluc- re confiance aux professionnels de tent, il y aura des sanctions et je ble une bonne piste. profond malaise dans les hôpi- Sandrine Blanchard table en raison du vieillissement de santé. Aucune réforme n’aura de n’interviendrai pas. Quelles sont, selon vous, les taux publics ? et Isabelle Mandraud L’assurance-maladie accuse un lourd déficit Des « mécanismes d’incitation » pour parer Le trou de la « Sécu » devrait atteindre, en 2002, 2,4 milliards d’euros au problème de la démographie médicale

APRÈS trois années d’excédents Les dépenses ont progressé beau- MAUVAISE répartition géogra- pénurie », regrette le ministre de la même qu’un pédiatre qui consacre (1999, 2000 et 2001), le régime RETOUR DU DÉFICIT coup plus vite que ce que l’Ondam, phique des professionnels de san- santé, qui parle même de « pénurie une demi-heure à un enfant en bas général de la Sécurité sociale Résultats durégime général, lui-même en hausse de 4 % par rap- té, baisse inquiétante des voca- diabolique ». Désormais, « nous âge gagne tout autant correctement renoue avec une tradition presque en milliards d'euros port à 2001, avait fixé : 5,6 % con- tions dans certaines spécialités, sommes obligés de prendre des sa vie qu’un radiologue qui fait pen- familière de son histoire : le déficit. 2001 2002 (prévisions) tre 2,6 %, soit un dépassement de diminution du nombre de prati- mesures », reconnaît-il. « Dans le dant une demi-heure des radios », Selon les prévisions de la commis- 3,1 milliards d’euros sur 112,8 mil- ciens à partir de 2005 : le problème cadre de la régionalisation, les futu- considère M. Mattei. e sion des comptes de la « Sécu », l u ss liards. de la démographie médicale consti- res agences régionales de santé Le devenir de l’observatoire de a die d t la . il réunie jeudi 11 juillet, l’année 2002 o cc a ieille mille Les 10,3 milliards de recettes sup- tue, assure Jean-François Mattei, auront notamment pour tâche de la démographie médicale voulu T Ma A av V Fa devrait s’achever par un solde tr plémentaires engrangées en 2001, « une préoccupation prioritaire du gérer la démographie médicale », par le gouvernement Jospin est, négatif de 2,4 milliards d’euros. Si année faste, ont, elles, fondu. A lui gouvernement ». Le ministre de la précise M. Mattei. pour l’instant, suspendu. « Cet 7 l’assurance-maladie apparaît seule 7 seul, le produit de la CSG attribué santé a installé, mercredi 10 juillet, observatoire est une bonne idée, un 1, 1, ,4 1,5

0 «    »

dans le rouge (-5,6 milliards 1,1 au régime général avait augmenté une mission « démographie médi- bon projet, mais je ne suis pas sûr, 1,1 d’euros), les autres branches ne dis- 0 de 4 % (4,1 milliards d’euros) en cale » chargée de formuler des pro- Pour résoudre le problème de la aujourd’hui, que la configuration posent pas de marges très florissan- 2001. Le financement du Forec, le positions d’ici le 15 novembre. Pré- répartition géographique, le minis- prévue – 82 membres – soit la plus

tes. La branche vieillesse bénéficie ,1 fonds d’allégement de charges lié, sidé par Yvon Berland, doyen de la tre envisage « que soient mis au opérationnelle. J’attends la conclu- 2 ,4 – du creux démographique de la 2 en partie, aux 35 heures (14,9 mil- faculté de médecine de Marseille, point des mécanismes fiscaux d’inci- sion de la mission pour me pronon- seconde guerre mondiale, qui ne – liards d’euros en 2002 contre et constitué de cinq membres (un durera pas ; les accidents du travail 10,9 milliards en 2000) et celui du généraliste, un infirmier libéral, un sont soumis à de fortes dépenses fonds de réserve des retraites ont, étudiant de troisième cycle, un Les autres dossiers prioritaires en raison, notamment, de l’amian- semble-t-il, pesé lourd. représentant de l’assurance-mala- Outre le dossier de la démographie médicale, M. Mattei va « très prochai- 6 te ; la famille « finance de nombreu- La complexité des transferts n’a die et un praticien hospitalier en nement » mettre en place deux autres « groupes de travail ». L’un sera consa- ses mesures nouvelles ». Bref, «la –5, rien arrangé. D’un côté, l’Etat s’est gynécologie-obstétrique), ce grou- cré à la permanence des soins et présidé par le docteur Charles Descours, période d’aisance prend fin », cons- Source : Comptes de laSécurité sociale, juil. 2002 délesté sur la « Sécu ». Les cotisa- pe de travail devra plancher sur sénateur honoraire, l’autre portera sur la formation médicale continue et tate François Monier, secrétaire tions prises à sa charge ont ainsi « une nouvelle organisation de sera dirigé par Dominique Laurent, conseillère d’Etat. Le choix de ces deux général de la commission. supplémentaire par rapport à l’Ob- fortement diminué, de 68 % en l’exercice des différentes professions thèmes n’est pas anodin. Cette situation permet au minis- jectif national des dépenses d’assu- 2000 à 7,2 % en 2001 ; de l’autre, il de santé » afin de « garantir à la La longue grève des gardes des médecins généralistes et la surcharge des tre de la santé, Jean-François Mat- rance-maladie (Ondam), voté par a apporté des recettes fiscales nou- population un accès satisfaisant aux services d’urgence ont posé avec acuité le problème de la permanence des tei, à qui incombe la tutelle sur la le Parlement à l’automne 2001. velles, mais insuffisantes. L’équili- soins ». soins. Les médecins de famille réclament que les gardes s’organisent sur la Sécurité sociale, de critiquer vio- L’ensemble est-il surévalué ? bre du Forec, dont le principe figu- Le sujet n’est pas nouveau. A la base du volontariat et soient rémunérées en tant que missions de service lemment l’héritage socialiste. «La Dans un communiqué publié mar- re dans la loi, « ne serait pas tout à suite de plusieurs rapports alertant public. Quant à la formation médicale continue, elle faisait aussi partie des vérité qu’il nous faut dire aux Fran- di, la Caisse nationale d’assurance- fait assuré dans l’état actuel des pré- les pouvoirs publics sur le vieillisse- revendications des praticiens libéraux, qui demandent, notamment, du çais, c’est que nos prédécesseurs ont maladie (CNAM) estimait que les visions », indique M. Monier. Le ment, la féminisation et la diminu- temps pour s’y consacrer. conduit une politique imprévoyante prévisions de 8 % de croissance des déficit du FSV, qui alimente le tion du corps médical, Bernard en nous laissant le soin de payer soins de ville « paraissent un peu Forec mais aussi l’allocation per- Kouchner, le prédécesseur socialis- aujourd’hui la facture », devait-il fortes ». La Caisse « opte plutôt sonnalisée d’autonomie (APA), te de M. Mattei, et Elisabeth Gui- tation à l’installation » dans les cer », précise le ministre. Une cho- déclarer en introduction de la réu- pour un scénario central à 7,5 % devrait atteindre 1,3 milliard gou, l’ancienne ministre des affai- zones rurales ou périurbaines défi- se est sûre, le numerus clausus, pas- nion. « Le gouvernement précédent d’évolution » et pointe la progres- d’euros. res sociales, avaient décidé, il y a citaires. Pour éviter que certaines sé à 4 700 places cette année, (…) a surfé sur une reprise mondiale sion des arrêts maladie, utilisés, M. Mattei a néanmoins l’inten- quelques mois, de relever le nume- spécialités (obstétrique, chirurgie, devrait continuer à augmenter aux dont il a, on le sait, gaspillé par selon elle, « plus souvent que par le tion de plaider, à Matignon et à rus clausus, d’organiser un « Ségur anesthésie, pédiatrie) soient déser- alentours de 5 200 en 2003. Ce chif- ailleurs les fruits », indique le texte passé comme mode de gestion de fin Bercy, pour une nouvelle hausse de la démographie médicale » et de tées, M. Mattei prône, là encore, fre ne suffira pas. « Il faudrait fixer de son intervention – transmis au de carrière ». des dépenses de santé avec un créer un observatoire (Le Monde un système d’« incitation ». «Être le numerus clausus à 7 500 pour Monde par le cabinet du ministre. Ondam compris entre 6 et 7 %. A du 5 mars). La gauche partie, la un obstétricien ou un réanimateur maintenir la densité médicale à son Les estimations de la commis- «   » ses collègues du gouvernement qui droite reprend le dossier en souhai- toujours sur la brèche mérite proba- niveau actuel (331 médecins pour sion retiennent les mêmes hypothè- Selon la commission, plusieurs l’accusent d’être un « ministre tant, elle aussi, en finir avec le mal- blement d’être mieux considéré », 100 000 habitants) », soulignait, en ses économiques que l’audit des facteurs expliquent la dégradation dépensier », il répond : « On oublie thusianisme qui a prévalu ces der- estime le ministre. 2001, un rapport de la direction finances publiques remis au pre- des comptes : le ralentissement de toujours le côté positif du monde de nières années dans la sélection à Outre la prise en compte de la générale de la santé. Et il faut au mier ministre, mais il prend aussi la croissance des recettes, la « très la santé, un secteur économique pri- l’entrée des facultés de médecine. pénibilité, il envisage aussi de « dif- moins dix ans pour former un prati- en compte les effets des mesures forte » augmentation des dépenses mordial en terme d’emplois et d’en- Entre 1980 et 1993, le numerus férencier » les spécialités pure- cien. décidées ou approuvées en 2002 de santé et l’apparition d’un « défi- treprises. » Le ministre estime éga- clausus est passé de 7 120 places à ment intellectuelles et les spéciali- En attendant, la réduction du par le gouvernement Raffarin, cit important » du Fonds de solida- lement qu’avec ou sans le Medef – 3 500. Un resserrement qui com- tés techniques. « Un pédiatre n’a temps de travail et la mise en place dont la revalorisation tarifaire des rité vieillesse (FSV). S’agissant des dont il devrait bientôt rencontrer mence à se faire sentir. pas d’appareil, il a ses cinq sens, un du repos de sécurité au lendemain médecins généralistes. Le coût de recettes, « la décélération de la mas- les responsables –, le paritarisme « Je ne comprends pas qu’en psychiatre a la parole, l’écoute, c’est des gardes vont accentuer le pro- ces mesures pour l’assurance-mala- se salariale du secteur privé, dont des caisses de sécurité sociale vingt ans il n’y ait eu aucun cligno- tout, et ils ne peuvent pas compléter blème de la démographie médica- die représente 790 millions d’euros dépendent 70 % des recettes du régi- devra être « modernisé ». tant qui se soit allumé et qu’on se le temps passé avec le malade par le, qui touche aussi les infirmières. en 2002 – soit 1,6 point de plus me général, est de l’ordre de soit acharné sur un numerus un électrocardiogramme ou une pour les soins de ville et 0,7 point 2,5 points », souligne M. Monier. I. M. clausus sans voir qu’on allait vers la endoscopie. Il va bien falloir quand S. Bl. LE MONDE/VENDREDI 12 JUILLET 2002/7 FRANCE Le RPR convoque ses dernières assises M. Mer renvoie à septembre avant de se dissoudre définitivement dans l’UMP la décision d’une baisse supplémentaire des impôts Michèle Alliot-Marie demande que les militants puissent élire le futur président du parti en faisant valoir les « droits acquis » hérités du mouvement gaulliste La réduction de 5 % sera reconduite en 2003

ADHÉRENT depuis 1978, IL AURA fallu plus de vingt-qua- ment, de faire un coup en 2002 pour Michel, l’un des « gros bras » du tre heures au ministre de l’écono- le reprendre en 2003. Que les choses RPR, est confiant. L’UMP ne trou- mie et des finances, Francis Mer, et soient claires là-dessus ». Et d’ajou- vera « pas de meilleurs profession- Michèle Alliot-Marie, au ministre délégué au budget, ter que cette première étape ne pré- nels » que lui et ses collègues du ser- ministre Alain Lambert, pour préciser leurs jugeait en rien des modalités futu- vice d’ordre pour assurer le filtrage de la défense, intentions en matière de baisse des res de la baisse des prélèvements. à l’entrée des réunions et la sécuri- et Alain Juppé, prélèvements et sortir ainsi de la « Il n’y a pas que l’impôt sur le reve- té rapprochée des personnalités du président de l’UMP, confusion qui avait entouré l’an- nu », a-t-il ajouté, précisant : mouvement. Tandis que le comité ont tenu nonce d’une « reconduction en « Nous pouvons jouer sur le moral politique du RPR se réunit à huis une conférence 2003 » de la baisse de l’impôt sur le des troupes, mais aussi sur celui des clos, mercredi 10 juillet, pour enté- de presse, revenu (Le Monde du 11 juillet). entreprises. Et il nous faut tenir riner la mort annoncée du parti, mercredi 10 juillet, Ce qui est acquis, à ce jour, est la compte de l’évolution de la conjonc- Michel explique encore que cette au siège du RPR, « consolidation » du « rabais sur ture et des événements extérieurs. » perspective aurait été « toute diffé- à l’issue d’une facture » accordé cette année, a rente après un échec aux élections ». réunion à huis clos déclaré M. Mer : la réduction de    Avant la réunion, les 76 salariés du du comité politique 5 % de l’impôt sur le revenu sera De fait, entre les promesses fisca- RPR ont reçu l’assurance d’être du parti gaulliste. « reconduite » en 2003. Elle devrait, les de Jacques Chirac durant sa tous reclassés au sein de l’UMP. selon le directeur de son cabinet, campagne présidentielle, les enga- Au même moment, dans les sous- « être inscrite dans le marbre », vrai- gements européens de la France en sols du siège du parti, boulevard de semblablement au moyen d’un matière d’assainissement des finan- Latour-Maubourg à Paris, l’un des abaissement des tranches du barè- ces publiques et le ralentissement derniers gaullistes historiques, me. Quant à la décision de procé- de la croissance, qui n’irait « pas

Lucien Neuwirth, ancien sénateur,  / der ou non à une baisse supplémen- au-delà de 1,4 % en 2002 », selon apporte sa caution à cette muta- taire de l’impôt l’année prochaine, M. Mer, le gouvernement Raffarin tion. Un autre, Jacques Baumel, qui tementaux, qu’elle considère com- Dutreil, secrétaire d’Etat aux peti- pas plus bêtes que les socialistes. » elle sera annoncée en septembre, a est situation difficile. Dans le quoti- dirigea l’UNR après le retour au me autant de « droits acquis ». tes et moyennes entreprises, doit Par prudence, la direction provi- ajouté, jeudi 11 juillet, M. Lambert dien allemand Berliner Zeitung,le pouvoir du général de Gaulle en C’est à cette condition que l’entrée faire des propositions avant la fin soire de l’UMP a déjà opté pour sur RTL. commissaire européen chargé des 1958, rappelle que c’est « la quatriè- du RPR dans l’UMP, déjà adoptée du mois. Philippe Douste-Blazy, une création en deux temps du nou- La réduction de 5 % de l’IR béné- affaires économiques, l’Espagnol me fois depuis 1947 » que le mouve- par le bureau politique le 24 avril, a secrétaire général de l’UMP, comp- veau parti. Après le congrès fonda- ficiera, dès cette année, à tous les Pedro Solbes, a d’ailleurs indiqué ment gaulliste change d’appella- été entérinée mercredi – à l’unani- te, lui, sur la campagne d’adhé- teur de l’automne, destiné à adop- contribuables, soit 16 millions de que la France pourrait faire l’objet tion. « L’essentiel, c’est de ne pas per- mité, moins une abstention – par le sions qui sera lancée à la rentrée ter les statuts, choisir un nouveau foyers, qui verront réduit de 5 % le d’une procédure d’« alerte préco- dre nos valeurs », dit-il, avant d’en comité politique. Elle doit encore pour recruter des militants encore nom et élire une équipe de direc- solde de l’impôt 2002 à payer à ce » en raison du niveau de son énumérer trois : « l’autorité de être validée, définitivement cette non encartés qui feraient contre- tion, un autre congrès aurait lieu l’automne. Cette réduction s’appli- déficit public. l’Etat, la cohésion de la nation, l’uni- fois, par des assises extraordinai- poids aux adhérents venus du RPR. en 2003, où – comme au Parti socia- que aux revenus d’activité « pour Sur fond de rentrées des recettes té de la République ». Alain Juppé, res, le 21 septembre à Villepinte liste – les militants se prononce- favoriser le travail et l’initiative », en diminution (– 6,7 milliards président de l’UMP, puis François (Seine-Saint-Denis). D’ici là, les   «  » raient sur des motions d’orienta- mais pas aux revenus soumis à pré- d’euros) et d’augmentation des Fillon, numéro trois du gouverne- principaux dirigeants du RPR iront Dans certaines fédérations en tion. « Avant de marquer nos diffé- lèvement libératoire ou à un taux dépenses (+ 7,5 milliards d’euros, ment et représentant du courant faire œuvre de « pédagogie » revanche, des militants gaullistes rences, il faut d’abord afficher ce qui d’imposition forfaitaire, comme les dont 2,55 milliards au titre de la national et républicain au sein du auprès des militants dans l’ensem- redoutent d’être coiffés par des nous unit », résume M. Juppé. Ce plus-values de cession de titres. La baisse de l’impôt sur le revenu), le RPR, expliquent en quoi la constitu- ble des régions. notables de l’UDF, que leur impose- n’est donc qu’au printemps pro- baisse portera sur l’impôt brut, solde du budget de l’Etat est fixé à tion du futur parti procède de la vic- La fondation de l’UMP, prévue le rait d’autorité la direction nationa- chain, un an après la victoire de la c’est-à-dire avant l’application des 46 milliards d’euros dans le collec- toire de Jacques Chirac à l’élection 20 ou le 27 octobre, recèle en effet le de l’UMP. Pour apaiser ces crain- droite, que réapparaîtraient, le cas réductions, des crédits d’impôt et tif budgétaire – soit une hausse de présidentielle. un certain nombre de chausse-trap- tes, M. Juppé préconise de créer, échéant, les clivages entre gaullis- de la prime pour l’emploi (PPE). 50 % par rapport aux 30,45 mil- La dernière présidente du RPR, pes. Avec 85 000 adhérents revendi- avant la fin juillet, des bureaux pro- tes, centristes et libéraux et les riva- « Quel que soit le niveau de revenu, liards inscrits dans la loi de finan- Michèle Alliot-Marie, explique, qués à la fin de 2001, le RPR est de visoires de l’UMP, dans chaque lités, au sein même du camp chira- [cette réduction] s’appliquera de ces initiale par le gouvernement elle, que « le gaullisme, ce n’est ni loin la composante la plus impor- département, autour des parlemen- quien, entre les principales person- manière égale pour tous les contri- Jospin. Les ouvertures nettes de une boutique ni une part de mar- tante du futur parti. A l’UDF et à taires et des principaux élus. Reste, nalités de l’ex-RPR : M. Juppé, buables et ne modifiera pas la pro- crédits sur le budget général pré- ché ». Mais elle réclame des garan- DL, certains imaginent pondérer enfin, l’organisation des différen- M. Fillon, mais aussi Edouard Balla- gressivité de l’impôt », indique-t-on vues par le projet de loi de finances ties. La ministre de la défense insis- cette influence en attribuant un tes « sensibilités ». Comme le recon- dur, Jean-Louis Debré, Nicolas au ministère des finances. rectificative s’élèvent à 4,96 mil- te particulièrement sur l’élection plus grand nombre de mandats aux naît Josselin de Rohan, président Sarkozy, Philippe Séguin et quel- Mercredi, M. Mer avait assuré, à liards d’euros, dont 2,484 milliards du président de l’UMP par les mili- élus locaux et nationaux. Dans du groupe RPR du Sénat, ce n’est ques autres. propos de la baisse de 5 % de l’im- pour les seules dépenses sociales. tants et sur la ratification par la quelle proportion ? La commission « pas dans la culture de la droite ». pôt sur le revenu : « Il n’a jamais base du choix des secrétaires dépar- des statuts animée par Renaud « Mais, ajoute-t-il, nous ne sommes Jean-Louis Saux été question entre nous, au gouverne- Claire Guélaud

Alain Madelin envisage de créer A 75 ans, un gaulliste s’incline et s’en va La CFDT, le PS et le PCF une fondation libérale IL A PARTICIPÉ à tous les « rassemblements », a Habité par le gaullisme, il va jusqu’à loger le rejoint toutes les « unions ». RPF, UNR, UDR, RPR… mouvement dans les locaux de son entreprise critiquent les « contrats-jeunes» Parallèlement au RPR, Démocra- Les sigles passent, « mais c’est l’esprit, la direction, familiale de conserves, à Marmande. « Dans les tie libérale (DL) réunira le 21 septem- qui compte ». Pourtant, Jean-Claude Casse ne années 1970, l’entreprise a cessé son activité et je LE CONTRAT « jeunes en entreprise » adopté, mercredi 10 juillet, en bre une convention nationale pour rejoindra pas la troisième union, celle pour la majo- l’ai louée au mouvement », rappelle-t-il. C’est de conseil des ministres (Le Monde du 11 juillet), est vivement critiqué se prononcer sur son entrée dans rité présidentielle. A 75 ans, dont 55 passés derrière là qu’il dirige, bénévolement, le RPR local. Nom- par la CFDT. Dans un communiqué publié mercredi, la centrale syndi- l’UMP. Son président, Alain Made- « le Général », ce secrétaire départemental histori- mé secrétaire départemental par Paris en 1978, il cale regrette que « le gouvernement choisisse de légiférer sur un sujet lin, qui demeure discret depuis son que du RPR dans le Lot-et-Garonne, a décidé de exécute les directives du mouvement, fait remon- qui relève aussi du dialogue social ». Il propose aux entreprises «un échec à l’élection présidentielle, ne « laisser sa place ». La mort annoncée du mouve- ter les informations du département, et suggère contrat exonéré de charges sociales sans contreparties », déplore la veut « pas gêner Raffarin, ni de près ment gaulliste sonnera l’heure de sa retraite politi- les investitures, sans jamais chercher à se faire CFDT. Ce contrat « pêche par la faiblesse de la formation proposée » et ni de loin ». Il n’envisage pas, à l’heu- que. Son départ tombe bien : il n’était pas « invi- élire : « Je suis un militant. N’ayant aucune ambi- risque de concurrencer l’apprentissage et les formations en alternan- re actuelle, d’organiser un courant té » à participer aux instances départementales tion, j’étais beaucoup plus libre de penser », fait-il ce, tout en offrant aux jeunes non qualifiés « un avenir incertain », libéral à l’intérieur de l’UMP. Pour provisoires de l’UMP. Mais jusqu’au bout, il conti- remarquer. conclut la centrale. faire avancer ses idées, M. Madelin nuera à enregistrer les nouvelles adhésions au Jean-Marc Ayrault, président du groupe PS à l’Assemblée nationale, prépare la création, à la rentrée, RPR, pour prolonger la victoire de la droite dans les «   ’  » s’indigne de la fin annoncée des emplois-jeunes mis en place par la d’un nouveau club de réflexion, voi- trois circonscriptions de son département. «On La liberté de penser est-elle soluble dans gauche et qualifie de « tour de passe-passe » la mesure de François re d’une fondation libérale et euro- entre dans le parti gaulliste comme on entre en reli- l’UMP ? S’il ne voit « pas de gaîté de cœur » la dispa- Fillon. Le Parti communiste dénonce ces « embauches de jeunes au péenne. Au sein de l’UDF, Hervé de gion », professe-t-il. rition du RPR, M. Casse se refuse à tout procès d’in- salaire minimum » et les « maxi-cadeaux » qu’ils représentent pour Charette, président délégué, assure En 1947, à la naissance du Rassemblement pour tention. Il sait l’union indispensable – « la désaffec- l’employeur. de la même façon vouloir « soutenir la France (RPF), M. Casse est l’un des premiers à tion du corps électoral était telle… » – mais redoute Raffarin » et se méfie par avance s’engager derrière le général de Gaulle et une « cer- que le gaullisme n’y perde son âme. A propos de des « querelles de courants » au sein taine idée de la France ». En 1954, il suit Michel l’UMP, il ne dit pas « union », mais « fusion », et L’Assemblée adopte de l’UMP, tandis que Dominique Debré chez les Républicains sociaux, le général de s’interroge sur la pérennité de « l’esprit » gaullis- Paillé, délégué général au titre des Gaulle à l’UNR en 1959, adhère dix ans plus tard à te : « Le gaullisme n’est pas un parti, c’est un ras- adhérents directs, estime que l’UDR, avant de rejoindre le RPR dont il est, depuis semblement. Nous n’étions ni de droite ni de gau- le projet de loi sur l’amnistie « l’union doit prévaloir au moins jus- 1978, secrétaire départemental. Le refus de la défai- che : nous étions l’extrême centre. » qu’aux élections régionales et euro- te, un certain humanisme constituent les deux LES DÉPUTÉS ont adopté, mercredi 10 juillet, en première lecture, le péennes de 2004 ». piliers de son engagement. Soren Seelow projet de loi d’amnistie post-présidentielle, les députés UMP votant pour, les groupes PS, PC et UDF, contre (Le Monde du 11 juillet). Ce texte est le plus restrictif de la Ve République, excluant de l’amnistie plus d’une quarantaine d’infractions, auxquelles les députés ont ajou- 40 à 50 % des hélicoptères militaires inaptes aux missions longues té les atteintes à l’exercice du droit syndical, l’usage prohibé de fichiers informatiques et les actes de cruauté envers les animaux. Un rapport du Sénat juge que le vieillissement de la flotte française est un « handicap pour nos forces » Les infractions en matière de stationnement ne seront pas non plus amnistiées, lorsque le stationnement sanctionné est considéré comme LA DISPONIBILITÉ en opéra- te « perte de capacité » est « la chu- le rapporteur évoque un « handi- (HAP) pour l’appui-protection ? dangereux. Sont amnistiées, les peines de prison ferme égales ou infé- tions du parc des hélicoptères rele- te de l’entraînement des équipa- cap pour nos forces » face auquel Le sénateur du Cher rappelle rieures à trois mois et les peines avec sursis, égales ou inférieures à six vant de l’armée de terre française ges ». Les pilotes d’hélicoptères « aucune solution n’est aujourd’hui qu’il a déjà plaidé pour « une ver- mois. est au plus bas : seulement 40 à s’entraînent aujourd’hui à raison de apportée ». L’avancement de la sion unique et polyvalente du Tigre »  50 % de la flotte des hélicoptères de 150 heures par an, quand, il y a dix livraison du NH 90 a été écarté et au détriment d’une commande, par combat Gazelle et des hélicoptères ans, ils en étaient à 200 et que la nor- « il faudra gérer plus parcimonieuse- la France, de 70 HAP et de 50 HAC. a LIONEL JOSPIN : Daniel Vaillant (PS, Paris), proche de Lionel de transport Puma ou Cougar sont me de l’OTAN est de 180 heures. ment le parc » malgré l’arrivée de Actuellement à l’étude, une version Jospin, a déclaré, mercredi 10 juillet, dans les couloirs de l’Assemblée, aujourd’hui aptes à des missions de Ce sont les hélicoptères de trans- Cougar supplémentaires, réservés polyvalente de 150 hélicoptères qu’il était « hors de question pour lui de revenir sur la décision qu’il a pri- longue durée. Ce constat alarmant port qui connaissent « la pire des en priorité aux forces spéciales. dits HAD serait « une source éviden- se de ne plus être en responsabilité tel qu’il l’a été pendant des années ». émane de Serge Vinçon, sénateur situations », selon l’expression de La situation de la flotte des héli- te d’économie sur le moyen terme », L’ancien ministre de l’intérieur estime cependant que M. Jospin, avec (RPR) du Cher et rapporteur de la responsables militaires rapportée coptères de combat Gazelle n’est évaluée à 150 millions d’euros, puis- qui il a « bavardé longuement, amicalement »,a« toute sa place au commission des affaires étrangères par M. Vinçon. Le Puma devra res- guère différente, compte tenu du que l’entretien d’un parc homogè- PS ». et de la défense. ter en ligne jusqu’à l’arrivée de son fait que l’armée de terre ne peut ne sera moins cher. a ÉLECTIONS : le Conseil d’Etat a annulé, mercredi 10 juillet, Cette flotte d’hélicoptères militai- remplaçant, le NH 90, qui n’est pas mener de front le renouvellement Cette version, qui répond mieux l’élection de Dominique Gillot (PS), ancienne secrétaire d’Etat aux res a vieilli (les premiers Puma sont prévue avant 2011. de ce parc-là et celui de la flotte de aux besoins de l’armée de terre fran- personnes âgées, à la mairie d’Eragny-sur-Oise (Val-d’Oise), infirmant entrés en service il y a trente ans) ; transport. En principe, le Tigre, qui çaise, conforterait l’exportation du le jugement du tribunal administratif de Cergy-Pontoise qui l’avait elle n’a pas été renouvelée à «    » remplacera la Gazelle, fera son Tigre. Deux pays, l’Australie et l’Es- validée le 5 octobre 2001. Le Conseil d’Etat met notamment en cause temps ; elle est suremployée en opé- « D’ici là, écrit le sénateur, nos apparition en 2003. « La question pagne – pour une vingtaine d’uni- la diffusion d’un tract pendant la campagne contenant « des insinua- rations extérieures et, faute de cré- capacités vont notablement se dété- qui se pose, note M. Vinçon, est de tés chacun –, se sont déjà déclarés tions et des accusations graves » contre la liste adverse. La haute juridic- dits, elle manque de pièces de riorer. » Car les Puma tombent plus savoir comment valoriser au mieux intéressés par un Tigre polyvalent, tion a, en revanche, validé l’élection de Jean-Michel Bollé (Dv.d) rechange. « Plus le matériel s’use, souvent en panne du fait de leur l’utilisation de cet appareil » compte « à la condition, précise M. Vinçon, comme conseiller municipal de Redon (Ile-et-Vilaine), alors que le tri- écrit M. Vinçon, plus il réclame d’en- vieillissement et, surtout, « leur tenu de l’évolution du contexte stra- que l’armée française opte elle aussi bunal administratif de l’avait annulée. Le Conseil d’Etat a tretien et plus on sollicite les hélicoptè- équipement devient obsolète ». « La tégique. Faut-il produire, comme pour cette version ». considéré que M. Bollé n’avait pas dépassé le plafond de dépenses res restés disponibles. » chute de capacité sera plus qualitati- prévu, deux types de Tigre, une ver- autorisées. Une autre caractéristique de cet- ve que quantitative », au point que sion antichar (HAC) et une autre Jacques Isnard 8/LE MONDE/VENDREDI 12 JUILLET 2002 SOCIÉTÉ exploitation

L’intensification de la prostitution depuis l’ouverture ministre de l’intérieur, a annoncé, mercredi 10 juillet, pour la lutte contre les   et pour la décrit le profil des clients et estime qu’ils sont très des frontières à l’Est et les  des rive- qu’il préparait un    destiné à reconduire dignité des femmes. La perspective d’une répression nombreux en France. ’, confrontée à ce dos- rains victimes de nuisances conduisent le gouverne- à la frontière les prostituées étrangères. De son côté, accrue contre les prostituées est vivement critiquée sier, est divisée entre les pays partisans d’une règle- ment à ouvrir ce dossier complexe. Nicolas Sarkozy, Nicole Ameline, ministre déléguée à la parité, a plaidé par les associations. Le sociologue Daniel Welzer-Lang mentation et les abolitionnistes. Le gouvernement veut expulser les prostituées étrangères Devant l’arrivée massive des jeunes femmes venues d’Europe de l’Est et d’Afrique, le ministre de l’intérieur prépare une loi réprimant spécifiquement les étrangères. Parallèlement, un groupe de travail va étudier l’opportunité de mesures visant notamment à pénaliser les clients

EN ALTERNANT discours d’une de ses premières sorties sur ment du Nid : « Les mesures de chargé d’étudier l’opportunité de répressif et ouverture, le gouverne- le terrain pendant la campagne pénalisation envisagées relèvent nouveaux textes juridiques, et ment Raffarin semble décidé à s’at- législative une « action de nettoya- d’une politique à court terme. L’in- notamment la pénalisation du teler au dossier épineux de la prosti- Prostitution ge » aux riverains mécontents du terdiction est l’arme des faibles », client. tution. Ce sont ainsi successive- à Strasbourg 17e arrondissement de Paris. estime Bernard Lemettre, prési- Une orientation qu’Alain Juppé, ment Nicolas Sarkozy, ministre de (Bas-Rhin). Le ministre de l’intérieur souhai- dent de l’association. Le Mouve- maire (UMP) de Bordeaux, a antici- l’intérieur, puis Nicole Ameline, Devant la colère te aller plus loin que ces possibles ment français pour le planning pée. Voulant faire de sa cité une vil- ministre déléguée à la parité et à des riverains opérations « coup de poing » en familial a, lui, dénoncé des mesures le pilote en matière de lutte contre l’égalité professionnelle, qui ont des quartiers touchés réprimant spécifiquement les pros- « nuisibles à la santé publique » : la prostitution, M. Juppé, en asso- tenu à s’afficher sur ce terrain. par le racolage, tituées étrangères. Dans l’annexe « La clandestinité augmente les pri- ciation avec le préfet et le procu- Lors de la présentation au la municipalité de son projet de loi, il suggère de ses de risque. les conséquences en reur, a présenté en février un nou- conseil des ministres du 10 juillet a pris des arrêtés mettre en œuvre « des mesures sys- de son projet de loi d’orientation et d’interdiction tématiques d’éloignement » à l’en- de programmation sur la sécurité dans certaines zones. contre des « auteurs de racolage Une proposition de loi contre les clients intérieure, M. Sarkozy a annoncé D’autres maires actif ou passif », lorsqu’ils sont de Le député (PS) Christophe Caresche, adjoint à la sécurité du maire de Paris, la présentation, à la rentrée, d’un de province « nationalité étrangère ». La propo- a annoncé le dépôt, « avant la fin de la semaine », d’une proposition de loi projet de loi visant les prostituées ont pris des mesures sition demeure floue et ne laisse sanctionnant les clients de prostitué(e)s. Le texte envisage de punir de deux me étrangères. La veille, M Ameline similaires. pas d’étonner. La loi française n’in- ans d’emprisonnement et de 30 000 euros d’amende le fait de solliciter, d’ac- avait effectué une tournée noctur- On estime terdit pas la prostitution, mais la cepter ou d’obtenir, en échange d’une rémunération, des relations sexuelles ne sur les boulevards à Paris avec à 15 000 tolère. Le nouveau code pénal ne avec une prostituée, y compris de façon occasionnelle. Cette personne encour- l’association le Nid, association le nombre punit plus que le racolage actif, l’ex- rait également un suivi médico-judiciaire et une injonction de soins. Enfin, le d’aide aux prostituées, promettant de prostitué(e)s hibition sexuelle et le proxénétis- texte prévoit la création d’un Conseil national de prévention et de lutte d’« ouvrir un débat sur la prostitu- en France, me. Le projet de M. Sarkozy serait contre la prostitution et la traite des êtres humains, chargé de faire des étu- tion ». dont la moitié de créer une nouvelle infraction ne des et des propositions pour améliorer la prévention dans ce domaine. Voilà des semaines que la polémi- à Paris. concernant que les prostituées « Notre raisonnement est simple : il existe des prostituées parce qu’il y a une que enfle à propos des nuisances étrangères, qu’elles soient en situa- demande. Si on supprime cette demande, l’offre s’appauvrira », explique le liées à ces activités nocturnes com- tion régulière ou non. Il pourrait député socialiste. Sa proposition est largement inspirée des travaux de la com- me diurnes. Depuis dix ans, la pros- passer par l’inscription dans la loi mission d’enquête parlementaire sur l’esclavage moderne présidée par Christi- titution s’est beaucoup développée d’une peine d’interdiction du terri- ne Lazerges en décembre 2001.

dans les grandes villes. Avec  /  toire sanctionnant toute personne l’ouverture des frontières aux étrangère coupable de racolage ou anciens pays du bloc communiste ce. Devant cet afflux, les riverains constitué contre l’« arrêté libertici- d’exhibitionnisme sexuel. termes de contamination du sida ris- veau dispositif s’appuyant sur la et l’intensification des trafics de des quartiers nouvellement tou- de » et a demandé à plusieurs avo- En s’inscrivant dans une démar- quent d’être dramatiques. » législation existante : il s’agit de traite d’êtres humains, le phénomè- chés par le racolage ont manifesté, cats de mener « une guérilla juridi- che plus sécuritaire, le gouverne- Face à cette fronde, Nicole Ameli- sanctionner pour racolage et exhi- ne, alors circonscrit à quelques mil- parfois violemment, contre les que » pour son retrait. ment semble revenir sur l’inflexion ne s’est efforcée de moduler le dis- bitionnisme le client surpris à l’ap- liers de femmes, a explosé, selon la prostituées, comme à Strasbourg. donnée le 26 janvier par les dépu- cours répressif. Lors de sa visite proche ou en compagnie d’une police. De nombreux élus ont réclamé des «    » tés de l’ancienne Assemblée natio- auprès de prostituées, mardi prostituée. « Nous souhaitons frap- L’Office central pour la répres- mesures immédiates. Sans atten- Les élus de l’opposition à Paris se nale, qui avaient adopté à l’unani- 9 juillet, la ministre s’est d’abord per le proxénète à la caisse en décou- sion des trafics d’êtres humains dre, certains maires ont pris des sont aussi saisis du sujet. Claude mité une proposition de loi visant à prononcée contre la réouverture rageant le client », a affirmé le pré- (Ocreth) estime aujourd’hui le nom- arrêtés d’interdiction d’exercice de Goasguen, président du groupe DL mieux protéger les victimes de la des maisons closes : « Cela ne ferait fet de Gironde. Douze clients ont bre de prostitué(e)s à 15 000 per- la prostitution dans les centres-vil- au Conseil de Paris et député du « traite des êtres humains ». Les qu’entériner la prostitution tradition- ainsi déjà été verbalisés et condam- sonnes, dont la moitié dans la capi- les : depuis la fin mai, c’est le cas 16e arrondissement, avait proposé associations n’ont pas manqué de nelle sans régler les nouveaux problè- nés à une amende ; quatre autres tale. Certaines associations citent successivement de Strasbourg, au conseil municipal du 24 juin l’in- le relever. Claude Boucher, respon- mes », comme la traite des jeunes ont été mis en examen et seront le chiffre de 20 000. Le profil des Orléans, Aix-en-Provence et Metz. terdiction de la prostitution dans sable du Bus des femmes, ne déco- femmes venues d’Europe de l’Est jugés le 11 septembre au tribunal prostitué(e)s a également changé : Cette soudaine phobie antiprosti- un périmètre de 200 mètres autour lère pas : « Cette tendance à crimi- et d’Afrique de l’Ouest. Mme Ameli- correctionnel. plus de 60 % sont d’origine étrangè- tuées a soulevé l’indignation des des écoles. Son homologue du 17e, naliser à nouveau les prostituées me ne a plaidé pour la lutte contre les re et 30 % des travestis. Enfin, alors associations, qui ont dénoncé une Françoise de Panafieu, avait ren- terrifie. On dirait qu’ils ont oublié réseaux mafieux et « le respect et la Sylvia Zappi, que le trafic était cantonné à cer- « criminalisation des prostitué(e)s » chéri en suggérant la réouverture que ces femmes sont avant tout des dignité des femmes ». Elle a égale- avec Claudia Courtois tains quartiers périphériques, il a (Le Monde du 6 juin). A Metz, un de maisons closes. Dans le même victimes d’un nouvel esclavage. » ment annoncé la constitution d’un (à Bordeaux) et gagné les centres-villes de provin- collectif de péripatéticiennes s’est élan, M. Sarkozy avait promis lors Même incompréhension au mouve- groupe de travail interministériel Nicolas Bastuck (à Metz) Une activité non délictuelle mais réglementée Roselyne, dix ans de trottoir, refuse les maisons closes b Définition. La prostitution est L’exhibition sexuelle imposée à la définie comme l’activité d’une vue d’autrui dans un lieu personne qui consent accessible aux regards du public LILLE sent alors dans le Nord, où on peut consommer relations amoureuses en sont encore altérées : habituellement à des rapports est, elle, punie d’un an de notre envoyée spéciale du champagne et avoir une fille : « La première son compagnon lui « rebalance » son passé à sexuels avec un nombre d’emprisonnement et d’une Après dix ans dans le « brouillard », Roselyne fois, j’ai dû monter avec un client sans préserva- chaque dispute. Malgré tout, « ça vaut le coup de indéterminé d’individus amende de 15 267 euros. a raccroché. Depuis, elle a pris 20 kilos. Deux tif. Ça m’a horrifiée. Je suis restée sous la douche sortir de la rue, parce que c’est insupportable ». moyennant rémunération (décret b Réglementation. Les autorités par année de brouillard sur le trottoir lil- pendant une heure », raconte Roselyne, qui se Le débat sur l’ouverture de maisons closes la du 5 novembre 1947). Ce n’est peuvent cependant limiter cette  souvient avec effroi de ce « bordel » : «Le fait bondir. « Ce serait laisser la porte ouverte à tou- pas un délit. activité en réglementant les patron ne voulait pas me lâcher. Je ne pouvais sor- tes les saloperies et les trafics. On laisse les filles b Loi . Les allées et venues des tir qu’accompagnée par la serveuse. » Son amant enfermées physiquement et psychologiquement : maisons closes ou de tolérance professionnelles. Elle a commencé à 18 ans, l’a aidée à s’enfuir au bout d’un mois et demi elles ont encore moins de contacts avec le monde ont été fermées depuis le vote de Le fisc considère la prostitution d’enfer. Mais ce nouvel « ami » la remet vite au extérieur, les associations », assure l’ancienne pro- la loi Marthe Richard, le 15 avril comme une profession dont les dans un bar de banlieue, travail dans un bar-vitrine en Belgique, puis sur fessionnelle. « Sur le trottoir, c’est toi qui choisis tes 1946. Cette loi a également revenus doivent être déclarés le trottoir lillois. L’homme, marié, père de quatre clients. Pas dans les bordels, où le client paye et fait abrogé l’inscription et la mise en dans la rubrique bénéfices non « une vie où on se sent sale » enfants, lui prend la moitié de ses recettes. ce qu’il veut. Dans le bar où j’ai travaillé en Belgi- carte des prostituées par la police commerciaux. « C’était le genre proxo moderne », assure Rosely- que, j’ai vu des copines massacrées alors que le et aboli les mesures de privation b Evolution. Il existe plusieurs ne, qui, au début, ne prenait pas beaucoup de client était sorti depuis longtemps », explique de liberté qui pouvaient être formes de prostitution. La lois. Avec ses mèches blondes toujours dans les clients parce qu’elle avait peur. Puis, avec l’aide Roselyne. Elle dit aussi comprendre les riverains, prises à leur encontre par simple prostitution extérieure, yeux, cette jeune mère de deux enfants raconte de son souteneur, elle change de quartier, et l’envie de se promener avec ses enfants tranquille- décision administrative. s’exerçant dans les lieux publics sans haine comment elle a commencé à tapiner, s’installe dans le vieux Lille. « Je me suis fait res- ment. Mais elle refuse les solutions proposées de b Répression du proxénétisme et (trottoirs, parkings, jardins, à 18 ans, dans un bar de La Madeleine, dans la pecter en frappant les filles. Quand une nouvelle délimiter une zone pour la prostitution. « Voir cet- du racolage. Le nouveau code bars...) ; celle en établissement ad banlieue lilloise. arrivait, je la séquestrais dans mon coffre. Les te misère en pleine ville, c’est aussi une sorte de pré- pénal punit d’une amende de 5e hoc (hôtels, cafés) connus comme Au sortir de l’adolescence, la jeune fille portait autres me craignaient et je gagnais beaucoup d’ar- vention : ça réduirait les rêves de gamines qui pen- classe (1 500 euros) le « fait, par tels ; et celle sur rendez-vous, déjà un trop lourd fardeau : elle a subi les « tou- gent » : 3 000 à 4 000 francs pour la demi-jour- sent gagner des fortunes facilement. Si j’avais vu tout moyen, de procéder réservée à une clientèle de luxe, chers réguliers » de deux de ses frères. Alors, née, et une vie où « on se sent sale ». dans quelles conditions travaillent les prostituées, publiquement au racolage soucieuse de discrétion, qui « faire ça pour de l’argent, c’était pareil ».Un Dix ans de rue ont laissé des traces. A 36 ans, j’aurais peut-être compris la violence du trottoir… » d’autrui en vue de l’inciter à des passent par des entremetteurs soir, en 1984, un cafetier lui propose de travailler Roselyne avoue que le regard des autres est sou- relations sexuelles ». pour rencontrer une call-girl. dans un bar. Un de ces établissements qui fleuris- vent dur : « On n’en sort jamais vraiment. » Ses S. Z.

Daniel Welzer-Lang, sociologue, maître de conférences à l’université de Toulouse-Le Mirail « Moins on stigmatisera ces femmes, moins il y aura de clients »

Qui sont les clients des prosti- soit des hommes très culpabilisés té. Or si on regarde le nombre de lent « tirer un coup » en allant voir sante : il peut se dire libertin Que pensez-vous du discours tué(e)s ? par ces pratiques, avec une compo- prostitué(e)s en France – que j’esti- une prostituée : c’est rapide, con- moderne et non plus client de pros- expliquant le recours à la prosti- Ce sont des hommes qui appar- sante éthique ou chrétienne. Soit me entre 20 000 et 30 000 –, et le tractuel et fonctionnel. Ceux-là tituée. tution par un besoin physiolo- tiennent à tous les groupes des hommes qui sont dans un rap- nombre de passes qu’(ils) elles peu- nous disent : « Quand ma voiture Ces pratiques sont-elles à met- gique masculin ? sociaux. Avec un effet génération- port plus égalitaire avec les fem- vent faire pour vivre – dix en est en panne, je vais voir un garagis- tre en relation avec le renou- On appelle toujours la nature nel – les jeunes sont moins clients mes, qui disent ne pas avoir besoin moyenne par jour –, manifeste- te ; de la même manière, quand j’ai veau de la pornographie ? quand il faut légitimer les actes que les aînés – et sociologique – il ou envie de ce type de relation, ment les hommes qui ont recours envie de me vider les couilles, je Complètement. Dans la normali- d’oppression. Dire que c’est irré- s’agit plus souvent de cadres trop pauvre à leurs yeux sur le à des prostitué(e)s sont très nom- paye une prostituée. » té masculine, la prostitution est un pressible, c’est ce que m’ont racon- moyens et supérieurs. Ils devien- plan érotique. breux. On tait cette réalité afin Mais depuis cinq à sept ans, les recours possible. La plupart des té de nombreux violeurs. Mais vou- nent clients souvent à des pério- Vous avez l’air de dire que d’éviter que les femmes puissent pratiques ont changé : beaucoup garçons ont eu leur premier émoi loir interdire ou délimiter l’espace des particulières : quand ils sont ceux qui n’y ont jamais eu imaginer que leur conjoint, leur de clients des couches moyennes devant une image de « femme à de la prostitution est aussi absur- en couple, c’est à l’arrivée du pre- recours sont minoritaires. Or, un père, est client. et supérieures ont déserté le trot- poil ». Avant, c’était dans des de. Moins on stigmatisera les pros- mier enfant ou lorsque leur femme sondage effectué en mai 2000 Quelles sont les raisons qui toir pour d’autres lieux comme les magazines pornos, maintenant tituées, moins il y aura de clients. correspond moins aux critères montre que seulement 16 % des poussent un homme à aller voir clubs, les saunas, les bars échangis- c’est en visionnant des films. Les Le système se nourrit de la reléga- esthétiques et érotiques qu’on leur hommes avouent avoir eu des un ou une prostituée ? tes. Pour un prix équivalent à une garçons sont socialisés avec l’idée tion des prostitué(e)s : les clients donne à voir. Ils expliquent alors relations sexuelles avec une Il y a les habituels, qui vont voir passe, ils obtiennent « mieux » : que leur compagne ou leur femme ont besoin d’être dans un monde que c’est le seul moyen qu’ils ont prostituée. les prostituées de rue depuis très avec 50 euros, le dimanche soir, le ne va pas satisfaire leurs besoins caché, extérieur à leur vie quoti- d’érotiser un rapport avec une Les clients sont beaucoup plus longtemps, toujours les mêmes, client a un repas avec du vin, quel- sexuels et que l’érotisme se passe dienne. Les intégrer dans la socié- femme. nombreux qu’on ne l’imagine. avec une forme de relation affecti- ques fellations, et il va pouvoir fai- ailleurs que dans la vie quotidien- té en instaurant une concertation Mais, pour comprendre qui est Mais il y a en France des gens, asso- ve ; et les autres, qui aiment bien re l’amour. Dans ces établisse- ne. Ils savent qu’il va leur falloir officielle permettrait de culpabili- client, il vaut mieux inverser la ciations comme pouvoirs publics, changer, fantasmer sur la nouveau- ments, le client paye non plus une payer d’une manière ou d’une ser plus efficacement les clients. question : quels sont les hommes qui veulent à tout prix nous dire té. C’est souvent des cadres qui personne, mais une structure. Cela autre. Ils sont clients avant même qui ne sont pas clients ? Ce sont qu’ils sont une extrême minori- rentrent tard chez eux et qui veu- lui renvoie une image plus valori- d’être pubères. Propos recueillis par S. Z. LE MONDE/VENDREDI 12 JUILLET 2002/9 SOCIÉTÉ Le projet de loi sur la sécurité A Anvers (Belgique), la police municipale contrôle une prostituée satisfait les syndicats de policiers qui a demandé l’asile en tant que Kosovare. Les associations des droits de l’homme dénoncent « une frénésie répressive » Selon l’Organisation internationale LA LOI D’ORIENTATION et de res : être bien formée, bien équipée et « On est dans la démarche la plus pour les migrations, programmation de la sécurité inté- bien rémunérée. A ces conditions, on sécuritaire possible », critique le pré- 500 000 jeunes rieure (Lopsi) fait beaucoup parler. peut être exigeant envers elle. » sident de la Ligue des droits de femmes originaires Chez les policiers, le texte présenté La méthode du ministre a en l’homme, Michel Tubiana. « Le gou- de l’ancien bloc mercredi 10 juillet au conseil des revanche suscité des réticences. vernement fait le choix d’une répres- communiste ministres par Nicolas Sarkozy (Le M. Sarkozy avait affirmé son oppo- sion sociale qui ne résoudra pas les se prostituent Monde du 11 juillet) recueille une sition à la cogestion avec les syndi- problèmes », ajoute-t-il en rappe- aujourd’hui approbation quasi générale. Magis- cats de police. Il l’a mise en prati- lant que « les socialistes s’étaient en Europe trats, avocats, et associations de que. Au grand regret du Syndicat déjà lancés dans cette voie » avec la de l’Ouest. défense des droits de l’homme sont national des officiers de police loi sur la sécurité au quotidien, beaucoup plus réservés. La plupart (SNOP, majoritaire). « Nous n’avons votée à l’automne 2001. Le prési-

 /  d’entre eux contestent les disposi- pas été associés à la réflexion », indi- tions juridiques à tonalité répressi- que le secrétaire général adjoint du ve du projet de M. Sarkozy. SNOP, Dominique Achispon, qui Les « dérapages » L’importance de l’engagement salue cependant « un projet ambi- seront sanctionnés L’Europe est divisée entre partisans de financier consenti – 5,6 milliards tieux pour les policiers ». « Cela a été d’euros sur cinq ans – satisfait les trop vite, renchérit Bruno Beschiz- Le ministre de l’intérieur, Nicolas syndicats de police. « Cela va dans za, secrétaire général de Synergie- Sarkozy, a déclaré, mercredi la réglementation et « abolitionnistes » le bon sens, déclare le secrétaire officiers. Si l’on veut réussir, il faudra 10 juillet, sur France 2, que chaque général de l’UNSA-Police (majoritai- à la rentrée prendre le temps de faire « dérapage » des forces de l’ordre QUELQUES MOIS après la chute re un métier à part entière, aux « abolitionnistes », l’absence de re), Joaquin Masanet. Nous avions adhérer les policiers à la loi. » « sera sanctionné avec beaucoup de du mur, une poignée de prostituées « abolitionnistes ». « Même les mou- reconnaissance juridique de la pro- réclamé 2 milliards de francs par an, sévérité, pour une raison simple : je de Berlin-Ouest manifestent sur la vements féministes sont divisés, souli- fession prive les prostituées d’une c’est plus. » L’annonce de la créa- «   » soutiens les forces de l’ordre, je re- grande artère du Kurfürstendam, gne Leena Ruusuvuori, responsable couverture sociale complète. En tion de 13 500 nouveaux emplois Le rapprochement de la police et connais la valeur de leur travail (…) pancartes à la main, tenues légères du programme gouvernemental fin- revanche, elles sont imposables, car – 7 000 gendarmes et 6 500 poli- de la gendarmerie suscite des réac- mais parce que je les soutiens, je et talons hauts. Elles réclament une landais de lutte contre la violence le fait générateur de l’impôt est indé- ciers – provoque le même contente- tions mitigées. Si personne n’en serai intransigeant sur le respect de reconnaissance de leur profession envers les femmes. Dans les pays nor- pendant de la légalité de l’activité. ment. « On a des effectifs supplémen- conteste le principe, plusieurs l’éthique ». « Les règles républicaines tout en protestant contre le dum- diques, nous sommes proches de Seule l’Espagne exonère les prosti- taires, un grand ministère de la sécuri- avouent leur méfiance. Les officiers s’appliqueront dans la police et dans ping des prix pratiqué par les filles de l’exemple suédois. C’est un excellent té intérieure, de l’argent, tout ce que de police sont les plus prudents. Ils la gendarmerie avec beaucoup de Berlin-Est. Dix ans plus tard, c’est message, qui consiste à conseiller aux nous avions réclamé, indique le secré- exigent que la parité soit garantie rigueur », a-t-il souligné. toute l’Europe qui est touchée par hommes de réfléchir avant de baisser Aux Pays-Bas, taire général d’Alliance (gardiens de entre les grades, qu’« un lieutenant Faisant référence aux incidents l’arrivée massive des filles de l’Est. leur pantalon. » la paix et gradés), Jean-Luc Garnier. de police ne soit pas dégradé au rang survenus à Lille après le verdict du D’après l’Organisation internationa- L’exercice individuel de la prostitu- les professionnelles Il serait difficile de faire la fine bou- d’adjudant-chef de gendarmerie ». procès du policier, condamné à trois le pour les migrations (OIM), près de tion n’est en réalité interdit dans che. » « Les crédits dégagés sont à la Loin de ces soucis de galons et ans de prison avec sursis pour avoir 500 000 jeunes femmes originaires aucun pays de l’Union. Plusieurs sont protégées hauteur, assure André-Michel Ven- d’organisation, magistrats, avocats, tué un jeune homme, Riad Ham- de l’ancien bloc communiste se pros- Etats dont la Belgique, la France, le tre, secrétaire général du Syndicat et association des droits de l’hom- laoui, le ministre a souhaité « tirer tituent à l’Ouest. Une situation qui Danemark, l’Italie, le Luxembourg par le droit du travail des commissaires et hauts fonction- me pointent « les dangers » des les leçons » de ce « drame » : «plus pousse certains Etats à prendre des ou encore le Portugal tolèrent la naires de la police nationale « moyens juridiques » avancés par le de formation pour la police, plus mesures ou à tenter de le faire. prostitution en tant qu’activité pri- (SCHFPN). Ils témoignent de l’am- projet de loi. Ils proposent de renfor- d’encadrement pour éviter ce qui L’Allemagne et les Pays-Bas ont vée, mais sanctionnent le racolage. tuées, conséquence de leur apparte- pleur des problèmes auxquels les poli- cer les moyens répressifs dont dispo- s’est passé ». légalisé la prostitution alors que la Le 2 décembre 1949, ces pays ont nance à l’économie souterraine. ciers sont aujourd’hui confrontés. » sent policiers et gendarmes. Ceux-ci Suède a choisi de punir « l’achat de signé la convention des Nations « On ne peut pas éradiquer la prosti- Au nom du Syndicat général de la visent, pêle-mêle, l’absentéisme sco- services sexuels ». Ces exemples unies qui indique que « la prostitu- tution, affirme Jan Visser, du Rode police (SGP-FO), Nicolas Couteau laire, les prostitué(e)s étrangèr(e)s, dent du Syndicat des avocats de contraires illustrent le débat sur les tion et le mal qui l’accompagne, à Draad (le Fil rouge), une association confirme ce « bon début », pour ou encore « la mendicité agressive, France (SAF), Bruno Marcus, régimes juridiques de la prostitution savoir la traite des êtres humains en néerlandaise de défense des prosti- regretter aussitôt qu’aucun effort ne les regroupements dans les parties dénonce « une frénésie répressive ». qui oppose traditionnellement les vue de la prostitution, sont incompati- tuées. C’est un phénomène social qu’il soit annoncé en faveur des traite- communes des immeubles et l’enva- « Ces mesures font constamment réfé- « réglementaristes », qui veulent bles avec la dignité et la valeur de la faut réglementer. » Depuis octo- ments des policiers. « Les gardiens de hissement des propriétés privées par rence aux mineurs promus au rang encadrer la prostitution pour en fai- personne humaine ». Dans ces pays bre 2000, les Pays-Bas, chefs de file la paix français sont parmi les plus mal des gens du voyage, ainsi que le de classe dangereuse. Est-ce la faute des réglementaristes, ont légalisé les payés en Europe, assure-t-il, or une défaut de permis de conduire et le des enfants si notre société va mal ? maisons closes et l’activité de soute- bonne police doit répondre à trois critè- refus d’obtempérer ». En leur interdisant les halls d’immeu- neur, dans la mesure où la prostitu- bles, on veut les enfermer chez eux, En Suède, l’interdiction favorise tion est volontaire. Les prostituées avant de les enfermer en prison. » les pratiques clandestines exercent un métier normal et ont les Absentéisme scolaire : un simple « rappel » Au nom de l’Union syndicale des mêmes droits que les salariés ou les Pour le ministre délégué à l’enseignement scolaire, Xavier Darcos, le pro- magistrats (USM, majoritaire), travailleurs indépendants. « Ce sont jet de loi sur la sécurité – qui prévoit que « les sanctions encourues par les Géraldine Thomas s’étonne que ce STOCKHOLM hôtels, les bars Internet, les clubs, des professionnelles et elles sont proté- parents qui ne respectent pas l’obligation scolaire seront aggravées » – « rap- soit « le ministère de l’intérieur qui correspondance les appartements privés. Ce qui gées par les lois du travail. Pour les pelle des textes qui existent déjà, et incite à les appliquer ou à les renforcer ». définisse de nouvelles infractions ». « Oui, les clients demandent, à signifie aussi que les organisations filles de la rue, chaque commune dési- Le projet de Nicolas Sarkozy « n’est pas un texte à caractère pénal, mais à « C’est une confusion des rôles, dit- l’hôtel. Bien sûr, il est toujours très spécialisées, les Eglises et autres gne une “zone de tolérance” que la caractère réglementaire. Ce sera à l’ordre judiciaire de voir s’il faut fournir elle, à moins que le ministre de l’inté- facile de s’offrir une prostituée en services sociaux éprouvent davan- police peut ainsi mieux contrôler », aux chefs d’établissements les moyens juridiques de faire des signalements rieur soit aussi celui de la justice. » Suède sans être arrêté… » Pour tage de difficultés à aider les prosti- indique M. Visser. Cette législation qui soient suivis d’effet ». Le code de la Sécurité sociale prévoit la suppres- Elle conteste « l’amalgame » fait Håkan, portier de nuit dans un tué(e)s. ne permet pas aux femmes et aux sion des prestations familiales en cas d’absentéisme mais cette disposition par le texte qui vise l’absentéisme hôtel du centre de Stockholm, la De fait, dans les quartiers hommes qui ne sont pas citoyens de est « rarement appliquée », un rappel à l’ordre des parents suffit souvent. Il scolaire comme la prostitution. loi n’a rien changé. Comme nom- chauds, le nombre de prostituées l’Union européenne d’obtenir un s’agit, ajoute M. Darcos, de « rappeler à leur devoir tous ceux qui pourraient « On est dans le populisme pur et sim- bre de ses collègues, il glisse au sur les trottoirs, environ 650 en permis de travail dans ce secteur contribuer à encourager l’absentéisme : les parents, les gestionnaires de lieux ple. Et on s’attaque aux plus faibles. besoin un nom, une femme russe 1998 d’après la police, aurait bais- d’activité. « Selon les localités, la (cafés, salles de jeux) où les enfants mineurs sous statut scolaire peuvent se Cela n’est pas très responsable. » en ce qui le concerne, et un numé- sé de moitié (certaines filles en répression policière est devenue de retrouver au lieu d’aller à l’école. Mais aussi les petites entreprises qui mon- ro de téléphone. « Ensuite, je ne ayant profité pour changer de plus en plus forte, comme à Amster- nayent le travail des enfants et les détournent de leur obligation scolaire ». Pascal Ceaux sais pas ce qu’ils font, c’est leur affai- métier). Et les clients y seraient dam, regrette M. Visser. Les prosti- re privée. » Pourtant, les clients cinq fois moins nombreux. Mais tuées étrangères illégales peuvent être auraient de quoi hésiter. Car ailleurs ? Difficile à dire. A titre reconduites à la frontière. » depuis le 1er janvier 1999, ils ris- d’expérience, une chaîne de télévi- Dans la même veine, l’Allemagne Le sénateur Pierre André milite quent gros. Comme l’indique la sion locale de Jönköping, dans le autorise les prostituées, depuis loi, « celui qui, moyennant rémuné- sud-ouest du pays, a placé une décembre 2001, à passer des pour le retour des zones franches urbaines ration, se procure une relation fausse petite annonce sur Internet. contrats de travail avec leurs sexuelle occasionnelle sera condam- Et a reçu plus de 500 réponses en employeurs. Elles peuvent prétendre Le dispositif a « rendu un espoir à certains quartiers », selon le rapport né, pour l’achat de services sexuels, trois semaines… Il est effective- aux prestations chômage, maladie et à une amende ou à un emprisonne- ment fort aisé de trouver une retraite. Une première mouture de la PIERRE ANDRÉ, sénateur (RPR) des affaires sociales (IGAS) n’a fait emplois « créés ou transférés » s’élè- ment de six mois au maximum ». Ce hôtesse ou une main secourable loi reconnaissait la prostitution com- de l’Aisne, a présenté, jeudi que renforcer cette « défiance » en vent, eux, à plus de 46 000. Dans qui est beaucoup en Suède. pour un massage. Pas forcément me un métier, mais les sociaux- 11 juillet, devant la commission réalisant un « rapport particulière- neuf cas sur dix, il s’agit de contrats en tout bien tout honneur. démocrates ont renoncé au dernier des affaires économiques de la ment “orienté” (…) pour le compte » à durée indéterminée.   « C’est un argument facile utilisé moment à ce terme, arguant que Haute Assemblée, un « rapport de Martine Aubry, l’ancienne minis- Une partie de la population des Mais trois ans et demi après l’en- par les adversaires de la loi, contre- cela ouvrirait un droit à la formation d’information » sur les zones fran- tre de l’emploi et de la solidarité. cités déshéritées a profité de cette trée en vigueur de ce premier texte attaque Gunilla Ekberg, avocate et aux prostituées. Avec ses maisons ches urbaines (ZFU), un dispositif Deux ans après l’instauration des « revitalisation ». La loi prévoyait qui punit le client, le bilan est miti- féministe, qui suit le dossier au closes appelées avec une pudeur tou- mis en place en 1997 par le gouver- ZFU, l’IGAS en avait, en effet, tiré d’ailleurs de réserver au moins 20 % gé. Alors que la police estimait en gouvernement. Cette législation a te germanique « Eros Center », nement d’Alain Juppé pour attirer un bilan accablant : périmètres des emplois aux habitants des quar- 1998 à 125 000 personnes la clientè- deux fonctions. Certes, arrêter les l’amour tarifé a, en Allemagne tout des entreprises dans les banlieues découpés en fonction d’arrière-pen- tiers situés dans les ZFU. L’objectif le des quelque 2 500 prostituées clients, pour faire diminuer l’offre comme aux Pays-Bas, droit de cité. défavorisées. Après cinq mois de sées politiciennes, effet d’aubaine a été dépassé : « Le taux d’emploi du pays, le nombre d’arrestations en agissant contre la demande. Pour Colette de Troy, membre du travaux, le parlementaire a émis pour les entreprises déjà présentes, local varie entre 25 % et 30 % », a été dérisoire, à peine une centai- Mais aussi instaurer des normes : Lobby européen des femmes (LEF) « une appréciation d’ensemble très embauches peu nombreuses… selon M. André. En dehors de leur ne par an. La plupart des hommes c’est une façon de dire qu’en Suède de Bruxelles, ces deux pays vont positive » sur les ZFU : abolies par (Le Monde du 6 janvier 1999). impact économique, les ZFU ont interpellés ont échappé à toute la prostitution n’est pas acceptable. dans le mauvais sens. « La prostitu- la gauche, elles méritent, selon lui, Selon l’IGAS, quelque aussi attiré des investissements par- sanction, et personne n’est allé en On dit officiellement que les hom- tion est une violence contre les fem- d’être relancées, compte tenu de 8 900 emplois avaient été créés en fois « colossaux » : à Saint-Quentin, prison. « La police n’a pas les mes n’ont pas le droit d’acheter les mes », rappelle-t-elle. D’après le LEF leur « incidence favorable » sur l’em- 1997 dans les ZFU et le nombre de près de 52 millions d’euros ont été moyens de faire quoi que ce soit », femmes. Car on essaie d’avoir ici et d’autres associations comme le ploi, l’activité économique, « l’envi- postes de travail exonérés de char- injectés en cinq ans, ce qui a permis reconnaît-on en coulisse. Le Parle- une société égalitaire, et on ne peut Women’s Global Network ronnement », « les conditions de vie ges s’élevait à 31 000. De tels résul- de transformer « l’apparence des ment a certes voté une rallonge, avoir un sous-groupe de femmes qui (WGNRR), le nombre des prosti- et les mentalités ». tats étaient jugés bien maigres, vu quartiers » et « l’environnement en 1999, de 7 millions de couron- doivent servir les hommes ! » tuées illégales aux Pays-Bas et en Ses préconisations vont probable- les sommes engagées : 228,6 mil- urbain ». nes (765 000 euros aujourd’hui). Mais cette révolution ne se fera Allemagne est en augmentation. ment intéresser Jean-Louis Borloo, lions d’euros (1,5 milliard de Estimant que les zones franches Une goutte d’eau ! D’autant qu’il pas en un jour. Pour que sa minis- « Le marché génère la demande,sou- le ministre délégué à la ville et à la francs). Mises en place pour cinq urbaines ont rendu « un espoir à cer- est bien difficile dans les faits de tre de tutelle, Margareta Winberg, ligne Mme de Troy. La légalisation rénovation urbaine, qui avait indi- ans, les ZFU n’ont pas été recondui- tains des quartiers qui n’en avaient prouver qu’une relation sexuelle a ne reçoive plus de lettres de protes- favorise l’industrie du sexe, facilite la qué, le 22 mai au Sénat, qu’il souhai- tes par le gouvernement Jospin, plus », M. André « invite le gouverne- donné lieu à une transaction finan- tations d’hommes se plaignant traite des femmes par des tait avoir « une analyse quantitative malgré deux nouvelles études qui ment à [les] relancer, sans délai ».Il cière. Et on peut difficilement qu’on leur retire le droit d’« aller “supermaquereaux”, véritables entre- et (…) qualitative de ces opérations » émettaient un diagnostic plus nuan- faut, d’après lui, produire un gros attendre des prostituées qu’elles voir les dames » après un bon preneurs d’un vaste réseau extrême- de manière à « faire le point ». Une cé que celui de l’IGAS. effort de formation au profit des dénoncent leur « morue » repas, elle organise des campagnes ment lucratif. » façon prudente de signifier qu’il « personnes en situation (« torsk »), le client qui les fait d’affichage stigmatisant les 12 % A Berlin, les manifestations des réfléchissait à la réactivation des  «  » “d’inemployabilité” », des jeunes, vivre. Certains rapports de police de la population mâle qui ont fré- « filles de joie » se font rares depuis ZFU, conformément aux intentions Le rapport de M. André dénonce pour l’essentiel. Le sénateur pense accusent même la justice de ne pas quenté un jour une prostituée. Et la reconnaissance de leur profession. exprimées par Jacques Chirac les « critiques injustifiées » de la gau- également que « la clause de 20 % jouer le jeu. « Cette loi ne vaut pas elle appelle à davantage d’initiati- Les filières se mondialisent et les pra- pendant la campagne de l’élection che et de l’IGAS, d’autant que « les d’embauches locales » devrait s’ap- plus que le papier sur lequel elle est ves conjointes avec d’autres pays. tiques se modernisent sur ordina- présidentielle. maires et les élus locaux ont, dans pliquer à toute la population dans écrite », estime un fonctionnaire Car les Suédois sont nombreux à teurs. Les façades des « Eros Cen- M. André rappelle d’abord « l’hos- leur quasi-totalité (…), plébiscité [le] les quartiers concernés par la politi- iconoclaste. Et elle n’améliore guè- partir à l’étranger – du Danemark ters », autrefois scintillantes, sont tilité » et la « suspicion » du précé- dispositif ». D’après le sénateur et que de la ville – et non plus aux re la situation des prostitué(e)s, ce à la Thaïlande en passant par les devenues anonymes. Sur le pavé, les dent gouvernement sur cette politi- maire de Saint-Quentin – une com- seuls résidants en ZFU – de maniè- qui est pourtant sa raison d’être. pays baltes – pour contourner la filles étrangères sont majoritaires. que de discrimination positive, fon- mune qui abrite une zone franche re à « accroître le potentiel de recru- En fait, la loi a poussé la prostitu- législation en vigueur chez eux. Les tarifs n’ont pas changé. dée sur des exonérations d’impôts urbaine –, le nombre d’entreprises tement des entreprises ». tion à quitter les rues au profit et de cotisations sociales. Aux yeux implantées en ZFU s’est accru de d’endroits cachés, comme les François Enver Nicolas Bourcier du sénateur, l’inspection générale 12 000 entre 1997 et 2002. Les Bertrand Bissuel 10/LE MONDE/VENDREDI 12 JUILLET 2002 SOCIÉTÉ

e M. Borloo Des faux électeurs du 5 auraient bénéficié de logements sociaux associé à la

Le fichier des appartements attribués par le maire de Paris fait apparaître des interventions de Jean et Xavière Tiberi, politique du ainsi que de la famille Chirac. En échange de logements, certains locataires auraient voté dans le 5e sans y habiter logement social

OUVERTE en 1997 au cabinet Romani, à l’époque responsable PRÉSENTÉ en conseil des minis- du juge Jean-Paul Valat à la suite de la questure à l’Hôtel de Ville tres mercredi 10 juillet, un décret d’une plainte de Lyne Cohen-Solal – et aujourd’hui conseiller à l’Ely- donne des pouvoirs supplémentai- (PS), qui venait d’être battue aux Les derniers sée. Antoine B. a finalement été res à Jean-Louis Borloo. Désor- élections législatives par Jean Tibe- développements radié des listes du 5e après les légis- mais, le ministre délégué à la ville ri, l’enquête sur les faux électeurs de l’enquête latives de 1997. va être étroitement associé à la du 5e arrondissement se déplace fragilisent la position politique du logement social. Cette de Jean Tiberi, sur le terrain – hautement sensi-      répartition de compétences est, qui a pour l’heure ble – des attributions de loge- Les gendarmes ont également selon M. Borloo, sans précédent été entendu depuis la création – en décembre ments sociaux par le maire de en qualité de simple analysé les interventions de Xaviè- Paris. Regroupées dans une série témoin. Le 8 février re Tiberi, poursuivie depuis le 1990 – d’un portefeuille ministériel de procès-verbaux remis au magis- 2001, l’ancien maire 4 juillet 2000 pour « manœuvres dévolu aux quartiers en difficulté. trat les 28 juin et 4 juillet, les infor- de Paris assistait avec frauduleuses de nature à porter Elle découle d’un décret d’attribu- mations recueillies ces derniers son épouse Xavière atteinte à la sincérité d’un scrutin ». tions qui précise que le ministère mois par les gendarmes de la briga- à un meeting L’épouse de M. Tiberi est interve- des affaires sociales – auquel de de recherches de Paris pour- de campagne. Il était nue, entre 1995 et 1998, en faveur M. Borloo est rattaché – exerce raient permettre d’établir que cer- alors candidat à de 825 personnes, dont 6 étaient « l’autorité sur la direction générale taines personnes ayant accepté sa propre succession. domiciliées dans la 2e circonscrip- de l’urbanisme, de l’habitat et de la d’être inscrites frauduleusement Il a été tion. L’audition de ces 6 électeurs construction [DGUHC] », conjoin- dans le 5e arrondissement ont obte- confortablement est « souhaitable », estiment les tement avec le ministère du loge- e nu, en « récompense », des appar- réélu dans le 5 gendarmes dans un procès-verbal. ment. Cette cotutelle sur la tements à loyers modérés. Ce soup- arrondissement. Evoquant des « inscriptions illéga- DGUHC ayant été déléguée à

çon, s’il devait être confirmé, pour- /  les », ils s’étonnent par exemple M. Borloo, ce dernier pourra désor- rait fragiliser la position de Jean qu’un demandeur de logement mais agir sur « l’empire du loge- Tiberi, jusqu’ici entendu en qualité buer les logements sociaux. Cette Sur la période d’examen siers, semblent estimer qu’une – dont le dossier, outre Mme Tiberi, ment social » et peser davantage de simple témoin assisté dans la « cellule logement » s’était dotée, (1995-1998), les gendarmes ont demi-douzaine au moins sont sus- a été soutenu par Line Renaud et dans les opérations de renouvelle- procédure. M. Tiberi, qui cumulait, courant 1995, d’un système infor- recensé, dans un tableau récapitu- pects. Ils évoquent le cas d’une Fanny Cottençon – ait figuré sur ment urbain. M. Borloo veut, en entre 1995 et 2001, les fonctions matique très sophistiqué, accessi- latif, toutes les « interventions ». femme à qui a été attribué un loge- les listes du 5e alors qu’il était domi- effet, mobiliser l’administration de maire de Paris et de président ble aux seuls proches de M. Tiberi. Ainsi, M. Tiberi aurait « soutenu » ment 29, rue Pierre Nicole (5e). « Il cilié dans le 4e. centrale de l’équipement et les de l’OPAC, l’office HLM de la capi- Le fichier « Silex » disposait d’une 290 dossiers, dont 24 concernaient est étonnant de constater que l’ins- « Silex » a également mis en évi- organismes HLM pour débloquer tale, gardait la haute main sur le quadruple entrée : par « interve- des personnes domiciliées dans la cription électorale à cette adresse dence les interventions du chef de la situation « inacceptable » dans 5e arrondissement, dont il fut mai- nant » – élu ou personnalité ayant 2e circonscription – qui couvre l’in- date de 1991 alors qu’elle n’a dispo- l’Etat et de ses proches. Selon les laquelle se trouvent « 155 quar- re de 1983 à 1995 – il a d’ailleurs sollicité le maire afin de favoriser tégralité du 5e et une partie du sé de l’appartement qu’à compter gendarmes – qui ont donc directe- tiers ». e retrouvé son fauteuil lors des un dossier –, par demandeur, par 6 arrondissement. Les gendarmes, de 1996 », soulignent-ils. Autre ment enquêté sur le président de  municipales de 2001. arrondissement et par immeuble. qui ont passé au crible les 24 dos- curiosité, cet homme, domicilié la République –, entre 1995 et A la suite d’une demande d’acte dans le 17e à partir de janvier 1990, 1998, M. Chirac a « appuyé » a JUSTICE : le magistrat Jean- déposée par les avocats de bénéficiaire d’un logement social auprès de M. Tiberi 28 dossiers (un Pierre Dintilhac a quitté, mercre- Mme Cohen-Solal, Mes Claude Pol- Une militante du RPR mise en examen dans le 15e en janvier 1999 suite à seul dans le 5e), son épouse Berna- di 10 juillet, le poste de procu- e let-Bailleux et Michel Zaoui, le Le juge Jean-Paul Valat a mis en examen pour « complicité de manœuvres l’intervention de M. Tiberi, et pour- dette 21 (aucun dans le 5 )etsa reur de la République de e juge Valat avait demandé aux gen- frauduleuses de nature à porter atteinte à la sincérité du scrutin », mercredi tant inscrit sans discontinuer sur fille Claude 46 (deux dans le 5 ). Au Paris,qu’il occupait depuis avril e darmes, en février, d’expertiser un 10 juillet, Ginette Hardhuin, une militante RPR du 5e arrondissement de les listes électorales du 5 depuis terme de leur « étude des électeurs 1998, et a été installé comme con- e e fichier informatique destiné à Paris. Adhérente du mouvement gaulliste depuis 1993, cette femme, qui décembre 1985… Plus troublant du 5 et 6 ayant bénéficié d’une seiller à la Cour de cassation. La gérer les quelque 5 000 logements remplissait de nombreuses tâches à la permanence de la rue Vésale , avait encore, le cas d’Antoine B. En intervention de la part d’un membre chancellerie, qui devrait proposer sociaux pour lesquels le maire de reconnu devant les gendarmes, en novembre 2000, avoir hébergé fraudu- août 1985, il avait fait une deman- de la famille Chirac », les gendar- un successeur à M. Dintilhac au la capitale dispose, depuis 1982, leusement à son domicile « des tibéristes demeurant hors du 5e arrondisse- de de logement auprès du maire mes ont indiqué au juge Valat, le Conseil supérieur de la magistratu- d’un droit de « réservation ». La ment ». de Paris, Jacques Chirac. Dès le 4 juillet, que les constats effectués re, ne s’est pas encore arrêtée sur er découverte de ce fichier, baptisé Elle avait dit avoir agi « uniquement par conviction politique et fidélité à 1 octobre 1985, suite à l’interven- « n’amen[aient] aucun élément pro- une candidature précise. Par « Silex », par l’équipe de Bernard M. Tiberi ». « Je ne suis pas persuadée que toutes [les] personnes frauduleuse- tion de M. Tiberi – alors maire du bant démontrant que ces électeurs ailleurs, le président de la chambre e Delanoë (PS), qui a succédé à Jean ment inscrites ont toutes voté pour M. Tiberi », avait-elle toutefois ajouté. 5 –, un appartement lui avait été [avaient] été faussement inscrits ou de l’instruction de la cour d’appel e Tiberi en mars 2001, avait mis en Interrogée à nouveau le 15 septembre 2001, Mme Hardhuin avait précisé qu’el- attribué dans le 15 . Or, le même maintenus illégalement sur les listes de Paris, Jean-Paul Laurans, qui e lumière l’existence au cabinet du le avait « été amenée à rédiger et compléter des documents [notamment des mois, il se faisait inscrire sur les lis- de la 2 circonscription ». avait suscité une vive polémique e maire de Paris, entre 1983 et 2001, faux certificats d’hébergement] servant à inscrire des personnes sur les listes tes électorales du… 5 , en se faisant pour avoir présidé la formation qui d’un « cabinet noir » chargé d’attri- électorales du 5e alors que celles-ci n'y habitaient pas ». héberger rue Censier, chez Roger Fabrice Lhomme avait remis en liberté le braqueur Jean-Claude Bonnal, dit « le Chi- nois », a également quitté ses fonc- tions pour devenir conseiller à la Les raéliens tentent de cloner une vingtaine de personnes, pour atteindre la vie éternelle Cour de cassation. a La juge d’instruction Marie- TOKYO Si elle dispose d’un site Internet sur lequel né et l’ovocyte énucléé destiné à l’accueillir. Clonaid, qui avait annoncé il y a six mois Odile Bertella-Geffroy, qui a ins- correspondance elle détaille ses propositions et ses tarifs en L’embryon ainsi obtenu peut alors poursuivre l’obtention d’un premier embryon humain truit le volet non-ministériel de Thomas Kaenzig, vice-président de Clo- matière de clonage, officiellement, Clonaid son développement in vitro avant d’être cloné, explique aujourd’hui avoir procédé à l’affaire du sang contaminé et naid, société privée créée par l’Eglise raélien- n’a pas d’adresse : ses responsables ont tou- implanté dans l’utérus d’une mère porteuse. environ 250 expériences de clonage humain, est toujours chargée de trois ne – un mouvement qualifié de secte par la jours refusé de préciser la localisation de ses et à plusieurs milliers sur des cellules anima- autres dossiers concernant notam- commission spécialisée de l’Assemblée natio- laboratoires ainsi que l’identité et le nombre       les. A Tokyo, ses responsables ont présenté ment un hémophile et un transfu- nale –, a présenté, mercredi 10 juillet, à de scientifiques qui travaillent pour leur comp- Cette opération délicate affiche pour l’heu- une vidéo montrant les principales étapes du sé contaminés, a indiqué, mercredi Tokyo, les derniers résultats des travaux que te. Adeptes du clonage humain à des fins re de très faibles taux de succès. Deux firmes procédé. Thomas Kaenzig a aussi indiqué que 10 juillet, avoir demandé au par- mène son entreprise dans le domaine du clo- reproductrices, les raéliens voient dans cette fabriquent actuellement des appareils de les médias internationaux seraient informés quet de Paris une « saisine globa- nage humain (Le Monde du 10 juillet). technique une manière d’atteindre la vie éter- fusion cellulaire, principalement pour des de la première naissance. le », afin de parvenir à « un traite- « En Asie, nous sentons que les gens sont plus nelle, tout comme une forme de réponse applications de clonage animal : la société Il a aussi précisé que sa société avait d’ores ment judiciaire cohérent de cette ouverts aux nouvelles technologies, c’est pour ça humaine aux attentes de leurs guides situés, américaine BTX et la japonaise Fujihira. Selon et déjà retenu une vingtaine de personnes sur affaire ». Neuf associations de victi- que nous avons choisi de venir au Japon, a-t-il pensent-ils, quelque part dans le cosmos. ses concepteurs coréens le RMX 2010 vise à quelques milliers de candidats, pour un tarif mes d’affaires de santé publique expliqué, dans le cadre de Bio Expo Japan, un A Tokyo, le stand de Clonaid était au nom améliorer les techniques du clonage humain unitaire d’environ 200 000 dollars. Selon lui, ont soutenu la demande de la salon d’équipement médical et de biotechno- de Biofusion Tech, une société coréenne qui a via une impulsion électrique stable et de bas une cinquantaine de jeunes femmes raélien- magistrate, jugeant cette saisine logies organisé du 10 au 12 juillet dans la capi- mis au point le RMX 2010, un appareil présen- voltage. Le RMX est commercialisé 9 800 dol- nes se sont portées volontaires pour porter en « indispensable pour permettre de tale nipponne. L’Europe est beaucoup plus con- té comme « révolutionnaire ». Mis au point lars, soit deux à trois fois moins cher que ses leur sein un embryon humain conçu par clona- couvrir l’ensemble des centres de servatrice, attachée à ses valeurs chrétiennes, et par les experts de Clonaid, le RMX 2010 est uti- concurrents, selon Jung Yun-pyo, directeur ge. transfusion et des périodes de conta- aux Etats-Unis il nous faut dorénavant compter lisé pour obtenir la fusion entre le noyau de la commercial de Biofusion, dont les membres mination ». avec George W. Bush. » cellule prélevée sur celui qui souhaite être clo- sont raéliens. Brice Pedroletti a Dix jeunes gens, âgés de 16 à 25 ans, ont été interpellés, depuis lundi 8 juillet par la gen- darmerie, après le viol en réu- Un « climat d’enfer » après un deuxième meurtre dans la Somme nion de deux adolescentes de 13 ans et demi, commis pendant L’autopsie du corps de Patricia, 19 ans, démontre qu’elle a été écrasée par une voiture après une tentative de viol l’été 2001 à Saint-Vallier (Drôme). Ils ont été présentés au parquet du VILLE-SUR-ANCRE (Somme) ne, à 1 km des maisons de Ville-sur- après minuit, un appel signale à la le crime au meurtre d’Elodie Kulik. les vacances, les filles veulent sortir et tribunal de Valence. Selon les gen- de notre envoyé spécial Ancre. gendarmerie d’Albert un vélo aban- Cette ravissante banquière de font du stop pour rentrer. » La suspi- darmes, quatre d’entre eux ont Les blés n’étaient pas encore fau- En six mois, Patricia est la secon- donné au bord de la route, près de 24 ans avait disparu dans la nuit du cion se généralise dans les villages déjà été mis en examen et écroués chés. De leur voiture, les gendar- de jeune femme de la région de l’un de ces innombrables monu- 10 au 11 janvier, après avoir dîné alentour où la plupart des hommes mercredi. mes n’ont pas pu voir le corps de Péronne retrouvée morte au bord ments aux morts qui jalonnent les dans un restaurant asiatique de ont été convoqués à la gendarme- a Deux anciens élèves d’un foyer Patricia, qui reposait face contre ter- d’un chemin. Le 11 janvier, Elodie routes picardes. Saint-Quentin (Aisne). Son corps rie. Les interrogatoires des voisins, pour handicapés de Voisenon re, derrière deux ballots de paille. A Kulik avait été violée et étranglée Quand les gendarmes arrivent sur dénudé avait été retrouvé dans le l’accent picard enregistré sur le por- (Seine-et-Marne), âgés de cinq mètres d’un petit chemin bor- sur un terrain militaire désaffecté place, le vélo a disparu : « Il a été brouillard, le 12 janvier, par un table d’Elodie, le choix des lieux où 29 ans, ont avoué au cours de leur dé de vastes étendues de céréales, de Tertry, à une quarantaine de kilo- volé par deux adolescents qui l’ont ouvrier agricole de Tertry, sur un ont été retrouvés les corps laissent garde à vue commencée mardi de betteraves et de pommes de ter- mètres. Patricia, elle, travaillait caché dans un bois », précise le com- tarmac désaffecté. La voiture de la penser que les criminels ne seraient 9 juillet, avoir jeté, le 23 juin, d’un re. L’adolescente de 19 ans avait dis- depuis le 1er juillet au McDonald’s mandant de gendarmerie Alain victime avait été abandonnée à pas étrangers à la région. pont qui enjambe l’autoroute A5, paru depuis deux jours quand d’Albert, à 5 km de Buire-sur-l’An- Lecras. Le lendemain, le sac à dos 5 km de là, accidentée, au bord de « Depuis le premier meurtre, les l’extincteur qui a causé la mort Bruno l’a aperçue du haut de son cre où résident ses parents adoptifs. de la jeune fille est retrouvé dans le la route. gens se regardent de travers, soupire d’un automobiliste de 42 ans. tracteur, lundi 8 juillet à 17 heures, Samedi soir, la caissière avait termi- même bois, près du vélo. L’alerte Après le choc, la banquière avait Noël, un maçon de Mouchy. Il y a a Pierre Lacoste, le premier « en tournant au coin du champ ». né sa journée un peu tard, elle avait est donnée : un appel à témoins est eu le temps d’appeler les pompiers un climat d’enfer. Les gens ne sortent adjoint au maire (PS) de Floirac Son assassin n’a pas cherché à la dis- enfourché sa bicyclette après lancé pendant qu’une centaine de de son téléphone portable. Une boî- plus de chez eux et on finit par se (Gironde), a été mis en examen, simuler, « elle était juste allongée au 22 h 30, pour un trajet d’une vingtai- gendarmes et un hélicoptère te vocale avait alors enregistré les demander si ce n’est pas le voisin mercredi 10 juillet, pour « harcèle- soleil, le pantalon baissé à mi-cuis- ne de minutes au milieu des fouillent les environs. Le corps est voix de plusieurs hommes avant qu’on côtoie tous les jours qui a fait le ment sexuel par personne ayant ses », au sommet d’une petite colli- champs éclairés par la lune. Peu découvert vingt-quatre heures plus que l’appel ne soit brutalement coup. » A Ville-sur-Ancre, une mère autorité » et «harcèlement tard, dans un champ de la commu- interrompu. Elodie a été violée, « horrifiée » a interdit à sa fille d’al- moral ». Laissé en liberté, M. Lacos- ne voisine, à moitié dénudé et por- étranglée puis en partie brûlée. ler faire du vélo. Une autre a cessé te qui, selon son avocat, « conteste tant des traces de coups. L’analyse des voix et les traces ses promenades avec ses enfants totalement les faits », est interdit de d’ADN relevées sur les lieux n’ont sur la butte où Patricia a été retrou- contact avec les trois employées   pas permis d’arrêter ses meurtriers. vée et elle « garde le nez à la fenê- municipales qui ont porté plainte Une information judiciaire a été Six mois plus tard, la mort de Patri- tre » dès qu’une voiture passe. A contre lui. ouverte pour « homicide volontai- cia a ravivé les craintes des habi- l’arrêt de bus, point de ralliement a Plus de 200 personnes ont re », et l’autopsie semble indiquer tants de la région. de la jeunesse du village, il ne reste manifesté dans le calme, mercre- que la jeune femme, après une ten- « C’est la psychose, résume Chris- plus que deux adolescentes désœu- di 10 juillet à Lille, pour deman- tative de viol, est morte écrasée par tian Eude, un habitant de Monchy- vrées autour d’une mobylette, pes- der « justice pour Riad » Hamlaoui, une voiture. Le procureur de Péron- Lagache, le village où Elodie a vécu tant contre ce « village mort » où un jeune Algérien tué en avril 2000 ne, Jean-Philippe Vicentini, insiste toute son enfance. J’ai une gamine tout le monde reste chez soi. par un policier qui a été condam- cependant sur le fait que « rien ne de 14 ans qui est très mignonne et j’ai né, le 4 juillet, à trois ans de prison permet pour l’instant de rattacher » vraiment la trouille. Surtout qu’avec Alexandre Garcia avec sursis (Le Monde du 6 juillet). LE MONDE/VENDREDI 12 JUILLET 2002/11 CARNET

AU CARNET DU « MONDE » –Mme Jean Pats, – Denise Guillaume-Suberville, son épouse, sa compagne, DISPARITIONS Naissances Le capitaine de frégate (H) Jean-Louis Françoise Suberville-Van Regemorter, Pats sa fille, Emile MARMONIER ses enfants et petits-enfants, Odile, Pierre-Laurent, me est heureux d'annoncer la naissance de M Gérard Pats Louis-Bertrand, et ses enfants, Paul Guilbert son petit frère, ses petits-enfants, Le docteur et Mme Pierre Pats Et toute la famille, leur fille et belle-fille, Sidoine, ont la grande douleur de faire part du Un écrivain journaliste au « Figaro » M. et Mme François-Xavier Pats décès, le 9 juillet 2002, dans sa quatre- et leurs enfants, vingt-cinquième année, de le 4 juillet 2002, à . Le médecin-chef des services me PAUL GUILBERT, journaliste mots. Aux jeunes journalistes, Guil- et M Bruno Pats, ses enfants, petits-enfants et arrière- politique, rédacteur en chef au bert expliquait les travers du prési- Décès Gérald SUBERVILLE, petits-enfants, commandant Janvier Figaro, est mort mercredi 10 juillet dent avec affection et beaucoup me ont la tristesse de faire part du rappel à –M Hubert Mutricy, dans la Résistance, à l’âge de 70 ans. d’humour. ses enfants, petits-enfants et arrière- Dieu du Il y avait d’abord l’allure. Une élé- Le président de la République ne organisateur de l'Action ouvrière petits-enfants, du Languedoc, gance évidente des traits, des yeux s’y est pas trompé, qui a rendu hom- Mme Didier Bertrand, général Jean Janvier PATS, chef départemental FFI Mme Jean-Louis Bévière, commandeur de la Légion d'honneur, clairs adoucissant un long nez cou- mage à son « ami ». « Avec lui, je de l'Hérault. pant, et une voix, surtout. Grave et perds un ami de toujours, un être ses sœurs, M. et Mme Pascal Jaluzot, profonde. Une voix qui racontait cher, l’un de ces compagnons pré- survenu le 10 juillet 2002, à l'âge de M. et Mme Alain Cuvillier, quatre-vingt-douze ans, à l'hôpital avec autant de bonheur les vices cieux dont les qualités de cœur, de M. et Mme Yves Monmoton, d'instruction des armées Percy. L'incinération, suivie de l'inhumation d’un corrompu ou la générosité fidélité et de générosité éclairent tou- ses nièces et neveux, des cendres, aura lieu le lundi 15 juillet, d’un ami. Curieusement, donc, te une route », a-t-il écrit. « Journa- Leurs enfants et petits-enfants, Ils rappellent à vos prières le souvenir à 13 heures, au crématorium du Père- pour un homme qui a toujours liste d’exception, il avait érigé son Mme Charles Monmoton, de son fils, Lachaise, 15, rue du Repos, Paris-20e. vécu de sa plume, Paul Guilbert métier en art, décrivant d’une plume sa belle-sœur, Les familles Gascuel et Janin, Gérard, frappait d’abord par un physique sans égale, où l’analyse le mêlait à ses cousins, Condoléances remarquable. Sans doute fallait-il y   l’épopée, tous les épisodes de notre font part du rappel à Dieu, le décédé en mars 2002. – L'Association pour le droit de voir la traduction de son histoire et vie politique. Il en tenait la fidèle 9 juillet 2002, de mourir dans la dignité (ADMD) de sa personnalité. Car Guilbert comme chroniqueur, puis comme chronique avec génie. Il en était deve- La cérémonie religieuse se déroulera tient à honorer la mémoire de avait débuté sa carrière en deve- rédacteur en chef et chef du service nu le héraut ». « Paul Guilbert était en l'église Saint-Pierre - Saint-Paul, nant secrétaire de l’ancien prési- de politique intérieur. aussi un homme de grande culture, M. Jean-Paul GASCUEL, Laurent SCHWARTZ, chevalier de la Légion d'honneur, 3, place de l'Eglise, à Clamart (Hauts-de- dent du conseil Paul Reynaud et C’est la politique qui le rendit un esprit fin et curieux pour qui la Seine), le lundi 15 juillet, à 10 heures, décédé le 4 juillet 2002. surtout de l’écrivain et journaliste célèbre. Paul Guilbert connaissait à langue et l’écriture étaient un enga- suivie de l'inhumation dans l'intimité e Joseph Kessel. Et, au fond, il s’était peu près tout ce que la V Républi- gement, parfois un combat. » endormi dans la paix du Seigneur, à l'âge familiale, au cimetière de Clamart. Dès 1987, il avait adhéré à notre mis à ressembler à ce dernier : un que a pu produire de petits élus et Le chef de l’Etat n’a jamais cessé de quatre-vingt-cinq ans. association, persuadé que le droit de étonnant physique de lion et un de hauts responsables. Il savait de s’informer des progrès de la Ni fleurs ni couronnes. mourir dans la dignité était un de ces regard aiguisé sur l’âme humaine. leurs grands débats et aussi pas mal maladie de son « ami ». De son La cérémonie religieuse sera célébrée droits de l'homme dont il a été un le vendredi 12 juillet, à 15 heures, en 9, rue Chef-de-Ville, infatigable défenseur. Et puis, ce balancement entre la lit- de petitesses. Mais il a adoré la poli- côté, Guilbert n’a jamais rien dit de l'église Saint-Jacques du Haut-Pas, 92140 Clamart. térature et le journalisme. Guilbert tique avec passion. Ces dernières ses faiblesses. Continuant à lire les 252, rue Saint-Jacques, Paris-5e, suivie Son accord, fidèle jusqu'à sa mort, avait choisi la presse, mais il compo- années, alors qu’il aurait pu rester romans qu’il aimait, à défaut de de l'inhumation dans le caveau de me nous a été un appui moral précieux. famille, au cimetière parisien de –M Anne-Marie Renaud-Plon, sait ses articles comme un écrivain. dans ses bureaux du Figaro, il sui- pouvoir poursuivre à plein son acti- Michel, Daniel, Isabelle et Florence Entré à Combat en 1960, il avait vait encore volontiers un élu en vité journalistique. La littérature ne Bagneux. Les vingt-huit mille adhérents de Plon, l'ADMD l'en remercient et adressent à sa même réussi ce tour de force d’être campagne électorale. Il les tutoyait l’a jamais vraiment quitté. Et s’il n’a Cet avis tient lieu de faire-part. ses enfants, famille (dont plusieurs membres sont ensuite, pendant quelques mois, presque tous et pouvait tout aussi pas voulu écrire lui-même ces Jérôme, Laurence, Maela, Julian, aussi adhérents) leur respectueuse chef du service politique du Quoti- bien leur passer un savon. Journa- romans dont on le sentait rempli, il 6, rue du Val-de-Grâce, Cécilia et Nicolas, sympathie. dien de Paris et des Nouvelles littérai- liste de droite, gaulliste, il était un a vécu ces dernières années avec 75005 Paris. ses petits-enfants, Samuel, res, en 1976. Il était pourtant resté grand ami de Jacques Chirac, ren- l’écrivain Raphaële Billetdoux, qu’il – Le conseil d'administration de l'AX au Quotidien de Paris, par goût contré à Sciences Po. Et même s’il a admirait et avec laquelle il a eu un son arrière-petit-fils, (Association des anciens élèves de – Marie-France et Alain Gineste, ont la douleur de faire part du décès de pour la liberté de ton du journal et mille fois frémi sur le parcours de fils, Augustin, dont il aimait à souli- Guillaume et Anne-Laure Gineste, l'Ecole polytechnique) ayant appris le décès, le 4 juillet 2002, de surtout pour son directeur Philippe son ami, jamais il n’a pris ses distan- gner le physique de jeune lion. A Bertrand Gineste et Caroline Fructus, Gérard PLON, Tesson dont il a toujours admiré la ces. Prêtant même souvent sa plu- l’image de son père. Les familles Gineste, Orelle, Coste, Massardo, Jorda, Collet, Marques, Laurent SCHWARTZ, culture et la séduction. Ce n’est en me à un Chirac qui a toujours survenu à Paris, dans sa quatre-vingt- Parents et alliés, 1988 que Guilbert entra au Figaro, reconnu être empêtré dans les Raphaëlle Bacqué ont la douleur de faire part du décès de cinquième année, le 10 juillet 2002. présente ses condoléances à la famille. Le souvenir de son enseignement de Roger GINESTE, – Les familles Rozés, Fargue, mathématiques à l'Ecole polytechnique officier de la Légion d'honneur, Guiraud, Courcol Rozés, Brachet de reste gravé dans la mémoire de La Valette nombreuses générations d'anciens élèves. Rod Steiger survenu le 5 juillet 2002, dans sa quatre- ont la douleur de faire part du décès de Son rayonnement scientifique restera en vingt-dixième année. mémoire des anciens élèves de l'Ecole Marie-Thérèse ROZÉS, polytechnique. Un jeu très physique et des rôles de méchant 42, boulevard de Sébastopol, artiste peintre, 75003 Paris. rappelée à Dieu le 29 juin 2002, à Anniversaires L’ACTEUR AMÉRICAIN Rod Stei- tion du frère de Marlon Brando dans un homme douteux dans Le Docteur – Les familles Golvin-Milon, parents Maisons-Alfort. – Aujourd'hui, 12 juillet 2002, ger, Oscar du meilleur acteur en 1967 Sur les quais. Sa corpulence, son air Jivago (1965), de David Lean ; un flic et alliés pour son rôle de shérif raciste dans le souvent dédaigneux et son jeu très raciste dans Dans la chaleur de la nuit, ont la tristesse de faire part du décès de Ses obsèques religieuses ont eu lieu le Annie film de Norman Jewison, Dans la cha- physique le conduisent à jouer au ciné- et un sergent aux pulsions homo- 5 juillet. Elle repose au cimetière d'Agen. CARLSTEN-GOLDMARK leur de la nuit, est mort, mardi 9 juin à ma des rôles de méchant, de caracté- sexuelles dans Le Sergent (1968), de Lucien GOLVIN, 25, rue Cornac, l’âge de 77 ans, d’une pneumonie. riels ou de marginaux. Dans Plus dure John Flynn. Les années 1970 mar- chevalier de la Légion d'honneur, aurait dû avoir soixante ans. Né le 14 avril 1925, Rodney Stephen sera la chute (1956), de Mark Robson, quent un coup d’arrêt à la carrière de professeur d'archéologie musulmane 33000 Bordeaux. Steiger était le fils unique de parents il joue un patron véreux chargé du Syn- Steiger. On le retrouve dans Waterloo à la faculté d'Alger et d'Aix-en-Provence, issus du monde du spectacle. Il fut rapi- dicat de la boxe. Il incarne un sudiste (1970), de Sergueï Bondartchouk, où il – Nicolas Bourbaki Anniversaires de décès a la tristesse de faire part du décès, le dement surnommé « Rodney the qui préfère vivre chez les Indiens que incarne avec excès un Napoléon sur le survenu le 7 juillet 2002, à l'âge de – C'était un dimanche, le 12 juillet. Rock » à cause de sa force physique. A devenir un citoyen de l’Union dans Le déclin ; dans Il était une fois la révolu- 4 juillet 2002, de l'un de ses anciens Il y a quinze ans. quatre-vingt-quatorze ans. collaborateurs, l’âge de 16 ans, il s’enrôle dans l’US Jugement des flèches (1957), de Samuel tion (1971), de Sergio Leone, où le réali- Jean ARCHAMBAUD. Navy après avoir menti sur son âge. Il Fuller. Dans Al Capone (1959), de sateur italien supporte mal ses capri- L'inhumation a eu lieu le 9 juillet, au Laurent SCHWARTZ, prend part aux batailles d’Okinawa et Richard Wilson, son interprétation du ces de star ; dans Lucky Luciano (1973), cimetière d'Eguilles, en présence de sa Janine Cazes-Archambaud. famille et de tous ses amis. d’Iwo Jima durant la seconde guerre célèbre gangster atteint des sommets de Francesco Rosi, où il incarne avec et s'associe à la douleur de sa famille. mondiale. Steiger recommandait aux de démesure. emphase un gangster, et dans Les Inno- « Nous avons tous été 8, rue des Lotins, jeunes acteurs de s’engager comme lui Les années 1960 marquent un tour- cents aux mains sales (1974), de Claude ce que vous êtes, 13510 Eguilles. – Le président, vous serez tous dans la marine : « On y rencontre des nant dans la carrière de Rod Steiger, Chabrol. Le vice-président, ce que nous sommes. » gens, des cultures, des costumes diffé- qui se partage entre l’Europe et les La carrière de Rod Steiger s’arrête – On nous prie d'annoncer la Le délégué général, Inscription à l'entrée d'un cimetière. Les membres du Comité national rents. C’est une formation merveilleuse Etats-Unis. Il incarne le pape Jean net en 1978, après une dépression ner- disparition de d'évaluation, pour un acteur », disait-il. XXIII dans E venne un uomo (1965), veuse. « Je ne pouvais plus me lever le – 12 juillet 1944 - 12 juillet 2002. Après la guerre, Steiger entre au hagiographie désuète d’Ermanno matin », déclare-t-il à l’époque. Il se me Et tout le personnel de son secrétariat M Jany général, New York Theater Workshop afin Olmi ; un survivant des camps dans remet à travailler de manière plus con- LECREUX-COURNOT, ont la tristesse de faire part du décès de Pour le cinquante-huitième d’étudier les techniques de théâtre ex- l’étonnant Prêteur sur gages (1964), de sistante dans les années 1980, à la télé- anniversaire de leur mort, des prières périmental de l’époque. Il commence Sidney Lumet, où le mélange de vision et au cinéma. On peut retenir le 25 juin 2002. M. Laurent SCHWARTZ, seront dites à l'intention de médaille Fields 1950, à travailler à la télévision en 1947, où il séquences situées en Russie ajoutées à son interprétation extraordinaire d’un Roger MAGNIEN, apparaîtra dans près de 300 produc- celles tournées à New York avec une rabbin aux principes inflexibles dans le Elle repose désormais à Giverny. membre de l'Académie des sciences, ancien professeur aux facultés tions. Sa carrière au cinéma prend extraordinaire musique de Quincy magnifique L’Elu (1982), de Jeremy 1, avenue Victor-Hugo, des sciences de Nancy quarante-deux ans, plus de temps, avec une série de petits Jones donne un film unique ; un édile Paul Kagan. 27200 Vernon. et Paris et à l'Ecole polytechnique, rôles entre 1951 et 1954. Il devient une municipal corrompu dans Main basse et de son épouse, survenu le 4 juillet 2002. vedette en 1954 après son interpréta- sur la ville (1963), de Francesco Rosi ; Samuel Blumenfeld Claire, Vous pouvez Premier président du CNE (1985- née DELORME, nous transmettre 1989). vos annonces la veille trente-six ans, Son action déterminée en faveur de PartezPartez enen vacancesvacances avecavec pour le lendemain l'évaluation dans l'enseignement victimes de l'épuration sauvage. Pour les suspensions ou transferts vacances : 0 825 022 021 (0,15 e TTC la minute) jusqu’à 16 h 30 supérieur français a marqué avec force Vous êtes abonné(e) FAITES SUIVRE OU SUSPENDRE ou par Internet : www.lemonde.fr (Rubrique «le quotidien/abonnements») une orientation qui trouve maintenant – Le 12 juillet 1982, VOTRE ABONNEMENT Votre numéro d’abonné (impératif): Permanence le samedi tout son sens dans le cadre européen qui PENDANT VOS VACANCES: Prénom:...... Nom: ...... jusqu’à 16 heures se met en place. Jean POUTARAUD Commune de résidence habituelle (impératif): (Le Monde du 10 juillet.) nous quittait, rejoint par G Retournez ce bulletin au moins J Suspension vacances (votre abonnement sera prolongé d’autant) 10 jours à l’avance sans oublier de du: ...... au: ...... Rita, nous indiquer votre numéro d’abonné CARNET DU MONDE J Transfert sur le lieu de vacances (France métropolitaine uniquement) (en haut à gauche de la «une» de votre TARIFS ANNÉE 2001-2002 - TARIF à la ligne le 10 octobre 1996. journal). du: ...... au: ...... Votre adresse de vacances: Sa famille G Si vous êtes abonné par prélève- DÉCÈS, REMERCIEMENTS, AVIS DE MESSE, vous remercie de penser à eux et de prier ment automatique, votre compte sera Prénom:...... Nom: ...... ANNIVERSAIRES DE DÉCÈS 22 E - 144,31 F TTC pour eux. prélevé au prorata des numéros servis Adresse: ...... TARIF ABONNÉS 18,50 E - 121,35 F TTC dans le mois. Code postal: Ville: ...... – Il y a dix ans, le 13 juillet 1992, NAISSANCES, ANNIV. DE NAISS., disparaissait Vous n’êtes pas abonné(e) Pour tout autre renseignement : 01-44-97-54-54 de 8 h 30 à 18 h RECEVEZ LE MONDE SUR du lundi au vendredi, ou par Internet : [email protected] MARIAGES, FIANÇAILLES, PACS LE LIEU DE VOS VACANCES. Votre adresse de vacances: 201MQVEC FORFAIT 10 LIGNES Pierre SAVINEL. Retournez-nous au moins 10 jours à du:...... au: ...... 120 E - 787,15 F TTC Une pensée, une prière, rassembleront l’avance ce bulletin accompagné de Prénom:...... Nom: ...... La ligne suppl. : 12 E - 78,71 F TTC tous ceux pour qui son souvenir et son votre règlement. Adresse: ...... TARIF ABONNÉS 100 E - 655,96 F TTC enseignement demeurent une vivante inspiration. Code postal: Ville: ...... La ligne suppl. : 10 E - 65,60 F TTC DURÉE FRANCE Votre adresse habituelle: THÈSES - ÉTUDIANTS : 13,35 E - 87,55 F TTC J 2 semaines (13 n°)...... 14,60 F/(95,77 F) Adresse: ...... COLLOQUES - CONFÉRENCES : Nos abonnés et nos actionnaires, J 3 semaines (19 n°) ...... 21,10 F/(138,41 F) Nous consulter bénéficiant d’une réduction sur J 1 mois (26 n°) ...... 26,35 F/(172,84 F) Code postal: Ville : ...... J m 01.42.17.39.80 + 01.42.17.29.96 les insertions du « Carnet du J 2 mois (52 n°) ...... 57,60 F/(377,83 F) Votre règlement: Chèque bancaire ou postal joint J Fax : 01.42.17.21.36 e-mail: [email protected] Monde », sont priés de bien J 3 mois (78 n°) ...... 85,60 F/(561,50 F) Carte bancaire n°: Les lignes en capitales grasses sont facturées sur la base de J 12 mois (312 n°) ...... 301,50 F/(1.977,71 F) En France métropolitaine uniquement. Date et signature obligatoires: vouloir nous communiquer leur Bulletin à renvoyer à : Le Monde - Service Abonnements deux lignes. Les lignes en blanc sont obligatoires et facturées. Offre valable jusqu’au 31/08/2002 60646 Chantilly Cedex numéro de référence. 12/LE MONDE/VENDREDI 12 JUILLET 2002 RÉGIONS Un nouveau Jean-Pierre Raffarin lance la décentralisation à l’essai projet de loi sur l’eau est Le premier ministre veut transférer aux régions un bloc important de nouvelles compétences, dans une réforme qui allierait cas particuliers et généralisation des expériences. Le Parlement disposerait d’un « ticket retour » en préparation

« C’EST SA PASSION, remarque Monde, mercredi 10 juillet à la Blanc, président (DL) de la région truction et l’entretien des bâti- pourrait ainsi débuter au prin- RETOUR à la case « concerta- un conseiller. Il travaille, bien sûr, veille d’une réunion de ministres à Languedoc-Roussillon, est déjà ments universitaires – voire la ges- temps. tion » pour les projets de loi sur sur tous les autres dossiers. Mais Matignon sur la décentralisation. candidat à la gestion « du Centre tion des personnels chargés de la Mais la loi préciserait aussi les l’eau et sur le risque industriel. c’est son sujet de prédilection. » L’un des principaux soucis du national d’enseignements sportifs de maintenance (ATOS) – ; la respon- modalités de l’évaluation de ces Roselyne Bachelot-Narquin, minis- Jean-Pierre Raffarin n’a jamais chef du gouvernement est de par- haut niveau de Font-Romeu ». sabilité pleine et entière de la for- expériences. A ce propos, le pre- tre de l’écologie, a annoncé, mardi caché qu’il voulait être pilote du venir à désamorcer les résistances Chaque demande de dérogation mation professionnelle, déjà en mier ministre insiste sur le rôle du 9 juillet, à Lyon, son « intention de chantier « décentralisation », piè- des administrations centrales de devra être examinée par le gouver- partie exercée par les régions ; des Parlement : lui seul pourrait déci- présenter, courant 2003, un projet ce maîtresse de l’action réformatri- l’Etat, des préfets, des personnels nement qui pourra ensuite l’accor- responsabilités dans le domaine du der de la généralisation des expé- de loi sur la sécurité industrielle ». ce de son gouvernement. des services publics touchés par les der par décret, sans passer par la sport ; la construction et l’entre- riences et trancherait en dernier Manière élégante de déclarer Avant le second tour des législati- éventuels transferts de compéten- loi, imagine-t-on à Matignon. Ces tien des routes, des ports, des aéro- ressort sur leur utilité. « Il dispose- caduc l’ancien projet, présenté en ves, l’Elysée et Matignon avaient ces de l’Etat vers les régions. Il s’est transferts auront lieu dès l’autom- ports ; enfin la gestion des fonds rait d’un ticket retour », résume conseil des ministres le 13 février esquissé l’idée d’un grand ministè- forgé une méthode destinée à ras- ne. Le principe pourrait aussi s’ap- européens et peut-être la santé. M. Raffarin. par Yves Cochet. re de la décentralisation. Mais surer : « L’expérimentation. » pliquer aux structures des collecti- Entre octobre et décembre 2002, Des comités régionaux d’évalua- Mardi également, Hervé Gay- regrouper les administrations com- Le terme a plusieurs mérites. Il vités : une région pourrait fusion- les régions vont pouvoir faire tion seraient aussi chargés, avec mard, ministre de l’agriculture, a pétentes dans un département uni- implique la possibilité d’un retour les partenaires sociaux et les caté- confirmé l’abandon du texte sur que impliquait de dépouiller plu- en arrière si les transferts ne sont gories socioprofessionnelles inté- l’eau, examiné en première lecture sieurs ministres de leurs prérogati- pas concluants. Il suppose que les Un proche du premier ministre à la Datar ressés par les transferts, d’exami- à Assemblée nationale en janvier. ves. « Il était impensable de dépecer initiatives viennent d’« en bas », Avant la mi-août, Nicolas Jacquet, actuel chef de cabinet de Jean-Pierre ner la politique menée et son coût « D’ici six mois, nous allons repren- Nicolas Sarkozy, ministre de l’inté- souligne M. Raffarin. Ainsi le pre- Raffarin, devrait s’installer dans le bureau qu’occupe Jean-Louis Guigou, pour la collectivité. L’exercice dre les procédures de consultation rieur et numéro deux du gouverne- mier ministre n’apparaît pas com- délégué à l’aménagement du territoire et à l’action régionale (Datar) depuis d’une nouvelle compétence pour- générale », a affirmé le ministre. ment de la direction générale des col- me celui qui veut imposer d’« en le 23 juillet 1997. Ancien secrétaire général auprès du préfet d’Ile-de-France, rait être assorti d’un « bonus » fis- Lors de la campagne présiden- lectivités locales ! », ironise un haut » les réformes. M. Jacquet, 50 ans, a été préfet de la Haute-Loire et du Lot-et-Garonne. Il a cal, sous forme de transfert d’im- tielle, le 18 mars, à Avranches membre d’un cabinet ministériel. occupé plusieurs postes de direction aux Charbonnages de France pôt national. (Manche), le candidat Jacques Chi- Le projet est mort-né avec la fin «  ’ » entre 1985 et 1988. Administrateur de la RATP en 2000, puis du Port autono- rac avait promis l’élaboration d’un des ambitions ministérielles de Phi- Dans l’esprit de M. Raffarin, me de Paris en 2001, il est aujourd’hui préfet hors cadre. Le remplacement    nouveau texte sur l’eau. C’était lippe Douste-Blazy, maire (UMP) deux types de transferts sont possi- de M. Guigou est motivé par « le souci de redonner une nouvelle impulsion Reste un point, sur lequel le pre- également une manière civile d’en- de Toulouse, après sa réélection de bles : les « expérimentations-déroga- aux relations entre les élus locaux et la Datar », explique-t-on dans l’entoura- mier ministre reste très prudent : terrer l’ancien et de répondre à l’at- justesse comme député. tion » et les « expérimentations- ge de Jean-Paul Delevoye, ministre de la fonction publique, de la réforme de celui du pouvoir d’adaptation tente des agriculteurs, inquiets des M. Raffarin n’en est pas marri. Il généralisation ». La première, une l’Etat et de l’aménagement du territoire. M. Guigou est accusé d’avoir susci- réglementaire des régions, qui redevances sur les nitrates qui garde ainsi la haute main – en con- régionalisation à la carte, nécessite té des « résistances » de la part des élus ruraux, même si son « sens de la ouvrirait la voie à une différencia- devaient leur être appliquées au certation avec Patrick Devedjian, une réforme de la Constitution. Le prospective » est salué par M. Delevoye, auquel la Datar est rattachée. tion territoriale, avec la prise en nom du principe pollueur-payeur. ministre délégué aux libertés loca- gouvernement devrait présenter, à compte des particularismes Ces deux dossiers devraient les – sur une réforme dont il a l’automne, devant l’Assemblée ou locaux. donc faire l’objet de nouvelles dis- depuis longtemps en tête les gran- le Sénat – le choix n’est pas arrêté ner avec une autre. connaître les compétences qu’elles M. Raffarin est ouvert à l’idée de cussions avec les acteurs. Mais les des lignes. Et dont il sait qu’elle est – un projet de réforme constitu- La seconde voie – « l’expérimen- souhaiteraient expérimenter. Déjà, transférer des pouvoirs réglemen- similitudes s’arrêtent là, la matière très délicate à mettre en œuvre. tionnelle qui inscrira « la région » tation-généralisation » – est plus des demandes ont été formulées taires aux régions, ainsi que le de l’un faisant plutôt consensus Quel que soit son rêve de voir et « le droit à l’expérimentation » classique et plus longue. Sur le ici et là, de la gestion du tourisme à réclame aujourd’hui Christian Pon- tandis que celle de l’autre suscite advenir une « République des proxi- dans la Constitution. Chaque modèle de la régionalisation des la culture, en passant par la recher- celet, président (RPR) du Sénat (Le des antagonismes. mités » avec des pouvoirs très région, mais aussi les départe- transports ferroviaires lancée par che… Si Adrien Zeller, président Monde du 3 juillet), comme la plu- Le nouveau texte sur la sécurité importants confiées aux régions, il ments et les communes, pourrait le gouvernement d’Edouard Balla- (UDF) de la région Alsace, entend part des présidents de régions. industrielle ne devrait être qu’un ne veut pas courir le risque d’appa- demander à exercer une compéten- dur et mise en œuvre par celui de gérer directement les fonds euro- Mais le premier ministre ne l’envi- simple remaniement du précédent raître comme celui qui brisera un ce sur un domaine bien précis, par Lionel Jospin, il s’agirait, selon péens, le président breton Josselin sage que de façon expérimentale, qui, selon Mme Bachelot-Narquin, tabou, au nom duquel l’actuelle « dérogation ». Matignon, de transférer « trois ou de Rohan (RPR) réclame les ports, réversible et très encadrée par le « introduit des modifications intéres- majorité s’était opposée au proces- Un département pourrait ainsi quatre compétences à cinq ou six les aéroports, la gestion de l’eau. Parlement. santes mais reste imprécis ou criti- sus de Matignon de Lionel Jospin demander à gérer intégralement le régions avant de les étendre à la tota- Un projet de loi global pourrait Quelles que soient ses proposi- quable dans de nombreux domaines sur la Corse. « Je ne souhaite pas RMI ; une région à prendre la direc- lité ». être présenté en janvier 2003 qui tions, le gouvernement s’expose, cruciaux ». « J’entends retravailler que l’unité de la République soit tion d’un centre de formation pro- Parmi les compétences envisa- arrêterait la liste des compétences de toute façon, à la surenchère des sur cette base », a-t-elle admis. remise en cause », a-t-il déclaré au fessionnel. A ce titre, Jacques gées, pourraient figurer : la cons- transférées. L’expérimentation élus, en premier lieu des anciens Feu le projet sur l’eau fait l’objet collègues sénateurs du premier d’un jugement autrement sévère. ministre. Déjà, le 25 juin, M. Ponce- « La loi que j’ai trouvée dans les let s’est montré plus radical que tiroirs me paraît insatisfaisante, elle « Putsch » électoral de Gérard Longuet à l’Association des régions de France M. Raffarin en proposant une révi- ne prévoit pas de nouveaux moyens sion constitutionnelle pour jeter et affiche des principes faibles et L’ÉLECTION, mercredi 10 juillet, de Gérard alors à égalité. Après avoir instrumentalisé Interrogé par Le Monde, M. Longuet repro- les soubassements d’une « Républi- nébuleux », affirmait la ministre, Longuet à la tête de l’Association des régions l’ARF pour critiquer le gouvernement Jospin – che à la gauche d’avoir fait achopper l’accord que territoriale ». « Pourquoi ne pas début juin. de France (ARF) dote le premier ministre d’un avec parfois l’assentiment des régions de gau- initialement prévu. Il souligne que la parité envisager une loi-cadre qui laisse- renfort indéfectible pour mener à bien son che – l’ex-président (DL) de Poitou-Charentes n’était plus respectée à l’ARF depuis l’arrivée, rait à chaque commune la possibili- «    » « grand chantier » de la régionalisation. Le pré- avait obtenu que soit reportée à l’après-prési- en janvier 1999, d’Anne-Marie Comparini, prési- té de modifier le mode de calcul de Sur le risque industriel, sident (UMP-UDF) de la région Lorraine succè- dentielle l’élection officielle de M. Le Vern. dente (UDF-UMP) de Rhône-Alpes, après l’ex- la taxe d’habitation ? », suggère, de Mme Bachelot-Narquin envisage, de à Alain Le Vern, président (PS) de Haute- clusion de son prédécesseur, Charles Millon, son côté, Jean-Pierre Fourcade, dans la continuité de l’ancien pro- Normandie, qui assurait l’intérim de la prési-   pour cause d’alliance avec le FN président du comité des finances jet, de renforcer l’information du dence après que Jean-Pierre Raffarin lui-même Ces derniers jours, un accord semblait se des- M. Longuet estime plus « cohérent » que locales, sénateur (UDF) des Hauts- public ou des personnels. Une cir- eut démissionné, le 23 janvier 2001. siner qui aurait permis à M. Le Vern d’être élu l’ARF puisse être représentée par un président de-Seine. culaire va déjà être envoyée aux L’élection de M. Longuet a toutefois donné président et à M. Longuet d’être rapporteur du même bord que le gouvernement. « On vou- « J’attends avec gourmandise de préfets, les enjoignant de créer des lieu à un psychodrame entre régions de droite général des groupes de travail sur la réforme au lait éviter le ridicule d’un président qui critique le connaître les propositions du gouver- commissions locales d’informa- et de gauche, qui augure mal des chances de sein de l’association. Mais mercredi matin, à la gouvernement et d’une association dont les mem- nement », renchérit Paul Girod, tion là où elles font défaut, et de l’ARF de rester unie : dix présidents de gauche stupéfaction des élus de gauche, René Garrec, bres souscrivent majoritairement à la réforme », sénateur (RDSE) de l’Aisne, auteur diffuser sur Internet les différents ont dénoncé, dans un communiqué, mercredi, président (DL) de la Basse-Normandie, a pré- explique-t-il. M. Longuet, très proche de M. Raf- d’une proposition de loi visant à rapports ou études sur les installa- « le reniement de la parole de Jean-Pierre Raffa- senté la candidature de M. Longuet à la prési- farin, accueillera celui-ci en Lorraine mercredi créer des lois à « vocation territo- tions à risque. rin par les présidents de région de droite ». dence. Quittant immédiatement la salle avec 17 juillet. Sénateur de la Meuse depuis 2001, riale ». Proposition « subversive », « Il est nécessaire de renforcer la Quand l’ARF s’est constituée, au lendemain l’ensemble des présidents de gauche qui ont l’ancien ministre d’Edouard Balladur resurgit selon M. Raffarin, à laquelle néan- culture du risque », a affirmé mardi des régionales de 1998, M. Raffarin avait été élu refusé de prendre part au vote, Jean-Paul ainsi sur la scène politique par l’échelon moins il affirme souscrire. La pru- la ministre, lors de sa visite du cou- au terme d’un accord qui prévoyait une alter- Huchon, président (PS) de l’Ile-de-France, a régional. dence et l’audace, toujours… loir lyonnais de la chimie, où sont nance avec un président PS au bout de trois qualifié de « brutes ceux qui sont prêts à tout concentrées les principales installa- ans. Présidents de gauche et de droite étaient pour récupérer tous les postes tout de suite ». B. J. Béatrice Jérôme tions Seveso de l’agglomération. Par voie législative, des nouvel- les règles pourraient être égale- ment imposées pour l’urbanisa- Le report d’un an de la mise en service du TGV Est irrite les collectivités locales tion à proximité des usines dange- reuses. Le projet piochera égale- Réseau ferré de France, maître d’ouvrage, devrait supporter le surcoût de 10 % annoncé des travaux ment parmi les 90 propositions du rapport parlementaire rendu, en METZ aujourd’hui. Par ailleurs, RFF a nales intéressés par le TGV Est assu- février, par Jean-Yves Le Déaut, de nos correspondants annoncé un surcoût d’environ 10 % rent 23 % du financement global. UN PREMIER CHANTIER DE 300 KILOMÈTRES député (PS) de Meurthe-et-Mosel- Champenois, Lorrains et Alsa- du budget initial, fixé en 2000 à L’Etat injecte, pour sa part, 1,22 mil- le, et François Loos, député (UMP- IIIIIIIIIII re ciens n’auront pas leur TGV est- 3,125 milliards d’euros, hors maté- liard d’euros, l’Union européenne, Ligne existante Ligne TGV 1 phase UDF) du Bas-Rhin, entré, depuis, européen en 2006. Réseau ferré de riel roulant. A priori, cette hausse 320 millions, et le Grand-Duché du au gouvernement. ligne TGV 2e phase Principales gares France (RFF) l’a confirmé mercredi ne devrait pas être supportée par Luxembourg, 117,39 millions. Les deux élus, saisis après l’ex- 10 juillet, lors d’un « comité de pilo- les collectivités locales mais par plosion de l’usine AZF, le 21 sep- tage » à Strasbourg. Le maître d’ou- RFF, conformément à une  «  »   CHAMPAGNE- tembre 2001, préconisaient notam- ARDENNE vers ALLEMAGNE vrage du chantier, lancé officiel- convention de financement signée Quant à RFF, sa contribution MEUSE le Luxembourg ment de limiter l’usage en cascade AISNE REIMS METZ lement le 28 janvier par Jean- en 2000. « On s’en tient là, on ne s’élève, toujours selon l’estimation MEUSE MOSELLE de la sous-traitance. Argument I I I I I I I I II I I I I I I I I I I I I I I I me I I I I I I I I I I I I I I Claude Gayssot, a demandé un paiera pas au delà », a commenté de 2000, à 682,82 millions d’euros I I I Baudrecourt repris par M Bachelot-Narquin : I I II II I I I I I I I I I I I I I I I I I I PARIS I Épernay I I I Châlons- I I I I I I I I I I I I I I I I I I I I I I I délai d’un an supplémentaire pour Gérard Longuet, président (UMP- – contre 48,94 millions pour la I « On a bien vu sur le site de Toulou- I Vandières Strasbourg en-I Champagne I I I I I I III I I I I I I I I III I I I I I I I I I I I I I I I I I I I I I ILORRAINEI I I I I MARNE I I I I I I I I I I I I I I I I I I I I I I I I I I I I I I I I I I I I I I I I I I I I I I I I I I I I I I I I I I I la construction de la ligne à grande UDF) du conseil régional de Lor- SNCF. La participation des collec- I I I se que le facteur humain n’avait pas I I I I I I I I I I I I I I I I I I I I I Marne-la-Vallée I I I I I I I I I I I I Sarrebourg II I I I I I I I I I I vitesse (LGV) de 300 km entre Vai- raine, rejoint par son homologue tivités explique en partie l’irritation BAR-LE-DUC NANCY I I I I I été assez pris en compte, qu’en parti- Lunéville res-sur-Marne (Seine-et-Marne) et alsacien, Adrien Zeller (UDF). des élus locaux, qui attendent le SEINE-ET-MARNE MEURTHE- vers culier le développement de la sous- ET-MOSELLE BAS-RHIN Munich Baudrecourt (Moselle). Ce projet est le premier du genre TGV depuis plus de vingt ans. «On et traitance avait amené à des erran- Budapest C’est donc en 2007, au plus tôt, à être financé en partie par les aimerait enfin avoir des garanties ces et à des dysfonctionnements gra- que Paris sera relié à Metz ou Nan- collectivités locales. Régions, dépar- d’exécution dans le temps », a souli- 50 km ves », a-t-elle déclaré. cy en 1 h 30, contre plus de 2 h 40 tements et structures intercommu- gné mercredi Philippe Leroy, prési- Sur l’eau, l’exercice s’annonce dent (RPR) du conseil général de la et-Moselle) est exemplaire. Cette ment avec les propriétaires. En plus difficile, le futur projet de loi Moselle. « Il faut tout faire pour évi- municipalité livre depuis plusieurs face, la commune s’est portée étant annoncé à l’horizon 2003. ter que ça dérape à nouveau »,a mois une véritable « guérilla juridi- acquéreur de certaines parcelles « La volonté de dialogue et de parti- renchéri Michel Dinet, son homolo- que » à RFF pour mieux négocier stratégiques, tandis que ses avo- cipation » avancée par Mme Bache- gue PS de Meurthe-et-Moselle. ensuite certains aménagements. cats multiplient les procédures lot-Narquin risque de se heurter Selon le comité de pilotage, les Alors que le décret du 29 mai administratives… aux contentieux qui opposent pro- retards résultent « principalement 1996 déclarant d’utilité publique et « Notre but n’est pas de faire de tecteurs de l’environnement, usa- d’une concertation prolongée sur l’in- urgente les travaux de construc- l’obstruction systématique », a décla- gers de l’eau, professionnels du sertion de la LGV dans son environ- tion de la ligne TGV portait sur l’ex- ré mercredi au Monde Me Joseph secteur, industriels et agriculteurs. nement, de problèmes géotechni- propriation de 36 hectares de par- Roth, avocat de Vandières. «En Les négociations s’annoncent ques ainsi que du caractère infruc- celles communales, l’emprise fait, nous demandons juste un peu ardues. Entre 1998 et 2002, le pré- tueux des appels d’offre de nouveaux nécessaire atteindrait aujourd’hui plus de transparence et de concerta- cédent gouvernement avait rédigé lots de génie civil ». les 70 hectares. Ne pouvant s’ap- tion à RFF, dans le respect des procé- dix-huit moutures avant de parve- La négociation avec les proprié- puyer sur la déclaration d’utilité dures », soutient-il. nir à un texte final, qui n’avait satis- taires fonciers et les communes tra- publique initiale, RFF tente d’ac- fait personne. versées tourne parfois à l’imbro- quérir à l’amiable les terrains dont Nicolas Bastuck glio. Le cas de Vandières (Meurthe- il a besoin, en négociant directe- et Stéphane Getto Benoît Hopquin LE MONDE/VENDREDI 12 JUILLET 2002/13 HORIZONS CLAUDIE HAIGNERÉ

ARDI 18 JUIN, le président de l’organisme et sa directrice salons de l’ancien- générale, et rencontre aussi les responsa- ne Ecole polytech- De la station Mir aux commandes de la science, bles de ce « parlement des chercheurs » nique. La – elle que constitue le Comité national de la tient au féminin – recherche scientifique. ministre déléguée Depuis, entre un déplacement à Thessalo- à la recherche et le parcours de la nouvelle ministre déléguée nique, pour le sommet européen Eurêka, et M aux nouvelles tech- une intervention à Rennes, aux journées de nologies, chemisier beige sur jupe longue préparation du sommet de Johannesburg rouge, mèches cendrées et sourire à la Fan- à la recherche est celui d’une surdouée, sur le développement durable, elle travaille ny Ardant, prend possession de ses quar- à s’entourer d’un cabinet « en béton ». Elle tiers. Pressée par les journalistes, la « star » n’ignore pas qu’elle cumule plusieurs handi- du deuxième gouvernement Raffarin don- caps. Ses galons d’astronaute et ses diplô- ne, au pied levé, sa première conférence de tenace et sans complexe mes ne font d’elle ni une pure scientifique presse de femme politique. « Je pense avoir ni une vraie politique, encore moins une une bonne étoile », dit-elle avec simplicité. spécialiste des budgets. Lucide, elle ne sous- Sa bonne étoile, Claudie Haigneré sait estime pas la tâche. « Je m’inscris dans la qu’elle en aura besoin au poste qu’elle vient durée. Je suis convaincue que l’avenir et les d’accepter, davantage peut-être que dans ambitions de la France passent par la recher- son parcours d’astronaute. Les défis qui che. » La ministre se dit sûre de pouvoir attendent la troisième femme responsable compter sur « le team spirit » de ses collè- de la recherche française – après Irène Joliot- gues du gouvernement comme sur l’appui Curie en 1936 et Elisabeth Dufourcq en 1995 de Jacques Chirac, lequel s’est engagé pen- – ne sont pas moins ardus que ceux relevés dant la campagne présidentielle à faire pas- par la première Française à avoir volé dans ser en dix ans l’effort de recherche de 2,1 % l’espace. Et l’univers de la politique est plus à 3 % du PIB. « J’ai la conviction que je serai féroce pour les novices, femme de surcroît, entendue », se rassure-t-elle, prévenant par que le milieu des cosmonautes, où sa disci- avance ceux qui craignent que sa jeunesse pline et sa volonté de fer, plus sûrement ne soit une faiblesse face aux barons des encore que son charme sans apprêt, lui ont partis et aux financiers de Bercy. permis de s’imposer naturellement. De feu la station Mir aux commandes de la science ! Singulière trajectoire en vérité. Sans remonter au berceau, Le Creusot, où Elle n’hésite pas son père était ingénieur, on peut la faire commencer – parce que l’image est belle, à dire oui même si le souvenir a peut-être été enjoli- vé – à ce petit matin étoilé du 21 juillet 1969. à Jean-Pierre Raffarin. Claudie a 12 ans. En camping à La Grande- Motte avec sa famille, elle assiste éblouie, D’autant qu’elle en même temps que 600 millions de télés- pectateurs, au premier pas de Neil Arms- se sent « en harmonie trong sur la Lune. « Cet instant a été pour moi une révélation. Ce qui était du domaine avec les orientations du rêve était devenu une réalité. Une porte était ouverte. Je n’ai pas tout de suite imaginé de la droite » qu’elle était ouverte pour moi. Mais cela m’a donné le goût de l’espace.» Elle n’ira pas tout droit vers son désir. « Je porterai l’élan, marche après mar- Elève brillante – elle décroche son baccalau- che », poursuit-elle. Mais pas question réat à 15 ans –, la jeune fille pratique aussi d’emprunter les chemins tortueux de «la la gymnastique à haut niveau et songe au politique politicienne ». Ce qu’elle veut, professorat d’éducation physique. Trop c’est utiliser son « image » et son « dynamis- jeune pour s’inscrire dans cette filière, elle me » pour « replacer la science au cœur de décide de patienter en faculté de médecine la société, humaniser la recherche et attirer à et… finit major de son année. Les études nouveau les jeunes – les filles en particulier – s’enchaînent alors, les diplômes s’accumu- vers les carrières scientifiques ». Sa patience, lent : doctorat de médecine à 24 ans, suivi longtemps mise à l’épreuve à la Cité des de trois spécialisations coup sur coup, en étoiles dans l’attente sans cesse repoussée biologie et médecine du sport, médecine d’un vol en Soyouz, son opiniâtreté et sa aéronautique et spatiale – le virus est bien force de travail suffiront-elles pour qu’elle là –, puis rhumatologie. réussisse dans un monde qui n’est guère Sa carrière de médecin rhumatologue tendre avec les femmes ? semble tracée quand, en 1985, le destin lui Nul doute qu’il lui faille recourir à ces fait un signe. Le Centre national d’études « ancrages » qui permettent de résister. spatiales (CNES) recherche de futurs astro- Son mari astronaute, d’abord, et sa fille Car- nautes. « Je n’ai pas hésité. L’occasion était la, 4 ans, « sans lesquels je ne pourrais rele- trop belle. On m’offrait l’aventure tout en me ver les défis, et c’en est un ». « Les relations, permettant d’exercer mon métier. » Sur mil- les amis aussi, avec lesquels il faut malgré le candidats, sept sont retenus. Elle est la l’ampleur de la tâche garder le contact. » seule femme dans le lot. Mais le chemin « L’environnement social » enfin, vers des étoiles sera encore long : il lui faudra lequel son passé de médecin rhumatologue patienter onze années avant d’obtenir son l’attire naturellement. « Quand on a pris ticket pour l’espace. Une attente en forme des risques, et les vols habités en étaient un, d’ascèse, physique et morale, qu’elle met à quand on a été mise sur le devant de la scène profit pour préparer un DEA de biomécani- comme je l’ai été, on doit en retour utiliser que et physiologie du mouvement, puis cette médiatisation pour aider ceux qui souf- soutenir une thèse de neurosciences. Ce frent, ceux qui ne sont pas reconnus, ceux qui qui vaut à cette jeune femme réservée le sont isolés. » Son engagement dans plu- surnom de « bac + 19 ». sieurs mouvements caritatifs en témoigne : /  «   » Sa ténacité finit par payer. En 1992, elle maisons de parents pour enfants hospitali- est choisie comme doublure de Jean-Pierre sés, Alliance des maladies rares, associa- Haigneré – qui deviendra son compagnon tion Kourir des enfants atteints de polyarth- et qu’elle épousera neuf ans plus tard – rite juvénile. pour le vol franco-russe Altaïr. Elle partage Et puis il y a son jardin secret. La poésie, alors le dur entraînement des cosmonautes « quand elle est facile d’accès, parce que russes à la Cité des étoiles, près de Moscou, DITE c’est de l’évasion et du rêve, et que j’ai besoin tout en apprenant la langue de Tchekhov. de me laisser porter ». Les livres d’histoire, Arrive enfin le moment tant espéré : en « d’histoire de l’art, d’histoire des sciences et août 1996, elle s’envole pour seize jours d’histoire tout court ». La peinture et la vers la station orbitale Mir, où elle réalise sculpture contemporaines aussi, « le jaillis- une série d’expériences médico-physiologi- sement des couleurs et des formes ». ques dans le cadre de la mission Cassiopée. D’ailleurs, elle « brûle d’impatience » de Le bonheur ! décorer l’univers trop froid de son bureau Volera-t-elle un jour à nouveau ? Les pla- ministériel de quelques tableaux choisis. ces sont chères. Et, au ministère de la « J’aime ce qui est abstrait. La peinture chi- recherche, Claude Allègre est hostile aux noise. Tout ce qui d’une manière ou d’une vols habités, aussi inutiles que dispendieux « BAC + 19 » autre fait ressortir une créativité hors des à ses yeux. L’horizon se dégage avec son règles. Dans ce monde de technologie et de successeur, Roger-Gérard Schwartzen- de la politique, en dépit des appels répétés sent « en harmonie avec les orientations de de fusées Soyouz depuis la base guyanaise compétitivité, c’est un moyen de me ressour- berg. Soucieux de maintenir la qualifica- du RPR François Fillon, lui-même ancien la droite ». Les plus prompts à la féliciter de Kourou et la relève de la fusée euro- cer et de prendre, comme dans l’espace, de tion des astronautes français, il donne son ministre de la recherche et de l’espace sont les représentants du secteur spatial, péenne Ariane-5. la distance. » feu vert à un séjour de Claudie Haigneré, –«je n’avais pas encore la maturité nécessai- Alain Bensoussan et Gérard Brachet, res- Même si le CNES a pris soin de l’accom- Là-haut, aime-t-elle à rappeler, « la vision en octobre 2001, à bord de la station spatia- re » –, se laisse convaincre d’entrer au pectivement président et directeur général pagner dans ses premiers pas, en détachant de la Terre est celle d’une planète bleue le internationale (ISS), moyennant un droit gouvernement. du CNES, Antonio Rodotà, directeur géné- par exemple auprès d’elle une conseillère accueillante isolée dans un cosmos qui sem- d’entrée de 12 millions de dollars. Au pro- ral de l’Agence spatiale européenne (ESA), technique en communication, la ministre- ble vide, si ce n’est hostile ». « Les frontières gramme de la mission Andromède, des E pas n’est pas bien grand à fran- et même – est-ce une surprise ? – l’Agence astronaute se garde d’apparaître comme la politiques ne sont bien sûr pas visibles » et observations de la Terre et des expériences chir. Après son deuxième vol, spatiale russe, dont le porte-parole espère championne du lobby spatial. Dès le surlen- « on se sent plus terrien à bord ». Un senti- sur des amphibiens. elle aspirait déjà à se « réorien- qu’une « nouvelle impulsion » sera donnée demain de sa nomination, sa première visi- ment que, hier comme astronaute, aujour- Désormais la jeune femme sait que, mal- ter » : « J’avais envie de prolonger au « développement de projets conjoints ». te officielle, ce n’est pas un hasard, est réser- d’hui comme ministre, elle veut faire parta- gré tous ses titres – dont celui de première ce que j’avais fait en le mettant au Il a, depuis, été exaucé, puisque Claudie vée au Centre national de la recherche ger en appelant les hommes « à sauvegar- Européenne déclarée apte à piloter un vais- serviceL de la société. » Le président de la Haigneré vient d’évoquer à Moscou avec scientifique (CNRS), temple de la recher- der » ce fragile trésor. seau Soyouz –, elle a peu de chances de République lui ayant « toujours accordé sa les autorités russes, en prévision notam- che fondamentale et symbole de la diversi- repartir dans l’espace avant longtemps. confiance », elle n’hésite pas à dire « oui » ment du prochain voyage de Jacques Chi- té des disciplines scientifiques. Diplomate, Jean-François Augereau Elle qui avait jusqu’alors résisté aux sirènes à Jean-Pierre Raffarin. D’autant qu’elle se rac, deux dossiers spatiaux : le lancement elle n’y oublie personne, s’entretient avec et Pierre Le Hir 14/LE MONDE/VENDREDI 12 JUILLET 2002 HORIZONS DÉBATS L’ABS et son recel : des règles L’amnistie sous haute pression par Pierre Lascoumes ou la démocratie

A défense de la pro- Ce principe s’applique aussi au 1996 par un jugement qui distin- porte atteinte à son crédit et à sa par Stéphane Gacon bité publique se bénéficiaire de l’abus de bien social, guait l’abus de bien social selon réputation. » joue entre l’intégri- celui qui reçoit les sommes, celui qu’il a ou non suscité un enrichisse- A quatre reprises dans un délai de té des gouvernants qui est dit le receleur. Et c’est cela ment personnel d’un dirigeant. Seul cinq années les frontières de l’usage LORS que s’ouvre une augmentation de justice et de et l’agressivité des qui inquiète car, depuis dix ans, les le premier cas de figure serait répri- licite et illicite des fonds sociaux un nouveau débat sagesse. » L stratégies d’influen- règles ont été assouplies par la juris- mable, il ne le serait pas si l’acte d’une entreprise ont été déplacées. sur l’amnistie prési- On a vu l’amnistie-oubli gangre- ce des entreprises. La question prudence pour le dirigeant de socié- avait été accompli dans le seul inté- Ce qui dénote l’importance écono- dentielle, des mots née par l’idée de pardon, des con- aurait pu être un des enjeux forts té auteur de l’abus de bien social, rêt de l’entreprise. La controverse mique et politique de l’enjeu. justes me revien- sidérations politiques, parfois de la dernière campagne présiden- mais il n’en a pas été de même pour s’intensifia. Ce qui était pour le La pression des intérêts a été aus- A nent en mémoire. électorales, ternir ce projet posi- tielle. Car, au-delà de l’usage privé le receleur, qui peut justement être patronat une « divine surprise » fut Publiés dans Le Monde du 10 avril tif, au sens du XIXe siècle. Pour les de fonctions publiques, sont en un dirigeant politique. critiqué par ailleurs comme un 1990, ils nous donnent une leçon fondateurs de la République, l’am-   est directeur cause la crédibilité de la démocratie De plus, l’abus de bien social, sa « mauvais coup donné à l’éthique qui vaut pour aujourd’hui. Le chef nistie rejetant dans l’oubli le pas- de recherche au CNRS, chercheur et la confiance que les citoyens ont nature et ses conditions de poursui- des affaires ». du principal parti de l’opposition au Cevipof. à l’égard de l’ensemble de leurs te sont depuis dix ans l’objet de for- La même année, une nouvelle d’alors, Jacques Chirac, s’expri-   est professeur institutions. tes controverses portées par d’émi- décision de la Cour de cassation mant sur la justice, l’égalité, la d’histoire-géographie au lycée La droite comme la gauche nents juristes qui manifestent tout confirma la précédente : le verse- si forte sur les délais de prescrip- République adoptait avec un vrai Carnot de Dijon. Il a soutenu en jouent avec le feu en évitant précau- l’intérêt que les acteurs économi- ment par une entreprise d’un pot- tion. Les magistrats tiennent à cet plaisir la posture morale de l’hom- 2000 à l’Institut d’études politiques tionneusement ce débat et en agis- ques et politiques portent à la sup- de-vin pour obtenir une remise fis- instrument qui leur permet de pour- me au destin national. Dans son de Paris une thèse d’histoire sant par la bande. L’enjeu resurgit pression de ce délit ou à la réduc- cale ne constituerait pas un abus de suivre des actes dissimulés et sans point de vue intitulé « Dévoie- sur l’amnistie et la République. aujourd’hui à propos de la loi d’am- tion de son contenu et de ses usa- bien social. Explication : l’acte, bien victimes, donc particulièrement peu ment », il portait un jugement sain nistie et surtout des projets ulté- ges. Le droit révèle ici son caractère qu’illicite, a profité à l’entreprise visibles. Les industriels ont été les sur une tradition française à la déri- rieurs qui s’annoncent. En particu- de science sous influence, et cet dans la mesure où il a « minoré subs- premiers à bénéficier d’un change- ve, l’amnistie : « Il s’agit d’éviter sé qui divise était bien le moyen lier celui qui peut concerner les exemple contredit la prétention de tantiellement la dette de la société ». ment de jurisprudence favorable : désormais que l’amnistie ne soit utili- de continuer l’aventure commune abus de biens sociaux (ABS). beaucoup de juristes qui revendi- Le versement d’une somme pour en 1993 ils ont obtenu que le délai sée comme mode de gouvernement ; vers un avenir meilleur. La question, d’apparence très quent l’autonomie de leur discipline l’obtention d’un marché public ne de prescription de l’abus de bien il faut qu’elle demeure réservée à L’amnistie s’est aussi épuisée technique, mérite quelques éclair- et la rationalité pure qui gouverne- serait plus qualifiable d’abus de social débute non plus avec la l’oubli des conséquences de troubles dans sa fréquence. Rapidement, cissements car elle cache d’impor- rait leurs décisions. bien social, une nouvelle catégorie découverte de l’opération litigieuse, graves ayant affecté notre société. Il elle n’a plus été réservée au règle- tantes manœuvres idéologiques mais au moment de la publication s’agit surtout d’éviter que le législa- ment des crises politiques. Elle a amorcées depuis dix ans. La récen- des comptes sociaux de l’entreprise teur ne se substitue au juge et ne le servi à réguler la répression te déclaration de Michel Hunault à condition qu’il n’y ait pas dissimu- mette dans l’incapacité d’exercer sa d’Etat. Elle s’est adressée de plus (rapporteur du projet de loi d’am- Réduire l’infraction d’abus de bien lation. Les commissaires aux comp- mission. Laissons les magistrats tra- en plus à des catégories précises. nistie) au Monde (6 juillet) est signi- tes et les actionnaires sont censés vailler en paix. (…) Je ne peux m’em- Et puis il y eut l’amnistie présiden- ficative des manipulations qui s’an- social présente un double avantage : pouvoir repérer et dénoncer l’opéra- pêcher de songer à ce que va désor- tielle, devenue rite entre les deux noncent. Il déclare qu’un amende- tion illicite. mais éprouver le justiciable guerres, renouant avec la tradi- ment déposé par lui en 2000 « soule- satisfaire les industriels, mais aussi C’est purement théorique : sous “ordinaire”, celui qui n’est pas un tion royale du geste de clémence vait la question de l’imprescriptibilité la rubrique « frais commerciaux », puissant, et qui, comparaissant accompagnant l’avènement, quel- de l’abus de biens sociaux, et plus réduire, par contrecoup, les cas on peut faire passer beaucoup de devant la justice de M. Tout-le-Mon- que chose de bien peu républi- généralement des délits financiers ». choses. Cette solution, très favora- de ne bénéficiera, lui, d’aucun traite- cain… Cette amnistie présidentiel- Nous y voici ! dans lesquels il y a recel d’ABS ble aux industriels, est cependant ment de faveur. Comment lui expli- le s’est progressivement vidée de Il y a d’abord des erreurs juridi- fragile ; un jugement peut en modi- quer que, pour une faute souvent son contenu, comme en témoigne ques. Le droit pénal ne prévoit aucu- – c’est ce qui concerne les politiques fier un autre. C’est pourquoi plu- l’interminable liste des exclusions ne clause d’imprescriptibilité, excep- sieurs députés de droite ont essayé présentes dans le projet soumis té pour les crimes contre l’humani- de faire inscrire ladite solution dans au Parlement. Une telle amnistie té. Les « délits financiers » (corrup- La Cour de cassation a changé était ainsi créée : « la corruption la loi. Ainsi, Pierre Mazeaud a pro- On a vu a-t-elle encore un sens ? tion, prise illégale d’intérêts, etc.) cinq fois de position en dix ans. La industrieuse ». posé de réduire la prescription à six Aujourd’hui, après le XXe siècle ne bénéficient en rien d’une excep- question est d’abord : jusqu’où un Malgré le contexte de moralisa- ans à compter des faits (octo- l’amnistie-oubli des grands massacres, des totalita- tion, leur délai de prescription est dirigeant d’entreprise peut-il utili- tion apparente de la vie publique à bre 1995). Puis Xavier de Roux sug- rismes et de la Shoah, le devoir celui du droit commun, trois ans ser les fonds sociaux d’une entrepri- l’époque, c’est une conception parti- géra une réforme plus ample de l’in- gangrenée par d’oubli contenu dans l’amnistie après l’accomplissement des faits. se afin d’obtenir des avantages éco- culièrement cynique des relations fraction et de sa prescription paraît bien incongru quand on a Quant à l’abus de biens social, il nomiques pour celle-ci ? Autrement d’affaires qui était alors formulée. (mai 1996). l’idée de pardon, le sentiment que seul le rappel de est loin d’être imprescriptible. Long- dit : jusqu’à quel point l’intérêt de Le libre jeu de la concurrence, si N’oublions pas que réduire l’in- ce passé nous garantira face à de temps, sa particularité fut que le l’entreprise peut-il constituer un cher aux libéraux, se déplaçait ainsi fraction d’abus de bien social pré- des considérations nouveaux périls. La seule ques- délai de trois ans ne débutait pas fait justificatif pour des pratiques des offres faites au marché à celles sente un double avantage : satisfai- tion qui reste est : comment faire avec la survenue de l’acte, mais au irrégulières ? adressées aux acteurs susceptibles re les industriels, mais aussi réduire, politiques, parfois pour que ce rappel n’attise pas moment où le détournement était Une solution d’apparence logi- d’obtenir des passe-droits. par contrecoup, les cas dans les- des haines qui rendraient la pour- découvert. Il ne s’agissait pas d’une que avait été donnée par un juge- En 1997, un arrêt de cassation ren- quels il y a recel d’ABS – c’est ce qui électorales, ternir suite de l’aventure commune exception atypique : le délit d’abus ment de 1992 qui estimait que du dans l’affaire Carignon revint à concerne les politiques. impossible ? de bien social a été créé pour com- « l’usage des biens d’une société est une conception plus répressive de La gauche s’est émue un peu tard. ce projet positif L’amnistie a contribué à recons- pléter celui d’abus de confiance qui nécessairement abusif lorsqu’il est la règle. L’usage des fonds sociaux à Lorsqu’elle était en fonctions, elle truire périodiquement la nation, était auparavant utilisé mais ne s’ap- fait dans un but illicite ». Cette assi- des fins illicites était considéré com- n’a pris aucune initiative pour stabi- mais aujourd’hui, en ces temps où pliquait pas toujours aisément aux milation de l’usage abusif à un usa- me punissable dans la mesure où il liser ces règles sous haute pression. beaucoup plus modeste, il est inflexi- la République est malade, la dirigeants d’entreprise. Or, de lon- ge illicite punissable fit hurler les exposait l’entreprise à un risque Notons au passage que la solution blement condamné et parfois nation peut-elle être refondée par gue tradition, la prescription de divers porte-voix du patronat. Ils anormal de sanction : « Quel que directe qui consisterait à allonger le envoyé en prison ? Comment l’empê- l’amnistie ? Par cette amnistie pré- l’abus de confiance ne commence dénonçaient en fait l’usage dans les soit l’avantage à court terme qu’elle délai de prescription des actes de cher de se demander s’il n’existe pas sidentielle ? Ou par une quelcon- qu’au moment où la victime consta- poursuites judiciaires de l’abus de peut procurer, l’utilisation des fonds corruption n’est pas évoquée par désormais une justice à deux vitesses que amnistie politico-financière ? te le détournement. En effet, par bien social comme moyen de sup- sociaux ayant pour seul objet de com- les politiques. Il aurait l’avantage de et si l’égalité de tous les Français Il est permis d’en douter comme définition, il s’agit d’un comporte- pléer aux problèmes de poursuite mettre un délit tel que la corruption signifier clairement la volonté d’as- devant leur justice n’a pas cessé en doutait il y a une douzaine ment qui implique des manœuvres de la corruption ou du trafic d’in- est contraire à l’intérêt social en ce surer en tous domaines « l’impunité d’exister ? » d’années celui qui est devenu pré- de dissimulation, et l’atteinte peut fluence, dont le délai de prescrip- qu’elle expose la personne morale zéro » et de tenir compte des diffi- Mais l’amnistie a-t-elle seule- sident de la République. rester invisible pendant plusieurs tion est très court. (l’entreprise) au risque anormal de cultés particulières de poursuite en ment été inventée pour mettre à Le triomphe de l’individualis- années. Cette solution fut tempérée en sanctions pénales ou fiscales… et ce domaine. l’abri de la justice des politiciens me, la défense des intérêts catégo- indélicats ou des chauffards incon- riels, l’exaltation des mémoires de séquents ? La pratique a été repri- groupes rendent plus difficile que se à l’Antiquité par la Révolution jamais la construction d’un projet pour en finir avec l’arbitraire collectif. Compte tenu de ce qui Enron, Marx, Bentham par Ludovic Desmedt royal et placer entre les mains de est en jeu, les « affaires », la nation non pas le pouvoir de c’est-à-dire la fracture entre la pardonner individuellement à des politique et la société civile, il est ’UNE manière géné- conduite fleurissent, révélant une achetés – d’obtenir, derrière leur c’est-à-dire – in fine – le marché criminels, mais celui de jeter dans bien clair que l’amnistie éloigne- rale, les sociétés par hantise et une traque de la faute, anonymat, un droit de regard. financier, agit rationnellement. Par- l’oubli des faits qui avaient divisé rait au lieu de rapprocher. Elle tue- actions – qui se déve- avec pour but de restaurer la tant Depuis longtemps, le travail a vu tant, l’autorégulation est parfaite- les Français. L’amnistie a été poli- rait la démocratie en nourrissant loppent avec le systè- vantée « démocratie actionnariale ». se mettre en place un dispositif de ment envisageable. tique d’abord. tous les populismes au lieu de lui me du crédit – ten- A travers ces initiatives, l’on retrou- surveillance dans les ateliers ou les Ainsi, face aux accidents bour- La première grande amnistie redonner les conditions d’un nou- D dent de plus en plus à ve une nouvelle incarnation de bureaux. La « législation de fabri- siers, ce ne sont ni la perte de maîtri- républicaine est celle de la Com- vel exercice. séparer cette fonction administrative l’idéal utilitariste de gestion ration- que » développée à l’époque de se des flux financiers par les autori- mune, votée en 1879-1880 au L’opposition socialiste qui d’avec la possession du capital ; (…) à nelle de la société. On le sait, le Marx marquait le début du contrôle tés (libéralisation des années 1980), moment où les républicains dénonce les manœuvres de la côté du véritable manageur apparaît panoptique, mécanisme imaginé par de la régularité des heures de travail. ni les conditions macroéconomiques ouvrent le grand chapitre des lois majorité est dans son rôle, et une foule de conseils d’administration Jeremy Bentham à la fin du XVIIIe siè- Progressivement, c’est le champ fondatrices, l’école, les libertés, l’on peut louer une vigilance qui et de direction pour qui l’administra- cle, visait, à partir d’une tour cen- financier qui demanderait à être cir- celles qui offrent les conditions s’appuie sur une tradition de   est maître tion et la direction ne sont, en fait, que trale, à surveiller l’ensemble de sa conscrit par des procédés similaires : d’un véritable exercice de la combats pour la justice. Mais, de conférences en économie prétextes à spolier les actionnaires et à périphérie grâce à des cellules un agglomérat d’acteurs doit inter- démocratie. au-delà des traditions, il y a les à l’université de Bourgogne. amasser les richesses. » Ces lignes ne ouvertes, des cages transparentes et préter le moindre mouvement détec- La République ne pouvait pas pratiques. Il faut se souvenir que sont pas extraites d’une chronique circulaires. té dans l’espace occupé par la firme, naître sans cet acte symbolique l’amnistie de 1990 a été, pour consacrée à Enron, ni d’un jugement Au-delà d’une application stricte- et un jeu de miroirs déclenche alors (choc récessif, sous-investissement), de réconciliation, le régime étant reprendre la formule de François porté sur WorldCom, mais puisées ment pénitentiaire, Bentham voyait sanctions ou récompenses boursiè- ni les interventions déstabilisatrices assis sur l’idée d’une communau- Mitterrand, « l’un des faits qui dans le livre troisième du Capital.A dans ce mécanisme un « grand et res. Le spéculateur retrouve son sens (hedge funds…), ni les attentes absur- té civique unie constituant la ont le plus compté dans la démora- partir de l’étude du monde des affai- nouvel instrument de gouvernement premier d’observateur. des (15 % de rendement…) qui sont nation. C’est le régime de tous les lisation publique ». res de la seconde moitié du XIXe siè- en premier lieu à questionner, mais Français au-delà de leurs différen- De grâce – le mot est de circons- cle, Karl Marx perçoit dans l’antago- bien plus simplement l’insuffisante ces et des affrontements qu’elles tance ! – Mesdames et Messieurs nisme entre actionnaires et diri- transparence ! engendrent. les politiques, vous à qui nous geants rien moins que « la négation La prolifération des codes et des règles Ensuite, à quelques aménage- La récurrence de ces affronte- avons confié la belle mission de du mode de production capitaliste ». ments minimes près, les affaires ments explique celle de l’amnis- nous représenter, ce qui ne vous Selon lui, la généralisation des socié- réintroduit le rêve paranoïaque reprendront paisiblement. En vérité, tie, à la fin de l’affaire Dreyfus, de place pas plus en haut que nous tés anonymes, en favorisant la prise cette approche paraît totalement illu- la Grande Guerre, de la collabora- ne sommes en bas, ne nous déce- de pouvoir de gestionnaires, dissou- de la transparence absolue soire. En quoi l’évaluation privée des tion, de la guerre d’Algérie. vez pas. Aidez-nous à redonner drait la responsabilité personnelle et détenteurs de capitaux serait-elle Bien sûr, toutes ces amnisties vie à cette démocratie dont nous favoriserait les dérapages – en parti- garante de « vérité » ? La constante n’ont pas été réalisées sans arriè- avons le privilège. Laissons la cor- culier spéculatifs. [dont l’]excellence tient à la grande Résumons les préconisations en de l’histoire financière et humaine, re-pensées. On s’est vite éloigné ruption, les compromissions et Aujourd’hui, afin d’éviter cette force qu’il est capable de donner à tou- termes de gouvernement d’entrepri- c’est la succession de phases de la générosité fraternelle imagi- les arrangements aux régimes que funeste destinée, les autorités bour- te institution à laquelle on peut juger se : devant les risques de dérives, il d’euphorie, de doute, puis de dépres- née par Victor Hugo : « Placer l’on dénonce à juste titre parce sières tentent de déployer un cordon bon de l’appliquer ». convient d’instaurer des règles per- sion. Chaque étape peut être consi- au-dessus de la loi politique la loi qu’ils sont assis sur les plus élé- sanitaire autour du monde de la La visibilité permanente devient mettant d’établir la sincérité et la ver- dérée comme parfaitement valide au morale, c’est l’unique moyen de mentaires droits des hommes. La finance. Devant l’ampleur du scanda- l’aspiration dominante. La proliféra- tu des comptes. A partir de ces don- moment considéré, et la volonté subordonner toujours les révolu- démocratie a besoin de vous com- le Enron-Andersen, le New York tion des codes et des règles réintro- nées, les investisseurs jugeront de d’instaurer un ordre inquisitorial- tions à la civilisation. Dire aux hom- me elle a besoin de nous ! Réser- Stock Exchange a réclamé un renfor- duit le rêve paranoïaque de la trans- manière raisonnable, et la Bourse actionnarial ne résoudra en rien le mes : soyez bons, c’est leur dire : vez l’amnistie aux « troubles gra- cement de l’indépendance des parence absolue. Désormais, le mar- sera sereine. On cherche à démon- problème. soyez justes. Aux grandes épreuves ves ayant affecté notre société ». conseils d’administration, une plus ché incarnerait l’instance qui permet- trer que, confrontée aux comporte- En définitive, la question est éter- doivent succéder les grands exem- Dans certaines circonstances, il grande lisibilité des comptes trait à l’ensemble des détenteurs de ments parfois déviants des mana- nelle : l’acteur digne d’occuper le cen- ples. Une aggravation de catastro- vaut mieux éviter les amnisties ou publiés… Les codes de bonne droits – c’est-à-dire ceux qui les ont geurs, la cohorte des actionnaires, tre du panoptique existe-t-il ? phes se rachète et se compense par les formules qui y ressemblent. LE MONDE/VENDREDI 12 JUILLET 2002/15 HORIZONS KIOSQUE DANS LA PRESSE FRANÇAISE « Nike » écartelé entre profit et bonne conscience a PARIS-MATCH Alain Genestar La bêtise est sans doute la chose Comment faire des chaussures de sport, gagner beaucoup d’argent et ne pas choquer ses clients au monde la mieux partagée. La télévision se voulant le miroir irré- tout en payant mal ses ouvriers ? Un exercice d’équilibre selon « Alternatives internationales » fléchi de notre société, elle restitue donc les choses telles qu’elles sont. CEUX QUI PENSAIENT que le mum à 18 ans pour travailler dans pour essayer de tenir ses promes- syndicalisme (indépendant) est sou- D’où ces émissions plus bêtes les PDG de la firme Nike n’était qu’un les usines de chaussures, et à 16 ans ses, « des failles demeurent », à l’évi- vent réprimé voire, en Chine, inter- unes que les autres. Après affairiste sans scrupules, se sont dans celles de confection. « Quatre dence. Dans le domaine de la santé dit ? » En Asie, les rémunérations « Loft 2 », voici donc pour cet été trompés. Phil Knight est aussi un ans plus tard, où en est-on ? », s’inter- et de l’hygiène, par exemple, « bien demeurent « extrêmement faibles et « L’île de la tentation », en concur- superchampion du lifting et du rajus- roge Antoine de Ravignan, qui a des progrès restent à faire », note le permettent tout juste de survivre ». rence avec « Opération séduction tement d’image. Mis en cause, à la mené l’enquête, épluchant rapports journaliste, qui cite le rapport du En revanche, les actionnaires de aux Caraïbes ». La télévision doit- fin des années 1990, par des associa- et dossiers. Le bilan est assez mitigé. professeur Dara O’Rourke, spécia- Nike ont retrouvé le sourire : «En elle tout montrer ? La réponse est tions puis par la presse américaine En septembre 2000, à la suite d’un liste des questions d’hygiène indus- 1999, les bénéfices sont remontés à oui. Car de quoi s’agit-il ? De bon pour les conditions de travail désas- reportage de la BBC « attestant la trielle, seul expert autorisé à suivre 451 millions de dollars et attei- goût, de morale, d’éthique et d’es- treuses de ses ouvriers – jeunes fem- présence d’enfants » dans une usine le travail des auditeurs du cabinet gnaient les 590 millions en 2001. » prit de responsabilité, notamment mes et enfants compris – dans ses du Cambodge, la firme n’hésite pas PricewaterhouseCoopers (PwC) en Très parlant, un graphique illustre, de la part des parents. Aucune loi usines de sous-traitance asiatiques, à rompre le contrat avec ce fournis- Chine et en Corée. Pour l’auteur, le à sa manière, les quatre années que nouvelle ne fixera, sans contrain- le géant de la chaussure de sport seur : un bon point pour Nike. résultat est « édifiant ». En Corée, Nike vient de passer à redorer son tes nuisibles à la liberté d’informer avait senti passer le vent du boulet. « les heures supplémentaires blason : sur les 80 dollars que paye ou à la création, les limites du bon Le film de Mike Moore, The Big «    » n’étaient ni enregistrées ni payées, le consommateur pour acheter sa goût et de la décence. La morale One, sorti en 1997, achevait de casser Mais, en février 2001, un audit mais PwC a jugé la situation accepta- paire de chaussures, le coût de la est affaire de conscience. Elle la réputation du « Big Boss » de Bea- effectué dans l’usine mexicaine de ble ». En Chine « la falsification des main-d’œuvre ne dépasse pas les concerne, strictement et intime- verton. L’étoile de la firme, ou plutôt Kukdong, sous-traitant coréen de cartes de pointage et un système de 3 dollars. Banco ! ment, les individus, les téléspecta- la célèbre virgule qui lui sert de logo, tombant à « 400 millions de dollars Nike, signale « la présence de jeu- fait de rémunération à la pièce inter- teurs, les lecteurs de journaux, les avait commencé à pâlir. Révoltés seulement » en 1998, « contre 796 mil- nes de moins de 16 ans » sans que disant aux ouvriers de parvenir à un Catherine Simon citoyens, pas le législateur ni l’Etat. par les méthodes d’exploitation utili- lions l’année précédente ». cela suscite de crise. Faux pas ? La salaire minimum n’ont pas été rele- Plutôt l’île de la tentation que cette sées par les sous-traitants, une par- Loin de baisser les bras, Phil firme américaine s’en défend : «La vés » par les auditeurs américains. e Alternatives internationales no3, île, promise, de la vertu. tie des consommateurs occidentaux Knight réagit. Au printemps 1998, il vérification de l’âge des employés est Le pari de Phil Knight n’a donc 4,90 ¤. 28, rue du Sentier, 75002 Paris. s’étaient mis à bouder ses produits. s’engagea publiquement à corriger malaisée : sur certains sites, les docu- été tenu qu’à moitié. « Est-ce vrai- Tél : 01-44-88-95-90. e-mail : a LE NOUVEL OBSERVATEUR En quelques mois, rappelle le bimes- le tir. Il promit, notamment, de faire ments sont inexistants, voire falsi- ment un hasard si 82 % de la produc- redaction@alternatives-internationa- Jacques Julliard triel Alternatives internationales, dans respecter la norme américaine fiés. » Comme l’écrit Alternatives tion des chaussures Nike provient des les.fr. Abonnements : 03-80-48-95-40, Il faut revenir sur cette affaire Mes- son numéro 3 (juillet-août), les béné- OSHA sur la qualité de l’air dans les internationales, même si la compa- pays asiatiques, où la main-d’œuvre ou abonnements@alternatives-inter- sier-Vivendi, qui nous éclaire sur la fices de Nike diminuèrent de moitié, ateliers et accepta de fixer l’âge mini- gnie « n’a pas ménagé sa peine » est extrêmement bon marché et où le nationales.fr réalité du pouvoir et du régime sous lequel nous vivons. En réalité, SUR LE NET il s’agit d’un régime mixte et pro- fondément bâtard : démocratie Les documents cités sont accessibles José Maria Aznar vu par la presse espagnole dans la cité, monarchie dans à l’adresse www.lemonde.fr/surlenet l’entreprise. Il paraîtrait que la gau- che est à court de programme. Justice Le premier ministre a surpris tout le monde en remodelant entièrement son gouvernement Mais il est là, son programme, évi- a Les points du projet de loi demment, et elle ne veut pas le d’orientation pour la justice sont EL MUNDO qui parle de « rema- ABC, « digne aussi de l’assurance nationale après six mois de prési- “présidentialiste”, il a résolu une cri- voir ! Il tient en une phrase : deux exposés sur le site du ministère. niement éclair et inattendu », La du grand joueur d’échecs » autri- dence européenne. se qu’il a lui même suscitée. Enfin, siècles après le 10 août 1792, qui www.justice.gouv.fr/presse Vanguardia qui ne se remet pas chien. Pour El Mundo aussi, un tel El Pais est évidemment moins en réservant quelques surprises, il vit la chute de la royauté en Fran- /com060602.htm de sa « surprise », ou encore El coup de tonnerre « démontre qu’Az- flatteur. Pour le quotidien de gau- renforce l’idée qu’il se fait de lui- ce, il faut abattre la monarchie a En mai 2001, l’institut de sonda- Pais qui évoque « une reprise en nar est bel et bien vivant et qu’il a che, « Aznar a voulu jeter du lest à même, à savoir celle d’un homme d’entreprise ! Car enfin, est-il nor- ge Louis-Harris a réalisé une main politique », la presse espagno- envie de jouer ». En clair, que «le un moment où les socialistes espa- qui ne se laisse ni impressionner, ni mal que le citoyen, qui est censé, enquête de satisfaction auprès des le accuse le coup. En bouleversant premier ministre espagnol est de gnols progressaient dans tous les influencer. » El Pais conteste en élisant le président de la Répu- usagers des la justice française. son équipe, le chef du gouverne- retour » dans l’arène politique sondages. Fidèle à son style même la nouveauté de ce remanie- blique et le Parlement, donner son www.louis-harris.fr/version_f /autres_s/ ment espagnol a non seulement ment. « La photo officielle de ce nou- avis et trancher de tout, est-il nor- Acrobat /LHF-usagers%20justice.pdf créé la surprise, mais il a aussi opé- « LE SOIR » (Belgique) veau gouvernement aura un petit air mal qu’un tel citoyen, quand il se a Un rapport du ministère de la jus- ré, pour ABC, « le remaniement le de déjà-vu. Le changement généra- retrouve dans sa boîte, n’ait pas le tice constate que près d’un tiers plus ambitieux depuis son accession tionnel n’a pas eu lieu et cette équi- droit de dire son mot sur sa propre des peines de prison prononcées au pouvoir en 1996 ». Six ministres pe n’est guère plus solide, ni plus condition, sur son propre avenir, par la justice ne sont pas exécutées. qui partent et huit qui font leur imposante politiquement que la pré- sur le choix de ses dirigeants ? La www.ladocumentationfrancaise.fr entrée, le décompte est impres- cédente. » Au fond, pour le quoti- réforme de la République ? Rien /brp/notices/024000226.shtml sionnant lorsque l’on sait que le dien de gauche, Aznar se comporte ne presse. La réforme de l’entrepri- a Le bureau d’étude FORS-recher- gouvernement de José Maria « comme si l’avenir de son parti à la se et du pouvoir économique, voi- che sociale publie les résultats Aznar ne comporte qu’une quinzai- tête du pays était par nature assurée là l’urgence, voilà le chemin. d’une recherche (janvier 2002) sur ne de portefeuilles. pour toujours ». la violence en prison, sa produc- Que dire de la nouvelle équipe ? El Mundo pense exactement a L’EXPRESS tion et sa régulation. Que pour la première fois dans l’inverse. Pour le quotidien libéral, Denis Jeambar www.gip-recherche-justice.fr l’histoire de l’Espagne, une femme, « on provoque une crise parce qu’il La démocratie est devenue un ton- /publications/violence-prison.pdf Ana de Palacio, hérite des affaires faut changer. Et il faut changer par- neau des Danaïdes : la puissance a L’Ecole nationale de la magistra- étrangères. Mais surtout, souligne ce que l’équipe en place était fati- publique ne parvient plus, en ture a mené une session de l’ensemble des quotidiens, José guée ». L’éditorialiste demande par- effet, à satisfaire l’inextinguible réflexion sur la peine sous ses Maria Aznar n’a oublié aucun des don au lecteur « pour ces lieux com- soif de droits individuels ni à con- aspects historique, religieux, philo- poids lourds du Parti populaire. muns » mais il faut dire que « c’est tenir le flot des revendications sophique et psychanalytique. Comme le remarque El Mundo, bien la première fois que coïncident sociales. Garant de notre égale www.enm.justice.fr/centre « presque tous les candidats à la suc- les diagnostics des médias, de l’oppo- liberté, l’Etat était au cœur du con- _de_ressources/dossiers_reflexions cession d’Aznar figurent maintenant sition et même du chef du gouverne- trat social et du subtil mécanisme /peine/sommaire_peine.htm au gouvernement : Rodrigo Rato, ment ». Contrairement à El Pais, démocratique des droits et des a Un article paru en 1989 dans Mariano Rajoy, Angel Acebes, Javier El Mundo trouve la nouvelle équi- devoirs. Les errements totalitaires Questions pénales étudie la percep- Arenas et Eduardo Zaplana ». Les pe « moins besogneuse et plus joyeu- du XXe siècle ont obscurci cette tion des crimes et des politiques cri- loups n’ont plus qu’à attendre. se », plus « politique » aussi. En légitimité fondatrice. L’Etat pro- minelles par les Français (p. 6). José Maria Aznar a, en effet, tou- somme, « une équipe de deuxième tecteur est, à présent, suspect d’ex- ftp://ftp.msh-paris.fr/pub/cesdip jours répété qu’il ne briguerait pas moitié de législature » en ordre de cès de pouvoir et se retrouve noyé /partie6.pdf un troisième mandat. bataille pour les prochaines sous une crue démocratique. a Dans son rapport d’activité 2001, Ce bouleversement ministériel a échéances électorales. Or elles vien- L’Etat souffre, aujourd’hui, parce le Conseil supérieur de la magistra- tellement surpris que la seule méta- dront vite, prévient El Pais. « Dans qu’il n’apparaît plus comme une ture affirme son attachement au phore qui vienne à l’esprit d’ABC un an, des municipales attendent le force libératrice de l’individu. maintien du lien hiérarchique entre est échiquéenne. Pour le quotidien Parti populaire. Des élections impor- Pour surmonter cette remise en le parquet et le garde des sceaux. conservateur, « Aznar a donné hier tantes, car elles serviront de test cause fondamentale, il est urgent www.conseil-superieur-magistratu- une magistrale leçon de jeu Inégaux face au sida. Pharmacies et trithérapies au Nord, avant les législatives de 2004 et une qu’il se réorganise en créant ou e re.fr /rapports-annuels/rapport2001 d’échecs » gouvernementale qui, cimetières au Sud. La 14 conférence internationale sur le sida change- éventuelle alternance. » soutenant des corps intermédiai- /rapport2001-partie4.htm bien entendu, met échec et mat ra-t-elle quelque chose pour les dizaines de millions d’Africains promis à res et en inventant des médiations l’opposition socialiste. Une leçon mourir dans les années à venir ? Dessin de Cost. Courrierinternational. com nouvelles entre lui et les citoyens- [email protected] « digne du grand Steinitz », conclut («   »  «   ») pour Le Monde individus. AU COURRIER Il ne reste plus aux journalistes enco- Comment pourra-t-on, sur le plan pas l’échec d’un homme mais plutôt rait pour ce faire de fonds mis à sa Alyos, il est devenu Albert et enfin DES LECTEURS re lucides que leurs larmes pour moral, justifier une indemnisation celui d’un système. En effet, la baisse disposition par l’ensemble des pays Aubert. tremper leur plume, et aux histo- d’une telle importance, alors qu’un vertigineuse du cours de l’action la composant. L’OMS contrôlerait la Jamais un seul membre de notre   riens à trouver une explication crédi- cadre qui se trouve licencié par une Vivendi Universal a été provoquée fabrication, la répartition et la distri- famille n’a embrassé la carrière mili- Votre éditorial « Affaires impunies » ble à cette fantastique mystification décision prise par ce même diri- par les marchés financiers, ces bution de ces médicaments afin taire. Pourtant, mobilisés par nos (Le Monde du 7 juillet) révèle, par sa démocratique qu’a été ce second geant ne percevra que ses trois mêmes marchés financiers qui por- d’éviter toute fraude. diverses Républiques, ma grand- naïveté, le péché originel qui tachera tour de l’élection présidentielle. mois de préavis et une maigre pri- taient encore au pinacle, en début Il va de soi que les laboratoires qui mère a pleuré son père en 1870, son ce quinquennat. Le 5 mai dernier, Gérard Carrère-Gée me d’ancienneté ? d’année, un patron français aux sont les « auteurs » de ces médica- mari en 1918, ses fils en 1940, ses dans un grand sursaut républicain, Anglet (Pyrénées-Atlantiques) Je vais plus loin. M. Messier s’est vu méthodes de management résolu- ments doivent être indemnisés de petits-fils pendant la guerre d’Algé- nous avons été invités à choisir accorder un prêt de 25 000 000 de ment modernes (rachat d’entrepri- manière à ne pas décourager leurs rie. Et la construction de l’Europe l’« escroc » plutôt que le « facho ». ,  dollars. Cela relève du pénal. Une ses à l’anglo-saxonne), qui avait missions de recherche, tout en dans tout cela aujourd’hui ? Eh bien, C’était quasiment le slogan officiel,   société n’a pas le droit de prêter un compris l’impérieuse nécessité d’in- sachant que les marchés sur lesquels ma femme ne pleure pas la dispari- tout à fait surréaliste pour nos voi- Jean-Marie Messier est prié de centime à un cadre dirigeant ou à un vestir dans les nouvelles technolo- ces médicaments seront distribués tion de son mari ou de ses enfants, sins européens, mais que personne, démissionner et voilà qu’il cherche à administrateur. C’est un abus de gies, même au prix fort. Par consé- n’auraient, de toute façon, pas cons- ouvrier, ingénieur, paysan à qui l’on même l’intéressé, n’a eu le mauvais négocier les conditions financières biens sociaux, ni plus ni moins. quent, au même titre que les scanda- titué des marchés économiquement n’a pas donné un fusil, à ce jour natu- goût de récuser, tant il était urgent de son départ (Le Monde du Y aurait-il donc deux poids et deux les Enron ou WorldCom, la chute de intéressants. Cette notion de médica- rellement, pour aller guerroyer son de « souder » le peuple contre l’en- 4 juillet). mesures dans le droit des sociétés JMM interroge les fondements ments d’utilité publique mondiale voisin d’en face ou autres personna- nemi fasciste. Nous avons donc fon- J’ai été moi-même dirigeant de selon qu’il s’agit d’une petite entre- mêmes du capitalisme. répond, me semble-t-il, à une solida- ges belliqueux. dé une « nouvelle » ère républicaine sociétés anonymes et je sais parfaite- prise française ou d’un très grand Pierre Kersauze rité internationale qui s’avère de Alors, si nos mères, nos épouses, nos sur cette valeur-là : plutôt l’escroc ment que tout dirigeant est nommé groupe d’envergure mondiale ? Rennes (Ille-et-Vilaine) plus en plus indispensable là, com- filles ne pleurent plus pour un être que le facho ! Et il faudra raconter « ad nutum », ce qui veut dire qu’il Jean-Jacques Werling me dans bien d’autres domaines cher disparu, vive l’Europe ! Et cela à nos petits-enfants, sans rire, peut être révoqué sur simple déci- Palma de Majorque (Espagne)   d’ailleurs. Nous avons des devoirs même si le commissaire européen ou plutôt sans honte… Moins de sion du conseil d’administration et Ne serait-il pas plus simple, dans cer- vis-à-vis de ceux qui sont nés sur le décide de la forme et de la taille de deux mois après cet événement dont cela sans indemnités aucunes. C’est    ’ tains cas bien spécifiques nécessitant mauvais côté de la planète. mon fromage de chèvre, ce dernier tout le monde s’est gargarisé, on d’ailleurs cette disposition du code Certes, le PDG de Vivendi Universal une réponse rapide et essentielle à la François Chambon gardera quand même le goût de feint de découvrir que l’escroc est des sociétés qui justifie en partie ne s’est guère distingué par sa clair- survie de centaines de milliers de Strasbourg (Bas-Rhin) l’amour de celui qui l’aura élevé, par- toujours le même, que Chirac est tou- l’importante rémunération qui est voyance. A ce titre, il mérite effecti- malades (le sida par exemple), de ce que lui est vivant, en bonne santé, jours Chirac, que son premier souci accordée à un PDG. A fortiori, vement d’être limogé et ce d’autant déclarer les médicaments concernés     et follement amoureux de sa femme. sera, d’une ou façon ou d’une autre, quand ce dirigeant a commis une ou qu’il bénéficiera sans doute d’un d’« utilité publique mondiale » ? Paysans cévenols, originaires de Simpliste me diras-tu ? Oui, sans de se débarrasser des « affaires », et plusieurs fautes, comment peut-il se « golden parachute » dont nombre Les brevets d’exploitation des médi- Chambonas depuis 1585, nous habi- doute, mais demande à une mère, à de faire ainsi un magnifique bras croire autorisé à réclamer une de salariés et de petits actionnaires caments ainsi désignés seraient tons la même maison après avoir une épouse, à une fille. d’honneur à ce 5 mai et à tous ceux indemnisation ? N’est-ce pas lui qui pourront s’étonner. Reste que rachetés par l’Organisation mondia- fui Montpellier et la peste en 1450. Albert Aubert (dont moi) qui se sont bien fait avoir. devrait une indemnité à sa société ? l’échec de la stratégie de JMM n’est le de la santé (OMS), qui bénéficie- Notre nom de famille était alors Aubenas (Ardèche) 16/LE MONDE/VENDREDI 12 JUILLET 2002 HORIZONS ANALYSES 0123  En Afrique, le sida tue l’éducation

ENVOYER les enfants à l’école. de l’épidémie sur l’éducation, au grès de l’ordre de 20 %, comme au sur celle de son enfant. Les investis- Bush et le capitalisme Lutter contre l’analphabétisme. moins 55 des pays les plus pau- Mali, au Bénin, au Niger et au sements dans la santé sont égale- Réduire la disparité entre garçons vres seraient incapables d’attein- Swaziland, et de 30 % pour le ment plus efficaces lorsque les gens LE PRÉSIDENT George reux, puisque la question est et filles. Et, ainsi, préparer une dre l’objectif de 2015, estime la Malawi et l’Ouganda. D’autres sont mieux éduqués, en raison W. Bush est-il le fils de ce capi- désormais de savoir dans quel- nouvelle génération qui prendra Banque mondiale. Et 28 d’entre ont reculé jusqu’à 10 %. C’est le notamment d’une meilleure hygiè- talisme dévoyé qu’il a dénoncé, le mesure ce gris se distingue elle-même en main le destin éco- eux figurent également sur la liste cas de la République centrafricai- ne. » mardi 9 juillet, à Wall Street ? de la créativité dont ont fait nomique et politique de son pays. des 45 pays les plus touchés par le ne, du Lesotho et de l’Afrique du Dans le communiqué publié à Est-il coupable de ces « truca- preuve les responsables d’En- Les experts sont unanimes : c’est virus. Au total, 88 pays n’ont que Sud. l’issue du sommet du G8 au début ges de bilans, maquillages de la ron de WorldCom ou de grâce à l’éducation que l’Afrique peu de chances d’atteindre l’ob- L’Agence onusienne note égale- du mois de juillet à Kananaskis vérité et malversations » contre Merck ? Ensuite, ayant revendu parviendra à sortir de la misère. jectif d’ici à 2015. Sans compter ment des disparités importantes (Canada), les chefs d’Etat de pays lesquels il s’est élevé ? A-t-il cette société à Harken Energy, Ce n’est pas un hasard si l’un des celui, tout aussi important, de la entre les ruraux et les gens des vil- les plus puissants du monde ont péché lui-même contre cette M. Bush en est devenu adminis- objectifs que s’est fixés la commu- disparition de l’inégalité entre les les. Dans certains pays, le ratio de déclaré qu’ils avaient « adopté « éthique de responsabilité dans trateur. Puis, en 1990, il a reven- nauté internationale lors du Som- filles et les garçons dans l’éduca- scolarisation dans les zones urbai- une série de recommandations le monde des affaires » qu’il a dit du pour 850 000 dollars d’ac- met du Millénaire, organisé par tion primaire et secondaire d’ici à nes est deux ou trois fois supé- pour aider les pays en développe- nécessaire pour rendre leur tions Harken deux mois avant les Nations unies en septem- 2005. rieur à celui des zones rurales. Au ment à faire en sorte que l’éduca- confiance aux épargnants ? que cette société n’annonce bre 2000, prévoit notamment de Selon le PNUD, l’Afrique avait Burkina Faso, au Mali et au Séné- tion primaire universelle pour tous Les retombées sur George des pertes. M. Bush le savait-il « faire en sorte que tous les enfants bien fait quelques progrès dans gal, trois enfants des villes vont à les enfants et l’accès équitable à W. Bush de l’affaire Enron, avant ? L’autre affaire concer- du monde, filles et garçons, suivent l’éducation de ses enfants au l’école pour un enfant des l’éducation pour les jeunes filles cette société texane de courta- ne Dick Cheney et la société de un cycle primaire complet » dans cours des années 1990, mais ces champs. deviennent une réalité ». Ils sont ge en énergie qui a fait une recherche pétrolière, Hallibur- le cadre plus global d’une réduc- progrès ne sont pas suffisants : le également convenus d’accroître faillite scandaleuse en décem- ton, qui fait l’objet d’une enquê- tion de moitié de la pauvreté, pourcentage d’inscriptions à l’éco- «     » de façon significative l’aide bilaté- bre, avaient été jusqu’ici nul- te de la SEC (la COB américai- c’est-à-dire diviser par deux la le primaire a augmenté de Ne pas atteindre l’objectif de rale aux pays qui ont montré leur les. Enron, un « modèle » du ne) pour faux bilans entre 1995 population vivant avec moins de 3 points, de 60 % à 63 % en 2000. scolarisation réduit les chances volonté de prendre des engage- nouveau capitalisme jouant et 2000, lorsque l’actuel vice- 1 dollar par jour, d’ici à 2015. Cette augmentation a été plus d’atteindre les autres buts que ments politiques et financiers soli- sur les dérégulations et les mar- président en était PDG. Quand on sait que dans les pays rapide pour les filles (de 56 % à s’est fixés le Sommet du Millénai- des et crédibles pour atteindre chés dérivés, avait été aussi un Ces deux dossiers affaiblis- pauvres plus de 113 millions d’en- 60 %) que pour les garçons (63 % re, car l’éducation de base est la ces objectifs. Le sida touche tou- très gros contributeur des cam- sent considérablement le prési- fants, entre 6 et 12 ans, dont les à 65 %), réduisant le déséquilibre clé pour libérer les synergies, sou- jours à 90 % des pays en voie de pagnes électorales des Bush, dent à quelques mois des élec- deux tiers sont des filles, ne vont entre les deux sexes. A ce rythme, ligne la Banque mondiale. « L’édu- développement. Mais, selon la père et fils. Ses avis avaient été tions de mi-mandat. Ils laissent pas à l’école, l’objectif d’une scola- cependant, l’Afrique ne pourra cation donne du pouvoir aux Fondation Bill and Melinda très écoutés par l’équipe de la planer un doute sur la déter- risation primaire pour tous est pas atteindre l’objectif avant enfants, surtout aux filles, et renfor- Gates, seulement 10 % des fonds Maison Blanche dirigée par le mination de l’administration déjà une gageure en soi. L’épidé- 2100. ce leur confiance en soi. Une mère mondiaux consacrés au sida vont vice-président, Dick Cheney, Bush à se donner les moyens mie du sida rend sa réussite enco- Le faible taux de scolarisation éduquée se marie plus tard, choisit à ces pays. lors de la préparation de la loi d’éradiquer le crime d’entre- re plus aléatoire. Dans un rapport au début de la décennie a permis mieux le moment de sa maternité sur l’énergie, l’an passé. Mais, prise. publié lundi 8 juillet à l’occasion à certains pays de faire des pro- et sait mieux veiller sur sa santé et Babette Stern malgré les nombreuses enquê- Le discours de M. Bush à de la conférence de Barcelone tes parlementaires et malgré Wall Street avait déjà été reçu consacrée à la prévention du sida, les efforts de la presse, rien ne avec beaucoup de scepticisme la Banque mondiale estime que, semblait impliquer directe- puisqu’il n’a proposé que peu « dans les pays où l’infection est Ushuaïa   ment le président ou son admi- de mesures concrètes : la créa- très haute, le virus du sida tue les nistration dans le scandale. tion d’une brigade financière, enseignants plus vite qu’ils ne peu- George W. Bush a pu ainsi faire un budget augmenté de la SEC vent être formés ». Les professeurs la leçon aux PDG délinquants (alors qu’il s’apprêtait à le meurent ou sont trop malades et annoncer une série de mesu- réduire), un contrôle accru des pour enseigner ; des enfants per- res pour lutter contre le crime dirigeants. Les révélations sur dent leurs parents et le soutien comptable. son passé d’homme d’affaires qui leur permettait d’aller à l’éco- Deux séries d’affaires vien- et sur celui de M. Cheney vien- le. C’est ainsi que, parmi les nent le rattraper. Les siennes nent ternir cette lutte. Elles ren- enfants scolarisés, un sur quatre d’abord. En répondant, lundi, forcent l’ancienne suspicion quitte l’école avant d’avoir appris aux questions sur la gestion de d’un Bush qui doit sa fortune à lire et à écrire, relève l’institu- sa société pétrolière dans les personnelle et sa carrière à des tion. années 80, il a déclaré que, méthodes dont on se demande dans son secteur, « les règles si elles relèvent de cette « éthi-   comptables n’étaient pas blan- que » qu’il vante tant dans tous Sur les quelque 40 millions de ches ou noires ». Aveu malheu- ses discours. personnes séropositives, 17,6 mil- lions sont des femmes et 2,7 mil- lions des enfants de moins de 0123 15 ans. Les orphelins et les Président du directoire, directeur de la publication : Jean-Marie Colombani enfants vulnérables sont désor- Directoire : Jean-Marie Colombani ; Dominique Alduy, directeur général ; mais près de 16 millions, à la suite Noël-Jean Bergeroux. de la mort de 25 millions d’adul- Directeur général délégué des rédactions : Edwy Plenel tes à la fin 2001. Et si l’épidémie Directeur général délégué des opérations : Fabrice Nora affecte évidemment la croissance Directeur général adjoint : René Gabriel Secrétaire général du directoire : Pierre-Yves Romain des pays en développement et accroît la pauvreté, son impact Directeur de la rédaction : Edwy Plenel sur les systèmes éducatifs est Directeurs adjoints : Thomas Ferenczi, Pierre Georges, Jean-Yves Lhomeau Secrétaire général : Olivier Biffaud ; déléguée générale : Claire Blandin encore plus dévastateur et lourd Directeur artistique : François Lolichon de conséquences à long terme. La Chef d’édition : Christian Massol ; chef de production : Jean-Marc Houssard Banque mondiale rappelle que, Rédacteur en chef technique : Eric Azan ; directeur informatique : José Bolufer sur les 15 000 cas de sida détectés Rédaction en chef centrale : Alain Debove, Eric Fottorino, Alain Frachon, Laurent Greilsamer, Michel Kajman, par jour dans le monde, la moitié Eric Le Boucher, Bertrand Le Gendre concerne la tranche des 15-24 ans Rédaction en chef : (chiffres 1999). François Bonnet (International) ; Anne-Line Roccati (France) ; Le constat global est accablant : Anne Chemin (Société) ; Jean-Louis Andréani (Régions) ; Laurent Mauduit (Entreprises) ; Jacques Buob (Aujourd’hui) ; Franck Nouchi (Culture) ; sans prendre en compte l’impact Josyane Savigneau (Le Monde des Livres) ; Serge Marti (Le Monde Economie)

Médiateur : Robert Solé qui s’est jouée : les grandes colla- de son intérêt, il n’a jamais voulu On a même vu Marc Viénot, l’an- Directrice des projets éditoriaux : Dominique Roynette Le symbole borations entre métiers et les donner de ses comptes un aperçu cien patron de la Société généra- Directeur exécutif : Eric Pialloux ; directrice de la coordination des publications : Anne Chaussebourg Directeur des relations internationales : Daniel Vernet synergies miraculeuses n’ont incontestable. De très fortes pres- le, et auteur des rapports français Jean-Marie jamais vu le jour. Ainsi le fichier sions ont même été exercées sur sur le « gouvernement d’entrepri- Conseil de surveillance : Alain Minc, président ; Michel Noblecourt, vice-président des abonnés de Canal+, qui avait un auditeur du cabinet Salustro, se », figurer parmi les derniers Anciens directeurs : Hubert Beuve-Méry (1944-1969), Jacques Fauvet (1969-1982), Messier été à l’origine de tant de contor- et ce dernier aurait même pu être soutiens de Jean-Marie Messier, André Laurens (1982-1985), André Fontaine (1985-1991), Jacques Lesourne (1991-1994) sions juridiques pour permettre à licencié si la Commission des opé- alors même que la débâcle était Le Monde est édité par la Société Editrice du Monde (SAS) Suite de la première page la maison mère de se l’appro- rations de Bourse ne s’en était patente. Durée de la société : quatre-vingt dix-neuf ans à compter du 15 décembre 2000. Capital social : prier, n’a par la suite jamais été opportunément mêlée. Bref, la C’est dire qu’il y a dans l’histoi- 145 473 550 ¤. Actionnaires directs et indirects : Le Monde SA, Le Monde et Partenaires Asso- Les dirigeants d’entreprise y utilisé. belle histoire a tourné au fiasco. re de M. Messier de nombreux ciés, Société des Rédacteurs du Monde, Société des Cadres du Monde, Société des Employés du Monde, Fonds commun de placement des personnels du Monde, Association Hubert-Beuve-Méry, voyaient la consécration de leur Du mariage des deux cultures, Il ne faut évidemment pas être symboles qui méritent d’être scru- Société des Lecteurs du Monde, Le Monde Entreprises, Le Monde Europe, Le Monde Investisseurs, aspiration au changement, tandis Jean-Marie Messier a retenu le naïf. En coulisses, de petites et tés. Le symbole d’un certain com- Le Monde Presse, Le Monde Prévoyance, Claude-Bernard Participations, Société des Personnels du Monde. que le monde de la culture et plus souvent les aspects les plus grandes manœuvres se sont plexe libéral qui frappe souvent www.lemonde.fr édité par Le Monde Interactif. celui de la politique applaudis- contestables. Pour le plus grand jouées, qui expliquent aussi pour la France et la conduit à ne rete- Président du conseil d’administration : Jean-Marie Colombani. Directeur général : Bruno Patino saient à la performance. profit du haut encadrement, le partie l’échec du patron de Viven- nir du modèle anglo-saxon que Désormais, les groupes fran- groupe s’est ainsi lancé dans une di Universal – des manœuvres ses aspects caricaturaux : l’argent çais étaient capables de jouer à course folle aux stock-options, auxquelles ont activement partici- sans la responsabilité. Celui aussi RECTIFICATIFS PRÉCISION armes égales avec les Américains. symbole du capitalisme anglo- pé des figures éminentes de l’éta- d’une mutation inachevée du Mieux, un groupe leur damait le saxon. Mais il s’y est lancé à sa blissement financier américain. capitalisme hexagonal : revendi- TAXI 2. Contrairement à ce qui MAGISTRATS. L’Union syndicale pion sur leur propre sol, dans une manière : quand la Bourse grim- Malgré tout, si Jean-Marie Mes- quant pour les avantages de la était indiqué dans l’article publié des magistrats, qualifiée de « USM industrie mythique, Hollywood. pait, il a fait valoir que ces pro- sier a trébuché, c’est d’abord par nouvelle économie, certains des dans Le Monde du 25 juin, intitu- (droite, majoritaire) » dans Le Mon- Dans le concert de louanges de duits constituaient la légitime sa faute. Et, dans son chemine- grands chefs d’entreprise rechi- lé « L’accident mortel sur le tour- de du 6 juillet, tient à préciser l’époque, peu de personnes récompense de l’initiative et de ment personnel, on lit aussi cer- gnent à en supporter aussi les nage de Taxi 2 fait toujours l’ob- qu’elle est politiquement indépen- avaient souligné que le mariage l’effort ; et puis, quand la Bourse tains dysfonctionnements très devoirs. Qui, par exemple, en jet d’une enquête », l’avocat de dante et récuse une étiquette n’était pas gagné d’avance, que s’est retournée, le groupe a cher- français. France, a pris le risque de lancer Rémy Julienne n’est pas Me Jean- « qui ne correspond pas à celle de l’alliance entre l’ancienne et la ché à inventer des règles de com- Observons d’abord le compor- un débat sur les enseignements Yves Halimi mais Me Jean-Gilles bon nombre de [ses] adhérents et nouvelle économie n’était pas pensation, pour que ses diri- tement du gouvernement de Lio- de la dérive de Vivendi Halimi. de [ses] membres du conseil natio- facile en soi, que la rencontre geants restent gagnants. En quel- nel Jospin lors de l’ascension de Universal ? Quelle voix s’est-elle nal ». « Nous revendiquons avec médiatisée entre le capitalisme que sorte, Jean-Marie Messier a Jean-Marie Messier. Il s’est gardé élevée, pour dire que les princi- ABEL GANCE. Nous avons cité, conviction et fermeté notre indépen- français et le capitalisme anglo- cherché à réinventer l’économie- de toute critique contre les stock- pes du « gouvernement d’entre- dans le portrait de Georges Gol- dance, indique Dominique Barel- saxon n’avait rien d’évident. Jean- casino, où l’on gagne à tous les options et a même fini par les prise » devaient être revus ou denstein (Le Monde du 3 juillet), la, secrétaire général de l’USM, Marie Messier, qui était déjà par- coups. favoriser. Bref, la gauche françai- améliorés ? le cinéaste Abel Ganz. Il s’agis- nos récentes communications prou- venu dans le passé à tourner la se n’a rien dit. Et les premières cri- Lorsque l’affaire Enron avait sait, bien sûr, d’Abel Gance, vent que nous n’agissons pas par page des financements occultes     tiques contre les excès du systè- éclaté, de nombreux patrons fran- cinéaste français, réalisateur dogmatisme et que nous critiquons dans lesquels était plongée la Le tour de passe-passe sur les me sont venues paradoxalement çais avaient expliqué qu’il ne notamment du film muet Napo- la droite comme la gauche quand Générale des eaux, avait suggéré stock-options serait peut-être des Etats-Unis : c’est Alan Greens- s’agissait que d’une de ces affai- léon en 1927. cela est nécessaire. » qu’il tirerait le meilleur de cet passé inaperçu si, dans le même pan qui, le premier, a attiré l’at- res de malversation qui ont attelage. On eut le pire. temps, la direction du groupe tention sur les excès des stock- émaillé l’histoire du capitalisme. Certes, le pari était initialement Vivendi Universal avait aussi options. Aujourd’hui, on découvre la pro- 0123 est édité par la Société Editrice du Monde (SAS). La reproduction de tout article est interdite sans audacieux. Allier contenant et importé des Etats-Unis les règles Observons ensuite comment fondeur du mal poussant le prési- l’accord de l’administration. Commission paritaire des journaux et publications n° 57 437 contenu, regrouper programmes, de transparence qui, officielle- les principes du gouvernement dent américain à intervenir. Avec ISSN 0395-2037 téléphones et télévision, construi- ment, vont avec les règles du cor- d’entreprise ont été appliqués le cas Messier, les mêmes veulent Imprimerie du Monde re un géant de la communication porate governance. Mais, là enco- dans le cas de Vivendi Universal. croire qu’il ne s’agit que d’un acci- 12, rue Maurice-Gunsbourg Président-directeur général : Dominique Alduy pour le hisser au deuxième rang re, le groupe a procédé à Malgré la loi sur les régulations dent de parcours. Et que la vie 94852 Ivry cedex Directeur général : Stéphane Corre mondial…, qui aurait pu ne pas l’inverse. S’il a été un modèle, économiques, les administrateurs des affaires va reprendre... 21 bis, rue Claude-Bernard - BP218 souscrire à la magnifique épopée c’est d’abord… d’opacité ! Jon- ont tardé à jouer leur rôle et à 75226 PARIS CEDEX 05 PRINTED IN FRANCE Tél : 01-42-17-39-00 - Fax : 01-42-17-39-26 qui était proposée ? Mais, au quo- glant avec les systèmes compta- s’inquiéter de la situation finan- Laurent Mauduit tidien, c’est une autre aventure bles américain ou français, au gré cière calamiteuse de l’entreprise. et Martine Orange LE MONDE/VENDREDI 12 JUILLET 2002/17 ENTREPRISES fusion

A Limoges, en Haute-Vienne, le groupe d’équipe- Bruxelles, les salariés de Legrand ne savent toujours qui a été mise à mal par la fusion avec Schneider, vision très financière des affaires. A Luxembourg, ment électrique Legrand est le grand  pas à quelle sauce ils vont être mangés. L’inquiétude puis par sa remise en cause, qui contraint Schneider mercredi 10 juillet, la   a critiqué  de la région. Neuf mois après le rejet de monte, et avec elle la  des employés à trouver un repreneur. D’autant que celui pressenti, les procédures de Bruxelles, qui ont conduit à l’annu- la fusion avec Schneider par la Commission de et des cadres. C’est toute une culture d’entreprise le tandem franco-américain -, a une lation de la fusion Schneider-Legrand. A Limoges, les « Legrand » attendent leur sort dans l’angoisse Neuf mois après le rejet par Bruxelles de la fusion avec Schneider, les salariés du leader mondial du petit équipement électrique attendent toujours de connaître le nom de leur repreneur, et surtout ses projets. La direction a du mal à remobiliser les salariés

LIMOGES sés. » En dix-huit mois, les salariés moins favorable. « Les neuf pre- de notre envoyé spécial sont passés « d’un engouement rai- miers mois de 2001 ont été en partie « Le plus grave, c’est qu’on ne com- sonné à la méfiance », selon l’un consacrés à préparer la fusion, rap- prend toujours pas comment notre d’entre eux. « Une cassure s’est pro- Fabrication pelle Mme Dhélias. Des achats, des entreprise, si rentable, a pu en arri- duite en septembre, quand, pour d’équipement projets ont été repoussés. L’investisse-  satisfaire Bruxelles, Lachmann a pro- électrique ment industriel a été inférieur à son posé la cession de nos activités dans et électronique niveau habituel. Pour certains pro- le modulaire [les systèmes de à l’usine Le Sitel duits nouveaux, le retard atteint un « Le choc est brutal. protection], se souvient Denis (Legrand), an. » « On a l’impression que l’usine Delorme, responsable syndical à Limoges, en mars. tourne au ralenti, confirme un L’époque du cocon CFE-CGC. On a alors compris que Avec 4 000 salariés employé. Certains ateliers sont Legrand risquait de perdre son dans la région, d’ailleurs passés aux 32 heures. » est terminée », âme. » le groupe est le seul poids lourd industriel   conclut un cadre «    » du Limousin. En pleine période de doute, la L’«âme» de l’entreprise, aux direction a cru bon de se lancer yeux des salariés, reposait sur deux dans une vaste réorganisation des ver là. » L’homme lâche un soupir fondements : une forte intégration opérations. Naguère complète- et replonge les yeux dans son assiet- (à Limoges, les ateliers côtoient les ment intégré, l’électricien est désor- te. A l’heure du déjeuner, dans les services commerciaux et de direc- mais organisé en cinq branches petits établissements qui font face tion) et l’identification des action- (l’appareillage, la protection, l’élec- au siège de Legrand à Limoges naires familiaux. Depuis, les tronique, la distribution et l’indus-

(Haute-Vienne), la résignation familles Decoster et Verspieren ont  / trie). « Il n’était pas opportun d’en- domine. Sur le trottoir opposé, l’en- échangé les 42 % du capital qu’elles gager une réorganisation de cette treprise étale ses longs murs ter- détenaient contre des actions vague de protestations avait suivi ment et qu’elle fait le maximum pour paternaliste, oser se syndiquer et ampleur, explique un cadre supé- nes. Avec 4 000 salariés sur ce site, Schneider. « Les gens connaissaient l’attribution de « golden parachu- préserver l’intégrité de Legrand », arrêter de penser que le monde éco- rieur. Ça risque d’être un coup le leader mondial de l’équipement leurs patrons, explique Lydie Dhé- tes » à Olivier Bazil, vice-président confirme M. Delorme. « Dans beau- nomique est une machine contre d’épée dans l’eau, dans la mesure où électrique basse tension est aussi le lias, secrétaire CGT du comité cen- et directeur général, et à Gilles Sch- coup d’équipes, la démotivation est laquelle on ne peut rien. » nos futurs actionnaires ont de gran- seul poids lourd industriel de la tral d’entreprise et du comité de nepp, directeur général. S’ils quit- sensible », affirme Mme Dhélias. La direction, qui a senti le vent des chances de tout remettre à région. groupe européen, chez Legrand tent l’entreprise, les deux hommes « Le nombre d’arrêts de travail dus tourner, tente justement de remobi- plat. » Le PDG, François Grapotte, La fierté d’appartenir à cette depuis trente ans. De même, ils com- recevront chacun plus de au stress a augmenté, renchérit Ser- liser l’encadrement. Mais « les der- apparaît fragilisé. D’autant que son entreprise familiale devenue multi- prenaient la stratégie de l’entreprise, 760 000 euros et autant au titre ge Sénamaud, délégué central FO. nières réunions de cadres ont été des ancien numéro deux, Patrick Puy, nationale, tout en restant ancrée qui s’élargissait géographiquement d’un engagement de non-concur- Certains ne supportent pas les bides, confie l’un d’entre eux. Après parti un temps chez Moulinex, dans son terroir d’origine, ne suffit en restant dans le même métier. Cet- rence. Une annonce mal vécue par rumeurs de licenciements. nous avoir expliqué que la fusion pourrait faire son retour. Il joue les plus à masquer l’inquiétude. te double cohérence a disparu. Le les cadres dirigeants, dont, pour la D’ailleurs, un plan de préretraite est était une formidable opportunité, on conseils auprès de KKR, au grand Depuis presque un an, les sentiment d’être trahis, lâchés, aban- plupart, les stock-options avaient en cours d’application ; il va concer- nous dit maintenant qu’on l’a échap- dam de M. Grapotte, qui n’avait « Legrand » ne savent plus où ils donnés s’est répandu, d’autant plus déjà été converties en actions ner 230 personnes dans le Limousin. pé belle et que c’est une chance rien fait pour lors de son départ à vont. En janvier 2001, la fusion fortement que des rumeurs de Schneider, qui valaient 76 euros Il y a quelques années, il n’y aurait d’être sorti des griffres de Schnei- l’été 2000. avec Schneider devait faire naître démantèlement circulaient et que la avant la fusion, et qui valent moins jamais eu autant de volontaires au der ». Le bénéfice net de l’entrepri- Le passage du capitalisme fami- un géant de l’équipement électri- communication interne était catas- de 50 euros aujourd’hui. départ. » Déterminé, un cadre en se est certes resté confortable en lial au capitalisme boursier est une que. Le 10 octobre 2001, la Commis- trophique. Un esprit critique très fort « Il y a une réelle défiance envers tire les conclusions : « L’époque du 2001 (176 millions d’euros), bien révolution culturelle. Si l’hypothè- sion de Bruxelles refusait cette s’est développé dans l’entreprise. » la direction, même si elle a pour cocon est terminée. Le choc est bru- qu’en diminution de 25 % par rap- se Wendel-KKR se concrétise, fusion, estimant qu’elle pouvait Déjà, en décembre 2001, une l’heure évité tout plan de licencie- tal, mais il faut sortir de la culture port à 2000, dans une conjoncture Legrand devra rémunérer ses nou- créer sur certains marchés une posi- veaux propriétaires, gourmands de tion dominante. Schneider possède rentabilité rapide, tout en conti- alors 98 % de Legrand mais doit Près de deux ans de procédures nuant de financer son rachat, basé s’en séparer. Depuis, le groupe b 15 janvier 2001 : Henri annonce détenir 98 % du capital les deux groupes auraient eu b 24 juin : Schneider retient sur un LBO (reprise de l’entreprise d’Henri Lachmann a fait appel Lachmann, PDG de Schneider, de Legrand. une position dominante sur le le projet de reprise présenté par endettement), ce qui pèsera sur auprès du tribunal européen de annonce la fusion de son groupe b 6 septembre : devant des marché du matériel électrique. par les fonds Wendel ses capacités de développement. Luxembourg, tout en annonçant et de Legrand. analystes financiers, M. Lachmann b 13 décembre : Schneider dépose Investissement (CGIP) et D’aucuns rappellent que, au cours que, sauf jugement favorable à la b 30 mars : Bruxelles décide se dit « assez serein » sur la un recours devant le tribunal de Kohlberg Kravis Roberts (KKR). des neuf mois de travail commun fusion, elle céderait Legrand aux d’ouvrir une enquête approfondie décision de Bruxelles. Luxembourg. Schneider obtient que la vente de entre Legrand et Schneider, ce der- fonds d’investissement Wendel sur ce rapprochement. b 27 septembre : les deux b 30 janvier 2002 : les modalités Legrand soit suspendue jusqu’en nier a eu tout le loisir de recueillir Investissement (que préside Ernest- b 7 juin : après un recours déposé entreprises annoncent que les du divorce sont arrêtées. octobre, date à laquelle la Cour de précieuses informations sur son Antoine Seillière) et Kohlberg Kra- par l’Association des actionnaires services de la Commission Schneider a neuf mois pour se européenne doit rendre son éphémère acquisition. « On s’est vis Roberts (KKR), un fonds améri- minoritaires (ADAM), qui obtient s'opposent au projet. Le ministre séparer de Legrand. Les jugement sur le veto de mis à nu devant eux », constate le cain qui s’est jadis illustré par la gain de cause devant la cour des finances et le président de la propositions préliminaires pour la Bruxelles. syndicaliste CGC. Un salarié pré- mise en coupe réglée de plusieurs d’appel de Paris, Schneider République défendront Schneider reprise de ce dernier doivent être b 10 juillet : la cour de justice de dit : « Seillière et Lachmann vont se sociétés outre-Atlantique. améliore son offre. auprès de Bruxelles. déposées avant le 15 février. Près Luxembourg étudie le recours partager le gâteau. » « Ça fait un peu feuilleton, résu- b 25 juillet : clôture de l’offre b 10 octobre : la Commission d’une vingtaine de groupes déposé par Schneider contre me un employé. Les gens sont las- publique d’achat (OPA). Schneider interdit la fusion estimant que seront candidats. Bruxelles. Alexis Delcambre Lors d’une audience-marathon, la Cour européenne Schneider, la vie après le veto critique les méthodes de Bruxelles Quelle que soit la décision des juges, le divorce est consommé

LUXEMBOURG nante. Habituellement, la position L’autre argument sur lequel le tri- LA PAGE s’est tournée d’abord le divorce et a retenu la méthode liards prévus l’intéresse tout de notre envoyé spécial dominante est évaluée en addition- bunal s’est arrêté concerne le rai- douloureusement puis avec de qui lui était la plus favorable. Alors autant. Mercredi 10 juillet, le tribunal de nant les parts de marché des socié- sonnement économique tenu par plus en plus de distance. Aujour- que la direction de Legrand préfé- Schneider a l’intention d’utiliser première instance des communau- tés dans les secteurs qu’elles exploi- les services de M. Monti. Pour éva- d’hui, Schneider regarde son pro- rait la formule de la scission et de très vite cet argent pour rebondir. tés européennes examinait le tent toutes deux. Or, la Commis- luer les possibles affectations du jet de fusion avec Legrand comme la mise en Bourse qui lui aurait per- Le groupe vient de lancer un pro- recours déposé par le groupe fran- sion a estimé que la forte position principe de concurrence, ceux-ci de l’histoire ancienne. Même si le mis de conserver son indépendan- gramme sur trois ans pour soute- çais Schneider Electric contre la de Legrand dans les équipements ont procédé à un découpage par groupe d’équipements électriques ce, Schneider a privilégié la ces- nir sa croissance. Présent dans les décision de Bruxelles d’annuler sa ultra-terminaux (prises, interrup- marchés nationaux. Or, les juges attend avec impatience le juge- sion à un consortium financier, for- domaines de la distribution électri- fusion avec Legrand. Au terme teurs) sur le marché français, ren- ont noté qu’au terme de l’analyse, ment du tribunal de première ins- mule qui lui permet de récupérer que, le contrôle industriel et les d’une audience complexe (le rap- forcerait la position de Schneider le raisonnement sur les effets tance de l’Union européenne à tout de suite de l’argent. automatismes, il entend accélérer port comprend 369 points) de plus sur le marché des tableaux électri- concurrentiels de la fusion s’opé- Luxembourg, prévu en octobre, il Un accord a été signé fin juin sa croissance, en misant sur l’inno- de sept heures, le tribunal s’est ques. Pour le groupe, cette modifi- rait souvent « sur un plan géné- s’agit davantage d’effacer l’affront avec le consortium formé par Wen- vation, la recherche de nouveaux engagé à rendre sa décision en cation du mode d’évaluation aurait ral », c’est-à-dire à l’échelle de l’Eu- qui lui a été fait par la Commission del Investissement, la holding d’Er- produits, mais aussi sur l’expan- octobre, en vertu de la procédure dû être explicitement mentionnée rope. Les représentants de la européenne que d’obtenir un feu nest-Antoine Seillière, et le fonds sion dans des secteurs techniques accélérée mise en œuvre. dans la liste des griefs que lui a Commission ont expliqué qu’ils vert à un projet dont il ne veut ou géographiques où le groupe est Les représentants de la Commis- communiquée la Commission, ce avaient observé des similarités plus. « Si le tribunal revenait sur le encore peu ou mal implanté. Des sion ont été mis en difficulté princi- qui n’est pas le cas. entre certains marchés, et donc veto de la Commission de la concur- Le groupe vient acquisitions de l’ordre de plusieurs palement sur deux points : la viola- opté pour une « présentation glo- rence et donnait son accord à une centaines de millions, voire du mil- tion des droits de la défense lors de «   » bale », jugée plus simple. « Il est dif- fusion entre Schneider et Legrand, de lancer liard d’euros sont envisagées pour la procédure et le raisonnement Enfin, Schneider a reproché à ficile de postuler que la Commission je ne suis pas sûr que le dossier accompagner ce développe- économique tenu par la direction Bruxelles de ne pas lui avoir laissé a procédé à une analyse poussée des serait repris », note un proche du un programme ment. Le groupe, en revanche, de la concurrence. Leur orateur est le temps nécessaire pour produire effets concurrentiels sur tous les mar- dossier. semble guéri pour un moment de apparu embarrassé et parfois con- de nouveaux remèdes correctifs chés », a rétorqué le président du Trop d’illusions suivies de trop sur trois ans pour la fascination des grandes opéra- tradictoire dans ses propos, à une fois ce grief connu, fustigeant tribunal, le Danois Bo Vesterdorf de déceptions ont émaillé le pro- tions. mesure que les questions des trois au passage une procédure extrême- pour qui le raisonnement reposait jet. Le dernier coup n’est pas le soutenir sa croissance En parallèle, Schneider veut amé- juges, dont le Français Hubert ment lourde, lestée d’une « investi- en partie sur une « extrapolation ». moindre : l’équipe dirigeante de liorer ses performances opération- Legal, ouvraient des brèches au gation démesurée » non exempte L’audience a donc permis de sou- Schneider a mal vécu de voir, au nelles et financières. Bien que très cœur des positions de Bruxelles. de « dérives » et d’« erreurs » et lever deux problèmes majeurs lendemain du veto, la direction de d’investissement américain KKR. résistant par rapport à ses concur- Concernant la procédure, Schnei- caractérisée selon lui par « un man- dans le fonctionnement de la direc- Legrand prendre froidement ses Les deux associés proposent de rents, il entend obtenir 14 % de der reproche aux services de Mario que manifeste de transparence et de tion de la concurrence : la défini- distances, sans un geste, et ren- reprendre Legrand pour 5 mil- marge opérationnelle en moyenne Monti d’avoir modifié les règles loyauté ». La Commission a ren- tion des marchés permettant d’éva- voyer la responsabilité de l’échec à liards d’euros, dont 1,3 milliard de contre 11 % actuellement. Des pendant l’examen du projet. Pour voyé le compliment, faisant valoir luer les conséquences d’une Schneider seul. Neuf mois passés dettes. Schneider devrait donc tou- réorganisations industrielles sont le groupe, l’un des griefs majeurs que Schneider avait « sous-estimé fusion, et la réalité du second tour à travailler ensemble à la création cher 3,7 milliards d’euros. Moins à l’étude. Le groupe juge qu’il a dans la décision de la Commission les difficultés juridiques » de la offert, via les remèdes correctifs, d’un nouveau groupe étaient niés que la somme de 4 milliards provi- trop d’usines, trop petites, trop n’avait jamais été exprimé par elle fusion par une « confiance excessi- aux entreprises. Deux questions de en un instant. sionnée dans ses comptes 2001 au souvent implantées sur les mar- auparavant. En effet, lorsque deux ve », perdant ainsi « plusieurs fond mises au jour un mois après Depuis, les relations entre les titre de Legrand. Mais grâce aux chés mûrs des pays développés et entreprises présentent un projet semaines précieuses » et confon- que Luxembourg a, pour la premiè- deux anciens partenaires, même si crédits d’impôts, le groupe espère pas assez dans les pays comme la de fusion, la direction de la concur- dant « le règlement de concen- re fois, annulé un veto de l’exécutif Schneider détient toujours 98 % faire une opération blanche. Chine. Mais redessiner cette carte rence leur adresse la liste des diffi- tration avec un régime politique », européen, à la reprise par le voya- de Legrand, sont réduites à leur Si le jugement permet au grou- industrielle n’est pas aisé. Schnei- cultés auxquelles elles doivent allusion aux démarches entreprises giste britannique Airtours de son plus simple expression. Le PDG de pe de reprendre certaines parties der a décidé de se donner du remédier, en général en cédant les dans ce dossier par Paris, qui sou- concurrent First Choice. Schneider Henri Lachmann a à pei- de Legrand, Schneider n’exclut temps et des moyens pour le faire. activités dont le chevauchement tient d’ailleurs Schneider dans son ne voulu entendre les désirs de sa pas de le faire, selon son intérêt. crée ou renforce une position domi- recours. A. De. filiale sur les manières d’organiser Mais obtenir le total des 3,7 mil- Martine Orange 18/LE MONDE/VENDREDI 12 JUILLET 2002 ENTREPRISES Francis Mer relance le projet de fusion Le gouvernement italien entre les autorités boursières envisage d’amples privatisations Devant Paris Europlace, jeudi 11 juillet, le ministre de l’économie et des finances devait confirmer une mise en œuvre rapide du projet élaboré par Laurent Fabius, prévoyant le mariage de la COB et du CMF L’Enel, Telecom Italia ou Alitalia sont concernées

JEUDI 11 juillet, le ministre de fessionnels des marchés et pour tit, étant soumis à renouvelle- n’ait pu être menée à bien. Il avait ROME qui devrait être retenue pour l’économie, Francis Mer, devait re- moitié de personnalités qualifiées. ment, la possibilité de nommer à évoqué « une réforme nécessaire, de notre correspondante l’Enel, mais aussi pour Alitalia. lancer le projet de création d’une En effet, le conseil du CMF est l’automne un président commun évidente, sur laquelle un large con- Comme chaque année, le gouver- Ce ne sont pas tant les privatisa- autorité unique des marchés finan- composé de professionnels, alors chargé de créer l’AMF, déjà envisa- sensus avait été acquis ». nement italien va présenter au Par- tions que d’autres aspects du DPEF ciers (AMF), fusionnant la Com- que la COB inclus majoritairement gée par Laurent Fabius, est égale- Entre les deux tours des élec- lement d’ici la fin juillet son plan qui suscitent la polémique avec l’op- mission des opérations de Bourse des hauts fonctionnaires. D’autre ment à l’ordre du jour. tions législatives, M. Prada, a profi- budgétaire à moyen terme, appelé position de centre-gauche. «Cene (COB), le Conseil des marchés part, le collège plénier de l’AMF té de la remise de son rapport le « document de programmation sont que des ajustements comptables financiers (CMF) et le Conseil de devait être assisté, dans le projet   annuel au président de la Républi- économique et financière » et des évaluations fictives », proteste discipline de la gestion financière initial, de deux sous-collèges, l’un A l’origine, M. Fabius avait mis que pour former le vœu auprès de (DPEF). Mercredi 10 juillet, devant Vincenzo Vizzo, l’ancien ministre (CDGF), à l’occasion d’un discours disciplinaire, l’autre des offres en route cette réforme, qui vise à Jacques Chirac « que le nouveau la commission budget de la Cham- des finances, qui accuse le gouverne- prononcé lors d’un déjeuner de- publiques. Critiquée, l’existence améliorer la régulation des mar- gouvernement finalise rapidement bre des députés, le ministre de l’éco- ment de ne pas vraiment relancer vant Paris Europlace, la manifesta- de ce dernier pourrait être remise chés et à harmoniser le fonctionne- le projet ». nomie, Giulio Tremonti, a créé quel- les privatisations « déjà prévues par tion annuelle qui réunit tous les en question. En outre, certains ment des autorités de marchés Les pays européens ont tous évo- ques surprises en annonçant, entre le centre-gauche et bloquées depuis acteurs de la place financière. observateurs jugent que la compo- européennes, lors des rencontres lué ces dernières années vers le autres mesures destinées à procurer un an par l’équipe au pouvoir ». De bonne source, cette réforme sition du collège de sanction de- Paris Europlace de… juillet 2000, et modèle du régulateur unique sur de nouvelles recettes, un « très ambi- serait inscrite « dans un délai rap- vrait être totalement différente de avait déposé son projet de loi sur leur marché, certains s’inspirant tieux » projet de privatisations.      proché » à l’ordre du jour des celle du collège plénier de l’AMF, le bureau des Assemblées en fé- de la Financial Services Authority Le gain de ces privatisations se- Au cœur des critiques figurent les Assemblées et elle devrait « s’ins- afin de mieux garantir la sépara- vrier 2001. Depuis, un calendrier (FSA) britannique, qui assure éga- rait d’environ 20 milliards d’euros réformes des impôts et du marché crire dans la continuité du projet de tion entre les fonctions d’enquête législatif embouteillé n’avait pas lement le contrôle des banques et au cours des prochains dix-huit du travail. Deux confédérations de loi » qui avait été déposé par le pré- et de sanction. permis de faire aboutir la nouvelle des assurances. mois. 37,58 % du capital social de salariés les ont acceptées et ont décesseur de M. Mer, Laurent Enfin, le président de la COB, autorité. Fin 2001, lors des entre- Si la création d’une « COB euro- l’Enel, la compagnie nationale signé vendredi 5 juillet le Pacte pour Fabius. Le projet de M. Fabius Michel Prada, devant quitter la tiens annuels de la COB, son prési- péenne » n’est pas encore à l’ordre d’électricité, pourrait être vendu l’Italie, tandis que le syndicat le plus créait une autorité unique mais ne COB en octobre, et le mandat de dent, M. Prada, a ainsi regretté du jour, cette convergence pour- par l’Etat – qui en possède 67,58 %. important du pays, la CGIL (5,5 mil- lui confiait pas le contrôle des ban- celui du CMF, Jean-François Lepe- que la fusion de la COB et du CMF rait favoriser, à terme, la mise en Cette vente aurait lieu à une épo- lions d’adhérents), refusait ce texte ques et des assurances, rappro- place d’un organe commun. En que encore non précisée, lorsque le (Le Monde des 7 et 8 juillet). chant dans une entité distincte la outre, un comité des régulateurs contexte boursier sera approprié. Enfin, la décision de Rome de Commission bancaire et la Com- Un million d’actionnaires de plus en un an européens s’est mis en place, en De même seraient cédées les repousser sans crier gare le retour mission de contrôle des assuran- Malgré des conditions de marché plus que difficiles, les actionnaires indi- 2001, à la suite du rapport sur la parts détenues par le Trésor dans à l’équilibre de ses comptes publics ces. Cette architecture devrait être viduels sont de plus en plus nombreux à la Bourse de Paris, indique l’enquê- régulation des marchés européens d’autres sociétés comme Telecom a provoqué un nouveau coup de conservée. te annuelle réalisée par la Sofres pour la Banque de France et Euronext par l’ancien banquier central belge Italia, Seat, Tirrenia (transports froid avec Bruxelles. Au lendemain Paris. De mai 2001 à mai 2002, le nombre de détenteurs d’actions cotées en Alexandre Lamfalussy. Ce comité maritimes) et partiellement celles du sommet de Séville, Silvio Berlus-    Bourse a progressé de 6,1 millions de personnes à 7,1 millions, soit l’équiva- conseille la Commission européen- d’Alitalia (aviation). Pas question coni n’avait pas caché son inten- Discrètement consultés par lent de 15,9 % des Français âgés de 15 ans et plus. Cette hausse s’explique ne dans la mise au point de règles en revanche de toucher aux Postes tion d’utiliser la nouvelle « flexibili- M. Mer depuis son arrivée à Bercy, principalement par l’entrée en Bourse du Crédit agricole « qui a bénéficié du de fonctionnement communes des ni à Wind (téléphonie), qui est pro- té » apportée au pacte de stabilité les professionnels des marchés et réseau de placement de cet établissement » et « expliquerait à elle seule l’es- marchés financiers européens. priété à 73,4 % de l’Enel et à 26,6 % européen « pour réaliser des réfor- les différentes autorités atten- sentiel de la progression de la détention d’actions », selon l’étude. La privati- Des règles sont déjà en cours de France Télécom. mes », en premier lieu baisser cer- daient que le ministre donne sa sation des Autoroutes du Sud de la France (ASF) aurait également recruté de d’adoption, notamment dans le Le DPEF ne mentionne pas l’ENI tains impôts, comme il s’y était vision des modalités de la relance nouveaux porteurs. domaine du traitement du délit (carburants) et Finmeccanica, où la engagé devant son électorat, tout du projet de l’AMF. Le collège de Par ailleurs, 9,8 millions de personnes (contre 8,9 millions il y a un an) d’initié et des abus de marché. part du Trésor est déjà réduite à particulièrement le patronat. cet organisme devait, à l’origine, détiennent des valeurs mobilières : actions, obligations, sicav, fonds com- 30 %. C’est cette même part de être composé pour moitié de pro- muns de placements (FCP) et parts de FCP d’entreprise. Adrien de Tricornot 30 % du capital détenu par l’Etat Danielle Rouard Les postes japonaises vont passer dans le secteur privé La Deutsche Post contrainte Le projet libéral du premier ministre a toutefois été partiellement vidé de sa substance de baisser le prix du timbre TOKYO l’Agence des postes sera remplacée promis de privatiser les postes, un forme de « service public » : dans de notre correspondant en 2003 par une régie. La distribu- secteur qu’il connaît pour avoir les petites communes, ils sont sou- L’AUTORITÉ allemande de régulation Après les chemins de fer japo- tion du courrier sera en outre détenu le portefeuille au début des vent les seuls à avoir un contact des Postes et des télécommunications LE PLUS CHER D'EUROPE nais et les télécommunications, pri- ouverte au secteur privé. Mais les années 1990. Mais il s’agit d’un quotidien avec les personnes veut imposer une baisse des tarifs pos- Prix dutimbre, en euro vatisés au cours des décennies conditions à remplir sont si contrai- puissant lobby : les postiers par âgées, signalant aux autorités si taux de la Deutsche Post. Cette déci- 1980-1990, un autre monopole gnantes que, pour l’instant, aucune leurs contacts quasi quotidiens elles ont besoin d’aide. En raison sion devrait être prise le 26 juillet. 6 ,5 0 d’Etat, la poste, a été entamé par entreprise n’a fait acte de candida- avec les électeurs sont un rouage de ces résistances, dictées par des L’autorité de régulation demanderait à 6 ,4

les lois votées mardi 9 juillet à la ture. Le législateur a placé très de la machine électorale du parti intérêts divers, les nouvelles lois ne l’opérateur allemand de baisser en 0 Chambre basse, qui entreront en haut la barre à l’entrée sur le mar- gouvernemental. Quant à l’épar- contiennent aucune disposition 2003, de 7,2 % le tarif des services sur 1 3

vigueur fin juillet après l’approba- ché de la distribution du courrier : gne, elle est une source abondante visant à réduire le nombre (25 000) lesquels il détient un monopole. Pour , 4 0 tion attendue du Sénat. La privati- disposer de 100 000 boîtes à lettres de fonds pour les dépenses de tra- des bureaux de poste, comme les services ouverts à la concurrence, la 2 , 0 sation des postes, « cheval de à travers le pays, pratiquer une tari- vaux publics via l’achat de bons M. Koizumi l’avait demandé. baisse serait de 6,5 %. e rr gne bataille » du train de réformes pro- fication unique, enfin collecter et d’Etat. Aussi, le projet de M. Koizu- Le système des postes au Japon Les conséquences pour le premier opé- e a t mises par le premier ministre Juni- livrer le courrier au cours d’une mi, destiné à recycler l’épargne pos- n’est pas exempt de dysfonctionne- rateur postal européen sont importan- gne a nce a llem chiro Koizumi, n’a en réalité été même journée. tale vers le secteur privé s’est-il ments, dont les plus flagrants sont tes : ces mesures entraîneraient une per- ngle sp r A F A qu’esquissée par des dispositions heurté à une forte résistance. Non les liens avec le monde politique. te totale de chiffre d’affaires de 1,5 mil- E profondément amendées au fil     seulement du lobby des postes Mais sa privatisation pose aussi liard euros entre 2003 et 2007 ainsi que d’une âpre bataille parlementaire La poste japonaise est la plus mais aussi de députés représentant des questions sociales : au-delà de la suppression de 10 000 emplois, a pré- Source : FFPI qui a vidé le projet de sa substance. grosse banque du monde avec des circonscriptions rurales. la question de la crédibilité de cisé mercredi soir la Deustche Post. L’af- Loin de couronner la volonté 238 000 milliards de yens (quelque Le système des postes, établi en M. Koizumi, un peu plus entamée franchissement du courrier en Allemagne est actuellement le plus réformatrice du premier ministre, le 2 000 milliards d’euros) en dépôts 1970 sur le modèle anglais dont les par sa reculade, le vrai débat, con- cher d’Europe. début de privatisation des postes sous forme de comptes d’épargne : boîtes aux lettres rouges sont une sistant à savoir s’il faut pénaliser est perçu comme une défaite politi- un « pactole » ne produisant prati- survivance, est un service public les régions les plus reculées et les que de celui-ci : les compromis aux- quement pas d’intérêts convoité qui répond à des attentes multiples catégories sociales les plus faibles Le patron de Deutsche Telekom quels il a été contraint confirment depuis longtemps par les milieux dans les provinces. En cas de priva- au nom de la rentabilité, a été large- la perte d’initiative du chef du gou- bancaires qui ont en M. Koizumi tisation, les communautés isolées ment esquivé dans la presse natio- évoque son départ vernement, qui est désormais ouver- l’un de leur actif lobbyiste. Dans sa craignent non seulement de ne nale au profit d’une analyse en ter- tement critiqué par des personnali- gestion de l’épargne, la poste béné- plus recevoir de courrier si sa distri- mes de bataille entre les forces RON SOMMER, le président du directoire de Deutsche Telekom que la tés de son propre parti et qui ne ficie d’avantages certains sur les bution est jugée non rentable, mais « réformatrices » et la « vieille gar- rumeur donne démissionnaire, a pour la première fois laissé entendre, pourra vraisemblablement pas résis- banques : exemption fiscale et aussi d’être privées, pour la même de », qui a tourné au désavantage mercredi 10 juillet, qu’il pourrait être prêt à démissionner, dans un ter à leurs exigences d’un remanie- garantie de l’Etat. raison, de banque, dont la poste des premiers. entretien au quotidien Bild. « Le sujet est la société, pas moi. Je suis venu ment ministériel à la rentrée. En arrivant au pouvoir il y a un tient lieu. pour faire avancer Deutsche Telekom. Je recherche la meilleure solution », Aux termes des nouvelles lois, peu plus d’un an, M. Koizumi avait Les postiers assurent une autre Philippe Pons a déclaré M. Sommer, selon l’édition en ligne du quotidien. Trois millions d’Allemands détiennent 37 % du capital de Deutsche Telekom, tandis que l’Etat est encore actionnaire à hauteur de 43 %. Un nouveau conseil de surveillance doit se réunir le mardi 16 juillet. – (Reu- Malgré la fragilité de la reprise, les entrepreneurs reprennent confiance ters).  TOKYO l’écho de cette amélioration de la continue à se renforcer vis-à-vis du de notre correspondant SIX MOIS DE HAUSSE conjoncture. dollar en dépit des efforts de la a TOTAL : le pétrolier français va reprendre 195 stations-service Stimulée par les exportations et Le yen (100 yens en dollar),en2002 Au premier trimestre 2002, le Banque centrale pour le faire bais- Agip en Italie et 111 stations Galp au Portugal (pour bondir de 2 % à une reprise de la production dans produit intérieur brut (PIB) japo- ser, le dynamisme du commerce 6 % du marché). En échange, Total va se séparer, en faveur d’Agip et certains secteurs, l’économie japo- 0,86 Le10 juillet 0,8477 nais a progressé de 1,4 % par rap- extérieur risque d’en souffrir. de Galp, de 186 points de vente en Espagne. naise a commencé à se redresser, port au trimestre précédent et, en Des variables que ne reflètent  indique le rapport mensuel du gou- 0,84 mai, la production industrielle a pas l’enquête de la Banque du vernement, publié jeudi 11 juillet, augmenté de 3,9 %. Pour le deuxiè- Japon menée en mai et au début a SOCIAL : la Cour de cassation a jugé, mercredi, qu’un salarié ne qui emploie des expressions plus 0,82 me trimestre, les perspectives sem- juin. Les milieux d’affaires nippons pouvait pas être à la fois en repos et d’astreinte. Le temps de repos positives que celles utilisées en mai blent également favorables et lais- envisageaient alors un cours de « suppose que le salarié soit totalement dispensé directement ou indirec- et en juin qui soulignaient simple- 0,80 sent présager une poursuite de la 125 yens pour 1 dollar. Or, début tement, sauf cas exceptionnels, d’accomplir pour son employeur une pres- ment l’arrêt de la dégradation de la reprise tendant à confirmer l’idée juillet, son cours avait baissé de tation de travail, même si elle n’est qu’éventuelle ou occasionnelle ».Le situation. L’optimisme n’est cepen- 0,78 que l’économie a touché le fond de 5 yens. Les autorités financières se Syndicat libre des exploitants de chauffage avait attaqué les pratiques dant pas de mise car de sérieux ris- la récession. Les analystes restent sont d’ailleurs empressées de mini- de Dalkia, ex-Compagnie générale de chauffe, de Saint-André (Nord), ques pèsent sur ce début de repri- 0,76 néanmoins prudents sinon scepti- miser les résultats de l’enquête de qui imposait des périodes d’astreinte à des salariés en repos, pour se : faiblesse du dollar et incertitu- ques : il y a déjà eu au cours des dix la Banque centrale, de crainte que intervenir en cas de panne d’une chaudière. des sur la croissance américaine 0,74 ans de stagnation de l’économie l’optimisme ne fasse monter davan-  dans un contexte de demande inté- J FM AMJ J nippone des phases de redresse- tage le cours de la monnaie natio- rieure nippone toujours atone. L'appréciation continueduyen face ment qui sont vite retombées. nale. Loin de claironner la sortie de a DEUTSCHE BANK : la première banque allemande pourrait être Indicateur de l’état d’esprit des au billetvert risquedepénaliser crise, la Banque du Japon conti- contrainte de rallonger de 200 millions de dollars (202,57 millions entrepreneurs, la dernière enquête les exportations japonaises.   nue, pour sa part, à souligner un d’euros) ses provisions du fait de son exposition sur WorldCom, affir- trimestrielle de la Banque du Source : Bloomberg Surtout, la reprise actuelle est arrêt de la dégradation de la me l’agence Bloomberg. La banque aurait participé à un prêt à World- Japon, publiée le 1er juillet, indi- fragile parce qu’elle est « tirée » situation. com de 2,65 milliards de dollars avec ABN Amro. quait pour sa part un relatif regain reflète le rebond de l’activité par les exportations (+ 6% au pre- Pour beaucoup d’analystes, l’éco-  de confiance qui contraste avec le économique au cours du premier mier trimestre). En dépit d’un fré- nomie nippone est entrée dans une fort pessimisme des enquêtes pré- trimestre. Non seulement les missement de la consommation pri- phase de reprise consécutive à des a YAHOO : le portail américain a enregistré un bénéfice net de cédentes. Cet optimisme tout grands groupes des secteurs de vée, la reprise dépend donc large- réajustements drastiques et les 21,4 millions de dollars au deuxième trimestre contre une perte de relatif (l’enquête montre, en fait, l’automobile et de l’électronique ment de la vigueur de la demande perspectives restent donc incertai- 48,5 millions sur la même période en 2001. Le site doit son redresse- que les opinions pessimistes dimi- mais aussi les entreprises de taille mondiale et d’un yen relativement nes comme en témoigne une sta- ment au développement des services payants et au succès du site de la nuent) est néanmoins le premier moyenne ou petite, qui sentent les faible qui favorise la compétitivité gnation des investissements. Fédération internationale de football (FIFA) géré par Yahoo, lors de la signe positif de la part des milieux effets d’une reprise plus tardive- des produits japonais. Si la deman- Coupe du monde. d’affaires depuis décembre 2000. Il ment que les premiers, se font de américaine fléchit et si le yen Ph. P. LE MONDE/VENDREDI 12 JUILLET 2002/19 COMMUNICATION

La presse berlinoise, déprimée, se réorganise

La chute du Mur, en 1989, puis l’arrivée du gouvernement fédéral à Berlin, en septembre 1998, semblaient avoir transformé la capitale allemande en eldorado journalistique. Cependant, en dix ans, les ventes ont baissé d’un tiers. Un fossé sépare encore les lecteurs de l’Est de ceux de l’Ouest

FRANCFORT sans se couper de son lectorat d’ori- pour l’ensemble de la presse quoti- de notre correspondant gine. » Le développement économi- dienne allemande, la publicité a L’épisode est révélateur de l’am- que poussif de la capitale – qui a baissé en volume de 18 % entre biance actuelle dans la presse berli- Le groupe d’édition du mal à se remettre de l’époque mai 2001 et mai 2002, les annon- noise : lorsque les journalistes de Springer a opéré, de la guerre froide, où elle bénéfi- ces pour les emplois de 48 %. La la Berliner Zeitung, l’un des quoti- en décembre 2001, ciait des généreuses subventions priorité est donc aux économies. diens phares de la capitale alleman- la fusion des de Bonn – n’arrange rien. Dernier plan social en date, le quo- de, ont appris que leur maison pas- rédactions de Treize ans après la chute du tidien libéral de gauche Süddeuts- sait sous le contrôle d’un nouvel « Die Welt », son mur, un immense fossé continue che Zeitung a annoncé, mardi éditeur, beaucoup ont poussé un titre de référence, de séparer les lectorats de l’Est et 9 juillet, depuis son berceau muni- « ouf » de soulagement. et du « Berliner de l’Ouest de la ville. Moins d’un chois, la suppression de 10 % de Gruner & Jahr, filiale du géant Morgenpost ». quart du lectorat du Berliner Mor- des médias Bertelsmann, venait Les deux journaux genpost, journal qui a d’abord gran- d’annoncer la vente de ses titres existent toujours, di du côté occidental, se recrute à Tous les journaux locaux à son rival Holtzbrinck. mais ils sont l’Est. Et le phénomène est général. Venu prendre contact avec la désormais réalisés « Le mur est resté dans les têtes, le allemands traversent rédaction, l’un des dirigeants de ce par une même marché est encore totalement sépa- groupe familial, entre autres pro- équipe. Cette ré, malgré tous les efforts entrepris aujourd’hui priétaire de l’hebdomadaire Die opération a entraîné pour renverser la balance. Les lec- Zeit, a même été applaudi par des la suppression teurs de l’Est lisent très peu les jour- une phase salariés depuis longtemps sur le de quelque naux originaires de l’Ouest, et réci- qui-vive. « On en avait marre d’être 120 postes proquement », regrette Clemens de fortes turbulences délaissés par l’ancien propriétai- de journalistes. Goldberg, vice-président du Syndi- re », justifie l’un des journalistes cat des journalistes berlinois. du Berliner Zeitung, ce quotidien Pour se consoler, les profession- ses effectifs (sur un total de 5 000 installé en plein cœur de l’ancien nels berlinois se répètent que c’est personnes). A Berlin, la maison

Berlin-Est. Dévoilée fin juin, la nou-  /  toute la presse allemande qui Springer a causé la surprise en velle constitue un coup de théâtre connaît aujourd’hui une phase de décembre dernier en lançant la supplémentaire dans un paysage intensives, exemplaires gratuits dis- Désormais, tous les rêves de au contraire. En dix ans, les ventes fortes turbulences. « Le secteur tra- fusion des rédactions de Die Welt, berlinois qui n’en est pas avare. tribués dans la rue, rien n’a été grandeur se sont envolés. Début ont baissé d’un tiers, même si la qua- verse une crise sans précédent, la son titre de référence, et du Berli- Car les temps sont durs pour la négligé pour tenter de profiter du juillet, la FAZ a d’ailleurs supprimé lité des journaux a sans doute beau- plus grave depuis la guerre », rap- ner Morgenpost. Les deux jour- presse de la capitale allemande. nouveau statut de Berlin-capitale son édition locale. « Les éditeurs coup progressé », observe Christian pelait récemment Mathias naux continuent d’exister en tant Dans les années qui ont suivi la de l’Allemagne réunifiée. Après l’ar- avaient complètement surévalué le Eggert, de la Fédération des édi- Döpfner, le président du directoi- que tels, mais ils sont désormais chute du Mur, en 1989, la ville a rivée du gouvernement, en septem- potentiel du marché berlinois. La teurs de presse allemand : « Il est re de Springer. Quelques chiffres rédigés par une seule et même pris des airs d’eldorado journalisti- bre 1998, la Süddeutsche Zeitung et population locale n’a pas augmenté, très difficile d’élargir sa diffusion donnent une idée du malaise : équipe. « Le concept doit permet- que. Berliner Zeitung, Tagespiegel, la Frankfurter Allgemeine Zeitung tre de renforcer la couverture éco- Berliner Morgenpost, les trois titres (FAZ) se sont dépêchées de créer nomique et internationale du Berli- de référence se sont sentis pousser des pages locales très fouillées. Le Une offre de quotidiens diversifiée ner Morgenpost, tout en confor- des ailes. patron de la rédaction de la Berli- Outre les titres suprarégionaux durant le 1er trimestre 2002, 403 000 lecteurs, 86 000 tant les informations locales de Die Les deux premiers ont lancé ner Zeitung espérait alors transfor- Süddeutsche Zeitung, Frankfurter contre 216 600 exemplaire au habitent les quartiers Est. Welt », explique-t-on auprès des d’énormes investissements pour se mer son journal en « une sorte de Allgemeine Zeitung et Die Welt, 1er trimestre 1999. Sur ses b Der Tagespiegel (Holztbrinck) a deux journaux. Avec quelque 120 hisser au niveau des plus presti- Washington Post allemand ». trois quotidiens spécifiquement 459 000 lecteurs, 357 000 vendu 149 200 exemplaires au postes de journalistes supprimés, gieux journaux du pays, les « supra- La concurrence fut d’autant berlinois sont proposés dans la habitent l’ancien Berlin-Est. 1er trimestre 2002, soit 9 200 de l’initiative n’a pas fait que des heu- régionaux », comme la Süddeuts- plus acharnée qu’au travers de capitale allemande. b Le Berliner Morgenpost plus qu’au 1er trimestre 1999. Sur reux. Mais elle est à l’image des che Zeitung,laFrankfurter Allgemei- ces titres, les trois plus puissants b La Berliner Zeitung, cédée fin (Springer) a diffusé 157 600 ses 277 000 lecteurs, 36 000 doutes perceptible dans les rédac- ne Zeitung,etDie Welt, lui-même éditeurs de la presse allemande – juin par Gruner & Jahr à exemplaires durant le 1er trimestre seulement habitent l’ancien tions de la capitale allemande. installé dans la capitale. Guerre Gruner & Jahr, Holtzbrinck, et Holtzbrinck, a vendu dans la 2002, contre 179 300 au même Berlin-Est. des prix, campagnes de publicité Springer – s’affrontaient. capitale 191 300 exemplaires trimestre il y a trois ans. Sur ses Source : IVW Philippe Ricard L’armée de terre mise sur des images du terrain pour recruter RSF manifeste pour faire D’UN CÔTÉ, une basket beige sionnelle. Notre communication se le combat. Pas question de jouer qui foule une herbe verte, de concentre maintenant sur le cœur en tout cas, contrairement aux libérer un journaliste tunisien l’autre une « ranger » boueuse. du métier de soldat », souligne le publicités militaires américaines, Cette double image s’affiche sur lieutenant-colonel Richard Per- sur la fibre patriotique. « Ce n’est UNE VINGTAINE de membres de l’organisation Reporters sans fron- un gobelet de pop-corns en forme nod, chef de bureau information pas dans la mentalité française. On tières (RSF) ont manifesté, mercredi 10 juillet, devant l’Assemblée de chaussure distribué dans 700 sal- communication. nous dirait : vous êtes de vrais nationale, pour exiger la libération du cyberjournaliste tunisien Zou- les de cinéma en France. Sur le En 1997, quand l’armée s’est lan- fachos », assure M. Pernod, qui ne hair Yahyaoui, condamné en appel, le jour même, à deux ans de prison coup de pied de cette boîte en car- cée dans le grand bain publicitaire se fait guère d’illusion. « Ce sera de en Tunisie. Au même moment, l’ancien premier ministre, Edouard Bal- ton, un message se détache en let- pour préparer sa professionnalisa- plus en plus dur de recruter, la ladur, président de la Commission des affaires étrangères de l’Assem- tres jaunes : « De la basket à la ran- tion, elle a d’abord cherché des concurrence est forte. » blée, recevait Habib Ben Yahia, ministre tunisien des affaires étrangè- ger, faites le pas. » C’est en tout cas compétences spécifiques en axant L’armée de terre doit recruter res. Le député Vert Noël Mamère est sorti du Palais Bourbon pour sou- le souhait de l’armée de terre qui ses messages sur les métiers et les 18 000 jeunes par an pour assurer tenir les manifestants, qui se sont dispersés sans incidents au bout tente, depuis juin, de convaincre technologies. Depuis que la source le renouvellement des effectifs. d’une heure. Zouhair Yahyaoui, créateur du site Internet d’opposition les jeunes de troquer leurs vête- des appelés s’est tarie, elle est en « Nous n’avons pas été autorisés à TUNeZINE, a été arrêté le 4 juin et condamné le 20 juin pour « propaga- ments civils contre l’habit militaire. quête de soldats. « Nous avons réflé- communiquer pendant les campa- tion de fausses nouvelles dans le but de faire croire à un attentat » et « vol Cet objet publicitaire n’est que chi au thème de la campagne entre gnes électorales présidentielle et et utilisation frauduleuse de moyens de communication ». l’un des éléments de l’arsenal de le 4 et le 12 septembre 2001. Lorsque législatives, et nous commencions à  communication déployé par la les événements du 11 septembre se en ressentir les effets », précise « grande muette » jusqu’à la fin du sont produits, nous nous sommes dit M. Pernod. Avec un budget annuel a TÉLÉVISION : TF1 a réaffirmé, mercredi 10 juillet, son intérêt mois d’octobre, pour tenter d’étof- . . que la réalité dépassait la fiction et de 8 millions d’euros, il est à l’affût pour le groupe allemand KirchMedia, qui détient notamment les fer ses rangs. Trois spots télévisés d’archives, comme une opération qu’il était préférable d’exploiter des d’idées nouvelles pour toucher les chaînes généralistes de télévision du câble Pro 7 et Sat 1. Début juin, la et trois spots radiophoniques cons- dans les Balkans, une autre hélipor- images d’archives plutôt que de cher- jeunes. Comme s’afficher sur les Une a adressé une lettre d’intérêt à la banque SBS Warburg, qui a esti- tituent la clé de voûte de la campa- tée, et une mission d’aide à la popu- cher à sublimer la réalité », précise gobelets de pop-corns, ou nouer mé les actifs de KirchMedia à 2 milliards d’euros (Le Monde du 14 juin). gne. Tous chutent sur un même slo- lation française après les tempêtes Stéphane Billard, publicitaire chez un partenariat avec Bouygues Tele- A l’instar, notamment, du groupe italien Mediaset, de Silvio Berlusco- gan : « Soldat, c’est plus qu’un de décembre 1999. A la fin des J. Walter-Thompson. com : l’opérateur cible les soldats ni, TF1 souhaite acquérir ces chaînes « avec un partenaire allemand qui métier. » extraits, un fac-similé d’une petite potentiels dans son vivier d’utilisa- puisse régler les problèmes politiques », a indiqué Patrick Le Lay, PDG de L’agence J. Walter Thompson, annonce : « Recherche responsa-   ’ teurs des cartes « Spot ». Ceux-ci la chaîne privée. qui avait à son tableau de chasse la bles télécommunications capable de Ces images du terrain sont cen- acceptent de la publicité en échan- a Jean-Jacques Aillagon a déclaré, mercredi, devant la commission publicité des marines américains rétablir le contact avec la popula- sées répondre à une des principa- ge de minutes gratuites. Et fournis- culturelle de l’Assemblée nationale, qu’il s’attendait à « quelques avant d’être sélectionnée par l’ar- tion », par exemple. les motivations exprimées par les sent, en passant, toutes sortes d’in- infléchissements de la programmation ou du traitement de l’informa- mée de terre française, a opté pour Cette campagne marque un tour- jeunes volontaires : la recherche formations personnelles. tion » dans les programmes de France Télévisions « dès la rentrée ». Le un traitement proche du reporta- nant. « Depuis juin 2002, nous som- de l’aventure. L’armée, ce serait ministre de la culture et de la communication a rappelé qu’il s’était ge. Les spots exploitent des images mes une armée entièrement profes- désormais plus le « baroud » que Laurence Girard récemment montré « perplexe quant à la réalité totale de l’engagement du service public de télévision à l’égard de ses missions ». a PRESSE : Xavier Ellie, directeur général adjoint de la Socpresse, société éditrice du Figaro, a été réélu pour deux ans à la présidence du Débuts officiels de la mission sur la violence à la télévision Syndicat de la presse parisienne (SPP). Le président d’honneur du nou- veau bureau du SPP est Yves de Chaisemartin, président du directoire Près de 40 personnalités travailleront à des recommandations présentées en octobre de la Socpresse et président du Conseil supérieur des messageries de presse. Les vice-présidents du bureau sont Dominique Alduy, membre IL Y AVAIT le rapport du Collec- tirés par le CIEM et le CSA contre l’agence Capa ; des juristes, avec spectateurs d’une représentation du directoire et directrice générale de la société éditrice du Monde, tif interassociatif enfance et la pornographie à la télévision, en l’avocat Daniel Soulez-Larivière ; dramatique : « Cette doctrine, qui Patrick Le Hyaric, directeur de L’Humanité, David Guiraud, directeur médias (CIEM) qui évoque la « mal- proposant de faire de ce sujet l’un des psychanalystes, des pédiatres, est exacte pour des adultes, est-elle général du groupe Les Echos, et Philippe Micouleau, PDG d’Agefi SA. traitance audiovisuelle », comman- des axes de travail de la mission (Le comme Julien Cohen-Solal. L’aréo- possible pour un jeune public ? » dé par le précédent gouvernement, Monde du 10 juillet). La pornogra- page compte également la présen- S’intéresser à la violence dans les les récentes recommandations du phie, « détestable comme forme de ce de Carole Desbarats, directrice médias n’est pas une question de Conseil supérieur de l’audiovisuel violence, occupera la place qu’il con- de l’école de cinéma FEMIS, celle censure ni d’ordre moral : « C’est (CSA) contre la pornographie à la viendra dans l’élaboration de ce rap- de la comédienne Véronique comme dans Antigone, de Sopho- télévision, il y aura désormais la port », a-t-il rappelé. Genest et celle d’Hélène Fatou, cle : les principes qui s’opposent sont mission Blandine Kriegel sur la vio- membre du CSA, notamment char- tous les deux valables », dit-elle. lence à la télévision. Mercredi «    » gée du groupe de travail sur la pro- Le collège devrait se réunir six 10 juillet, Jean-Jacques Aillagon, Le comité qui travaillera autour tection de l’enfance au sein de l’or- fois. Pendant ces séances, il audi- ministre de la culture et de la com- de Mme Kriegel est constitué autour ganisme de régulation. tionnera des réalisateurs, des pro- munication, a inauguré les travaux de trois familles et composé à pari- Devant les responsables de chaî- ducteurs et de nombreux protago- de la philosophe et de son aréo- té d’hommes et de femmes, a indi- ne – Marc Tessier, président de nistes de la télévision. La chef de page de personnalités, rue de qué la chef de mission. Il y a des France Télévisions, Dominique Far- mission, à qui le ministre a égale- Valois, à Paris. professeurs, des chercheurs, ainsi rugia, président de Canal+ SA, Tho- ment demandé si « la situation Un mois après sa nomination, Jean Baubérot, président de l’Eco- mas Valentin, directeur des pro- [appellerait] de la part de l’Etat des M. Aillagon a confié, le 6 juin, cette le pratique des hautes études, ou grammes de M6, Serge Adda, prési- aménagements dans la réglementa- mission à Mme Kriegel, qui devra Sophie Body-Gendrot, professeur dent de TV5 Monde –, Blandine tion, voire la législation », devrait déterminer « la part que la télévi- en siences politiques ; des repré- Kriegel a déclaré : « L’image est remettre ses conclusions et ses sion, en charge de tous les maux du sentants des médias, avec Arlette devenue un vecteur privilégié de la recommandations au gouverne- monde, prendrait dans ce phénomè- Chabot, journaliste à France 2, violence. » Elle a parlé d’Aristote et ment en octobre. ne de violence », a expliqué M. Ailla- Pierre-Luc Séguillon, de LCI, ou de la catharsis, cet effet de « purga- gon. Il a relayé les signaux d’alarme Hervé Chabalier, le fondateur de tion des passions » produit sur les Bénédicte Mathieu 20/LE MONDE/VENDREDI 12 JUILLET 2002 LA TENDANCE FINANCIÈRE

Nouvelle journée noire Burberry veut être l’exception au sein de valeurs du luxe malmenées sur les Bourses européennes CHRONIQUE DES MARCHÉS LES PLACES financières ont sa dette à long terme au rang de essuyé une forte baisse, mercredi « catégorie spéculative » (junk). 10 juillet, dans la crainte d’une nou- Pour sa part, le numéro deux mon- L’AVERTISSEMENT sur résultats lancé par le Le groupe paie cher sa politique d’acquisitions velle affaire de fraude comptable. dial de la communication, Vivendi bijoutier new-yorkais Tiffany, mercredi 10 juillet, L'ACTION PPR des années 1999-2000, au cours desquelles il Sur le marché parisien, l’indice Universal, a abandonné 7,54 %, à a déclenché une nouvelle dégringolade des Eneuros àParis avait acheté Helmut Lang, Jil Sander, Azzedine CAC 40, affecté par les suspicions, 16,93 euros, au lendemain de l’an- valeurs du luxe. Cela n’empêche pas Burberry, à 150 Le10 juillet 92,70 Alaïa, Byblos, Church’s… L’endettement de Pra- a fini la séance en baisse de 4,26 %, nonce d’une enquête de la Com- Londres, de maintenir son introduction en 140 da a enflé jusqu’à presque 1 milliard d’euros, à 3 656,38 points. Le titre Pinault- mission des opérations de Bourse Bourse pour vendredi. 130 contraignant le groupe à revendre certaines de Printemps-Redoute a notamment (COB) sur son information finan- 120 ses acquisitions. LVMH a ainsi récupéré la griffe dégringolé de 7,76 %, à 92,7 euros, cière depuis janvier 2001.        110 romaine Fendi, dans laquelle le groupe français sur une rumeur d’abaissement de Ailleurs en Europe, les marchés Moins 7,76 %. Une nouvelle fois, mercredi 100 vient de porter son contrôle à 66,9 % en rache- ses notes par l’agence Standard & d’actions ont subi la même dépri- 10 juillet, le titre PPR a dévissé à la Bourse de 90 tant la part de l’une des cinq sœurs Fendi. L’en- Poor’s. La possible exposition à me, terminant pour la plupart en Paris, tombant à 92,70 euros, dans un marché en J FMAM JJtrée au conseil d’administration de Prada de Vivendi Universal, France Télécom baisse : l’indice DJ Euro Stoxx 50 repli de 4,26 %. Victime de la « vivendite » Source : Bloomberg 2002 Franco Tato, ancien patron de l’électricien Enel, ou Alcatel et des recommanda- perdait 4,18 %, à 2 983,47 points, ambiante (Le Monde du 6 juillet), PPR a perdu et de Luciano Benetton suffira-t-elle à rassurer tions plutôt défavorables des cour- et le DAX à Francfort 4,11 %, à 21 % de sa valeur depuis le 1er juillet. Le président les investisseurs, pour envisager une nouvelle tiers Goldman Sachs et Morgan 4 190,22 points. A Londres, l’indice du directoire, Serge Weinberg, devait déposer, tentative de mise en Bourse ? Stanley ont provoqué un recul des Footsie a poursuivi sa chute, termi- jeudi, auprès du doyen des juges d’instruction, la semble, l’a pour l’instant dégradée. Gucci a banques françaises. Du côté des nant en baisse de 2,7 %, à plainte contre X... pour « manipulation de cours annoncé, mi-juin, une baisse de 42 % de son    valeurs de télécommunication, 4 420,10 points. et propagation de fausse information » annoncée bénéfice net trimestriel. La nomination, mercre- Le report sine die de l’introduction en Bourse l’équipementier Alcatel a perdu Outre-Atlantique, les marchés le 4 juillet. Mercredi, les opérateurs redoutaient di, du styliste Tom Ford comme vice-président de Prada a laissé le terrain libre pour Burberry, 7,63 %, à 6,05 euros, au lendemain sont aussi passés dans le rouge, en un déclassement de la note financière du groupe. de Gucci Group et la réaffirmation, par le PDG dont la cotation est attendue pour vendredi du déclassement par Moody’s de dépit du ton ferme des déclara- Standard & Poor’s a annoncé dans la journée Domenico de Sole, qu’Yves Saint Laurent sorti- 12 juillet. Son propriétaire, le distributeur Great tions du président américain Geor- qu’il maintenait ses notes et a souligné que PPR rait du rouge en 2004 n’ont pas empêché Gucci Universal Stores (GUS), craignant de se retrou- ge W. Bush à l’encontre des délits dispose d’une marge de manœuvre adéquate, de terminer en baisse mercredi. ver en concurrence avec l’italien, avait littérale- INDICE CAC 40 d’escroqueries comptables : l’indi- mais rien n’y a fait. Tout se passe comme si les ment cassé les prix, en fixant une fourchette à   En points àParis ce Dow Jones a perdu 3,11 % à opérateurs, échaudés par la boulimie d’acquisi- 230-290 pence l’action. Cela valorise Burberry 8 813,50 points, et le Nasdaq tions de Vivendi Universal, sanctionnaient désor- Durant l’été 2001, Prada, grand rival de Gucci entre 1,77 milliard et 2,24 milliards d’euros. Du 4800 Le10 juillet 3 666,38 2,54 %, à 1 346,01 points. L’ouver- mais tous les groupes qui semblent mener la en Italie, pouvait espérer être valorisé à plus de coup, les 112,4 millions d’actions à émettre ont ture d’une enquête pénale officiel- même stratégie de croissance externe rapide, à 6 milliards d’euros. Les analystes estiment aujour- été sursouscrites par les investisseurs, qui en ont 4 600 le de la justice américaine sur les grand renfort de créativité financière pour faire d’hui qu’il ne vaut guère plus de 3 milliards. La sty- commandé deux fois plus que ce qui est 4400 pratiques comptables de Qwest, passer la pilule de l’endettement. liste Miuccia Prada et son mari, le PDG Patrizio disponible. quatrième compagnie de télépho- Les efforts de M. Weinberg pour bâtir un vrai Bertelli, ont préféré renoncer à aller en Bourse, le Contrairement à Prada, Burberry a fortement 4 200 nie locale aux Etats Unis, et de ses groupe industriel autour de ses grandes ensei- 26 juin, pour la troisième fois en un an. Du coup, amélioré ses résultats, dégageant 146 millions pratiques comptables a entraîné à gnes (Fnac, Printemps, Conforama, La Redoute, la situation financière de Prada demeure tendue. d’euros de profit net en 2001 pour un chiffre d’af- 4 000 la baisse les marchés d’actions. Rexel…) n’ont, pour l’instant, pas réussi à débar- Le groupe a réalisé en 2001 un chiffre d’affaires faires de 805 millions d’euros. La griffe exploite 3 800 A Tokyo, l’indice Nikkei a reculé rasser PPR de son image de conglomérat. Cette de plus de 1,73 milliard d’euros, mais un résultat cinquante-neuf boutiques dans le monde et elle de 2,27 %, à 10 508,90 points à la impression a au contraire été renforcée par l’en- net de seulement 24 millions d’euros, en chute de prévoit d’en ouvrir ou moderniser onze en 2002. 3 600 fermeture. trée du groupe dans le luxe, avec l’achat de Guc- 74 % ! Au premier trimestre 2002, le chiffre d’affai- JFMAM J J ci et d’Yves Saint Laurent, en 1999. Cette diversi- res a baissé de plus de 15 %, et le résultat d’exploi- Pascal Galinier Source : Bloomberg 2002 Elsa Conesa fication, qui devait accroître la rentabilité de l’en- tation s’est effondré de 61 %. et Marie-Noëlle Terrisse (à Milan)

Pays Indice Dernier %var. Maxi Mini PER Pays Indice Dernier %var. Maxi Mini PER LES BOURSES DANS LE MONDE 11/7, 9h44 cours 2002 2002 cours 2002 2002 Pays Indice Dernier %var. Maxi Mini PER ROYAUME UNI FTSE 100 index 4352,20 11/7 -1,54 5362,29 4/1 4392,60 4/7 15,00 cours 2002 2002 ASIE-OCÉANIE FTSE techMark 100 index 784,21 11/7 -1,68 1569,61 4/1 793,72 3/7 125,20 AUSTRALIE All ordinaries 3142,10 11/7 -1,04 3443,89 14/2 3124,50 26/6 15,70 SUÈDE OMX 580,38 11/7 -1,68 878,88 4/1 554,84 26/6 20,10 UNION EUROPÉENNE CHINE Shangaï B 154,35 10/7 -0,81 171,72 4/1 121,08 23/1 18,00 ALLEMAGNE DAX Index 4141,79 11/7 -1,16 5467,31 19/3 3946,69 26/6 19,70 EUROPE Shenzen B 249,19 10/7 -1,30 265,91 4/1 182,42 23/1 18,70 Euro Neu Markt Price IX 598,41 11/7 -0,86 1212,43 4/1 573,21 3/7 HONGRIE Bux 7588,40 10/7 0,74 9019,42 7/5 7052,97 3/1 10,20 CORÉE DU SUD Composite 794,71 10/7 -0,91 943,53 22/4 690,35 2/1 AUTRICHE Austria traded 1212,89 11/7 -0,56 1368,18 2/5 1109,88 9/1 13,40 ISLANDE ICEX 15 1290,99 10/7 0,27 1413,85 21/3 1142,61 7/1 HONG KONG Hang Seng 10507,85 11/7 -2,59 12020,45 17/5 10291,16 26/6 15,10 BELGIQUE Bel 20 2382,42 11/7 -2,18 2906,75 24/4 2340,59 26/6 12,10 POLOGNE WSE Wig index 13990,04 10/7 -1,29 16423,34 25/1 13582,05 3/7 207,20 All ordinaries 4693,88 11/7 -2,11 5277,35 17/5 4548,50 7/2 DANEMARK Horsens Bnex 236,76 11/7 -1,45 280,92 26/3 220,72 24/6 14,60 TCHÉQUIE Exchange PX 50 430,40 11/7 -0,83 479,39 10/5 384,60 2/1 INDE Bombay SE 30 399,92 10/7 -0,81 415,77 5/4 339,26 1/1 1,40 ESPAGNE Ibex 35 6726,70 11/7 -1,92 8608,50 4/1 6433,60 26/6 16,20 RUSSIE RTS 391,17 10/7 1,90 425,42 20/5 267,70 3/1 ISRAËL Tel Aviv 100 361,67 10/7 1,62 468,92 7/1 340,29 24/6 FINLANDE Hex General 5828,57 11/7 -2,56 9224,38 4/1 5369,91 26/6 14,90 SUISSE Swiss market 5644,50 11/7 -2,27 6740,60 17/5 5490,50 26/6 16,50 JAPON Nikkei 225 10485,74 11/7 -2,48 12081,42 27/5 9420,84 6/2 25,00 FRANCE CAC 40 3565,06 11/7 -2,50 4720,04 4/1 3561,23 26/6 16,80 TURQUIE National 100 9091,37 11/7 1,96 15071,83 8/1 8514,03 3/7 10,40 Topix index 1017,17 11/7 -1,94 1144,02 27/5 921,08 6/2 31,40 Mid CAC 1814,61 10/7 -0,74 2176,89 2/4 1792,77 26/6 15,10 AMÉRIQUES MALAISIE KL composite 737,31 11/7 -0,79 816,94 23/4 681,50 2/1 16,10 SBF 120 2507,86 11/7 -2,34 3263,90 28/3 2506,37 26/6 16,90 ARGENTINE Merval 385,01 10/7 471,33 6/2 267,73 14/6 21,60 NOUVELLE-ZÉLANDE All ordinar. 750,74 11/7 -1,00 786,14 18/6 735,65 26/4 SBF 250 2451,51 10/7 -3,46 3081,89 28/3 2410,80 26/6 17,30 BRÉSIL Bovespa 10555,99 10/7 -1,23 14495,28 18/3 10246,95 24/6 7,90 SINGAPOUR Straits Time 1604,79 11/7 -1,66 1848,98 5/3 1520,09 26/6 Indice second marché 2317,98 10/7 -0,61 2567,01 15/5 2281,86 26/6 13,80 CANADA TSE 300 6916,41 10/7 -1,68 7992,70 7/3 6954,39 3/7 18,80 TAÏWAN Weighted 5262,01 10/7 -2,35 6484,93 22/4 4808,16 3/7 18,50 Indice nouveau marché 652,38 11/7 -2,26 1175,41 7/1 666,96 10/7 CHILI Ipsa 83,34 10/7 -1,64 102,37 4/1 84,73 9/7 14,10 THAILANDE Thaï SE 399,00 11/7 -0,99 430,67 14/6 302,38 2/1 GRÈCE ASE General 2162,29 10/7 -1,06 2655,07 3/1 2143,73 3/7 16,10 ETATS-UNIS Dow Jones ind. 8813,50 10/7 -3,11 10673,09 19/3 8897,54 3/7 18,60 AFRIQUE IRLANDE Irish Overall 4402,13 11/7 -1,27 6085,02 18/1 4293,83 9/7 11,10 Nasdaq composite 1346,01 10/7 -2,54 2098,87 9/1 1336,06 3/7 36,10 AFRIQUE DU SUD All share 10815,08 24/6 0,00 11665,33 22/5 10138,29 30/1 10,10 ITALIE Milan Mib 30 26903,00 11/7 -1,43 33548,00 17/4 26091,00 26/6 18,00 Nasdaq 100 959,05 10/7 -3,15 1710,22 9/1 950,33 3/7 33,90 COTE D'IVOIRE BRVM 68,36 10/7 -2,02 77,38 2/1 69,58 28/5 LUXEMBOURG Lux Index 998,85 10/7 -1,88 1169,47 14/1 821,61 30/4 15,40 Wilshire 5000 8716,38 10/7 -3,01 10983,40 19/3 8824,79 3/7 PAYS BAS Amster. Exc. Index 399,77 11/7 -2,44 531,45 18/4 395,17 26/6 14,30 Standards & Poors 500 920,47 10/7 -3,40 1176,96 7/1 934,86 3/7 17,80 PER - Price Earning Ratio (ou cours/bénéfice) : cours de Bourse divisé par le bénéfice par action estimé pour l'exercice courant. PER : Jacques Chahine Finances ; données : la Cote Bleue. PORTUGAL PSI 20 6666,58 11/7 -0,55 7998,50 4/1 6471,95 3/7 15,40 MEXIQUE IPC 6371,27 10/7 -1,39 7611,12 11/4 6104,56 26/6 11,30 n/d : valeur non disponible.

EUROPE Jeudi 11 juillet 9h44 FRANCFORT TOKYO NEW YORK INDICES DANONE ...... FR...... 133,50 .....-1,26 10/7 : 159 millions d'euros échangés 11/7 : 821 millions d'euros échangés Séance du 10/7 PROCTER AND GAMBLE ...... 87,95...... 0,06 SECTEURS EURO STOXX DEUTSCHE BANK AG...... AL...... 68,00 .....-1,88 Valeur Cours de clôture (¤) % var. Valeur Cours de clôture (¥) %var. NYSE SBC COMMUNICATIONS...... 30,01 ...... -1,86 Indice % var. DEUTSCHE TELEKOM...... AL...... 11,38...... 2,06 TEXAS INSTRUMENTS...... 22,18 ...... -4,81 Meilleures performances Meilleures performances 1774 millions de titres échangés EURO STOXX 50 ...... 2916,71 .....-2,24 E.ON ...... AL...... 55,84 .....-0,62 ARTSTOR ...... 0,06 ...... 50,00 DAIWA CONSTRUCTION ...... 59,00 ...... 18,00 Valeur Cours de clôture ($) %var. UNITED TECHNOLOGIE ...... 64,20 ...... -4,04 AUTOMOBILE ...... 201,81 .....-1,40 ENDESA...... ES...... 13,69 .....-1,86 VERIZON COMM ...... 36,10 ...... -3,37 TV LOONLAND ...... 2,65 ...... 46,41 J-STREAM...... 267000,00 ...... 17,62 3M ...... 124,00 ...... -3,13 BANQUES...... 245,85 .....-2,17 ENEL ...... IT ...... 5,74 .....-1,37 WAL-MART STORES ...... 53,76 ...... -1,63 CARRIER ONE ...... 0,04 ...... 33,33 SUZUNUI INDUSTRY...... 109,00 ...... 12,37 AM INTL GRP...... 62,40 ...... -4,81 PRODUIT DE BASE ...... 189,62 .....-1,23 ENI SPA ...... IT...... 16,07 .....-1,11 WALT DISNEY COMPAN...... 18,29 ...... -2,51 TELESENSKSCL...... 0,05 ...... 25,00 ROLAND DG...... 911,00 ...... 12,33 ALCOA ...... 30,40 ...... -4,88 CHIMIE...... 331,15 .....-1,27 FORTIS...... BE...... 19,52 .....-2,64 PULSION MEDIC SYST...... 2,75 ...... 21,68 SHINKO SANGYO...... 107,00 ...... 11,46 AOL TIME WARNER...... 13,10 ...... -6,36 NASDAQ TÉLÉCOMMUNICATIONS ...... 295,98 .....-0,94 FRANCE TELECOM...... FR...... 12,89 .....-3,81 G.KROMSCHROEDER AG ...... 7,50 ...... 21,16 NITCHITSU ...... 173,00 ...... 10,90 AMERICAN EXPRESS ...... 34,83 ...... -3,68 1845 millions de titres échangés CONSTRUCTION...... 216,28 .....-1,30 GENERALI ASS...... IT...... 22,64 .....-2,12 GEDYS INTERNET PRD ...... 0,65 ...... 18,18 SUZUKI METAL IND ...... 103,00...... 9,57 AT & T ...... 9,78 ...... -2,30 Valeur Cours de clôture ($) %var. CONSOMMATION CYCLIQUE...... 103,40 .....-2,66 ING GROEP CVA...... NL...... 23,51 .....-4,04 Plus mauvaises performances Plus mauvaises performances BANK OF AMERICA ...... 68,10 ...... -3,05 ALTERA CORP...... 13,05 ...... -2,47 PHARMACIE...... 376,50 .....-3,03 KONINKLIJKE AHOLD ...... NL...... 16,20 .....-2,53 PORTA SYSTEMS...... 0,07...... -75,86 NITTO KAKO ...... 106,00...... -15,20 BOEING CO...... 40,80 ...... -5,60 AMAZON.COM...... 14,96 ...... -4,10 ÉNERGIE ...... 316,68 .....-1,42 L'OREAL...... FR...... 75,80...... 0,00 BROKAT TECHNOLOGIE...... 0,02...... -50,00 BAYER ...... 3680,00...... -13,82 BRISTOL MYERS SQUI...... 23,15 ...... -3,06 AMGEN INC...... 32,53 ...... -6,87 SERVICES FINANCIERS...... 188,15 .....-1,84 LVMH ...... FR...... 42,58 .....-2,90 LETSBUYIT.COM...... 0,01...... -50,00 ISHIKAWAJIMA TRANS...... 256,00...... -10,18 CATERPILLAR ...... 45,50 ...... -3,46 APPLIED MATERIALS ...... 16,67 ...... -5,93 ALIMENTATION ET BOISSON ...... 224,54 .....-1,04 MUENCHENER RUECKV ...AL...... 222,30 .....-3,35 FAME ...... 0,32...... -33,33 AUTOMOBILE FOUNDRY...... 60,00 ...... -9,09 CITIGROUP...... 36,55 ...... -2,71 BED BATH & BEYOND ...... 32,66 ...... -7,43 BIENS D'ÉQUIPEMENT ...... 307,54 .....-1,55 NOKIA OYJ...... FI...... 13,79 .....-4,77 MUSICMUSICMUSIC ...... 0,06...... -33,33 TOHOKU RICOH ...... 656,00 ...... -8,76 COCA-COLA ...... 54,70 ...... -3,08 CISCO SYSTEMS...... 13,51...... 2,82 ASSURANCES...... 237,87 .....-3,04 PINAULT PRINTEMPS...... FR...... 89,15 .....-3,83 H5B5 MEDIA ...... 0,07...... -30,00 AEGON NV...... 2300,00 ...... -8,73 COLGATE PALMOLIVE...... 49,55 ...... -0,98 COMCAST A SPECIAL ...... 21,54 ...... -3,02 MÉDIAS ...... 169,82 .....-2,30 REPSOL YPF ...... ES...... 12,26 .....-1,53 METABOX ...... 0,22...... -29,03 UNIPULSE...... 1030,00 ...... -8,44 DOW CHEMICAL...... 31,64 ...... -4,24 CONCORD EFS ...... 26,36 ...... -4,15 BIENS DE CONSOMMATION...... 311,12 .....-1,24 ROY.PHILIPS ELECTR ...... NL...... 25,34 .....-3,65 DUPONT DE NEMOURS...... 44,07 ...... -1,74 DELL COMPUTER ...... 23,67 ...... -4,32 COMMERCE ET DISTRIBUTION.....244,14 .....-3,50 ROYAL DUTCH PETROL ....NL...... 51,70 .....-1,43 EASTMAN KODAK...... 26,64 ...... -1,33 EBAY...... 58,83...... 3,12 HAUTE TECHNOLOGIE ...... 285,67 .....-2,75 RWE...... AL...... 38,79 .....-0,15 EXXON MOBIL ...... 38,23 ...... -3,94 FLEXTRONICS INTL ...... 7,02 ...... -5,65 SERVICES COLLECTIFS ...... 253,89 .....-1,60 SAINT GOBAIN...... FR...... 43,00 .....-1,33 LONDRES PARIS FORD MOTOR ...... 13,99 ...... -7,41 GEMSTAR TV GUIDE ...... 4,55 ...... -5,21 SANOFI-SYNTHELABO ...... FR...... 58,45 .....-3,07 LES 50 VALEURS DE L'EURO STOXX 10/7 : 2260 millions d'euros échangés 10/7 : 179 millions d'euros échangés GENERAL ELECTRIC ...... 27,05 ...... -4,42 GENZYME ...... 16,88 ...... -7,20 SANPAOLO IMI ...... IT ...... 8,91 .....-2,94 Code Cours % var. Valeur Cours de clôture (£) %var. Valeur Cours de clôture (¤) % var. GENERAL MOTORS...... 47,61 ...... -6,90 IMMUNEX...... 18,44 ...... -5,44 SIEMENS ...... AL...... 55,91 .....-1,04 pays /préc. Meilleures performances Meilleures performances GILLETTE CO...... 31,86 ...... -2,69 INTEL CORP ...... 16,81 ...... -6,40 SOCIETE GENERALE A ...... FR...... 58,70 .....-2,81 ABN AMRO HOLDING ...... NL...... 16,88 .....-4,31 ENERGIS ...... 0,01 ...... 39,34 A NOVO...... 1,75 ...... 33,59 HEWLETT PACKARD...... 15,25 ...... -3,60 INTUIT ...... 46,16 ...... -0,52 SUEZ...... FR...... 22,77 .....-5,12 AEGON NV...... NL...... 18,83 .....-3,14 BALTIMORE TECHNOL...... 0,06 ...... 20,00 EASY ETF EURO TELE ...... 305,90...... 7,67 HOME DEPOT INC...... 33,25 ...... -5,94 JDS UNIPHASE...... 3,23...... 4,87 TELECOM ITALIA...... IT ...... 7,81 .....-1,14 AIR LIQUIDE...... FR...... 152,40 .....-1,36 MARCONI...... 0,04 ...... 16,45 PENAUILLE POLYSERV...... 17,90...... 5,29 HONEYWELL INTL...... 33,53 ...... -3,76 LINEAR TECHNOLOGY ...... 27,52 ...... -4,61 TELEFONICA...... ES ...... 8,49 .....-2,08 ALCATEL A ...... FR ...... 5,90 .....-2,48 THUS...... 0,12...... 6,67 ALTRAN TECHNOLOGIE...... 22,94...... 4,04 IBM ...... 68,76 ...... -1,31 MAXIM INTEGR PROD...... 35,50 ...... -3,16 TIM ...... IT ...... 4,34 .....-1,36 ALLIANZ N ...... AL...... 183,24 .....-2,03 WOOLWORTHS GROUP...... 0,40...... 6,00 UNIBAIL...... 66,30...... 3,59 INTL PAPER...... 41,64 ...... -2,25 MICROSOFT...... 52,24 ...... -1,82 TOTAL FINA ELF ...... FR...... 158,50 .....-1,55 AVENTIS...... FR...... 65,10 .....-3,27 ABBEY NATIONAL...... 8,26...... 3,90 CEREOL...... 32,00...... 3,23 JOHNSON & JOHNSON...... 50,30 ...... -4,41 ORACLE CORP...... 8,98 ...... -4,47 UNICREDITO ITALIAN ...... IT ...... 4,39 .....-2,44 AXA...... FR...... 15,29 .....-4,79 AGGREKO...... 1,70...... 3,04 CIMENTS FRANCAIS...... 52,00...... 2,97 J.P.MORGAN CHASE ...... 30,15 ...... -3,58 PAYCHEX ...... 27,63 ...... -3,93 UNILEVER CVA ...... NL...... 62,25 .....-0,64 BASF AG...... AL...... 44,32 .....-0,40 Plus mauvaises performances Plus mauvaises performances LUCENT TECHNOLOGIE ...... 2,15...... 5,39 PEOPLESOFT INC...... 15,00...... 0,27 VIVENDI UNIVERSAL...... FR...... 16,24 .....-4,08 BAYER...... AL...... 30,73 .....-1,70 QXL RICARDO...... 13,24...... -16,00 TRIGANO...... 34,05...... -14,81 MC DONALD'S CORP...... 28,09...... 1,04 QUALCOMM INC...... 26,41 ...... -4,07 VOLKSWAGEN ...... AL...... 42,82 .....-2,66 BAYR.HYP.U.VERBK...... AL...... 30,62 .....-0,91 SCHRODERS NON VTG ...... 4,71 ...... -8,11 INFOGRAMES ENTERT ...... 4,25...... -14,14 MERCK AND CO...... 43,57 ...... -4,77 SIEBEL SYSTEMS ...... 11,96 ...... -4,24 BBVA ...... ES...... 10,95 .....-2,49 ZONE EURO : FR (France), AL (Allemagne), ES (Espa- PACE MICRO TECH ...... 0,32 ...... -7,97 UBI SOFT ENTERTAIN ...... 14,90 ...... -9,64 MOTOROLA ...... 13,98 ...... -4,25 SUN MICROSYSTEMS...... 5,05 ...... -1,56 BNP PARIBAS ...... FR...... 50,00 .....-2,91 gne), IT (Italie), PT (Portugal), IR (Irlande), LU (Luxem- CAPITA GRP ...... 2,56 ...... -7,25 EQUANT ...... 6,99 ...... -9,22 NORTEL NETWORKS...... 2,04...... -11,69 VERITAS SOFTWARE ...... 17,01 ...... -7,15 bourg), NL (Pays-Bas), AT (Autriche), FI (Finlande), BE BSCH...... ES ...... 7,84 .....-2,73 (Belgique), GR (Grèce). BRITISH BIOTECH PL...... 0,07 ...... -7,14 ROYAL DUTCH PETROL...... 52,00 ...... -8,93 PEPSICO ...... 44,61 ...... -1,46 WORLDCOM...... 0,20 ...... -8,18 CARREFOUR...... FR...... 47,37 .....-5,26 HORS ZONE EURO : CH (Suisse), NO (Norvège), SE CAMBRIDGE ANTIBODY ...... 8,50 ...... -7,10 GENESYS ...... 3,82 ...... -8,17 PFIZER INC...... 31,03 ...... -6,25 XILINX INC...... 20,26 ...... -5,19 DAIMLERCHRYSLER N...... AL...... 45,10 .....-0,73 (Suède), RU (Royaume-Uni), DK (Danemark). ASTRAZENECA ...... 24,65 ...... -6,84 DASSAULT SYSTEMES...... 40,40 ...... -7,89 PHILIP MORRIS COS ...... 45,17 ...... -3,26 YAHOO INC ...... 12,19 ...... -4,02

MARCHÉ DES CHANGES 11/7, 9h44 TAUX TAUX COURANTS OR MÉTAUX Cours % var. Dollar 100 Yens Euro Livre Franc S. TAUX D'INTÉRÊTS LE 11/7 Taux de base bancaire...... 6,60 % JEUDI 11 JUILLET 9h44 JEUDI 11 JUILLET 9h44 Cours Taux Taux Taux Taux Taux des oblig. des sociétés privées ...... 5,05 % % var. LONDRES j.le j. 3 mois 10 ans 30 ans NEW YORK Taux d'intérêt légal...... 4,26 % OR FIN KILO BARRE ...... 10150,00...... 0,69 ALUMINIUM COMPTANT ($).....1357,25...... 0,48 ($) 0,85164 0,98685 1,54560 0,67191  TOKYO 3,30 3,42 5,05 5,37 OR FIN LINGOT...... 10210,00...... -0,39 ALUMINIUM À 3 MOIS ($)...... 1377,00...... 0,44 (¥) 117,42000 115,88500 181,49000 78,89546 - 3,31 4,08 5,16 4,99 Crédit immobilier à taux fixe ONCE D'OR EN DOLLAR...... 314,80...... 0,32 CUIVRE COMPTANT ($)...... 1641,75...... -0,17  PARIS ¤ 3,30 3,42 5,18 5,52 taux effectif moyen ...... 6,05 % PIÈCE 20 FR. FRANCAIS...... 59,00...... 2,25 CUIVRE À 3 MOIS ($)...... 1661,52...... -0,16 ( ) 1,01325 0,86300 1,56630 0,68070  usure ...... 8,07 % LONDRES 3,30 3,42 4,94 5,35 PIÈCE 20 FR. SUISSE ...... 58,10...... 0,69 ETAIN COMPTANT ($) ...... 4415,00...... -0,70 (£) 0,64700 0,55099 0,63840 0,43476  0,05 0,07 1,16 1,92 Crédit immobilier à taux variable PIÈCE UNION LAT. 20...... 58,50...... 1,74 ETAIN À 3 MOIS ($) ...... 4455,00...... -0,72 - taux effectif moyen ...... 6,04 % ZURICH (FR. S.) 1,48830 1,26750 1,46900 2,30010 1,83 1,86 4,79 5,65 PIÈCE 10 US$...... 193,25...... 0,00 NICKEL COMPTANT ($)...... 7425,50...... 1,33  1,05 1,18 3,17 3,76 usure ...... 8,05 % PIÈCE 20 US$...... 381,25...... -0,97 NICKEL À 3 MOIS ($)...... 7444,90...... 1,30 Crédit consommation (- de 1 524 euros) PIÈCE 50 PESOS MEXICAINS...... 378,00...... 0,80 PLOMB COMPTANT ($)...... 458,75...... 1,16 taux effectif moyen ...... 17,35 % PLOMB À 3 MOIS ($)...... 468,99...... 1,08 COURS DE L'EURO EURO à 6 mois EURO à 5 jours usure...... 23,13 % ZINC COMPTANT ($)...... 810,00...... -0,83 MARCHÉS A TERME LE 11/7, 9h44 Crédit renouvelable, découverts Achat Vente Echéance Premier Dernier Contrats ZINC À 3 MOIS ($)...... 828,00...... -0,84 taux effectif moyen ...... 13,98 % 0.9930 0.9886 prix prix ouverts DENRÉES NEW YORK  ...... 7,4296...... 7,4306  usure...... 18,64 % 0.97 JEUDI 11 JUILLET 9h44 Cours % var. ARGENT À TERME ($) ...... 5,08...... -0,24  ...... 7,2790...... 7,2850  40 . 7/2 3598,00 3568,50 458917 Crédit consommation (+ de 1 524 euros) 0.9890 PLATINE À TERME ($)...... 515,50...... 0,39  ...... 9,3207...... 9,3237 0.95  . 9/2 0,00 88,40 5 taux effectif moyen ...... 8,70 % BLE ($ CHICAGO) ...... 324,50...... 1,25    . 50 ...... 28,6192...... 29,1273 0.93 0.9851 9/2 2925,00 2930,00 1708 usure...... 11,60 % CACAO ($ NEW YORK) ...... 1765,00...... 0,85  ...... 1,7562...... 1,7572  CAFE (£ LONDRES)...... 533,00...... 0,95 0.90 0.9811 Crédit aux entreprises (+ de 2ans)  ...... 1,4984...... 1,4994  10  9/2 107,92 107,87 743753 COLZA (¤ PARIS) ...... 227,00...... 0,44    moyenne taux variable ...... 5,76 % PÉTROLE ...... 7,6955...... 7,7005 0.88 0.9772 MAÏS ($ CHICAGO)...... 238,25...... -1,75 usure taux variable ...... 7,68 % Cours % var.  -...... 2,0273...... 2,0304  3. 9/2 96,52 96,51 429876 ORGE (£ LONDRES)...... 59,50...... -1,24 JEUDI 11 JUILLET 9h44 0.86 0.9732 moyenne taux fixe ...... 6,31 %   ...... 247,4644 ...... 248,3795   JUS D'ORANGE ($ NEW YORK) ...... 0,91...... 2,24 BRENT (LONDRES) ...... 25,01...... -0,95 usure taux fixe...... 8,41 %  ...... 32627,0000..32693,0000 JFMAMJ J 410  9/2 9155,00 8790,00 29434 SUCRE BLANC (£ LONDRES)...... 203,00...... 0,00 WTI (NEW YORK)...... 26,72...... 2,57 ...... 31,1560...... 31,1817 2002 Juillet .   9/2 957,50 919,50 (Taux de l’usure : taux maximum légal) SOJA TOURT. ($ CHICAGO)...... 167,70...... -0,06 LIGHT SWEET CRUDE ...... 26,40...... 2,05 LE MONDE/VENDREDI 12 JUILLET 2002/21 MARCHÉS FRANÇAIS

Valeur Dernier Cours % var. % var. Plus Plus Divid. Code Valeur Dernier Cours % var. % var. Plus Plus Divid. Code PREMIER MARCHÉ cours préc. /préc. 31/12 haut bas net sicovam cours préc. /préc. 31/12 haut bas net sicovam FAURECIA ...... ◗...... 41,45...... 42,80...... -3,15....-29,74 ...... 61,40...... 40,05 .....0,91 ...12114 SCHNEIDER ELECTRIC ...... ◗...... 47,65...... 49,20...... -3,15....-11,75 ...... 59,85...... 47,20 .....1,60 ...12197 VALEURS FRANCAISES F.F.P. (NY)...... ◗ ....108,50.....109,30...... -0,73 .....11,79...... 132,50...... 94,20 .....2,20...... 6478 SCOR SVN ...... ◗...... 26,00...... 26,80...... -2,99....-26,57 ...... 46,80...... 25,80 .....0,30 ...13030 Jeudi 11 juillet 9h30 FIMALAC...... ◗...... 43,20...... 43,44...... -0,55 ...... 7,19 ...... 50,50...... 40,01 .....1,40...... 3794 S.E.B...... ◗...... 87,50...... 89,05...... -1,74 .....39,66 ...... 96,05...... 61,00 .....2,00 ...12170 Valeur Dernier Cours % var. % var. Plus Plus Divid. Code FINAXA...... 71,00...... 74,00...... -4,05....-10,29...... 107,50...... 58,50 .....2,24...... 3313 SEITA...... 56,00...... 56,40...... -0,71 .....16,18 ...... 58,00...... 45,10 .....0,10 ...13230 cours préc. /préc. 31/12 haut bas net sicovam FONC.LYON.# ...... 28,60...... 29,38...... -2,65 ...... 7,11 ...... 32,60...... 25,20 .....1,00...... 3340 SELECTIBAIL(EXSEL) ...... 17,40...... 17,40...... n/d ...... 9,29 ...... 18,50...... 15,80 .....1,48 ...12599 ACCOR...... ◗ ...... 34,90...... 35,20...... -0,85....-14,52 ...... 49,00...... 34,85 .....1,05 ...12040 FRANCE TELECOM...... ◗...... 13,10...... 13,40...... -2,24....-70,82 ...... 48,16...... 8,60 .....1,00 ...13330 SIDEL...... n/d...... 35,40...... n/d....-29,20 ...... 53,00...... 30,15...... n/d ...13060 AFFINE ...... 38,91...... 39,00...... -0,23 ...... 5,44 ...... 40,05...... 30,34 .....1,40...... 3610 FROMAGERIES BEL...... n/d.....116,00...... n/d .....16,05...... 120,00...... 91,80 .....2,22 ...12185 SILIC ...... 183,20.....183,20...... n/d .....16,83...... 189,00 ....151,00 .....7,10...... 5091 AGF...... ◗...... 41,90...... 42,85...... -2,22....-22,26 ...... 58,50...... 41,45 .....2,00 ...12592 GALERIES LAFAYETTE ...... ◗ ....136,10.....138,50...... -1,73....-10,98...... 168,90 ....123,10 .....0,90 ...12124 SIMCO...... ◗...... 82,90...... 83,50...... -0,72 ...... 6,96 ...... 90,00...... 76,10 .....2,80 ...12180 AIR FRANCE GPE NOM...... ◗...... 15,35...... 15,70...... -2,23...... -6,63 ...... 21,19...... 14,52 .....0,22...... 3112 GAUMONT # ...... 50,00...... 52,50...... -4,76 .....21,35 ...... 53,70...... 39,00 .....0,57...... 3489 SKIS ROSSIGNOL...... 9,78 ...... 9,78...... n/d....-32,45 ...... 15,90...... 9,01 .....0,28 ...12041 AIR LIQUIDE ...... ◗ ....152,00.....154,50...... -1,62 ...... 8,64...... 160,00 ....133,15 .....3,20 ...12007 GECINA...... ◗...... 96,50...... 96,90...... -0,41 ...... 5,46...... 104,00...... 90,00 .....3,60 ...13151 SOCIETE GENERALE...... ◗...... 60,00...... 60,40...... -0,66...... -4,53 ...... 81,40...... 58,30 .....2,10 ...13080 ALCATEL A...... ◗...... 5,91 ...... 6,05...... -2,31....-69,21 ...... 21,62...... 5,43 .....0,16 ...13000 GENERALE DE SANTE ...... 15,80...... 16,00...... -1,25 .....10,02 ...... 17,85...... 13,71...... n/d...... 4447 SODEXHO ALLIANCE ...... ◗...... 31,91...... 32,73...... -2,51....-33,53 ...... 49,70...... 31,60 .....0,56 ...12122 ALCATEL O ...... 1,88 ...... 1,80 ...... 4,44....-75,64 ...... 9,62...... 1,67 .....0,10 ...13015 GEOPHYSIQUE...... ◗...... 36,60...... 38,05...... -3,81 ...... 3,82 ...... 50,05...... 33,02 .....1,22 ...12016 SOMFY (EX DAMART) ...... 97,70...... 97,55 ...... 0,15 .....45,90 ...... 99,75...... 66,04 .....3,80 ...12049 ALSTOM...... ◗...... 10,58...... 11,00...... -3,82...... -9,41 ...... 15,24...... 9,20 .....0,55 ...12019 GFI INFORMATIQUE ...... ◗...... 6,81 ...... 7,15...... -4,76....-43,48 ...... 13,34...... 6,11 .....0,15...... 6337 SOPHIA ...... ◗...... 31,36...... 31,50...... -0,44 ...... 3,90 ...... 32,98...... 30,00 .....1,52 ...12077 ALTRAN TECHNO. #...... ◗...... 21,92...... 22,94...... -4,45....-56,80 ...... 66,40...... 18,90 .....0,20...... 3463 GRANDVISION CA# ...... ◗...... 16,71...... 16,75...... -0,24 ...... 9,57 ...... 20,10...... 15,05 .....0,30...... 5297 SOPRA GROUP CB# ...... ◗...... 37,09...... 37,16...... -0,19...... -4,30 ...... 59,20...... 34,05 .....0,80...... 5080 ARBEL# ...... 3,57 ...... 3,59...... -0,56 .....15,16 ...... 7,50...... 2,92 .....0,53...... 3588 GROUPE GASCOGNE...... 76,85...... 76,90...... -0,07 ...... 3,57 ...... 86,00...... 67,75 .....2,70 ...12441 SPIR COMMUNIC. #...... ◗...... 77,25...... 77,10 ...... 0,19...... -0,96 ...... 91,00...... 74,00 .....3,00 ...13173 AREVA CIP...... 176,50.....179,10...... -1,45 .....10,65...... 201,00 ....160,00...22,85...... 4524 GROUPE PARTOUCHE #...... 84,20...... 84,15 ...... 0,06 .....13,40 ...... 84,20...... 63,00 .....0,80...... 5354 SR TELEPERFORMANCE .....◗...... 23,40...... 23,80...... -1,68...... -0,42 ...... 29,68...... 21,50 .....0,15...... 5180 ASF ...... ◗...... 26,30...... 26,50...... -0,75...... n/d ...... 28,20...... 25,00...... n/d ...18415 GR.ZANNIER (LY)...... n/d...... 90,25...... n/d .....14,82 ...... 91,00...... 72,00 .....0,73 ...12472 STERIA GROUPE #...... 14,50...... 14,90...... -2,68....-51,34 ...... 38,80...... 14,20 .....0,18...... 7291 ATOS ORIGIN...... ◗...... 54,80...... 56,75...... -3,44....-25,49 ...... 94,40...... 54,20...... n/d...... 5173 GUYENNE GASCOGNE ...... ◗...... 84,50...... 86,00...... -1,74...... -0,58 ...... 92,95...... 79,00 .....1,70 ...12028 SUCR.PITHIVIERS...... n/d.....391,00...... n/d ...... 1,50...... 445,00 ....361,10...12,00...... 3331 AVENTIS ...... ◗...... 65,25...... 67,30...... -3,05....-18,18 ...... 85,95...... 62,75 .....0,58 ...13046 HAVAS ...... ◗...... 5,51 ...... 5,62...... -1,96....-32,22 ...... 11,00...... 5,30 .....0,17 ...12188 SUEZ...... ◗...... 23,00...... 24,00...... -4,17....-32,35 ...... 34,90...... 22,15 .....0,71 ...12052 AXA...... ◗...... 15,40...... 16,06...... -4,11....-34,38 ...... 26,09...... 15,10 .....0,56 ...12062 IMERYS ...... ◗ ....123,70.....125,00...... -1,04 .....14,74...... 139,00...... 98,00 .....3,70 ...12085 TAITTINGER ...... 152,00.....149,00 ...... 2,01 .....17,01...... 159,50 ....120,00 .....2,45...... 3720 BACOU DALLOZ ...... n/d.....111,70...... n/d .....26,93...... 138,00...... 83,30 .....0,90...... 6089 IMMEUBLES DE FCE...... n/d...... 23,00...... n/d ...... 4,54 ...... 25,00...... 19,80 .....0,30 ...12037 TECHNIP-COFLEXIP...... ◗ ....103,30.....104,10...... -0,77....-31,13...... 162,90...... 98,00 .....3,30 ...13170 BAIL INVESTIS.CA...... 138,30.....141,00...... -1,91 .....14,20...... 147,00 ....122,50 .....7,58 ...12018 IMMOBANQUE NOM...... n/d.....127,00...... n/d...... n/d...... 132,50 ....118,00 .....7,92...... 5793 TF1...... ◗...... 25,39...... 26,03...... -2,46....-10,56 ...... 36,88...... 23,83 .....0,65...... 5490 BEGHIN SAY...... ◗...... 37,75...... 38,23...... -1,26...... -7,47 ...... 45,90...... 37,01 .....1,70...... 4455 INFOGRAMES ENTER...... ◗...... 4,13 ...... 4,25...... -2,82....-68,10 ...... 15,98...... 3,20...... n/d...... 5257 THALES ...... ◗...... 40,54...... 40,71...... -0,42 ...... 4,61 ...... 46,20...... 36,35 .....0,70 ...12132 BIC...... ◗...... 38,00...... 38,15...... -0,39...... -0,93 ...... 44,66...... 35,51 .....0,36 ...12096 INGENICO...... ◗...... 19,60...... 20,00...... -2,00....-13,27 ...... 28,50...... 18,25 .....0,15 ...12534 THOMSON MULTIMEDIA..◗...... 22,80...... 23,07...... -1,17....-33,91 ...... 37,15...... 20,40...... n/d ...18453 BNP PARIBAS...... ◗...... 50,20...... 51,50...... -2,52...... -0,09 ...... 61,85...... 49,11 .....1,20 ...13110 JC DECAUX...... ◗...... 11,15...... 12,00...... -7,08....-11,15 ...... 15,40...... 10,20...... n/d...... 7791 TOTAL FINA ELF...... ◗ ....158,40.....161,00...... -1,61...... -1,24...... 179,40 ....150,00 .....3,80 ...12027 BOLLORE...... ◗ ...... n/d.....240,20...... n/d...... n/d...... 262,00 ....230,00 .....3,00 ...12585 KAUFMAN ET BROAD ...... n/d...... 22,00...... n/d .....33,33 ...... 23,63...... 16,21 .....0,92 ...12105 TRANSICIEL # ...... ◗...... 18,00...... 18,70...... -3,74....-48,11 ...... 40,56...... 16,20 .....0,55...... 6271 BOLLORE INV...... 44,16...... 44,60...... -0,99....-14,00 ...... 55,00...... 43,00 .....0,25...... 3929 KLEPIERRE...... ◗ ....124,50.....127,60...... -2,43 .....16,02...... 134,60 ....108,20 .....3,10 ...12196 UBI SOFT ENTERTAIN...... ◗...... 14,60...... 14,90...... -2,01....-61,06 ...... 39,97...... 13,60...... n/d...... 5447 BONGRAIN...... 48,40...... 48,80...... -0,82 ...... 7,55 ...... 59,80...... 41,70 .....1,45 ...12010 LAFARGE...... ◗...... 99,10.....100,00...... -0,90...... -5,52...... 111,20...... 96,85 .....2,30 ...12053 UNIBAIL (CA)...... ◗...... 66,05...... 66,30...... -0,38 .....15,77 ...... 70,90...... 54,00 .....1,70 ...12471 BOUYGUES...... ◗...... 26,60...... 26,80...... -0,75....-27,71 ...... 38,95...... 25,32 .....0,36 ...12050 LAGARDERE...... ◗...... 42,45...... 43,10...... -1,51...... -9,68 ...... 54,85...... 41,55 .....0,82 ...13021 UNILOG...... ◗...... 44,20...... 45,17...... -2,15....-35,33 ...... 90,00...... 42,21 .....0,45...... 3466 BOUYGUES OFFS...... ◗ ...... n/d...... 60,00...... n/d .....49,81 ...... 60,00...... 38,60 .....1,10 ...13070 LEBON (CIE) ...... 57,50...... 57,50...... n/d .....14,54 ...... 59,00...... 48,75 .....2,30 ...12129 VALEO...... ◗...... 38,64...... 38,68...... -0,10....-13,75 ...... 53,00...... 37,97 .....0,70 ...13033 BULL#...... ◗...... 0,42 ...... 0,43...... -2,33....-65,85 ...... 1,36...... 0,40...... n/d...... 5260 LEGRAND ORD...... 130,80.....134,80...... -2,97...... -9,16...... 180,00 ....122,10 .....0,93 ...12061 VALLOUREC...... ◗...... 60,45...... 60,85...... -0,66 .....13,52 ...... 71,40...... 52,00 .....2,10 ...12035 BURELLE (LY)...... 66,05...... 66,00 ...... 0,08 .....33,08 ...... 68,00...... 49,63 .....0,60...... 6113 LEGRAND ADP...... n/d.....109,30...... n/d....-11,85...... 143,20 ....109,10 .....1,49 ...12528 VINCI...... ◗...... 67,90...... 67,80 ...... 0,15 ...... 3,12 ...... 74,90...... 61,30 .....1,70 ...12548 BUSINESS OBJECTS...... ◗...... 24,29...... 24,40...... -0,45....-35,31 ...... 51,00...... 22,50...... n/d ...12074 LEGRIS INDUST...... ◗...... 21,80...... 22,00...... -0,91...... -0,90 ...... 25,39...... 18,20 .....0,70 ...12590 VIVARTE ...... 142,50.....142,00 ...... 0,35 .....10,89...... 144,00 ....124,00 .....1,98 ...13041 CANAL + ...... ◗...... 3,54 ...... 3,54...... n/d...... -1,11 ...... 3,90...... 3,43 .....0,18 ...12546 LIBERTY SURF ...... 3,00 ...... 3,06...... -1,96 ...... 5,26 ...... 3,80...... 2,90...... n/d...... 7508 VIVENDI ENVIRON...... ◗...... 27,47...... 28,30...... -2,93....-25,83 ...... 38,76...... 26,70 .....0,55 ...12414 CAP GEMINI...... ◗...... 35,75...... 36,91...... -3,14....-55,91 ...... 90,70...... 35,61 .....0,40 ...12533 LOCINDUS...... 130,00.....130,00...... n/d ...... 3,17...... 143,90 ....120,00 .....8,76 ...12135 VIVENDI UNIVERSAL ...... ◗...... 16,36...... 16,93...... -3,37....-73,39 ...... 64,40...... 13,90 .....1,00 ...12777 CARBONE-LORRAINE ...... ◗...... 30,60...... 30,72...... -0,39 ...... 2,00 ...... 39,48...... 28,60 .....0,80...... 3962 L'OREAL ...... ◗...... 76,70...... 75,80 ...... 1,19...... -5,19 ...... 88,30...... 72,70 .....0,54 ...12032 WANADOO ...... ◗...... 4,80 ...... 4,84...... -0,83....-14,74 ...... 6,70...... 4,34...... n/d ...12415 CARREFOUR ...... ◗...... 47,50...... 50,00...... -5,00....-18,66 ...... 58,80...... 45,80 .....0,56 ...12017 LOUVRE #...... 70,00...... 70,00...... n/d .....11,46 ...... 83,40...... 60,00 .....1,30...... 3311 WORMS & CIE NOM...... 17,58...... 17,59...... -0,06...... -9,84 ...... 21,02...... 17,00 .....0,56...... 6336 CASINO GUICH.ADP...... 58,10...... 59,45...... -2,27...... -7,04 ...... 67,30...... 56,05 .....1,58 ...12113 LUCIA...... n/d...... 13,30...... n/d ...... 2,30 ...... 14,13...... 10,42 .....1,83...... 3630 ZODIAC...... ◗...... 24,30...... 25,06...... -3,03 .....19,17 ...... 28,85...... 20,40 .....5,20 ...12568 CASINO GUICHARD ...... ◗...... 79,90...... 81,50...... -1,96...... -7,78 ...... 89,90...... 75,05 .....1,54 ...12558 LVMH MOET HEN...... ◗...... 42,50...... 43,85...... -3,08...... -7,00 ...... 61,60...... 42,02 .....0,53 ...12101 ...... CASTORAMA DUB.(LI) ...... ◗...... 65,90...... 66,00...... -0,15 .....13,91 ...... 68,50...... 54,25 .....0,76 ...12420 MARIONNAUD PARFUM...◗...... 45,00...... 45,65...... -1,42....-17,27 ...... 57,60...... 43,10...... n/d...... 6494 ...... CEGID (LY)...... 58,00...... 58,50...... -0,85....-25,97 ...... 90,50...... 52,70 .....2,30 ...12470 MATUSSIERE FOREST...... 7,60 ...... 7,80...... -2,56....-14,51 ...... 9,85...... 7,05 .....0,22...... 6057 ...... CEREOL ...... ◗...... 31,90...... 32,00...... -0,31 .....12,12 ...... 36,40...... 28,00...... n/d...... 4456 MAUREL ET PROM...... 21,90...... 22,30...... -1,79 .....41,29 ...... 24,99...... 15,10 .....0,91...... 5107 ...... CERESTAR...... ◗...... 31,21...... 31,10 ...... 0,35 ...... 1,33 ...... 33,06...... 30,11...... n/d...... 4457 METALEUROP ...... 2,81 ...... 2,85...... -1,40...... -8,76 ...... 4,90...... 2,75 .....0,61 ...12038 ...... CFF.RECYCLING ...... 46,30...... 46,51...... -0,45 .....15,75 ...... 49,88...... 38,50 .....2,08...... 3905 MICHELIN ...... ◗...... 37,74...... 38,76...... -2,63 ...... 1,86 ...... 45,05...... 36,05 .....0,85 ...12126 CHARGEURS ...... 26,70...... 26,77...... -0,26 ...... 6,84 ...... 30,66...... 22,34 .....3,00 ...13069 MONTUPET SA ...... 13,40...... 13,70...... -2,19 .....28,47 ...... 16,40...... 10,50 .....0,17...... 3704 VALEURS INTERNATIONALES ZONE EURO ALTADIS...... ◗...... 22,08...... 22,48...... -1,78 .....15,72 ...... 24,63...... 17,55 .....0,28 ...12975 CHRISTIAN DIOR ...... ◗...... 32,65...... 33,95...... -3,83...... -5,27 ...... 47,63...... 32,50 .....0,50 ...13040 WENDEL INVEST...... ◗...... 23,35...... 23,60...... -1,06...... n/d ...... 36,40...... 22,50 .....2,20 ...12120 ◗ AMADEUS PRIV. A ...... ◗...... 5,70 ...... 5,72...... -0,35....-13,24 ...... 8,44...... 5,57 .....0,07 ...12823 CIC -ACTIONS A ...... 127,40.....130,00...... -2,00 ...... 5,72...... 135,00 ....118,70 .....2,36 ...12005 NATEXIS BQ POP...... 85,05...... 87,00...... -2,24....-12,22 ...... 97,50...... 83,50 .....2,50 ...12068 ◗ CIMENTS FRANCAIS...... ◗...... 50,35...... 52,00...... -3,17 ...... 4,89 ...... 53,50...... 46,20 .....1,40 ...12098 NEOPOST...... ◗...... 39,01...... 39,22...... -0,54 .....19,22 ...... 44,50...... 32,31...... n/d ...12056 ARCELOR...... 14,45...... 14,61...... -1,10...... n/d ...... 16,69...... 13,61...... n/d...... 5786 ◗ ◗ B.A.S.F. # ...... ◗...... 43,95...... 45,49...... -3,39 ...... 3,92 ...... 49,90...... 40,10 .....1,03 ...12807 CLARINS...... 56,00...... 56,05...... -0,09....-11,67 ...... 72,50...... 56,00 .....1,10 ...13029 NEXANS...... 18,00...... 19,00...... -5,26 .....11,04 ...... 24,90...... 16,25 .....0,43...... 4444 ◗ CLUB MEDITERRANEE ...... ◗...... 30,82...... 31,55...... -2,31....-24,82 ...... 56,40...... 29,00 .....1,00 ...12156 NORBERT DENTRES...... 28,98...... 29,00...... -0,07 .....29,66 ...... 29,39...... 21,52 .....0,60...... 5287 BAYER #...... 30,53...... 32,23...... -5,27....-13,04 ...... 40,52...... 28,70 .....0,71 ...12806 ◗ COMPLETEL EUROPE ...... ◗...... 0,18 ...... 0,18...... n/d....-84,48 ...... 1,30...... 0,10...... n/d...... 5728 CNP ASSURANCES ...... 37,92...... 38,13...... -0,55 ...... 6,21 ...... 43,98...... 33,60 .....1,39 ...12022 NORD-EST ...... 23,04...... 25,00...... -7,84....-14,95 ...... 27,90...... 22,87 .....0,40 ...12055 ◗ COFACE SVN CA...... ◗ ...... n/d...... 60,10...... n/d .....26,79 ...... 64,00...... 46,40 .....1,47 ...12099 NRJ GROUP...... ◗...... 15,90...... 16,49...... -3,58....-24,06 ...... 26,00...... 15,90 .....0,28 ...12169 DEUTSCHE BANK #...... 68,15...... 70,25...... -2,99....-14,11 ...... 82,60...... 62,55 .....1,03 ...12804 ◗ DEXIA...... ◗...... 14,13...... 14,34...... -1,46....-12,77 ...... 18,95...... 13,58 .....0,36 ...12822 COFLEXIP...... n/d.....113,70...... n/d....-28,49...... 172,00 ....100,40 .....0,31 ...13064 OBERTHUR CARD SYS...... 2,60 ...... 2,55 ...... 1,96....-70,94 ...... 9,40...... 2,35...... n/d ...12413 ◗ COLAS...... 72,00...... 72,00...... n/d .....13,65 ...... 75,95...... 62,00 .....2,80 ...12163 ORANGE ...... ◗...... 4,52 ...... 4,60...... -1,74....-55,59 ...... 10,74...... 4,19...... n/d...... 7919 EADS(EX-AERO.MAT.) ...... 16,55...... 16,90...... -2,07 .....21,33 ...... 18,45...... 12,52 .....0,38...... 5730 EQUANT N.V...... ◗...... 6,46 ...... 6,99...... -7,58....-52,00 ...... 14,95...... 4,03...... n/d ...12701 CONTIN.ENTREPR...... 43,00...... 44,60...... -3,59...... -3,80 ...... 46,90...... 38,02 .....0,70...... 3664 OXYG.EXT-ORIENT...... n/d...... 79,00...... n/d .....11,58 ...... 85,20...... 70,20...15,50...... 3117 ◗ CREDIT AGRICOLE ...... ◗...... 20,90...... 21,10...... -0,95 .....17,48 ...... 24,70...... 17,58 .....0,55...... 4507 PECHINEY ACT ORD A...... ◗...... 46,48...... 47,00...... -1,11....-19,72 ...... 63,80...... 43,66 .....1,00 ...13290 EURONEXT N.V ...... 20,20...... 20,63...... -2,08...... -4,94 ...... 25,00...... 17,80 .....0,26...... 5777 GEMPLUS INTL ...... ◗...... 1,30 ...... 1,26 ...... 3,17....-54,22 ...... 3,08...... 1,13...... n/d...... 5768 CRED.FON.FRANCE ...... 16,02...... 16,02...... n/d .....10,17 ...... 16,70...... 13,05 .....0,40 ...12081 PECHINEY B PRIV...... n/d...... 44,00...... n/d....-19,11 ...... 59,60...... 42,10 .....1,79...... 3640 ◗ CREDIT LYONNAIS ...... ◗...... 43,40...... 44,00...... -1,36 .....15,73 ...... 48,80...... 36,14 .....0,75 ...18420 PENAUILLE POLY.#...... ◗...... 17,50...... 17,90...... -2,23....-55,69 ...... 45,59...... 16,56 .....0,28...... 5338 NOKIA A ...... 13,76...... 14,16...... -2,82....-52,05 ...... 30,32...... 11,62 .....0,27...... 5838 ◗ ROYAL DUTCH # ...... ◗...... 51,70...... 52,00...... -0,58...... -8,73 ...... 63,15...... 51,25 .....0,72 ...13950 CS COM.ET SYSTEMES ...... 8,27 ...... 8,60...... -3,84...... -0,36 ...... 12,25...... 7,60...... n/d...... 7896 PERNOD-RICARD...... 93,30...... 93,50...... -0,21 ...... 7,24...... 105,40...... 82,75 .....1,00 ...12069 ◗ DANONE...... ◗ ....133,80.....135,20...... -1,04...... -2,33...... 150,40 ....125,20 .....2,06 ...12064 PEUGEOT...... ◗...... 46,30...... 46,85...... -1,17...... -3,03 ...... 60,80...... 43,42 .....1,15 ...12150 ROYAL PHILIPS 0.20...... 25,05...... 26,98...... -7,15....-24,27 ...... 36,07...... 24,02 .....0,27 ...13955 ◗ SIEMENS # ...... ◗...... 55,65...... 57,45...... -3,13....-24,89 ...... 79,75...... 52,00 .....0,74 ...12805 DASSAULT-AVIATION...... n/d.....357,00...... n/d .....12,61...... 425,00 ....284,90 .....6,50 ...12172 PINAULT-PRINT.RED...... 88,80...... 92,70...... -4,21....-38,58...... 154,69...... 87,55 .....2,30 ...12148 ◗ DASSAULT SYSTEMES...... ◗...... 39,49...... 40,40...... -2,25....-26,87 ...... 59,40...... 38,20 .....0,33 ...13065 PLASTIC OMN.(LY) ...... 74,70...... 77,35...... -3,43 .....26,61 ...... 96,00...... 59,05 .....1,20 ...12457 STMICROELECTRONICS ...... 23,15...... 23,34...... -0,81....-35,78 ...... 39,70...... 21,50 .....0,03 ...12970 ◗ TELEFONICA #...... ◗...... 8,47 ...... 8,73...... -2,98....-41,90 ...... 15,32...... 7,52 .....0,28 ...12811 DEV.R.N-P.CAL LI # ...... 14,40...... 14,60...... -1,37...... n/d ...... 16,90...... 13,00 .....0,55 ...12423 PROVIMI...... 21,00...... 21,56...... -2,60...... -1,50 ...... 24,70...... 19,25 .....0,20...... 4458 ◗ DEVEAUX(LY)# ...... 65,10...... 65,50...... -0,61....-19,13 ...... 78,00...... 65,10 .....3,00...... 6100 PSB INDUSTRIES LY ...... n/d...... 82,00...... n/d...... -8,37 ...... 92,70...... 79,50 .....3,80...... 6032 UNILEVER NV # ...... 61,85...... 62,65...... -1,28...... -6,14 ...... 72,40...... 61,45 .....0,80 ...13953 DIDOT-BOTTIN ...... n/d...... 78,75...... n/d .....29,09 ...... 88,00...... 61,10 .....2,74...... 3747 PUBLICIS GR. SA #...... ◗...... 24,98...... 25,90...... -3,55....-16,03 ...... 39,90...... 24,31 .....0,22 ...13057 ◗ VALEURS INTERNATIONALES HORS ZONE EURO DMC (DOLLFUS MI) ...... 6,25 ...... 6,40...... -2,34....-16,55 ...... 11,48...... 5,80 .....0,61 ...12133 REMY COINTREAU ...... 31,64...... 31,64...... n/d .....27,22 ...... 35,00...... 24,87 .....0,90 ...13039 ERICSSON #...... ◗...... 1,63 ...... 1,68...... -2,98....-73,10 ...... 6,69...... 1,37 .....0,04 ...12905 ◗ DYNACTION...... 28,25...... 29,50...... -4,24 ...... 5,01 ...... 32,40...... 25,41 .....0,50 ...13035 RENAULT ...... 43,12...... 44,92...... -4,01 ...... 8,86 ...... 57,45...... 39,30 .....0,92 ...13190 GENERAL ELECT. # ...... ◗...... 27,31...... 27,97...... -2,36....-40,81 ...... 47,80...... 27,00 .....0,16 ...12943 ◗ ◗ EIFFAGE ...... 90,05...... 90,20...... -0,17 .....31,65 ...... 97,40...... 68,80 .....2,10 ...13045 REXEL ...... 54,00...... 55,90...... -3,40....-18,11 ...... 75,40...... 54,00 .....2,22 ...12595 HSBC HOLDINGS...... ◗...... 11,50...... 11,58...... -0,69....-13,66 ...... 14,10...... 11,06 .....0,33 ...12976 ◗ ELECT.MADAGASCAR...... 21,60...... 22,10...... -2,26...... -4,00 ...... 24,95...... 19,60...... n/d...... 3571 RHODIA ...... 9,40 ...... 9,14 ...... 2,84 ...... 4,67 ...... 12,40...... 8,11 .....0,12 ...12013 I.B.M # ...... ◗...... 70,00...... 70,80...... -1,13....-49,92...... 141,90...... 66,00 .....0,14 ...12964 ◗ ELIOR SVN SCA...... 7,40 ...... 7,60...... -2,63...... -8,18 ...... 9,88...... 6,50 .....0,07 ...12127 ROCHETTE (LA)...... n/d...... 12,01...... n/d....-98,22 ...... 12,35...... 10,54...... n/d ...12580 KINGFISHER SICO...... ◗...... 4,93 ...... 4,84 ...... 1,86....-21,49 ...... 6,83...... 4,60 .....0,12 ...22046 ENTENIAL(EX CDE)...... 31,02...... 31,20...... -0,58 .....22,36 ...... 35,89...... 25,35 .....0,54 ...12093 ROUGIER #...... n/d...... 61,10...... n/d ...... 7,09 ...... 66,50...... 57,00 .....3,00...... 3764 MERCK AND CO #...... ◗...... 43,58...... 45,22...... -3,63....-35,72 ...... 73,20...... 42,90 .....0,32 ...12909 ◗ ERAMET...... 33,02...... 32,15 ...... 2,71...... -4,56 ...... 39,80...... 30,00 .....0,60 ...13175 ROYAL CANIN...... n/d.....144,60...... n/d ...... 7,50...... 144,80 ....133,20 .....1,10...... 3153 NESTLE SA NOM. #...... ◗ ....234,70.....239,00...... -1,80...... -1,79...... 272,90 ....226,00 .....2,84 ...13911 ◗ ESSILOR INTL ...... 40,55...... 41,20...... -1,58 .....19,44 ...... 45,57...... 31,20 .....0,41 ...12166 RUE IMPERIALE (LY)...... 133,50.....134,50...... -0,74....-13,87...... 182,00 ....117,20...21,19 ...12400 PHILIP MORRIS #...... ◗...... 45,73...... 46,21...... -1,04....-12,89 ...... 62,25...... 43,43 .....0,50 ...12928 ESSO...... 82,90...... 84,50...... -1,89 ...... 3,36 ...... 96,80...... 79,50 .....3,25 ...12066 SADE (NY) ...... n/d...... 49,50...... n/d ...... 7,60 ...... 57,50...... 45,20 .....2,80 ...12431 SCHLUMBERGER #...... ◗...... 44,50...... 45,32...... -1,81....-30,35 ...... 70,95...... 44,50 .....0,20 ...12936 ◗ ◗ EULER ET HERMES ...... n/d...... 33,40...... n/d....-19,24 ...... 46,13...... 32,20 .....1,40 ...12130 SAGEM S.A...... 62,20...... 62,75...... -0,88...... -9,52 ...... 75,50...... 56,15 .....0,60...... 7327 SONY CORP. # ...... ◗...... 51,05...... 52,00...... -1,83...... -1,06 ...... 65,45...... 46,31 .....0,13 ...12903 EURAZEO...... ◗...... 44,80...... 44,50 ...... 0,67....-26,43 ...... 60,80...... 43,85 .....1,00 ...12112 SAINT-GOBAIN...... ◗...... 43,05...... 43,58...... -1,22 ...... 1,60 ...... 49,05...... 40,25 .....4,50 ...12500 ◗ Cours en euros. VALEURS INTERNATIONALES ZONE EURO et HORS ZONE EURO : une sélection. EURO DISNEY SCA ...... 0,69 ...... 0,72...... -4,17....-21,59 ...... 1,21...... 0,59...... n/d ...12587 SALVEPAR (NY)...... 55,00...... 55,00...... n/d ...... 9,45 ...... 58,10...... 50,10 .....1,50 ...12435 ◗ : valeur pouvant bénéficier du service de règlement différé (SRD). En gras : CAC40. # : valeur faisant l'objet EUROTUNNEL ...... ◗...... 0,86 ...... 0,86...... n/d....-23,89 ...... 1,18...... 0,84...... n/d ...12537 SANOFI SYNTHELABO ...... ◗...... 58,50...... 60,30...... -2,99....-30,19 ...... 84,30...... 53,00 .....0,66 ...12057 d'un contrat d'animation. Plus haut et plus bas : depuis le 1/1/2002. n/d : valeur non disponible.

TRANSGENE # SVN...... 5,00...... -15,25 NORCAN #...... 21,25 ...... -9,54 NOUVEAU MARCHÉ HOLOGRAM INDUST.#...... 1,51...... -12,72 SECOND MARCHÉ NETRA SYSTEMS ...... 3,00 ...... -9,09 PRISMAFLEX INTER.# ...... 8,86...... -11,40 DANE-ELEC MEMORY # ...... 1,57 ...... -7,65 10/7 : 12,07 millions d'euros échangés LA CIE GPE #...... 3,16 ...... -9,71 10/7 : 26,48 millions d'euros échangés SERVICES ET TRANS...... 83,10 ...... -7,56 Valeur Cours de clôture (¤) % var. EGIDE # ...... 34,70 ...... -9,40 Valeur Cours de clôture (¤) % var. GROUPE OPEN...... 14,30 ...... -7,14 Meilleures performances CEREP #...... 13,51 ...... -8,72 Meilleures performances INS.PART.BOIS MEUB...... 9,81 ...... -7,01 A NOVO # ...... 1,75 ...... 33,59 TITUS INTERACTIVE#...... 1,61 ...... -8,52 COFIDUR #...... 0,53 ...... 29,27 EURODIRECT MARKET...... 13,40 ...... -6,82 SAV.DE FRA.BAC 02...... 1,46 ...... 20,66 Plus forts volumes d'échange CGBI ACT.DIV...... 1,41 ...... 20,51 Plus forts volumes d'échange HIMALAYA #...... 0,58...... 9,43 A NOVO # ...... 1,75 ...... 33,59 FEDON...... 24,90 ...... 14,17 ALTEN (SVN) # ...... 10,30 ...... -3,74 BAC MAJESTIC...... 0,64...... 8,47 AVENIR TELECOM #...... 0,54 ...... -5,26 XRT SA#...... 0,80 ...... 11,11 BENETEAU #...... 45,00...... 0,00 INTEGRA...... 0,34...... 6,25 CEREP #...... 13,51 ...... -8,72 SOGECLAIR ...... 25,85 ...... 10,00 BONDUELLE...... 72,50 ...... -0,55 NETGEM...... 0,79...... 5,33 COALA #...... 19,00...... 0,00 GECI INTL ...... 2,09 ...... 10,00 CASCADES # ...... 6,20...... 0,00 SYSTRAN ...... 0,85...... 4,94 EGIDE # ...... 34,70 ...... -9,40 UNION TECH.INFOR...... 0,56...... 9,80 CDA-CIE DES ALPES...... 56,60 ...... -0,88 LA TETE DS NUAGES#...... 1,10...... 4,76 ESI GROUP ...... 9,49 ...... -5,10 VIDELEC...... 9,01...... 9,21 DAMARTEX...... 11,44...... 5,93 PHARMAGEST INTER.# ...... 13,39...... 4,61 EUROFINS SCIENT...... 10,10...... 1,00 PETIT BOY #...... 15,20...... 8,57 FLEURY MICHON ...... 30,00...... 0,00 GAUDRIOT DS02...... 0,47...... 4,44 GENESYS #...... 3,82 ...... -8,17 AB GROUPE ...... 10,29...... 8,32 GIFI ...... 26,95 ...... -3,75 NEURONES # ...... 2,76...... 4,15 GENSET...... 9,51 ...... -0,63 EUROPEENNE CASINOS...... 61,60...... 8,07 GREVIN ET COMPANIE ...... 32,81 ...... -0,06 AUTOMA TECH #...... 2,43...... 3,40 ILOG #...... 5,28 ...... -1,31 TECHNOFAN (B)...... 60,80...... 6,67 GROUPE CRIT ...... 26,45 ...... -1,60 RIBER #...... 1,24...... 3,33 INFO VISTA ...... 1,33 ...... -6,34 FAROS NOM...... 4,39...... 6,55 HERMES INTL...... 150,10 ...... -4,58 CHEMUNEX ...... 0,37...... 2,78 IPSOS #...... 66,20 ...... -1,41 ESR ...... 8,60...... 6,17 IOLTECH...... 125,00...... 0,00 Plus mauvaises performances MEDIDEP # ...... 25,41 ...... -1,32 Plus mauvaises performances M6-METR.TV ACT.DIV ...... 22,70 ...... -5,22 GUILLEMOT BS 99 ...... 0,80...... -44,83 NICOX # ...... 17,50 ...... -2,51 CHAUSSERIA (LY)...... 2,30...... -30,72 ORPEA ...... 13,84...... 0,65 ALTAMIR BS 02 ...... 0,20...... -42,86 PROSODIE #...... 28,50...... 0,32 TEISSEIRE-FRANCE...... 22,03...... -18,95 PINGUELY HAULOTTE ...... 7,51 ...... -1,31 QUALIFLOW # ...... 1,56...... -22,00 RIBER #...... 1,24...... 3,33 TRIGANO...... 34,05...... -14,81 RALLYE...... 50,15 ...... -3,19 SYSTAR #...... 1,28...... -19,50 SAVEURS DE FRANCE# ...... 28,90...... 1,40 LEON BRUXELLES...... 0,12...... -14,29 RODRIGUEZ GROUP # ...... 67,15...... 0,22 CONSODATA ...... 6,00...... -16,67 SOI TEC SILICON #...... 8,31 ...... -7,67 TROUVAY CAUVIN # ...... 3,50...... -12,28 SECHE ENVIRONNEM.# ...... 73,00...... 0,00 ACCESS COMMERCE # ...... 1,92...... -16,52 VALTECH ...... 0,72 ...... -4,00 IMV TECHNOLOGIES...... 18,50...... -11,90 TRIGANO...... 34,05...... -14,81 DURAN DUBOI #...... 3,10...... -16,22 WAVECOM #...... 36,51 ...... -3,92 IEC PROFES.MEDIA #...... 0,59...... -10,61 VIRBAC...... 146,00 ...... -0,61 (Publicité) ECUR.INVEST.D/PEA 43,60 10/7 -14,63 CA AM ACT.FONC.EUR 97,67 10/7 4,86 CIC FRANCE C 28,92 10/7 -16,61 STRATEGIE IND.USA 6970,79 9/7 -26,35 DEDIALYS TECHNO. 20,41 10/7 -41,67 SICAV ET FCP ECUR.MONETAIRE C 227,48 10/7 1,28 CA AM MASTER ACT. 33,96 8/7 -17,55 CIC FRANCE D 28,61 10/7 -17,51 DEDIALYS TELECOM 28,01 10/7 -39,50 ECUR.MONETAIRE D 186,55 10/7 -0,28 CA AM MASTER DUO 12,79 8/7 -9,86 CIC MONDE PEA 22,61 10/7 -19,30 OBLITYS INSTIT.C 100,34 10/7 1,25 SÉLECTION publiée sous la ECUR.OBLIG.INTER.C 174,35 10/7 -1,69 CA AM MASTER OBL. 30,46 8/7 -1,26 CIC OBLI C T.D 140,83 10/7 -90,15 POSTE EURO CREDIT 101,65 10/7 0,00 responsabilité de l'émetteur ECUR.TECHNOLOGIESC 33,76 15/4 -13,52 CA AM MASTER PEA 10,54 8/7 -15,20 CIC OBLI LONG T.C 15,62 10/7 0,84 POSTE EUROPE C 94,41 10/7 1,46 ECUR.TECHONOLGIESD 33,65 15/4 -14,96 CAPITOP MONETAIREC 195,23 12/7 1,26 CIC OBLI LONG T.D 14,61 10/7 -4,51 ADDILYS C 109,15 10/7 1,51 POSTE EUROPE D 89,37 10/7 0,71 Dernier cours connu le 11/7 à 9h ECUR.TRIMESTR.D 271,84 10/7 -0,77 CAPITOP MONETAIRED 185,08 12/7 1,26 CIC OBLI M T.C 36,25 10/7 0,97 ADDILYS D 105,92 10/7 -0,70 POSTE PREM.8ANS C 202,96 10/7 1,54 EPARCOURT-SICAV D 27,77 10/7 -2,63 OPTALIS DYNAMIQUEC 16,04 9/7 -13,80 CIC OBLI M T.D 26,31 10/7 -1,27 AMPLITUDE AMERIQ.C 19,46 10/7 -25,46 POSTE PREM.8ANS D 182,97 10/7 1,54 Valeur Cours date % var. en euro valeur 31/12 GEOPTIM C 2401,40 10/7 2,43 OPTALIS DYNAMIQUED 14,83 9/7 -15,01 CIC OBLI MONDE 129,69 10/7 -5,00 AMPLITUDE AMERIQ.D 18,60 10/7 -26,45 REMUNYS PLUS 105,02 10/7 1,53 Fonds communs de placements OPTALIS EQUILIBREC 17,29 9/7 -8,08 CIC OR ET MAT 133,75 10/7 26,16 AMPLITUDE EUROPE C 26,33 10/7 -16,79 ECUR.EQUILIBRE C 35,85 10/7 -4,12 OPTALIS EQUILIBRED 15,51 9/7 -9,40 CIC ORIENT 151,03 10/7 -4,54 AMPLITUDE EUROPE D 24,74 10/7 -18,36 ECUR.VITALITE C 35,87 10/7 -10,52 OPTALIS EXPANSIONC 12,65 9/7 -14,92 CIC PIERRE 36,53 10/7 7,47 AMPLITUDE FRANCE C 69,96 10/7 -15,37 AGIPI ACTIONS 21,72 10/7 -18,65 ECUREUIL PRUDENCEC 34,80 10/7 0,57 OPTALIS EXPANSIOND 12,14 9/7 -16,33 UNION AMERIQUE 337,63 14/6 -23,86 AMPLITUDE FRANCE D 68,84 10/7 -16,72 AGIPI AMBITION 23,39 10/7 -7,98 ECUREUIL PRUDENCED 33,95 10/7 0,35 OPTALIS SERENITE C 17,55 9/7 -2,22 Fonds communs de placements AMPLITUDE MONDE C 180,72 10/7 -18,70 CADENCE 1 D 153,41 10/7 -2,08 NECTRA 2 C 976,96 10/7 -3,65 OPTALIS SERENITE D 15,27 9/7 -3,17 CIC EURO OPPORT. 23,34 10/7 -24,39 AMPLITUDE MONDE D 160,46 10/7 -19,51 CADENCE 2 D 153,04 10/7 -0,96 NECTRA 2 D 976,96 10/7 -3,65 PACTE SOLIDAR.LOG. 78,06 9/7 1,41 CIC FRANCEVALOR C 31,08 9/7 -17,14 AMPLITUDE PACIFI.C 15,63 10/7 2,64 CADENCE 3 D 151,23 10/7 -1,05 3615 BNPPARIBAS NECTRA 5 C 910,09 10/7 -9,74 PACTE VERT TIERS-M 83,14 9/7 1,41 CIC FRANCEVALOR D 31,08 9/7 -17,14 AMPLITUDE PACIFI.D 14,73 10/7 1,31 CONVERTIS C 208,44 10/7 -8,71 ¤ (0,34 /min) NECTRA 5 D 910,09 10/7 -9,74 CIC GLOBAL C 213,87 9/7 -13,00 ELANCIEL EUROD PEA 79,58 10/7 -16,58 INTEROBLIG C 59,28 10/7 -0,11 BNP ASSOC.PREMIERE 9941,58 10/7 1,61 NECTRA 8 C 834,87 10/7 -16,31 CIC GLOBAL D 213,87 9/7 -13,00 ELANCIEL FR.D PEA 32,73 10/7 -16,57 INTERSELECTION F.D 63,49 10/7 -15,18 BNP EURIBOR ASSOC. 52852,05 10/7 1,73 NECTRA 8 D 834,87 10/7 -16,31 CIC HIGH YIELD 378,26 5/7 -6,72 EM.EUROPOSTE D PEA 24,43 10/7 -17,86 SELECT.DEFENSIF C 187,63 10/7 -2,61 BNP MONE C.TERME 2548,60 10/7 1,62 CIC JAPON 7,37 10/7 -5,87 ETHICIEL C 96,60 10/7 -4,59 SELECT.DYNAMIQUE C 211,00 10/7 -11,60 BNP MONE EURIBOR 18880,47 10/7 1,72 EURCO SOLIDARITE 228,70 10/7 1,45 CIC MARCHES EMERG. 92,98 5/7 -14,75 GEOBILYS C 124,67 10/7 2,00 SELECT.EQUILIBRE 2 156,24 10/7 -7,06 BNP MONE PLACEM.C 13954,17 10/7 1,50 MONELION JOUR C 499,18 10/7 1,36 CIC NOUVEAU MARCHE 3,72 10/7 -31,81 GEOBILYS D 112,51 10/7 0,96 SELECT.PEA 1 182,05 10/7 -11,18 BNP MONE TRESORE. 11388,23 10/7 -85,47 MONELION JOUR D 420,39 10/7 1,36 CIC PEA SERENITE 169,73 5/7 -0,15 INTENSYS C 21,02 10/7 1,25 SELECT.PEA DYNAM. 122,60 10/7 -13,54 Fonds communs de placements Multi-promoteurs SICAV 5000 131,50 10/7 -18,21 CIC PROF.DYNAMIQUE 20,03 9/7 -14,69 INTENSYS D 17,34 10/7 -1,75 SG FRANCE OPPORT.C 381,84 10/7 -9,80 BNP MONE ASSOCIAT. 1864,28 10/7 1,48 LIV.BOURSE INV.D 153,68 9/7 -15,22 SLIVAFRANCE 218,08 10/7 -20,89 CIC PROF.EQUILIB.D 16,75 9/7 -10,37 KALEIS DYNAM.FCE C 70,28 10/7 -10,56 SG FRANCE OPPORT.D 357,53 10/7 -9,81 NORD SUD DEVELOP.C 515,59 9/7 -0,49 SLIVARENTE 38,20 10/7 -3,29 CIC PROF.TEMPERE C 134,79 9/7 -0,74 KALEIS DYNAM.FCE D 69,52 10/7 -10,57 SOGEFAVOR 80,24 10/7 -19,79 NORD SUD DEVELOP.D 379,41 9/7 -5,11 SLIVINTER 121,52 10/7 -21,95 CIC TAUX VARIABLE 200,03 5/7 1,25 KALEIS DYNAMISME C 193,69 10/7 -10,39 SOGENFRANCE C 367,63 10/7 -21,05 TRILION 726,15 10/7 -2,89 CIC TECHNO.COM 44,88 10/7 -44,42 KALEIS DYNAMISME D 187,16 10/7 -10,39 SOGENFRANCE D 329,72 10/7 -21,43 Fonds communs de placements CIC USA 13,41 10/7 -25,91 KALEIS EQUILIBRE C 191,46 10/7 -4,96 SOGEOBLIG C 115,14 10/7 1,51 FRUCTI CAPI 114,04 10/7 1,57 ACTILION DYNAMI.C 151,86 10/7 -16,47 CIC VAL.NOUVELLES 228,91 10/7 -19,46 KALEIS EQUILIBRE D 184,23 10/7 -4,97 SOGEPARGNE D 44,95 10/7 1,23 FRUCTI EURO PEA 204,59 9/7 -16,36 ATOUT CROISSANCE 330,16 10/7 -3,50 ACTILION DYNAMI.D 139,92 10/7 -18,29 KALEIS SERENITE C 187,83 10/7 -1,91 SOGEPEA EUROPE 182,26 10/7 -18,29 FRUCTIDOR 37,89 10/7 -0,78 ATOUT EUROPE 419,02 10/7 -18,64 ACTILION EQUIL.C 160,80 10/7 -7,68 KALEIS SERENITE D 180,36 10/7 -1,91 SOGINTER C 38,98 10/7 -26,31 FRUCTIFRANCE C 67,89 10/7 -17,43 ATOUT FCE ASIE 66,22 10/7 -14,26 ACTILION EQUIL.D 147,06 10/7 -9,70 KALEIS TONUS C 57,95 10/7 -15,25 Fonds communs de placements PLANINTER 335,94 9/7 -21,13 ATOUT FRANCE C 162,65 10/7 -17,40 ACTILION PEA DYNAM 57,19 10/7 -13,84 KALEIS TONUS D 57,24 10/7 -15,25 SOGESTION C 43,65 9/7 -8,92 Fonds communs de placements ATOUT FRANCE D 144,65 10/7 -17,39 ACTILION PEA EQUI. 149,72 10/7 -9,77 CM EUR.TECHNOLOG. 2,86 10/7 -33,55 LIBERT.ET SOLIDAR. 98,39 10/7 -2,81 SOGINDEX FRANCE 442,19 9/7 -15,22 BP CYCLEOEUROPECR. 70,58 9/7 -40,41 ATOUT FRANCE EUR. 142,20 10/7 -20,10 ACTILION PRUDENCEC 171,35 10/7 -1,15 CM EURO PEA C 18,02 10/7 -15,49 OBLITYS C 115,30 10/7 0,99 ...... BP CYCLEOEUROPECYC 103,88 9/7 -5,76 ATOUT FRANCE MONDE 36,53 10/7 -18,73 ACTILION PRUDENCED 157,37 10/7 -2,58 CM FRANCE ACTIONSC 28,31 10/7 -16,60 OBLITYS D 111,74 10/7 -0,55 ...... BP CYCLEOEUROPEDEF 91,23 9/7 -10,45 ATOUT MONDE 40,90 10/7 -22,91 INTERLION 240,07 10/7 2,08 CM MID-ACT.FRA 28,98 10/7 -4,16 PLENITUDE D 37,12 10/7 -11,13 ...... FRUCTI EURO 50 75,78 10/7 -23,01 ATOUT SELECTION 84,67 10/7 -19,23 LION ACTION EURO 75,24 10/7 -16,77 CM MONDE ACTIONS C 245,61 10/7 -20,85 POSTE GESTION C 2670,66 10/7 1,60 ...... FRUCTI PROFIL 3 181,52 9/7 -2,60 CA AM ACT. FRA. C 278,89 10/7 -17,21 LION PEA EURO 76,50 10/7 -16,38 CM OBLIG.CT C 167,32 10/7 1,00 POSTE GESTION D 2269,84 10/7 -2,58 ...... FRUCTI PROFIL 6 189,15 9/7 -8,34 CA AM ACT. FRA. D 225,99 10/7 -18,39 CM OBLIG.LONG T. 105,79 10/7 1,47 POSTE PREM. C 7252,10 10/7 1,57 ...... FRUCTI PROFIL 9 186,20 9/7 -13,94 CA AM ACTIONS ASIE 16,93 10/7 -4,40 CM OBLIG.MOYEN T.C 346,51 10/7 1,31 POSTE PREM.1AN C 43248,55 10/7 1,35 ...... FRUCTI VAL. EURO. 82,98 10/7 -15,31 CA AM ACTIONS USA 30,44 10/7 -26,38 CM OBLIG.QUATRE 163,80 10/7 -0,29 POSTE PREM.2-3ANSC 9378,18 10/7 1,47 ...... CA AM INDICIA EURO 86,04 9/7 -23,89 CIC AMERIQ.LATINE 80,80 10/7 -29,71 CM OPTION DYNAM.C 26,98 10/7 -11,84 PRIMIEL EURO C 54,13 10/7 -0,14 ...... CA AM INDICIA FRA. 288,97 9/7 -22,64 CIC CONVERTIBLES 5,04 10/7 -8,02 CM OPTION EQUIL.C 50,95 10/7 -4,81 PRIMIEL EURO D 53,20 10/7 -0,16 ...... CA AM OBLIG.INTER. 197,73 10/7 5,36 CIC COURT TERME C 34,69 10/7 1,07 Fonds communs de placements REVENUS TRIMESTR.D 781,42 10/7 -1,04 ...... ECUR.1,2,3...FUTUR 42,12 10/7 -14,42 CAPITOP EUROBLIG C 103,13 10/7 1,68 CIC COURT TERME D 26,61 10/7 -1,95 CM OPTION MODER. 19,23 10/7 -0,72 SOLSTICE D 360,83 10/7 -0,54 ...... ECUR.ACT.EUROP.C 14,86 10/7 -13,20 CAPITOP EUROBLIG D 81,83 10/7 -2,21 CIC DOLLAR CASH 1437,31 10/7 0,82 THESORA C 191,84 10/7 1,04 ...... ECUR.ACT.FUT.D/PEA 51,34 10/7 -17,38 CAPITOP MONDOBLIG 47,11 10/7 4,41 CIC ECOCIC 291,44 10/7 -19,71 THESORA D 158,07 10/7 -0,26 ...... ECUR.CAPITAL.C 45,00 10/7 1,53 CAPITOP REVENUS 170,92 17/6 -1,39 CIC ELITE EUROPE 103,52 10/7 -21,56 TRESORYS 48522,11 10/7 1,75 ...... ECUR.DYNAMIQUE + D 35,11 10/7 -15,86 DIEZE 401,39 10/7 -9,03 CIC EPARG.DYNAM.C 2084,70 10/7 0,42 Fonds communs de placements ...... ECUR.ENERGIE D 37,39 10/7 -12,94 Fonds communs de placements CIC EPARG.DYNAM.D 1558,02 10/7 -4,84 STRATEG.IND.EUROPE 166,81 9/7 -18,43 DEDIALYS FINANCE 71,18 10/7 -11,38 ...... ECUR.EXPANSION C 15094,45 10/7 1,76 ATOUT VALEUR 64,37 9/7 -17,66 CIC EUROLEADERS 312,25 10/7 -20,68 Fonds communs de placements DEDIALYS MULTI SEC 54,22 10/7 -12,58 ...... ECUR.EXPANSIONPLUS 42,98 9/7 1,39 CA AM ACT. RESTR. 222,34 9/7 -16,58 CIC FINUNION 180,16 10/7 1,52 STRATEGIE CAC 4976,28 9/7 -16,47 DEDIALYS SANTE 80,39 10/7 -10,81 ...... 22/LE MONDE/VENDREDI 12 JUILLET 2002 AUJOURD’HUI

La 4e étape du 89e   , le contre-la- l’US Postal de l’Américain Lance Armstrong, et Erik Zabel (Telekom). Le triple vainqueur sortant Lan- toutes ses chances de victoire après la  montre par équipes entre Epernay et Château- CSC Tiscali du Français Laurent Jalabert. L’Espagnol ce Armstrong occupe la 3e place à 7 secondes. CSC-Tis- du Danois Michael Sandstod, qui a provoqué un Thierry (68 km), a été emportée, mercredi 10 juillet,     s’est emparé du cali, la formation de  ,entête , désorganisant l’équipe et empêchant par la formation espagnole , qui a devancé   porté, jusque-là, par l’Allemand aux deux premiers pointages intermédiaires, a perdu le Français d’enfiler le maillot jaune. Domo et Lotto engagées dans une autre course contre la montre Les deux formations belges fusionneront en 2003, pour raisons financières, et formeront une « sorte d’équipe nationale ». En attendant, Domo a réintégré Frank Vandenbroucke, l’enfant terrible du cyclisme d’outre-Quiévrain, qui est pourtant au centre d’une saisie de produits dopants

   de 5 millions d’euros partagé à devait prolonger pour une saison. coureur le 28 février après la saisie 4 juillet, VDB a écopé d’une nouvel- objectif, mais je trouve qu’il a déjà été 2002 parts égales par les deux entreprises. La future structure ne les met pas par la police à son domicile de pro- le suspension (dix-huit mois dont assez puni. Si c’était un anonyme du Avec le retrait annoncé fin 2002 forcément à l’abri mais, «dansle duits interdits (Clenbutérol, morphi- douze avec sursis) émanant de la peloton, nous ne serions même pas ici e 4 étape de l’équipe italienne Mapei – qui lais- pire des cas, dit Lefévère, s’il n’y a pas ne et EPO). La perquisition avait sui- commission disciplinaire de la Com- à en parler. D’ailleurs dans l’affaire mercredi 10 juillet sera 28 coursiers sans employeur –, de place pour eux, c’est la société qui vi l’arrestation sur une autoroute de munauté flamande. Présidée par un précédente [dite Sainz-Lavelot],à cette fusion est un nouveau coup gère le groupe sportif qui doit trouver Bernard Sainz, également connu magistrat, celle-ci a reproché à VDB Paris, il a été blanchi. Le seul vrai pro- CHÂTEAU-THIERRY (Aisne) dur pour le cyclisme professionnel. une solution, financière ou autre ». dans le peloton sous le nom de Doc- la saisie lors de la perquisition à son blème, c’est que VDB ne laisse person- de notre envoyée spéciale Patrick Lefévère, futur directeur L’incertitude professionnelle est teur Mabuse, qui disait avoir passé domicile d’autres produits interdits ne indifférent. Au lendemain de l’affai- Les formations belges Domo- sportif et de la communication de la (amphétamines, produits mas- re du 28 février, une radio a fait un Farm Frites et Lotto-Adecco Lotto-Domo, compte en faire « une quants et emballages de NESP, pro- sondage auprès du public belge, qui n’étaient pas loin l’une de l’autre sur sorte d’équipe nationale avec une Laurent Roux contre-attaque duit proche de l’EPO). estimait à 92 % qu’il devait recourir la route du contre-la-montre par base belge et quelques coureurs étran- Dans l’affaire de dopage qui l’oppose à la Fédération française de cyclis- Sa sanction est dérisoire puisqu’el- immédiatement. » équipes reliant Epernay à Château- gers, une formation proche du top du me et à l’équipe Jean-Delatour, son employeur, Laurent Roux a contre-atta- le ne prive le coureur de compéti- L’affaire n’a pas non plus ébranlé Thierry (68 km), mercredi 10 juillet. cyclisme ». qué, mercredi 10 juillet. Contrôlé positif aux amphétamines lors du Tour de tion qu’en territoire flamand. En la foi du sponsor principal Domo e Partis en 8 position, les Domo se Vendée, le 29 avril, il a été suspendu par son équipe. Il a aussi été interdit de effet, le Conseil d’Etat n’a toujours (fabricant de moquettes). Au-delà es sont classés 7 . Partis dix minutes « ’ ’    … » départ au championnat de France à Briançon, le 30 juin, alors que la contre- pas signé le décret étendant à tout le de l’association avec Lotto jusque e plus tard en 10 position, les Lotto Mais l’Union cycliste internationa- expertise n’avait pas été effectuée. Laurent Roux « s’étonne de la publicité pays les sanctions sportives infligées fin 2004, il a même pris une option e ont signé le 15 temps. En 2003, les le (UCI) lui imposant un maximum entreprise sur cette affaire (…), alors qu’il s’agit d’une présumée positivité à par une de ses régions. S’il ne reste pour continuer son engagement jus- deux équipes espèrent faire mieux, de 25 coureurs, où se recaseront les une substance dont la nature ne pouvait avoir aucune incidence sur ses perfor- que peu de courses à disputer dans qu’en 2006. « Les retours publicitaires er mais ensemble. Leur fusion, le 1 jan- 25 coureurs actuels de la Domo et mances ni sur le déroulement de la course ». les Flandres, la situation n’en risque qu’il a grâce au cyclisme n’ont jamais vier 2003 et pour deux saisons com- les 26 de la Lotto ? « Seuls quatre de « Dès lors, il s’avère que la procédure disciplinaire diligentée est entachée, pas moins de devenir ubuesque. été aussi hauts même s’il y a des plètes, a été annoncée une semaine mes coureurs sont encore sous contrat dès sa mise en œuvre, par de manifestes irrégularités », a ajouté Laurent VDB prévoit son retour lors du Tour aspects négatifs comme le dopage, dit avant le début du Tour de France. pour 2003 et un seul chez Lotto, pro- Roux, qui envisage un recours administratif afin de faire annuler une éven- de la région wallonne Patrick Lefévère. Le cyclisme restera Coéquipiers pendant huit ans au teste Patrick Lefévère. Ce n’est pas tuelle sanction disciplinaire et entend demander, si les « agissements de la (29 juillet-2 août), une épreuve dont dans l’œil du cyclone tant que tous les sein de la Mapei-GB dans les années comme si 50 personnes perdaient leur FFC sont déclarés hors la loi », des dommages et intérêts. le parcours traverse une sorte de autres sports, surtout le tennis et le 1990, Patrick Lefévère (manager boulot. Le désengagement de la « zone-frontière » entre Flandre et football, ne seront pas contrôlé autant général de Domo) et Claude Criquié- Mapei est pour moi beaucoup plus Wallonie. VDB devra alors s’assurer que lui. Le cyclisme n’a jamais été si lion (directeur sportif de Lotto) cher- grave que cette fusion. » aussi le lot de Frank Vandenbroucke la nuit chez lui. Suspendu pour six de rouler du bon côté de la route. propre qu’aujourd’hui, j’en suis con- chaient respectivement un rempla- Chez Domo devaient continuer : (Domo) dit VDB. A Saint-Moritz mois par la Fédération belge (LVB), De possibles suites judiciaires vaincu, même si on y retrouve parfois çant à Farm Frites, spécialiste de la , le Néerlandais (Suisse) où il effectue un stage en Frank Vandenbroucke a fait appel pour VDB n’inquiètent pas le mana- un reflet de la société actuelle avec pomme de terre, et à Adecco, socié- Léon Van Bon et les Belges Sven altitude, il doit follement s’amuser auprès du Tribunal arbitral du sport ger du groupe sportif Domo. des affaires privées », comme celle té de travail temporaire, lorsqu’ils Van Thourenhout et Jurgen Van de l’embrouillamini qui entoure son (TAS) qui, jugeant la LVB incompé- « Frank a un contrat avec nous jus- qui concerne actuellement l’Alle- ont réalisé que l’union fait la force. Goolen – deux néoprofessionnels cas. « C’est une nouvelle blague bel- tente dans cette affaire, a levé la qu’au 30 novembre, dit-il. S’il a un mand Jan Ullrich. La nouvelle structure, baptisée absents du Tour de France. Chez ge », estime Patrick Lefévère. La sanction il y a quelques jours. La problème avec la justice, on verra en Lotto-Domo, disposera d’un budget Lotto, seul le Belge Rik Verbrugghe Domo avait « gelé » le contrat du Domo l’a donc réintégré. Mais jeudi temps utile. Je ne suis peut-être pas Patricia Jolly Jean-Marie Leblanc L’équipe ONCE se pose en rivale la plus sérieuse de l’US Postal écrira à « Cipo » Jean-Marie Leblanc, directeur du CHÂTEAU-THIERRY (Aisne) général. « C’était un rêve pour moi, ce maillot, je qui n’était pas le cas de Laurent Jalabert, individuel au Grand Prix Midi-Libre, en mai, Tour de France, a fait part de sa décep- de notre envoyé spécial remercie toute l’équipe qui me l’a donné. C’est furieux d’avoir dû attendre l’un de ses équi- « on ne peut pas comparer les choses ». tion quant à la retraite anticipée du ONCE en jaune, il ne s’agit pas vraiment une satisfaction personnelle et une récompense piers handicapé par un problème mécanique « Quand il arrive sur le Tour, c’est un surhomme, coureur italien, Mario Cipollini. Selon d’une surprise. Il y a bien longtemps que cette pour l’équipe », a déclaré l’intéressé, qui, à et qui a vu lui échapper un maillot jaune long- un autre coureur. Il est vraiment difficile à bat- lui, il laissera « la marque d’un formi- couleur est associée à l’équipe espagnole. Sauf 30 ans et pour sa deuxième participation au temps à sa portée. tre », a déclaré le coureur espagnol qui, à pro- e dable sprinteur, une star, qui ajoutait sur le Tour de France, où la formation financée Tour (5 en 2001), a endossé pour la première Avec la prise de pouvoir d’Igor Gonzalez de pos de ses chances de conserver son maillot une part de spectacle à ses victoires, un par l’association des aveugles en charge de la fois cette tunique. Aucun Espagnol ne s’était Galdeano, ONCE s’est posée comme la rivale jaune d’ici au contre-la-montre individuel du charisme magnifique ». Interrogé sur loterie nationale espagnole troque traditionnel- paré de jaune depuis Miguel Indurain, en 1995. la plus sérieuse d’US Postal et de Lance Arms- lundi 15 juillet (entre Lanester et Lorient) et e la non-sélection de l’équipe Aqua e lement ses maillots jaunes parés de bandes noi- trong – 3 mercredi 10 juillet au soir, devancé même à l’issue de celui-ci, s’est contenté d’un Sapone, qui a provoqué la décision du res, pour revêtir des maillots roses. Prééminen-     de 7 secondes par le nouveau maillot jaune. « On verra » laconique. « Roi Lion », Jean-Marie Leblanc a ce de la tunique jaune attribuée au leader de la Même si, officiellement, Manolo Saiz s’en Elle l’apparaît d’autant plus qu’elle devait En 2000, ONCE avait également décroché, expliqué qu’« en tant que champion Grande Boucle oblige. défendait, ONCE était donnée comme l’équipe repartir jeudi 11 juillet de Soissons avec sept en début de Tour, le maillot jaune grâce à Lau- Cipollini avait évidemment sa place sur Jeudi 11 juillet, à Soissons, au départ de la favorite de ce qui constituait le premier grand coureurs parmi les dix premiers du classement rent Jalabert à l’issue du contre-la-montre par e la première partie du Tour. Seulement, 5 étape de l’épreuve, un coureur de l’équipe rendez-vous de l’édition 2002 du Tour. Elle n’a général. Dont Joseba Beloki, son autre leader : équipes, puis l’avait perdu deux jours plus tard. e son encadrement au sein de la forma- dirigée par Manolo Saiz devait arborer sans pas failli, devançant de 16 secondes la forma- ce dernier – 3 des deux derniers Tour de Fran- Mardi 9 juillet, Manolo Saiz avait cet épisode tion laissait penser que cette équipe vergogne un tricot doré : Igor Gonzalez de Gal- tion US Postal du triple vainqueur sortant du ce – occupait la deuxième place, avec un écart en mémoire. Mais il avait ajouté : « Là, on vise n’était pas armée pour faire la totalité deano. En s’imposant sur les 68 km du contre- Tour, l’Américain Lance Armstrong, et de de 4 secondes. « Une place sur le podium à le Tour. » La préparation de la saison 2002 de du Tour ». Il a ajouté qu’il écrirait à la-montre par équipes, tracé entre Epernay et 46 secondes la formation danoise CSC-Tiscali, Paris reste l’objectif », a tempéré Igor Gonzalez l’équipe a été conçue dans cette perspective. Mario Cipollini, « pour vider notre Château-Thierry, ONCE avait propulsé ce natif où évolue le Français Laurent Jalabert. «Jene de Galdeano, assurant que s’il avait dominé contentieux, si contentieux il y a ». de Vitoria à la première place du classement suis pas déçu », a assuré Lance Armstrong. Ce Lance Armstrong lors d’un contre-la-montre Philippe Le Cœur AG2r Prévoyance ne remet pas en cause son investissement

CHATEAU-THIERRY (Aisne) dre que Vincent Lavenu broie du de notre envoyé spécial noir et se sente redevable de l’image « Désormais, tout le monde se pour le sponsor ». pose des questions chez AG2r Pré- « Si nous avions un doute, nous voyance et Décathlon. Et vous com- serions amenés à nous poser ce type prenez qu’il y a 40 personnes en de question, a-t-il ajouté. Mais là jeu. » Mercredi 10 juillet, à Eper- non. Nous n’avons jamais été trahis nay, Vincent Lavenu, le directeur par le management de cette équipe. sportif de l’équipe AG2r Prévoyan- Nous considérons qu’il s’agit d’une ce, était très remonté. connerie individuelle qui ne remet Pas tant manifestement d’avoir pas en cause l’équipe et son manage- eu à demander, dans la soirée du ment. Et je pense que Decathlon, qui lundi 8 juillet, à l’un de ses méca- est un partenaire technique, est éga- niciens de quitter le Tour de Fran- lement dans cet état d’esprit. » ce parce qu’il est impliqué dans un trafic de stupéfiants – l’« affai- «   » re Béon », qui sera jugée début « Nous apprécions la célérité de la décembre à Rennes – que décision qui a été prise », a indiqué d’avoir, comme il l’a affirmé, Daniel Baal. Le directeur de l’activi- appris l’existence de cette affaire té cyclisme d’Amaury Sport Organi- par l’intermédiaire de son spon- sation (ASO), société organisatrice sor ce soir-là. du Tour de France, a toutefois esti- « Je ne savais pas, a expliqué Vin- mé que l’« on fait beaucoup de cent Lavenu à propos des démêlés bruit » autour de cette affaire, ainsi judiciaires de son salarié, j’avais que celle de « la présence en début bien remarqué que quelque chose de Tour à Luxembourg d’Hervé Stoï- n’allait pas ces derniers temps. Mais cheff », le médecin du Crédit agrico- chacun peut avoir ses problèmes. le mis en examen dans une autre Nous nous sommes expliqués. Il m’a affaire de trafic de produits inter- dit qu’il n’en avait pas parlé parce dits, instruite à Perpignan et tou- qu’il avait peur d’être licencié et que chant le milieu cycliste amateur. cela rejaillisse sur l’image de l’équi- « M. Stoïcheff n’était là que pour pe. Ma responsabilité était de l’écar- donner des dossiers médicaux. Il ter du Tour pour une question d’ima- n’est pas accrédité sur le Tour »,a ge, mais il ne faut pas faire d’amalga- poursuivi Daniel Baal, considérant  //  me. Je n’ai pas envie de devoir laisser que « tout cela n’est pas important tomber l’équipe. » pour le Tour de France » avant de Aujourd’hui, j’enlève le heaume « Nous ne sommes pas dans une déplorer que l’« on soit toujours phase de réflexion par rapport à dans la même logique : sur le Tour il LE MAILLOT JAUNE allemand, Erik Zabel, se surcroît de son meilleur rouleur, Jan Ullrich, en plein effort du casque profilé dont les vertus notre investissement qui court jusque y a 4 000 personnes et on voudrait doutait bien au départ du contre-la-montre par l’équipe n’a pris que la 12e place au terme des aérodynamiques espérées ont surtout pour effet fin 2003 », a cependant assuré Yvon que, parmi elles, il n’y ait que des équipes à Epernay, mercredi 10 juillet, que sa for- 68 km, avec un débours de 2 min 47 s sur les cou- de gêner sa position de course. Et le soir, c’est sa Breton, le directeur de la communi- gens irréprochables ». mation Telekom ne lui permettrait pas de con- reurs de la ONCE. Les Telekom n’ont pas vu la tunique dorée qui lui était enlevée, sans qu’il ait cation du groupe AG2r Prévoyan- server sa position au terme de l’étape. Privée de vie en rose et Erik Zabel s’est même débarrassé trop d’espoir de la récupérer cette année. ce. Ce dernier a déclaré « compren- Ph. L. C. LE MONDE/VENDREDI 12 JUILLET 2002/23 AUJOURD’HUI sports

ÉPERNAY • CHÂTEAU-THIERRY mercredi 10 juillet 4e étape • 68 km Le Tour de France sert de support c.-l.-m. par équipes à un premier jeu vidéo sur console Il permet de vivre la course dans la peau d’un champion et reproduit la plupart des situations rencontrées par les coureurs lors d’une étape

SI LE FOOTBALL, le tennis ou le plat, Konami a doté les adversaires tables courses d’équipe, alors qu’il basket-ball occupent depuis des d’un esprit très combatif qui obli- s’agit là d’un des aspects essentiels Igny-le-Jard Epernay années une place de choix dans ge à redoubler d’efforts pour ne d’une épreuve comme le Tour. Le Breuil

Condé-en-Brie l’univers vidéo ludique, le cyclisme pas se faire doubler ni bousculer. « Pour cette première version, nous Mont-Saint-Père

La Chaussée Château-Thierry La Cave Crézancy Mareuill-le-Port sur route a lui longtemps brillé par n’avons pas voulu trop compliquer Try

212 m son absence. Pour séduire une    le jeu, explique Ralph Champeau, 125 m 66 m 74 m cible adolescente avide de sensa- Pour donner à ce Tour de Fran- chef de produit chez Konami. 100 m 76 m 98 m 75 m 90 m tions fortes, les éditeurs préfèrent ce un aspect conforme à la réalité Nous avons donc mis l’accent sur 4 R produire des jeux de vélo centrés du monde cycliste, Konami a égale- l’aspect individuel. Mais dans l’ave- sur les vedettes des épreuves de ment ajouté des éléments de ges- nir, je pense que nous pourrons être 5,5 10,516 21,5 3340,5 48 54 58,5 68 km Freestyle comme Matt Hoffman tion du coureur. encore plus réalistes en intégrant les Marne Aisne ou Dave Mirra plutôt que sur les Avant d’espérer gagner la Gran- stratégies d’équipes et des éléments Source : Société du Tour de France Chronométrage intermédiaire R Ravitaillement champions des grandes classiques de Boucle il est ainsi nécessaire de imprévus comme les crevaisons, les cyclistes. Question de générations passer par le mode entraînement crampes et autres avaries qui peu- sans doute. du jeu et d’effectuer quelques cour- vent bouleverser une course.» e     SOISSONS • ROUEN S jeudi 11 juillet 5 étape • 195 km Il existe bien sur PC des jeux de se locales afin de gagner de l’ar- Si le succès est au rendez-vous, a DOPAGE. La Commission anti- gestion (Cycling Manager 2, Euro- dopage du Comité olympique ita- tour Cycling) dans lesquels il faut

lien a renvoyé devant les instances se fondre dans la peau d’un direc- Le cyclisme et le droit du travail

Rouen

12 h 30) ( Soissons disciplinaires de la Fédération ita- teur sportif et mener son équipe La Confédération française des travailleurs chrétiens (CFTC) a annoncé, lienne Gilberto Simoni (Saeco) et au plus au niveau, mais pas de véri- mercredi 10 juillet, qu’elle allait organiser dimanche 14 juillet, au soir de Buchy Formerie Forges-les-Eaux

Grandvilliers Roberto Sgambelluri (Mercatone tables simulations d’épreuves Quincampoix Noyers-sur-Martin l’étape Saint-Martin-de-Landelles-Plouay, un débat sur le droit du travail en Crè vecœur-le-Grand Brunvillers-la-Motte Uno), contrôlés respectivement cyclistes. Grâce à Konami, l’oubli

Gournay-sur-Aronde milieu sportif, et plus spécialement dans le cyclisme. « Les affaires de Berneuil-sur-Aisne Clairoix 220 m

235 m positifs à la cocaïne et à la Nesp, est aujourd’hui réparé. 170 m 209 m dopage qui ont ébranlé le monde cycliste en 1998 ont révélé à quoi pouvaient 190 m 179 m 187 m 134 m 43 m

53 m un dérivé de l’érytropoïétine (EPO) 43 m mener des exigences inconsidérées concernant les résultats. Le cas est sympto- S R S S au printemps. Cette décision est   matique des dérives d’un néolibéralisme économique qui n’hésite pas à détrui- 24 36,5 54,5 74 91 104 117 134 150,5 165 180,5 195 km aussi valable pour Daniele de Paoli La société japonaise vient en re ceux qui collaborent par leur travail à la richesse de l’entreprise », écrit la Aisne Oise Seine-Maritime Source : Société du Tour de France S SprintR Ravitaillement (Alessio) et Alberto Ongarato (De effet de mettre sur le marché le CFTC dans un communiqué. Nardi Montegrappa), trouvés en premier jeu de course avec la licen- « En l’absence d’une présence syndicale forte, régulant les rapports du tra- possession de substances illicites. ce officielle du Tour de France FORGES-LES-EAUX • ALENÇON vendredi 12 juillet 6e étape • 200 km vail, ce genre de conflit se termine le plus souvent devant le conseil des a MAIN VERTE. Plusieurs cou- pour les consoles Playstation 2 et prud’hommes », poursuit le communiqué. Bruno Roussel, ancien directeur reurs, dont l’Australien, Robbie Xbox. Pour ce premier titre, Kona- sportif de l’équipe Festina, Claude Guyot, cycliste amateur et conseiller 4 4 R McEwen (Lotto), vainqueur de mi a choisi de privilégier l’action. Risle prud’homal de la CFTC, et Pascal Boutonnat, secrétaire général-adjoint de la l’étape Metz-Reims, le 9 juillet, se Tour de France plonge ainsi le S CFTC, chargé du sport-spectacle, participeront à ce débat.

Alençon sont plaints d’avoir reçus durant le joueur au cœur du peloton en le sprint final moult gifles de mains mettant au guidon d’un des cou- Auguaise Courtomer Saint-Sulpice-sur- vertes géantes agitées par les spec- reurs des douze équipes disponi- gent pour améliorer sa monture l’éditeur a déjà d’autres projets Menil-Erreux Neaufles-Auvergny

Lyons-la-Forêt 12h20)

Côte-Saint-vigor

( Forges-les Eaux Côte-Saint-Vigor Côte du Val-d'Any Les Andelys tateurs, alimentés en accessoires bles. A lui de suivre les bonnes tra- ou acquérir les aptitudes qui font pour embellir son Tour de France : 271 m 211 m 188 m

90 m publicitaires par la société PMU. jectoires, de s’abriter du vent et de les champions : capacité à descen- possibilité de jouer à plusieurs et 187 m 152 m 136 m 90 m 136 m 125 m Les responsables du Tour de profiter de l’aspiration des autres dre, endurance, etc. en ligne via Internet, intégration S S France ont demandé que ces coureurs pour s’emparer des diffé- C’est bien connu, le Tour de de véritables courses préparatoi- 25,5 47 61 71,5 96,5 121,5133,5145,5 164,5 185 200 km appendices disparaissent du bord rents maillots de leader (jaune, France ne se gagne pas non plus res comme la Vuelta ou Paris-Rou- Seine M. Eure Orne Source : Société du Tour de France 4 Catégorie de colS SprintR Ravitaillement des routes. vert, à pois…). sans une bonne maîtrise de ses baix et pourquoi pas, faire revivre A priori complexe, la prise en efforts ni une gestion intelligente dans les conditions les plus pro- RÉSULTATS ET CLASSEMENTS main de cette simulation s’avère des plages de récupération. Les ches possibles du réel quelques- particulièrement aisée. Un bouton développeurs ont donc intégré unes des plus mythiques étapes du 4  (68 ) pour pédaler, un autre pour se met- tous ces paramètres grâce à un tra- Tour de France. -- (Aus/FDJ), à 3 min 38 s ; 73. Brochard (Fra/DEL), (Ita/ALS), à 8 min 48 s ; 160. Mayo (Esp/EUS), à tre en danseuse, la manette direc- vail en collaboration avec la Socié- ...   à 3 min 40 s ; 74. Aerts (Bel/LOT), à 3 min 41 s ; 8 min 50 s ; 161. Arrizabalaga (Esp/EUS), à tionnelle pour suivre le parcours, té du Tour de France et de l’Asso- Guillaume Fraissard 75. Verbrugghe (Bel/LOT), à 3 min 42 s ; 9 min 3 s ; 162. Laiseka (Esp/EUS), à 9 min 16 s ; voilà les principales fonctions que ciation internationale des groupes (Le Monde interactif) 1. ONCE, les 68 km en 1 h 19 min 76. Bénéteau (Fra/BJR), à 3 min 42 s ; 163. Durand (Fra/FDJ), à 9 min 49 s ; 49 s (moyenne: 50,74 km/h) ; 2. USPostal, à 77. Moreni (Ita/ALS), à 3 min 43 s ; 78. Pineau 164. Knaven (Pbs/DFF), à 10 min ; 165. Flores vous devrez maîtriser une fois lan- sportifs de cyclisme professionnel (Fra/BJR), à 3 min 43 s ; 79. Guerini (Ita/TEL), à e 16 s ; 3. CSC, à 46 s ; 4. Fassa Bortolo, à 1 min (Esp/EUS), à 10 min 9 s ; 166. Tafi (Ita/MAP), à cer sur le bitume. (AIGCP). Le Tour de France, édité par Kona- 30 s ; 5. Cofidis, à 1 min 44 s ; 6. ibanesto.com, 3 min 44 s ; 80. Simon (Fra/BJR), à 3 min 44 s ; 10 min 58 s ; 167. Van Bon (Pbs/DFF), à 11 min Et afin de rompre la monotonie Dommage, toutefois, qu’il ne 81. Frigo (Ita/TAC), à 3 min 44 s ; 82. Freire 5 s ; 168. Radaelli (Ita/TAC), à 11 min 16 s ; mi, sur consoles PS2 et XBOX, 58 à 1 min 56 s ; 7. Domo, à 2 min 12 s ; que peut engendrer une étape de soit pas possible d’élaborer de véri- 8. Rabobank, à 2 min 16 s ; 9. Kelme, à 2 min (Esp/MAP), à 3 min 46 s ; 83. Casar (Fra/FDJ), à 169. Apollonio (Ita/TAC), à 11 min 50 s ; Konami, PS2 et XBOX, 58 et 69 et 69 19 s ; 10. Lampre, à 2 min 22 s ; 11. Crédit 3 min 46 s ; 84. Bodrogi (Hun/MAP), à 3 min 170. Vidal (Esp/KEL), à 12 min 18 s ; 171. Auge Agricole, à 2 min 28 s ; 12. Telekom, à 2 min 51 s ; 85. Vogondy (Fra/FDJ), à 3 min 54 s ; (Fra/DEL), à 12 min 24 s ; 172. Vaughters 47 s ; 13. Bonjour, à 3 min 13 s ; 14. Alessio, à 86. Gotti (Ita/ALS), à 3 min 55 s ; 87. Bolts (Usa/C.A), à 14 min 30 s ; 173. Hinault  (All/TEL), à 3 min 55 s ; 88. Brandt (Bel/LOT), à (Fra/C.A), à 14 min 52 s ; 174. Sandstod 3 min 15 s ; Lotto, à 3 min 32 s ; 16. fdjeux.com, a à 3 min 34 s ; 17. Jean Delatour, à 3 min 43 s ; 3 min 59 s ; 89. Horillo (Esp/MAP), à 3 min (Dan/CST), à 15 min 10 s ; 175. Pinotti ATHLÉTISME : le perchiste fran- 18. Tacconi, à 3 min 45 s ; 19. Mapei, à 3 min 59 s ; 90. Halgand (Fra/DEL), à 4 min ; (Ita/LAM), à 15 min 25 s ; 176. Magnien çais Jean Galfione, qui a passé, mer- 47 s ; 20. Euskaltel, à 4 min 22 s ; 21. AG2r, à 91. Lefèvre (Fra/DEL), à 4 min 2 s ; 92. Robin (Fra/BJR), à 15 min 55 s ; 177. Sanchez credi 10 juillet, une IRM, devait déci- (Fra/FDJ), à 4 min 5s ; 93. Rous (Fra/BJR), à 4 min 24 s. (Esp/EUS), à 17 min 10 s ; 178. Piziks (Let/CST), der, vendredi 12 juillet, de sa partici- 4 min 5 s ; 94. Guesdon (Fra/FDJ), à 4 min 8 s ; à 18 min 9 s ; 179. Langella (Fra/C.A), à 19 min CLASSEMENT GÉNÉRAL 95. Wesemann (All/TEL), à 4 min 8 s ; 23 s ; 180. Gonzalez (Esp/EUS), à 19 min 45 s ; pation aux championnats de France 96. Luttenberger (Aut/TAC), à 4 min 10 s ; 181. U. Etxebarria (Ven/EUS), à 19 min 46 s ; d'athlétisme, qui ont lieu samedi 13 1. Igor Gonzalez Galdeano (Esp/ONC), 14 h 97. Belohvosciks (Let/LAM), à 4 min 14 s ; 182. Bergès (Fra/A2R) à 20 min 50 s ; 183. De 98. Mikhailov (Rus/LOT), à 4 min 15 s ; et dimanche 14 juillet à Saint-Etien- 51min 50 s ; 2. Beloki (Esp/ONC), à 4s ; Groot (PBS/RAB) 21 min 2 s ; 184. Marichal 99. Goubert (Fra/DEL), à 4 min 16 s ; ne, après une rencontre avec le pro- 3. Armstrong (Usa/USP), à 7 s ; 4. Jaksche (Bel/LOT), à 22 min 10 s ; 185. Dekker 100. Ivanov (Mol/ALS), à 4 min 17 s ; (All/ONC), à 12 s ; 5. Olano (Esp/ONC), à 22 s ; (Pbs/RAB), à 22 min 15 s ; 186. Pagliarini fesseur Pierre Saillant avec lequel il 6. Heras (Esp/USP), à 25 s ; 7. Nozal (Esp/ONC), 101. Baguet (Bel/LOT), à 4 min 20 s ; 102. Aldag évoquera une possible opération à 27 s ; 8. Azevedo (Por/ONC), à 28 s ; (All/TEL), à 4 min 21 s ; 103. Martinez 9. Hincapie (Usa/USP), à 28 s ; 10. Serrano (Fra/MAP), à 4 min 23 s ; 104. Pozzi (Ita/FAS), à aux tendons des deux pieds qui le (Esp/ONC), à 30 s ; 11. Landis (Usa/USP), à 4 min 26 s ; 105. Dessel (Fra/DEL), à 4 min 30 s ; Les vainqueurs font souffrir. Galfione ne participera 32 s ; 12. A. Gonzalez Galdeano (Esp/ONC), à 106. Trampusch (Aut/MAP), à 4 min 30 s ; pas aux championnats d'Europe de 32 s ; 13. Rubiera (Esp/USP), à 35 s ; 14. Ekimov 107. Nazon (Fra/BJR), à 4 min 39 s ; de l’étape (Rus/USP), à 35 s ; 15. Jalabert (Fra/CST), à37 s ; 108. Zubeldia (Esp/EUS), à 4 min 41 s ; Munich (6-11 août). 16. Hamilton (Usa/CST), à 53 s ; 17. Peron 109. Vierhouten (Pbs/LOT), à 4 min 42 s ; Voici la composition de l’équipe a BASKET-BALL : le président de (Ita/CST), à 53 s ; 18. Padrnos (Tch/USP), à 55 s ; 110. Donati (Ita/TAC),à 4 min 45 s ; espagnole ONCE-Eroski, dirigée l’Olympique de Marseille, Christo- 19. Sastre (Esp/CST), à 1 min ; 20. Joachim 111. Edaleine (Fra/DEL), à 4 min 47 s ; phe Bouchet, a confirmé, mercredi (Lux/USP), à 1 min 9 s ; 21. Sorensen (Dan/CST), 112. Turpin (Fra/A2R), à 4 min 50 s ; par Manolo Saiz, qui a emporté le à 1 min 9 s ; 22. Honchar (Ukr/FAS), à 1 min 113. Chaurreau (Esp/A2R), à 4 min 51 s ; contre-la-montre par équipes : 10 juillet, au quotidien L’Equipe, qu’il 36 s ; 23. Millar (Gbr/COF), à 1 min 40 s ; 114. Oriol (Fra/A2R), à 4 min 52 s ; 115. Bernard b Joseba Beloki (Esp), 28 ans étudiait un dossier de reprise de 24. Basso (Ita/FAS), à 1 min 41 s ; 25. Gustov (Fra/DEL), à 4 min 53 s ; 116. Pena (Col/USP), à l’équipe de Montpellier (Pro A) qui 5 min 3 s ; 117. D. Etxebarria (Esp/EUS), à 5 min (7 victoires). (Ukr/FAS), à 1 min 52 s ; 01:52 ; 26. Moncoutié b (Fra/COF), à 1 min 52 s ; 27. Ivanov (Rus/FAS) à 4 s ; 118. Loder (Fra/A2R), à 5 min 5 s ; José Azevedo (Por), 28 ans pourrait devenir l’OM Basket 13. 1 min 58 s ; 28. Mancebo (Esp/BAN), à 2 min 119. Brognara (Ita/ALS), à 5 min 5 s ; (35 victoires). a FOOTBALL : Vincent Candela, 1 s ; 29. Belli (Ita/FAS), à 2 min 2 s ; 30. Lelli 120. Flickinger (Fra/A2R), à 5 min 9 s ; b Alvaro Gonzalez de Galdeano international français et défenseur (Ita/COF), à 2 min 4 s ; 31. Kivilev (Kzk/COF), à 121. Botcharov (Rus/A2R), à 5 min 15 s ; de l’AS Rome, est revenu lors d’un 2 min 9 s ; 32. Bertogliati (Sui/LAM), à 2 min 122. Kirsipuu (Est/A2R), à 5 min 19 s ; 123. Van (Esp), 32 ans (7 victoires). b 10 s ; 33. Botero (Col/KEL), à 2 min 14 s ; Hyfte (Bel/CST), à 5 min 22 s ; 124. Piil Igor Gonzalez de Galdeano entretien publié, mercredi 10 juillet, 34. Velo (Ita/FAS), à 2 min 15 s ; 35. Rumsas (Dan/CST), à 5 min 30 s ; 125. Zaballa (Esp/KEL), (Esp), 30 ans (12 victoires). par L’Equipe sur l’élimination au pre- (Lit/LAM), à 2 min 16 s ; 36. Mattan (Bel/COF), à à 6 min 3 s ; 126. Moreau (Fra/C.A), à 6 min b mier tour de l’équipe de France. 2 min 19 s ; 37. Vasseur (Fra/COF), à 2 min 19 ; 3 s ; 127. Garcia-Acosta (Esp/BAN), à 6 min 8 s ; Jorg Jaksche (All), 25 ans 38. Virenque (Fra/DFF), à 2 min ; 39. Zabel 128. Tauler (Esp/KEL), à 6 min 8s ; (1 victoire). « Les gens voudraient absolument con- (All/TEL), à 2 min 21 s ; 40. Latasa (Esp/BAN), à 129. Rodriguez (USA/DFF), à 6 min 40 s ; b Isidro Nozal (Esp), 24 ans naître LA réponse pour laquelle on n’a 2 min 22 s ; 41. Leipheimer (USA/RAB), à 2 min 130. Casagrande (Ita/ALS), à 6 min 46 s ; (1 victoire). pas été bons, dit-il. C’est pleins de peti- 23 s ; 42. Baranowski (Pol/BAN), à 2 min 24 s ; 131. Fagnini (Ita/TEL), à 6 min 46 s ; b tes contrariétés qui s’additionnent, 43. Atienza (Esp/COF), à 2 min 26 s ; 132. Dierckxsens (Bel/LAM), à 6 min 53 s ; Abraham Olano (Esp), 32 ans 44. Menchov (Rus/BAN), à 2 min 28 s ; 45. 133. Voigt (All/C.A), à 6 min 57 s ; 134. Svorada (46 victoires). c’est tout, mais rien de spectaculai- Zberg (Sui/RAB), à 2 min 28 s ; 46. Konecny (Tch/LAM), à 7 min ; 135. Chavanel (Fra/BJR), à b Mikel Pradera (Esp), 27 ans (pas re. » Il reconnaît toutefois que l’ab- (Tch/DFF), à 2 min 30 s ; 47. Merckx (Bel/DFF), à 7 min 4 s ; 136. Morin (Fra/C.A), à 7 min 6 s ; sence de Zinedine Zidane, lors des 2 min 31 s ; 48. Rodriguez (Esp/BAN), à 2 min 137. Cabello (Esp/KEL), à 7 min 11 s ; de victoire). b 31 s ; 49. Gutierrez (Esp/KEL), à 2 min 33 s ; 138. Bruseghin (Ita/BAN), à 7 min 13 s ; Marcos Serrano (Esp), 29 ans deux premières rencontres, représen- 50. Boogerd (Pbs/RAB), à 2 min 33 s ; 51. Cuesta 139. Kroon (Pbs/RAB), à 7 min 16 s ; (5 victoires). te « presque 50 % de l’échec ». (Esp/COF), à 2 min 35 s ; 52. O’Grady (Aus/C.A), 140. Cortinovis (Ita/LAM), à 7 min 19 s ; a Le milieu de terrain internatio- à 2 min 38 s ; 53. Fernandez (Esp/COF), à 2 min 141. Bessy (Fra/C.A), à 7 min 25 s ; 142. Baldato 40 s ; 54. Osa (Esp/BAN), à 2 min 41 s ; (Ita/FAS), à 7 min 29 s ; 143. Pradera (Esp/ONC), nale, Alain Boghossian, 31 ans, 55. Sevilla (Esp/KEL), à 2 min 43 s ; 56. Blanco à 7 min 30 s ; 144. Bortolami (Ita/TAC), à 7 min (Bré/LAM), à 24 min 3 s ; 187. De Waele dont le contrat avec l'équipe italien- (Esp/BAN), à 2 min 45 s ; 57. Wadecki (Pol/DFF), 31 s ; 145. De Clercq (Bel/LOT), à 7 min 37 s ; (Bel/MAP), à 24 min 24 s ; 188. Steels ne de Parme venait à terme, jouera (Bel/MAP), à 24 min 28 s ; 189. Hushovd à 2 min 47 s ; 58. Niermann (All/RAB), à 2 min 146. Gomez (Esp/KEL), à 7 min 42 s ; pendant les deux prochaines saisons 47 s ; 59. Perez (Esp/KEL), à 2 min 51 s ; 147. Serpellini (Ita/LAM), à 7 min 54 s ; (Nor/C.A), à 33 min 46 s ; 60. Cassani (Ita/DFF), à 2 min 56 s ; 61. Wauters 148. Loda (Ita/FAS), à 7 min 56 s ; 149. Engels Classement par points à l'Espanyol Barcelone. (Bel/RAB), à 2 min 58 s ; 62. Bruylandts (Pbs/RAB), à 7 min 57 s ; 150. Hvastija 1. Erik Zabel (All/TEL), 96 pts ; 2. McEwen a LOTO : résultats des tirages (Bel/DFF), à 2 min 59 s ; 63. Hondo (All/TEL), à (Slo/ALS), à 8 min 7 s ; 151. Mengin (Fra/FDJ), à (Aus/LOT), 91; 3. Freire (Esp/MAP), 71; no 55 effectués mercredi 10 juillet . 8 min 8 s ; 152. Hunter (Afs/MAP), à 8 min 3 min 3 s ; 64. McEwen (Aus/LOT), à 3 min 4. O’Grady (Aus/C.A), 56 ; 5. Cooke (Aus/FDJ), Premier tirage : 7, 8, 11, 22, 26, 38 ; 14 s ; 65. Julich (Usa/TEL), à 3 min 16 s ; 19 s ; 153. Bossoni (Ita/TAC), à 8 min 20 ; 55, etc. 66. Livingston (USA/TEL), à 3 min 17 s ; 154. Agnolutto (Fra/A2R), à 8 min 30 s ; complémentaire : 37. Pas de 67. Renier (Fra/BJR), à 3 min 28 s ; 68. Dufaux 155. Seigneur (Fra/DEL), à 8 min 30 s ; 156. Classement de la montagne gagnants pour 6 numéros. Rapports 1. Christophe Mengin (Fra/FDJ), 29 pts; (Sui/ALS), à 3 min 28 s ; 69. Bouyer (Fra/BJR), à Mazzoleni (Ita/TAC), à 8 min 34 s ; 157. Casper pour 5 numéros et le complémentai- 3 min 30 s ; 70. Shefer (Kzk/ALS), à 3 min 37 s ; (Fra/FDJ), à 8 min 37 s ; 158. Hauptman 2. Berges (Fra/A2R), 26 ; 3. Dierckxsens (Bel/LAM), 15 ; 4. Halgand (Fra/DEL), 9; 71. Cooke (Aus/FDJ), à 3 min 37 s ; 72. McGee (Slo/TAC), à 8 min 37 s ; 159. Casarotto re : 81 931,40 ¤ ; 5 numéros : 5. Chavanel (Fra/BJR), 6, etc. 564,40 ¤ ; 4 numéros et complémen- Classement par équipes taire : 27,80 ¤ ; 4 numéros : 13,90 ¤ ; 1. ONCE, 44 h 35 min 46 s ; 2. USPostal, à 42 s ; Le maillot jaune 3. CSC-Tiscali, à 2 min 9 s ; 4. Fassa Bortolo, à 3 numéros et complémentaire : b Igor Gonzalez de Galdeano contre-la-montre 2002 ; Tour 4 min 53 s ; 5. Cofidis, à 5 min 6 s ; 3,20¤ ; 3 numéros : 1,60 ¤. Second (Espagne). d’Allemagne (2002); 3 étapes 6. iBanesto.com, à 6 min 16 s ; 7. Kelme, à tirage : 2, 8, 10, 16, 34, 40 ; numéro b er 6 min 53 s ; 8. Domo-Farm Frites, à 7 min 6 s ; 30 ans, né le 1 novembre du Tour d’Espagne ; 1 étape 9. Rabobank, à 7 min 7 s ; 10. Lampre, à 7 min complémentaire : 15. 6 numéros : 1971 à Vitoria (Esp). de Tirreno-Adriatico ; 1 étape du 11 s ; 11. Telekom, à 8 min 58 s ; 12. Alessio, à 1 889 153 ¤ ; 5 numéros et complé- b 1,85 m, 77 kg. Tour des Asturies; 1 étape 10 min 26s ; 13. Bonjour, à 10 min 35 s ; mentaire : 13 111,70 ¤ ; 5 numéros : b 14. FdJeux.com, à 10 min 53 s ; Professionnel depuis 1995. du Tour des Vallées minières. 15. Lotto-Addecco, à 11 min 1 s ; 16. Jean 722,50 ¤ ; 4 numéros et complémen- b Palmarès : 12 victoires dont le b Classement UCI (fin 2001) : Delatour, à 11 min 26 s ; 17. Mapei, à 11 min taire : 36,20 ¤ ; 4 numéros : 18,10 ¤ ; e 40 ; 18. Tacconi Sport, à 11 min 55 s ; 19. AG2R 3 numéros et complémentaire : 4 ¤ ; championnat d’Espagne 83 . Prévoyance, à 14 min 9 s ; 20. Crédit Agricole, à 15 min 32 s ; 21. Euskaltel 17:54. 3 numéros : 2 ¤. 24/LE MONDE/VENDREDI 12 JUILLET 2002 AUJOURD’HUI sciences

Au Tchad, les restes d’un crâne bouleversent les origines de l’humanité

Vieux de sept millions d’années, Toumaï, arraché au désert du Djourab par une équipe franco-tchadienne, serait le plus ancien fossile préhumain. Avec cette découverte, les paléo-anthropologues vont devoir s’interroger sur la théorie qui plaçait le berceau de l’homme en Afrique de l’Est

N’DJAMENA (Tchad) mettent de considérer Toumaï com- de notre envoyé spécial LES GISEMENTS D'HOMINIDÉS DU TCHAD me proche du dernier ancêtre com- A tout seigneur, tout honneur. TOROS-MENALLA (Toumaï) mun aux chimpanzés et aux humains, C’est en présence du président mais aussi comme l’ancêtre des homi- tchadien Idriss Déby, que le plus nidés plus récents », explique Michel ancien hominidé connu – six à Ont été découverts sur Brunet. sept millions d’années, deux fois le site de Toros-Menalla Pour appuyer sa démonstration, il le crâne ci-contre, plus vieux que la célèbre Lucy – a trace trois branches, celle qui mène deux fragments de mâchoire fait sa première apparition publi- et trois dents isolées. aux gorilles actuels, aux chimpan- que, mercredi 10 juillet à N’Djame- zés, et aux divers « homos ». Si, sous na (Tchad). Une grande foule pour Vue de profil Vue de face certains angles, les crêtes qui ornent un petit crâne bosselé, modeste Ancien bassin du lac Tchad le crâne peuvent rappeler le gorille, puzzle tenu en place par sa gangue G A R ce n’est pas sur cette branche que se O G Extension maximale de grès. Le fossile fait déjà la fierté H du lac Tchad à l'Holocène tient son protégé. Et même si le volu- d’un pays qui a longtemps défrayé me du crâne (350 centimètres cubes Après la mise au jour en la chronique, plus pour les conflits TTIBESTII B E S T I environ) laisse supposer un individu dont il était le théâtre que pour ses 1995, sur le site de Koro-Toro, ayant la stature d’un chimpanzé d'Abel, premier hominidé trésors paléontologiques. actuel, il ne le voit pas non plus sur AIR (australopithèque) d'Afrique « Le Tchad, berceau de l’humani- Faya de l'Ouest, une équipe franco- Hominidés de l’Est, hominidés de l’Ouest ce rameau-là. En revanche, ses peti- té ? », s’interrogent des affiches pla- DjourabDjourab tchadienne a découvert à L’homme moderne, Homo sapiens, apparaît comme le dernier représen- tes canines usées par la pointe, mais cardées dans la capitale. La question Toros-Menalla en juillet 2001, tant d’un foisonnement d’espèces africaines, dont les Australopithèques aussi sa face haute et peu progna- risque de tarauder bon nombre de KORO-TOROKORO TORO les restes d'un second fossile, the, l’absence d’espace entre les (Abel)(Abel fournissent la branche la plus riche. L’essentiel de ces hominidés, dont le paléontologues qui, il y a quelques baptisé Toumaï. Ce très vieil plus célèbre spécimen est Lucy (3,1 millions d’années), exhumée en 1974 par dents le rangent « sans ambiguïté » années encore, n’auraient pas parié N'DjanemaN'Djanem être serait le plus ancien Yves Coppens, Donald Johanson et Maurice Taïeb, ont été découverts en Afri- dans le rameau humain. Et son représentant connu une mandibule sur les chances de TCHAD que de l’Est, une région longtemps considérée comme le berceau de l’huma- épais bourrelet sus-orbitaire le dési- retrouver dans cette zone d’Afrique de la lignée humaine. Il ne gne comme un mâle. Etait-il bipè- ressemble, ni à un chimpanzé nité. D’autres lignées plus ou moins anciennes ont été également arrachées un fossile présentant le moindre ni à un gorille, ni à aucun des aux sédiments dans cette région. Mais, en 1995, la découverte à 2 500 km de de ? Un crâne seul ne permet pas de intérêt pour l’histoire de l’humanité. hominidés fossiles récents là, en plein désert tchadien, d’Abel, un australopithèque de 3,3 millions d’an- trancher, mais sa base présente plu- Michel Brunet (université de Poi- décrits à ce jour. La faune qui nées, a conduit les paléo-anthropologues à s’interroger sur la pertinence de sieurs caractères proches de ceux tiers-CNRS), directeur de la mission lui est associée serait vieille d’hominidés clairement bipèdes, 300 km cette « East Side Story ». La mise au jour, en 2001 au Tchad, d’un crâne vieux paléo-anthropologique franco-tcha- de 7 millions d'années. de six à sept millions d’années ne va pas simplifier les choses. remarque le paléontologue. dienne, qui réunit des chercheurs Source : Nature, vol. 418, 11 juillet 2002 Ces caractères primitifs en des universités de Poitiers et de feraient-ils un ancêtre direct plus N’Djamena et du Centre national pièce décisive à l’appui de la thèse l’Afghanistan prouvait d’expérience ce qu’un australopithèque aussi langue goran, parlée dans le Djou- probable que les australopithèques, d’appui à la recherche (CNAR) tcha- de l’origine africaine de l’humanité. qu’il fallait trouver un environne- ancien ait pu se trouver aussi loin à rab, est exceptionnel. Le crâne, les qui ont longtemps tenu la corde, et dien, n’est pas mécontent de les Michel Brunet mesure la portée ment géologiquement, mais aussi l’ouest. deux fragments de mâchoire infé- sont à mi-chemin, au moins chrono- détromper. de cette trouvaille. Mais, avant d’en- politiquement favorable. Le Tchad La théorie dominante veut en rieure, et les trois dents isolées qui logiquement, entre lui et Homo trer dans ses détails et ses implica- répondait à la première condition : effet que nos premiers ancêtres le composent, étaient associés à sapiens ? « C’est une question impor- «    » tions, il aime narrer le long chemine- Yves Coppens y avait déterré dans soient apparus dans un environne- une faune extrêmement variée : tante, je n’ai pas la réponse », lâche Sahelanthropus tchadensis, décou- ment qui l’a conduit au Tchad, alors les années 1960 un crâne érodé pro- ment de savane, qui les aurait forcés des vertébrés aquatiques et amphi- Michel Brunet, sibyllin. Toumaï vert le 19 juillet 2001 dans le désert que la « fièvre de l’os » menait la plu- metteur, finalement plus jeune à se redresser pour faire face aux bies, des espèces liées à la forêt pourrait être à son sens l’ancêtre du Djourab, une étendue brûlante part de ses confrères plus de qu’espéré. Mais pas à la seconde, le prédateurs. Et l’Est africain avait galerie, mais aussi à la savane arbo- d’Ardipithecus (4,4 à 5,8 millions érodée par le vent, à trois jours de 2.500 km plus à l’est, en Ethiopie, au conflit avec les forces libyennes au connu un tel changement d’environ- rée et à la prairie à graminées. d’années), mais il est très éloigné piste au nord de N’Djamena, dont il Kenya et dans toute l’Afrique orien- nord du 16e parallèle barrant l’accès nement, avec l’élévation du rift, qui, Patrick Vignaud (CNRS-universi- d’Orrorin (6 millions d’années), publie avec ses collègues la premiè- tale, terre riche en fossiles. «Le aux zones les plus anciennes. il y a six ou huit millions d’années, té de Poitiers), qui a dirigé l’analyse autre prétendant au titre d’ancêtre re description dans la revue Nature, point de départ, c’est l’Asie, en 1976, l’avait coupé du reste de l’Afrique. de cet environnement, estime que originel. est bien une découverte de premiè- avec le ramapithèque, considéré à   Cette « East Side Story », formulée Toumaï devait vivre près d’un lac « Nous n’en sommes qu’au début re grandeur. « Elle fera l’effet d’une l’époque comme notre ancêtre »,se Ce fut donc le Cameroun. « Mais en 1982 par Yves Coppens, semblait mais aussi aux portes du désert. de cette histoire », prédit-il, livrant bombe nucléaire dans le milieu de la souvient-il. nous n’avons pas trouvé ce que nous jusqu’alors satisfaisante. Mais cette « Déterminer son habitat précis par- la leçon de son aventure : « L’absen- paléoanthropologie », assure Dan Las, après plusieurs saisons en cherchions, c’est-à-dire des singes. » théorie, que le fragment de mâchoi- mi cette mosaïque est un défi qui ce de preuve n’est pas la preuve de Lieberman (Harvard University). Afghanistan puis au Pakistan, il faut Cet échec se doublera d’un drame, re d’Abel avait déjà bousculée, demandera des études de terrain et l’absence. » Son article dans Nature Bernard Wood (Washington Univer- se rendre à l’évidence : le ramapithè- avec la mort en mission, de son ami devait l’être autant les années sui- de laboratoire supplémentaires », se conclut d’ailleurs par la promes- sity) n’hésite pas à la placer au que n’est qu’un vulgaire pré-orang- Abel Brillanceau en 1989. La « tra- vantes par les découvertes d’homini- reconnaît-il. Il est en revanche for- se de prochaines « surprises ». même niveau que celle du crâne de outan. « Avec mon ami David Pil- versée du désert », comme il le dit lui- dés bipèdes ayant vécu dans des mel sur les datations. Cette faune, Mais, pour l’heure, il se garde Taung, en 1924, en Afrique du Sud, beam, notre mot d’ordre a alors été : même, ne s’achèvera qu’en 1993, environnements arborés, comme comparée à des animaux similaires d’avancer des hypothèses trop lorsque Raymond Dart apporta une Go west. » Mais où ? L’invasion de avec l’obtention d’un permis de Orrorin (6 millions d’années), trou- trouvés dans d’autres sites africains audacieuses et savoure les faits, qui fouille au Tchad, au nord du vé au Kenya en 2001 par l’équipe de dont l’âge est précisément connu, ont récompensé son intuition. «Le      16e parallèle. La première mission a Monique Senut et Martin Pickford. permet de faire remonter Toumaï à Sahel comme le Kenya et l’Ethiopie … lieu en 1994, et en 1995, son équipe Sahelanthropus vient probable- plus de six millions d’années. Mais sont des régions où se sont écrites les décrit, déjà dans Nature, Australopi- ment de lui porter le coup de grâce. tout autant que leur ancienneté, premières pages de l’humanité, résu- Titulaire de la chaire de paléontolo- me en Australie et à Madagascar. thecus bahrelghazali, surnommé Mais ce n’est pas le seul chapitre c’est la forme de ces ossements qui me-t-il. Nous avons simplement 1 gie au Collège de France, vous cosi- L’Afrique de l’Est a connu un assè- Abel. Vieux de 3 à 3,5 millions d’an- des manuels qu’il va conduire à chamboule notre arbre généalogi- agrandi son berceau. » gnez l’article décrivant le nouveau fos- chement vers 6 millions d’années nées, Abel fait aussitôt l’effet d’une réviser. Cet hominidé, baptisé Tou- que. Ils présentent « un ensemble de sile tchadien. Quelle est la portée de et on a assisté à un isolement dit bombe : personne ne s’attendait à maï, qui signifie « Espoir de vie » en caractères primitifs et dérivés qui per- Hervé Morin cette découverte ? péripatrique : les êtres qui vivaient C’est un joli petit crâne de sept là ont été séparés de leur patrie par millions d’années. Les avis diver- une coupure géologique. Michel Brunet : « On ne ramasse pas des fossiles comme des coquillages » gent sur son origine. Pour Michel Brunet, qui dirige l’équipe qui l’a Comment expliquer dans ce cas découvert, ce serait un pré-humain, 3 la présence d’un fossile aussi N’DJAMENA (Tchad) ré pour distinguer le fragment de canine ou le paléontologues travaillent de concert pour con- pour d’autres, il s’agirait plutôt ancien à l’Ouest ? de notre envoyé spécial bout d’ossement qui fera la différence. naître l’environnement et le dater. Dans le cas du d’un pré-grand singe. Pour d’autres C’est effectivement une surprise. Le déclic qui conduit à la découverte décisive est Le meilleur à ce jeu d’observation est sans con- désert du Djourab, cette façon de procéder est encore, on se trouve en face de quel- Mon collègue David Pilbeam avait difficile à distinguer. A chaque fois pourtant, les teste Ahounta Djimdoumalbaye, licencié ès scien- capitale, car l’absence en surface de cendres volca- que chose apparu avant. J’ai plutôt affiché sur la porte de son bureau grandes avancées scientifiques suscitent un récit ces naturelles de l’université de N’Djamena, qui a niques interdit toute datation absolue, par mesu- tendance à suivre Brunet. Mais la devise « Always expect the unex- originel. Dans le cas de Toumaï, outre la persévé- trouvé la moitié des restes du nouvel hominidé. Il re de l’argon par exemple. La datation ne peut c’est une question difficile : on se pected » : un scientifique doit être rance et la chance, la quête de solitude fut peut- est vrai que les fragments étaient pour lui « assez donc être que relative, fondée sur la comparaison trouve à la fourche qui sépare les capable d’attendre ce qui est inat- être déterminante. « En 1997, nous avions monté grossiers » : il est en effet spécialisé dans la récolte de la faune associée au fossile – dans ce cas, humains des singes, c’est fascinant. tendu. Il faut savoir changer son fos- une grosse expédition, se souvient Michel Brunet. de dents de rongeurs, qui font souvent moins 700 restes appartenant à 42 espèces dont 24 de sile d’épaule. Nous sommes face à Mais en milieu extrême, lorsque la cohabitation avec d’un millimètre de long… « On ne ramasse pas les mammifères primitifs –, avec des animaux appar- La découverte de ce fossile ne trois hypothèses. Ou bien il s’agit vos collègues petits singes bipèdes dure longtemps, fossiles comme les coquillages », prévient cepen- tenant à des niveaux géologiques datés par radio- 2 remet-elle pas en cause votre d’un pré-grand singe et, dans ce vous finissez par rêver d’un peu de quiétude. » C’est dant Michel Brunet. chronologie. « Les cochons, par exemple, ont le théorie de l’«East Side Story », cas, tout est en ordre. Ou bien il cette soif de tranquillité qui l’a conduit, avec une même degré évolutif que ceux du Kenya, datés entre selon laquelle les premiers s’agit d’un hominidé qui a passé la équipe réduite au minimum, sur un nouveau site    6,4 et 7,5 millions d’années », explique Patrick humains, capables de marcher barrière, et il faut envisager un 150 km plus à l’ouest de celui qui avait livré en L’équipe ne cherche pas au hasard : les images Vignaud, qui a dirigé l’étude de cette faune. La debout, seraient apparus dans l’Est déploiement des préhumains dans 1995 les restes de l’australopithèque Abel. prises par satellite permettent de distinguer les méthode a fait ses preuve, assure Michel Brunet : africain en raison d’un changement la savane qui fait auréole autour de Le secteur de Toros-Menalla allait se montrer zones potentiellement fertiles, mais les informa- « Le chronomètre, c’est l’évolution », résume-t-il. d’environnement ? la forêt. Ou bien on est dans la pha- particulièrement riche. Il comporte en effet plus tions fournies par les militaires, les hydrogéolo- L’étude du fossile lui-même implique d’autres Cela peut vouloir dire mille cho- se qui précède la fourche entre de 300 sites à vertébrés fossiles répertoriés. « C’est gues et les écrits des religieux qui, voyageant à expéditions : il faut se rendre dans les musées et ses. Notamment que l’« East Side homme et singe. une zone d’une platitude désolante, rompue seule- pied, ont parfois consigné les observations qu’ils collections qui recèlent les divers hominidés et les Story » n’existe pas. La réalité de Nous avons mis de jeunes cher- ment par des dunes de sable qui voguent au gré des avaient faites chemin faisant, sont tout aussi pré- comparer un à un. Les bonnes relations avec le l’isolement de l’Afrique orientale, cheurs sur l’étude de l’endémisme vents. » Ceux-ci érodent puissamment le sol de cieuses. L’équipe ne cherche pas non plus n’im- reste de la communauté sont dans cette phase sous l’action du soulèvement du ou non des animaux supérieurs grès, vestige des sédiments du « paléolac Tchad », porte où : au nord du 16e parallèle, ancienne essentielles, car le propre du paléontologue est rift, est incontestable. La spéciation, dans cette zone, pour voir dans aujourd’hui bien moins étendu. En l’espace d’un zone de combats, les champs de mines ne sont d’être très jaloux de ses protégés. De cette pros- c’est-à-dire la formation d’une espè- quelle mesure la barrière a été étan- an, 3 centimètres d’épaisseur peuvent être empor- pas rares, et le déplacement incessant des dunes pection-là, qui l’a conduit du Kenya à l’Ethiopie, ce nouvelle, est souvent due à un che. Mais la conclusion est déjà tés par l’action éolienne, qui découvre, providen- rend leur localisation délicate. Le soutien logisti- mais aussi en Arizona et en Californie, Michel Bru- isolat : les êtres ont un moindre qu’il s’agit d’une très belle décou- ce des chercheurs d’os, les fossiles emprisonnés. que de l’armée française, présente sur place net est revenu avec la conviction que Toumaï choix d’alliance que ceux restés à verte, que ce fossile soit de gauche « Le vent est autant notre allié que notre ennemi », notamment à travers le plan Epervier, a été à cet était bien unique, appartenant à un genre et une l’extérieur, une divergence appa- ou de droite. explique Michel Brunet, qui raconte que, pour se égard précieux. espèce jamais décrits. raît, qui peut atteindre le niveau protéger de ses attaques incessantes, il utilise un… Une fois à pied d’œuvre, la récolte est méthodi- spécifique ou sub-spécifique, com- Propos recueillis par H. M. masque de ski. Ainsi équipé, il faut avoir l’œil acé- que : sédimentologues, géologues, techniciens et H. M.

LES PLUS VIEUX AUSTRALOPITHECUS AUSTRALOPITHECUS AUSTRALOPITHECUS AUSTRALOPITHECUS AUSTRALOPITHECUS ORRORIN KENYANTHROPUS ARDIPITHECUS HOMNIDÉS ANAMENSIS AFARENSIS BAHRELGHAZALI AFRICANUS GARHI TUGENENSIS PLATYOPS RAMIDUS

Age (en millions d'années) 4,2 à 3,6 4,1 à 2,9 3,5 à 3 3,5 à 2,5 2,6 6 3,5 à 3 4,5

Pays/sites KENYA ÉTHIOPIE TCHAD AFR. DU SUD ÉTHIOPIE KENYA KENYA ÉTHIOPIE Kanapoi, Allia Bay, Hadar (Lucie), Maka, Koro-Toro Enfant de Taung , Bouri-Hata Tugen/Kapsomin Lomekwi Aramis TANZANIE Fejej, Omo KENYA (Abel) Sterkfontein, fossiles Laetoli ? Chemeron TANZANIE Gladysvale, Makapansgat australopithèques Laetoli (traces autres fossiles de pas)

Habitat arboré et savane humide arboré humide arboré humide savane arborée humide savane arborée humide arboré + ou - fermé savane + ou - ouverte savane arborée humide Taille /Poids + 1,40m / 50kg + 1,10-1,35m / 30-45kg ? / ? 1,15-1,30m / 30-40kg + 1,40m / 50kg + 1,20m / ? ?/? env. 1,10m / ?

Source : Aux origines de l'humanité, Fayard

Ibadan S

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N'Djanemaa

(Abel))

- KORO-TORO

Lac Tchad TIBESTI LE MONDE/VENDREDI 12 JUILLET 2002/25 AUJOURD’HUI sciences Changements de perspectives Découverte d’une souche dans la lutte contre le virus du sida de staphylocoque doré résistante à la vancomycine Conscients des effets secondaires de certaines thérapies, les spécialistes du VIH se sont interrogés à Barcelone sur le meilleur moment de débuter un traitement antiviral Une mauvaise nouvelle pour la santé publique

BARCELONE VIH les lymphocytes T CD4 + garantit 12 juillet dans la revue britannique critère de la charge virale est cepen- C’EST l’information que les lée in extremis. Le patient a aussitôt de notre envoyé spécial une persistance à vie du virus et rend The Lancet examine l’évolution vers dant de moins en moins retenu microbiologistes du monde entier été placé en quarantaine afin de ne A défaut de grandes nouveautés la maladie intrinsèquement incurable le sida et les décès en fonction du dans la décision de démarrer pour la redoutaient d’apprendre. Une sou- pas contaminer les personnes hos- dans les médicaments anti-VIH, les par les seuls traitements antirétrovi- taux sanguin de CD4 et d’autres première fois un traitement anti- che de staphylocoque doré, Staphy- pitalisées et les membres du person- modalités de traitement des person- raux. » paramètres comme l’âge, le mode VIH. En revanche, le nombre des lococcus aureus, totalement résis- nel soignant. nes infectées par le virus du sida évo- Malgré cet obstacle à l’éradiction d’infection, etc. lymphocytes spécialisés CD4 l’est tante à la vancomycine – l’un des luent sensiblement. La quatorzième du VIH, il est avéré qu’un traitement La probabilité de progresser jus- lui de plus en plus, comme sont rete- derniers antibiotiques jusqu’ici effi-  ’ Conférence internationale sur le antirétroviral bien conduit permet qu’au stade sida ou de décéder au nues aussi les éventuelles manifesta- caces contre cette bactérie respon- « C’est une information alarmante sida (7-12 juillet à Barcelone) confir- de restaurer des fonctions immuni- bout de trois ans de traitement allait tions cliniques de la maladie, pour sable de fréquentes et graves infec- et qui doit nous imposer la plus gran- me le passage récent d’une époque taires même chez les personnes pro- de 3,4 %, chez des patients de moins que soit mis en route le traitement tions – a, pour la première fois, été de vigilance », explique le profes- où l’on traitait vite et fort par les fondément immunodéprimées. Or, de 50 ans, non consommateurs de antirétroviral. isolée chez un malade de nationali- seur Patrice Courvalin, directeur de médicaments antirétroviraux à une on sait l’importance des effets secon- drogue par voie intraveineuse et C’est le cas dans les recommanda- té américaine. Les détails de cette l’unité des agents antibactériens à approche où l’on diffère, autant que daires liés à ces médicaments : into- ayant au moins 350 CD4 par mm3 et tions françaises sur la prise en char- découverte sont présentés dans le l’Institut Pasteur de Paris, un spécia- faire se peut, la prise de molécules lérance, effets préoccupants sur le une charge virale inférieure à ge des personnes infectées par le bulletin hebdomadaire des Centers liste de réputation internationale aux effets secondaires notables. métabolisme des graisses (modifica- 100 000 copies par ml au commence- VIH que le professeur Jean-François for Disease Control and Prevention qui, il y a quelques années, avait Dans les pays du Nord, où les tri- tion de leur répartition, augmenta- ment de leur traitement, à 50 %, Delfraissy (chef du service d’immu- (CDC) d’Atlanta daté du 5 juillet. participé à la découverte des pre- thérapies ont transformé le sida en tion du risque cardio-vasculaire). chez ceux de plus de 50 ans, usagers nologie clinique, hôpital de Bicêtre, Cette nouvelle souche bactérien- mières souches d’entérocoques une maladie chronique qu’il s’agit de drogue par voie intra-veineuse et Kremlin-Bicêtre) a présentées à Bar- ne a été isolée chez un malade dia- résistantes à la vancomycine. de gérer sur le long terme, l’attitude    ayant moins de 50 CD4 et une char- celone. « Il faut, a-t-il dit, s’inscrire bétique âgé de 40 ans souffrant de « Nous disposons déjà de preuves privilégiée répond à une logique Au cours de la session consacrée ge virale (le nombre de copies du dans la durée. A l’heure actuelle dans multiples complications vasculaires expérimentales du possible transfert d’« épargne ». Comme l’a rappelé le à ce thème, Geneviève Chêne virus, qui s’est multiplié, dans le les pays du Nord, le problème est et rénales. Pris en charge par un des gènes de résistance des entéroco- professeur Robert Siliciano (univer- (Inserm U330, université Victor- sang) supérieure à 100 000. Le taux moins celui de l’efficacité que celui centre d’hémodyalise de l’Etat du ques auxstaphylocoques dorés. Tout sité John-Hopkins, Baltimore), le Segalen, Bordeaux) a présenté les de CD4 au début du traitement des effets secondaires, car ils sont sour- Michigan, ce patient avait été soi- ce que nous savons dans ce domaine VIH s’intègre dans une population résultats de l’analyse conjointe de apparaît être le meilleur facteur pro- ce de mauvaise observance du traite- gné, à partir d’avril 2001, pour d’im- nous amène à redouter l’émergence de cellules immunitaires (les lym- treize études prospectives menées nostique, la limite se situant à 200 ment et donc de résistances. La pério- portantes lésions cutanées au rapide de nouvelles et graves difficul- phocytes T CD4 +) retournées à en Europe et en Amérique du Nord. CD4 par mm3. de optimale pour débuter le traite- niveau des pieds ; lésions qui s’in- tés dans la lutte contre cette nouvelle l’état de repos. Ces cellules, qui Regroupant les données de S’il s’agit toujours de traiter fort ment chez un patient infecté par le fectaient de manière récurrente et souche staphylococcique vis-à-vis de jouent un rôle essentiel dans la 12 574 patients chez lesquels une tri- avec un traitement « hautement VIH se situe lorsque son tauxde lym- étaient traitées par des antibioti- laquelle nous risquons d’être très mémoire immunitaire et qui « ont thérapie était débutée, cette étude actif » afin d’abaisser la charge vira- phocytes T CD4 est descendu en des- ques dont la fameuse vancomyci- rapidement totalement désarmés. » pour fonction biologique de survivre « ART » qui doit paraître vendredi le jusqu’à la rendre indétectable, ce sous de 350 par mm3 sans atteindre ne. En avril 2002, un début de gan- L’apparition de cette première pendant des années », abritent donc 200 par mm3.» grène contraint à l’amputer d’un souche de Staphylococcus aureus une forme silencieuse du virus, alors Le deuxième point important est doigt de pied. Dans les jours sui- totalement résistante à la vancomy- même que le VIH a pu devenir indé- La nouveauté du T-20 la confirmation qu’il est envisagea- vant cette intervention, les méde- cine fait suite à celle, dans les tectable dans le sang. C’est l’une des rares nouveautés des médicaments anti-VIH. Les résultats ble d’interrompre complètement de cins observent l’apparition d’une années 1950, de souches du même Or, poursuit Robert Siliciano, «il de l’étude de phase III (premières évaluations de l’efficacité chez l’homme) manière concertée la trithérapie infection généralisée dont l’agent germe résistantes à la pénicilline, n’y a pas de décroissance significative avec l’enfuvirtide, baptisé T-20 (laboratoire Roche), ont été présentés, lundi chez les personnes ayant peu de pathogène est résistant à la vanco- puis, dans les années 1980, à la du réservoir latent après 5 à 7 années 8 juillet, à Barcelone. Cette étude, dite TORO, comparait l’addition du T-20 à symptômes, un taux de CD4 supé- mycine ainsi qu’à un autre antibioti- méthycilline. Cette nouvelle 3 chez les patients qui ont la meilleure la trithérapie la mieux adaptée aux effets de la seule trithérapie chez des rieur à 400 par mm et souffrant d’ef- que majeur, l’oxacilline. Le coupa- démonstration du génie infectieux réponse possible auxtraitements anti- patients ayant déjà reçu des traitements antirétroviraux à haute dose. Le fets secondaires du traitement. ble : un Staphylococcus aureus de ce germe hautement pathogène rétrovirauxhautement actifs [les T-20 a ceci d’original qu’il est le premier antirétroviral de la famille des inhibi- « Cette interruption doit bien être inconnu à ce jour. ne peut pas être dissociée de l’usa- trithérapies]. Même si le réservoir ne teurs de fusion, qui bloquent le VIH avant qu’il ne pénètre dans la cellule. expliquée et doit donner lieu à une Les analyses pratiquées au Michi- ge abusif, et souvent irrationnel des consiste qu’en un million de cellules, il Dans la branche de l’étude menée en Europe, 37 % des patients du groupe surveillance et à un suivi très régu- gan, puis par les spécialistes des médicaments antibiotiques dans faudrait, estime-t-il, 73 ans pour T-20 ont vu leur charge virale descendre jusqu’à un niveau jugé indétectable lier », insiste Jean-François Delfrais- CDC, ont confirmé que cette sou- les pays industrialisés. Ces prati- qu’il soit vidangé. » Et le scientifique à 24 semaines, contre 16 % dans le groupe qui n’en recevait pas. Dans la par- sy. En tout cas, affirme-t-il, « il faut che comportait bien, au sein de son ques font que de précieux médica- américain de conclure : « Le réser- tie américaine (Etats-Unis et Brésil), 28 % des patients du groupe T-20 absolument intégrer la prévention des patrimoine héréditaire, les bases ments perdent leur efficacité alors voir latent que constituent pour le avaient une charge virale indétectable, contre 14 % dans l’autre groupe. échecs dans la conduite du traite- moléculaires capables de la rendre même qu’ils sont les seuls à pou- ment, liés en particulier à des problè- résistante à la vancomycine. Cette voir guérir les infections bactérien- mes d’adhésion au traitement ». souche présentant heureusement nes humaines. La longue marche vers un vaccin anti-VIH des faiblesses à certains autres anti- Paul Benkimoun biotiques, l’infection a pu être jugu- Jean-Yves Nau

C’EST, SELON le professeur Michel Kazatchkine, pré- VaxGen, stimulant l’autre voie du système immunitai- sident de l’Agence nationale de recherche sur le sida re, l’immunité humorale. Tous les volontaires rece- (ANRS, France) le grand oublié de la conférence de Bar- vront également une information détaillée sur la pré- celone : le vaccin anti-VIH. Actuellement, plus de qua- vention de l’infection par le VIH. tre-vingt-dix essais sont en cours de phase préliminaire (phase I et II, chez des volontaires sains) et différentes «    » stratégies vaccinales ont été évoquées lors de la confé- L’ANRS, elle, teste un programme utilisant un vec- rence de Barcelone sur le sida. Celle du laboratoire teur viral et des lipopeptides, en l’occurrence « des Merck utilise une combinaison d’ADN codant les protéi- séquences protéiques-clés du VIH auxquelles ont été rajou- nes du VIH et d’un adénovirus servant de vecteur. Une tées des queues lipidiques, ce qui leur permet d’être mieux réponse cellulaire au vaccin est obtenue dans un peu captées par les cellules présentatrices d’antigènes », expli- plus de la moitié des cas, mais une difficulté tient à ce que Michel Kazatchkine. Douze essais ont été menés qu’à peu près tout le monde possède des anticorps diri- jusqu’à présent et trois sont en cours, dont un enrôlant gés contre les adénovirus. Glaxo-SmithKline a quelque plus de 400 personnes qui sera conduit aux Etats-Unis. succès avec un cocktail de protéines du VIH lors d’es- « Tous ces vaccins de première génération n’auront sais chez le singe. Les premiers essais chez l’homme qu’une efficacité partielle et ne suffiront pas à empêcher devraient débuter fin 2002 ou en 2003. l’infection, reconnaît Michel Kazatchkine, mais ils peu- La Thaïlande a annoncé « le lancement du plus vent permettre une épargne thérapeutique et auront peut- grand essai de vaccin préventif contre le VIH au mon- être un impact sur la transmission. » Par ailleurs, VaxGen de ». Mené en partenariat avec les Etats-Unis, ce pre- a beaucoup communiqué sur les résultats à venir (fin mier essai de phase III (évaluation de l’efficacité) chez 2002 aux Etats-Unis et mi-2003 en Thaïlande) d’un essai 16 000 volontaires non infectés par le VIH sera mené de phase III de son vaccin « Aidsvax B/E ». Enfin, l’essai en double aveugle contre placebo sur plus de cinq « Oxford-Nairobi », du nom des deux villes où sera ans. Il vise à apprécier la protection conférée par un menée la phase I (innocuité), fait appel à un vaccin à vaccin préparé par Aventis-Pasteur, avec comme vec- base d’ADN viral combiné au vecteur viral MVA. teur un virus canarypox stimulant l’immunité cellulai- PHOTOS : PIXLAND - FONTSHOP KRALIK re et un rappel par un autre vaccin, de la firme P. Be. Les premiers Européens étaient sans doute petits et dotés d’une faible capacité crânienne Bac+2/3 Votre avenir professionnel est LES PREMIERS hommes qui ne, « remarquablement bien conser- erectus. Par contre, la face ressem- ont quitté leur berceau africain vé », possède une capacité cérébra- ble à ce que l’on observe chez Homo dans le Train de l’Emploi pour atteindre les portes de l’Euro- le voisine de 600 cm3 – celle des habilis. Nous avons donc là un être pe à Dmanissi en Géorgie, il y a deux crânes retrouvés précédem- auxcaractères très composites. Dom- 1,75 million d’années, n’étaient ment à Dmanissi était respective- mage que le reste du squelette man- Du 23 septembre au 4 octobre, 3 pas, comme on le pensait jusqu’à ment de 780 et 625 cm (Le Monde que, car il permettrait d’avoir une montez dans le Train de l'Emploi organisé par Le Monde. présent, des membres de l’espèce du 19 avril 2000). « C’est plus petit idée plus précise de l’ensemble de l’in- Homo ergaster (un Homo erectus que ce que l’on attend d’un Homo dividu. S’il s’agit d’un Homo habilis, A bord, des entreprises vous proposent des milliers d’offres 3 africain archaïque), grands, taillés erectus (900 cm ), et plus proche de il devait être petit, car leur taille ne d’emploi. pour la marche et possédant un cer- la moyenne des Homo habilis (550 à dépassait pas les 1,40 m-1,50 m. Con- 3 ploi.lem veau suffisamment important pour 650 cm ).» trairement aux Homo ergaster, qui Jeune diplômé ou déjà riche de quelques .em ond ww e. partir à la conquête du monde. pouvaient être très grands. » L’ado- w fr années d’expérience, ne manquez pas e La découverte d’un troisième crâ- «   » lescent de Turkana (Kenya), dont ir to ne doté d’une face presque complè- « Tout laisse à penser, concluent-ils, on possède le squelette complet, cette correspondance dans dix villes a g te à Dmanissi par une équipe inter- que les premiers humains qui se sont mesurait 1,60 m à 13 ans, et pouvait li de France. b nationale semble indiquer au dispersés depuis le berceau africain atteindre 1,80 m à l’âge adulte. o n

o contraire que la première sortie étaient plus proches de l’espèce « Si l’on découvre des ossements Inscrivez-vous dès maintenant. i

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d’Afrique et l’arrivée en Europe par Homo habilis ». Une opinion con- associés à ce nouveau crâne et indi- i r

le couloir du Levant a été réalisée fortée par la découverte sur le site quant des proportions du corps sem- c

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n par des groupes d’hominidés de géorgien d’un outillage lithique pri- blables à celles d’Homo habilis, I petite taille possédant une faible mitif semblable à ceux mis au jour alors, nous devrons réellement repen- capacité cérébrale, et plus proches dans les gorges d’Olduvaï (Tanza- ser nos hypothèses concernant les d’Homo habilis – un prédécesseur nie), où l’on a également retrouvé plus anciens humains qui se sont d’Homo erectus. un crâne d’Homo habilis de 600 cm3 éparpillés à partir de l’Afrique », pré- L’équipe de paléo-anthropolo- vieux de 1,8 million d’années. cise Richard Potts, de la Smithso- gues dirigée par les Géorgiens Abe- Le fossile mis au jour à Dmanissi nian Institution à Washington, er octobre salom Vekua et David Lordkipanid- « présente une combinaison intéres- dans un commentaire publié dans 23 septembre24 septembre25 septembre26 septembre27 septembre30 septembre1 2 octobre 3 octobre 4 octobre ze (Institut de paléobiologie de sante de caractères évolués et archaï- le même numéro de la revue Scien- Lille Géorgie) et l’Américain Philip ques », précise pour sa part Pascal ce. Cela pourrait vouloir dire que Lyon ouse Tours Paris Nantes Grenoble Marseille Toul Bordeaux Rightmire (département d’anthro- Picq, paléo-anthropologue au Collè- Homo habilis a été, comme Homo Strasbourg pologie de l’université Bingham- ge de France. « La forme de la boîte erectus, un explorateur. ton, Etat de New York) explique crânienne et d’une manière générale Train de l’Emploi réalisé avec le concours de la Société des Trains Exposition dans Science du 5 juillet que ce crâ- l’arrière du crâne sont plutôt Homo Christiane Galus 26/LE MONDE/VENDREDI 12 JUILLET 2002 AUJOURD’HUI

Oslo Stockholm 12 JUI. 2002 PRÉVISIONS 12 juillet 12 juillet prévisionsvers 12h prévisionsvers 12h Moscou Dégradation Ville parville, les minima/maxima de Riga températureet l’état du ciel. S:ensoleillé; Lille à l’ouest N:nuageux; C:couvert; P:pluie; *:neige. Le Havre Minsk FRANCE  Madrid...... 18/30 S Belfast Copenhague Reims Ajaccio ...... 18/29 S Milan ...... 20/32 S Dublin Liverpool du pays Brest Paris Varsovie Kiev ...... 12/20 P ...... 19/30 P Biarritz Moscou Strasbourg 11/21 C ...... 14/23 N Berlin V 12  Bordeaux ...... Munich Rennes Troyes Amsterdam ...... 9/21 N ...... 23/32 S Londres Lever du soleil à Paris : 6 h 02 Bourges Naples Orléans ...... 12/16 P ...... 11/18P Bruxelles Brest Oslo Nantes Coucher du soleil à Paris : 21 h 50 Tours Prague Caen ...... 13/18P Palma de M. .... 20/29 S Mulhouse ...... 9/17 P 11/21 N Odessa L'anticyclone qui nous protégeait tempo- Cherbourg Prague ...... Bourges Strasbourg Dijon Paris Vienne rairement s'éloigne vers la mer Baltique 10/23 N ...... 19/30 S Clermont-F. .... Rome Munich Budapest et une perturbation arrive par les régions ...... 10/24 N ...... 19/34S Dijon Séville Poitiers Nantes de l'ouest. Elle sera suivie pour la fin de Clermont- Grenoble ...... 14/28S Sofia ...... 19/29 N Limoges Berne Ferrand Bucarest semaine d'un temps trop frais et souvent ...... 10/20 C 18/27 S Lille St-Pétersb...... Chamonix nuageux même si des éclaircies se déve- Lyon Lyon Milan ...... 11/19 N 14/22 P Belgrade loppent peu à peu sur l'ouest du pays. Limoges Stockholm ...... Grenoble Sofia 14/25S ...... 19/26 S Lyon ...... Ténérife Bordeaux Toulouse Istanbul Bretagne, pays de Loire, Basse-Nor- Marseille...... 19/30 S Varsovie ...... 15/26 P Aurillac ...... 10/24 N 24/29 S mandie. Il pleut dès le début de journée ...... Montélimar Nancy Venise Rome en Bretagne et les nuages gagnent les Nantes...... 9/19 P Vienne...... 17/28 N Barcelone Naples autres régions. En mi-journée, les pluies ...... 22/28S Madrid Nice Nice gagnent les pays de Loire et la Norman- 11/22 N AMÉRIQUES Biarritz Montpellier Paris...... Toulouse Marseille Lisbonne ...... 16/28S Athènes die. Dans l'après-midi, le temps devient Pau ...... 14/17 P Brasilia 6/14P Tarbes plus sec sur l'ouest de la Bretagne. Le Perpignan...... 19/26 N Buenos Aires Perpignan vent souffle avec des rafales à 70 km/h 25/30 P Séville Rennes...... 10/19 P Caracas ...... sur les côtes. Il fait de 17 à 20 degrés...... 20/25S ...... 11/24 N Chicago Tunis St-Etienne Alger 11/25 N ...... 15/18S Ajaccio Nord-Picardie, Ile-de-France, Cen- Strasbourg...... Lima .... 19/24S Rabat tre, Haute-Normandie, Ardennes. Le Toulouse...... 14/21 N Los Angeles ...... 12/24P ciel se couvre en matinée de la Haute- Tours ...... 10/21 N Mexico 14/26 S Normandie à la Touraine annonçant l'arri- Montréal...... Soleil Peu nuageux Couvert vée de pluies dans le courant de l'après- FRANCE - New York ...... 18/28S 14/23 S midi. Sur les autres régions, les passages Cayenne ...... 23/28P San Francisco Brèves éclaircies Averses Pluie . 5/19 S nuageux sont nombreux mais le temps Fort-de-Fr...... 28/29 P Santiago Ch. reste sec. Il fait de 19 à 22 degrés. 18/21 S ...... 15/27 S Orage Neige Brouillard Vent fort Nouméa...... Toronto 15/29 C Papeete...... 23/29 S Washingt. DC Champagne, Lorraine, Alsace, Bour- ..... 25/32 S gogne, Franche-Comté. Des passages Pointe-à-P. AFRIQUE St Denis Réu.. 20/25P nuageux alternent avec de belles éclair- Alger...... 20/27 S ...... 26/30 S cies. Quelques ondées peuvent toucher le EUROPE Dakar 19/30 S sud de la Bourgogne l'après-midi. Il fait Kinshasa...... Amsterdam.... 12/21 N de 22 à 25 degrés d'ouest en est. Le Caire...... 25/35S ...... 27/34 N Athènes ...... 13/23 P 19/25S Nairobi Poitou-Charentes, Aquitaine, Midi- Barcelone ...... Pretoria...... 1/19 S Pyrénées. Le temps reste incertain. Près Belfast...... 10/15P Rabat ...... 17/24 N des Pyrénées, les nuages peuvent donner ...... 22/31 N Belgrade 24/34P Tunis ...... des orages. Ces orages gagnent Midi-Pyré- Berlin ...... 15/25S nées en soirée. Du Poitou-Charentes à Samedi 13 juillet Berne...... 11/25S ASIE-OCÉANIE l’Aquitaine, les nuages s'épaississent et 9/24S ...... 28/35P Sur la moitié Est, Bruxelles ...... Bangkok le temps est donnent un peu de pluie dans l'après- ...... 22/32 N ...... 24/29 N Bucarest Beyrouth maussade avec des midi ou la soirée. Il fait de 20 à 23 degrés...... 22/30 N ...... 28/30 P Budapest Bombay pluies localement Limousin, Auvergne, Rhône-Alpes. Copenhague.. 14/20 P Djakarta ...... 24/31 P orageuses. Après une matinée agréable, les nuages Dublin ...... 11/16 P Dubaï...... 31/41 S Seul le pourtour se développent l'après-midi sur le relief. Il Francfort ...... 12/26 S Hanoï...... 28/35P méditerranéen 12/27 S ...... 28/31 P bénéficie fait de 20 à 30 degrés du Limousin au Bas Genève ...... Hongkong d'éclaircies. Dauphiné...... 15/22 P ...... 17/29 S Helsinki Jérusalem Sur la moitié Ouest, ...... 25/31 N ...... 31/41 S Languedoc-Roussillon, Provence- Istanbul New Delhi les nuages laissent ...... 21/31 S ...... 27/38S Alpes-Côte d'Azur, Corse. Le soleil mati- Kiev Pékin percer de courtes nal est contrarié l'après-midi par des bour- Lisbonne...... 16/25S Séoul ...... 22/28 C éclaircies. 10/12 P ...... 27/30 P geonnements en Languedoc-Roussillon Liverpool ...... Singapour La fraîcheur accompagnés d'averses locales. Il fait de Londres...... 12/15P Sydney ...... 5/18S est générale. PRÉVISIONS POUR LE 13 JUILLET SITUATION LE 11 JUILLET À 0 HEURE TU PRÉVISIONS POUR LE 13 JUILLET À 0 HEURE TU 27 à 32 degrés. Luxembourg . 10/24S Tokyo ...... 24/31 S

Nord Sud Le12 juilletvers 12 heures PAS-DE-CALAIS Sur les plages 18 PROVENCE 18˚ Nice CÔTED'AZUR Une faible perturbation maintientun temps frais pour la saison sauf 16˚ LANGUEDOC 26 autour de la méditerranée ou il fera plutôt beau. CÔTED'OPALE Marseille St-Raphaël 28˚ 23˚ Calais 16˚ 18˚ La Seyne- Ouest 18 Le Touquet Capd'Agde sur-Mer St-Tropez PICARDIE 28 VAR BAIE ST-MICHEL COTENTIN CÔTENORMANDE CÔTED'ALBÂTRE ROUSSILLON 29 N 28 16˚ 18˚ 16˚ 18˚ 16˚ 18˚ 29˚ 22˚ 16˚ 18˚ 18 Perpignan Le Tréport 28 O E GARD FINISTÈRENORD 17 17 BAIE DE SEINE Étretat NORMANDIE BOUCHES-DU-RHÔNE ROUSSILLON LANGUEDOC 16˚ 18˚ 16˚ 18˚ Le Havre S 20˚ 29˚ Deauville 18 21˚ 28˚ 21˚ 28˚ 17 17 Sud-Ouest Corse Granville TEMPÉRATURE NORMANDIE CÔTECHARENTAISE Ile de Ré Perros-Guirec 18 DE L'AIR St-Malo 22 CHARENTES CALVIBASTIA 17 Crozon 18˚ 22˚ VENT Ile d'Oléron 15 DIRECTION ET CÔTEGIRONDINE Concarneau BRETAGNE VITESSEENKM/HEURE 23˚ 28˚ Calvi 23˚ 28˚ Soulac Bastia Quiberon VENT CALME 28 18˚ 22˚ 22 28 POINTEBRETAGNE 19 MER TEMPÉRATURE 16˚ 18˚ La Baule Lacanau DE L'EAU CÔTE LANDAISE Ajaccio 19 Arcachon 16 SUD FINISTÈRE VENDÉE 19˚ 23˚ Calme/belle Porto-Vecchio 22 LANDES 28 16˚ 18˚ St-Gilles- Peu agitée 29 Croix-de-Vie CÔTEBASQUE AJACCIO PORTO-VECCHIO SUDBRETAGNE 19 VENDÉE Agitée/forte 19˚ 23˚ 23˚ 28˚ 23˚ 28 16˚ 18˚ 17˚ 21˚ 22 Biarritz Très forte/grosse

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I Expression de dédain. - 4. Vient Dialogues de naître. Sans aucun intérêt. - 5. « KIRILI nous convie à une fête : II Il n’y a que la séparation qui il s’agit de ses retrouvailles avec un peut la libérer de sa famille. - 6. sculpteur, Carpeaux, l’un des plus III Préposition. Une fois choisi, il aimés du XIXe siècle et dont une faut bien le traiter. - 7. Grosse œuvre au moins illustre le génie IV farce d’un autre temps. Conjonc- dans l’imaginaire collectif, La Dan- tion. - 8. Difficiles à avaler. - 9. se de l’Opéra Garnier à Paris.» V Sur place. Dur pour le cœur et C’est bien une fête que cette ren- pour la loi. - 10. Interjection. Prît contre, ce dialogue, cette confron- VI la décision. - 11. En réduction, tation entre les modelés d’Alain pour obtenir une réduction. Kirili et les esquisses de terre de VII Admise à entrer. - 12. Jugée à Carpeaux.

pleines mains. Ce dernier a pratiqué toute sa .  VIII vie le modelé, et certaines de ses Jean-Baptiste Carpeaux (1827-1875) Philippe Dupuis esquisses, même si elles sont desti- Ugolin et ses enfants, esquisse en plâtre. IX nées à l’élaboration d’une œuvre Alain Kirili (1946) Bird, 1998, terre cuite. SOLUTION DU N° 02 - 163 en devenir, sont des « témoignages Ces œuvres sont présentées au Musée des beaux-arts X de sensations fulgurantes transcrites de Valenciennes pour l’exposition « Kirili dialogue Horizontalement immédiatement ». Kirili, lui, est un avec Carpeaux -Trente ans de modelé », I. Croissants. - II. Eclairée. - III. des rares sculpteurs abstraits à s’ex- jusqu’au 23 septembre. HORIZONTALEMENT et démonstratives. - VIII. En Ec. Reinettes. - IV. Caféine. Sang. primer depuis plus de trente ans fuite, on le retrouve sur les plan- - V. Arrêté. Nco. - VI. Lai. Absolu. avec ce matériau éminemment Pensionnaire de la Villa Médicis, b Un personnage de la Rome anti- I. Faite pour débloquer la situa- ches. Lettres de Nijinski. Appré- - VII. Acte. Plaisir. - VIII. Gour- plastique qu’est l’argile. Pour lui, il Carpeaux présente, en 1862, le que ? tion. - II. Débloqua en abandon- ciée si elle a bon fond. - IX. mette. Nd. - IX. Roulotte. - X. s’agit presque d’une rétrospective groupe Ugolin comme travail de fin b Un tyran italien ? nant. Bouts de carnet. - III. Titres Exclue. Voyelles. - X. Même pas- Représente. de son œuvre modelée. Ses sculp- de séjour. Qui est Ugolin : Réponse dans Le Monde du chez les orfèvres. Choix. Affron- sionné, on ne le prend pas au tures sont totalement autonomes, b Un dieu de l’Olympe ? 19 juillet. tement entre noirs et blancs. - IV. sérieux. Verticalement mais elles procèdent de la même Joue avec les mots. Ne s’est pas 1. Décalage. - 2. Caraco. - 3. Rê. impulsion, de la même recherche converti à l’euro. - V. Mit tout à VERTICALEMENT Friture. - 4. Ocrée. Erop (pore). - de sensations immédiates, de la Réponse du jeu n˚ 281 paru dans Le Monde du 5 juillet. plat. Sa raison est la plus forte. - 5. Iléite. Mur. - 6. Saine. Pelé. - 7. même liberté d’expression que cel- C’est Jean de Meun (ou de Meung, 1250-vers 1305) qui composa la secon- VI. Sur une carte asiatique. Ran- 1. Toujours à la recherche d’a- Siné. Altos. - 8. Are. Abatte. - 9. les de Carpeaux, dont le musée de partie du Roman de la rose. Béroul (XIIe siècle) est l’auteur de Tristan et gée dans les placards du Vatican. ventures. - 2. Garder à l’abri. Nets. Sietn (tiens). - 10. Tétanos. possède un fonds d’une grande Iseult, Christine de Pisan (vers 1363 - vers 1430) est la première femme - VII. Point de départ. Cordiales Convient. - 3. Touche les sens. Et. - 11. Enclin. - 12. Esgourde. richesse. écrivain à vivre de sa plume. LE MONDE/VENDREDI 12 JUILLET 2002/27 CULTURE festivals

Le Festival d’Avignon présente « Enfants de nuit », ensemble de créations de jeunes errants sénégalais recueillis et pris en charge par une association d’artistes, fondée par le metteur en scène français Jean-Michel Bruyère L’art inattendu des enfants des   rues de Photographie de Sada Tangara, tirée de sa série « Le grand sommeil ». Depuis janvier 1999, l’adolescent alors âgé de Dakar 15 ans, recueilli par Man-Keneen Ki, parcourt les nuits de Dakar pour témoigner du dénuement des enfants errants.

DAKAR avancées », explique Papis Kane, Elle est souvent invitée à jouer une certaine admiration à leur regard, nécessaire à nos travaux de notre envoyée spéciale le jeune médecin en charge du dis- dans les services pédiatriques des « Ces œuvres ne égard. « Le plus souvent, les d’art, fait que nous sommes à la fois C’est une grande maison, haute pensaire. « J’essaie de leur expli- hôpitaux du pays. Sada Tangara, fugueurs n’ont pas davantage que 6 disposés et contraints à percevoir de trois étages, située dans le quar- quer comment prendre les médica- 18 ans, anime les ateliers photo. mettent pas en avant ou 7 ans, mais leur choix cependant les réalités les moins immédiate- tier tranquille de Grand-Yof. Man- ments. Je leur confie des cachets en La photo a été l’une des premières est délibéré et conscient. Ils sont ment apparentes de la ville où nous Keneen-Ki, une association fon- petite quantité, car les boîtes neu- activités, avec les ateliers d’écritu- la misère du monde, tous des enfants à très forte person- vivons, l’une des plus pauvres du dée en 1997 par des artistes ves sont immédiatement revendues re, proposées aux enfants. nalité et souvent d’une très grande monde. » Jean-Michel Bruyère sénégalais et le metteur en scène sur le marché informel. » La plu- Dès ses premières rencontres mais la richesse intelligence. L’extraordinaire diffi- récuse toute notion de pitié : français Jean-Michel Bruyère, ins- part des faxxman abusent des avec les enfants, en 1996, Jean- culté de la vie dans les rues ne les « Nous agissons seulement pour pré- tallé à Dakar depuis une dizaine diluants (comme le white-spirit) : Michel Bruyère leur distribue des d’un monde d’enfants fera pas reculer. Tous, même les server notre dignité minimum, mise d’années, y accueille trente « Le diluant les aide à supporter la appareils photo jetables. Il a envie plus jeunes, comprennent très vite en danger par l’entrée de ces enfants de la rue. Là, ils habitent, vie, mais il affaiblit gravement les de savoir comment ils voient la vil- oubliés, méprisés, que l’errance urbaine qu’ils ont enfants-déchets dans l’espace de prennent leurs repas, se font soi- défenses du corps », ajoute le le de Dakar, cette ville qui les rejet- choisie signe leur disparition défini- notre perception. » gner et pratiquent des activités médecin. C’est là le seul interdit te. Les enfants se photographient niés avant que d’avoir tive de la société. Une mort sociale En six ou sept ans, les garçons artistiques. L’écrivain Oumar Sall, de la maison de Man-Keneen-Ki : entre eux – « J’ai photographié qu’ils préfèrent cependant à la vie de Man-Keneen-Ki ont déjà réali- le plasticien Amadou Kane Sy, le les diluants y sont totalement ceux qui étaient habillés comme existé » sans événements que leurs origines sé des œuvres. Ils ont participé poète Issa Samb et Jean-Michel proscrits. moi », explique l’un – ou attra- leur propose comme indépassable plusieurs fois à la Biennale de Bruyère prennent en charge inté- Pour la trentaine d’enfants qui pent des images de la ville en tou- Jean-Michel Bruyère horizon. “Ma vie est une mort, mais Dakar et monté un spectacle de gralement ces enfants et adoles- vivent en permanence dans la mai- te liberté : « Ceux qui me voyaient je la vis libre”, dit Ibrahima Konaté théâtre, fondé sur leurs propres cents récupérés dans la rue. Les son – tous des garçons, un projet faire ne pouvaient pas imaginer à 11 ans. » écrits, qui a tourné en France, Poè- activités proposées mêlent le théâ- pour les filles, de plus en plus que j’avais dans les mains un appa- sionnel. L’adolescent, qui a vécu Les artistes de Man-Keneen-Ki mes à l’infect (Le Monde du 15 juin tre, le cirque, l’écriture, la photo nombreuses dans la rue, est étu- reil neuf, ils pensaient que je décon- quatre ans dans la rue, construit estiment que le nombre d’enfants 1998). Plusieurs d’entre eux sont ou la peinture. « Ce qu’ils veulent ? dié par l’association –, ce sont les nais avec un truc ramassé dans les alors une œuvre intitulée Le errants à Dakar est d’environ en passe de devenir des artistes Lutter contre le sort hallucinant, ver- aînés qui s’occupent des plus poubelles. » Grand Sommeil, consacrée aux 3 000. Leur action, qu’ils mènent professionnels, comme le metteur tigineux de drames et de souffran- petits. Ibé, arrivé à l’âge de Pour la Biennale des arts errants de Dakar, photographiés sans demander la moindre aide en scène Ibrahim Konaté, les pein- ces, que nos sociétés réservent, dès 11 ans, est à présent le responsa- contemporains africains de la nuit, d’abord en noir et blanc, publique au Sénégal ou en France, tres Babacar Sy et Papisthione, le l’enfance, à ceux d’entre nous qui ble des activités de théâtre et le Dakar, en 1998, Man-Keneen-Ki puis en couleur. sert entre autres à rendre le pro- photographe Sada Tangara. La for- ne sont pas nés au bon endroit, du metteur en scène de la troupe de expose une centaine de ces Rien, dans le parcours de Jean- blème visible, mais ils se veulent mation d’artistes professionnels bon côté ou parfois seulement dans Man-Keneen-Ki – un nom qui 1 800 clichés. Les visiteurs sont Michel Bruyère, ne le prédisposait conscients de ses limites. « Devant n’était pas un objectif de l’associa- le bon quartier », explique Jean- signifie « Moi-l’autre », en wolof. guidés par les enfants eux- à s’occuper d’enfants en difficul- l’ampleur du phénomène, ce que tion, mais elle s’est développée Michel Bruyère. La troupe des enfants se produit mêmes. A l’issue de l’exposition, té. En vivant à Dakar, il s’est peu à nous faisons ne compte pas, ne compte tenu des difficultés d’inser- Dans le jardinet du rez-de- régulièrement au Sénégal, dans la Sada Tangara, âgé de 15 ans, déci- peu intéressé à ces faxxman et s’y change rien. Nous le faisons parce tion de ces jeunes marginaux dans chaussée, à l’ombre des arcades, rue ou dans des lieux culturels. de de devenir photographe profes- est attaché, non sans témoigner qu’une certaine acuité de notre des filières plus conventionnelles. une petite salle de classe est en En outre, Man-Keneen-Ki train d’être équipée par le desi- entend démontrer, à travers les gner français François Bauchet. expositions et les spectacles, que Au premier étage, les garçons ont les enfants de la rue sont porteurs leurs chambres et une salle de d’une sensibilité inaltérée et d’un détente. Au deuxième étage, un potentiel artistique. « Les œuvres labo-photo a été installé et des ter- que notre association s’attache à rasses servent de lieux de répéti- diffuser dans le monde entier ne tion pour le théâtre et le cirque. La mettent pas en avant la misère du maison est régie par Grandma- monde, mais la richesse d’un mon- lien, un ancien faxxman (enfant de d’enfants oubliés, méprisés, niés errant) recueilli par Man-Keneen- avant que d’avoir existé. » Ki à ses débuts, aujourd’hui âgé de 25 ans. Catherine Bédarida Un dispensaire a été aménagé depuis deux ans pour soigner gra- « Enfants de nuit », LFK-la Fabriks, tuitement les faxxman qui survi- exposition-spectacle. La Baraque Cha- vent dans les rues de Dakar. « Ils bran, près de la porte Thiers, Avi- viennent pour des blessures liées à gnon. De 15 heures à 17 heures, du 12 des bagarres à coups de tesson de  : au  22 juillet (relâche le 14). Tél. : bouteille ou de couteau ou pour des Image issue de la série « Le grand sommeil » (à gauche) et autoportrait de Sada Tangara (à droite). Après quatre ans dans la rue, l’adolescent a présenté 04-90-14-14-14. 16 ¤ (chômeurs, infections qui sont souvent déjà très ses photos à la Biennale de Dakar en 1998 et veut devenir photographe professionnel. Agé de 18 ans, il anime aujourd’hui l’atelier photo de Man-Keneen Ki. moins de 25 ans : 12 ¤).        La survie des « faxxman », fugueurs de 8 ans Né en 1959, Jean-Michel Bruyè- nant des textes écrits par les jeu- re est un artiste pluridisciplinaire nes, L’Envers du jour (Léo Scheer, – metteur en scène, scénographe, 320 p., 53,35 ¤), et un court pam- DAKAR faire plus pauvre. Il faut savoir tra- Après avoir instauré un climat de et assouvir leurs besoins sexuels. Ils réalisateur, écrivain – installé à phlet, La Guerre aux pauvres (Sens de notre envoyée spéciale vailler son air triste. Moi, je sais faire confiance, Jean-Michel Bruyère a deviennent objets sexuels également Dakar depuis dix ans, après avoir & Tonka, 50 p., 5 ¤). Sur un ton Vers l’âge de onze ans, alors qu’il l’infirme. Si j’ai trouvé un pantalon compris à travers les récits et les fic- de gardiens d’immeubles et de bouti- voyagé dans plusieurs pays. Il ani- brillant, il y dénonce la prétendue avait déjà vécu trois années d’erran- assez grand, je replie une jambe dans tions des faxxman quels étaient ques, de mendiants infirmes, dont les me le groupe LFK-la Fabriks, un « lutte contre la pauvreté » annon- ce, Ibrahim Konaté, dit Ibé, a com- le pantalon. On s’amuse beaucoup à leurs parcours. Issus de familles à la “protecteurs” achètent les services. collectif d’intellectuels et d’artis- cée par des organisations interna- mencé à écrire des poèmes, à l’invi- faire ça. La nuit, la tristesse devant dérive, socialement ou affective- Non consentants, les novices sont vio- tes qui s’est formé à Paris dans tionales comme l’ONU, qui se tation de Jean-Michel Bruyère. les boîtes de nuit, ça marche pas. Les ment, ils trouvent le courage de lés, risquent d’être blessés et d’en les années 1980. Jean-Michel transforme en « guerre contre les « Parfois,/ j’invente des chants très soûlards, ceux qui baisent les putes, fuguer et de s’exposer à la rue, sou- mourir ; il ne s’agit pas de résister. » Bruyère bénéficie de résidences pauvres ». « L’on aurait pu choisir anciens/dans une langue qui n’existe c’est le contraire des autres. Il faut les vent après avoir été battus très Pour échapper aux sévices de création régulières au Centre de lutter contre les plus riches, ils pas./ Et je marche dans les rues/avec faire marrer. Moi, je sais faire ça durement ou livrés contre argent à sexuels, certains enfants se réfu- international de création vidéo de ne sont que trois. A quelques bons mon chant./ Et alors je regarde aussi. » Ibé, 18 ans aujourd’hui, est des petits patrons. gient dans les ordures, afin que leur Belfort et à la Grande Halle de La gaillards, la victoire était facile. On tout/comme s’il s’agissait d’un très devenu le metteur en scène de la Les faxxman subissent les lois de odeur tienne les agresseurs à distan- Villette. Il a tourné plusieurs a préféré donner la guerre aux pau- vieil ailleurs/où j’aurais ma place/où troupe de Man-Keneen-Ki. la rue, marquées par les violences. ce. Les minuscules revenus des faxx- films, dont Element of a Naked vres, qui sont six cents millions, et je serais connu de tous. » Plus tard, Garçons et filles sont mis en esclava- man proviennent essentiellement Chase (2000) ou Si poteris narrare, la bataille, forcément, traîne en lon- l’enfant crie sa rage : « Parfois je res-    ge par d’autres enfants errants plus de la prostitution, du chapardage, licet (2002). Il collabore avec le gueur », ironise-t-il. te seul à penser faire du mal (…) Je Babacar Sy est arrivé en 1996 à expérimentés. « En échange d’une du gardiennage et du lavage des voi- Ballet atlantique Régine Chopi- A Dakar, l’auteur vit dans le ferai du mal aux connards (…) qui l’association. Agé de 11 ans, il avait “protection” et d’une transmission tures en stationnement. not, pour lequel il réalise films, milieu artistique sénégalais. Il est font semblant de vivre dans un mon- passé une année dans la rue. Il suit des astuces et réflexes de survie, ils installations, photographies. proche du sculpteur Ousmane de bien. Je les déteste comme j’ai les ateliers de peinture de la maison doivent mendier pour leurs mentors C. Ba Actuellement, il prépare un opé- Sow, dont l’exposition sur la détesté mon père. Je me dis que si on et s’investit pleinement dans cet ra, Battling Siki, consacré à un passerelle des Arts, à Paris, avait tue tous les connards, les enfants art. Il peint en toute liberté, sur des boxeur sénégalais de légende, connu un vif succès. Le travail avec auront la paix. » formats souvent de grande taille. aujourd’hui disparu. L’œuvre sera les enfants errants l’a aussi mis en Ibé a été l’un des premiers Ignorant la peinture contemporai- créée à l’Opéra national de Bonn contact avec des juges – l’associa- enfants errants avec lesquels Jean- ne ou classique, africaine ou occi- en 2003. Il devrait ensuite mener tion a obtenu la responsabilité Michel Bruyère a établi le contact. dentale, il fait ses propres recher- un projet en commun avec le légale des enfants –, des médecins A sa demande, il a commencé à ches. Il découvre cependant les cinéaste danois Lars Von Trier. ou des patrons de bar : avec celui raconter son mode de survie. Avec courants contemporains à l’occa- Jean-Michel Bruyère a publié du bistrot de la petite île de N’Gor, un autre faxxman (enfant errant), sion de la Biennale de Dakar. Baba- deux livres sur son expérience en face de Dakar, il aménage une Amadou Bâ, ils lui ont confié leurs car Sy a fait sa première exposition avec les enfants errants, un ouvra- cabane pour les vacances des « trucs » pour mendier : « On déchi- personnelle à l’école des Beaux- ge richement illustré, notamment enfants de Man-Keneen-Ki. re nos vêtements, si les trous ne sont Arts de Saint-Etienne en 2000. Une des photos de Sada Tangara et des pas assez grands. Des fois même, on salle de l’exposition présentée à Avi- peintures de Babacar Sy, compre- C. Ba ne garde que le short sur nous. Pour gnon lui est consacrée. 28/LE MONDE/VENDREDI 12 JUILLET 2002 CULTURE festivals

 b « Médée-Matériau », du dramaturge allemand Heiner Müller, est jouée à la Chapelle  b Jean-Pierre Vincent monte « Le Fou et des Pénitents-Blancs. Anatoli Vassiliev donne au solo de Valérie Dréville des accents barbares sa femme ce soir dans Pancomedia » à Avignon A Avignon, toute la rage de Médée D’un hôtel l’autre, la grande comédie en exhibition d’un monde à l’identique

AVIGNON ge, l’océan en colère, la tempête AVIGNON profit d’un idéaliste sympathique, de notre envoyé spécial créent aussi des sons). Ce n’est pas de notre envoyé spécial qui rentrait dans le rang le carnet Le public entre dans l’église. Le un hurlement, ni un grognement, ni Tiens, des acteurs. Au théâtre, de chèques sur la tempe, avant de décor est là. Un siège, face à nous. un rauquement, c’est tout cela à la toutes sortes d’individus tentent s’évader, à la première occasion, Posé sur un support. Simple siège de fois, dénaturé, ou renaturé, par la de se faire passer pour acteurs. et reprendre le combat. Jean-Pier- bois, mais des détails de rien sauvagerie de Médée. Ici, les acteurs ressemblent à ce re Vincent en fait au mieux un éva- éveillent plusieurs usages : stalle, L’actrice ne peut se retenir, dans qu’on entend communément sous poré, au pire un escroc. Par souci dans le chœur, chaise curule au l’allant de ces cris barbares, de ce nom. Ils font les acteurs. Ils d’équité professorale, il fait inter- Sénat, trône de souverain, bien sûr, déformer horriblement les traits de appuient sur le jeu, afin que leur préter le même rôle par différents mais pourquoi pas chaise électrique, son visage, de lancer des poings de savoir-faire soit bien visible. Dès élèves, renforçant l’inconsistance du moins chaise de torture ? brute. Elle est Médée, elle projette les premières mesures, le specta- du malheureux. Devant, à droite, une grande cuvette un égarement, une fureur. Les paro- teur, même débutant, ne manque A défaut de hisser les jeunes d’émail, blanche, qui rappelle l’Afri- les qu’elle crie ou barrit, nous ne les pas de se dire : tiens, celui-ci joue gens vers les personnages, la ten- que, où elle sert à tout : porter l’eau, comprenons pas, elles sont trop sou- bien, celui-là moins. Aussi peu tative de faire descendre Le Fou et le linge, égrener le mil ou le blé. terraines, trop infernales, mais com- consistantes soient-elles, ces sa femme ce soir dans Pancomedia Devant, à gauche, un petit meuble à prenons-nous, à l’opéra, ce que réflexions font l’acteur dans l’es- vers les acteurs tourne court. Les étagères, sur quoi l’actrice prendra chantent les divas lorsque la musi- prit du spectateur. situations pourraient être de sit- pots de crème de maquillage et peti- que atteint des paroxysmes de Les jeunes gens et jeunes filles com, pas les dialogues. Les stéréo- tes compresses. Devant encore, plus recherche ? Mais, là, ce n’est pas en scène (une quinzaine) sont élè- types de la grande comédie du près de nous, deux poupées de toile l’opéra, ce serait plutôt les hurle- ves de l’Ecole régionale d’acteurs monde ne supportent pas le pre- grise, assises l’une contre l’autre sur ments des guerriers dans les dra- de Cannes (ERAC). Après trois mier degré. Jean-Pierre Vincent le un tabouret noir, nous tournent le mes de Shakespeare joués par des ans d’études, leur maître, Jean- dos. Les deux enfants de Médée. Japonais. Pierre Vincent, a choisi de les Dans le fond de l’église, un écran jeter dans le monde par la grande de projection est tendu par un fau-      porte de la Pancomedia composée Chaque suite hôtelière filage de cordons sur un cadre – un A de rares moments, l’actrice s’ex- par Botho Strauss pour Peter beau travail, comme de marins. Sur prime plus calmement, elle dit «Je Stein (Le Monde du 2 août 2001). rivalise dans cet écran sont projetés des frag- veux déchirer l’humanité en deux, et Quatre-vingts personnages à inter- ments du texte que dira l’actrice. demeurer dans le vide au milieu, préter, autant de visages que de le semblable, « Comment fais-tu pour vivre dans Moi », et elle se tait, et elle prend sur visas à venir sur les books. Au ris- les ruines de ton corps ? – Pour toi j’ai le petit meuble un pot de crème, elle que de se perdre. aux mesures de gens ./ tué et enfanté, moi ta chienne, ta se l’étale sur le front, les joues, elle Quand tout bouge, quand tout putain, moi, ointe de tes déjections – applique dessus une compresse de « Je veux déchirer l’humanité en deux, et demeurer dans le vide au milieu, doit bouger, les hôtels deviennent pressés de ne jamais Mon bien la vision des massacrés, les tulle blanc. Mais voici qu’elle débou- Moi. » Puis Médée, interprétée par Valérie Dréville, se tait, et prend sur le les seuls repères auxquels se fixer. cris des écorchés, ma propriété – tonne le devant de sa tunique, s’en- petit meuble un pot de crème qu’elle étale sur son front, ses joues… Des quartiers entiers de Londres, quitter leurs marques. Prends, Jason, ce que tu m’as donné, duit et se « tulle » les seins, se dévêt Paris, Rome ne sont plus que les fruits de la trahison issus de ta entièrement, reste assise, face à Pour Heiner Müller, ce sont les deux d’inaudible, si fascinant soit-il, d’ex- gigantesques suites hôtelières. « De lounge en lounge, semence, et fourre-les dans les nous, droite, les genoux écartés le enfants, témoins, acteurs, puis hibitionnisme aussi peut donner au Chacune rivalise dans le sembla- entrailles de ta putain, mon cadeau plus possible. Le sexe, entre les cuis- détruits, qui sont le centre de la spectateur le sentiment d’assister, ble («De lounge en lounge,le le même canapé tout de mariage pour tes et ses noces. » ses, est occulté par un sexe masculin fable. Médée reprend son attitude clandestin, aux pratiques d’une sec- même canapé tout autour du mon- Ce n’est pas une action légère, c’est de verre ou plastique transparent. droite. Nue, genoux écartés. D’une te, de ne pas s’y sentir trop bien. de », dit Botho Strauss), aux mesu- autour du monde », celle de Médée qui tue ses enfants, Abrégeons : le sexe sera arraché, il voix lente, intelligible, elle murmu- Avant tout, comment ne pas res de gens pressés de ne jamais et l’auteur, Heiner Müller, grand contiendra un liquide qui s’écoule- re : « Médée – Nourrice – Connais- avouer qu’il est attristant de voir quitter leurs marques : boutiques dit Botho Strauss. dramaturge de notre temps, écrit ra, d’abord onctueux peut-être, puis tu cet homme ? » Elle dit et redit ces Valérie Dréville, cette immense d’une main ferme. plus féroce car il mettra le feu à la mots, cependant qu’une assistante artiste, exécuter à la lettre cette per- Médée est entrée pendant la pro- tunique, laquelle sera jetée dans la vient placer, face au public, une pan- formance rituelle, cruelle, qu’Anato- jection du texte, grande femme min- cuvette. carte : « LA PIECE EST FINIE ».Le li Vassiliev aurait aussi bien pu con- ce en tunique de carreaux imprimés, Sur l’écran sont projetées, en con- spectateur comprend qu’il doit s’en fier à une jeune femme du pays des boutonnée devant. Chaussures noi- tinu, des images de toute beauté : aller, en silence, sur la pointe des chamans, des ensorceleurs-devins- res à barrettes, talons hauts, style océans, couchers de soleil, oiseaux pieds, passant devant le corps mur- thérapeutes, si nombreux et si voleuse d’enfants dans les films d’hu- volant au ras des vagues, nages ou murant de Médée. doués dans les taïgas du grand Est ? mour noir anglais. Elle s’assied, très plutôt danses de poissons. Soudain Ce spectacle, quoique prenant la droite, dans la chaise, et d’emblée Médée avise les deux petits manne- suite d’un exhibitionnisme en Michel Cournot elle donne le texte. « Donne » n’est quins-enfants : « Des comédiens voi- vogue, surtout dans la danse, est d’ailleurs pas le mot, tant le texte là ce que vous êtes, des menteurs et d’une étoffe si particulière que le - de Heiner Müller. n’est pas discernable. Disons que des traîtres, une demeure pour plus fidèle a été de le décrire, sans Mise en scène : Anatoli Vassiliev. nous entendons des paroles venues chiens, rats, serpents ! » Médée les plus. L’actrice, Valérie Dréville, dit Avec Valérie Dréville. d’ailleurs, pas la voix de tous les tire à elle avec un filin, les serre con- qu’elle et le metteur en scène, Ana-  ’, Chapelle des Péni- jours, plutôt un « cri musical », tre elle, les éventre, les fait valser en toli Vassiliev, voient là, plus un « tra- tents-Blancs, à 23 heures. Tél. : inventé, tantôt humain ou inhu- l’air, les jette dans le brasier de la vail » que de la représentation. 04-90-14-14-14. 19 ¤ et 23 ¤. Jusqu’au main, tantôt animal ou naturel (l’ora- cuvette. Ce qui la calme, dirait-on. Pourquoi pas ? Mais ce parti pris 16 (relâche le 14). Durée : 1 heure. ./  b A Aix, le pianiste et metteur en scène parodie « A Summer Night’s Dream » de Shakespeare Sur scène, les élèves de l’Ecole régionale d’acteurs de Cannes (ERAC) dont plusieurs interprètent successivement le personnage de Zacharias Werner.

griffées, salles de sport, de forma- souligne d’un trait pervers, en Le songe d’une nuit ratée, par Franz Wittenbrink tion permanente, boîtes et salons. envoyant deux baladins, valises La lecture d’un roman et un sémi- en main, marquer la différence du AIX-EN-PROVENCE donc une douleur, tant ce visage mozartien Montesquieu disait : « Le ridicule jeté à pro- naire sur les adoucisseurs d’eau théâtre dans le théâtre. Alfredo et de notre envoyée spéciale familier, soudain simiesque et lourdement gri- pos est d’une grande puissance. » Pas quand il entrent, du pareil au même, dans Vittorio ont trop tapé la route On nous avait promis une nuit de rêve et de mé, s’accommode peu de l’inquiétante étrange- est ainsi jeté par les fenêtres. Dommage, il y a l’ordre, implacable, du libre choix. pour ne pas se prendre les pieds poésie, touche d’humour, doigt d’érotisme. té qui sourd peu à peu du spectacle. Que les cos- quelques mois en février à Vienne, Wittenbrink Cet hôtel idéal est le siège de Pan- dans les moquettes lisses de l’hô- Cela ne fut qu’une triste partouze de série B, tumes soient un mélange du genre « les Des- nous avait donné, avec ses Pompes funèbres, comedia. Il est joliment nommé tellerie internationale. Ils sont ser- une « Loft Story » musicale affligeante. Avant chiens chantent Mozart », et d’un kitsch à la quelques coups de pied de l’âne vraiment drôlis- Confidence, propriété de la chaî- vis par des acteurs qui savent de virer franchement au long, très très long cau- Rocky Horror Picture Show, n’aurait rien en soi simes et décapants. Nina Hagen y côtoyait la ne du même nom, qui fabrique mesurer les chutes : Philippe Cru- chemar. En mêlant, dans A Summer Night’s qui dérange, si la scénographie et, surtout, le romance sentimentale, le cabaret berlinois, la aussi de la communication. L’hô- bézy et Pierre Gondard. Par leur Dream, Shakespeare et Mozart, qui, nous dit- « travail dramaturgique » – donc musical – chanson française et le Bach des Passions. A tellerie est un appendice dans la voix, le théâtre se met à parler. on, ont foultitude de points communs, le « pia- n’étaient à la même aune. Summer Night’s Dream devait parler d’amour, stratégie d’un groupe qui entend Avec les détours nécessaires. niste-musicien-concepteur-décorateur-éclaira- et il n’y a décidément que les amours mortes bien capter en sa faveur les échan- giste-metteur en scène » Franz Wittenbrink   pour se ramasser ainsi à la pelle. ges des mots et des chiffres, des Jean-Louis Perrier pensait se garantir, surtout du pire. Raté : Hormis certains gags repassant comme un plat amours et des affaires. c’était sans compter les trois méchantes fées de qu’il faut finir avant de quitter la table, hormis Marie-Aude Roux L’hôtel Confidence est le rendez-         - cette nuit interminable – l’indigence, la vulgari- quelques trouvailles vite déflorées puis abusées vous des auteurs, des éditeurs, , de Botho Strauss (traduit té et la laideur. jusqu’à la corde comme dans une tournante scé-   ’ , de Franz Wittenbrink des lecteurs. Une antichambre, par Bernard Chartreux, Eberhard Là où le cœur se serre, c’est que le lieu, lui, nique, l’ensemble est d’un académisme confon- d’après Shakespeare sur des airs de Mozart. Avec avant l’envoi de la prose adéquate Spreng, Jean-Pierre Vincent ; L’Ar- reste magique, petite cour cernée de hauts dant. Le triomphe repu de la fausse iconoclastie, Kathi Maurer (costumes), Stéphanie Mohr (drama- dans les tuyaux de la communica- che, 192 p., 13 ¤). Mise en scène : murs qui sied aux voix et offre à la musique une de la pseudo-subversion. Allons ! qu’on se turgie), Matthias Stötzel (piano), Gaëlle Burgelin tion mondiale. Le fou et sa femme Jean-Pierre Vincent. Avec les élè- résonance nocturne toute particulière. Que la dédouane d’avoir fait jouir Titiana, à cheval sur (clarinette), Eva Alexandrian (violon), Friedrich seraient-ils ceux qui s’obstinent à ves comédiens de l’ERAC et Philip- musique de Mozart, comme toujours, est un le sexe de l’âne Oberon, sur le nymphomaniaque Paravicini (violoncelle), les solistes de l’Académie rester en marge du groupe ? Qui pe Crubézy, Pierre Gondard, bonheur. Même étranglée par une instrumenta- « Alléluia » de l’Exultate jubilate KV 165. Qu’on européenne de musique d’Aix-en-Provence. est au juste Zacharias Werner, le Alexandra Tobelaim. tion anorexique. Même servie – parfois com- recouvre cette exaction du manteau jaloux d’Obe-  ’  ’--. Hôtel jeune éditeur marginal ? Un gué-  ’, Gymnase Auba- me un cerf aux abois – par des chanteurs en ron-Figaro pestant dans les Nozze di Figaro, Maynier d’Oppède. Le 7 juillet. Jusqu’au 27 juillet rillero, un illuminé, un imbécile, nel. Tél. : 04-90-14-14-14. Durée : herbe, dont certains croîtront peut-être si Dieu avant que de déverser le tombereau amoureux (sauf les 13, 20 et 24) à 22 heures. Tél. : un cynique ? Peter Stein avait 3 h 30. 13 ¤ et 16 ¤. A 18 heures, jus- leur prête voix et musique. Un bonheur, et d’un Puck-Cherubino « Voi, che sapetant ». 04-42-17-34-34. De 22 à 45 euros. estompé l’ironie straussienne, au qu’au 13 juillet. LE MONDE/VENDREDI 12 JUILLET 2002/29 CULTURE AGENDA

 b A Arles, deux Liégeois au style Danse Le goût du show, nouveau mal du siècle très différent réunis dans une même exposition Le chorégraphe Luc Dunberry, ainsi que huit fil serré entre abstraction et narration. Troisième acteurs-danseurs de la Schaubühne, théâtre pièce de ce jeune artiste d’origine canadienne (il mythique berlinois, témoignaient ainsi leur atten- est né en 1969), Seriously a été coproduite par la Pol Pierart et Thomas tion au public français en adaptant des pans Schaubühne et le Festival de Marseille. entiers de cette pièce, critique cinglante et néan- Dans la foulée, un nouveau projet, très excitant, moins drôle d’une société qui ne rit, ne pleure, ne voit le jour. D’avant, tel est le titre du spectacle, Chable, deux Belges touchés jouit que pour en faire le commentaire en direct à rassemble dans une écriture collective Luc Dun- la télé ! berry, Juan Kruz Diaz de Garaio Esnaola, Sidi Larbi Chaud devant, on communique sur tout ce qui Cherkaoui et Damien Jalet. Autrement dit, quatre par la grâce de l’image bouge, en particulier sous la ceinture, mais on garçons dans le vent (la première pièce de Cher- finit par hurler désespérément « allô ! y a quel- kaoui, Rien de rien, fait un tabac depuis deux ans), C’EST LE GENRE de plaisir qui, photographes qui se sont inspirés qu’un ? » en tournant dans sa roue tel un hamster. aussi vifs et acharnés bosseurs les uns que les à lui seul, justifierait, si besoin de ce livre. C’est dire sa justesse et Ainsi va la vie, cyclothymique : face A, on frôle la autres. Ils profitent depuis le 24 juin et jusqu’au était, l’existence des Rencontres sa légèreté. frénésie à force de vitalité tout sourire ; face B, on 15 juillet d’une résidence de création offerte par le d’Arles. Sur la foi du programme et Pourquoi ces images voyageuses tire la gueule en creusant sa déprime. Hors micro, festival. du plan, vous allez visiter une expo- vont-elles si bien avec les images il n’y a plus que des corps muets, hébétés, plein de « Il s’agit pour moi d’échapper définitivement à la sition sans rien savoir des artistes, immobiles de Pol Pierart ? Ce doit tics et de tocs qui remuent la jambe par réflexe et seule mission de programmation qui réduit sou- vous entrez et, presque aussitôt, être parce qu’elles ont en com- se bercent en mâchonnant la même phrase ad vent un festival à un espace de consommation, deux choses sautent aux yeux : mun, précisément, la justesse et la vitam. Tête sous la taie d’oreiller, doigts dans la détaille Apolline Quintrand, directrice. En lançant d’une part, l’exposition est extrê- légèreté. Pierart ne se définit pas bouche pour se faire vomir entre filles (les demoi- cette résidence, je veux me situer en amont de la mement étrange dans sa concep- comme un photographe, mais com- selles étant d’ailleurs nettement plus cabossées création, redéfinir le rôle de la manifestation du tion ; d’autre part, les œuvres sont me quelqu’un – il ne dit même pas que les garçons dans ce spectacle !), on se croirait côté de la recherche, en soutenant, tant financière- immédiatement convaincantes, artiste – qui emploie la photo, le presque dans une histoire de « Loft » mécham- ment qu’humainement, les jeunes créateurs. » Nos tout en étant fort différentes. film super 8 et la peinture. Dans ment corrigée par une bande de zouaves qui quatre complices ont donc investi le tout frais, Les artistes sont au nombre de ces techniques, il introduit le mot, aiment garder les doigts dans la prise. tout neuf studio Bird, aménagé par le chorégra- deux. Leurs points communs : tra- la phrase, le jeu de mots. Giga-top ou méga-grave, Seriously est une comé- phe Pierre Droulers. A 12 kilomètres du centre-vil- vailler à Liège ou dans les envi-    die noire dans laquelle Luc Dunberry tire à boulets le, au-dessus de l’Estaque, dans le quartier Saint- rons, employer un appareil et du En argot marseillais, pachole (pro- rouges sur ce mal du siècle qu’est le goût du Antoine, cette ancienne scierie réhabilitée par un papier photographiques, préférer Exemples tirés de son recueil inti- noncez patchole) signifie moule, comprenez : fou- show. Avec adresse et invention, pas mal de loufo- groupe d’artistes s’offre telle que la désirait Drou- le noir et blanc. Ils sont à Arles tulé Ça fait du bien d’ôter ses choses foune, pour rester propre. Quand on lui accole l’ad- querie heureusement aussi, il bâtit chaque lers : abritée, apaisante, lumineuse. D’avant sera à dans le cadre d’un échange entre sûres : « Puisque nous n’avons pas jectif « desséché », autant dire que les Marseillais séquence, qu’elle soit théâtrale ou chorégraphi- l’affiche du festival 2003. l’Ecole de la photographie et le d’avenir, ayons un présent », «Le s’estrassent de rire. Et si c’est une jolie blonde tirée que – les deux versants finissant par s’imbriquer très actif centre d’art contempo- fond de l’air est frais, le fond de à quatre épingles qui l’articule avec l’accent alle- naturellement – à partir de situations réelles qu’il Rosita Boisseau rain liégeois Les Brasseurs. Leurs l’être effraie ». Ces aphorismes, mand et l’air de ne pas y toucher, a piaffe dans les décale d’un coup violent. Cet ancrage permet à différences ? Considérables. Pol sérieux sans en avoir l’air, s’inscri- rangs. Ce détail gratiné, perle parmi d’autres d’un toutes les scènes, aussi surréalistes soient-elles, Festival de Marseille. Jusqu’au 25 juillet. Prochains specta- Pierart présente des photos format vent dans des installations à base collier de gros mots comme on aime parfois les d’imposer leur évidence. Dans la filiation danse- cles : Luc Dunberry avec Anything Else le 12 ; Collectif Skalen carte postale dans lesquelles appa- d’ours en peluche, plantes vertes, enfiler, est extrait du spectacle Seriously présenté théâtre de la chorégraphe Sasha Waltz, codirectri- et compagnie Pascal Montrouge le 15. Tél. : 04-91-99-02-50. raissent exclusivement des objets coquilles d’œuf, globes terrestres, par le Festival de Marseille, dimanche 7 juillet à ce de la Schaubühne avec laquelle il collabore com- De 7 ¤ à23¤. Photo : Sidi Larbi Cherkaoui © Tristan Jeanne- simples, des bricolages élémentai- tête de mort en plâtre et autopor- 22 heures, dans la cour de la Vieille Charité. me interprète depuis 1996, Luc Dunberry noue un Vales/Agence Enguerand. res et des petits papiers portant traits sarcastiques. Ils s’affichent des phrases tapées à la machine ou sur des petits panneaux, des écrites à la main en majuscules. feuilles de papier ou, directement, ou lors de la dispersion du fonds Thomas Chable expose, lui, des sur le front de Pierart. Chaque Photographie de l’architecte Viollet le Duc, Musiques Danse photos de format carré, faites au œuvre est donc autant à lire qu’à le 19 mars. cours de ses déambulations en Afri- voir. Pierart excelle dans la mise en , que, au Mali et au Burkina. Déam- scène apparemment désinvolte et  Musée d’Orsay (salle 8), quai  e -- Anatole-France, Paris-7 . Des incunables o M Solferino. Tél. : 01-40-49-48-14. Momo Wandel La fête à Georges au Musée d’Orsay Du mardi au samedi de 10 heures à 18 heures ; le dimanche à partir Soumah Momboye Lors de la vente aux enchères de la Parmi ceux qui pratiquent une de 9 heures et le jeudi jusqu’à Entre le jazz et l’Afrique, c’est plus collection André et Marie-Thérèse danse très contemporaine qui puise Jammes, à Paris, le 21 mars, l’Etat 21 h 45. Jusqu’au 28. 6,5 ¤ et 8,5 ¤. qu’une histoire d’amour. Plutôt un lien de sang, une filiation d’une néanmoins sa racine dans la français avait préempté, pour le culture africaine ou le hip-hop, compte de la Bibliothèque lumineuse évidence. Et si de Thomas nombreux jazzmen ont éprouvé Georges Momboye ouvre une route nationale de France, une gravure Classique originale et fructueuse. Après le Chable héliographique réalisée en 1825 par souvent le besoin de retourner expose boire à la source, beaucoup de Festival de Millau (Aveyron), le Nicéphore Niépce (1765-1833),  chorégraphe d’origine ivoirienne à Arles musiciens africains se sont laissés l’inventeur de la photographie, file au Festival de Radio-France, à des clichés séduire par le jazz. Ainsi le ainsi qu’une correspondance L’Olympiade Montpellier, où il assure la partie pris en saxophoniste et chanteur Momo importante. Le Festival de Beaune a dansée d’un opéra de Zoltan Afrique, dont Wandel Soumah. Originaire de la Ces lettres et cette épreuve, accompagné, durant vingt ans, Kodaly, Hary Janos, mis en scène l’apparente basse-côte de Guinée, on l’avait reproduction d’une gravure l’évolution et l’émergence des par Jean-Paul Scarpitta. Gérard simplicité e découvert au début des années hollandaise du XVII siècle, musiques anciennes. Le 13, Depardieu tient le rôle du récitant. cache 1990. Retombé ensuite dans un antérieure aux premiers essais l’excellent Rinaldo Alessandrini Puis, Momboye ira à une parfaite relatif anonymat, il est revenu avec connus de Niépce (Le Point de vue dirige dans la cour des Hospices la Vaison-la-Romaine avec Adjaya, maîtrise un nouvel album enregistré en du Gras est la première version originale (Venise, 1734) de une pièce pour dix-sept artistes qui du cadrage 1999 (afro swing/fonti musicali) et photographie réalisée d’après l’Olympiade, opéra d’Antonio sera suivie d’un bal africain. et du avec le Circus Baobab de Guinée en nature, vers 1826), sont à découvrir Vivaldi. Le programme annonce une Festival de Radio-France, Opéra contre-jour.   tournée, dont il assure la direction au Musée d’Orsay. « écriture musicale constamment Le Corum, Montpellier (Hérault). musicale. Elles sont exposées avec une renouvelée » et une « grande variété Les 15 et 16, à 20 heures. Tél. : bulations est ici le mot nécessaire : la construction de la lumière. Il ne quarantaine d’autres des situations dramatiques ». Maroquinerie, 23, rue Boyer, 04-67-02-02-01. De 8 ¤ à34¤; Festival Chable ne part pas en reportage, déteste pas non plus réunir deux e photographies, en majorité du XIX Hospices de Beaune, rue de l’Hôtel-Dieu, Paris- 20e.Mo Gambetta. Le 12, à de Vaison-la-Romaine (Vaucluse), le 31, n’accomplit pas une mission ethno- négatifs sur une même photo, afin siècle, achetées ou préemptées par Beaune (Côte-d’Or). Le 13, à 21 heures. 20 h 30. Tél. : 01-40-33-30-60. 12 ¤ et à 21 h 45. Tél. : 04-90-28-74-74. 15 ¤, graphique, ne suit pas les traces de se dédoubler. l’Etat lors de la même vente Tél. : 03-80-26-21-33. De 12 ¤ à55¤. 15 ¤. 19 ¤ et 22 ¤. d’un explorateur : il se balade. De L’interroge-t-on sur son cousina- temps en temps, dit-il, il sent que ge avec Ensor et le surréalisme, il le moment est propice pour faire répond qu’étant belge il a, en effet, une photo. Que ce soit dans une baigné dans le surréalisme, mais Sélection disques jazz, blues et rock rue poussiéreuse, dans une maison qu’il doit plus à la bande dessinée, obscure, sur une pirogue, pendant autre lieu de rencontre du lisible et une conversation, pendant la sies- du visible. Qu’il descende de  meilleur groupe depuis Nirvana ».On Rubin, sont imprégnées de référen- ce Cox (batterie) – sont manifeste- te. La photo peut donc tenir du por- Magritte ou d’Hergé n’a, au demeu- reconnaîtra que ces quatre jeunes ces pop. Teintées de romantisme ment dans une relation partagée de trait, du paysage, de la nature mor- rant, aucune importance, tant sont Charango gens semblent habités d'une foi et désenchanté, les mélodies se lais- pleine assurance et d’envie. – S. Si. te. On dirait presque qu’il n’y a pas efficaces ses petites images, qu’il Dès les d'un abandon propres à consumer sent séduire par les harmonies cho- 1 CD RDC Records/BMG. de photo, parce que les effets sont tire lui-même dans sa cave à char- premiè- quelques jolis couplets sur l'angois- rales des Beatles et des Beach Boys, légers, changeants, sans rhétori- bon, vignettes métaphysiques, poli- res mesu- se post-adolescente. Le flux tendu par la légèreté latino de Ritchie   que. tiques ou poétiques. res, on de la chanson titre (volatilisée en Valens (Cabron), les influences inat- Naturellement, cette simplicité Une dernière citation : «La replonge quatre-vingt-quatorze secondes), tendues de R.E.M. et des Smiths. Fool Me Good est due à une maîtrise parfaite de mémoire est une sentinelle qui s’en- dans le l'étincelle émotionnelle d'hymnes Sobre ; tendu et mélancolique, Frus- « Trésor musical de la Géorgie », l’instrument que Chable, né dans dort tout le temps. » Sans doute, bain de garages rocks comme Get Free don- ciante vole la vedette à son chan- comme la présente le musicologue un ascenseur en 1962, a perfection- mais on aurait tort d’oublier rythmes nent du panache à l'immaturité. teur, Anthony Kiedis, dont la voix George Mitchell, la chanteuse Pre- née en suivant les cours d’Hubert Pierart. volup- Pourtant, si dans Outtahaway Craig blanche et monocorde a du mal à cious Bryant vient d’enregistrer son Grooteclaes à Liège. Son sens du tueux Nicholls s'essaie à une pénible imita- relever le défi de ces variations chro- premier album dans le salon d’amis. cadrage et du contre-jour crépuscu- Philippe Dagen cher à Morcheeba. Basse toute en tion de Kurt Cobain, rien ici n'évo- matiques. – S. D. Les quinze titres interprétés par la laire est remarquable. Pour faire rondeur lascive, scratches sensuels, l’éloge d’Odeur d’Afrique – titre du      que le radicalisme décoiffant du 1 CD Warner. chanteuse, qui s’accompagne à la , Gale- touches de guitare blues ensoleillée livre qu’il a publié l’an dernier où groupe de Seattle. Dans les ballades guitare acoustique, proviennent rie Aréna, Ecole Nationale de la forment invariablement une alcôve   figurent les photos d’Arles –, il suf- qui parsèment ce premier album, on d’un vaste répertoire appris l’oreille Photographie, 16, rue des Arènes, douillette pour la voix sucrée et soul fit de dire que son regard est bien trouve même (hormis l'excellent collée au transistor, par transmis- Arles. Tous les jours de 10 heures à de Skye Edwards. Mais à l'inverse de plus proche de celui du Leiris de Country Yard) un sentimentalisme Band Shapes sion familiale ou collectage person- 13 heures et de 14 heures à 19 heu- son précédent album, Fragments of L’Afrique fantôme que de celui des un peu nunuche qui doit surtout au Compositeur de musiques de films, nel dans les communes rurales de res. Entrée libre. Jusqu’au 4 août. Freedom, qui tirait vers une pop accompagnateurs d’artistes qui pub rock des années 1970 et aux sa région natale du comté de Talbot sans consistance, le trio anglais a Beatles de (grand)papa. – S. D. connaissent sa musicalité rigoureu- et alentour. D’où des textes et des redonné un peu de profondeur à se, le pianiste Olivier Hutman mène 1 CD Capitol. mélodies qui partent des traditions son trip hop langoureux. Des invités également une carrière phonogra- 0123 locales – chants de l’Eglise baptiste, hip hop comme Pace Won ou Slick     phique discrète comme leader. La www.lemonde.fr blues rural, airs identitaires des Rick musclent un peu le propos, et poignée d’albums d’Hutman sous Etats du Sud – pour aller jusqu’aux surtout Kurt Wagner, démiurge de By The Way son nom en près de vingt ans (en Dans le cadre des festivals la country alternative au sein du fas- Plutôt que de rester le groupe sym- particulier Six Songs, sorti en 1983, et premier pas du rhythm’n’blues et cinant Lambchop, cosigne deux bole de l'hédonisme californien, les Brooklyn Eight, en 1997) résiste au du rock’n’roll, millésimés début des d’Aix-en-Provence et d’Avignon 2002 titres, dont What New York Couples Red Hot Chili Peppers ont su intro- temps. Un sort heureux que devrait années 1950. La voix douce et cha- Fight About, sur lesquels il pose son duire – en particulier, à partir de aussi connaître Band Shapes. Hut- leureuse de Precious Bryant, son murmure mystérieux. – S. D. Blood Sugar Sex Magik (1991) – de man est un homme de rythmes à approche syncopée du jeu à la Retrouvez sur Radio Classique les meilleurs moments 1 CD China/WEA. nouvelles perspectives dans leur visées mélodistes, ce qui s’entend guitare – et surtout la diversité de du « Monde des Rencontres ». Une émission pour découvrir, son répertoire –, montrent que   fusion originelle de punk, funk, rap dans sa manière d’ajuster au mieux autour du Monde, toutes celles et ceux qui feront et metal. Elément clef de ces évolu- le tempo ; son écriture d’une grande Precious Bryant a une approche l’actualité de ces festivals. tions, le guitariste John Frusciante clarté densifie le propos orchestral, ouverte du blues, dont elle traduit toute la vitalité. Sans recours à des Highly Evolved est de nouveau à l'origine des muta- le swing surgit de chaque note qu’il Du 8 au 22 juillet, du lundi au vendredi à 18 h 45. Avec la même frénésie que pour les tions d'un huitième album qui joue ou qu’il confie à ses compa- effets extérieurs de « modernité » Strokes en 2001, la presse anglaise devrait surprendre plus d'un fan. Si gnons. Ces derniers – Steve Slaggle pas plus qu’elle ne pourrait être s'emballe pour The Vines, combo deux ou trois titres (By The Way, (flûte, saxophones), Tony Miceli réductible à une prétendue australien dont le New Musical Can't Stop) savent encore bander (vibraphone), Joe Magnarelli (trom- « authenticité » au prétexte de son Radio Classique à Paris : 101.1, Aix : 100.9, Avignon : 99.4 Express, jamais avare de dispropor- leurs muscles, la plupart de ces nou- pette), Larry Farrell (trombone) Char- approche minimaliste. – S. Si. et toutes les autres fréquences sur www.radioclassique.com tion, n'hésite pas à dire qu'il est «le velles chansons, produites par Rick les Fambrough (contrebasse) et Bru- 1 CD Terminus Records. 30/LE MONDE/VENDREDI 12 JUILLET 2002 CULTURE PORTRAIT

LES GENS DU MONDE

a « Ils ont dit que j’ai blanchi ma la féminité peau. Ils ont tout fait pour monter Jeanne Dandoy, le public contre moi. C’est un com- plot. Je sais à quelle race j’appar- tiens. Je me regarde dans un miroir et je sais que je suis noir », a déclaré mardi 9 juillet, à New York, . La star en pâture est actuellement en conflit ouvert avec sa maison de dis- ques, Sony. « Dès que j’ai com- La comédienne présente à Avignon sa première mencé à battre des records de ven- tes de disques de tous les temps création, « Jane ». Dans une cabine de peep-show, (…), ils m’ont traité de monstre, ils ont dit que j’étais homosexuel, ils elle dit des textes érotiques, interrogeant le travail m’ont traité de pédophile », a-t-il affirmé, à l’occasion d’un « som- des actrices et le regard porté sur les femmes met sur la musique » organisé par Al Sharpton, figure de la lut- te pour les droits civiques, desti- DANS une cabine de peep-show, derrière  né à dénoncer les pratiques des une vitre sans tain, Jane apparaît, en tenue maisons de disques. assez déshabillée, pour le plaisir d’un seul f 1975 a Les Grands Prix des Rencontres spectateur. Auparavant, il ou elle a choisi de Naissance en Belgique. d’Arles 2002, dotés chacun de payer pour une prestation, un texte choisi 10 000 euros, ont été attribués parmi une dizaine, en fonction de son titre f 1989 mardi soir lors d’un dîner dans les – « Le paradis », « Ce membre sublime », arènes, l’amphithéâtre romain de « L’ogre », « La passion »… – et de son tarif. Ecrit sa première pièce la ville. Le Sud-Africain Roger Une dizaine de minutes plus tard, pendant de théâtre. Ballen s’est vu décerner le prix lesquelles Jane lui dit son texte, il ou elle res- d’Arles du photographe de l’an- sort, sans que Jane ait pu le voir. C’est au f 1996 née 2002, qui récompense un pho- tour du suivant… Sort du Conservatoire tographe ou un artiste utilisant la Jane est un personnage et un spectacle de Liège. photographie. Le prix Découver- inventés par Jeanne Dandoy. Vingt-sept ans, te d’Arles 2002 est allé à l’Alle- une frange brune faussement sage, Jeanne f 1998 mand Peter Granser. Le prix No Dandoy a choisi pour sa première création Limit d’Arles, récompensant un personnelle cette performance limite. « Com- Joue « Lulu », photographe dont le travail me comédienne, j’ai souvent eu le sentiment de Frank Wedekind. contribue à repousser les limites d’être utilisée. Je me souviens d’une pièce où je de l’expression photographique, ne comprenais pas ce que voulait le metteur f 2000 a été attribué à la Néerlandaise en scène. Des amis m’ont donné un conseil Crée « Jane ». Jacqueline Hassink. Le prix Dia- pour lui plaire : “Pleurez, ça marche tou- logue de l’humanité d’Arles a été jours.” On m’avait mise à l’avant-scène, dans f 2002 remis au Britannique Tom Wood. une combinaison noire assez sexy. Je me suis Joue « Jane » a Le prix du Livre d’Arles, récom- tellement sentie jetée en pâture au public que pensant le meilleur livre ou cata- je me suis mise à pleurer. Et là, le metteur en à Bruxelles logue de photographies édité er scène m’a crié : “Formidable !”. » Les comé- et à Avignon. -  entre le 1 juin 2001 et le 31 mai diennes, plus encore que leurs collègues mas- 2002, a été attribué, parmi 220 culins, sont souvent choisies pour leur physi- candidatures, au Sud-Africain que, pense-t-elle. « On nous dit toujours : ne Koto Bolofo, pour le livre Sibu- te pose pas de questions, fais ce qu’on te dit. attirée par le théâtre et l’écriture. A 14 ans, Jacques Delcuvellerie propose des expé- Après Jane – « la plus forte expérience que siso Mbhele and His Fish Helicop- Bref : sois belle et tais-toi. C’est assez proche elle écrit sa première pièce, rêve de jouer La riences marquantes à ses élèves du conserva- j’aie eue en tant qu’actrice » –, Jeanne Dan- ter, publié par Powerhouse de la prostitution : nous aussi, on le fait pour Mouette de Tchekhov et Mademoiselle Julie toire ou les entraîne dans les ateliers qu’il doy veut mettre en scène une pièce qu’elle a Books. L’aide à l’édition d’Arles, de l’argent. » de Strindberg, deux pièces qu’elle aura l’oc- organise pour le Groupov. « On part huit écrite à la suite des événements du 11 sep- permettant de soutenir un projet Jeanne Dandoy a choisi la provocation du casion d’interpréter quelques années plus jours en pleine nature, entre comédiens, tembre. « La réaction du gouvernement amé- de livre ou de catalogue de photo- peep-show pour travailler sur l’image de la tard. A 17 ans, elle choisit d’entrer dans une vidéastes, plasticiens, avec par exemple le silen- ricain m’a choquée. Cette façon de se présen- graphies dont l’édition est parti- femme, sur le masochisme ambigu de ses école de théâtre, persuadée que cet art peut ce pour consigne. Le thème peut être l’enfan- ter comme les seuls bons, les seuls justes, alors culièrement difficile, a été remise sœurs, sur la force de leur rapport aux figu- contribuer à changer le monde. « Je le crois ce, ou la mort, ou la nature. On doit parfois qu’aux Etats-Unis on condamne des mineurs à à la Française Anne-Lise Brover res paternelles. Elle puise les textes de Jane toujours, de manière peut-être moins naïve. apporter un objet dont on veut faire le deuil. Je la peine de mort, m’a ulcérée. » Sa pièce n’est pour Une histoire sans nom. chez le marquis de Sade, Pierre Louÿs, les En tout cas, le théâtre peut aider à ne pas me souviens d’une consigne qui consistait à cependant pas une œuvre réaliste, plutôt un a Le juge des référés du tribunal mystiques féminines, dans la Bible ou parmi stagner. » dépecer un lapin… On découvre les mille che- conte à la Candide : une fillette qui fait sa administratif de Rennes a suspen- ses propres écrits. Auparavant, elle a incarné mins qui existent pour arriver au théâtre », première communion le 10 septembre perd du, vendredi 5 juillet, l’arrêté pris au théâtre plusieurs rôles féminins qui l’ont     raconte la comédienne. peu à peu ses illusions. Enfance et violence, le 17 juin par la maire de Guilers marquée, sous la direction de Jacques Delcu- Au conservatoire de Liège, elle étudie sous Quand elle a commencé à concevoir Jane, innocence et perversité : Jeanne-Jane chemi- (Finistère) empêchant la tenue du vellerie, l’un de ses professeurs au conserva- la direction de Jacques Delcuvellerie et elle a aussitôt reçu le soutien du Groupov, ne à travers les territoires du trouble. Festival Astropolis. Cet événe- toire et le fondateur de la troupe belge Le découvre le travail du Groupov. Compagnie qui affectionne le travail sur les limites du ment festif, qui pourrait bien Groupov. Avec la Lulu de Frank Wedekind originale qui mêle artistes de différentes théâtre. Deux productions de la compagnie Catherine Bédarida devenir l’une des plus grandes et l’Agnès de L’Ecole des femmes, elle a plon- nationalités et de diverses disciplines, le sont présentées au même moment à Avi- fêtes techno de la région, aura gé au cœur du continent noir féminin et Groupov mène des créations expérimenta- gnon, Jane et le Discours sur le colonialisme, Discours sur le colonialisme, d’Aimé Césaire, donc bien lieu les 2 et 3 août. découvert « comment paraître un ange alors les et des mises en scène de textes du grand d’Aimé Césaire, interprété par Younouss adaptation et mise en scène Jacques Delcuvelle- a Le deuxième épisode de la qu’on commet des choses horribles », « com- répertoire, de Brecht à Claudel (le numé- Diallo. Jacques Delcuvellerie revendique rie, par Younouss Diallo. Jusqu’au 18 juillet, à comédie de science-fiction Men ment faire émerger à la conscience un pouvoir ro 67-68 de la revue Alternatives théâtrales « ces deux versants du travail du Groupov, 14 heures. La Manufacture, 2, rue des Ecoles, in Black, avec l’acteur-rappeur de séduction qui va bouleverser sa vie ». est entièrement consacré au Groupov). Dési- l’un qui touche à l’histoire, l’autre qui parle de Avignon. Tél. : 04-90-86-30-78. Jane, par Jean- Will Smith et Tommy Lee Jones, La comédienne a grandi dans une famille reux de se confronter aux problèmes con- l’intimité ». « La prostitution et le théâtre ont ne Dandoy. Du 14 au 27 juillet (sauf 19 et 24) ; a pris la première place du box- d’artistes. Chanteuse d’opéra, sa grand- temporains, le Groupov a en particulier créé longtemps été synonymes pour les Pères de les jours pairs de 20 heures à 23 heures ; les office américain ce week-end. Le mère maternelle était aussi une bouffeuse Rwanda 94, une œuvre exceptionnelle, tant l’Eglise. Plus essentiellement, comment nom- jours impairs de 20 heures à 2 heures. L’Autre film, dans lequel deux agents de curé. Elle en a hérité le goût de l’offensi- sur le propos (le génocide rwandais) que sur meriez-vous quelqu’un qui, pour de l’argent, Lieu, 40, rue Thiers. Avignon. Tél. : fédéraux loufoques sauvent la pla- ve : « Je ne tolère pas qu’on se batte contre l’is- la forme, mêlant pièce de théâtre, opéra, feint pour votre plaisir d’aimer, de souffrir, de 04-90-86-30-78. Entretiens particuliers avec nète menacée par des extra-ter- lam sans rappeler que la religion catholique a images de film, conférence, marionnettes haïr, de jouir ? C’est pourtant là le rôle de l’ac- Jane, uniquement sur rendez-vous, de 11 heures restres, a engrangé 52,1 millions aussi ses talibans. » Adolescente, elle se sent (Le Monde du 26 janvier 2001). teur », note-t-il à propos de Jane. à 14 heures, au 06-14-80-48-42. de dollars durant le week-end.   TÉLÉVISION RADIO

de cette transplantation :  12  Les kamikazes les harkis. Ulster, les coulisses de la paix f Le Parrain, le roman complet f Le monde change ILS N’ÉTAIENT PAS si volontai- da, a longtemps tourné autour de pour la télévision (1 et 2/9) 13 h 10, RFI res que ça. Certains avaient seule- sa maison avant d’oser en franchir Quel a été le pas à pas des négociations périlleuses et complexes qui 22 h 00, Paris Première Patrick Chompré s’intéresse ment 17 ans et savaient à peine le seuil. Il avait honte d’être encore ont permis d’aboutir à un accord de paix en Irlande du Nord, en avril Un vrai cadeau d’été pour aujourd’hui à l’avenir des déchets piloter. La pression de leurs supé- en vie. Sa mère l’a aperçu et s’est 1998 ? Rendre les armes, diffusé ce soir, est le dernier des quatre volets de les amateurs du Parrain. nucléaires. La France est le leader rieurs hiérarchiques était telle qu’il précipitée pour le serrer dans ses l’enquête très fouillée que les Britanniques Brian Lapping et Norma Percy Paris Première diffuse chaque mondial de l’industrie leur était presque impossible de bras. « Excuse-moi d’avoir perdu la ont consacrée à ce long processus, entre 1981 et mi-2001. Témoignages iné- dimanche, avec rediffusion le nucléaire ; mais, une fois refuser d’aller se jeter, avec leur guerre ! », lui a-t-il dit. Sa mère lui dits, toujours corroborés par la « partie adverse », révélations des acteurs- vendredi suivant, la version le combustible brûlé, avion bourré d’explosifs, sur les a répondu qu’elle s’en moquait clés et images d’actualités : la méthode Brian Lapping (auteur du fameux télévisée du Parrain. Ce soir, que faisons-nous de nos navires américains. éperdument. Il n’avait que 19 ans. Yougoslavie : suicide d’une nation européenne) fait une fois encore mer- rediffusion des deux premiers déchets ? Laure Ducaroir a mené C’est toute l’histoire des kamika- Le départ des pilotes obéissait à un veille pour sa rigueur, sa précision, son montage – qui évite tout épisodes de cette version longue, l’enquête à l’usine de la Cogema zes japonais que réexamine le véritable rituel. Sur des images d’ar- commentaire. dans laquelle Francis Ford de la Hague, qui retraite documentaire allemand de Klaus chives, on voit de petits groupes, Durant la seconde moitié des années 1990, le premier ministre britanni- Coppola a repris les deux les résidus de plusieurs pays Scherer diffusé mercredi soir sur déjà en tenue de vol, qui boivent que, Tony Blair, parvient à obtenir un cessez-le-feu et, surtout, à amener premiers volets de sa trilogie en européens. Arte. Ils ont été 6 000 à périr ainsi, une ultime coupe de saké. Des éco- les ennemis de toujours à se retrouver autour d’une table : le Sinn Fein, en chamboulant la structure f Histoire d’années d’octobre 1944 jusqu’à la capitula- lières du voisinage venaient appor- aile politique de l’IRA (l’Armée républicaine irlandaise, catholique), et les narrative. Avec des séquences 20 h 00, France-Inter tion du Japon, en août 1945. Le ter des bouquets de fleurs et agiter unionistes (protestants). C’est là que commence ce dernier volet d’« Irlan- inédites par rapport à la version Cette nouvelle émission, intitulée témoignage des rares survivants, leurs mouchoirs. L’une d’elles se de : fin de partie », permettant de vivre dans les coulisses de l’histoire en cinématographique, et en « Histoire d’années », revient qui ont réussi à poser leur avion souvient de la scène en pleurant. train de se faire, tant en Grande-Bretagne qu’aux Etats-Unis (Bill Clinton version originale sous-titrée. sur les événements qui ont touché par des tirs américains, ou Les pilotes leur faisaient parfois est un des témoins interviewés). Jusqu’à l’installation d’un gouvernement f « Profils » bouleversé nos sociétés et changé que la fin de la guerre a surpris cadeau de quelque objet person- nord-irlandais où toutes les parties sont représentées. – Ma. D. Ferveur Jacques Lassale peu à peu le monde au cours avant qu’ils n’accomplissent leur nel. Sur les photos, les visages sont « Irlande : fin de partie » (4/4), vendredi 12 juillet, 22 h 15, Arte. 23 h 15, Arte des dernières décennies, mission, remet sérieusement en étonnamment juvéniles. Acteur, auteur, metteur en annonçant le nouveau siècle. cause le mythe héroïque. L’un d’en- L’état-major japonais avait beau- scène, fondateur de compagnie, Eric Yung s’intéressera aussi bien tre eux, Kenichiro Onuki, raconte coup d’imagination. On a essayé  12  (chrétienne, juive, musulmane) directeur de théâtre, à la politique, au social, aux comment il s’est retrouvé interné aussi des sortes de bombes humai- ayant connu l’exode de 1962 professeur… Jacques Lassale a idéologies qu’aux faits divers, dans un camp spécial, avec une nes volantes, lancées à partir de f Algérie-Montpellier : témoignent du drame pratiqué tous les métiers à la culture et aux nouvelles vingtaine de ses camarades qui plus gros avions, et appelées aller simple et du chemin parcouru, de l’art dramatique. Son portrait technologies. étaient parvenus, comme lui, à fai- « fleurs de cerisier » parce qu’elles 9 h 45, France 5 dans ce documentaire de 2001 est réalisé par un autre f Pollen re atterrir leur appareil endomma- tombaient du ciel comme fleurs de Il y a quarante ans se produisait réalisé par Benoît Califano. comédien, Jean-Philippe 21 h 00, France-Inter gé. « On nous considérait comme cerisier au printemps. La marine a une vague d’immigration Si l’on reste avec l’impression Puymartin, qui a surtout Dans le cadre des Francofolies de des traîtres », se souvient-il. Il avait fabriqué d’étranges torpilles massive et soudaine : que ces témoins en diraient le grand mérite de capter La Rochelle, Jean-Louis Foulquier été déclaré mort, avait eu des funé- pilotées. l’arrivée en France de ceux aujourd’hui davantage, nombre l’intimité du travail du metteur retrouve Henri Salvador pour le railles officielles, et on avait déjà Les kamikazes survivants étaient qui n’avaient plus leur place d’autres venant d’en finir en scène avec « ses » acteurs : premier de deux « Pollen » apporté à sa mère une urne censée très mal considérés, comme on l’a dans l’Algérie indépendante. avec le silence sur la guerre ses attentes, ses exigeances, exceptionnels, enregistrés au bord contenir ses cendres. vu. Aucun de leurs supérieurs hié- Un million de personnes d’Algérie, ce film a le mérite son attention passionnée. de l’eau. Comme celui de Miossec, Un autre rescapé, Masamichi Shi- rarchiques n’a jamais été inquiété. rapatriées en quelques mois. de ne pas oublier Un « excès d’amour » qu’il vendredi prochain, le concert est Les membres de trois familles les laissés-pour-compte appelle « l’amour d’Alceste ». retransmis en direct et en public. LE MONDE/VENDREDI 12 JUILLET 2002/31 radio-télévision JEUDI 11 JUILLET TF1 FRANCE 2 FRANCE 3 CANAL+ FRANCE 5 / ARTE M6

16.25 Dingue de toi Ames sœurs. Série 17.00 17.35 Vélo club Cyclisme 18.05 Un livre Le 16.50 Au-delà du temps Téléfilm. Bruce Seth 17.20 Mademoiselle a Film. Philippe Lioret. 17.30 100 % question 18.05 Le Crabe et la 17.50 Le Clown Mission forcée & 18.50 17.55 18.10 18.25 & f 19.00 & 19.45  Melrose Place Les pièges. Série Sous le Génie féminin de Julia Kristeva JAG Le Green (EU, 1990) Questions pour un Avec Sandrine Bonnaire En clair jusqu'à 20.05 Fourmi Documentaire Voyages, voya- Sydney Fox Le drapeau oublié soleil Noces de sang. Série 18.55 Qui veut fils du héros 18.55 Tous au club 19.45 Histoi- champion 18.55 Le 19-20 de l’info, Météo 18.35 Allô la Terre ici les Martin Série 19.00 A ges Tanger 19.45 Arte info, Météo 20.15 La 20.45 Caméra café Série 19.54 Le Six Minu- gagner des millions ? 19.55 Météo 20.00 Jour- res formidables par Stéphane Peyron 19.50 20.10 Tout le sport 20.15 Le Journal du Tour la Clairefontaine 19.10 Les Guignols 19.30 vie en feuilleton A l’école des pom-pom girls tes, Météo 20.05 Mode 6 Givenchy / Valen- nal, Météo. Un gars, une fille 20.00 Journal, Météo. Cyclisme 20.30 C’est mon choix... ce soir. Journal, Le Zapping. 20.05 Burger Quiz [4/5]. La première fois. tino 20.10 Notre belle famille Amour fou &.

20.55 N 20.55 F  ’ 20.55 U   P 20.45 G C 20.45 P  - I- 20.55 O   Esclavage moderne. Film. Serge Film. Michael  C Série. Patrick Jamain. Avec Roger Hanin, Simone Weber, la « diabolique » de Nancy. Korber. Avec Dany Carrel, Jean Lefebvre, Rymer. Avec Omar Epps, LL Cool J, Nia Long, Film. Michel Couvelard. Avec Jean- Pier- [1/10] Ce soir, 4 garçons quittent Christian Rauth, Audrey Soualhat, Saïd Ama- Présenté par Christophe Hondelatte. 5575879 Bernard Blier, P. Avron (Fr., 1966). 5592546 Stanley Tucci, Pam Grier (EU, 2000) ?. 778966 re Darroussin, Catherine Frot, Fabienne le bateau. Divertissement. 6834633 dis, Hichem Yacoubi (Fr., 1999). 5578966 Documentaire. Florent Chevolleau, Bernard Un idiot de village se retrouve à Paris, Un policier infiltre un gang de Babe, Sami Bouajila (Fr., 1999) %. 255121 Parmi les 100 candidats masculins Une fillette en fugue conduit Navarro Faroux, et Christian Gérin. où il tombe amoureux d’une prosti- trafiquants de drogue. Un sujet banal, Pour échapper à la solitude, un au départ, seulement 16 d’entre eux se à enquêter sur un réseau esclavagiste L’affaire d’une femme condamnée tuée au cœur tendre. La formation banalement traité. Prix spécial homme de quarante ans, comédien verront offrir la possibilité de continuer qui kidnappe des enfants pour les en 1991 pour le meurtre de son d’un type de personnage auquel sera du jury et Prix spécial Police lors du raté, renoue avec une famille avec l’aventure sur un voilier, en compagnie revendre. amant. attaché Jean Lefebvre. Festival de Cognac 2000. laquelle il avait depuis longtemps de Loan, Ariane, Léa et Vanessa. 22.30 Météo, Soir 3. rompu les ponts... 22.40 L  22.50 C  ’ 23.00 L B 22.20 A a 22.15 T - I,   22.10 O   Téléfilm. Jorge L’amour à Film. Jean-Claude Film. Robert  C Montesi. Avec Patrick Dempsey, Margot tout âge. Présenté par Gaël Leforestier. Invi- Missiaen. Avec Robin Renucci, Véronique Zemeckis. Avec Michelle Pfeiffer, Harrison [1/4] Des bombes et des urnes Ce soir, un garçon quitte le Kidder, Kate Veron (EU, 1995) ? 7758625 tés : Charlotte de Turckheim, Jean Benguigui. Genest, Gérard Desarthe, Michel Constantin, Ford (EU, 2000, v.o.) ? 56339053 (1981-1990). Documentaire. 100863508 bateau. Divertissement. 1478701 Une jeune femme pénètre dans la vie Génération Lolita ; Les ados et le sexe ; Les Patrick Depeyrat (Fr., 1985) %. 5793411 0.25 Black Books Virtuose malgré lui &. 23.20 Thema [2/4] Pourparlers avec les terro- d’une famille en deuil. seniors au dancing ; etc. 7511527 Un polar d’une naïveté maladroite. 91164 0.50 South Park Série (v.o) %. 5121812 ristes (1990-1993). Documentaire. 9683362 23.25 Dernier stade Film. Christian Zerbib.

0.20 Koh-Lanta Episode n˚2. 1484611 1.15 0.40 Journal, Météo 1.00 Nikita L’homme 0.35 La Case de l’oncle doc Le Chemin 1.15 Un flic aaa Film. Jean-Pierre Melville 0.20 Thema [3/4]. Du silence des armes, Avec Anne Richard, Philippe Volter %. 5225411 Mode in France 2.25 Reportages Triomphant, derrière le rideau. Série % 1.50 Eurocops Der- des neuf mondes. 1636744. 1.30 Capitaine (Fr., 1972) &. 2232305. 2.55 Le Cercle aa 1994-1996. Documentaire. 1139638. 1.20 1.10 Tour de France à la voile 1.14 Météo 1.15 le sous-marin du silence 2.55 Enquêtes à l’ita- nière réunion &. Dix jours tout compris & Flam Un long voyage. 3511378 2.00 Soir 3 2.25 Film. Jafar Panahi (Iran, 2000) &. 3877183 Cyclomania Téléfilm. Simo Halinen. Avec Lau- C’est l’after Magazine 2.00 M6 Music / Les lienne 3.50 Notre XXe siècle 4.55 Aimer vivre 3.05 Un autre tour de France 3.35 Infos, Le Journal du Tour 2.35 Mondial 3.05 Des raci- 4.25 Le Monde des ténèbres Le sacrifice %. ri Nurkse, Tommi Mujunen, Elena Leeve, S. Nuits de M6 Magazine (420 min) 40197676 en France [2/2]. 7043893 (30 min). Météo 3.55 Conan & (105 min). nes et des ailes Florence 7620305 (120 min). 8774611 5.10 Hockey NHL Rétro (100 min). Pääkkönen (Fin., 2001, 90 min). 6747724. CÂBLE ET SATELLITE RADIO FRANCE-CULTURE FILMS MAGAZINES 20.00 La Vie secrète des chats. National Geographic MUSIQUE 14.05 La Haine aaMathieu Kassovitz (France, 1995, 17.00 Les Lumières du music-hall. Charles Aznavour. 20.00 La Route transasiatique. [3/7]. L’Inde. Voyage 19.15 Les Solistes de la fondation Beracasa. Festival Radio 20.30 Fiction 30. Œuvre d’Elsa Solal. N., 100 min) & Cinéfaz Patrick Juvet. Paris Première 20.15 Hollywood Stories. Tom Hanks. Paris Première France de Montpellier 2000. Avec Per Tengstrand (piano). 21.00 Le Gai Savoir. Jean-Pierre Morel. 15.05 Le Gaucher aaaArthur Penn (Etats-Unis, 17.10 Comme à la télé. Invités : Jean-Pierre Pernaut ; 20.30 Quatorze récits d’Auschwitz. [4/14]. Raphaël Œuvres de Beethoven. Mezzo 22.00 Journal. 1958, N., 100 min). TCM Catherine Nay ; Guy Lux. Match TV Esrail. Histoire 22.45 Le Quatuor Huberman joue Schubert et Dvorák. 22.10 Multipistes. 17.40 Les Enfants du paradis aaaMarcel Carné 18.55 J’y étais. Invités : Jean-Marie Perrier ; André 20.45 Robert Wyatt, la vie après « Soft Machine ». Planète Auditorium du Louvre, le 2 décembre 1998. 22.30 Surpris par la nuit. (France, 1943, N., 100 min) [1/2] & CineClassics Glucksmann. Match TV 21.00 L’Histoire de la Révolution française. [6/6]. Le Avec Yehonatan Berick (violon), Guy Braunstein (violon), 0.05 Du jour au lendemain. 17.55 aaa 19.00 La Leçon de piano Jane Campion. Avec Explorer. Voyage sous les grottes. Les fantômes du Consulat et l’Empire. Histoire Gilad Karni (alto), Zvi Plesser (violoncelle). Mezzo FRANCE-MUSIQUES Holly Hunter, Harvey Keitel (France - Australie, 1992, bayou. Les tombeaux de glace de Sibérie. Nat. Geographic 21.00 Festival d’Avignon. [1 et 2/2]. Mezzo TÉLÉFILMS v.m., 115 min) % CineCinemas 3 23.30 Recto Verso. Michel Galabru. Paris Première 22.00 L’Esprit des mers. Journal de bord. Nat. Geographic 20.00 Concert. A l’Orangerie de 18.30 Un monde parfait aaClint Eastwood 0.00 Plaisir de France. Marcel Marceau. Match TV 22.40 Nazisme, un avertissement de l’histoire. [6/6]. 19.00 Un nouveau départ pour la Coccinelle. Robert Champs-sur-Marne. Olivier Baumont, (Etats-Unis, 1993, 135 min) & Cinéstar 1 0.10 La Route. Invités : Antoine de Caunes ; Bernie La fin du Reich. Planète Peyton Reed. Disney Channel clavecin : Œuvres de Couperin, Markeas. 19.20 Les Enfants du paradis aaaMarcel Carné Bonvoisin. Canal Jimmy 23.00 Pilot Guides. Trekking en Ouganda et 20.40 Le Mystère d’Edwin Drood. Timothy Forder. Festival 21.30 54e Festival international d’art lyrique (France, 1943, N., 85 min) [2/2]. CineClassics DOCUMENTAIRES en République démocratique du Congo. Voyage 21.55 Les Mouettes. Jean Chapot. Paris Première d’Aix-en-Provence. Le Balcon. Opéra de 20.35 Batman, le défi aaTim Burton (Etats-Unis, 23.20 L’Enigme de l’« Oiseau blanc ». Histoire 22.35 Passagers clandestins. John Mackenzie % RTL 9 Peter Eötvös. Par l’Ensemble 1992, 130 min) % TMC 17.30 Plongée avec les chercheurs aventuriers. Portugal : SPORTS EN DIRECT SÉRIES InterContemporain, dir. Peter Eötvös, Csaba 22.10 Ouvre les yeux a Alejandro Amenabar (Fr. - Esp., la route des cachalots. Voyage Airizer (l’évêque). & 18.00 14.30 e 18.50 1997, v.o., 115 min) Cinéfaz Espace sauvage. Les grands blancs d’Afrique Cyclisme. Tour de France (5 étape) : Soissons - Le Chevalier de Maison Rouge. La patrouille. Lorin. RADIO CLASSIQUE 22.20 La ville des pirates aaRaoul Ruiz (France, du Sud. National Geographic Rouen (195 km). Eurosport Le bonhomme Octave. Histoire 1983, 110 min) & CineCinemas 3 18.25 Nazisme, un avertissement de l’histoire. [6/6]. DANSE 19.55 Stargate SG-1. Les démons. Série Club 20.00 Les Rendez-Vous du soir. Concert pour 22.20 Cyrano de Bergerac aaaJean-Paul La fin du Reich. Planète 19.55 Docteur Quinn. Portraits. & Téva petit orchestre op. 34, de Roussel, dir. David Rappeneau (France, 1989, 140 min) & TPS Star 18.30 Saveurs du Liban. La vallée de la Beeka. Voyage 17.00 Mayerling. Chorégraphie de Kenneth MacMillan. 22.20 McCallum. Une bactérie mortelle % 13ème RUE Stern ; Œuvres de Honegger, Ravel. 23.45 La Porte du diable aaAnthony Mann 18.35 Evasion. Doubs : le sentier du guépier. Odyssée Musique de Liszt. En 1994. Avec Irek Mukhamedov (le 22.35 Les Monos. Le Responsable. TV 5 20.40 Concert. Par The Nash Ensemble : (Etats-Unis, 1950, N., 90 min). TCM 19.00 Voyage pratique. L’Ecosse, hors du temps. Voyage prince Rudolf), Viviane Durante (la baronne Marie 23.00 Michael Hayes. Jusqu’au bout. Monte-Carlo TMC œuvres de Mozart, Berwald, Schubert. 0.10 Midnight Run aaMartin Brest (Etats-Unis, 19.00 Biographie. Malcolm X. La Chaîne Histoire Vetsera), Jane Burn (princesse Stéphanie), Derek Rencher 23.45 Un flic dans la mafia. [2/2]. Bienvenue dans 22.25 Les Rendez-Vous du soir (suite). 1988, v.m., 125 min) % CineCinemas 3 19.30 Action Heroes. James Bond. TPS Star (l’empereur François-Joseph) ... Mezzo la famille. Monte-Carlo TMC Œuvres de Chopin, Onslow, Farrenc, Liszt. VENDREDI 12 JUILLET TF1 FRANCE 2 FRANCE 3 CANAL+ FRANCE 5 / ARTE M6

12.50 A vrai dire Agenda˘: la sardine 13.00 12.20 Pyramide 13.00 Journal, Météo, Point 13.30 C’est mon choix 14.30 Drôles de dames 14.30 Les Aventures de Rocky et Bullwin- 12.05 Midi les zouzous 13.50 Le Journal de la 12.35 La Petite Maison dans la prairie Bienve- Journal, Météo, Trafic infos 13.50 Les Feux de route 13.48 La Légende du Tour 14.15 Cyclis- La grande chasse 15.25 Une ville déchirée kle a Film. Des McAnuff & 16.00 Le Choix santé 14.05 Les Etoiles du cinéma Matt nue à Olesonville & 13.35 Les Orages d’un été l’amour 14.45 Palomino Téléfilm. Michael me Tour de France (6e étape) : Forges-les- Téléfilm. Daniel Petrie. Avec Michael Tucker d’une vie Film. Tony Goldwyn & 17.45 Black Damon 14.35 Idéal Palace Paris-New York-Sin- Téléfilm. Kevin Bacon (EU, 1996) & 15.20 Les 17.30 16.50 & 15.35 & Miller. Avec Lindsay Frost, Eva Marie Saint Eaux - Alençon (199,5 km) Vélo club (EU, 1992) La Star et le Diplomate Télé- Books Le vin sacré. Perte de mémoire f En gapour Cap à l’Est Estonie, Moldavie, Anges du bonheur Entretien avec un ange 16.25 17.00 18.05 18.30 18.35 16.35 16.15 16.55 17.50 (EU, 1991) Dingue de toi Série Magazine Un livre Le Bon Pain, de Ste- film. Richard Michaels. Avec Robert Wagner, clair jusqu'à 20.45 Les Faell 2 Allo la Bosnie, Slovénie Le Prix de la conquête M6 Music C’est l’after Le Melrose Place Série 17.55 Sous le soleil Pour- ven Kaplan 18.10 JAG Moins sept 18.55 Tous Lesley-Ann Down (EU, 1988) 18.25 Questions Terre, ici les Martin Série 19.00 A la Clairefon- spatiale Documentaire 17.30 100 % question Clown Série 18.50 Sydney Fox Le sarcophage quoi moi ? Série 18.55 Qui veut gagner des au club Magazine 19.45 Histoires formida- pour un champion 18.55 Le 19-20 de l’info, taine [11/16] 19.29 Résultats et rapports 19.30 18.05 L’Ile de Sulawesi Documentaire 19.00 de Jade 19.45  20.45 Caméra café Série millions ? 19.55 Météo, Journal 20.35 Du côté bles 19.50 Un gars, une fille 19.55 Objectif Météo 20.10 Tout le sport 20.15 Journal du Journal, Zapping 19.55 Les Guignols, 20.05 Tracks Magazine 19.45 Arte info, Météo 19.50 Voile 19.54 6 minutes, Météo 20.05 de chez vous 20.40 Météo, Trafic infos. Terre 20.00 Journal, Météo, Point route. Tour 20.30 C’est mon choix... ce soir. Burger Quiz 20.45 Encore + de cinéma. 20.15 A l’école des pom-pom girls [5/5]. Mode 6 Gaultier 20.10 Notre belle famille.

20.50 K-L o 20.55 U    - L 20.55 T 21.00 À  C 20.40 F - D  20.55 « USS C », - Episode n 3. C’ VOYAGES AUTOUR     ’ Présenté par Denis Brogniart. 7534541 L’Oiseau fou. Série. Dennis Berry. DE LA MER. Magazine présenté par Georges [2/3] Maturité oblige. Documentaire. Bruno Téléfilm. Johannes Fabrick. Après deux départs, les aventuriers de Avec Clotilde de Bayser, Dominique Guillo, Pernoud. Au sommaire : Italie - Venise. Inde. Sevaistre (France, 2002). 63034 Avec Tim Bergmann, Martin Kurz, Natalie Téléfilm. Russell Mulcahy. Avec Armand Koh-Lanta ne sont plus que quatorze Jean-François Garreaud (2000) & 1572928 Afrique du Sud. 5569218 La deuxième année de formation des Wörner, Alexandra Maria Lara, Laura Tonke Assante, Rachel Ward, Bryan Brown, Jacque concurrents pour qui l’eau et la nour- 21.50 La Crim’ Ramsès. Série. Dennis Berry. apprentis footballeurs au centre d’en- (Allemagne, 2002). 775541 line McKenzie, Grant Bowler (Australie - riture sont devenues des priorités. Avec Clotilde de Bayser. 2813638 & traînement de Clairefontaine : cran Après la mort de sa femme dans un Etats-Unis, 2000) [1 et 2/2]. 9182560-6180386 Quelle équipe des Tembor et des 22.50 Avocats et associés L’affaire Cindy. supplémentaire dans la difficulté. accident de voiture, un père se retrou- Un conflit nucléaire détruit la majeu- Ventanas va-t-elle perdre un de ses Série. Philippe Triboit. Avec Julie Debazac, 22.30 Stick Naturellement. Court métrage. ve seul avec son fils, dont il ne s’est re partie de la planète, sauf l’équipa- membres ce soir ? Micky Sébastian. 4893928 & 22.30 Météo, Soir 3. Christophe Le Masne (Fr., 2001) % 164. jamais vraiment occupé. ge d’un sous-marin américain. 21.50 L’É   23.50 S.L.A.P. 23.00 P      23.00 15  22.15 L    - I,  0.45 W,   Magazine. Invités : Gaëtan Film. Patrick Alessandrin.   Divertissement présenté par Valérie Benaïm, Roussel et Arnaud Samuel (Tarmac). 1117305 Documentaire. André Flédérick . 5760183 Avec Richard Berry, Charles Berling, [4/4] Rendre les armes, Une famille déchirée. Série. Michael Nicolas Deuil. Invités : Pascal Sellem, Daniel « Du son, de la lumière, des anec- Un demi-siècle d’humour en France, Jean-Pierre Darroussin, Mélanie Thierry, 1996-2000. Documentaire. Norma Percy et Mackenroth. Avec Jürgen Heinrich, Klaus Russo. 6531367 dotes et du public », tel est le concept de Bourvil à Patrick Adler, en passant Selma El Mouissi (France, 2000) &. 85367 Brian Lapping (2001). 2138928 Pönitz, Gerd Wameling & 8787752 Egalement au sommaire de cette émis- de cette toute nouvelle émission musi- par Coluche, Guy Bedos et les Incon- 0.30 Black Books Les nuisibles. Série. 4833787 Tony Blair est l’un des principaux arti- Le fils d’une riche famille est kidnap- sion, présentée dans une nouvelle for- cale dédiée au rock qui accueille ce nus. 0.55 South Park Les handicapés vont-ils en sans de l’accord, dit du « Vendredi pé par des ravisseurs qui réclament mule, un sujet sur le requin blanc. soir les membres du groupe Tarmac. 0.35 Athlétisme En différé. Golden League. enfer ? Série. 5024955 % 1.20 La Fille du saint », signé en avril 1998, et qui une forte rançon. Wolff, chargé de 23.20 Le Droit de savoir Créatures de rêve : Meeting de Rome (Italie). 1165329 1.35 Capitai- capitaine Film. Alexandre Prochkine. Avec dote l’Irlande du Nord d’un gouverne- l’enquête, s’intéresse tout particulière- une fabrique sur mesure. 1107928 0.35 L’Ile 1.05 Journal, Météo 1.25 Dernière Nuit des ne Flam Voyage vers Laguna. Série. 6133313 Vladimir Machkov, Karolina Grouchka (CEI, ment autonome. ment à l’ancienne gouvernante, ainsi de la tentation % 1.35 Mode in France. Proms 1999 Première Partie. 8351477 2.05 Journal du Tour 2000, v.o.) %. 34068771. qu’à un couple de voisins.

2.45 Reportages Les belles du Lido 3.10 2.55 Faites entrer l’accusé Simone Weber, la 2.15 Une nuit en Polynésie Les conquérants 3.15 Les Enfants terribles aaFilm. Jean-Pier- 23.15 Profils Ferveur Jacques Lassalle Docu- 1.44 Météo 1.45 C’est l’after Magazine. Enquêtes à l’italienne Série 4.00 Histoires « diabolique de Nancy ». Documentaire. du Pacifique ; Les pirogues ; Bora-Bora, mon re Melville (Fr., 1949) &. 2469145 4.55 Les mentaire. 9635725 0.15 Why Are You Creati- 5902400 2.40 M6 Music / Les Nuits de M6 naturelles La pêche à la mouche en Yougos Florent Chevolleau, Bernard Fauroux et Chris- île pour la vie ; Le Heiva ; Tatoue-moi à Raia- Alpes, terres sauvages au cœur de l’Europe ve ? Tim Roth. 2912139 0.20 Mina Tannen- (255 min). 97615416 lavie. 8161477 4.30 Musique 4.55 Aimer vivre tian Gerin. 3859787 4.25 24 heures d’info, tea ; Tahuata ; Chants polynésiens ; Takaroa, Le grand retour des prédateurs (55 min) baum Film. Martine Dugowson. 9498481 & en France La passion des jardins (35 min). Météo 4.45 Une vie c’est trop peu (15 min). l’île aux perles... (205 min) 48450665. 3730706. 2.25 Mic Mac Magazine (25 min). CÂBLE ET SATELLITE RADIO FRANCE-CULTURE FILMS DÉBATS 19.00 Biographie. Eleanor Roosevelt. La Chaîne Histoire 21.00 Nuit latino-américaine à la Waldbühne. Juin 1998. 14.20 Conte de printemps aaEric Rohmer (France, 22.05 Bibliothèque Médicis. Les conseils de lecture pour 19.15 Les Grands Crimes du XXe siècle. Henry Lee Lucas, le Avec John Williams (guitare), José Carli (violon). Mezzo 19.30 Appel d’air. 1990, 110 min) & CineCinemas 2 l’été des sénateurs. Public Sénat plus grand psychopathe américain. Leonard Lake et 23.30 Platée. Opéra de Jean-Philippe Rameau. En 2002. 20.30 Black and Blue. L’autre Art Pepper. 14.25 Printemps tardif aaYasujiro Ozu (Japon, 1949, MAGAZINES Charles Ng, les associés pervers. Planète Par l’Orchestre et les Chœurs des Musiciens du 21.30 Cultures d’islam. Invité : André Velter. N., v.o., 105 min) & CineClassics 20.00 Quatre femmes de premier plan. [4/4]. Histoire Louvre-Grenoble, dir. Marc Minkowski. Mezzo Afghanistan, le dit des femmes. 15.30 Cyrano de Bergerac aaaJean-Paul 13.00 Explorer. Voyage sous les grottes. Les fantômes du 20.00 Visages du Burundi. [5/6]. Odyssée 0.00 Earth, Wind and Fire. Enregistré en 1979. Jimmy 22.00 Journal. Rappeneau (France, 1989, 140 min) & Cinéstar 2 bayou. Tombeaux de glace de la Sibérie. Nat. Geographic 20.15 Hollywood Stories. James Ellroy. Paris Première THÉÂTRE 22.10 Multipistes. 15.55 Midnight Run aaMartin Brest (Etats-Unis, 14.00 Carnets de jour. Invités : Philippe Sollers ; Pascal 20.30 Quatorze récits d’Auschwitz. Hélène Weksler. Histoire 22.30 Surpris par la nuit. Maria Joao Pirès. % 20.45 20.40 1988, v.m., 125 min) CineCinemas 3 Sevran. Match TV Le Secret des alchimistes. Planète La Surprise. Vaudeville de Pierre Saunil. Festival FRANCE-MUSIQUES 16.05 La Leçon de piano aaaJane Campion (Fr. - 16.15 Comme à la télé. Invités : Jean-Pierre Pernaut ; 20.50 Alerte au climat, demain l’enfer. Odyssée TÉLÉFILMS e Australie, 1992, v.m., 115 min) % CineCinemas 1 Catherine Nay ; Guy Lux. Match TV 21.00 L’Héritage des Romanov. Histoire 18.07 Sur tous les tons. 54 Festival 16.10 Rambo aaTed Kotcheff (Etats-Unis, 1983, 17.05 Les Lumières du music-hall. Nicole Croisille. Stone 22.25 Musées du monde. [8/8]. L’île Hombroich, un 17.05 Coupable ou innocent. Matti Geschonneck & Festival international d’art lyrique v.m., 90 min) % CineCinemas 2 et Charden. Paris Première musée où l’on s’attarde. Histoire 18.10 Ils n’ont pas vingt ans. C. Brändström & TPS Star d’Aix-en-Provence. 16.20 Le Fantôme de Cat Dancing aaRichard 18.55 J’y étais. Laurent Spielvogel ; Elie Barnavi. Match TV 23.00 Pilot Guides. Républiques d’Asie Centrale. Voyage 19.00 Le Lutin. Paul Hoen. Disney Channel 20.00 Concert. Symphonie n˚2 C. Sarafian (Etats-Unis, 1973, v.m., 120 min). TCM 19.00 Explorer. Sunset Boulevard. La légende du dauphin 1.00 La Route transasiatique. [3/7]. L’Inde. Voyage 20.45 Chasse à l’homme en Californie. B. Seth Green. RTL 9 « Résurrection », de Mahler, par le Chœur 21.00 Desperate a Anthony Mann (Etats-Unis, 1947, rose. L’autre guerre du Cambodge. National Geographic SPORTS EN DIRECT 22.25 Jeanne, Marie et les autres. Jacques Renard. Festival et l’Orchestre symphonique de la Radio N., v.o., 70 min) & CineClassics 19.55 Les Feux de la rampe. B. Giraudeau. CineCinemas 1 bavaroise, dir. Lorin Maazel, Gwendolyn e SÉRIES 21.00 Le Vent de la nuit aaPhilippe Garrel (France - 20.45 Plaisir de France. Invités : Chantal Thomass ; 15.00 Cyclisme. Tour de France (6 étape) : Bradley, soprano, Iris Vermillion, contralto. Suisse, 1999, 95 min) & CineCinemas 2 Julien Cendres. Match TV Forges-les-Eaux - Alençon (199,5 km). Eurosport 18.55 Deux cents dollars plus les frais. Rien ne va plus, 23.00 Soirée privée. 21.05 aa 22.30 20.00 ème L’Armoire volante Carlo Rim (France, 1948, Sexe in the TV. Best of. Téva Volley-ball. Ligue mondiale 2002. Tour les jeux sont faits. 13 RUE RADIO CLASSIQUE N., 90 min) & Cinétoile 22.35 Trois filles au soleil. Monte-Carlo TMC préliminaire. Grèce - France. Eurosport 19.05 Dharma & Greg. Le yoga n’aime pas les coups bas. 22.10 La Rue de la mort aaAnthony Mann DOCUMENTAIRES DANSE Chère cousine & Téva 20.00 Les Rendez-Vous du soir. Œuvres de (Etats-Unis, 1950, N., v.o., 80 min) & CineClassics 19.55 Stargate SG-1. Règles de combat. Série Club Lanner, Kalliwoda ; Valse de l’Empereur, 22.35 Série noire aaaAlain Corneau (France, 1979, 17.00 Dugongs et lamantins. Siréniens sous haute 18.00 I’m Sitting in a Room Different from the One You 20.45 Les Cinq Dernières Minutes. Le dessus de J. Strauss fils, par l’Orchestre de Vienne, 115 min) ? CineCinemas 2 surveillance. National Geographic are in Now. Chorégraphie de Joao Fiadeiro. Mezzo des cartes & Canal Jimmy dir. N. Harnoncourt ; Œuvre de Kreisler. 22.35 Douce aaaClaude Autant-Lara (France, 1943, 17.20 Chandigarh, le devenir d’une utopie. Odyssée MUSIQUE 21.40 Deuxième chance. Chance of Lifetime (v.o.) & Téva 20.40 « La Tempête » de Shakespeare. N., 105 min) & Cinétoile 17.30 Entretiens avec Germaine Tillion. [4/4]. Ethnologue 22.00 Le Parrain. Episode 3 et 4 (v.o.). % Paris Première 22.38 Les Rendez-Vous du soir (suite). 0.15 Hôtel des Amériques aaAndré Téchiné et philosophe. Histoire 18.45 Andy Elmer. Tubastone n˚1. En 2001. Avec David 23.25 Chemins de l’étrange. Des voix dans la tête. 13ème RUE Œuvres de R. Schumann, Mendelssohn, (France, 1981, 90 min) % CineCinemas 3 18.10 Hollywood Stories. Tom Hanks. Paris Première Zambon (tuba), Kazuko Iwashima (piano). Mezzo 2.25 Manhattan, AZ. Les cactus qui tuent (v.o.) & Jimmy Schubert.

Les codes du CSA & Tous publics % Accord parental souhaitable ? Accord parental indispensable ou interdit aux moins de 12 ans ! Public adulte. Interdit aux moins de 16 ans # Interdit aux moins de 18 ans. Les cotes des films a On peut voir aaA ne pas manquer aaaChef-d’œuvre ou classique. Les symboles spéciaux de Canal + DD Dernière diffusion d Sous-titrage spécial pour les sourds et malentendants. 32/LE MONDE/VENDREDI 12 JUILLET 2002

  CARNET DE ROUTE L’affaire de la fourche

AU MÉTRO La Fourche-de- qui d’ailleurs ne cessera probable- Entre deux vallées des Hautes-Alpes, le cinéma vadrouille l’Evolution, cela paraissait établi : ment, dans une affaire sans fin de l’hominidé, notre cher vieil ancê- remontée aux sources, comme au tre l’Africain, avait pris à droite. berceau. Ce qu’un paléontologue Et le grand singe, notre cousin, à français, Yves Coppens, avait L’UBAC (Hautes-Alpes) fut le cas dernièrement de « Ciné- gauche. A moins que cela ne soit théorisé, la fourche donc, un de notre envoyé spécial Vadrouille autour du monde ». l’inverse, puisque, aussi bien, autre paléontologue français L’après-midi touche à sa fin. L’idée ? Cinq soirs, cinq films, cinq sens dessus dessous, cela dépend vient, pour partie, de le démanti- Dans le foyer de ski de fond com- pays. Grâce aux relations de Jean de la façon de regarder l’Afrique. buler avec un crâne et des osse- munal de l’Ubac, hameau d’une Delhaye, certains réalisateurs sont Du dessus ou d’en bas. ments nettement hors d’âge ! quinzaine d’âmes de la commune même venus dans le département Bref, vous l’aurez compris, on a A l’ouest du nouveau ! Ou plu- de Saint-Maurice-en-Valgaude- animer des débats. la mémoire qui fourche singulière- tôt du très vieux. Le crâne d’un mar, trois hommes s’affairent. A Du dépôt de films de Marseille, ment sur cette affaire ancestrale, hominidé de derrière les fagots, 20 h 30 ce soir, l’association Ciné- les « galettes de bobines » sont confondant assez volontiers, sept millions d’années, découvert Vadrouille projette le film Astérix, acheminées par car jusqu’au comme apprenti-paléontologue, au Tchad, et avec l’aide d’une d’Alain Chabat. Avant, il y a les hameau de Chauffayer, via Gap. notre primate gauche et notre équipe tchadienne, par Michel fenêtres à calfeutrer, l’écran à ins- Là, Régis Gagnepain, mécanicien hominidé droit. Ce que l’on sut, Brunet, chercheur de fossiles, taller, les chaises à sortir et bien de profession, les assemble sur ou plutôt ce que l’on retint vague- comme autant de trésors. Un crâ- d’autres petits détails à régler, une table de montage réalisée par ment des travaux et théories du ne trouvé après des années de tra- « pour que tout soit parfait quand ses soins. Il est aussi chargé du passionnant professeur Yves Cop- versée et de balayage sisyphiens les spectateurs arrivent ». Le projec- bon fonctionnement du seul pro- pens, c’est que, dans cette affaire du désert. Un crâne à nul autre teur, qui totalise déjà 7 500 heu- jecteur de l’association, qui sillon- de famille, on pouvait supposer pareil, ni singe, ni australopithè- res, est installé sur deux tables ne les vallées dans le coffre des et admettre une théorie supérieu- que. Le crâne de Toumaï, ce cher superposées. Lestée par un rondin . . voitures : avec les deux grosses re de la séparation des espèces et vieux Toumaï, de l’espèce Sahe- de bois taillé par le menuisier du Boulanger, Daniel Dumas prépare la projection d’« Astérix » au foyer de ski. bobines de films, les enceintes, les des territoires. Au grand singe lantrophus tchadensis. Sept mil- village, c’est une bâche de camion affiches de la prochaine projec- l’Ouest africain, ses immenses lions d’années aux cerises, ou au de couleur grise (à cause des reflets, la blanche des Hautes-Alpes tion et le fameux cahier de liaison qui s’est vite forêts, son climat humide, l’empi- carbone 14 ! C’est dire si Lucy, cet- fut définitivement abandonnée) qui fait office et de l’Isère adhè- révélé indispensable. Il indique quelques astu- re des chimpanzés et des bono- te jeunesse, 3,2 millions d’années, d’écran. « Aujourd’hui, les chaises sont en plasti- rent à l’association ces techniques (« Attention : film à projeter en bos. A l’hominidé, cet ancien pri- découverte en 1974 en Ethiopie, que mais, il n’y a pas si longtemps, on utilisait et diffusent aujour- version CinémaScope »), des anecdotes de par- mate repenti, tout prêt à marcher par Yves Coppens et d’autres, ne les bancs de l’église ! », rappelle un bénévole. d’hui les films : cours (« A cause du mètre de neige, personne comme un grand, sur ses deux saurait plus postuler à son titre Pour Astérix, on espère une trentaine de person- dans des gymna- n’a pu aller chercher les bobines ») ou des seules papattes arrière, l’Est Afri- enviable de mère de l’humanité nes. On craint toutefois que l’inauguration «en ses, des salles des L'Ubac réflexions personnelles (« Chez nous : personne cain, sa savane et son climat, à et de gardienne du grand grande pompe » d’un tronçon de route, à seule- fêtes, voire le hall n’a aimé ! »). l’époque, nettement plus charita- berceau. ment quelques kilomètres, ne vienne d’une école mater- A l’Ubac, il est 21 h 30, c’est l’entracte, le ble et accueillant à l’évolution de Toumaï est arrivé ! Et nous concurrencer la projection. nelle. Pour Françoi- temps d’installer la seconde bobine. On en pro- cette belle espèce. voyons de nos yeux ébahis, verti- L’ambiance est bonne, les anecdotes fusent. se Mary, présiden- fite pour sortir griller une cigarette, saluer le Voici donc où l’on croyait en ge de la modernité, sa bobine de « Un jour, quelques minutes avant l’arrivée des te de l’association, berger qui rentre ses brebis, et livrer ses pre- être. Pour user d’une image ne face et de profil, faire la « une », spectateurs, on s’est rendu compte que le film « Ciné - Vadrouille miers sentiments sur le film. A l’intérieur, on tenant compte ni du temps ni du comme anthropométrique, des n’était pas diffusé vers l’écran mais vers la sortie joue un rôle social, débouche quelques bouteilles de cidre et on plus élémentaire respect dû à la quotidiens. Toumaï, « l’espoir de de la salle ! Tout ça à cause d’une ampoule dans elle contribue à désenclaver les vallées. Comme découpe des parts de pizza. Les jeunes font le chose scientifique, mais bien cau- vie » en langue goran, ressemble l’appareil qui avait été vissée à l’envers, se sou- la salle de cinéma la plus proche se trouve à Gap, service. Les anciens apprécient. sante à notre esprit d’homo paraît-il, à un fossile aux deux vient Daniel Dumas, boulanger de profession et il faudrait compter 45 minutes, par exemple, en Au milieu du générique final, les lumières sapiens de peu, Chita s’en fut à visages. Homme de face, singe de projectionniste à l’Ubac. Une autre fois, la ban- partant d’ici, sur une route sinueuse et dangereu- s’allument. Il reste ensuite à rembobiner le l’Ouest et Lucy à l’Est. Allez, salut profil. Encore que cette caractéris- de-son était décalée par rapport aux images… » se l’hiver, pour se faire une toile. » film et à tout ranger. Daniel Dumas ira dormir cousine ! A la revoyure dans sept, tique ne nous paraisse pas exclusi- Sans la forte motivation de ses bénévoles et Le choix des films dépend d’une commission quelques heures avant de se lever pour prépa- huit millions d’années quand les ve dans l’évolution de l’espèce, leur savoir-faire en matière de système D, Ciné- de programmation. Les quatre membres qui la rer son pétrin. Un bénévole viendra plus tard paléontologues, s’échinant avec elle ouvre évidemment place à un Vadrouille n’existerait pas. Créée en 1997, l’asso- composent se réunissent tous les trimestres et dans sa boulangerie récupérer le projecteur, des gourmandises d’explorateurs fabuleux débat. Est-ce bien lui, ciation, qui appartient à la Fédération nationale sélectionnent trois films. « Ils nous parviennent les deux bobines et le reste du matériel. d’os, s’étriperont pour détermi- est-ce bien nous ? Qui sommes- des foyers ruraux, compte une cinquantaine de deux mois environ après leur sortie officielle, Demain soir, les facéties égyptiennes de Jamel ner les origines de l’humanité nous, où allons-nous ? Et pour- bénévoles. Les vallées du Champsaur et du Val- indique Jean Delhaye, membre du collectif, et Debbouze seront projetées dans le hameau humaine. quoi, à la fourche, Toumaï a-t-il gaudemar rassemblent plusieurs dizaines de cinéphile averti. Mais il faut compter un peu d’Espinasses, à 70 kilomètres de là. Eh bien ce moment est arrivé, tourné à gauche ? hameaux, déserts ou presque pendant les mois plus pour les grosses écuries. » Il arrive aussi que d’hiver. Quinze communes des départements l’association propose des soirées spéciales. Ce Pierre Lepidi CONTACTS IL Y A 50 ANS, DANS 0123 EN LIGNE SUR lemonde.fr f RÉDACTION Guide culturel : http://aden.lemonde.fr a Universités 21 bis, rue Claude-Bernard, 75242 Paris Marché de l'emploi : Dégustation internationale de tous les Cedex 05. Tél : 01-42-17-20-00 ; http://emploi.lemonde.fr Site éducation : http://educ.lemonde.fr télécopieur : 01-42-17-21-21 ; savoirs. Jus- Marché de l'immobilier : LES GOURMETS FRANÇAIS dégustation internationale. Une de savourer un porto somptueux, qu’au 24 juil- télex : 202 806 F http://immo.lemonde.fr f ABONNEMENTS sont tellement convaincus de la douzaine de stands largement les gâteaux au fromage de brebis, let, vingt confé- f TÉLÉMATIQUE supériorité de notre gastronomie pourvus de boissons et de vic- suivi d’un marasquin yougoslave. rences quoti- Par téléphone : 01-44-97-54-54 3615 lemonde f DOCUMENTATION qu’ils ignorent souvent celle des tuailles étaient dressés, et l’on pou- D’autres préférèrent commencer diennes, à Sur Internet : http://abo.lemonde.fr Par courrier : bulletin p. 11 Sur Internet : http://archives.lemonde.fr autres pays. Cet état d’esprit, qui vait, verre, fourchette en main, pas- par les whiskies, les bières diverse- 18 h 30, sur la f COLLECTION Changement d'adresse et suspension : relève plutôt de l’incuriosité que ser des vins blancs suisses stimu- ment épaisses des Etats-Unis, de la diversité de la vie. Ces conférences sont 0-825-022-021 (0,15 euro TTC/min) Le Monde sur CD-ROM : de la méfiance, est peut-être lants aux loukoums élastiques de Grande-Bretagne et des pays nor- retransmises au format Real audio, en f INTERNET 01-44-09-43-21 Le Monde sur microfilms : regrettable, et c’est pourquoi la Turquie, arrosés de raki ou de diques, ou tâter des amuse-gueu- direct et en différé. lemonde.fr/utls Site d'information : www.lemonde.fr a 03-88-71-42-30 M. Ogrisek, directeur des éditions hu-dudu (liqueur de framboises). les sino-japonais, humectés de Pancho, Pessin, Plantu. L’actu à Site finances : http://finances.lemonde.fr f LE MONDE 2 Odé, a voulu éveiller l’intérêt des Ou bien accompagner les salamis punch martiniquais. rebrousse-poil. Un portfolio de leurs des- Site nouvelles technologies : Abonnements : 01-44-97-54-54 amateurs parisiens en leur présen- italiens de vermouth, de chianti et sins des quinze derniers jours réservé aux http ://interactif.lemonde.fr En vente : « Carnets de voyage ». tant son dernier paru, Le Monde à d’asti spumante, croquer les carrés André Sévry internautes de notre édition abonnés. table, au cours d’une réception de d’ananas glaçés des Açores avant (12 juillet 1952.) a Notre édition abonnés : 5 ¤ par mois. a Tirage du Monde daté jeudi 11 juillet 2002 : 504 430 exemplaires. 1-3

0123 www.lemonde.fr

Ce week-end, PHILIPPE DJIAN FRICTIONS dans le quotidien de votre été... Voyagez avec « Frictions », une nouvelle inédite signée Philippe Djian. Samedi 13 juillet, dans Le Monde daté dimanche 14 - lundi 15 juillet 2002.

Evadez-vous avec le premier épisode d’une grande série : Remontez le temps avec les plus grandes plumes du Monde à travers une série de reportages parus dans nos colonnes depuis la création du journal en 1944 : André Fontaine, Robert Guillain, Jean Lacouture, Jean-Marc Théolleyre, Marcel Niedergang, Jean-Claude Pomonti... A partir de samedi 13 juillet, dans Le Monde daté dimanche 14-lundi 15 juillet 2002.

Tout l’été, des nouvelles inédites, des séries et l’actualité des festivals DES LIVRESVENDREDI 12 JUILLET 2002 AVIGNON POCHES DE L’ÉTÉ SCIENCE-FICTION SAINT AUGUSTIN SUR LA PISTE Nouvelle « Pléiade » Sarah Dars Robert Silverberg DE DUMAS pour Shakespeare ; les traducteurs de théâtre, le butô... pages II à IV

pages VI et VII page VIII page IX page XII Les dieux de Renoir

Energique, généreux, voluptueux, lucide, joyeux, subversif… Ainsi apparaît le peintre dans l était une fois, dans un pays au passé merveilleux tombé ses écrits. Et, tel que le Idans le plus plat et le plus dégoûtant des conformismes, un groupe de jeu- voyait Matisse, nes gens audacieux et joueurs se pré- parant à une sortie. Ils étaient pein- « déterminé à fixer toute tres et personne ne les attendait. Leur coup d’éclat fait qu’on en parle la grâce du désir et toute encore. « Nous voulions dans nos tableaux des accords gais, de la vie beauté de la nature » sans littérature. Un matin, l’un de nous, manquant de noir, utilisa du Terre. Oui, la Terre était le paradis des bleu. L’impressionnisme était né. » dieux… Voilà ce que je veux peindre. » C’est le vieux Renoir qui parle ain- Les dieux, on l’a compris, ne sont si de l’année 1874, et bien entendu pas là pour arranger les affaires les choses ont été autrement plus sociales, ils ne fréquentent pas les hasardeuses et complexes. Mais lieux de culte, ils se baladent dans la qu’importe : il y a des moments, nature, le vent, la lumière, les riviè- dans l’histoire, où il faut faire appa- res, les fleurs. On les a vus passer raître une rupture verticale dans la chez Titien, Tintoret, Véronèse, sensation et la représentation. Un Rubens, repasser chez Watteau et faux noir a vécu, un vrai noir surgit Fragonard, ils sont maintenant popu- dans le débordement des couleurs. laires, ils déjeunent avec des cano- Quel nom, d’ailleurs, pour un pein- tiers, s’amusent au Moulin de la tre d’âge d’or de s’appeler Renoir.En Galette. Vénus peut s’appeler Nana lisant aujourd’hui ses lettres, ses pro- ou Nini, cela ne change rien à sa pos, ses écrits, on est frappé par leur substance, au contraire. L’Olympia a vivacité, leur intelligence, leur enga- toisé les bourgeois et les bourgeoi- gement radical. Les bourgeois de ses de Paris, les modèles épanouis de l’époque ne s’y sont pas trompés en Renoir (des bonnes d’enfant lour- criant au terrorisme, avant de céder des, légères et rondes) achèvent de devant l’offensive. Mais les petits- les renvoyer à leurs grimaces précisé- bourgeois actuels leur ressemblent ment notées par Daumier. Les modè- par plus d’un côté. De l’académisme les respirent autrement et affluent croûteux au modernisme décompo- vers le peintre pour se faire confir- sé, du puritanisme conventionnel à mer une liberté enfouie. Les témoins l’étalage de laideur pornographique, s’étonnent : Renoir, si on l’embête, il n’y a qu’un pas, ou un siècle. Com- devient très désagréable, mais une me quoi le mauvais goût a la vie fois devant son chevalet, son éternel- dure, ce qui est normal, puisque le cigarette aux lèvres, il se met à sif- l’éternel désir de mort le produit. fler, à fredonner des chansons que Tout se passe en effet comme si le lui serinent des filles, « s’extasie sur corps humain, pour voir vraiment ce leur beauté que seul son œil leur     ’ qui est, avait besoin d’opérations découvre ». Cet œil est nouveau, il « Baigneuse aux cheveux longs » (vers 1895) périodiques (Proust a bien dit cela, n’en finit pas de s’émerveiller, il ne justement à propos de Renoir). La croit pas au compas, il célèbre l’irré- entouré de nymphes et couronné de français transversal (celui de Fran- entendue, si on en juge par le déluge ennuyeux, « en redingote », épate le société engendre des robots mala- gularité des phénomènes, la terre roses, ou bien encore avec une belle çois I) qu’il faut réinventer par réaliste et naturaliste, transformé de public ? « Il y a assez de choses embê- des, les grands artistes, d’abord haïs, n’est pas ronde, tout est singulier. fille sur les genoux, ce qui devait être amour. L’amour, oui, sous toutes ses nos jours en industrie. Renoir détes- tantes dans la vie pour que nous n’en sont des chirurgiens de santé. Cour- Sans bouger, dans une vie de travail bien gênant. » Tête des dévots formes, à commencer par le bain te Millet : « Ses paysans sentimentaux fabriquions pas encore d’autres, mais bet, Manet, Monet, Degas, Renoir, réglée, chaque détail devient abon- devant ce simple art poétique : «Il (bonjour Cézanne, Picasso, Matis- me font penser à des acteurs déguisés je sais bien qu’il est difficile de faire Rodin, Cézanne, les Français, dans dance et générosité. Moins romanti- faut que ça baise. » se). « Je voudrais un club libre, sans en paysans. » Il n’aime pas non plus admettre qu’une peinture puisse être cette clinique, se sont distingués. que que Renoir, tu meurs. Matisse a Le Salon des faux dieux académi- inscription, n’ayant aucun nom. Je vou- Zola ou Hugo (« ce raseur, ce de la très grande peinture en restant Que s’est-il passé ? A quelques excep- admirablement témoigné de cette ques s’émeut. Les tableaux sont refu- drais n’être compris que de vingt per- poseur »). Il leur préfère, avec désin- joyeuse. » Attention, la joie n’est ni la tions près, on a oublié la nature natu- ivresse chez ce satyre étincelant tor- sés, il faut les exposer à l’écart. Sollici- sonnes. Ce serait un immense suc- volture, Alexandre Dumas ou dérision ni la rigolade de notre actua- relle, on l’a refoulée, artificialisée, du de douleur. « Arrêtez, dit-il un té de rejoindre la marginalité révolu- cès. » Lucide Renoir : « Un tableau La Fontaine (« Il y a tout dans La Fon- lité illettrée et violente. Matisse le socialement mécanisée, humaine- jour à Renoir, vous n’en pouvez tionnaire, Manet, le grand aîné, refu- taine »). Il pense qu’en littéra- savait, qui parle avec une émotion ment répudiée. Or la revoici brusque- plus. » A quoi Renoir, reprenant son se : « J’entre au Salon par la grande a ture aussi bien qu’en peintu- étrange de Renoir « noble » et ment, sortant de l’onde. Des bai- pinceau dans ses mains presque porte et lutte avec tous. » Renoir, au Philippe Sollers re, on ne reconnaît le vérita- « héroïque », « agonisant, et cepen- gneuses, dites-vous ? Sans doute, paralysées, répond : « La douleur pas- fond, l’approuve. Un jour, on décro- est la chose qui entend le plus de bêti- ble talent qu’aux figures de femmes dant déterminé à fixer toute la grâce mais aussi des déesses. Ici, surprise, se, Matisse, la beauté demeure. » Une chera les autres et on restera seuls ses. » On lui demande si Van Gogh (exemple : la Natacha de Tolstoï du désir et toute la beauté de la natu- un témoin raconte : « Renoir adorait autre fois, un journaliste lui deman- entre dieux. Version politique de était fou. Réponse : « Pour faire de la dans Guerre et Paix). Il se délecte des re, toute la joie du vivant en une scène parler religion. Il n’en admettait de comment il fera quand il ne pour- l’aventure : « Puisque vous aimez la peinture, il faut être un peu fou. Je le « petits pieds des femmes de Goya ». où la mort n’aurait pas de place – pos- qu’une, celle de Zeus. Il était pour la ra plus se servir de ses doigts. «Je République, pourquoi ne vois-je pas suis moi-même. Quant à Cézanne, Rubens le comble (« En voilà un qui session des hommes pour toujours – Vénus de beauté. Il disait que tout le peindrai avec ma queue », dit Renoir. des Républiques aussi belles c’est la camisole de force. » n’était pas à une fesse près ! »). Tout bénédiction sans mélange ». monde serait heureux si on revenait Ou encore : « Je pourrais peindre qu’étaient les Minerves ? Vous l’aimez Les peintres montrent ce que la cela, encore une fois, dans une pers- aux anciens dieux grecs. » Le vieux avec mes pieds. » Ou encore, ce dialo- donc moins que les anciens leurs poésie dit. Les Poésies de Lautréa- pective de dieux concrets : «Onne RENOIR, ÉCRITS, ENTRETIENS magicien insiste : « Quels êtres admi- gue avec un médecin : « Vous avez dieux ? » On n’est pas là pour revenir mont, à la même époque, ouvrent veut plus de dieux, et les dieux sont ET LETTRES SUR L’ART rables que ces Grecs. Leur existence eu la syphilis ? – Non, mais je n’ai rien à on ne sait quel gothique à gar- une nouvelle ère, annoncée par Bau- nécessaires à notre imagination. » Textes réunis, présentés était si heureuse qu’ils imaginaient fait pour l’éviter. » Une autre fois : gouilles, ni pour souscrire à la falsifi- delaire, poursuivie par Rimbaud. Wagner ? Non, Bach ou Mozart, et et annotés que les dieux, pour trouver leur para- « C’est bien dommage qu’on ne puisse cation des Grecs par un imaginaire « L’homme ne doit pas créer le mal- surtout ce « chef-d’œuvre des chefs- par Augustin de Butler. dis et aimer, descendaient sur la pas raconter plus tard que je peignais collectif « romain ». Il y a un goût heur dans ses livres. » Injonction peu d’œuvre », Don Giovanni. L’art Ed. de l’Amateur, 234 p., 32 ¤. II/LE MONDE/VENDREDI 12 JUILLET 2002 AVIGNON DE THÉÂTRE ET DE DANSE

William Shakespeare fait l’objet d’une théâtralité première de l’œuvre. De nos de Montpellier ? Le Festival d’Avignon édition neuve (bilingue) de ses pièces dans jours, quels rapports entretiennent propose nombre de pièces adaptées de la « Bibliothèque de la Pléiade ». Cette traducteurs et metteurs en scène ? Quelle langues étrangères. L’édition théâtrale, les nouvelle traduction cherche à retrouver la est la mission de la Maison Antoine-Vitez livres sur la danse fleurissent en librairies L’énergie du « grand Will » Etre au plus près de la théâtralité première du dramaturge anglais. Tel fut le parti pris – superbement tenu – par Jean-Michel Déprats et Gisèle Venet, qui ont dirigé cette nouvelle édition bilingue des œuvres complètes dont paraissent, avec les « Tragédies », les deux premiers volumes

SHAKESPEARE jours privilégié les textes publiés du de sens : par exemple, l’indication Tragédies vivant de Shakespeare, et donc les « he comes poring upon a booke » qui (Œuvres complètes, I et II) in-quarto, plus proches de la composi- signale qu’Hamlet lit dans un livre le Edition publiée sous la direction tion de l’œuvre, plutôt que la version texte de son plus fameux monolo- de Jean-Michel Déprats de l’in-folio. » La décision ne va pas gue, ainsi situé dans la culture univer- avec le concours sans exception – ainsi avec la préfé- sitaire des citations et lieux com- de Gisèle Venet. rence donnée pour Le Roi Lear au muns, ou encore les allusions au Préface de Anne Barton, texte du Folio et non à celui du quar- répertoire de plaisanteries improvi- Gallimard, « Bibliothèque de to de 1608, tenu comme trop médio- sées par les comédiens qui jouent les la Pléiade », 1526 p. et 1614 p. cre – ni sans repentirs, qui condui- rôles de « Clowns » et qu’Hamlet, 60 ¤ chacun. sent à introduire entre crochets les sinon Shakespeare et les spectateurs passages qui se rencontrent seule- du Globe, condamne sévèrement. n 1612, dans le prologue de ment dans les versions de 1623. Une semblable difficulté se ren- sa première tragédie The Le résultat est très satisfaisant et contre à l’échelle du mot lui-même. White Devil, John Webster propose au lecteur des textes parfois Jean-Michel Déprats signale avec loue certains de ses maîtres inattendus. Cela est particulière- acuité l’une des difficultés essentiel- etE confrères dramaturges. Master ment vrai pour Hamlet, édité et tra- les de la traduction : « A l’évidence, Shakespeare est du nombre, mais, à duit dans sa version la plus longue. Shakespeare se délectait de la multipli- la différence de Chapman ou Ben Mais cet exemple peut inspirer une cité des sens possibles d’un mot ou Jonson célébrés pour l’élévation de interrogation et un regret. L’interro- d’une expression » – et en particulier leur style, Shakespeare l’est pour sa gation, tout d’abord, à propos de la de leur double entendre érotique ou « copious industry », son abondante faveur accordée aux éditions in-quar- obscène. Mais, au-delà de ces jeux production. Les premiers écrivent to. S’agit-il de remonter au texte con- avec l’ambivalence, c’est la plasticité pour la scène, bien sûr, mais surtout sidéré comme celui qui trahit le phonétique, orthographique et pour des lecteurs capables d’appré- moins celui que Shakespeare a écrit, sémantique du système linguistique cier les beautés de leurs œuvres. Sha- ou veut-on donner à lire un texte élisabéthain qui instaure souvent l’in- . / kespeare, qui était, à la fois, l’un des Adrien Lester dans « Hamlet » mis en scène par Peter Brook (novembre 2000) situé au plus près de celui que ses décidabilité du sens. comédiens et l’un des propriétaires premiers spectateurs ont entendu ? de la troupe du Lord Chambellan té inerte des traductions universitai- de la Pléiade proposera quarante piè- mées généralement quelques mois La première justification inscrit les   devenue en 1603 celle des Serviteurs res et les recréations poétiques des ces, réintroduisant dans le canon ou quelques années après les repré- pièces dans la logique de l’écriture, Soit un exemple, signalé par Mar- du Roi, destine ses pièces aux specta- traductions littéraires, il entend « tra- quatre œuvres écrites en collabora- sentations, et les versions des la seconde dans celle de la représen- greta De Grazia et Peter Stallybrass. teurs du Globe. De là, deux attitudes duire pour la respiration, pour les mus- tion et, pour cette raison, exclues mêmes œuvres publiées en 1623. tation. Au premier acte de Macbeth, dans très différentes par rapport à la publi- cles, pour les nerfs des comédiens qui par Heminges et Condell : Périclès, Durablement, à partir du XVIIIe siè- En préférant les versions les plus toutes les éditions modernes (y com- cation imprimée. Si Ben Jonson ras- vont dire le texte » et, ainsi, préserver Les Deux Nobles Cousins, Edouard III cle, les éditeurs de Shakespeare optè- « littéraires » pour Hamlet et Le Roi pris celle de la Pléiade), Macbeth semble en 1616 dans un majestueux l’« énergie » qui habite la diction et et Sir Thomas More, une pièce con- rent pour le panachage entre les dif- Lear aux dépens de celles qui parais- déclare : « Pourquoi m’abandonner à folio ses propres Workes (théâtre, le jeu des acteurs – cette énergie qui nue seulement par un manuscrit férentes versions, créant ainsi des sent dériver d’une reconstruction de cette suggestion,/ Dont la terrible ima- poèmes et masques), Shakespeare, transmet aux spectateurs les puissan- écrit par plusieurs mains, dont sans textes hybrides, qui n’avaient jamais mémoire du texte représenté (ainsi ge hérisse mes cheveux » (« unfix my mort en la même année, n’a jamais tes images qui modifient leur percep- doute celle de Shakespeare. Appli- été publiés comme tels aux XVIe et pour le premier quarto d’Hamlet ou hair »). Mais le texte tel qu’il appa- montré le moindre intérêt pour l’édi- tion du monde. quant, après d’autres, la logique XVIIe siècles. Refuser une telle prati- celui du Roi Lear) ou d’une révision raît imprimé dans le Folio de 1623 tion de ses pièces, comme si leur exis- Un tel parti de traduction, superbe- « jonsonienne » aux textes de Shakes- que, au nom de la cohérence propre d’une œuvre trop longue pour la scè- propose : « unfixe my Heire » (qui tence résidait entièrement dans leur ment tenu, suppose des décisions de chaque état du texte trans- ne (ainsi le texte du Folio pour veut dire « héritier »). Entre les che- représentation. préalables. En premier lieu, com- a mis par la tradition impri- Hamlet), l’édition de la Pléiade paraît veux hérissés (ce qui suppose que C’est la volonté de retrouver cette ment délimiter le corpus qui consti- Roger Chartier mée, oblige à faire un choix parfois s’éloigner dans son parti réso- Heire doit être compris comme hair) théâtralité première qui donne sa tue les « Œuvres complètes » de peare, l’édition ajoutera un volume et à en expliciter les raisons. Par lument théâtral. Retenir des états du ou le péril d’une succession incertai- cohérence et son originalité à la nou- Shakespeare ? En 1623, deux comé- de poèmes aux six des œuvres théâ- exemple, pour Hamlet, faut-il préfé- texte considérés comme moins ne (que tient comme sémantique- velle édition et traduction de Shakes- diens de la troupe, John Heminges trales. rer le texte du Folio de 1623 ou bien déformés que d’autre par les nécessi- ment plausible la littéralité du texte), peare entreprise par Jean-Michel et Henry Condell, décidèrent d’édi- Avant le recueil de 1623, dix-sept celui du second quarto de 1604 qui tés du spectacle (durée de la repré- le choix est difficile. Il est peut-être Déprats et Gisèle Venet pour la Pléia- ter dans un seul volume, de format pièces de Shakespeare avaient déjà propose 222 vers ou lignes en plus, sentation, nombre de comédiens dis- d’ailleurs inutile si l’on admet que de et entamée par la publication des in-folio comme les Workes de Ben été publiées séparément, dans des mais en ignore 83 autres ? Ou faut-il ponibles) ou par les conditions de l’un ou l’autre sens pouvait être cons- tragédies. Une telle perspective con- Jonson, les pièces de leur ancien éditions de format in-quarto (dont faire retour au premier quarto, paru leur transmission exprime, en effet, truit par les spectateurs et les lec- duit à formuler deux questions : camarade, décédé sept ans aupara- cinq des dix tragédies). Les discus- en 1603, quasiment deux fois plus le désir de retrouver l’esthétique de teurs du XVIIe siècle. comment traduire et que traduire ? vant. Publié par les libraires Isaac Jag- sions quant à l’origine des textes des court que le second et où le monolo- l’écriture plus que celle de la prati- Grâce au beau travail de Jean- Jean-Michel Déprats (qui a traduit gard et Edouard Blunt, le livre ras- quarto (manuscrits autographes, gue le plus fameux du répertoire que du théâtre. Michel Déprats et de Gisèle Venet, huit des dix tragédies) insiste sur les semblait trente-six pièces (« histo- copies, livres du souffleur ou de commence par : « To be, or not to De là, un regret quant au sacrifice le lecteur français d’aujourd’hui exigences imposées par l’esthétique ries », « comedies » et « tragedies ») régie, reconstructions de mémoire, be ; ay, there’s the point » ? de versions qui, malgré leurs anoma- pourra, tout ensemble, acquérir un shakespearienne et les demandes supposément publiées selon les tex- transcriptions sténographiques) ont Gisèle Venet énonce le principe lies, ou à cause d’elles, sont les plus savoir sûr quant à la complexité de des entrepreneurs de théâtre et de tes originaux de l’auteur dont le por- nourri une bibliographie immense et suivi dans cette édition, qui est la pre- proches de l’oralité propre à la scè- la transmission du texte shakespea- leur public : « Le texte shakespearien trait gravé figurait sur la page de polémique. Ce qui demeure certain mière traduction de Shakespeare en ne. Il en va ainsi du premier quarto rien et, oubliant ce savoir, être boule- est tout entier tendu vers la représenta- titre. Plus généreusement shakespea- est l’importance des écarts entre les français à ne pas reprendre un texte d’Hamlet, qu’il faudra traduire un versé, comme les premiers specta- tion. » A juste distance entre la fidéli- rienne que le Folio de 1623, l’édition textes donnés par ces éditions, impri- anglais déjà établi : « Nous avons tou- jour, dont les variantes sont riches teurs, par son inépuisable énergie. L’erreur du Shaxicon Un Shakespeare dernier cri

râce au Shaxicon, logiciel Christ’s Bloody Sweat (« La Sueur san- ne édition neuve de Sha- de la plupart des mises en scène de C’est bien : il n’y a rien à cacher. Les re en français (« Comment dit-on informatique permettant glante du Christ »), qui a beaucoup kespeare paraît en Pléia- Shakespeare, pour l’instant. Ils lecteurs qui « savent » l’anglais peu- « rose » en français ? », demande le de répertorier le vocabulai- de ressemblances avec l’Elégie funè- de. Sept volumes sont n’ont pas lieu de se plaindre : ce vent s’amuser à mettre en balance professeur, abject de sadisme, à la re de Shakespeare, le pro- bre, à tel point que Donald Foster prévus, deux sortent sont de belles, bonnes, traductions. l’original et le traduit. Cela dit, l’an- malheureuse candidate, éperdue, fesseurG américain Donald Foster avait soupçonné John Ford d’avoir aujourd’hui.U L’édition antérieure La formidable abondance des glais est en perte de vitesse, dans qui redoute le piège, mais là nous avait attribué une Elégie funèbre de plagié Shakespeare… avait quarante et un ans d’âge, dans informations, souvent neuves, que nos maternelles, les enfants préfè- nous égarons, c’est dans une autre 1612, signée WS, à William Shakes- Gilles Monsarrat a écrit, en 2001, une cette collection. C’en était, en 1959, donne La Pléiade, est, pour ce Sha- rent apprendre le kabyle, le chinois, Pléiade, celle de Ionesco). peare. Le poème (Stock, 1996) avait étude minutieuse qui vient d’être le cinquantième titre, et la Pléiade, kespeare, une bénédiction, parce le russe, on se demande pourquoi, Un dernier mot doux : le premier été inclus dans plusieurs œuvres com- publiée dans The Review of English Stu- en ce temps-là, c’était encore des tous les stades successifs de Hamlet, mais c’est une vogue. Et d’autre part tome de ce Shakespeare eût été plus plètes du dramaturge, avec des réser- dies (Oxford University Press). Il fait livres aimables, bon chic bon genre, de Lear, et des autres pièces – écritu- – revenons à Shakespeare –, la lectu- clair, plus amène, moins lourd, et ves sur la paternité du texte. Tout le une analyse du vocabulaire du poème sans défaut, présentant bien : une re, édition, représentation, etc. – re optique de l’anglais imprimé ne partant moins coûteux, si nous avi- monde s’était enflammé pour cette et recense de très nombreuses expres- image sûre de la France dans le sont d’extraordinaires aventures, vous aidera aucunement à vous rap- ons été exemptés des 78 grandes découverte et le secours apporté par sions et idées qui sont plus fréquentes bureau de l’attaché culturel de tou- inattendues, passionnantes. Si bien procher de la pièce, parce que ces pages compactes de la préface de la machine à l’érudition. Dommage chez Ford que chez Shakespeare. Tous tes les ambassades du monde. que la lecture, ici, nous fait vivre de mots il faudrait les entendre, enten- Anne Barton, un géant coup de bar- que l’élégie ne soit pas de Shakespea- les shakespeariens du monde ont un Elle y trône encore, en bonne pla- vrais romans, pas seulement sur Sha- dre leur rythme, leur couleur, leurs be, très lourd à l’estomac, et qui fait re. Selon l’universitaire de Dijon point de ralliement sur Internet : le site ce : les rouges, bleus, verts, havane, kespeare, mais sur la vie de son villa- coupes, tout. Vraiment les éditions carrément double emploi avec les Gilles Monsarrat, elle est du drama- www.shaksper.net, où la bataille striés d’or, des reliures, tiennent visi- ge, de sa ville, de son théâtre, sur la Gallimard se moquent de nous : le notices de fin de volume, bien turge anglais John Ford (1586-1639). autour de l’Elégie a fait rage. Brian Vic- teurs jaunes ou noirs sous leur char- vie de tout son pays, de ce temps-là, « bilinguisme » de leur édition ne meilleures, si nous avions été exemp- C’est en travaillant sur l’édition kers s’apprête à publier, aux Presses me. Mais le dedans n’est plus le et c’est souvent à n’y pas croire. sert à rien. Ce qu’il nous fallait, c’est tés aussi des 43 grandes pages com- bilingue de Shakespeare, qu’il dirige universitaires de Cambridge, un gros même : les volumes de La Pléiade Vous découvrirez tout cela dans les que le volume de la « Pléiade » pactes du patati et patata de Jean- pour « Bouquins » de Robert Laf- livre rendant à John Ford ce qui avait sont devenus des « éditions savan- notices et notes, en fin de volume, nous donne à entendre, pour cha- Michel Déprats intitulé « Traduire font, que Gilles Monsarrat s’est pen- été attribué à Shakespeare. tes » : préfaces, avertissements, imprimées bien sûr en microcaractè- que page, chaque fois que nous le Shakespeare », qui reprennent tou- ché sur le texte de l’élégie. « Nous avi- Donald Foster a rendu les armes sur commentaires, notes explicatives, res : de fortes loupes ne seront pas désirons, par exemple Emma Thom- tes les manivelles, fortes en thème ons décidé de l’inclure dans le dernier shaksper.net : « L’universitaire français chronologies, index, sont là pour de trop si vous ne tenez pas à repo- son et Anthony Hopkins nous dire, mais tournant à vide, sur les affres volume de notre édition, avec les son- G. D. Monsarrat a réussi là où ses homo- donner au lecteur, s’il l’envie l’en ser le livres les yeux à l’agonie, la de leurs bonnes voix intelligibles, des traducteurs. Jean-Michel nets, sans être convaincus de son attri- logues anglais et américains ont échoué, prend, le tout dernier mot de l’érudi- tête en marmalade – « marmala- ces vers de Shakespeare. Là, nous Déprats sait traduire à merveille, et bution », explique-t-il. En étudiant de en démontrant dans son article que l’Elé- tion sur l’auteur, sa pompe et ses de », avec trois a, est le nom anglais saurions où nous en sommes. lui-même cite Jacques Lassalle, qui près le texte, Gilles Monsarrat arrive gie ressemblait plus à du John Ford. » œuvres. de la confiture d’orange, et aurait C’était pourtant simple ! Mais non ! dit qu’« une traduction, comme une à une certitude : « Plus je travaillais Gilles Monsarrat est rassuré : « Les ordi- Ainsi en va-t-il de ce nouveau Sha- bien pu être aussi le nom d’un N’importe quoi ! La routine !… mise en scène, est un moment très con- sur le poème, plus j’étais convaincu nateurs ne remplacent pas une bonne kespeare, « établi sous la direction » acteur de l’une des comédies-féeries Il va quand même nous falloir tingent, très éphémère, de l’approche que ce n’était pas du Shakespeare et connaissance des textes et des idées. » Et de Jean-Michel Déprats, homme de Shakespeare. emprunter à gauche à droite, pour qu’on peut avoir d’une œuvre ». Dès que ça ressemblait beaucoup à John le Shaxicon a fait « beaucoup de bruit bien connu des comédiens, des spec- Cette nouvelle édition est bilin- nous procurer ça, 120 ¤ les deux pre- lors pourquoi en faire un drame, Ford. » C’est lui qui avait permis l’at- pour rien ». tateurs, puisqu’ils apprennent par gue : texte anglais sur la page de gau- miers volumes, puisque c’est aujour- aller s’arracher les cheveux ? tribution à John Ford du poème Alain Salles cœur ou écoutent du Déprats lors che, français sur la page de droite. d’hui le nec plus ultra de Shakespea- Michel Cournot LE MONDE/VENDREDI 12 JUILLET 2002/III AVIGNON Traducteurs et interprètes de l’ombre Denise Laroutis, André Markowicz, Claude Porcell et Terje Sinding, présents à Avignon avec leurs traductions de Rodrigo Garcia, Tchekhov, Thomas Bernhard et Jon Fosse, s’expliquent sur la complexité d’un travail tendu entre fidélité à l’œuvre et exigences de mise en scène

ur les dix-sept pièces de théâ- te nous ont autorisés à beaucoup plus paradoxe, comme le comédien. Il y a dien. Je me sens imitateur. Bernhard oralité et écriture, et dans les textes De quel côté s’engager ? Du côté tre présentées par des trou- d’audace ». d’ailleurs une certaine parenté entre a publié un recueil s’intitulant L’Imi- que nous traduisons, Dostoïevski ou de l’auteur ou du metteur en scè- pes françaises ou francopho- Certes, il demeure des « adapta- l’art du traducteur et celui du comé- tateur. Au lycée, j’étais assez fort Tchekhov, ce n’est pas le cas. » Terje ne ? En vue d’un texte imprimé, de nes au 56e Festival d’Avi- teurs » prompts à se prendre pour dien. » Et Vitez bouclait par le pour imiter les autres, et je suis per- Sinding a lui aussi le sentiment référence, ou des corps et des voix gnon,S treize sont traduites ou adap- de nouveaux auteurs, lorsqu’ils ne fameux : « Le metteur en scène, c’est suadé que mon travail n’y est pas d’un travail identique sur les qui l’appellent ? Claude Porcell rap- tées de langues étrangères. Et treize le sont pas pleinement. Mais la ten- le comble du traducteur.» étranger. » Encore, le théâtre qu’il romans et les pièces de Jon Fosse : pelle que le texte préexiste à la autres viennent de l’étranger, en lan- dance est au retour, exigeant, au tex- traduit, celui de Bernhard ou de « On parle beaucoup de l’importan- mise en scène et se refuse à le tirer gue d’origine, parfois adaptées, te. Un tourment pour le traducteur «     » Botho Strauss, n’est-il pas psycho- ce du rythme, de la respiration pour dans un autre sens. Denise Larou- sinon surtitrées. Depuis quelques tiraillé entre sa fidélité à l’œuvre et L’interprète désigne aussi bien logique, mais plutôt « un théâtre du le théâtre, la question se pose peut- tis, fait part de semblables réser- années, l’Europe théâtrale, de l’At- les besoins de la scène. Vitez, mieux l’acteur que le traducteur. Mais langage ». être de manière moins aiguë dans un ves : « Parvenir à une bonne traduc- lantique à l’Oural, a pris de vitesse que quiconque, le savait. De ses che- faut-il forcer la convergence ? Assu- Quel comportement face au tex- roman, mais elle se pose ». S’il y a tion, ce n’est pas rester près ou loin les politiques, sans attendre tou- minements, complexes, entre tra- rément, si on en croit Claude Por- te ? « Il faut essayer de le donner tel différence, elle est dans les modula- du texte, ce sont des discussions tech- jours qu’ils lui apportent les ducteur, metteur en scène et acteur, cell, se peignant au travail : «Il qu’il est, dit Claude Porcell, l’idéal tions. « Au théâtre précise Claude niques sans intérêt. Une bonne tra- moyens nécessaires. Il y a plus d’un rappelons le raccourci de formules s’agit de jouer un personnage. On serait d’être totalement transpa- Porcell, les fins de réplique relancent duction est une traduction qui fait siècle, Strindberg ou Ibsen parlaient assez entêtantes : « On peut faire fait comme si on était l’auteur, ce rent. » Mais quelle différence alors le dialogue. L’un des partenaires va un tout. Du début jusqu’à la fin, on le français ou l’allemand en scène cent mises en scène d’un même texte. qui n’est pas vrai évidemment. Alors entre la traduction théâtrale et réagir en fonction de la réplique pré- va suivre un fil, s’y cramponner com- en même temps, sinon avant le sué- Mais c’est bien rare qu’on puisse don- comment faire ? Au théâtre, comme romanesque ? Aucune, selon cédente. Il y a là une difficulté pro- me à une rampe, suivre cette rampe dois ou le norvégien. L’exemple ner cent traductions différentes d’un dans la prose d’ailleurs, le travail du André Markowicz : « Cela implique- pre au théâtre. La fin de réplique et aboutir à un objet aussi plein que s’est étendu au continent, de Portu- même livre. (...) Le traducteur a son traducteur est un travail de comé- rait qu’on fasse une différence entre doit être particulièrement soignée. » l’œuvre d’origine. Si on y arrive et gal en Lituanie, de Norvège en Tur- qu’un metteur en scène vous deman- quie, autorisant la confrontation de de faire éclater cet objet, c’est rapide des mises en scène. En Fran- embêtant. » ce, la Maison Antoine-Vitez (lire ci-dessous) a pu accélérer le mouve- ’ ment, soutenant des manifestations Le passage en bouche n’en marquantes comme « Du monde ouvre pas moins à un autre mon- en entier » au Théâtre Gérard-Phili- de. « Quand on traduit, on a une pe de Saint-Denis en 1998, qui vit la chanson dans l’oreille, dit Denise traduction simultanée de trente Laroutis, et, inévitablement, à la pre- titres de trente pays. Chaque été, la mière audition, on va entendre un Mousson d’été (Pont-à-Mousson), autre texte que celui qu’on a écrit. » relayée depuis par la Comédie-Fran- C’est sans doute pour maîtriser ce çaise, ouvre, elle aussi, de nouveaux type de « surprise » qu’André territoires. Markowicz travaille avec le met- Les traducteurs forment le cœur teur en scène pour s’assurer qu’ils caché de l’entreprise. En voici qua- « comprennent la même chose ». Ils tre, dont le travail est audible à Avi- passent ensuite à la table, avec les gnon : Denise Laroutis (Prometeo, comédiens, pour « mettre l’accent de Rodrigo Garcia) ; André sur les points importants : civilisa- Markowicz (L’Homme des bois,de tion ou construction des phrase,et Tchekhov, avec Françoise Mor- réunir l’équipe autour du texte ». van) ; Claude Porcell (Minetti,de Pour autant, la traduction n’est Thomas Bernhard) et Terje Sinding jamais finie : André Markowicz et (Visites, de Jon Fosse), représenta- Françoise Morvan travaillent à une tifs du mouvement en cours. Ils pas- troisième version de La Cerisaie, sent du roman au théâtre et retour, pour la mise en scène de Jean- et lorsqu’ils touchent aux contempo- Claude Berrutti à Bussang. La pre- rains, c’est pour mieux réviser les mière avait été réalisée pour Sté- classiques : « Dans le temps d’une phane Braunschweig, la deuxième génération, le structuralisme, la lin- pour Alain Françon : « Ce n’est pas guistique ont déployé leur science lié au metteur en scène, mais au dans la traduction, dit Denise Larou- besoin de corriger. Nous traduisons tis. Les niveaux de langage, le manie- Tchekhov depuis douze ans, et com- ment du lexique, les considérations mençons à voir les implications de sur la ponctuation, tout a changé. » chaque chose. Chaque version est D’autant, estime Terje Sinding, que meilleure que la précédente. » . / « les écrits de Beckett, Duras, Sarrau- « L’Homme des bois » de Tchekhov avec Anne See, Pierre Louis-Calixte. Mise en scène par Claire Lasne à Avignon Jean-Louis Perrier Sous le signe d’Antoine Vitez C’est en 1991 que le metteur en scène Jacques Nichet crée le Centre international de la traduction, à Montpellier. Faisant ainsi de cette Maison l’un des moteurs de la diffusion en France d’œuvres théâtrales étrangères

armi les auteurs étrangers d’une dizaine de pays européens. tient, et il faut tout traduire », affir- Marianne Cléry et Dominique Dol- metteurs en scène : « La présence et che, Lansman…) éditent des pièces dont les pièces sont jouées En 1991, quand le metteur en scè- mait-il. En 2002, les étagères de la mieu, dresse un passionnant état la disponibilité de l’auteur permet- traduites avec l’aide de la Maison cet été à Avignon, plusieurs ne Jacques Nichet crée le Centre Maison Antoine-Vitez, dirigée à pré- des lieux du théâtre dans toutes ces tent bien plus de confrontations, ques- Antoine-Vitez. « En dix ans, affirme ont été traduites grâce à la international de traduction théâtra- sent par le traducteur Laurent Mul- régions en plein bouleversement. tions, remises en cause qu’une simple Dorothée Suarez, on constate un PMaison Antoine-Vitez, Centre inter- le, à Montpellier, avec l’appui de heisen, débordent de chemises car- « Notre but, en publiant ces panora- communication par e-mail ou télé- intérêt croissant pour le théâtre étran- national de la traduction théâtrale Jack Lang, il le place sous le patrona- tonnées de couleur : chacune abrite mas et ces extraits, est de donner phone, commente la traductrice ger, qui s’inscrit à présent dans le cou- (1) : Rodrigo Garcia, Evgueni Gri- ge d’un grand maître de théâtre, le manuscrit en français d’une pièce envie à un metteur en scène de faire Dominique Hollier. Pendant cinq rant général d’attrait pour la littératu- chkovets ou Daniel Keene. De plus, Antoine Vitez, disparu en 1990, qui allemande, cubaine, albanaise, sud- traduire et de monter une pièce », jours, on crée du texte en permanen- re étrangère. » une série de lectures d’autres pièces était aussi un grand lecteur et tra- africaine, japonaise, islandaise… explique Dorothée Suarez, secrétai- ce. Les problèmes propres à chaque Catherine Bédarida traduites à l’initiative de cette jeune ducteur. « Tous les textes de l’huma- re générale de la Maison Antoine- pièce sont évoqués, les solutions institution sont au programme de la nité constituent un seul grand même  ’ Vitez. fusent de partout, chacun participant (1) Maison Antoine-Vitez, Centre inter- Chartreuse. Un atelier doit y réunir texte écrit dans des langues infini- Amateurs pour la plupart, les tra- Les textes édités restent cepen- à la traduction du voisin. » national de la traduction théâtrale, des traducteurs de théâtre venus ment différentes, et tout nous appar- ducteurs sont universitaires, met- dant les mieux accueillis : Dorothée La plupart des maisons qui Domaine de Grammont, 34000 Mont- teurs en scène ou comédiens, tous Suarez avait fait circuler le manus- publient du théâtre (Actes Sud, L’Ar- pellier, télécopie : 04-67-22-43-05). dotés d’une bonne culture du pla- crit des Proscrits, une pièce de teau de théâtre. Leurs propositions l’auteur islandais Johann Sigurjons- sont examinées par des comités de son (traduction de R. Asgeirsdottir spécialistes : ils choisissent, parmi et Nabil El Azan). Mais c’est seule- cet afflux, celles qui obtiendront ment lorsqu’elle est parue dans la une aide à la traduction. Sept aides collection « Scènes étrangères » ont été attribuées en 2001-2002. des Editions théâtrales que plu- Des compagnies de théâtre qui veu- sieurs metteurs en scène, dont Jac- lent monter la pièce d’un auteur ques Lassalle, s’y sont intéressés. En non traduit peuvent aussi bénéfi- plus de cette collection créée en cier d’une aide au projet : trois tex- commun, la Maison Antoine-Vitez tes sont en cours de traduction dans collabore avec les éditions Les Soli- ce cadre, dont La Marche de l’archi- taires intempestifs, fondées par L’enfant et l’écrivain tecte de l’Australien Daniel Keene. l’auteur dramatique Jean-Luc Lagar- Quelque cent cinquante œuvres ce. Ensemble, ils ont édité un joli sont ainsi disponibles en français. coffret de pièces espagnoles, à l’oc- La moitié d’entre elles ont été casion du festival Mira, qui s’est Paradis recomposé, l’enfance publiées et le tiers mis en scène, but déroulé en février à Toulouse, pre- ultime de la Maison Antoine-Vitez. mière manifestation d’envergure en est pour l’écrivain une matrice capitale : Celle-ci se charge de diffuser les France consacrée au nouveau théâ- manuscrits ou les fiches détaillées tre d’outre-Pyrénées. école sensible du bonheur, temps établies pour chaque texte auprès Leur collection « Mousson de violence et de ruptures aussi. d’institutions théâtrales – scènes d’été » reprend bon nombre de piè- nationales, festivals… Elle publie ces présentées au festival du même Très souvent, un creuset autobiographique des Cahiers thématiques qui con- nom, qui se déroule chaque année à tiennent des extraits de pièces. Un Pont-à-Mousson, à l’initiative du décisif. numéro des Cahiers Maison Antoine- metteur en scène Michel Didym. Ce Vitez consacré au théâtre irlandais a dernier multiplie les initiatives en suscité la mise en scène de La Déplo- faveur de la traduction : cet hiver, ration d’Arthur Cleary, de Delmot Pont-à-Mousson a organisé avec Bolger, traduit par Emile-Jean Montpellier une résidence qui e Dumay. Un numéro spécial « De accueillait plusieurs auteurs drama- Juillet 2002 - 8 pages - 2,10 l’Adriatique à la mer Noire » (2001), tiques britanniques avec leurs tra- dirigé par les metteurs en scène ducteurs et, dans certains cas, leurs IV/LE MONDE/VENDREDI 12 JUILLET 2002 AVIGNON Enquêtes chorégraphiques Le butô, une avant-garde archaïque Sur un parcours ou sur une œuvre, François Raffinot Au lendemain de la guerre, naît au Japon une danse libertaire nourrie d’influences européennes et et Susan Buirge analysent leur travail de création imprégnée des religions primitives. Un essai collectif revient sur cette chorégraphie du « corps obscur »

A FORCE DE S’APPUYER floue. Il n’empêche qu’il court BUTÔ(S) tés, aura droit de cité. Une influen- SUR LA BARRE ON DEVIENT dans ce livre un ton désenchanté Dirigé par Odette Aslan ce qu’on retrouve dans la littératu- UN HOMME DU MILIEU et incertain. Celui d’un artiste qui, et Béatrice Picon-Vallin. re, notamment chez Haruki Mura- de François Raffinot. arrivé comme il le dit lui-même Ed. CNRS, 390 p., ill. noir kami. Ed. Séguier Archambaud, « au milieu de sa vie », éprouve le et blanc et couleur, 53 ¤. Les auteurs de Butô(s) tiennent 136 p., 15 ¤. sentiment inavoué et peut-être ina- leur documentation, en partie, du vouable de buter sur une limite, omment et pourquoi la fonds Hijikata Tatsumi Memorial L’ŒIL DE LA FORÊT tout en sachant qu’il n’est pas hom- danse butô, qui s’affirme Archives, ouvert seulement en de Susan Buirge. me à ruer dans les brancards. Dans comme le mouvement 1999. Le pape du butô est mort en Ed. Le Bois d’Orion, 106 p., 24 ¤. ce livre, François Raffinot tente un des avant-gardes au len- 1986, brûlé par sa vie extrême, mais point fixe avant de prendre un nou- Cdemain de la deuxième guerre mon- ayant eu quand même le plaisir de eux livres sur la danse vel envol. On comprend seule- diale et du cataclysme d’Hiroshima, voir sa danse de fureur triompher viennent témoigner du ment que l’escale est dure à vivre. puise-t-elle sa substance dans ce en Europe depuis la fin des années processus chorégraphi- Il explique : « Pour l’année 2001 que le Japon a de plus archaïque ? 1970. Lui n’est jamais sorti de son que. L’Œil de la forêt de par exemple, j’ai décidé de faire un Cette idiosyncrasie paradoxale est île. Les services culturels japonais DSusan Buirge porte un regard sur plan vidéo chaque jour. Ça s’appelle au cœur des textes de Butô(s), édi- rechignaient à l’époque à faire tour- la matière avant qu’elle ne s’incar- “Les 365 premiers plans du millénai- tés par les éditions du CNRS, sous ner les compagnies butô, tant ils ne en danse. Ce récit fragmenté, re”. Je ne sais pas du tout ce que je la direction d’Odette Aslan et de trouvaient déplorable l’image qu’el- qui relate un voyage chez les vais en faire… » François Raffinot Béatrice Picon-Vallin. Plus qu’une les donnaient du Japon. Le butô est Indiens Montagnais vivant dans le ne craint pourtant pas les ruptu- analyse, ce livre est une archéolo- la mise en scène du refoulé, éclairé Grand Nord québécois, a fourni la res. Son itinéraire et ses choix en gie. Car cette danse libertaire, rebel- par les esprits et les métamorpho- matière de la création homonyme témoignent. Aujourd’hui, on le le, pétrie de forces convulsives est ses des religions primitives que sont qu’elle vient de présenter, début sait attaché à nulle part. C’est peut- charriée par des courants contradic- le chamanisme et le shinto. Ainsi en juillet, au Festival Montpellier- être cela être « un homme du toires. Les compagnies se rassem- témoignent Carlotta Ikeda et ses Danse. milieu » : un homme en attente. blent autour de maîtres peu diserts filles couleur vanille au Carré Mont- Dans A force de s’appuyer sur la Susan Buirge sait, elle, où elle de leur enseignement et de leurs fort, les Sankaï Juku d’Ushio Ama- barre on devient un homme du va. Ou du moins le feint. Ce qui méthodes. Tenter de raconter les gatsu, descendant tête la première milieu, François Raffinot se pen- revient au même. Pour garder vif exploits des deux figures charismati- dans la lumière dorée de Villeneuve- che sur l’ensemble de son œuvre, son désir de créer, il lui faut respi- ques que sont Hijikata Tatsumi et lès-Avignon, Ko Murobushi, déchaî- cherchant les clés de sa pratique rer des espaces inconnus, rencon- Ohno Kazuo est déjà en soi une né, crachant des morceaux infects artistique, guidé et interrogé par trer le monde et ses hommes. gageure. sur le public de l’Alliance française, l’universitaire Olivia-Jeanne Autrement, elle ronge son frein, Ce qui est frappant dans ce gros Tanaka Min irradiant le Palace de Cohen, à qui l’on doit le récent s’étiole. Après un périple en Orient pavé, bourré de notes, de réfé- sa nudité athlétique, Shiro Daïmon Comme un sublime esquif, essai sur et en Asie, six années passées à rences, et abondamment illustré, sur le saxo de Steve Lacy au Centre la danse contemporaine (éd. Kyoto, elle est partie, poussée par est de voir comment les mêmes cau- américain, Kazuo Ohno, divin Séguier, 2001), aussi fragile que une curiosité de petite fille, parta- ses produisent des effets opposés : vieillard, dansant pour l’éternité son titre. Le livre d’entretiens com- ger le mode de vie des Indiens tandis que les artistes des pays occi- son hommage à la danseuse Anto- mence par le commencement. Pre- Montagnais. L’Œil de la forêt est la dentaux, découvrant les atrocités nia Mercé, dite La Argentina. mière question : « Quelle définition publication des carnets de notes de la guerre et de la Shoah, décla- Le butô danse avec l’âme des accordez-vous à la danse et à la dan- qu’elle a tenus en élève assidue, rent la faillite de l’homme en refu- morts, et prend en scène l’appa- se contemporaine en particulier ? » émerveillée d’apprendre encore, sant désormais de le représenter, rence physique des défunts. Pour Le lecteur est pris par la main, il ne et toujours, jouant avec les mots, cherchant des voies conceptuelles cette danse de tous les risques, il sera plus lâché, bien qu’assez rapi- les lieux, les topographies. Tout lui et minimalistes pour exprimer leur faut un corps aguerri. A ce titre, les   dement on s’interroge de savoir ce fait signe, tout lui est coïncidence, rupture existentielle, le Japon, à Corps suspendus des danseurs du Sankai juku aventures de Tanaka Min et de son que l’« intervieweuse » connaît du réminiscence, annonce de l’avenir. l’inverse, met le corps de cet Laboratoire météorologique du parcours de François Raffinot. A Entre prédiction et précision, elle humain dévalorisé au centre même théâtre d’Artaud et de Genet, avant tant. L’écrivain Yukio Mishima, pré- corps, situé au cœur de la nature, titre d’exemple, autre question pri- écrit avec amour la lumière du lac de performances outrancières, sur- que ne surgisse, en 1959, le specta- sent, tomba sous le choc ! La messe sont transcendantes. Personnage se au hasard : « Que pensez-vous Saint-Jean, l’ombre de la forêt, les chargées, dans lesquelles le bon cle grâce auquel il impose sa griffe est dite : le butô sera l’exorcisme ter- excentré par rapport à l’orthodoxie des chorégraphies actuelles ? Quel- gestes des chasseurs, la rame sou- goût n’est jamais assez offensé, la féroce : il s’agit de Kinjiki, perfor- rifiant par lequel une poignée d’indi- butô, maître parmi les maîtres, le les sont celles qui vous intéressent ple du canoë. Son œil découpe en chair assez insultée. mance extravagante dans laquelle vidus osera, en fracassant les danseur dit : « J’entreprends une opé- – à part les vôtres (rires !), et pour poète des morceaux de vie. Avec Le butô est carnivore. Il a absor- Hijikata mettait en scène un acte de tabous, redonner une identité natio- ration secrète pour ne pas être man- quelles raisons ? » Difficile de ces mots jetés, son travail de choré- bé le surréalisme européen, la dan- reddition homosexuelle et mastur- nale à un peuple humilié par l’occu- gé par la société. » Peut-on imagi- rebondir devant tant de platitude. graphe a déjà commencé. se allemande torturée des années batoire, avec un coq utilisé comme pation de l’armée américaine. Seul ner plus haute définition de l’art ? Démarche trop générale, trop D. F. 1920 et 1930, tout autant que le objet transitionnel du désir hale- le jazz, musique des Noirs exploi- Dominique Frétard

LIVRAISONS La voix Gabily, franc-tireur jusqu’au bout

a THÉÂTRE II (Œuvres complètes, tome IV), de Heinrich von Kleist Le Promeneur poursuit l’édition des œuvres complètes de Hein- Notes, lettres, articles, éclairs et éclats traversent le journal rich von Kleist. Traduit, annoté et préfacé par notre collaborateur de Sarah Pierre Deshusses, l’ouvrage contient quatre pièces maîtresses : Pen- de l’auteur et metteur en scène mort en 1996 thésilée, Kätchen de Heilbronn, La Bataille d’Hermann et Le Prince Friedrich von Hombourg. Le choix des titres, plus proche de l’alle- LA DIVINE À TOUT VA du temps, que Didier-Georges contraire. Celle-ci devient plus mand, témoigne de la volonté de revenir à la source, en oubliant les Le roman de Sarah Bernhardt de Didier-Georges Gabily, Gabily n’aura pas le temps de lumineuse encore. Elle nourrit strates, esthétiques, politiques et idéologiques, qui ont grevé, ou de Michel Peyramaure. Actes Sud, 188 p., 18,90 ¤. mener à son terme. A tout va une réflexion sur le théâtre com- magnifié, la perception de l’œuvre de Kleist en France, depuis le Ed. Robert Laffont, témoigne de ce temps où il y tra- me il n’a pas été donné d’en lire mythique Prince de Hombourg de Jean Vilar et Gérard Philipe (éd. Le 476 p., 21,20 ¤. tout va est un livre qui se vaille. C’est un journal éclaté, où depuis longtemps. Une réflexion Promeneur, 604 p., 35 ¤). Rappelons qu’Actes Sud a également passe entre deux cham- se croisent des notes, des lettres fondatrice, qui ose les questions publié le Théâtre complet de Kleist, traduit par Ruth Orthmann et our celle qu'on appela « la bres : celle de l’apparte- ou articles pour des revues, des interdites, et réaffirme la nécessité Eloi Recoing (« Babel », 1 104 p., 16 ¤). B. Sa. voix d'or », il y a, ment dans lequel Didier- théâtres, des journaux. première du plateau. « Et ce qu’ils a 3 PIÈCES CONTEMPORAINES aujourd'hui comme à son GeorgesA Gabily écrit et celle de nomment le “théâtre”, redisons-le, Les auteurs dramatiques savent entendre les conseils qu’on leur époque, surabondance de l’hôpital dans lequel il meurt, le «    » répétons-le, ne représente le plus donne. Jean-Claude Grumberg, à qui des élèves de terminale qui tra- Psuperlatifs. Il est vrai qu'il espéra 19 août 1996. Entre les deux, il y a Didier-Georges Gabily se bat souvent qu’une usurpation de titre, vaillaient sa pièce L’Atelier avaient reproché trop de didascalies, a vainement qu'une de ses pièces fût trois ans, mais ces trois années-là sur tous les fronts. Il aimerait ne avec les moyens et les forces adéqua- décidé d’écrire Maman revient pauvre orphelin en évitant les lon- dite par cette voix. A entendre valent une vie. C’est la période de plus boire, se remettre à marcher. tes : un titre générique qui dit le gueurs. Il n’a mis aucune indication, même pas de nom aux person- aujourd'hui cet « or », on peut création la plus intense de l’auteur- Il sent son corps « comme un cada- “spectacle” pour le “théâtre”, nages, créant ainsi, d’une manière subtile, un nouveau casse-tête s'interroger sur l'engouement metteur en scène chef de troupe. vre déjà plein des vers de la décrépi- c’est-à-dire, le spectacle comme ils pour les apprentis comédiens et metteurs en scène. Sa pièce s’inscrit qu'Henriette Rosine Bernard susci- Sentait-il que le temps lui était tude future ». Il appelle et redoute l’imposent contre le théâtre comme dans un livre qui propose également Inventaires, de Philippe Minya- ta entre ses débuts à la scène en compté, lui qui n’aura vécu que le temps de la chambre, devant nous voudrions l’entendre et le voir. na, et Les Cendres et les Lampions, de Noëlle Renaude. Frédéric Fis- 1862 et sa mort en 1923 alors que quarante et un ans ? D’une cer- son ordinateur, tandis que dans la Le lieu consensuel du spectacle con- bach, Robert Cantarella et Philippe Adrien, qui ont créé ces pièces, Hollywood l'appelait et qu'elle taine manière, oui. Didier-Geor- pièce à côté sa toute petite fille tre l’idée de l’art du théâtre, qui est livrent leurs impressions de travail, complétées par des « Arrêts sur disait être « pour le cinéma une ges Gabily était né pour l’urgence. joue ou dort. Il voyage et dirige une friction, qui ne consent pas à la lecture » (Gallimard, « La Bibliothèque », 164 p., 4,4 ¤). B. Sa. actrice d'avenir ». Il reste qu'elle Enfant d’un siècle qu’il jugeait à des stages. Il vit. L’angoisse le ter- célébration unanimiste, qui est le a RACHEL, la divine tragédie, de Claude Dufresne est une figure du théâtre qui traver- l’aune des guerres – de 1914 à rasse et il se reprend. La putréfac- laboratoire public et citoyen du A 17 ans, en 1837, une inconnue, Rachel, fille d’un colporteur juif se le temps. Par ce que ses contem- 1991 –, il n’a cessé de se battre, en tion l’obsède, tout autant que la “scandale”, de la parole scandaleu- alsacien, fait ses débuts sur une scène de théâtre parisienne. Le criti- porains ont dit de son talent. Mais transformant les plateaux du théâ- nécessaire rédemption. « Et moi, se, insensée, dissensuelle et, surtout que Jules Janin note « une grande sobriété… quelque chose de brusque aussi, sinon surtout, par la façon tre en champs de bataille. Il vou- je veux encore parler de la guerre (employons le mot là aussi sans et de hardi, de sauvage même ». Un an plus tard, elle est engagée com- dont elle mena sa carrière et sa vie, lait entretenir la mémoire, faire du désir, imbécile que je suis. Pen- aucune réserve) poétique de l’être me pensionnaire à la Comédie-Française. Jules Janin confirme son plongeant toujours, comme écrit entendre les bruits du monde et, sant malgré tout qu’il s’agit dans les avec le monde. » Il y a ainsi, tout jugement : « Cette enfant est petite, assez laide, l’air vulgaire, la parole Michel Peyramaure, « dans l'aven- surtout, lutter contre la « neuras- sociétés capitalistes en état de au long d’A tout va, des éclairs et triviale », mais c’est « une lame d’or dans un fourreau d’argile ».Ce ture comme un navire démâté ».De thénie de la pensée » qui, selon lui, décomposition avancée dont nous des éclats qui ne se consomment physique prétendument ingrat ne va pas empêcher la comédienne son premier succès avec une pièce minait les années 1990. Didier- sommes du principal. Je dis : le prin- pas. Il faut prendre le temps de les d’être une « dévoreuse d’hommes » à l’amoralisme tranquille : elle de François Coppée à son rôle Georges Gabily citait volontiers cipal. Créer le désir, dérober l’assou- lire et de les relire – comme séduit, entre autres, Napoléon III, le prince Jérôme, le roi de Prusse dans L'Aiglon, devenu légendaire, Aragon, qui, à l’autre bout, nais- vissement du désir. Avec ça, on peut Didier-Georges Gabily, la veille de et le tsar… Au fil d’une carrière relativement brève (elle meurt à en passant par les tournées à sant, du XXe siècle, « n’avait pas toujours croire à la révolution. » l’opération du cœur dont il devait 36 ans), elle va être consacrée comme la plus grande actrice de son l'étranger avec les triomphes en peur de n’y comprendre rien ». Le succès des dernières années mourir, prit le temps de regarder temps. Claude Dufresne retrace l’étonnante destinée de ce « mons- Amérique, ses amours, ses rap- Il était donc entré dans le théâ- de création n’entame pas la révol- un arbre, un jour d’été. tre sacré », avec le joyeux allant d’un romancier populaire (éd. ports avec son fils, ses extravagan- tre comme on entre en résistance. te de Didier-Georges Gabily. Au Brigitte Salino Michel Lafont, 346 p., 19,50 ¤). P. Ky. ces, son amputation... elle est de Avec le désir ferme de réappren- a L’OUBLI, de Georges Banu ces personnages au destin singu- dre le scandale. En 1979, il avait « Brusquement, j’ai cessé de vouloir accumuler et j’ai éprouvé l’envie lier qui fascinent. Pour faire le récit fondé au Mans un atelier d’ac- de l’oubli. » La tentative de conversion ou de reconversion de Geor- de cette vie, Michel Peyramaure, teurs avec lequel il creusait des Chaque vendredi avec ges Banu ne tient que le temps d’une phrase. Le naturel de l’essayis- s'appuyant sur une forte documen- sillons, comme un laboureur obsti- te reprend immédiatement le dessus : il accumulera les signes de tation, a choisi le roman à plu- né, sans se soucier de la règle con- l’oubli. Dès lors, tout l’appelle, tout fait réflexion. Simplement, à la sieurs voix. Des proches de Sarah venue selon laquelle un metteur différence des ouvrages précédents (Le Rideau ou L’Homme de Bernhardt la racontent. De cons- en scène doit présenter régulière- 0123 dos), poussés par le souffle de la thèse, il louvoie ici entre les truction, c'est assez habile et cela ment des spectacles. En 1991, le « miettes » de ses rencontres, de ses souvenirs. Il se sert de rend la lecture intéressante. Toute- groupe avait pris le nom de DATÉ SAMEDI « l’oubli » comme d’un miroir tendu par son ombre au théâtre et fois, un tel travail aurait sans dou- T’chan’G et lancé sur les scènes au monde : grands metteurs en scène, de Brook à Stein ; grands te gagné à une forme moins pro- sept heures et demie de Violences, retrouvez mots, de Shakespeare à Char ; grands acteurs, de Sarah Bernhardt che de la fiction, car les soixante et en prélude à un diptyque sur les à Michel Bouquet ; grands personnages, d’Harpagon à Peer Gynt une années de cette existence guerres d’Afghanistan et du Golfe (éd. Les Solitaires intempestifs, 76 p., 11 ¤). J.-L. P. étaient à elles seules suffisamment Des cercueils de zinc et Enfonçures, LE MONDE TELEVISION a A noter : Transatlantique et Script, deux pièces de Michel Rio (Seuil, romanesques. créé à Avignon en 1993. Puis vient 106 p. et 72 p., 10 ¤ et 9 ¤). P.-R. L. son dernier grand œuvre : Gibiers LE MONDE/VENDREDI 12 JUILLET 2002/V LITTÉRATURES Les assassinats d’Henry Bech La patte d’Irving John Updike a créé un personnage d’écrivain qu’il s’acharne à dépeindre Une nouvelle comédie loufoque, critique acerbe différent de lui. Ce dernier se venge en disant un mal fou de son créateur et réjouissante des mœurs médiatiques

BECH AUX ABOIS sé entendre ce qu’il pensait au LA QUATRIÈME MAIN ge « irvingien » convenable. Journa- (Bech at Bay) cours du chapître prédédent. De (The Fourth Hand) liste volage et accommodant, le mal- de John Updike. jeunes admirateurs le pressent de de John Irving. heureux perd au cours d’un reporta- Traduit de l’anglais (Etats-Unis) questions, lui demandent quels Traduit de l’anglais (Etats-Unis) ge à sensation dont sa chaîne s’est par Michèle Hechter, sont « les auteurs intéressants de par Josée Kamoun, fait une douteuse spécialité sa main Seuil, 250 p., 20 ¤. la dernière nouvelle vague ».Il Seuil, 384 p., 21 ¤. gauche, dévorée par un lion. Ce répond : « Je ne suis pas sûr qu’il y grand moment de télévision qui fit enry Bech, « auteur ait une nouvelle vague. (…) De plus ’il est un thème terrible, c’est le tour du monde lui vaut une répu- américain à demi obs- en plus de remous, c’est tout. Les bien celui de la main tran- tation aussi tenace que son nou- cur », né en 1922 et jeunes écrivains que j’ai rencontrés chée dont la vie autonome, veau surnom, « le type au lion » ou Prix Nobel fictif de lit- me paraissent plutôt vieux. Vous séparée du corps qu’elle ser- « l’homme de tous les désastres ».Et Htérature en 1999, n’a pas grand- connaissez les minimalistes ? (…) Svait, ouvre la porte de l’effroi, char- permet à Irving une critique acerbe chose à voir avec Henri Becque, Alors, vous m’avez dépassé. Pour mes vénéneux de l’occulte et du et réjouissante des mœurs médiati- l’auteur des Corbeaux ; il est mis une plus nouvelle vague que ça, il mort-vivant confondus. Depuis La ques, entée sur l’actualité la plus toutefois en relief par Updike faut aller chercher dans les ateliers Main enchantée de Gérard de Ner- brûlante, des long-courriers abîmés dans le deuxième roman qu’il lui d’écriture. » Quand on lui parle val (1832), le thème a fait florès, de en mer aux attentats du Proche- a consacré, Bech est de retour.En de Moins que zéro de Breat Eas- La Patte de singe de W. W. Jacobs à Orient, avec une séquence particu- créant ce personnage d’écrivain ton Ellis, il ajoute « Après les mini- La Bête à cinq doigts de W. F. Har- lièrement réussie sur le traitement que l’on aurait pu être tenté de malistes, que peut-il y avoir sinon vey, que les seconds rôles de La de l’accident qui coûta la vie à John prendre pour un alter ego, John la page blanche ? Ce serait un sou- Famille Adams ont relayés aujour- Kennedy Jr (on n’est plus même Updike a fait de son mieux pour lagement, non ? » Mais l’inquiétu- d’hui sur un mode parodique. Rien « dans l’actualité, mais dans le mélo- s’en différencier au maximum. de se fait jour. Updike écrit : «Il de tel dans La Quatrième Main. drame recyclé »). Et Patrick, porte- Car ce n’est pas l’œuvre de Bech était une créature de la troisième L’écrivain américain, qui ne renâcle parole du romancier, est placide- qui l’intéresse, mais la vie littérai- personne, un personnage. Or un jamais devant les situations les plus ment lucide : « Les médias n’avaient re, ses voyages, ses tournées, ses personnage craint d’ennuyer son délirantes, livre en effet avec ce nou- que deux positions possibles sur les séances de signatures et tout ce auteur qui finit alors par le laisser vel opus l’un de ses romans les plus célébrités : leur vouer un culte ou les que cela peut entraîner. Bech est tout bonnement tomber, sans sages, des plus sensibles aussi. Com- traîner dans la boue. Et comme le un New-Yorkais de souche, Updi- même le bénéfice d’une maladie me s’il brouillait les pistes. deuil est la forme suprême du culte, ke est né en Pennsylvanie, Bech a en phase terminale ou d’une chute Rassurons toutefois les fans du la mort des célébrités valait son prix ; dix ans de plus, Bech a connu une dramatique dans les cascades de Monde selon Garp,deL’Hôtel New en outre, elle permettait aux médias panne d’écriture qui a duré seize Reichenbach qui se termine dans Hampshire,deL’Œuvre de Dieu, la de les idolâtrer tout en les traînant ans, et n’a donc que peu publié, les bras du professeur Moriarty. part du diable, qui firent récemment dans la boue. Il n’y avait pas mieux. » Updike en est à son cinquantième Depuis quelques années mainte- un triomphe à Une veuve de papier, Mais la vraie force de La Quatriè- livre (si l’on en croit son éditeur nant, Bech sentait que son auteur ils retrouveront l’essentiel des ingré- me Main tient à la subtile histoire américain, lui n’en avoue que 44), voulait le mettre sur la touche, dients loufoques qui font la signatu- d’amour qui unit Doris Clausen, enfin, Bech est juif et Updike pro- l’évacuer définitivement de sa re du maître. Dans une réjouissante dont la voix émeut tous les mâles, à fondément chrétien. Cette judaïci- table de travail. » galerie de seconds rôles, du docteur l’homme mutilé à qui elle choisit té de Bech s’expliquerait par l’ad- Bech n’a pas complètement Zajac, jogger féroce à l’appétit d’offrir la main de son époux Otto, miration que porte Updike aux tort. Si Updike s’amuse encore, et d’oiseau qui tente de séduire son fils tragiquement décédé un soir de  /   écrivains juifs comme Malamud, nous avec lui, il s’essouffle un anorexique et s’encombre d’un Super Bowl, pour qu’il lui fasse l’en- les deux Roth, Philip et Henry, ajoute une longue note signalant créateur : « Rien de plus naturel, peu, et certains passages traînent chien névrosé et coprophage, fant qu’elle espère en vain depuis Bellow, Salinger mais aussi parce tous les ouvrages portant le d’ailleurs ; ils étaient tous embar- désespérément en longueur. On a quand il ne tente pas des greffes de dix ans. Avec une délicatesse qu’on qu’ils tenaient le devant de la scè- même titre, à commencer par le qués sur le même fragile radeau, se même l’impression qu’il ne sait la main, à un portier de nuit à l’iden- a rarement lue chez Irving, les deux ne littéraire à l’époque où Updike roman éponyme en anglais, The battaient pour l’espace de plus en plus trop quoi faire : quand Bech tité énigmatique qui s’obstine à con- amants jouent une parade amoureu- a commencé à publier et que Chosen (invariable au pluriel plus restreint des revues et pour l’in- exaspéré par les critiques se met, fondre une star du petit écran avec se incongrue, tout en nuances et en c’était une façon pour lui de parti- comme au singulier) de Chaïm térêt des foules. Quant aux autres : tranquillement, à les assassiner un joueur de champ (le sport – ici le élans retenus. Ainsi le rêve orgasmi- ciper au mouvement. Potok, L’Elu. A l’occasion de la John Irving et John Fowles, volubile- par des méthodes dignes d’un base-ball – occupe comme souvent que, dû à une substance indienne illi- John Updike joue perpétuelle- publication de ce troisième volu- ment, dickensiennement réaction- MacGyver, affublé d’une cape une place particulière dans ce gros cite, qui avait soustrait le journaliste ment avec son personnage. Ainsi, me, Bech aux abois, un entretien naires dans la méthode ; John Haw- d’un satin bleu luisant doublé de roman) ou à Angie, une maquilleu- amputé à la douleur du réveil chirur- Bech voyage commence-t-il par d’Henry Bech avec John Updike a kes et John Barth, complaisam- lambswool rouge, on se dit qu’il se de télé qui mâche à s’en étouffer gical, devient peu à peu réalité. Une une lettre que lui adresse Bech : été publié dans le New York ment, hermétiquement expérimen- en fait trop. Quand il justifie ces des chewing-gums aux couleurs fable romantique qui se ferme sur « Mon cher John, si vous devez Times. Dans ce roman, quand taux : O’Hara, Hersey, Cheever, meurtres en série par un penaud improbables et insulte son frère qui un happy end ? Tendu vers ce ten- commettre l’indélicatesse artisti- Bech devenu président d’une Updike, des privilégiés des ban- « j’ai été gravement maltraité », menace de passer au mixeur la bite dre dénouement, Irving néglige les que d’écrire sur un écrivain, je sup- décadente association culturelle, lieues huppées ignorant la désinté- on s’alarme. Lorsque sa jeune des amants de la belle. détours qu’il affectionne d’ordi- pose qu’il vaut mieux que ce soit Les Quarante, selon le modèle de gration de l’art des centres-villes. compagne (26 ans quand il en a Impeccablement beau, au point naire. On admirera cette économie sur moi que sur vous. » Dans Bech l’Académie française, cite les écri- Et ce n’étaient que les John. » 74) en est tout émoustillée, on d’être l’objet de toutes les convoiti- nouvelle qui n’ôte rien à l’invention est de retour, parlant du livre de vains contemporains qu’il n’aime Dans ce même livre, lors d’un s’offusque. Trop, c’est trop ! ses des femmes en mal d’enfant, du maître. Bech intitulé Les Elus, Updike pas, il n’hésite pas à y inclure son voyage à Prague, Bech a déjà lais- Martine Silber Patrick Wallingford est un personna- Ph.-J. C.

L’amour domestique Ombres paternelles La romancière israélienne Yaël Hedaya questionne le couple Sur les traces de son « bon à rien » de père, le héros de Frans Kellendonk à travers trois histoires de désamour entreprend un voyage de deuil et d’écriture

TROIS HISTOIRES D’AMOUR si que l’homme lui avait parlé cette mes ensemble. Une relation qui a LE BON À RIEN droit précis où disparaîtrait le couper court et avouer : « malade (Chlocha Sipurei Ahava) nuit et ainsi aussi qu’elle s’était tor- connu peu de hauts et de bas. Etait- de Frans Kellendonk. père. de ». Le récit est anamnèse. Celle de Yaël Hedaya. tillée dans ses bras. » Par dépit – ce parce que nous sommes si diffé- Traduit du néerlandais Son deuil est voyage. A ce pro- du père devant le psy amorce celle Traduit de l’hébreu après leur première nuit passée rents ou parce que, dès le début, il par Bertrand Abraham, pos, Frits lâche le mot « pèlerina- du fils devant la feuille. Une pre- par Katherine Werchowski, ensemble, l’homme part sans lui n’y avait pas à espérer grand-cho- éd. Le Passeur, 124 p., 14 ¤. ge », mais c’est « chemin de croix » mière fois, Lucas s’efface. «Il Actes Sud, « Lettres laisser espérer quoi que ce soit –, se ? » se demande la narratrice de qu’il voulait dire. Il lui faut du devient blanc et mince comme du hébraïques », 368 p., 22,90 ¤. elle installera le chien chez elle, qui « Mati » – troisième et dernière his- ère et fils. Sang du sang, à temps, une route et un véhicule. Il papier. Tout devient blanc. Mainte- deviendra chez eux, puisque, le len- toire de ce recueil. Alors que son s’y noyer. Chair de la a abandonné le volant à un auto- nant qu’il est tout seul avec son âme, lus que trois histoires demain soir, se sentant obligé mari agonise sur un lit d’hôpital, chair, à les confondre. Au stoppeur de passage, mais gardé le il m’est étranger. Je le chiffonne. d’amour, ce sont trois his- envers le chien, l’homme reviendra elle se souvient de son mariage travers du miroir, les traits micro du narrateur. Il commente L’âme est la partie la plus mortelle toires de couples que Yaël pour lui porter à manger. Tout se comme d’une « bouée de sauveta- Pdes Goudvis père (Lucas) et fils en direct. Le pilote n’est pas dupe : d’un homme », constate Frits. Hedaya donne à lire. Ou passe comme si, au fond, le chien ge » et de sa jalousie pour une très (Frits) tendraient à se recouvrir. « Tu ne serais quand même pas un Déjà, dans Corps mystique (1), Pplutôt trois récits de ces animaux était à la fois le ciment de ce cou- jeune femme que celui-ci aima pas- Une nuance toutefois, sur laquelle artiste ? Un de ces enfourcheurs de roman postérieur de sept ans au de compagnie que sont, pour la ple qui n’en est pas un – ou si peu – sionnément avant elle. on s’accorde autour d’eux : Lucas plume ? » Dans ce cas, il serait prêt Bon à rien (1979), Frans Kellen- jeune romancière israélienne, les et le symbole de leur amour domes- Venue justement rôder dans les est un « bon à rien ». Père unique, à le débarquer immédiatement de donk, l’un des plus brillants Néer- hommes pour les femmes (et vice tique : « Elle avait besoin de lui, couloirs de la mort, cette Lolita comme on le dirait d’un enfant sa propre voiture. Non, Frits n’est landais fin de siècle, nous servait versa), et qui, ici, se mettent ensem- cela lui semblait clair, tout comme le vieillie se souvient elle aussi de ce gâté. Paternité négligeuse, toute qu’un juriste sans emploi. « Bon à du père à tuer, sous la forme d’un ble moins par désir que par peur chien. » Viennent ensuite – très que fut leur amour : « Ce qui aux caprices d’une vie empétara- rien », lui aussi, n’était son achar- sac à bouffe, monstrueux d’avarice de la solitude. Un constat aussi vite, en fait – les reproches, les dis- m’était apparu comme des pas de dée de ratés bruyants. Capable nement à explorer la voie du père. et d’antisémitisme. Mort du sida pathétique que réaliste permettant putes, les regrets quand l’habitude géant vers la maturité n’était en réa- d’avaler jusqu’à la cuiller d’argent A remonter le cours de son exis- en 1990 à l’âge de 39 ans, Frans Kel- à Yaël Hedaya de dévoiler son s’installe au milieu de leur lit et de lité que des pas en arrière vers une avec laquelle il boulotte sa fortu- tence, à partager en imagination lendonk n’en avait pas fini avec le talent de conteuse et de dire, au leur vie : « Cela faisait neuf mois enfance nouvelle et plus terrible ne. Un encombrement de père. son ultime cavale. père. Seul l’imaginaire pouvait plus près, au plus vrai, ces histoires qu’ils étaient ensemble. Un chiffre encore que la précédente. » Les Nécessaire et impossible à conte- prendre le relais. A tous les coups, banales qui finissent certes tou- symbolique, pensaient-ils l’un et voix de l’une et l’autre femmes se nir, trop remuant, trop mal réparti. ’  ’ la littérature y gagnait. jours mal mais jamais tragique- l’autre. Mais ce n’était pas le même relaient alors sous forme de mono- Poussé par la famille, mère en tête, Son deuil est écriture. Une J.-L. P. ment. Car, encore une fois, puis- symbole pour chacun. L’homme logues intérieurs qui ne sont pas vers une sortie abrupte, définitive, condition au récit. Une justifica- que la vie n’est bien souvent ni une avait en tête un enfant. La femme sans rappeler ceux d’une autre dans une étreinte meurtrière avec tion. Car vient le moment où il (1) Traduit du néerlandais par Patrick tragédie shakespearienne ni un une séparation. » Et le chiot, si ado- Israélienne, Zeruya Shlaev, dans la démence. faut bien « trouver une forme »àla Grilli, Gallimard, 190 p., 19,82 ¤. conte de fées, il n’y aura pas plus rable à ses débuts, si attendrissant, son très beau Mari et femme (Galli- Bon à rien, peut-être, sauf au vie du père. Accumuler et ordon- d’effusion de sang à la Liaison fata- de devenir une sorte de chose mard). Leurs « je » deviennent fils. Frits (27 ans) prétend détester ner ses traces : une griffe sur le le que de happy end… Seulement monstrueusement hideuse… « Elle alors interchangeables, identiques le père. Comment qualifier son papier, l’empreinte d’un corps ces petites choses de la vie quoti- ne pensait qu’à une chose, qu’il se dans leurs douleurs de femmes attention, ses attentions ? Il se sou- dans le paysage. Et, dans le même dienne qui, mises bout à bout, lève et s’en aille. Et lui, qu’elle lui qui, l’une comme l’autre, sont en vient l’avoir suivi pas à pas, déchif- temps, « forger tous les morceaux » deviennent juste un peu trop lour- dise de partir. » train de perdre l’homme qu’elles frant par-dessus son épaule Spino- de sa vie de fils « pour n’en faire des pour qu’on ait encore envie de n’ont pas su aimer – à moins que za, l’observant en train de choisir qu’un seul ». Faire apparaître et dis- les supporter.  cela ne soit l’inverse. une cravate ou éclusant le champa- paraître le père dans le même mou- « Animaux de compagnie » est De la même façon que le chien Avec ce deuxième livre – paru en gne au petit déjeuner. Frits joue au vement, avec irritation et amour, le récit conté, non pas, comme est le baromètre du couple dans Israël en 1997, mais le premier à chat avec ses ombres. Il en ferait patience et passion. Chaque élé- chez Faulkner, par un fou – mais « Animaux de compagnie », l’ar- être traduit en français –, Yaël un métier, aussi fictif et aussi vrai ment rapporté venant au passif de par un chien. Un chien errant bre fruitier symbolise la dégrada- Hedaya se fait la nouvelle et talen- que l’activité du père dans l’entre- l’un, et à l’actif de l’autre. Un recueilli par deux jeunes gens qui tion – pour ne pas dire le pourrisse- tueuse chroniqueuse de ces jeux prise familiale. grand change, tout de « symétrie », viennent de se rencontrer. ment – de l’amour dans « Le Jeu du de l’amour et du hasard auxquels Un sujet d’enquête, qui lui per- s’opère, dont sort gagnante une « Voyant l’homme dire des mots bonheur ». « Rien. Il n’y a rien à fai- se confrontent – et avec lesquels se mettrait de se retrouver, lui, au cen- autre forme de folie, dans laquelle d’amour au chien qui se tortillait re », écrit même d’emblée Yaël débattent – tous les trentenaires tre de l’image. De se définir. De le monde vient à s’évanouir. dans ses bras, elle se sentit soudain Hedaya. qui peuplent ces trois nouvelles. situer enfin sa place, et peut-être Le père est la maladie du fils. Plu- humiliée, car c’était exactement ain- « Cela fait huit ans que nous som- Emilie Grangeray sa raison d’être au monde, à l’en- tôt que de dire : « fils de », autant VI/LE MONDE/VENDREDI 12 JUILLET 2002 LIVRES DE POCHE Les polars à l’indienne de Sarah Dars L’érudite, spécialiste du sanskrit, a inventé un personnage de brahmane qui enquête à Madras, Bombay ou Hyderâbâd. Sa connaissance des lieux, modes de vie et de pensée révèle d’autres mystères que ceux de ses fictives énigmes criminelles

LA MORTE DU BOMBAY EXPRESS d’un meurtre que le hasard a mis sur d’une action soutenue. Elle n’hésite de Sarah Dars. sa route, Doc n’oublie aucun détail, d’ailleurs pas à augmenter ses Ed. Picquier, 246 p., 7 ¤. n’écarte aucune hypothèse. romans d’un glossaire, afin de n’éga- En outre, toujours imprégné par rer aucun de ceux qui voudront à sa élébrant Robert Van l’éducation traditionnelle qu’il a suite partir à la découverte des tex- Gulik, auteur à la fois d’im- reçue, il ne cesse de stimuler sa tes fondateurs, voire des villes de peccables travaux de sino- réflexion en citant les traités de l’In- Madras, Hyderâbâd, Mahâbalipu- logie et d’une magnifique de ancienne, notamment le Pancha- ram ou Bombay. Car ses récits sont Csérie de romans policiers consacrés tantra ou l’Arthashâstra. Loin d’être à la fois des invitations au départ, à au juge Ti (1), Simon Leys notait que perçu comme une coquetterie ou un l’aventure, et des viatiques. Ils s’af- « sa science allait de pair, comme on anachronisme, ce décryptage d’ac- franchissent de la distinction confor- le voit dans ses écrits, avec le plaisir ». tions très contemporaines en usant table édictée par André Breton entre Cette alliance très rare, jubilante et d’indications venues du plus lointain « les livres de voyage et les livres qui tonique, qui conjugue érudition et passé se révèle plein d’imprévu et de font voyager ». Avec Sarah Dars et suspense, se trouve à nouveau à charme. Doc ne méprise pas les son brahmane Doc, le désir de vivre l’œuvre, avec le même élan et la méthodes actuelles d’investigation, ailleurs, dans une réalité autre, s’ac- même maîtrise, mais sur un autre ter- mais il n’a à sa disposition que son complit autant sur la terre des hom- ritoire et en un autre temps, dans les « ordinateur cérébral » et, surtout, mes que dans les fantasmagories ou enquêtes du brahmane Doc que ne se sentant investi d’aucune mis- les rêves. Sarah Dars publie ponctuellement sion officielle qui l’obligerait à chan- Quelques-uns des premiers chapi- depuis deux ans chez Philippe Pic- ger sa façon d’être ou de penser, il tres de La Morte du Bombay Express quier. Après Nuit blanche à Madras, mobilise ses facultés mentales en sont à cet égard des plus impression- Coup bas à Hyderâbâd, Ramdam à toute liberté, poussé par le goût nants : la canicule, la nuit tombée, la Mahâbalipuram, la quatrième livrai- purement intellectuel de l’élucida- lente progression du train entre des son se dirige, à la vitesse aléatoire tion. paysages devenus fantomatiques, des trains en Inde, vers la mégapole favorisent de lourdes et angoissan- de Bombay. Comme les précédents,   tes visions, comme si, derrière la ce livre témoigne d’une connaissan- Car il n’a rien d’un justicier ni d’un vitre du compartiment, les Contes du ce approfondie des lieux, des modes défenseur résolu de la loi. Souvent, vampire, grand classique de la littéra- de vie et de pensée, mais aussi d’une le coupable qu’il vient de confondre ture indienne, s’animaient soudain : affectueuse connivence avec les infi- lui apparaît sous les traits d’une victi- « Dans cette obscurité de poix, on ne   nies subtilités des usages et des me d’un autre genre, comme si, distinguait rien, si ce n’est, ici ou là, le codes qui régissent l’univers indien. dans la loterie où se jouent les évoluent ne devrait guère inspirer mes, d’une « comédie » qui, humai- des voyous avec son parapluie pour flamboiement d’un bûcher funéraire Sanskritiste ayant longtemps actions humaines, ne se comptaient de sympathie. La compassion de ne trop humaine, ne cesse jamais seule arme imparable, de se laisser qui finissait de se consumer, petite séjourné dans le sous-continent, quasiment que des perdants. Au Doc, qui tient pour partie à sa voca- pourtant d’être divine. Il est, par- aller à manger trop épicé, de partici- fumée, escarbilles, ombre mouvante après de grands périples en Asie, cours de chacune de ses enquêtes tion de thérapeute et pour partie à tout, le guide rêvé, celui qui dévoile per aux fêtes de Gokulâshtamî ou de d1un homme ou d’une grande chauve- d’Oulan-Bator à Pékin, de Kaboul à fortuites arrive l’instant du doute sa personnalité propre, suffit donc à et fait partager, celui qui parle Ganesha Chaturthi, d’écouter avec souris. La vue du brasier, pourtant très Lhassa, d’Istanbul à Tokyo, Sarah radical, le moment où Doc, au com- changer le climat pesant d’une intri- d’abondance et sait se taire quand le ferveur les chants qawwali des Sabri éloigné, ajoutait encore à l’impression Dars réussit le prodige, sous couvert ble de l’indécision, fait le portrait des gue aux ressorts nécessairement tra- temps qui passe semble avoir accès Brothers, d’arpenter Bombay en de fournaise. Il n’était pas difficile d’énigmes criminelles à résoudre, de acteurs du drame en tenant compte giques en exploration perspicace, à une émotion plus vaste, peut-être tous sens, comme de disputer de l’ac- d’imaginer les âmes des trépassés vole- révéler bien d’autres mystères, de tout ce qu’il a récemment décou- toujours légèrement distanciée, voi- sacrée. Alors, en plus du fin mot de tualité d’un traité sur l’art de gouver- tant au-dessus des sables encore notamment ceux qui tissent et struc- vert sur chacun d’eux. Ces petits cro- re amusée. Ce personnage conjugue l’histoire de la-jeune-femme-retrou- ner datant de quatre siècles avant chauds, les spectres allant et venant turent, somme toute assez efficace- quis, rapides et précis, s’ils prouvent, à l’évidence les qualités d’intelligen- vée-carbonisée-dans-un-comparti- notre ère… S’il est un détective de en leurs effroyables voyages de l’enfer ment, la réalité la plus chaotique qui comme il est de convention dans les ce et de cœur, de séduction et d’hu- ment-de-première-classe-fermé- raccroc, Doc est à coup sûr l’enquê- de Yama au monde des vivants. » soit. Son héros n’est pas un policier romans policiers, que tous les prota- mour, de courage et de modestie qui de-l1intérieur, le lecteur voit son plai- teur le plus véloce et le plus inspiré Saturé d’aussi terribles présages, l’es- ni un détective de métier, c’est un gonistes peuvent être suspectés, se façonnent pour Sarah Dars une sor- sir décupler en suivant les innombra- des faits et gestes, croyances, pace du dehors ne pouvait qu’entrer brahmane qui exerce à Madras la distinguent par la lucidité mais aussi te d’Indien idéal. C’est un lettré, bles et marginales pérégrinations de modes, survivances et réalisations par effraction dans l’un des wagons, profession de médecin, d’où ce sur- la bienveillance dont fait preuve grand amateur de musique, expert Doc. de l’Inde d’aujourd1hui. fermé littéralement à double tour. nom de « Doc » qui le désigne fami- celui qui est censé décrire et obser- dans l’art martial du kalaripayatt et On retrouve en effet celui-ci, Grâce à lui, Sarah Dars peut livrer Pour passer du cauchemar légendai- lièrement et suggère en toutes cir- ver pour mieux démasquer. qui, pour être brahmane, n’en est escorté du fidèle Arjun, son ami et l’essentiel de ce qui l’a passionnée re à l’intrigue policière, il ne suffisait constances une qualité d’observa- Pourtant, dans La Morte du Bom- pas moins tolérant et sensible aux confident, en train aussi bien de soi- dans l’étude de la mythologie et des plus alors que d’une allumette. tion hors du commun. Qu’il s’occu- bay Express, les « acteurs du drame » plaisirs de la vie. gner l’obésité d’un beau-frère que philosophies indiennes, tout en célé- André Velter pe de la santé de ses malades ou étant précisément des acteurs, l’uni- Avec lui, on traverse tous les cer- de franchir les portes des studios de brant le pays réel qu’elle connaît inti- qu’il tente de découvrir le coupable vers factice et futile dans lequel ils cles, infernaux, quotidiens ou subli- cinéma de Bollywood, d’affronter mement, tout en entretenant le feu (1) 10-18. Héros sur le déclin Onetti traque le mensonge Après le détonant « Jernigan », David Gates met en scène Quatre nouvelles inédites enrichissent un nouveau loser, moins déjanté, mais tout aussi paumé la réédition des récits courts de l’Uruguayen

JERNIGAN der et son adolescent de fils se per- Dans la famille des paumés, DEMAIN SERA UN AUTRE JOUR. sain de corps et d’esprit, alternant une voie de secours à certains de de David Gates. dre dans les sons bizarroïdes de sa Doug Willis vaut aussi le détour, Recueil de nouvelles lecture et cigarettes, écriture et ses personnages, un mensonge Traduit de l’anglais (Etats-Unis) guitare, avant qu’un de ses amis héros de Preston Falls, nouveau de Juan Carlos Onetti. whisky. Sans doute, trop lucide dénaturé, fils légitime de l’imagina- par François Lasquin, vienne se donner la mort. Au roman du même auteur. Encore Traduit de l’espagnol (Uruguay) pour être fou, voulait-il se protéger tion. Dans cette faille se glisse un éd. de L’Olivier, grand cycle des orgies de télé et un anti-héros à l’humour féroce, par André Gabastou, et perdurer, comme tente de le faire personnage dénommé Saad, rêvant « Petite Bibliothèque », des barbecues de voisinage, Jerni- à l’esprit adolescent, qui, la qua- éd. Le Serpent à plumes, la jeune fille de « L’Arbre » surprise de percer le secret de l’identité 348 p., 12 ¤. gan va donc substituer peu à peu rantaine venue, sort de son rôle « Motifs », 150 p., 6 ¤. par l’irruption de militaires venus sexuelle d’une jeune personne mais Première édition : L’Olivier, les petites sauteries avec la voisine et de ses gonds, isolé dans sa mai- Première édition : Le Serpent à fouiller la maison : « Parce que, si préférant s’accorder le plein bénéfi- 1993. Martha, le gin vidé cul sec et les son de campagne à Preston Falls, plumes, 1994. elle prolongeait sans s’arrêter le jeu ce du doute ; un stratagème revendi- virées sans but. Dans cette dérive, un village perdu au nord de New monotone, tous les deux resteraient à qué par cet autre : «… je mentais PRESTON FALLS son regard de narrateur alcooli- York. Cette fois, avec la ruine de ubliés en espagnol entre l’écart du temps, la saleté du monde pour éviter qu’on essaie de me la de David Gates. que, de loser sarcastique à l’hu- son mariage, c’est moins une des- 1973 et 1994, les quinze ne les effleurerait jamais. » déformer… Je mentais de peur qu’on Traduit de l’anglais (Etats-Unis) mour adolescent, qui parle de lui à cente aux enfers qui l’attend, récits regroupés dans ce par Francis Kerline, la troisième personne comme un qu’une fuite en trompe l’œil com- recueil, où quelques-uns éd. de L’Olivier, 444 p., 23 ¤. César de pacotille, n’épargne pas me celle que décrivait la fin de Pdes thèmes et des personnages fami- grand monde, pas même ses pro- Jernigan : « On a l’illusion de voir liers de l’auteur uruguayen apparais- EXTRAIT remière leçon du manuel ches qui tentent de bricoler des une route sans fin qui va se perdre sent ou réapparaissent – la ville des désaxés : « D’abord on vies originales, ou simplement sup- dans un horizon lointain, alors imaginaire de Santa Maria, Brau- « – As-tu tout à coup accepté que tu étais de trop en ce se bourre d’un tas d’analgé- portables. qu’en fait on n’a rien d’autre sen, son fondateur, ou Larsen –, bas monde ? Ou tout simplement t’enfuis-tu ? Se suici- siques, ensuite on veut devant les yeux que deux lignes donnent une vision relativement der est à recommander dans certaines situations, mais    Péprouver quelque chose et on se met qui convergent ». complète de son œuvre et consti- j’aimerais bien savoir ce que tu vas t’injecter dans le à gémir et à pleurer parce que ça Sur ce fond très noir, le réalis- Manque sans doute ici l’am- tuent une bonne introduction pour corps. Si c’est par maladie ou pour les yeux d’une femme fait mal », annonce le héros de Jer- me de Jernigan, relevant la moin- biance de doux dingues qui ceux qui ne la connaîtraient pas. cruelle et perverse. Toujours est-il que c’est trop tôt. Le nigan en se tirant une balle dans la dre marque de pot d’échappe- régnait dans Jernigan,etla Avec les quatre nouvelles supplé- problème se posera de lui-même dans quelques années. main, ivre mort. Voilà un narrateur ment, de beurre ou de bière, ajou- dimension pathologique qu’y pre- mentaires et inédites ajoutées à cet- Et peut-être qu’à ce moment-là tu diras non en trépignant. qui a tout pour plaire, l’humour te à l’humour, sans résoudre nait le sarcasme. Ecrit en demi- te réédition, l’éditeur donne pour – Oui, Brau, dit Charlie. Toujours à avoir raison et à faire chier. Mais si je compris. Fan de Star Trek et de l’énigme de soi, ironique et verti- teinte, dévoré par le souci du boucler la traduction de l’œuvre de me lance dans des explications, ce temps va passer. Il est à moi et, à bien Tchekhov, de base-ball et de Walla- gineuse. En éparpillant ces noms détail et de l’effet de réel, Preston fiction (1) de l’un des plus étranges y réfléchir, c’est le seul dont je dispose et sur lequel je puisse agir. » ce Stevens, rejeton d’un peintre familiers, David Gates, responsa- Falls suit une narration plus sub- auteurs sud-américains. Montaigne, in Demain sera un autre jour, p. 142. déjà passé de mode à la fin des ble des pages culturelles de tile, peut-être trop pour que Lui-même personnage fantomati- années 1980, cet as du persiflage Newsweek, a détourné tout un cette quête de rédemption, aussi que, ayant toujours refusé les hon- tourne mal : difficile d’ironiser pan d’Amérique pour l’affubler symbolique soit-elle, suscite un neurs, Onetti met en scène des hom- Pour l’auteur du Puits, le menson- ne me la transforme en femme, en innocemment, il est vrai, quand on d’un terrible accessoire, la déri- intérêt égal. Mais une fois mes et des femmes qui semblent ge est le moteur de notre monde, personne, en symptôme de je-ne-sais- a vu dans l’année sa femme se suici- sion, comme le fait dans sa fic- encore toutes les cérémonies gro- irrémédiablement emprisonnés « monstrueux mensonge de la civilisa- quoi ». Et, lorsque toute superche- tion le père de Jernigan : « Elle tesques de la middle class et de la dans leur monde, « luttant contre la tion, de la fausse et sordide civilisa- rie devient impossible, reste le spec- s’est assise à côté du poêle, en s’en- middle upper class s’y délitent marée, la flasque boursouflure de tion des marchés ». Celui des tacle absolu auquel se livre Charlie, tourant les genoux de ses bras com- avec génie, que ce soient les mou- l’absurdité ». La nouvelle qui donne « Jumelles », deux jeunes prosti- lecteur de « Montaigne », mettant me la femme du tableau d’Edward vements pendulaires, les jargons son titre au recueil pourrait faire tuées dont le narrateur écoute «le en scène son suicide pour ses amis. Hopper. Ce tableau, il y en avait professionnels ou les tondeuses croire à des lendemains meilleurs. balbutiement avec lequel elles Encore que rien ne laisse présager une reproduction sur l’un des murs rutilantes, incapables d’entrete- Ce n’est pas exactement le contrai- essayaient d’apprendre à manier les de la réaction de ces derniers. de mon père, quand j’étais gosse. nir correctement les parterres et re, mais exactement la même chose mots et les vieilles constatations, avec Jean-Louis Aragon Une femme assise sur son lit, face à la santé mentale de leurs proprié- qui se produira pour ce transsexuel lequel elles essayaient de créer les vul- la fenêtre ouverte, le visage inondé taires. indésirable aux deux sens du mot, garités et les lieux communs indispen- (1) Publiée chez Gallimard et Christian de soleil. Mon père lui avait ajouté En face, la contre-culture fait réduit à rentrer chez lui au petit sables pour peupler le monde inédit, Bourgois. A noter, pour les incondi- une paire de lunettes de soleil avec de son mieux pour exister, relé- matin, à l’heure où la barbe recom- détérioré et sale de marques qu’elles tionnels, la publication à Montevideo, une monture décorée de petits guée au rang des souvenirs et mence à pousser. construisaient irrémédiablement » ; en fac-similé, des sept numéros de la damiers noirs et roses, et les avait des comportements régressifs, Onetti, né en 1909 à Montevideo, celui des complices, admirateurs Tijera de Colon, première revue dans peintes avec une telle habileté que simplement transformée en con- mort en 1994 à Madrid où il s’était d’« Elle », qui « tous croyaient aux laquelle Onetti écrivit, de mars 1928 à j’avais cru pendant toute ma jeu- trebande, avec quelque chose de réfugié en 1974, chassé par les géné- éructations dominicales des curés ». février 1929. nesse que c’était la physionomie frelaté dans le goût. raux uruguayens, passa les derniè- Pourtant, c’est grâce à ce même Renseignements auprès de Milton For- normale du tableau. » Fabienne Dumontet res années de sa vie rivé sur son lit, mot mensonge qu’Onetti octroie naro ([email protected]). LE MONDE/VENDREDI 12 JUILLET 2002/VII LIVRES DE POCHE « Je » d’images Un Golem à trois têtes Alors que Sophie Calle choisit de se raconter dans dix petites histoires drôles et dramatiques, Quand la famille Murail revisite et réactualise Hans Michael Koetzle propose une histoire personnelle de la photographie avec bonheur la fable séculaire

aire coexister le texte et la d’un fait ou de la matérialisation Hans Michael Koetzle aime aussi tory par Gérard Malanga. Koetzle GOLEM Croisant les genres, du polar à photographie dans un d’un objet. En revanche, elle est raconter avec des images. Mais raconte plutôt bien les histoires 1. Magic Berber, 2. Joke, la science-fiction, les Murail même livre, pour former toujours l’écrivain de ses textes, d’un tout autre genre, puisqu’il même si on peut ne pas le suivre 3. Natacha, 4. Monsieur William savent aussi retrouver la complici- un pas de deux fertile pro- denses et légers, précis, portés par s’aventure, après tant d’autres, dans son chemin. de Lorris, Elvire té qui tissait le monde chaleureux Fche du tango, une œuvre en soi, où le souci du mot juste, dénués d’ad- dans une histoire de la photogra- Il n’est pas question, par exem- et Marie-Aude Murail. du Petit Nicolas. Il faut bien ça, chaque élément, loin de manger jectifs superflus, de sentimentalis- phie à partir de 39 images célèbres ple, de Martin Chambi (1891-1973) Pocket, J771, J815, J866 et J833, tant l’intrigue, étourdissante de l’autre, l’enrichit, est un exercice me narcissique, de commentaires et en deux tomes, le tout paru chez dans les livres de Koetzle. Le grand 5 ¤ le volume. Dès 10 ans. rebondissements, distille une souvent décevant. C’est comme la ou d’explications. Taschen, donc à un prix attractif Péruvien, tenant studio à Cuzco, leçon féroce du monde contempo- corrida, souvent ratée, parfois Sophie Calle sculpte la phrase (384 pages pour 15 ¤). Disons-le, ancienne capitale des Incas, a pour- aut-il y voir un hommage rain. Non pas tant sur le monde le miraculeuse. Le miracle est là sous comme le chirurgien manie le bis- c’est une histoire très personnelle. tant offert, dans les années à Dumas, héros de plus familier (l’école, les relations la forme d’un petit livre à bas prix. touri dans la chair. On pense à Pas au sens intime de Sophie Calle 1920-1930, une iconographie l’« autre bicentenaire », parents-enfants ou la vie dans la Que l’auteur en soit Sophie Calle Félix Fénéon, qui, au tournant des – encore que – mais parce que les remarquable sur son pays – des mais l’année semble pla- cité de banlieue chargée de retrou- n’est pas une surprise. Parce que XIXe et XXe siècles, écrivait ses Nou- « impasses » et partis pris feront portraits mais aussi des paysages Fcée sous le signe du feuilleton. ver la géographie ombreuse de les mots, on l’oublie, occupent une velles en trois lignes, soit le compte tousser les puristes. Sont écartés et des images de vie quotidienne – Tandis que Nathan a entrepris Prague), mais sur les enjeux plus place centrale et même grandissan- rendu dans la presse de faits divers – entre autres – Le Gray, Baldus, qui constitue aussi une mine avec succès la publication des directement politiques, manipula- te dans l’œuvre de cette artiste qui qui était si court qu’il en devenait Le Secq, Nègre, et puis Atget, Rodt- anthropologique sur une région du aventures des Orphelins Baudelai- tion, emprise psychique ou déréa- organise sa vie en protocole, trans- acide et poétique. Chez Sophie Cal- chenko, Brassaï, Walker Evans, monde à une époque où les docu- re, voilà que le projet Golem don- lisation qui aliènent le consomma- forme son quotidien en œuvre, le le, le fait divers est intime et le récit Arbus, Winogrand, Robert Frank, ments visuels sont rares. Bien ne le frisson aux lecteurs en her- teur comme le citoyen. Car, plus souvent sous forme de séries est à peine plus long, tenant tou- toute la photo conceptuelle et des imprimé, soigné comme toujours, be. On est cependant loin des derrière les extravagants dévelop- photographiques, et dont on jours sur une page de petit format. pans entiers de la photo contempo- le n˚ 95 de la collection « Photo déclinaisons faciles à la « Chair de pements du feuilleton où les per- attend une exposition majeure, au On sait que ses « histoires vraies » raine. Koetzle met en avant des icô- Poche » restitue l’art et la magie de poule » dont se moquait impitoya- sonnages pittoresques le dispu- Centre Pompidou, en 2003. sont le résultat d’une écriture nes qui ont marqué l’époque, Chambi. blement Christian Lehmann dans tent aux reprises de la grammaire Sophie Calle a publié une douzai- patiente sur du papier qui l’accom- s’éternisant sur le contexte de prise La Citadelle des cauchemars (Eco- des jeux vidéo (de Bubulle le dra- ne de livres aux éditions Actes Sud, pagne dans son quotidien, qu’elle de vue sur fond politique, social et , ’ le des loisirs, 1998). En cinq épiso- gon à l’attachante Natacha, souvent sous forme de coffret. Sa remanie, coupe, modifie jusqu’au culturel. C’est flagrant dans le On terminera avec un livre de des, c’est à un avatar moderne « golemette » aux allures de dernière livraison a pour titre Des moment où le mot est à sa place. second tome, qui court de 1928 à poche précieux (Phaidon, coll. d’une fable séculaire qu’est con- vamp qui décompte ses vies res- histoires vraies + dix. Il s’agit de la Comment peut-on dire autant, 1991, où l’on retrouve le portrait « 55 »). Parce qu’il est consacré au fronté le lecteur. Issue de la tradi- tantes et combat la MC avec son réédition d’un livre de 1994, aujour- ouvrir autant de portes douloureu- de Che Guevara par René Burri ou Britannique Chris Killip, un photo- tion juive, l’édifiante histoire du « dégom-laser »), se révèle un d’hui épuisé, enrichi de dix récits ses, en si peu de lignes ? un portrait de Warhol et de la Fac- graphe dont nous n’avions plus de rabbi Loeb victime de la créature authentique message humaniste, – texte et image – inédits. Trente- nouvelles depuis longtemps. La d’argile qu’il avait façonnée pour lumineux à force de simplicité. six « histoires vraies », toutes rumeur dit qu’il se consacre sur- en faire un serviteur modèle, et L’esprit d’entraide, le respect de accompagnées d’une image, sont à tout à l’enseignement. Reste que qui s’avéra un si terrible danger l’autre, la préservation du libre découvrir. On ne résiste pas à l’en- son grand œuvre a été réalisé à la que sa destruction s’imposa, arbitre et le combat pour la liber- vie de dévoiler l’intégralité de la fin des années 1970 et dans les condamnant du même coup son té de conscience, la solidarité troisième, « Le nez » : « J’avais qua- années 1980. Reste encore que ce imprudent géniteur, avait déjà ins- nécessaire aussi pour que le pro- torze ans et mes grands-parents sou- photographe, qui s’inscrit dans piré un classique de la littérature jet de chacun devienne l’affaire de haitaient corriger chez moi certaines une tradition documentaire socia- fantastique à Gustav Meyrink (Le tous, voilà qui pourrait sentir sa imperfections. On allait me refaire le le, un des plus importants de ces Golem a reparu en avril dans la leçon de morale. Et alors ? Le dan- nez, cacher la cicatrice de la jambe trente dernières années, intransi- « Bibliothèque cosmopolite » de ger civique autorise-t-il le scepti- gauche avec un morceau de peau geant, qui a publié en 1988 un brû- Stock [traduit de l’allemand par cisme moqueur ou la distance prélevé sur la fesse et accessoire- lot photographique contre la politi- Denise Meunier, 336 p., 8,9 ¤]). amusée ? D’autant que l’humour ment me recoller les oreilles. J’hési- que de Thatcher, est oublié. Il faut Mais, dans la reprise du thème et la vivacité de la plume des tais, on me rassura : jusqu’au der- plonger dans ce livre pour y retrou- par la fratrie Murail, la cité des Murail interdisent toute pesan- nier moment, j’aurais le choix. Un ver le témoignage le plus juste, le Quatre-Cents a remplacé la Pra- teur, toute baisse de régime. rendez-vous fut pris avec le doc- plus transparent sur les laissés- gue de la légende, et Golem est On s’étonne du reste de la teur F., célèbre chirurgien esthéti- pour-compte de la modernité, au désormais un jeu vidéo qui invite prouesse réalisée par les trois que. C’est lui qui mit fin à mes incer- moment où le pays « restructu- l’internaute à fabriquer la créatu- auteurs. Si chacun a pu constater titudes. Deux jours avant l’opéra- rait » son industrie. Mais il y a plus re de ses rêves, au risque de la singularité des écritures de tion, il se suicida. » que cela, une force formelle stupé- réveiller de vieux démons. Marie-Aude (dont le récent Mytho En regard de ce texte, une photo fiante, sans dramaturgie aucune, disait la dette envers les géogra- proche du constat : le profil de qui montre comment les oubliés    phies imaginaires de Jules Verne), Sophie Calle, l’œil clos et le nez du monde reconstituent le leur En trois mois seulement, quatre de sa cadette Elvire (elle signe avec une légère bosse. A chacun pour avancer. volumes ont ainsi conduit le lec- Moka ses textes pour la jeunesse) d’imaginer, entre les mots et l’ima- Michel Guerrin teur impatient sur la piste d’une et de leur frère aîné Lorris, dont le ge, des correspondances, de se organisation criminelle, l’inquié- goût pour la navigation à travers raconter son histoire, de tenir e Des histoires vraies + dix, de Sophie tante multinationale MC, qui par les genres littéraires pourrait faire compte ou pas du dénouement nar- Calle (Actes Sud, 80 p., 12,90 ¤). son piège informatique diffuse croire qu’il est l’architecte de ce ratif. Les autres histoires sont du – Photo Icons, petite histoire de la des messages subliminaux d’une Golem polycéphale, bien malin même tonneau, aussi captivantes, photo, de Hans Michael Koetzle (tra- terrifiante efficacité. Pour déjouer celui qui pourrait faire le départ extravagantes, ouvertes à l’imagi- duit de l’allemand par Catherine Hen- ce complot monstrueux, Majid de ce qui revient à chacun dans ce nation, drôles et dramatiques. ry, éd. Taschen, 2 volumes, 192 p. et Badach, un cancre sympathique et collectif familial inédit. Sans doute, le titre est une forme 7,50 ¤ chacun). quelques-uns de ses condisciples C’est que, au travers de cette e de réponse à la question que tout – Martin Chambi, texte d’Andrés de 5 , de Sébastien, surprenant fable captivante des plus contem- le monde se pose : Sophie Calle se Garay Albujar, traduit de l’espagnol premier de la classe, à Samir, que poraines, c’est un esprit d’enfance raconte-t-elle des histoires ? Non, par Antoine Martin (Nathan, « Photo guette la délinquance, un prof de partagé qui nourrit un récit elle nous raconte son enfance, ses Poche » 144 p., 10,52 ¤). français dynamique, Jean-Hugues haletant dont on nous promet le amours, ses rencontres. Elle n’est – Chris Killip, texte de Gerry Badger, de Molenne, plus tard Nadia, qui dénouement à l’automne. De pas toujours l’auteur de ses pho- traduit de l’anglais par Jacques enseigne les SVT, et des créatures quoi rêver déjà de la fin des tos ; peu importe puisqu’il s’agit le Guiod (éd. Phaidon, « 55 », 128 p., virtuelles qui obéissent à un grand vacances… plus souvent d’une vérification Père et fils, Newcastle upon Tyne, Royaume-Unis 1980, par Chris Killip 7,47 ¤). maître, le ténébreux Alias. Ph.-J. C.

LIVRAISONS Nomade et singulière au Sahara a CHAMBRE D’HÔTEL À CHARTRES, de Malcolm Lowry Précédemment publiées sous le titre Le Garde-fantôme, ces quatre nouvelles de l’auteur d’Au-dessous du volcan égrènent les thèmes chers Isabelle Eberhardt, alias Mahmoud Saadi, a fait de sa vie son plus grand roman. Son œuvre, originale, à l’écrivain : la culpabilité, le désir d’utopie, l’alcool, l’autodestruction, le paradis perdu, le combat pour l’œuvre en train de se faire dont constitue également un témoignage sur un Maghreb tout juste « pacifié » par l’armée française dépend une rédemption (traduit de l’anglais par Michel Waldberg, La Différence, « Minos », 96 p., 6 ¤). St. L. AU PAYS DES SABLES Joëlle Losfeld, présentés, préfa- rieur : « El Oued me fut une révéla- quotidien singulier d’une Isabelle d’Isabelle Eberhardt. cés et annotés par Marie-Odile tion de beauté visuelle et de mystè- habillée en homme, répondant a DIRE LE TEMPS, de Françoise Dastur Ed. Joëlle Losfeld, « Arcanes », Delacour et Jean-René Huleu. re profond, la prise de possession au nom de Mahmoud Saadi. Françoise Dastur, s’interroge sur la nature du rapport entre le langage 180 p., 9,5 ¤. Née à Genève le 17 février 1877 de mon être errant et inquiet par « J’éprouve de plus en plus de et la temporalité de l’être. Peut-on exprimer la « spontanéité originaire » de parents russes, Isabelle Eber- un aspect de la terre que je n’avais dégoût pour ce second moi, voyou de la présence ? Comment formuler ce qui unit de manière ambivalente JOURNALIERS hardt quitte en 1899 les rives du pas soupçonné. » C’est dans cette et dégingandé moralement, qui le monde et la pensée ? L’auteur convoque, tour à tour, Heidegger et sa d’Isabelle Eberhardt. Léman pour celles de l’Atlas saha- oasis qu’elle rencontrera, en août fait son apparition de temps en pensée de l’événement, Husserl, le précurseur, et sa réflexion sur la Ed. Joëlle Losfeld, « Arcanes », rien et du Grand Erg occidental. 1900, Slimène Ehnni, son futur temps », précise-t-elle. continuité comme « flux héraclitéen », la pensée poétique de Hölderlin, 280 p., 10 ¤. Elle a 22 ans et fuit une enfance mari, et qu’elle sera initiée à la Dans Yasmina, l’héroïne tombe pour lequel « le devenir est dans le périr », Humboldt, penseur pionnier austère. Elle découvre l’Afrique confrérie soufiste des Kadriya. amoureuse de Jacques, jeune lieu- du statut du langage comme lieu authentique de la médiation entre l’es- YASMINA du Nord, terres arides propices à Mais ce n’est qu’à Marseille, tenant de l’armée française dans prit et la chose. Un travail dense et érudit qui n’échappe pas, en dépit et autres nouvelles algériennes sa soif de liberté et d’absolu. «Il lors d’un court séjour, qu’elle ce Maghreb colonisé. Cette nou- des efforts consentis par l’auteur, à une certaine austérité pouvant d’Isabelle Eberhardt. est des heures à part, des instants réussira à échapper à l’emprise velle pourrait être le reflet de la décourager les non-spécialistes (éd. Encre marine, 222 p., 9,95 ¤). St. L. Ed. Liana Levi, « Piccolo », très mystérieusement privilégiés où saharienne pour trouver l’inspira- vie d’Isabelle Eberhardt ? Elle, 270 p., 10 ¤. certaines contrées nous révèlent, tion et enfin écrire. Car, face à la l’Occidentale qui vit et lie son a LA SAGESSE DU MONDE, de Rémi Brague en une intuition subite, leur âme, puissance de l’environnement et destin à celui du taleb Slimène Longtemps, les hommes ont cherché dans l’harmonie de l’univers les ’aventure se termine mal. en quelque sorte leur essence pro- des situations qu’elle rencontre Ehnni, le lettré musulman. « Son principes directeurs de toute existence humaine. Mais, avec la moderni- Le 21 octobre 1904, déva- pre, où nous en concevons une au cours de ses pérégrinations enfance s’était écoulée là, dans les té, cette croyance en un cosmos éthique, prescripteur du bien et du lant le djebel Mekter, des vision juste, unique, et que des africaines, le mûrissement doit ruines grises, parmi les décombres beau, allait bientôt s’émietter au profit d’un nouveau mode d’appréhen- eaux en furie traversent le mois d’étude patiente ne sauraient faire son œuvre. et la poussière d’un passé dont elle sion du monde. Professeur de philosophie à Paris-I, Rémi Brague retra- villageL d’Aïn Sefra, dans le Sud plus ni compléter ni même modi- Des Journaliers, quatre cahiers ignorait tout. De la grandeur ce avec brio cette évolution décisive dans l’histoire des idées (Le Livre de oranais. L’oued est sorti de son fier », précise l’auteur à l’orée ont été sauvés de la crue du morne de ces lieux, elle avait pris poche, « Biblio Essais », 446 p., 8 ¤). St. L. lit, charriant habitants, bêtes et d’Au pays des sables, qui rassem- 21 octobre 1904 par Slimène Ehn- comme une surcharge de fatalisme maisons. La porte du gourbi ble seize nouvelles inspirées par ni. Le cinquième, dont Isabelle et de rêve. Etrange, mélancolique, a ALEXANDRE KOJÈVE. La Philosophie, l’Etat, la fin de l’histoire, d’argile séchée où vit Isabelle ses séjours au Sahara, dans la Eberhardt annonce la rédaction à entre toutes les filles de sa race : de Dominique Auffret Eberhardt n’y résiste pas. Dans le région du Souf, autour de l’oasis la fin du quatrième cahier, ne telle était Yasmina la Bédouine. » Alexandre Kojève (1902-1968) est surtout célèbre pour avoir publié fatras du rez-de-chaussée, habillé d’El Oued. sera jamais retrouvé. Ecrits à l’en- Nomade entre les deux rives de en 1947 une Introduction à la lecture de Hegel qui renouvela en profon- en cavalier arabe, le corps de la Au fil des rencontres et des cre violette sur des pages à car- la Méditerranée au cours de sa vie, deur la réception des œuvres du philosophe allemand et suscita de jeune femme gît inerte dans la lieux, la découverte esthétique se reaux, ils commencent le 1er jan- nomade elle restera. Sur sa tom- nombreux débats auprès de penseurs aussi divers que Sartre, Lacan et boue. Cette terre d’Afrique sublime en bouleversement vier 1900 à Cagliari, en Sardaigne, be – tournée vers La Mecque – du Bataille. Moins connu est en revanche le parcours singulier de cet intel- qu’elle aime tant a fini par la tuer, amoureux et mystique. Le pays pour se terminer le 31 janvier cimetière d’Aïn Sefra, est écrit : lectuel qui, de son « exil » de Russie à ses engagements politiques, en elle qui ne rêvait que d’y vivre et des mers de sable sera le lieu de 1903 à Bou-Saada, au pied des « Isabelle Eberhardt, épouse Slimè- passant par son rôle de fonctionnaire international averti, a souvent d’y écrire. sa propre découverte. Par un monts Ouled Naïl, dans l’Atlas ne Ehnni », en caractères romains, emprunté des chemins de traverse (Le Livre de poche, « Biblio Essais », Au pays des sables et Journaliers, étrange effet de retour, là où le Tellien, en Algérie. Tantôt écrits et « Mahmoud Saadi », en lettres 640 p., 9,50 ¤). St. L. carnets de voyage et journal inti- regard ne peut qu’accrocher l’ho- au masculin, tantôt au féminin, arabes. a A NOS LECTEURS : La liste mensuelle des parutions en poche peut être me, viennent d’être édités chez rizon, le voyage devient inté- ces journaux intimes révèlent le Olivier Herviaux consultée sur www.lemonde.fr/livres. VIII/LE MONDE/VENDREDI 12 JUILLET 2002 LITTÉRATURES SCIENCE-FICTION Renaissance de Robert Silverberg Après s’être révélé, dans les années 1950, comme l’auteur précoce et doué d’histoires d’expéditions spatiales et avoir inondé les « pulps » de sa prose, l’Américain avait signé des textes plus ambitieux et cessé d’écrire à la suite de la désaffection du public

n peut constater, nombreuses autres thématiques à description de ce monde « vaste et L’autre, Les Déportés du Cambrien depuis quelques mois, la fin des années 1950. divers », Silverberg « rivalise avec (1968), reprend l’argument d’une une indéniable effer- Robert Silverberg ne cache pas Linné et Humboldt », selon la perti- nouvelle (« La prison tempo- vescence éditoriale qu’au début de sa carrière il a nente formule de Gérard Klein. relle ») et le développe à la dimen- autourO de l’œuvre de Robert Sil- écrit jusqu’à une nouvelle par Mais le système politique qui prési- sion d’un roman qui n’est pas sans verberg. La publication d’un semaine pour gagner sa vie et de aux destinées de Majipoor, affinités avec le film de Peter Wat- roman inédit et d’un monumental qu’il a inondé les « pulps » de sa pour aussi complexe qu’il soit, est kins Punishment Park. Silverberg y recueil de ses premières nouvel- prose. Il raconte aussi comment il d’obédience médiévale, de même imagine un « camp » de prison- les, de nombreuses rééditions ont a été amené à écrire des nouvelles que la plupart des armes utilisées niers politiques où un régime auto- braqué le projecteur sur cet correspondant à une illustration dans les nombreuses batailles qui ritaire envoie ses révolutionnaires, auteur, dont on ne dira jamais de couverture préexistante, une émaillent le récit. Et on croise sou- un goulag éprouvant puisque les assez l’importance et l’influence. contrainte dont il s’acquitte à mer- vent, au détour de l’intrigue, sor- condamnés sont projetés en plei- Il n’est sans doute pas inutile, veille, mais aussi comment, sous ciers, voyants et pouvoirs magi- ne ère primaire. dans l’état actuel de la science-fic- l’impulsion décisive de Frederick ques (même si ceux-ci ne sont que Avec Majipoor, Silverberg a tion américaine gangrenée par la Pohl, il est progressivement passé le résultat de l’utilisation d’une retrouvé le goût de la fiction et a scifi (1), cet avatar qui est à la S-F de la quantité à la qualité. Encore technologie du temps de la coloni- signé concurremment d’autres ce que l’édulcorant est au glucose, que les quelques exemples qu’il sation). romans d’une facture plus « classi- de mettre en avant, de donner en donne de sa période d’intense pro- que ». Le Grand Silence appartient exemple, celui qui en est sans lificité ne soient pas du tout indi-  à cette troisième époque de l’œu- aucun doute le dernier « monstre gnes d’intérêt. Il convient de souli- Le Roi des rêves débute au vre et traite le thème de l’invasion sacré ». Et le témoin encore actif gner que le volume comprend dix moment où le pontife en titre extraterrestre de façon très d’un demi-siècle d’histoire du nouvelles inédites en France, qui – l’une des « pièces » du triumvi- élaborée. genre. méritaient de ne pas le rester, et rat qui détient le pouvoir – passe Jacques Baudou A cet égard, Le Chemin de la quelques remarquables pépites, de vie à trépas, entraînant le renou- nuit, premier volume d’une série telle « Passagers », nouvelle qui a vellement rituel de l’appareil gou- (1) On désigne par ce terme les séries de recueils intitulée « Nouvelles remporté le Nebula Award et qui vernant et le sacre d’un nouveau romanesques issues des films, au fil du temps », s’avère absolu- est l’une des variations les plus coronal. Or celui-ci doit faire face séries TV ou jeux de rôles. ment passionnant. Et pas seule- subtiles et les plus terrifiantes du aussitôt à une nouvelle rébellion ment parce que Robert Silverberg thème de l’invasion extra- sur Zimroel, l’un des trois conti- e Le Chemin de la nuit de Robert Sil- a écrit pour chacune d’entre elles terrestre. nents, qu’il affrontera sans recou- verberg (traduit de l’anglais – Etats- une présentation indiquant les cir- rir à l’invasion guerrière que suggé- Unis – Flammarion, « Imagine », constances dans lesquelles elles   rait son prédécesseur Prestimion. 728 p., 24 ¤). ont été écrites et publiées ; ce qui A l’époque où s’achève Le Che- Dans cet ultime opus du cycle, – Le Roi des rêves (traduit par finit par constituer un tableau min de la nuit, Silverberg a considé- Robert Silverberg fait preuve Raphaële Provost, éd. Robert Laffont, extrêmement vivant du petit mon- rablement raréfié sa production d’une souveraine maestria roma- « Ailleurs et demain », 478 p., de des revues américaines de S-F, de nouvelles, mais il écrit en peu nesque, tant dans la narration des 24,20 ¤). dominé par la personnalité de d’années une suite de romans que intrigues sentimentales ou politi- – Le Château de Lord Valentin (tra- quelques brillants rédacteurs en la majorité des critiques considère ques que dans la description des duit par Patrick Berthon, Le Livre de chef comme Anthony Boucher, comme le point culminant de son premières étapes du Grand Périple poche « Science-fiction », 678 p., Horace L. Gold ou Frederick Pohl. œuvre : Le Fils de l’homme, Le du nouveau coronal. Parallèle- ¤   8,50 ). Mais aussi parce que la juxtapo- Livre des crânes, Les Monades ment à cette publication, Gérard – Les Sorciers de Majipoor (traduit sition de nouvelles écrites entre urbaines, L’Oreille interne, etc. aller. » En 1974, ayant perdu la foi forts volumes, procède tout à la Klein réédite deux des volumes du par Patrick Berthon, Le Livre de 1953 et 1970 illustre, mieux que ne Robert Silverberg y fait preuve dans la science-fiction et sans dou- fois de la science-fiction et de la cycle : Le Château de Lord Valentin poche « Science-fiction », 636 p., pourrait le faire une analyse d’une grande ambition littéraire, te déçu de ce que son lectorat ne fantasy et peut donc être lue sans et Les Sorciers de Majipoor, les- 8 ¤). détaillée, à la fois le chemin vers d’un goût avéré pour l’expérimen- l’ait pas suivi dans son aventure problème par les intégristes des quels débutent chacune des deux – Les Profondeurs de la terre (tra- la maturité d’un auteur précoce et tation, d’une volonté de repousser avant-gardiste, il cesse d’écrire. deux bords ; Silverberg ayant trilogies qui la composent. duit par Jacques Guiod, Le Livre de doué, et l’évolution du genre au les limites du genre. Mais le public Son silence durera cinq longues veillé à tenir un juste équilibre Il réédite aussi deux ouvrages poche « Science-fiction », 286 p., cours de deux décennies. Il est ne suit pas. années. Puis il retrouvera le goût entre les éléments qui caractéri- antérieurs. Le premier, Les Profon- 5,95 ¤). frappant, par exemple, de consta- « C’est une bonne chose à faire de l’écriture pour un projet de lon- sent ces deux sœurs jumelles. Maji- deurs de la Terre (1969), date de la – Les Déportés du cambrien (traduit ter la prédominance des histoires pour un écrivain : mettre la barre gue haleine qui vient juste de se poor est une planète géante, peu- « grande période » silverbergien- par Guy Abadia, Le Livre de poche d’expéditions spatiales dans les aussi haut que possible. Mais je me conclure avec Le Roi des rêves :le plée de plusieurs races extraterres- ne et fait explicitement référence « Science-fiction », 192 p., 5 ¤). quinze-vingt premières nouvelles suis aperçu que je la mettais plus cycle de Majipoor, qui lui vaudra tres, qui a fait l’objet d’une coloni- au roman de Joseph Conrad Au – Le Grand Silence (traduit de l’an- du recueil, qui en englobe quaran- haut que mes lecteurs, dans leur un éclatant retour en grâce. L’œu- sation humaine, avant d’être cou- cœur des ténèbres, qui n’en finit glais par Bernard Sigaud, J’ai lu te et une, et le surgissement de grande majorité, ne pouvaient vre entière, qui comprend sept pée du reste de la galaxie. Dans la pas de susciter les palimpsestes. « Science-fiction », 574 p., 8 ¤).

Marmat Tchalé et son apprenti, puis disciple, Seke, Celui qui-vient-du- ailleurs auteur de S-F, a entrepris de raconter dans un essai qui montre bruit, ainsi que sur leurs missions communes. Des missions qui les entraî- bien la dimension très politique de ses débuts, la lutte des deux super- LIVRAISONS nent sur Agellon, sur Ez Khez, sur Onoe, des mondes très différents les puissances du temps de la guerre froide pour obtenir le leadership, la a GRIOTS CÉLESTES 1 : Qui-vient-du-bruit, de Pierre Bordage uns des autres, où les humains émigrés ont fondé des sociétés extraordi- dérive rapide vers les applications militaires, la transition progressive Pierre Bordage est sans conteste le meilleur auteur français contempo- nairement diverses et hétéroclites. L’admission de Seke au sein du Cercle vers les « grandes manœuvres économiques ». Au-delà d’un bilan très cir- rain de « space opera ». Encore faut-il prendre l’expression dans son sens céleste des griots a peut-être changé la donne, car chacune de leurs inter- constancié, l’auteur a réservé un chapitre à « La part de rêve », le plus moderne, avec l’emphase mise sur son deuxième terme. Il le prou- ventions se traduit par de forts bouleversements sur les planètes traver- c’est-à-dire aux projets qui maintiennent encore et malgré tout l’idéal de ve à nouveau dans ce roman qui a pour protagonistes des chanteurs de sées par le duo. Seke sera-t-il celui qui vaincra l’Enguise ? Le lecteur le l’exploration spatiale (Gallimard, « Folio Le monde actuel », 262 p., 7 ¤). l’espace. Soit des bardes cosmiques – ces fameux « griots célestes » du découvrira sans doute dans le second volet de l’œuvre. Le premier, quoi – Un siècle de fictions pour les 8 à 15 ans, de Raymond Perrin. titre – qui ont la difficile mission de tisser un lien symbolique entre les dif- qu’il en soit, lui aura donné l’envie furieuse d’y aller voir… (L’Atalante, L’auteur a entrepris de retracer l’histoire d’un siècle de littérature pour férentes communautés humaines semées à travers la galaxie tout entière « La dentelle du cygne », 412 p., 19,50 ¤). la jeunesse (1901-2000), en la mettant très justement en parallèle avec par les grandes guerres de la Dispersion et vivant isolées, repliées sur elles- celle des journaux de bandes dessinées. Il met l’accent sur les collections mêmes pour avoir perdu le secret des voyages intersidéraux. A ces griots, a AMERICAN GODS, de Neil Gaiman qui ont fait date, qui ont marqué les (jeunes) esprits. Grand amateur de ménestrels errant de monde en monde par la grâce d’un pouvoir mysté- Les Etats-Unis sont par essence le pays du melting-pot, du brassage science-fiction et de littérature policière, il prête à ces deux genres une rieux à eux seuls échu : la maîtrise (mais est-ce bien le mot qui convient ?) des nationalités, des peuples, des cultures, cette terre d’accueil qui a particulière attention. C’est pourquoi cet ouvrage-fleuve mérite l’atten- de la « Chaldria », a été confiée la mission de créer, par leurs visites, transformé en peu de générations les immigrants les plus divers en tion des amateurs de S-F, comme de tous ceux qui s’intéressent aux lec- mêmes rares, un espace commun à toutes les civilisations nées de cette « Homo Americanus ». « Que sont devenus les dieux, les êtres légendaires, tures juvéniles (L’Harmattan, 512 p., 38,15 ¤). diaspora. Ils représentent la lumière, la liberté, la connaissance, un princi- les mythes que ces immigrants ont amenés dans leurs bagages jusqu’au conti- – Maurice Limat : l’entreprise du rêve, collectif. pe de vie. Il n’est donc pas surprenant que se soit dressé contre eux un nent américain ? », s’est interrogé Neil Gaiman en feignant de croire à Maurice Limat, qui fut l’un des piliers de la collection « Anticipation » principe de mort, une société secrète des adorateurs du Vide, des servi- leur existence réelle. Ont-ils sombré dans la déchéance ou l’oubli, ont-ils du Fleuve noir, et qui est décédé récemment, était un romancier qui teurs de l’« Enguise », qui les pourchasse et les met à mort. Cette lutte disparu, éradiqués par les nouveaux dieux de la civilisation consumériste avait commencé sa carrière chez Ferenczi dans ce qu’on appelle la « peti- sert de toile de fond au roman de Pierre Bordage, qui a pris le risque d’un nord-américaine ? Ou ne se livrent-ils pas plutôt les uns contre les autres te librairie » et qui avait pratiqué la plupart des genres regroupés sous récit aussi fragmenté, dans un premier temps, que la civilisation galacti- une guerre secrète ?… C’est sur ce fort réjouissant principe que Neil l’étiquette contemporaine de « littérature populaire ». Ce volume lui que qu’il décrit, changeant d’un chapitre à l’autre les décors et les points Gaiman a bâti ce somptueux roman qui a les séductions les plus enivran- rend hommage en publiant un florilège de ses textes, dont plusieurs arti- de vue. Mais bientôt, après cette entrée en matière kaléidoscopique d’une tes : celle du style comme celle d’une imagination riche mais parfaite- cles autobiographiques, des fictions et des poèmes, une monumentale assez belle virtuosité, le récit adopte un cours moins chaotique, moins ment maîtrisée. Il lui a donné la forme qui convenait à l’immensité du ter- bibliographie et une série d’articles de Claude Hermier sur certains de elliptique aussi, pour se concentrer autour du tandem formé par le griot ritoire et à sa tradition littéraire : celle d’un road novel dont l’itinéraire va ses romans de S-F (éd. de L’Œil du sphinx, « La bibliothèque d’Abdul d’un lieu inspiré à l’autre, jusqu’à une petite bourgade du Wisconsin, Alhazred », 264 p., 16 ¤). J.Ba. Lakeside, en apparence un « bon petit village » aussi paisible qu’il est pos- sible de l’être. Mais toute l’intrigue, en fait, joue magistralement du trom- pe-l’œil : son héros, qui s’appelle Ombre, pratique en amateur plutôt doué l’escamotage, qui est bien une forme de magie, Voyageur, l’homme ou plutôt le dieu qui le recrute à sa sortie de prison, est un escroc manipu- lateur, et le vieux monsieur si serviable de Lakeside dissimule un terrible secret. Ce roman à mi-chemin de l’horreur et de la fantasy vient d’obte- nir le Bram Stoker Award : ce n’est que justice ! C’est un chef-d’œuvre (traduit de l’anglais par Michel Pagel, éd. Au Diable Vauvert 692 p., 17,50 ¤).

a PAGES PERDUES, de Paul Di Filippo Déjà remarqué pour La Trilogie steampunk, Paul Di Filippo confirme avec ce recueil de nouvelles son talent et son originalité. Les textes réu- nis dans ce volume sont de nature uchronique : tous se situent dans un monde où la science-fiction s’est éteinte après une vie brève d’une qua- rantaine d’années. Tous également – ou peu s’en faut – mettent en scè- ne des figures d’écrivains dans des anecdotes biographiques imaginai- res et totalement débridées : Franz Kafka y incarne un concurrent du « Shadow » dans un pastiche de nouvelle de pulp magazine, Saint-Exu- péry s’y emploie à monter une escadrille au Kenya en 1939 dans un mon- de ravagé par une formidable épidémie. Et on y croise nombre d’auteurs de S-F dans des rôles inattendus, d’Heinlein à Philip K. Dick, en passant par John Campbell, Alice Sheldon (alias James Triptree Jr), Ursula K. Le Guin, Alfred Bester ou Theodore Sturgeon. La plupart de ces nouvelles jouent sur le second degré, le référentiel, l’iconoclastie doucement narquoise. Mais l’une d’elles, magnifique réflexion sur le destin, « Anne », est d’une terrible gravité (traduit de l’anglais – Etats- Unis – J’ai lu, « Science-fiction », 252 p., 5,5 ¤).

a EN VRAC : Quelques ouvrages de référence – Conquête spatiale : du rêve au marché, d’Alain Duret. C’est la courte épopée de la conquête de l’espace qu’Alain Duret, par LE MONDE/VENDREDI 12 JUILLET 2002/IX ESSAIS RELIGION Augustin, écrivain de Dieu Troisième et dernier volume de la « Pléiade » consacrée à l’auteur des « Confessions », grand penseur de l’Occident chrétien

ŒUVRES ne, la lecture de Cicéron éveilla ment qui lui faisait souci et de Dieu tome III : Philosophie, saint Augustin à la philosophie. Il le Père, ne gardant que le Christ : le catéchèse, polémique connut une fille qui lui donna un problème du Mal était résolu, ses de saint Augustin. enfant, mais une autre femme l’atti- remords de conscience sans objet, ses Edition publiée sous la direction rait et il dut fuir sa compagne pen- incartades passées et à venir excu- de Lucien Jerphagnon, dant douze ans… Puis, l’étendue de sées. » Gallimard, « Bibliothèque la sagesse païenne l’amena à pren- L’Eglise grecque n’a jamais accep- de la Pléiade », 1 472 p., 61,50 ¤. dre connaissance de la doctrine té le dogme du péché originel impo- chrétienne, et, d’emblée, il lut et sé à l’Eglise d’Occident par saint i Les Mille et Une Nuits, relut les Ecritures, qui le déçurent. Augustin : d’évidence, il avait ni Tchouang-tseu, ni (Claudel : « Tous les grands lettrés besoin que le monde entier soit tout Shakespeare, ni du IVe siècle, Augustin, Jérôme, Pau- avec lui, si impur, et que Dieu l’ap- même la Bible ne peu- lin de Nole, rebutés par l’apparence prouve et l’accueille pour avoir con- Nvent atteindre aux fantastiques, simple et grossière des Ecritures damné des foules de pécheurs. En délirantes visions que la théologie a (…) .») Et si l’on s’arrête devant cer- fait, sa doctrine – comme a observé toujours suscitées – avec, contraire- tains passages de ses vastes écrits, Michele F. Sciacca – « qui, poussée ment à la littérature, la certitude de on comprend que ce désenchante- à ses extrêmes conséquences, réduit la vérité absolue et de la satisfac- ment biblique perdurait en lui, en à néant la valeur de ses œuvres – un tion de Dieu. dépit de ce mot des Confessions : des plus riches trésors de l’Eglise – Thomas d’Aquin (1225-1274) et « O Seigneur, que vos Ecritures fas- n’a jamais été intégralement admise Duns Scot (1266-1308) sont, sans sent toujours mes délices !… J’aime par le catholicisme qui, s’il n’ose doute, les plus célèbres, les plus votre Ecriture et vous-même m’avez point toucher à saint Augustin, tente donné cet amour. » de l’interpréter et de l’atténuer… » a Augustin adhéra à l’une Quoi qu’il en soit, saint Augustin Hector Bianciotti des innombrables sectes n’est pas un grand théologien dans   étonnants des théologiens, car leur chrétiennes de l’époque, celle du la mesure où, Père de l’Eglise, il effa- Détail d’une fresque de Benozzo Gozzo représentant Saint Augustin donnant la règle aux moines et parlant avec imagination s’envole de plus en manichéisme – du nom de Mani ou ça toute nuance comme s’il était l’Enfant Jésus plus loin, dépassant toute réalité. Manès, l’hérésiarque du IIIe siècle passé derrière Dieu pour le pousser Aussi, l’Ecossais Duns Scot profes- –, artisane d’une doctrine fondée vers les sentiers du monde. Caractè- chevée, La Cité de Dieu (la cité char- jeune mère… Ecoutez comme elle lecteurs des Confessions semblent se que le Verbe se fût incarné sur la coexistence et l’antagonisme re contradictoire et contrariant, il nelle, centrée sur l’amour de soi ; et chante, notre joueuse de tambourin : avoir remarqué deux sublimes cha- même si Adam n’avait pas péché. de deux principes éternels : le Bien attaquait sans cesse ses adversai- la cité spirituelle, centrée sur Magnificat ! » pitres : celui de la mémoire et celui Et c’est à lui que la croyance en l’Im- et le Mal. Comme le dit très claire- res, bien qu’il lui arrivât de désa- l’amour de Dieu) n’est toujours Or les Confessions sont un chef- de la mort de son ami Alypius. La maculée Conception dut d’être ment Lucien Jerphagnon : « D’un vouer ses propres accusations – pas, aujourd’hui, d’une lecture d’œuvre absolu qui ne semble pas mémoire sensible, l’intellectuelle, acceptée dans les Ecoles, où Marie côté un Dieu bon, le Christ, Sagesse mais, huit siècles après, l’Inquisi- attrayante alors que, parfois, dans appartenir à son époque. On dit par- celle du souvenir, celle des senti- était alors contestée en tant que et Lumière ; de l’autre le Dieu de l’An- tion se réclamait de ses principes à ses sermons, il enchante par sa grâ- fois que ce n’est pas saint Augustin ments et des passions, et celle de mère de Jésus. cien Testament, sorte de démiurge cause de sa définition détaillée ce, comme dans cette fête de la qui a créé le genre littéraire que l’oubli : « Quand je me rappelle Mais, un siècle auparavant, le responsable d’un monde matériel quant à l’usage des supplices… Nativité de la Vierge : « Que Marie nous appelons « autobiographie », l’oubli, mémoire et oubli me sont éga- Napolitain Thomas d’Aquin crée, raté où règnent les ténèbres. (…) Mais, saint ou pas, Augustin est touche maintenant les instruments mais où sont-ils, ceux qui furent ses lement présents, la mémoire grâce à tout au fil de sa vie, la superbe Som- Augustin était ravi. Il restait chrétien, l’un des plus grands écrivains d’Oc- de la musique et qu’entre des doigts modèles ? laquelle je me rappelle, l’oubli que je me théologique, œuvre immense mais débarrassé de l’Ancien Testa- cident. Enorme, magnifique et ina- agiles résonnent les tambourins de la Il est surprenant que très peu de me rappelle… » où, parmi les lumières et les nuages Quant à la mort de l’ami, Montai- de la voûte céleste, on trouve Aris- gne – qui dans ses Essais cite dix- tote commenté et reçu en pensée neuf fois saint Augustin – semble chrétienne ; et aussi ce texte stupé- ignorer le chapitre qui aurait pu lui fiant : De la substance des anges con- La raison passionnée du divin rappeler son amitié pour Etienne sidérée en elle-même. En guise de La Boétie. Montaigne : « Nous d’échantillon, voici : l’ange est une nous cherchions avant que de nous substance intellectuelle toujours en Entretien avec Lucien Jerphagnon, maître d’œuvre être vus… Nous nous embrassions mouvement ; n’étant pas liés à des par nos noms… Si on me presse de corps, les anges ne peuvent avoir des trois volumes que la « Pléiade » dire pourquoi je l’aimais, je sens que que l’intelligence et la volonté ; sau- cela ne se peut exprimer qu’en répon- raient-ils se poser sur la pointe Quels principes vous ont guidé de ce qu’il fait là. Choisir ce qui a ne fût-ce qu’en coulisse. Prenez seul livre. On comprend, du reste, dant : “Parce que c’était lui, parce d’une aiguille ? La substance angéli- pour l’établissement de cette édi- trait à cette inquiétude qui parfois Thomas lui-même, prenez Luther, l’attrait pour cette vie remémo- que c’était moi”… Tout étant par que étant immatérielle, l’ange se tion ? nous prend devant le mystère. Mys- Thérèse d’Avila, Montaigne et Des- rée, ses amours, ses passions, ses effet commun entre eux, volonté, pen- connaît lui-même et il connaît les Ceux qui depuis toujours prési- tère de nos vies éphémères : cartes, Pascal bien sûr, et Male- drames. Or les Confessions n’ont sements, jugements, biens, femmes, autres anges ; la connaissance du dent à l’élaboration des volumes « Trois petits tours et puis s’en branche. Prenez des gens aussi dif- rien d’une autobiographie à la enfants, honneur et vie, et leur conve- matin et celle du soir doivent être de la « Pléiade ». Quelque chose vont », disait mon maître Vladimir férents que Fénelon, Saint-Simon, Rousseau. C’est une pathétique nance n’étant qu’une âme en deux admises à cause de saint Augustin, me dit qu’Augustin n’aurait pas été Jankélévitch. Mystère de l’humani- Chateaubriand – qui encore ? – lettre ouverte à Dieu, à un Dieu si corps… » qui les distingue ; le péché d’orgueil fâché de s’y voir édité… Il aimait té en marche – vers quoi ? Mystère Albert Camus. A un moment ou à tard découvert dans la vie d’un Et Augustin : « Je m’étonnais que et celui d’envie ne semblent pas être entendu, suivi dans ses raison- de Dieu, pour ceux qui n’ont pas un autre, au détour d’un dévelop- surdoué, d’un petit arriviste qui à le reste des mortels fût en vie, puis- être les seuls que les anges puissent nements, compris. Pas pour lui- peur du mot. Alors, de l’énorme pement, vous retrouvez les Confes- trente ans rêvait déjà de sa fin de que était mort celui que j’avais aimé commettre. Or les démons ont de même, bien sûr, mais pour ce qu’il bibliothèque laissée par Augustin, sions, La Cité de Dieu, La Trinité, tel carrière, et qui un beau jour… comme s’il eût dû ne pas mourir. Je l’attrait pour les obscénités des avait à dire, et qui le dépassait. En nous avons retenu ce qui nous sem- écrit sur la liberté et la grâce. – Quel autre Augustin ? Mais m’étonnais encore plus, puisque péchés charnels, comme l’affirme éditant saint Augustin dans La blait éternel. Augustin nous interpelle quelque l’Augustin de La Cité de Dieu, ces j’étais un autre lui-même, d’être en saint Augustin… Pléiade, nous avons voulu, mes col- Quelle place faut-il accorder à part, comme les gens disent Confessions à l’échelle de l’histoi- vie alors qu’il était mort. “La moitié Par parenthèses, notons que la laborateur et moi, être fidèles à saint Augustin dans la pensée de aujourd’hui, sans trop préciser où. re des mondes, où se lit la présen- de mon âme”, a si bien dit quelqu’un théologie chrétienne est passée du saint Augustin… et à la « Pléiade ». l’Occident ? Tenez, en janvier, c’est Gérard ce de Dieu dans une humanité qui de son ami : mon âme et la sienne monde biblique au monde gréco- Cela dit, la question se posait : De son vivant, on s’arrachait Depardieu qui confiait au Journal chemine depuis le jardin d’Eden n’étaient qu’une âme en deux corp- romain : l’Eglise proposa une vision que choisir dans cette œuvre colos- déjà ses écrits, on les lui volait, au du dimanche : « Relire La Cité de jusqu’au Jugement dernier. L’hu- s… » de l’Ancien Testament, permettant sale ? Pas moins de soixante-dix besoin, pour des éditions pirates. Dieu ou les Confessions m’emmène manité toujours entre deux Montaigne cite la phrase que Dio- une Bible chrétienne, Augustin titres dans la liste que donne la très Depuis que Possidius, son exécu- bien au-delà de la liturgie classique. amours, entre deux cités. Et puis, gène Laërce attribua à Aristote ; et ayant été le représentant majeur de bonne bibliographie de Serge Lan- teur testamentaire, si je puis dire, Cette prose résonne en moi, et il y a l’Augustin passionné de Augustin la phrase de « quel- la pensée occidentale : « Ce qu’on cel. Trente-deux volumes in-quar- a mis en ordre ce qu’il laissait – un après, éventuellement, je la com- Dieu sans jamais rien perdre de qu’un » – sans doute Horace. Il est appelle maintenant la religion chré- to dans l’édition Vivès. Oui, quoi fameux boulot ! –, Augustin a tou- prends. Il faut s’habituer à son écho. sa raison, même quand il la décou- rare qu’un littérateur puisse écrire tienne existait chez les Anciens et n’a retenir dans tout cela ? Ce qu’at- jours été lu, recopié, cité, commen- Les interrogations qu’elle soulève vre insuffisante à cerner son un bon livre sans emprunter, à droi- jamais fait défaut depuis la naissan- tend l’homme d’aujourd’hui ? Oui, té, parfois de travers. Il n’aura pas sont notre quotidien. Il est question objet éternel. L’Augustin qui te ou à gauche, des citations aux ce du genre humain jusqu’au temps mais quel homme ? Je dirais plu- connu ce « purgatoire », comme d’écoute, cette écoute qui nous fait dépense des trésors de raison auteurs devenus classiques. où le Christ s’est incarné, époque à tôt : ce qu’attend l’homme de tou- on dit, qui plonge les plus grands aujourd’hui défaut. » pour bien montrer que Dieu sera Comme tous les vrais lecteurs, laquelle la vraie religion, qui existait jours, depuis le temps qu’on lit dans une nuit apparente. Lui pas. On ne voit généralement en toujours au-delà de toute rai- les grands écrivains tiennent une déjà, commença d’être appelée la Augustin. Depuis sa mort, il y a Il a été le maître de l’Occident. saint Augustin que l’auteur des son… Mais aussi, tout simple- bonne partie de leurs connaissan- religion chrétienne. » quinze siècles, dans Hippone assié- Même quand Aristote redécouvert Confessions. Quel autre Augus- ment, l’Augustin qui écrit, et quoi ces de seconde main – sans ignorer Fils d’un païen et d’une chrétien- gée. Choisir ce qui a trait à l’hom- aura raflé, grâce à saint Thomas, la tion reste-t-il à découvrir ? qu’il écrive. que le fait de citer faux est avant ne, d’Algérie, passionné, dès son me, vous, moi, quand il veut bien plus large part du marché philoso- Oui, c’est vrai, pour trop de Propos recueillis par tout un signe de culture, et même adolescence, par la littérature lati- se regarder lui-même et se deman- phique. Augustin sera toujours là, gens, Augustin est l’homme d’un Patrick Kéchichian de savoir… Les voies de la parole Jean-Louis Chrétien analyse les « actes » par lesquels saint Augustin a figuré et pensé les rapports de l’homme avec Dieu

SAINT AUGUSTIN joyeux présage. A la gloire, certes Chrétien, indiquant ainsi le sens Chacune de ces parties est une res, mais comme un ensemble l’autre, fût-il Dieu lui-même, ne ET LES ACTES DE PAROLE immense mais un peu figée, de de sa propre démarche. « Quel est méditation, non pas sur saint d’actes complémentaires qui s’ap- peut nous rencontrer que là où de Jean-Louis Chrétien. l’évêque d’Hippone, Jean-Louis l’objet de ce livre ? Il est de décrire Augustin, mais avec lui : Chrétien profondissent les uns les autres, nous sommes, et donc si nous avons PUF, « Epiméthée », 268 p., 26 ¤. Chrétien donne, ici et maintenant, le plus rigoureusement et le plus pré- n’assoit pas le docteur de l’Eglise pour constituer notre expérience cessé de nous fuir nous-mêmes. » souffle de vie. cisément possible ce que sont, pour à sa table pour discuter, faire chrétienne mais aussi simplement Loin du « bavardage » des a religion des grands D’ailleurs, significativement, il saint Augustin, les actes de la voix assaut d’érudition. Son livre ne humaine. Au milieu, le verbe « experts en amertume et en auteurs morts n’est propre n’est question dans son livre que et de la parole, ce en quoi il font évé- suppose pas une connaissance « Confesser », non parce qu’il mépris », c’est dans le voisinage à satisfaire qu’un désir lui- des « actes de paroles ». Car c’est nement, ce par quoi s’y jouent notre préalable, mais une disponibilité serait le plus « augustinien », de cet « autre », requis par lui ou même froid et sans vie. En toujours la voix, dans toutes ses vie ou notre mort. » Pour « mettre qui se fait, à son tour, acte d’écou- mais en raison des trois sens inau- le requérant, que l’acte de parole Lpromenade dans le panthéon de dimensions et acceptions divines en évidence cette dimension d’acte te : c’est l’un des mérites de cette guraux – confession des péchés, trouve son sens. l’histoire littéraire (ou philosophi- ou humaines, spirituelles mais aus- et d’événement », Chrétien présen- approche résolument non acadé- de la foi et confession de louange P. K. que), admirant les gloires statu- si corporelles, qui vient nous appe- te « une phénoménologie de la mique. Citant Heidegger, pour – dont Chrétien décrit admirable- fiées, nous restons sur notre faim. ler, nous questionner et nous parole suivant le fil conducteur de qui, en substance, le « questionne- ment l’indissoluble convergence. e Signalons aussi, du même auteur, Jean-Louis Chrétien ne se contente répondre, nous enseigner et nous ses actes ».Ce« fil » est ici figuré ment est la piété de la pensée », Même si c’est Dieu que l’on un essai sur l’épisode biblique de pas de cette morte révérence. En promettre, nous éveiller. par les infinitifs qui donnent un Jean-Louis Chrétien peut affir- confesse et à qui l’on se confesse Marthe et Marie (DDB, « Triptyque », brisant les conventions académi- Rappelons que saint Augustin titre à chacun des vingt-trois cha- mer, sans risquer d’être contredit avant de le louer, la dimension avec Guy Lafon et Etienne Jollet, ques, en ne considérant que l’actua- n’est pas seulement l’auteur des pitres : d’« Interroger », « Ecou- par Augustin : « On ne parle en humaine n’est jamais omise ou 122 p., 19 ¤) et un recueil de poèmes : lité, fût-elle éternelle, de ces grands Confessions, mais aussi d’un vaste ter », « Manger, boire », « Rumi- vérité que pour autant qu’on réduite : « Il n’y a de visage que Joies escarpées (éd. Obsidiane, 70 p., auteurs, il nous surprend au sein de corpus constitué notamment par ner », « Traduire », « Lire », à écoute et qu’aussi longtemps qu’on pour un autre visage, il n’y a de 11,59 ¤). Sur l’auteur de La Cité de notre assoupissement. Et qu’il les commentaires des psaumes et « Demander », « Exaucer », « Par- écoute. » nudité que pour une autre nudité, Dieu également, l’essai de Jean- convoque aujourd’hui, avec le plus de l’Evangile de saint Jean. «Il donner », « Gémir » et « Jubiler », Ces infinitifs sont autant de pos- il n’y a de parole que pour une Claude Eslin : Saint Augustin, l’hom- amoureux respect, saint Augustin écrivait pour mieux lire, parlait en passant par « Mentir », sibilités d’existence, non pas com- autre parole, ce qui ne signifie pas me occidental (éd. Michalon, « Le comme agent de notre éveil est un pour mieux écouter », souligne « Crier »… me une palette de choix arbitrai- que les deux soient en miroir. Et Bien commun », 122 p., 9 ¤). X/LE MONDE/VENDREDI 12 JUILLET 2002 ESSAIS Mémoires de vaincus Tour à tour, Monica Echeverria et sa fille, Carmen Castillo, racontent leur histoire. Celle de leur pays, le Chili des années noires de la dictature, où chacune, à sa manière, entra en résistance. Et, à la croisée des combats, des blessures, une émouvante réconciliation

SANTIAGO-PARIS un recit cohérent, je ne peux te s’étaient exilés en Angleterre, réus- rébellion populaire entre en crise Le vol de la mémoire, raconter que des fulgurances… des sissent à la faire libérer, et elle les après les assassinats de militants de Carmen Castillo suspensions, des halètements, des réjoindra quelque temps après à par les services du régime et et Monica Echeverria, lignes hachurées.» Cambridge. Carmen accouche l’échec de la tentative d’attentat Plon, 294 p., 19 ¤. Monica Echevarria est une fille d’un enfant qui mourra quelques contre Pinochet par le Front patrio- de bonne famille chilienne, qui étu- semaines plus tard : « Les militaires tique Manuel Rodriguez. Finale- alter Benjamin plai- die chez les sœurs ursulines et qui l’ont tué lui aussi. » Exilée à Paris, ment, avec la victoire du « non » dait, dans ses thèses se marie en 1944 avec un jeune Carmen part dans les capitales de au plébiscite de 1988 commence le Sur le concept d’histoi- architecte promis à un bel avenir, l’Europe en tournée de solidarité déclin de la dictature et le début re, pour la force criti- Fernando Castillo. Etranger aux avec la résistance chilienne. Obéis- d’une très longue « transition à la queW et subversive de la mémoire, événements politiques, le couple sante, elle se prête au rôle de « veu- démocratie » qui s’est poursuivie qui va « à rebrousse-poil » de l’his- vivait, écrit Monica, « comme des ve héroïque », mais se sent de plus sous les présidences de Patricio toire. Celle des vaincus chiliens de oiseaux, totalement indifférents à la en plus mal à l’aise avec ce qu’elle Aylwin, Eduardo Frei et Ricardo septembre 1973 n’a pas cessé de pauvreté et à l’injustice ». Par con- considère comme une imposture. Lagos, mais n’est pas encore termi- hanter les consciences non seule- tre, Carmen Castillo, la fille aînée, Après un séjour décevant à née, puisque la Constitution impo- ment en Amérique latine, mais aus- commence tôt à s’engager dans la Cuba, elle revient à Paris en 1977 sée par Pinochet est toujours en si en Europe, et sans doute ailleurs. gauche la plus radicale et se marie et connaît une crise profonde. vigueur… L’échec de la récente tentative de en 1967 avec Andrés Pascal, un des Pour reprendre pied dans la vie, A Paris, Carmen refait sa vie, se mise en jugement du général Pino- dirigeants du MIR chilien, dont elle elle entreprend d’écrire le récit de marie à nouveau, devient mère, chet n’a fait que renforcer le senti- aura une fille, Camila : « Peut-être mais reste éloignée du Chi- ment d’une injustice qui demeure, sommes-nous une génération pour a li, sauf pour une courte visi- d’une mémoire blessée. D’où l’inté- laquelle l’engagement est indispensa- Michael Löwy te à son père, malade, en rêt, l’émotion même, que suscite ble, il fait corps avec la vie.» ses derniers jours avec Miguel Enri- 1987. Ce n’est qu’en 1993 qu’elle un ouvrage comme celui-ci, qui a quez à Santiago : « La dictature revient plus longuement au pays, le grand avantage de présenter les ’  était une machine d’oubli, il me fal- pour coréaliser un film documen- événements à travers le prisme du Les années de l’Unité populaire lait continuer le combat comme je le taire – La Flaca Alejandra – qui vécu quotidien d’êtres humains sin- sous la présidence de Salvador pouvais. » Ce sera un livre inoublia- raconte la tragique histoire de Mar- guliers et irremplaçables. Allende (1970-73), qui font se lever ble, Un jour d’octobre à Santiago, cia Merino, dirigeante du MIR bri- Ce livre est inhabituel : écrit à « un vent frais qui faisait tourner les qu’elle publie à Paris en 1980, mal- sée par la torture, qui devint, pen- quatre mains par une mère et sa moulins de nos rêves » (Carmen), gré les réserves de la direction du dant des longues années, collabo- fille, il raconte à la fois l’histoire du vont les rapprocher. Partisans de MIR. Pendant ce temps, Monica et ratrice du régime et agent de sa Chili et celle de deux générations Radomiro Tomic et de la gauche Fernando rentrent au Chili (1978), police politique (la tristement célè- de femmes qui rêvent de justice démocrate-chrétienne, Monica et où ils retrouvent une dictature bre DINA), avant de se repentir et sociale. Ce sont deux récits parallè- son mari soutiennent Allende, tan- arrogante et répressive. Avec ses de mettre ses connaissances au ser- les qui se croisent, se cherchent, se dis que Carmen travaille au palais amies du centre culturel Mapucho vice des familles des victimes. «Tu perdent et parfois se rencontrent. de la Moneda avec Beatriz Allen- et de l’association « Femmes pour as construit une destinée de femme L’un, celui de la mère, plus direct, de, la sœur et secrétaire du prési- la vie », Monica choisit la culture libre », écrit Carmen à sa mère, plus ordonné, plus tranquille ; dent. C’est à ce moment, écrit et, parfois, l’humour noir comme mais le même jugement s’applique l’autre, celui de la fille, plus chaoti- Monica, que « je découvris l’hypo- arme contre le régime. Ainsi l’épi- aussi bien à elle-même, « sans pro- .. que, plus dense, plus déchiré. crisie et la cruauté de ma classe que « Opération cochon », qui ver- messes d’avenir », simplement Leurs rapports sont complexes : sociale et je la reniai » : leurs amis toyable qui s’abat sur le peuple. rée d’Andrés Pascal, vit dans la ra la course folle, dans les rues de motivée par le besoin de lutter entre tendresse et phobie, attiran- de toujours les considèrent com- « Tout était tellement plus cruel et clandestinité avec un autre dirige- Santiago, d’un porc habillé en « pour en finir avec ces réalités d’in- ce et répulsion, révolte et soumis- me traîtres et les désignent comme sanglant que nous l’avions jamais rant célèbre du MIR, Miguel Enri- général et affublé de la casquette justice et d’oppression ». Un livre sion. Mais le récit se construit sous des « bourgeois vendus aux commu- imaginé », commente Monica. Elle quez, dont elle attend un enfant. du général Pinochet. Mais c’est à émouvant qui brille de la sombre l’étoile apaisante de la réconcilia- nistes ». décide de réjoindre la résistance et Le 5 octobre 1974, la police politi- partir de 1983, avec les protestas et lumière de la mémoire des vain- tion. C’est une idée de la mère, à La suite des événéments est con- devient, selon sa fille, « le pilier du que découvre leur cachette, les cacerolazos, que la mèche du cus. laquelle la fille résiste, mais qu’elle nue : le coup militaire du général réseau chargé de trouver des refuges Miguel Enriquez meurt au combat, mécontentement sera allumée. Les finit par accepter, avec des réser- Pinochet, la mort tragique de Sal- aux dirigeants clandestins » de la et Carmen, sérieusement blessée, grèves générales et les manifesta- e Michael Löwy est directeur de ves : « Monica, n’attends pas de moi vador Allende, la répression impi- gauche. Carmen, qui s’était sépa- est emprisonnée. Ses parents, qui tions de rue se succèdent, mais la recherches au CNRS Philosophie de la pratique médicale Le prix de la santé Après les travaux de Georges Canguilhem sur les techniques cliniques, Revenant sur le dossier des médicaments essentiels, Paul Benkimoun épistémologues, sociologues, historiens ou théologiens s’interrogent montre le combat des ONG pour garantir à chacun le droit d’être soigné

ubliés dans des revues par- l’élargissement historique de l’espa- directement sa recherche. Les réfé- MORTS SANS ORDONNANCE sonnages emblématiques, cette maceutiques internationales et du fois confidentielles, les ce où s’exerce le contrôle adminis- rences explicites à l’œuvre de Can- de Paul Benkimoun. lutte sans merci : le docteur Ber- retrait confus de leur plainte cinq textes de Georges Can- tratif de la santé sont ici mis en pers- guilhem se raréfient et se canton- Hachette Littératures, nard Pécoul, qui dirige, à MSF, la devant la vive réaction de l’opi- guilhem réunis dans ce pective et commentés. nent souvent au rappel de la dimen- 230 p., 15 ¤. campagne pour l’accès aux médi- nion internationale. Cette victoire volumeP portent tous la marque de Les travaux de Jean-Paul Gau- sion subjective de la maladie. Son caments essentiels ; Harvey E. n’a cependant été qu’une étape l’unité d’une œuvre attachée, dès la dillière sur l’invention de la biomé- nom vient ainsi sous la plume de e premier neuroleptique, Bale, président de la puissante sur une route autrement plus lon- thèse de médecine sur « Le Normal decine s’inscrivent ainsi dans un Jacqueline Lagrée, dont l’ouvrage dans les années 1950, a été Fédération internationale de l’in- gue et semée d’obstacles. Benki- et le pathologique », à ouvrir la pra- champ ouvert par un auteur qu’il limpide traite des relations quoti- découvert « par hasard », dustrie du médicament ; German moun nous permet de mieux com- tique médicale à la réflexion philo- ignore superbement, sans doute diennes entre médecins et malades. comme un sous-produit Velasquez, qui représente l’OMS prendre à quels monstres se sont sophique. Il est donc question de par volonté de se tenir à l’écart de Bernard Forthomme, auteur d’une desL recherches nobles menées aux négociations de l’Organisa- attaqués la poignée d’ONG et d’in- maladie, de guérison et de santé. La cette tradition d’histoire épistémo- originale méditation théologique prioritairement à l’époque sur les tion mondiale du commerce. Ceux dividus courageux qui luttent densité et la subtilité des articles ne logique française pour laquelle, à sur la guérison, centrée sur la figure maladies parasitaires. La malaria que John Le Carré a mis en appétit pour l’accès aux médicaments surprendront pas les lecteurs du l’instar de Gaston Bachelard, l’his- du Christ médecin, le cite égale- avant la schizophrénie… C’était sur ce sujet, avec son dernier essentiels. L’industrie pharmaceu- médecin philosophe, qui retrouve- toire des sciences est une histoire ment. aux temps lointains où, colonies roman, La Constance du jardinier, tique concentre une puissance ront aussi la contestation de l’ap- jugée, qui regarde le passé des scien- La banalisation de certains thè- obligent le Zambèze passait, en trouveront chez Benkimoun financière gigantesque (un seul proche positiviste de la maladie. ces à la lumière de ses progrès. mes canguilhémiens porte même médecine du moins, avant la Cor- matière a apaiser leur faim : il laboratoire comme Merck dispose Georges Canguilhem souligne au Avec beaucoup de révérence au contresens, qui est atteint lors- rèze. Un demi-siècle plus tard, les livre en détail et de façon claire le d’un chiffre d’affaires de 43 mil- contraire que la médecine suppose pour les travaux de Bruno Latour et qu’on attribue à l’historien des pays du Sud sont indépendants, dossier des médicaments essen- liards d’euros ) et réalise des pro- toujours l’appel de l’individu qui, un grand luxe de détails, Jean-Paul sciences du vivant une dénoncia- leurs économies très affaiblies et tiels dans sa problématique la fits impressionnants (dépassant comparant ses possibilités présen- Gaudillière dessine fermement le tion de la médecine moderne. les priorités ont changé. Les mala- plus actuelle. Les fronts de cette les 20 % en moyenne annuelle) ; tes à ses capacités passées, se décla- processus par lequel l’Etat, en Fran- La sagesse ne consiste pas à refu- dies tropicales ne sont pourtant guerre sont nombreux mais tou- l’OMC, avec sa vulgate libérale re malade. Ces thèmes bien connus ce comme aux Etats-Unis, est deve- ser de se soigner, mais à compren- pas moins graves, bien au contrai- tes les pistes ramènent à un con- stricte, est évidemment au service sont ici travaillés et déployés par un nu depuis la seconde guerre mon- dre « qu’aucune technique, aucune re. Aux fléaux habituels du palu- de ces intérêts, et les popu- épistémologue plus intéressé par le diale le premier entrepreneur de institution présentes ou à venir »ne disme, des parasitoses classiques, a lations de malades prises sens du connaître que par ses opéra- recherche et de santé ; expose com- nous assurera l’intégrité de nos pou- se sont ajoutées ces dernières Jean-Christophe Rufin en otage par ses décisions tions. L’histoire des pratiques médi- ment un « complexe biomédical »a voirs de relation aux hommes et années des viroses nouvelles, cer- tentieux fondamental : celui des semblent bien peu compter. A cales est la voie royale de ce mouve- réuni en un tissu serré les cher- aux choses. « Apprendre à guérir, taines suraiguës, telles l’Ebola, médicaments génériques, copies cela, il faut ajouter des acteurs sur ment d’élucidation. cheurs de l’université, les médecins c’est apprendre à connaître la contra- d’autres lentes mais non moins conformes des principes actifs lesquels l’auteur préfère ne pas Ce n’est pas la curiosité pour la des grands hôpitaux, les fonction- diction entre l’espoir d’un jour et meurtrières, au premier rang des- mais exploités après échéance de trop insister, mais qui constituent médecine d’autrefois qui motive ce naires des organismes de santé l’échec, à la fin. Sans dire non à l’es- quelles figure évidemment le VIH. leur brevet, ou, parfois, de façon eux aussi un facteur de blocage recours à l’histoire de la médecine. publique et les ingénieurs et mana- poir d’un jour. » De ce philosophe Il ne suffit hélas pas de souffrir carrément sauvage. Le souci essen- dramatique : ce sont les gouverne- Revenir sur le thème hippocratique gers de l’industrie chimico-pharma- connu pour son courage et pour pour provoquer l’intérêt de la tiel de l’industrie pharmaceutique ments des pays du tiers-monde de la nature médicatrice et de la ceutique. l’éclat de sa pensée, acceptons cette recherche pharmaceutique, com- est d’obtenir la reconnaissance la eux-mêmes. L’Afrique du Sud, en médecine expectante permet de Les précieuses analyses d’Aaron leçon de simplicité. me le montre le livre de Paul Ben- plus universelle possible de ces particulier, même si elle a semblé mieux définir la portée des nouvel- Cicourel ne s’adossent pas non plus Jean-Paul Thomas kimoun. Encore faut-il être solva- brevets et de veiller au strict res- faire figure de résistant face à l’in- les techniques d’exploration clini- aux travaux de Canguilhem. Sa ble. C’est pourquoi les efforts se pect des règles – et des profits liés dustrie pharmaceutique, est en e que mises au point au XIX siècle : si méthodologie ne l’y porte pas. e Ecrits sur la médecine, de Georges concentrent aujourd’hui en direc- à cette « propriété intellectuel- réalité très ambivalente sur ces la médecine fonde son diagnostic Sociologue de la médecine, Cicou- Canguilhem (Seuil, 124 p., 17 ¤). tion des pathologies « du Nord » : le ». L’Organisation mondiale du sujets. Le président Thabo Mbeki non plus sur l’observation de symp- rel enregistre et transcrit systémati- – Le Raisonnement médical, une cancers, dépression, maladies car- commerce a fait droit à ces exigen- continue de nier publiquement tômes spontanés mais sur l’examen quement des échanges verbaux approche socio-cognitive, de Aaron dio-vasculaires sont aux premiers ces par le biais de l’accord contro- toute implication du virus dans le de signes provoqués, « il n’est pas entre patients et médecins. Il mobili- V. Cicourel (textes réunis et présen- rangs des préoccupations. Et versé, appelé ADPIC (aspect de sida ; il s’obstine, quelles que prudent d’attendre que la nature se se les théoriciens de la cognition tés par Pierre Bourdieu et Yves Win- quand une pathologie – comme le droits de propriété intellectuelle). soient les offres d’aide internatio- déclare ». Evoquer les localisations pour comprendre comment s’exer- kin, Seuil, 234 p., 20 ¤). sida – est commune aux deux mon- Or plusieurs Etats du Sud ont jus- nales, à refuser de lancer dans son successives de la maladie et les pra- ce linguistiquement le pouvoir du – L’Expérience de la guérison, de Ber- des – Nord et Sud, les traitements tement entamé un bras de fer pays un programme de soins, en tiques d’examens en laboratoire de médecin sur le malade. Minutieuse- nard Forthomme (éd. Les Empê- mis au point sont accessibles, avec l’industrie pharmaceutique particulier par trithérapies. On physique, de chimie ou de biochi- ment, il débusque les malentendus cheurs de penser en rond, 249 p., étant donné leur prix, aux seuls sur ce point. Le Brésil, l’Inde, comprend que les ONG aient enco- e mie qui se développent au XIX siè- qui naissent entre des médecins 21,5 ¤). ressortissants des pays nantis. l’Afrique du Sud entendent que re bien des efforts à faire pour con- cle rend compte de « l’élimination peu avertis des dimensions sociocul- – Inventer la biomédecine, la France, Cet état de fait a donné lieu à leur soit reconnu le droit de pro- vaincre et parvenir à ce qui devrait progressive, dans la connaissance turelles et psychologiques de la l’Amérique et la production des une progressive prise de duire à moindre coût des produits être le seul objectif : permettre à des maladies, de la référence aux maladie et des patients enserrés savoirs du vivant (1945-1965), de Jean- conscience, essentiellement due à génériques destinés à traiter les tous les malades, dans quelque situations vécues des malades ». dans un réseau de présupposés et Paul Gaudillière (éd. La Découverte, l’action pionnière de certaines fléaux qui frappent leurs popula- continent qu’ils vivent, de dispo- L’extrême actualité du propos de de croyances. Alors même que son 392 p., 33,50 ¤). ONG, au premier rang desquelles tions. ser de soins efficaces. Canguilhem s’impose. Le déclin du propos s’inscrit dans un questionne- – Le Médecin, le Malade et le Philoso- Médecins sans frontières. Paul On se souvient du procès reten- prestige des généralistes au profit ment ouvert par Canguilhem, le phi- phe, de Jacqueline Lagrée (Bayard, Benkimoun met en scène, à tra- tissant intenté contre Nelson Man- Paul Benkimoun est journaliste des médecins spécialistes comme losophe des sciences ne nourrit pas 220 p., 19,90 ¤). vers la confrontation de trois per- dela par trente-neuf firmes phar- au Monde. LE MONDE/VENDREDI 12 JUILLET 2002/XI ESSAIS HISTOIRE SANS LÉGENDES L’arpenteur des terrae incognitae Rome vue de Grèce Spécialiste incontesté du monde du Nord, le scandinaviste Régis Boyer ne pourfend erreurs et poncifs Plus violente qu’on ne l’a crue, la conquête que pour mieux promouvoir des civilisations à découvrir. Un travail de missionnaire de l’Italie sous le regard de Denys d’Halicarnasse

AU NOM DU VIKING « la religion est une chose qui a un ROME ET LA CONQUÊTE histoire ont été entièrement conser- de Régis Boyer. sens » ; le « miracle islandais », qui DE L’ITALIE AUX IVe et IIIe siècles vés. Au contraire, la fin de l’œuvre, Entretiens fit naître sur une île qui n’excéda AVANT J.-C. celle qui couvrait les IVe et IIIe siècles, avec Jean-Noël Robert, jamais 35 000 âmes, entre la fin du Textes de Denys d’Halicarnasse a dû paraître pâle en regard de celle Les Belles Lettres, 304 p., 18,5 ¤. XIIe et le milieu du XIVe siècle, une traduits du grec ancien et de Tite-Live, et l’on n’en a guère con- littérature qui, quantitativement et commentés sous la direction servé que des fragments. Fragments asseur. C’est le mot qui qualitativement, « bat tous les de Sylvie Pittia. souvent négligés, ne serait-ce que définit le mieux l’infatiga- records de ce que l’Occident a pu fai- Les Belles Lettres, parce que leur ordre même prêtait à ble Régis Boyer qui n’en re » ; les promesses de « filiales « Fragments », 576 p., 30 ¤. discussion. On doit donc saluer com- finit plus, essayiste, traduc- scandinaves » dans les grandes mai- me il se doit la magnifique édition Pteur et éditeur, de servir les littératu- sons d’édition, puisque l’esthète, le enys d’Halicarnasse ne bilingue qu’une jeune équipe aixoise res scandinaves dont il est le spécia- savant et le « croisé » ne se disso- jouit pas en France de la en donne dans l’indispensable collec- liste incontesté. De Kierkegaard cient jamais vraiment chez ce mis- popularité qui est la tion inaugurée il y a peu par les Histo- pour « Bouquins » à Knut Hamsun sionnaire insatiable. Mais, revers de sienne en Italie ou dans riens d’Alexandre (« Le Monde des pour la « Pochothèque » en pas- son engagement, l’homme s’empor- Dles pays anglo-saxons. Un traitement livres » du 14 décembre 2001). Les sant par Andersen en « Pléiade », te aussi sans mesure devant les bien injuste. A l’instar d’Hérodote, fragments des livres 14 à 20 sont ici ce savant intarissable sur le monde confusions et les procès d’intention lui aussi s’intéressa aux barbares, et présentés, traduits, abondamment nordique qui traduisit, présenta et qui compromettent la juste évalua- même en fit l’unique objet de son commentés, dans l’ordre le plus vrai- annota seul la mémorable édition tion de ces terrae incognitae qu’il enquête. Mais ses barbares diffé- semblable qui soit, comme l’explique des Sagas islandaises, en « Pléiade » arpente depuis un demi-siècle et raient bien des Perses de son compa- une très belle préface aussi savante encore, a récemment signé une pas- dont il est le champion encore bien triote. Là où les Perses avaient que lumineuse. Enfin, en dehors de sionnante présentation synthétique isolé. échoué – la conquête de la Grèce et l’inévitable Tite-Live, une autre de L’Islande médiévale (Les Belles Il faut l’entendre stigmatiser les du monde habité –, au contraire, les vision de la conquête de l’Italie par Lettres, 2001), composé un beau erreurs et partis pris qui l’agacent à barbares d’Occident – en d’autres ter- Rome, celle d’un Grec, imprégné de livre de référence sur L’Art Viking tout coup – le procès fait à Hamsun mes, les Romains – avaient pleine- préoccupations morales autant que (La Renaissance du livre, 208 p., d’avoir prôné une sorte de supério- ment réussi au moment où écrivait de soucis stylistiques ! 59,5 ¤), et Perrin annonce pour octo- rité suspecte et de le réduire à ce Denys. Car pour ce Grec d’Asie En dépit de leur caractère décousu bre la reprise de ses Vikings. Histoire seul trait : « Mais il y en a beaucoup, Mineure, né vers 60 av. J.-C., dont les – et pour cause ! —, ces bribes de et civilisation, initialement parus en des Knut Hamsun ! » ; la guerre sans premiers livres des Antiquités romai- l’histoire de la République romaine 1992. Mais s’il ouvre sans cesse de merci qu’il livre aux images et pon- nes paraissent autour de 7 av. J.-C., donnent un éclairage singulier, met- nouveaux chantiers, avec une éner- cifs qui ont constitué la vision du l’unification du monde habité sous la tant en évidence la violence des rap- gie que rien n’entame – il fonda à Viking où tout est à reprendre et à houlette de Rome est un fait acquis, ports de Rome avec ses voisins, y l’université Paris-IV - Sorbonne « démanteler », et là l’exécution et justifie que l’on écrive une histoire compris ses alliés. Car Denys n’est l’Institut d’études scandinaves et sans appel du drakkar (« C’est un de Rome depuis les origines, et jamais dupe : derrière les prétextes projette nombre de collections nou- monstre français. Je ne sais pas qui a même avant les origines. avancés, il sait reconnaître les préoc- velles (la prochaine, « Classiques pu inventer cela. Appelez-le knörr, Pourtant Denys, à la différence de cupations de puissance. Ainsi, en con-   du Nord » aux Belles Lettres enco- Détail de l’étrave du bateau d’Oseberg skeid, langskip, comme vous vou- Polybe, ne cherche pas à expliquer la clusion d’un long développement sur re) pour sortir de l’ombre un conti- drez, mais en aucun cas drak- réussite de Rome ; il participe à sa la guerre samnite (17 A), il affirme nent culturel méconnu –, ce pion- coce, saisi tôt d’une « rage pédagogi- cier, évoluant plus souvent qu’à kar ! »). Ces salutaires leçons, Régis manière à la célébration de la ville- que derrière le prétexte invoqué nier reste aussi un homme secret, que » qui ne l’a pas quitté. Par jeu son tour « dans une atmosphère Boyer ne les professe qu’à dessein. monde, à sa glorification, à sa « refon- – venir au secours des pauvres Luca- réticent à l’idée de sacrifier à la et goût de l’inédit, il s’initie grâce à bizarre d’incrédulité et d’enchante- Il tient trop à offrir cet univers nor- dation… dans un contexte [l’époque niens persécutés par les Samnites – il vogue de l’ego- histoire. Maurice Gravier, un jeune spécialis- ment ». Ce curieux raccourci, con- dique qu’il a fait sien pour suppor- augustéenne] où la politique tire en faut savoir distinguer « la cause la Dans le livre d’entretiens qu’il te de Luther venu s’installer à Nan- cession presque irritée à un exerci- ter les à-peu-près et les pittores- partie sa légitimité du mythe et de l’his- plus vraie », comme aurait dit Thucy- accorde aujourd’hui, à 70 ans, à cy où il enseignait l’allemand tout ce qu’il réprouve, a le mérite d’expli- ques niais. Ecoutez-le défendre toire ». Dans ces conditions, ce n’est dide, à savoir la crainte de Rome de Jean-Noël Robert, il expédie l’exer- en lançant un « cours embryonnaire quer de façon parfaitement intrans- l’« actualité du Nord » en brossant pas tant l’histoire récente de Rome voir enfler la puissance de leurs pro- cice en moins de cinquante pages, d’initiation au scandinave », au char- posable l’art de « devenir un scandi- le précis d’une histoire littéraire qui intéresse Denys que l’histoire la pres alliés. Ainsi défile, dans un expo- solo informatif où il se dévoile le me de sagas exotiques. Le goût des naviste ». que peu connaissent et conclure sa plus ancienne, non seulement celle sé d’une absolue lucidité, toute l’his- moins possible, mesurant toute la « choses du Nord » ne le lâchera Livré désormais au questionne- campagne de sergent recruteur de la fondation par Romulus, mais toire de la construction de l’Italie vanité d’une publicité personnelle plus. ment de Jean-Noël Robert, Régis auprès des étudiants de demain : aussi l’époque pré-romuléenne. En romaine, période cruciale où se for- quand il évalue le travail autrement De sa vie familiale, on saura l’atta- Boyer peut s’emballer pour ce qui « Vous y gagneriez d’enrichir votre conséquence, il s’arrête là où com- gent les armes du futur. On com- considérable qu’il s’est choisi. Tout chement profond à l’épouse, la pla- le fait vibrer – la féerie d’un cou- personnalité d’harmoniques qui mençait le récit polybien (264). Cet prend par là le prix qu’il faut attacher au plus apprend-on que sa bouli- ce capitale des enfants et le souve- cher de soleil sur le Snaefell, qui étaient inconnues de vous. » Tout intérêt de Denys pour les hautes épo- à cette précieuse édition des frag- mie de savoir remonte à ses années nir intact de voyages et de rencon- tient de la « transfiguration » ; l’héri- simplement. ques a tôt été apprécié puisque les ments. d’apprentissage, bachelier très pré- tres dont il ne sait quel Dieu remer- tage dumézilien, qui atteste que Philippe-Jean Catinchi premiers livres de sa monumentale Maurice Sartre La Croix et l’Epée L’enjeu 2000 ans d’échanges Alain Demurger et Malcolm Barber remettent en perspective Aux origines de la mondialisation, une décapante les ordres religieux-militaires. Au premier rang : les Templiers cathare histoire économique qui bouscule les idées reçues

CHEVALIERS DU CHRIST et la guerre sainte, les ordres ont miques Presses universitaires de LES CATHARES ET L’HISTOIRE VINGT ET UN SIÈCLES un ouvrage aussi précieux que Les ordres religieux-militaires aussi gouverné des Etats théocrati- Rennes. Le drame cathare devant D’ÉCONOMIE EN VINGT revigorant. au Moyen Âge, XIe-XVIe siècles ques en Prusse et à Rhodes. Alter- L’historien britannique, qui a ses historiens (1820-1992) ET UNE DATES-CLÉS Frappé par la commodité des d’Alain Demurger. nant récits événementiels et analy- donné, depuis, une histoire de l’or- de Philippe Martel. de Philippe Simonnot. partis pris qui interdisent de pen- Seuil, 414 p., 22 ¤. ses d’ensemble (des institutions dre du Temple, démonte avec préci- Privat, « Domaine cathare », Les Belles Lettres, 224 p., 13 ¤. ser l’enjeu économique à travers ou du patrimoine) mais loin des sion les mécanismes des enquêtes 208 p., 25 ¤. les âges, comme si l’accélération JACQUES DE MOLAY questionnements anthropologi- et des procédures. Accusés d’héré- ans doute faut-il de l’auda- des échanges (production et pro- Le crépuscule des Templiers ques souvent utilisés aujourd’hui sie et de comportements scanda- e tragique épisode de la fin ce et une solide culture ductivité, revenus et consomma- d’Alain Demurger. pour traiter de l’identité ou du leux, les Templiers ne sont guère de l’hérésie cathare, qui pour oser proposer une lec- tion ont enregistré des augmenta- Payot, « Biographie », groupe, Alain Demurger offre une coupables de tous les forfaits dont conduisit à la mainmise des ture historique de l’écono- tions vertigineuses à l’échelle des 392 p., 21,95 ¤. œuvre dense, claire et sûre. on les charge : sodomie, reniement Capétiens sur l’espace occi- Smie qui satisfasse les spécialistes deux millénaires envisagés), dont de Jésus, crachat sur la croix, adora- Ltan au XIIIe siècle, n’a cessé d’ali- de chacune de ces disciplines, peu le moteur (lois du marché, innova- LE PROCÈS DES TEMPLIERS ’   tion des idoles… Même si, insiste menter une littérature plus ou enclines à tolérer qu’on empiète tion technique, pression démogra- de Malcolm Barber. Il en est de même de sa biogra- Alain Demurger, une part du rituel moins scientifique, plus ou moins sur leur propre champ. Si les lec- phique ?) retient moins l’atten- Traduit de l’anglais phie de Jacques de Molay, dernier d’entrée contenait, parfois, des ges- romanesque, mais toujours claire- teurs du Monde savent que Philip- tion que la mesure de ses effets, par Sylvie Deshayes, grand maître de l’ordre du Temple tes condamnables. Usant d’une lar- ment partisane, sans que les histo- pe Simonnot, parallèlement à son Simonnot réfute le rôle des « rup- Presses universitaires qui ravira l’amateur d’érudition, ge propagande, la monarchie fran- riens soient exempts de ces partis enseignement de l’économie du tures » – les révolutions indus- de Rennes, 308 p., 21 ¤. moins, sans doute, celui de travail çaise a repris des accusations classi- pris simplistes. Philippe Martel a eu droit à Paris-X, a toujours eu une trielles ne peuvent dispenser de critique sur le genre biographique. ques pour délégitimer l’ordre à l’excellente idée d’interroger, par- propension – rare – à célébrer les réfléchir sur la longue durée – qui u trésor des Templiers à L’historien tire parti du peu de ren- abattre, accusations qui risquaient delà l’événement, le commentaire classiques, de l’Histoire naturelle incitent chaque âge « moderne » la récupération nazie seignements disponibles – presque bien de trouver un écho dans les qu’en fit « l’intelligentsia française » de Pline l’Ancien à La Ruche à prétendre le premier « penser » des Teutoniques en pas- rien pour le Templier avant qu’il ne « croyances populaires ». C’est, – anachronique, la formule du pré- mécontente, ou les coquins devenus réellement l’économie. sant par certaines élucu- soit élu grand maître – pour retra- pour Barber, les besoins financiers facier Michel Roquebert n’est pas si honnêtes de Bernard Mandeville Aussi la marche lente, pas à Dbrations ésotériques, les ordres cer chronologiquement tout ce que du roi et le contexte favorable à malvenue –, depuis l’Essai sur les (1705), c’est au Nouvel Economiste pas, de l’empire d’Auguste à celui religieux-militaires du Moyen Age l’on peut savoir du personnage. une telle opération (déclin de l’es- mœurs de Voltaire. Avec la formida- que l’auteur de 39 leçons d’écono- de Wall Street, en passant par n’ont cessé de susciter projections Noble comtois, reçu dans l’ordre prit de croisade, faiblesse relative ble résistance d’une vulgate mie contemporaine (Gallimard, l’édit de Caracalla, la naissance et reconstructions. La synthèse en 1265, Molay mène une carrière de la papauté, possibilité d’user de « patriotiquement orthodoxe » que « Folio », 1998) donna la primeur du sou d’or, l’étape symbolique d’Alain Demurger, Chevaliers du assez discrète en Orient avant le l’Inquisition) qui expliquent l’offen- la revendication occitaniste n’enta- de cette brève histoire de l’échan- de Canossa, les règles de l’usure Christ – une première en fran- repli à Chypre (avec la chute d’Acre sive contre l’ordre. Les Templiers me qu’avec difficulté, tant une his- ge en Occident, découpée selon le ou le jeu financier qui « fait » les çais –, qui embrasse l’histoire des en 1291 et la fin de la présence des servent aussi de boucs émissaires à toriographie singulièrement têtue strict rythme de la chronologie empereurs ou permet de circonve- ordres en Terre sainte et en Espa- Latins en Terre sainte). Maître de l’échec en Terre sainte. Le biogra- récuse les corrections. C’est que la (vingt et un chapitres pour parcou- nir les monarques voisins, don- gne comme en Prusse ou en Livo- l’ordre (1292), il s’entoure d’hom- phe de Jacques de Molay, lui, ne « croisade contre les Albigeois » por- rir sans brusque rupture autant de ne-t-elle un relief singulier à cet nie, est tout à fait bienvenue pour mes de confiance et semble avoir croit pas à l’affaiblissement com- te dès son origine une dimension siècles, depuis le IIe avant l’ère échange, « invariant plurimillé- remettre les choses en place, gouverné sans être contesté. Pour plet de la croisade et de l’esprit de exemplaire, théâtre idéologique où chrétienne jusqu’au XXe tout juste naire », qui ne se laisse pas rédui- d’autant plus que le sujet « connaît autant, selon Demurger, le dernier croisade qui « ont un présent et se rejouent depuis le début du achevé). Désormais reprise en un re à un simpliste exercice de tréso- un regain de vitalité » au point maître du Temple a fait des choix encore un avenir » au début du XIXe siècle entre savants et pen- volume, augmentée et complétée, rerie. Usant avec brio des théo- qu’une revue spécifique, Sacra mili- qui conduisirent à sa perte. Il ne XIVe siècle. Ce n’est, en tout cas, seurs politiques, sur un mode quasi cette cursive vision synthétique ries politico-économiques, s’ap- tia, lui est, depuis 2000, consacrée. put réformer son ordre et refusa pas l’inutilité éventuelle de l’ordre allégorique, les débats qui divisent permet de mesurer l’originalité de puyant sur les plus sûrs travaux Nés de la croisade (l’ordre du l’union avec celui de l’Hôpital. Sa qui conduisit au « crépuscule des la société du temps : catholicisme la démarche. historiques de domaines dont il Temple est fondé en 1120) et ras- trop grande confiance dans la Templiers ». Ce moment s’inscrit en et anticléricalisme, nation et petites L’économiste n’hésite pas en ne pose pas au spécialiste (Nico- semblant avant tout des laïcs papauté, au cœur de la tourmente réalité aux confins des enjeux politi- patries, Nord/Sud... effet à bousculer le confort des let, mais aussi Andreau, Lombard vivant sous une règle, les ordres finale, apparaît, a posteriori, bien ques, des affaires économiques et De Sismondi à Michelet, de spécialistes en revisitant aussi bien sûr, Geary ou Le Goff, pour religieux-militaires témoignent néfaste. En 1314, Jacques de Molay de la construction de la persécution Napoléon Peyrat à Jacques Ma- aisément le fisc sous l’Empire les âges les plus anciens), Philip- des évolutions de l’Eglise médiéva- périt sur le bûcher. A l’évidence, un dans un siècle qui voit s’affirmer la daule, ce voyage captivant à travers romain que les us de l’âge féodal, pe Simonnot offre une lecture sti- le – devenue plus sensible aux ver- des enjeux majeurs de sa biogra- souveraineté d’un Etat en pleine des certitudes posées en dogmes le milieu marchand de la Florence mulante qui perturbe les certitu- tus de l’action – face à la guerre. phie réside dans le fameux procès croissance. Une leçon essentielle, si qui placent l’analyse historique sur du Quattrocento que la naissance des sur la toute fraîche « inven- L’ordre, « armée permanente de intenté à l’Ordre. Les chapitres moins pittoresque. le registre de la foi nationale décille- du système monétaire internatio- tion » de la mondialisation. Déca- fait », sacralise « la violence et la consacrés aux attaques contre celui- Nicolas Offenstadt ra bien des regards et mérite de nal. Avec une liberté de ton et une pant et instructif. guerre », parachevant ainsi l’« inté- ci et à sa suppression (1312) com- faire école, le « moment cathare » clarté d’expression, jusque dans le Ph.-J. C. gration à la société chrétienne des plètent et actualisent l’ouvrage de e Signalons : Les Templiers de la gloi- n’étant pas le seul à avoir pâti de choix des exemples, qui rendent chevaliers ». Entre les activités cha- Malcolm Barber, paru en 1978, que re à la tragédie, de Patrick Huchet lectures aveugles. limpides des mécanismes rare- Philippe Simonnot collabore ritables, la protection des pèlerins viennent de faire traduire les dyna- (éd. Ouest-France, 128 p., 15 ¤). Ph.-J. C. ment à telle fête didactique. D’où au Monde. XII/LE MONDE/VENDREDI 12 JUILLET 2002 SUR LA PISTE DE DUMAS

Deuxième épisode de notre saga : en 1822, Alexandre Dumas s’installe à Paris, découvre ses théâtres, Dumas rêve d’y être à l’affiche. Ses vaudevilles sont refusés. Il se lance boulevard dans le drame à grand-spectacle... du Crime

n 1792, le comte trouvant sur le côté sud, de la Renaissance que Ruy Blas est re enthousiaste d’une foule qui se Adolphe-Louis celui qui existe encore, le Déjazet. créé. Malgré la présence de Le- rassemble sur le boulevard du Cri- Ribbing de Leu- Dès 1791 c’est un lieu de fête, mais maître, c’est à peine un succès. me vingt-quatre heures avant ven est de ceux en 1807 Napoléon, qui préfère la Cinquante représentations. L’Alchi- l’ouverture des portes et qui, dans qui organisent tragédie à la comédie et le sérieux miste, de Dumas, ne sauvera pas le froid, va manger, boire, dormir, l’assassinat du roi aux facéties des saltimbanques, fer- l’affaire. En trois ans, cette nou- faire sa toilette. Le 19 février, dès la Gustave III de me de nombreux théâtres. Dès son velle Comédie-Française voulue fin de l’après-midi, l’affluence com- Suède. Exilé en arrivée au pouvoir, Louis XVIII n’est plus qu’un « malheureux mence sur le boulevard et… mais Suisse, où il lie amitié avec Mme de autorise leur réouverture, et le bou- théâtre » qui disparaît. laissons la parole à Hostein : « Vers Staël,E charmée par ce jeune homme levard du Temple que découvre L’échec ne pose pas un point dix heures du soir, les porteurs de qu’on appelle « le beau régicide », il Dumas prend son essor, devient ce final. Dumas ne renonce pas à bouillon commencèrent à circuler vient en France, où il spécule en lieu magique dont Carné, avec Les avoir un lieu pour y jouer qui il parmi les files en permanence. A achetant châteaux et abbayes, mène Enfants du Paradis, donne une veut, ce qu’il veut et, bien sûr, ses minuit arriva le tour des pains sor- une vie aisée sous l’Empire, fuit au idée. « Par beau temps, on peut voir propre pièces sans avoir à nourrir tant de la fournée. Des marchands retour de la monarchie, revient, s’ins- jusqu’à vingt mille personnes se pres- les directeurs à ses dépens. En du voisinage eurent l’idée de vendre talle à Villers-Hélon. En 1802 naît ser, presque jour et nuit, le long des 1846, il réclame à nouveau un privi- des bottes de paille fraîche sur son fils Adolphe, qui signera un jour théâtres pour assister aux parades, lège visant l’Opéra-Comique. laquelle on s’étendit voluptueuse- Le Postillon de Longjumeau, dont échantillons de ce qui est présenté à Refus. Point découragé et soutenu ment. La nuit se passa en fêtes, en Adolphe Adam, célèbre pour son l’intérieur, scènes satiriques d’actua- par le duc de Montpensier, le fils conversations joyeuses ; le bon ordre Minuit Chrétien, fera un opéra-comi- lité, pantomimes (…) et toutes les de Louis-Philippe, il réécrit au ne fut pas un instant troublé. Par que à grand succès. classes de la société se côtoient. Les ministre de l’intérieur. « J’ai l’hon- intervalles, des chœurs, très harmo- On dirait un roman de Dumas jeunes intellectuels romantiques neur de solliciter de vous la permis- nieux, se faisaient entendre. L’en- qui se poursuit le 27 juin 1819 (Hugo, Dumas, Vigny…) sont fasci- sion d’élever et d’ouvrir un théâtre droit était éclairé par des centaines quand, au cours d’une fête cham- nés par le “mélo” comme, un siècle de drame, de comédie et de féerie de lanternes et de lampions. Au petit pêtre, Alexandre fait la connais- plus tard, les surréalistes par le ciné- sur le boulevard du Temple. » Un jour eut lieu l’intermède de café au sance du jeune Adolphe Leuven. ma populaire du type Fantômas,et mois après la demande, le privilège lait accompagné de petits gâteaux « Nous commençâmes ce jour-là ils vont couler leurs propres drames est accordé pour douze ans. Et tout chauds. Quelques personnes une amitié qu’aucun jour sombre ou dans ce moule en supprimant toute- quand il n’est pas à Madrid pour le arrêtèrent des porteurs d’eau et heureux n’a altéré depuis. » Sans fois la systématique fin heureuse mariage de Montpensier ou en firent en public des ablutions per- cette rencontre et ce coup de (1).» Ce rassemblement de théâ- Afrique du Nord, Dumas bénit l’in- mises. » Encore une demi-journée foudre de l’amitié, Dumas n’aurait tres dont les salles vont de cinq vention du chemin de fer, qui lui à attendre et enfin on découvre le peut-être pas connu le Paris qui fut cents à trois mille places, c’est le permet d’aller facilement et vite de théâtre, ses deux mille places, sa le sien, été l’auteur dramatique boulevard du Crime, ainsi nommé son appartement parisien du 10 de vaste scène où le rideau se lève qu’il fut. Leuven, dont on a dit qu’il en raison des pièces qu’on y pour La Reine Margot,un était son « initiateur littéraire », lui affiche, et où le meurtre sous a drame qui commence à dix- ayant proposé d’écrire ensemble toutes ses formes est si bien exploi- Pierre-Robert Leclercq huit heures et s’achève à pour la scène, leur collaboration té que les comédiens qui ont le la rue Joubert à la villa qu’il a louée trois heures du matin. Comme donne deux vaudevilles et un mauvais rôle sont conspués à leur à Saint-Germain-en-Laye. Des tra- l’auteur, le public aime la démesu- drame. Présentés à quatre théâtres sortie. L’année où Dumas s’y pro- vaux qui bâtissent le théâtre à ceux re, et Théophile Gautier d’écrire : parisiens, ils sont refusés. Adolphe mène avec l’ami Leuven, l’Alma- du château de Monte-Cristo. « Dans les courts entractes, on se parti vivre à Paris, Alexandre, qui nach des spectacles rappor- Le privilège autorise la représen- regardait comme sur le radeau de travaille chez un notaire, ne pense te qu’en vingt ans tation de drames, comédies en La Méduse, et les spectateurs un peu qu’à la capitale et au théâtre, un un comédien a ava- prose ou vers et, deux mois par an, potelés n’étaient pas sans inquiétu- rêve et une passion. A Villers-- lé 11 000 poisons, d’ouvrages lyriques. Dumas trans- de. » Cotterêts, il réunit des jeunes gens qu’un autre a été fère le privilège à Hyppolite Hos- Au début de 1848, les problèmes dans un grenier et, bien avant que poignardé tein, directeur d’autre théâtres, un commencent, et Dumas met son la fonction ne devienne un état, se 16 302 fois, homme de paille qui forme une espoir dans un drame à grand spec- fait metteur en scène de Hamlet –il qu’une comé- société pour l’achat, à l’angle du tacle par les décors, le nombre de vouera toute sa vie un culte à l’œu- dienne a été boulevard du Temple et de la rue comédiens et de figurants, mais Le vre de Shakespeare, à l’origine de « 75 000 fois du Faubourg-du-Temple, d’un Chevalier de Maison-Rouge ne la révolution romantique, que mar- “innocente” hôtel et d’un estaminet à l’ensei- répond pas aux attentes malgré un qua son Henri III. séduite, gne de L’Epi-Scié. L’hôtel abattu, chant qu’on y entend pour la pre- En 1822, c’est enfin Paris, un pre- enlevée Dumas annonce que l’on verra mière fois et qui sera bientôt popu- mier voyage. Il loue une chambre ou bientôt « sortir de ses ruines l’élé- laire. Paroles de Dumas et Mar- 1, place des Italiens (aujourd’hui noyée ». gante façade qui résumera en pierre quet, musique de Varney, le refrain place Boieldieu), et court rue Tout est mon immuable pensée. L’édifice est dit : « Mourir pour la patrie / C’est le Pigalle, où habite l’ami Adolphe, excessif sur le appuyé sur l’antique, la tragédie et sort le plus beau, le plus digne d’en- . .-.  qui se fait guide. Dumas découvre boulevard, la durée la comédie, c’est-à-dire sur Eschyle vie. » la capitale et ses théâtres. Des pre- des spectacles, le et Aristophane. Ces deux génies pri- Lentement, le Théâtre Histo- mières pièces qu’il voit, deux mélo- chahut des spectateurs, mitifs soutiendront Shakespeare, rique meurt. Quand il ressuscite, drames sont mémorables par leurs le nombre de pièces jouées, la trois auteurs, Dumas, Leuven et sité. C’est le début des vingt-trois Corneille, Molière, Racine, Calde- sans Dumas, c’est sous le nom de interprètes et la place qu’ils tien- splendeur des ballets, le nombre James Rousseau, un autre aspirant adresses qu’il aura dans Paris. ron, Goethe et Schiller. Ophélie et Théâtre-Lyrique, où Gounod crée dront dans sa vie. Le Vampire de figurants… L’auteur dramatique à la gloire. C’est un honnête suc- Après le 40, rue Saint-Lazare et Hamlet, Faust et Marguerite repré- son Faust peu avant la disparition révèle à la Porte-Saint-Martin une Alexandre Dumas égorgera et noie- cès, mais Dumas ne regrette pas avant le 22, rue de Rivoli, il est au sentent, au milieu de la façade, l’art du boulevard du Crime. Hauss- jeune actrice, Marie Dorval, qui ra moins de monde, mais, à l’instar d’avoir refusé d’être sur l’affiche. Il 30, rue Bleue quand, en 1836, il sou- chrétien, comme les deux cariatides mann crée son Paris. Dumas y sera sa maîtresse dix ans plus tard ; d’Hugo, il n’oubliera pas que l’es- dira plus tard : « Je ne voulais jeter haite avoir son théâtre pour ne du bas représentent l’art antique. » reviendra toujours entre ses nom- à L’Ambigu-Comique, L’Auberge prit du mélo doit toujours pointer mon nom à la publicité qu’à la suite dépendre de personne. Hugo a le Avant la fin des travaux, le nom est breux voyages. La dernière fois, ce des Adrets offre au tonitruant Fré- peu ou prou. d’une œuvre importante. » Christine même désir, et Casimir Delavigne choisi qui se veut gratitude, Théâ- sera en septembre 1870, venant de déric Lemaître son premier Aux jours où Dumas découvre à Fontainebleau, une tragédie de se joint à eux pour obtenir l’indis- tre Montpensier, mais le roi, qui Madrid et allant à Puys, chez son triomphe, qu’il renouvellera avec Paris et ce qui nourrit ses ambi- deux mille vingt alexandrins, et pensable privilège pour la création connaît Dumas, ne veut pas que le fils, pour y mourir, non sans lui plusieurs pièces de Dumas et singu- tions, son œuvre, à part les pièces Fiesque de Lavagna, un drame refu- d’une nouvelle salle. Un projet est nom de son fils soit lié à ce qui avoir demandé d’être enterré à Vil- lièrement avec Kean. La ville, les écrites avec Leuven, se limite à sé par la Comédie-Française, n’ont soumis au ministre de l’intérieur peut devenir une faillite. Il faut lers-Cotterêts, près de ses parents, théâtres, aussi quelques personnali- Blanche et Rose et à Romance, trouver autre chose, et Dumas souhait qui, en raison de la guerre tés. Leuven s’est fait des relations. poèmes que la revue Almanach pense à Théâtre européen avant et de la défaite, ne fut exaucé qu’en Un soir, ils vont applaudir Talma dédié aux demoiselles publie. « M. Thiers m’avait demandé pourquoi je travaillais d’accepter la proposition d’Hos- avril 1872. Aujourd’hui, on polémi- dans Sylla, une tragédie du bien « Croyez-moi, le bonheur dispose / tein, Théâtre-Historique. que sur son retour dans la capitale. oublié Victor de Jouy. Alexandre, Ici-bas de bien peu d’instants / Car pour des théâtres de boulevard au lieu de travailler Impatient d’être son maître, en La célébrité d’un mort est parfois qui en rêvait – « Talma était un le plaisir est une rose / Qui ne se attendant que s’élève la façade élé- l’alibi de vivants qui oublient sa dieu pour moi » –, est présenté au cueille qu’au printemps. » Ne regret- pour le Théâtre-Français. Je lui avais répondu que le gante mais étroite – l’alignement volonté pour des célébrations dont tragédien, qui l’interroge sur ses tons pas que Dumas n’ait fait car- des théâtres sur le boulevard laisse on ne sait s’il les aurait approu- activités. Après quoi, en lui rappe- rière dans la poésie pour connaître genre de littérature que je faisais était mieux joué aux peu de place –, Dumas loue le vées. Qu’aurait pensé de cette nou- lant que l’auteur du Cid avait été la célébrité à laquelle il aspire, qui théâtre de Saint-Germain-en-Laye, velle adresse dans la capitale celui clerc, le dieu pose une main sur la ne peut venir que du théâtre et qui boulevards qu’au Théâtre-Français. » où, au bénéfice des pauvres, il pro- qui fut heureux sur le boulevard du tête du jeune clerc de notaire de ne s’offre pas quand on habite et duit ses pièces et surtout son adap- Crime ? Question absurde, à laquel- Crépy-en-Valois, et le baptise travaille à une centaine de kilomè- Alexandre Dumas tation de Hamlet. L’engouement le chacun peut apporter une répon- « poète au nom de Shakespeare, de tres du boulevard du Crime. Alors, des Parisiens pour ce théâtre se forcément inutile. Il y a tout de Corneille et de Schiller ». Paris ! Il y trouve un emploi dans pas cette importance, ni La Noce et pour un Théâtre-Français bis,à devient une mode. L’éclat de Saint- même une certitude. La plus gran- On imagine les émerveillements les bureaux du duc d’Orléans, l’Enterrement, vaudeville donné à « établir avec de certaines condi- Germain, dit-on, irrita le roi, de gloire de Dumas est d’être pré- de Dumas découvrant Paris et les « copier, de la plus belle écriture pos- la Porte-Saint-Martin. L’œuvre tions d’existence durable et de vitali- Versailles, ville royale, étant un sent, d’un bout à l’autre de la planè- célébrités qu’il admire, et ce boule- sible, le plus grand nombre possible importante vient en 1829, à la té robuste, qui puissent le maintenir désert – on dit aussi que c’est là te, dans des millions de panthéons vard du Temple où naquit le mélo- de lettres », que signera le secrétai- Comédie-Française, avec Henri III dans une attitude digne et littéraire une légende dumasienne entre- qu’on appelle bibliothèques et drame, et qui plus tard lui offrira la re du duc. et sa cour, qui suscite entre anciens (…). Ce théâtre ferait, nous l’espé- tenue par Dumas lui-même ! d’où on le sort pour l’aimer, dans le gloire avant la faillite. Devant les Installé 53, rue du Faubourg- et modernes une bataille qui rons, rejaillir quelque lustre sur la lit- Ce qui n’est pas une légende, silence et le bonheur, en tête à tête. théâtres où des aboyeurs attirent Saint-Denis, Alexandre a vingt- reprendra un an plus tard avec Her- térature qui le soutiendrait et le gou- c’est la journée du 20 février 1847, le client, le jeune homme, fasciné, deux ans. S’il ne s’écrie : « A nous nani. vernement qui l’aurait fondé ».Le qui vit à Paris ce qu’on n’avait (1) Histoire du Théâtre dessinée, rêve. A cette époque, le boulevard deux Paris ! », il le pense. Il y aura Henri III n’apporte pas à Dumas privilège accordé deux ans après le jamais vu et qu’on ne reverra plus d’André Degaine (AG Nizet, 3 bis, traverse en diagonale ce qui allait bien un théâtre pour l’accueillir. que la célébrité. L’argent permet projet, leur théâtre est inauguré. pour un théâtre, un événement à place de la Sorbonne, Paris, 440 p., devenir la place de la République, Sur le boulevard du Crime, c’est une autre vie. Fini les copies de Près de la Porte-Saint-Martin, son la taille de Dumas et de son 27,44 ¤) : l’un des ouvrages les plus tout le côté nord occupé par un ali- l’Ambigu-Comique. La Chasse et lettres. Il emménage dans un vaste nom dit de façon claire la volonté œuvre. L’inauguration du Théâtre- complets sur le fond, et le plus gnement de théâtres, un seul se l’Amour, vaudeville, y est joué. Il a appartement 25, rue de l’Univer- de renouveau, et c’est au Théâtre Historique est sous le signe du déli- extraordinaire par la forme.