« Pourquoi Boycotter Coca-Cola ? » Nous, Associations De Partout En France, Nous Mobilisons En Faveur D'un Boycott Sur Les Produits De L'entreprise Coca- Cola
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Manifeste « Pourquoi boycotter Coca-Cola ? » Nous, associations de partout en France, nous mobilisons en faveur d'un boycott sur les produits de l'entreprise Coca- cola. Il nous semble en effet urgent d'arrêter d'encourager les pratiques inadmissibles de cette multinationale par la consommation de ses produits. Comme l'information manque souvent aux consommateurs et consommatrices, nous souhaitons être entendus afin que le plus grand nombre de personnes ait connaissance des agissements de la Coca-Cola Company et puisse adapter sa consommation en connaissance de cause. Chez I-Buycott, nous interpellons la marque depuis maintenant deux ans via une campagne de boycott réunissant plus de 40 000 consom'acteurs et consom'actrices. Coca, il est temps de répondre à ces milliers de citoyen.ne.s ! Nous ne saurons nous satisfaire de ce silence ! 1 Un monde de plastique Une rapide introduction à la question du plastique : Selon des recherches dévoilées en septembre 2018 dans le reportage « Plastique : la grande intox » de Cash Investigation, 10 tonnes de plastique seraient produites chaque seconde dont 1 tonne serait rejetée dans les océans toutes les 2 secondes. Au total, selon le récent rapport « Pollution Plastique : à qui la faute ? » de l’association WWF, ce sont plus de 310 millions de tonnes de déchets plastiques qui ont été générées en 2016, dont un tiers s’est retrouvé dans la nature. Cette production de déchets plastiques est colossale, et leur gestion est encore trop insuffisante : selon les chiffres de la fédération PlasticsEurope, seuls un peu plus de 40% des emballages plastiques ont été recyclés en Europe en 2016. Tout ceci a un impact sur la biodiversité particulièrement alarmant : décharges à ciel ouvert, formation de gyres de plastique dans les océans (aussi appelés soupe de plastique ou continent plastique) dont un principal dans le Pacifique Nord entre les îles Hawaï et les côtes californiennes. À ce jour, plus de 270 espèces ont été victimes d’enchevêtrement, et plus de 240 ont ingéré du plastique... À ce rythme, de nombreux chercheurs pointent du doigt qu’en 2050, il pourrait y avoir plus de plastique dans les océans que de poissons. Ainsi, il est aujourd’hui indéniable que l’impact de notre production de plastique est catastrophique et que les conséquences sont dramatiques pour l’environnement, la santé humaine et l'économie. 2 Coca-Cola et la question du plastiquE : Avec ses 800 usines d’embouteillage dans le monde, Coca-Cola, c’est 120 milliards de bouteilles par an, soit pratiquement 4000 bouteilles chaque seconde dont la quasi-totalité sont en plastique puisque le système de consigne tend à disparaître ces dernières années. En 2008, la multinationale promet que d’ici 2015, ses bouteilles seraient composées de 25% de plastique recyclé. Résultat : en 2015, à l’échelle mondiale, c’est seulement 7% de plastique recyclé que l’on retrouve dans les bouteilles, selon des mails échangés entre Greenpeace et la multinationale. Désormais, nouvel objectif : En janvier 2018, le groupe Coca-Cola annonce qu’il travaillerait pour « un monde sans déchet » pour l’horizon 2030. Pour cela, il annonce vouloir recycler 100% de ses emballages d’ici 2025 en Europe et 100% dans le monde d’ici 2030. Il mettrait ainsi en place des collectes de l’équivalent de la quantité de plastique qu’il produirait chaque année et incorporerait 50% de plastiques recyclés dans ses bouteilles d’ici 2030. Si ces objectifs paraissent des plus ambitieux, responsables et motivés, et que nous encourageons vivement Coca-Cola à aller dans cette direction – voire à atteindre des objectifs plus audacieux –, il est cependant dans notre droit de nous questionner sur les réelles intentions de la marque. S’agit-il d’une réelle volonté de changer les choses, ou d’une nouvelle stratégie de greenwashing, dont on nous déclarera quelques années plus tard que, bien malheureusement, les objectifs ont échoué ? 3 La problématique de l’eau Coca-Cola et l’eau : Pour fabriquer ses boissons et ses emballages, l’entreprise Coca-Cola annonce consommer chaque année plusieurs centaines de milliards de litres d’eau pour élaborer ses boissons, dont 1,2 L en moyenne pour faire 1 litre de boisson. Selon le site Planetoscope, ce chiffre avoisinerait les 290 milliards de litres d’eau par an, soit 10 000 L d'eau par seconde. Toujours selon celui-ci, sur ces 290 milliards de litres, seuls 114 milliards sont utilisés pour la production des boissons, soit un peu moins de 40% de la consommation totale de Coca-Cola en eau. En effet, les 176 milliards de litres restants servent lors du processus de fabrication pour le rinçage, le chauffage ou la climatisation. Autrement dit, pour fabriquer 1 litre de boisson, l'entreprise utilise en moyenne 2,5 L d'eau. 4 Un programme de restitution d’eau mais un « pillage » qui persiste : Depuis quelques années, pour remédier Les populations se rabattent à sa consommation exorbitante, Coca- fatalement sur les boissons les plus Cola a mis en place un programme de accessibles et attrayantes, au détriment restitution d’eau, le « W a t e r de leur santé : les sodas. Replenishement », grâce auquel l’eau consommée est restituée par la En juillet 2018, un article du New York multinationale aux peuples et territoires Times Espagnol vient renforcer le bien où les usines sont implantées. Pour triste portrait de cette région où une ceci, la firme organise des opérations usine d’embouteillage Coca-Cola s’est d’accès à l’eau potable, de protection implantée : une autorisation d’extraire des bassins hydrologiques, des projets plus de 400 000 mètres cube d’eau à sanitaires et éducatifs… l’année (soit plus de 150 000 litres d’eau par jour), un manque d’eau En 2016, Coca-Cola se flatte d’avoir potable, et des habitants contraints à atteint ses objectifs avec quelques consommer toujours plus de Coca-Cola années d’avance : le programme aurait – dont la bouteille est parfois au même déjà permis de restituer 115% des eaux prix, voire moins chère que l’eau. utilisées en 2015. Ainsi, Chiapas est devenu un des États Cependant, si ce programme compense du Mexique ayant une plus grande les préjudices subis a posteriori, force consommation de cette boisson, avec est de constater que le pillage des eaux une moyenne de 2 L par jour et par perdure, continuant de dégrader les personne. conditions sanitaires et environnementales de certains pays. Cette consommation plus qu’excessive Tel est le cas à San Cristóbal de las entraîne irrémédiablement de Casas, dans le Chiapas au Mexique. nombreux problèmes de santé : le taux de mortalité par obésité a augmenté de Depuis quelques années, de nombreux 30% entre 2013 et 2016, qui est la articles et reportages révèlent l’impact seconde cause de mortalité dans cet de Coca-Cola sur les traditions et la État après les maladies cardiaques. santé de la population de ce pays, et plus particulièrement dans la région du En avril 2017, plus de 1 500 habitants Chiapas. Rappelons ici que le Mexique du Chiapas ont réalisé une marche pour est le 1er pays consommateur de soda. exiger, de manière urgente, l’annulation Cette consommation peut s’expliquer de la concession accordée à Coca-Cola notamment par le fait que l’accès à une pour exploiter les réserves d’eau à des eau potable y est, encore aujourd’hui, fins lucratives. En outre, cette très compliqué dans certaines régions. exploitation génère une forte pollution des eaux et des sols. 5 Désinformation et lobby Coca-Cola, entre lobby et tentative de désinformation : On l’a bien compris, le « trop sucré » n’est jamais bon pour la santé ! Pourtant, la vente de sodas et l’expansion de Coca-Cola dans divers domaines (sports, médecine, université…) restent considérables, grâce aux stratégies marketing et à la puissance de la multinationale sur la scène internationale. En 2015, Foodwatch, organisation française experte des questions d’alimentation, a contribué à mettre au grand jour la stratégie de financement de recherche en Europe de Coca-Cola. Environ 7 millions d’euros ont été distribués, tant à des chercheurs, médecins, qu’à des nutritionnistes, et autres diététiciens, dans l’optique de relativiser l’impact sur la santé de leurs sodas et de prétendre que les boissons light seraient bénéfiques à la santé. Face à ces révélations, l’ANSES (Agence Nationale de Sécurité Sanitaire des aliments) a divulgué un rapport démontrant que les édulcorants dits intenses, utilisés dans les boissons light, n’ont aucun effet de régulation glycémique, ni aucun effet positif sur la santé. Suite à la déconstruction de la stratégie d’influence de Coca-Cola par Foodwatch et l’ANSES, une partie des experts financés par la multinationale a préféré interrompre ses partenariats. 6 Malgré tout, la Coca-Cola Company a poursuivi son entreprise de désinformation du public. En 2017, Coca-Cola, Nestlé, Mondelez, PepsiCo, et Unilever ont tenté de lancer leur propre label nutritionnel. Après une bataille d’influence de longue haleine à l’échelle européenne, Foodwatch a contribué à faire reculer les « big 5 » dans ce projet fin 2018. « Le logo par portion défendu par Mondelez, Nestlé, PepsiCo, Coca-Cola et Unilever n’avait aucun fondement scientifique. Il visait à créer de la confusion pour les consommateurs concernant les véritables qualités nutritionnelles des aliments. Son objectif était de contrer le Nutri-Score, soutenu par la France mais aussi la Belgique et l’Espagne. C’était purement et simplement de la désinformation que nous n’avons eu de cesse de dénoncer. Notre ténacité a payé », a commenté Karine Jacquemart, directrice de Foodwatch France. Aujourd’hui, alors que l'Europe révise sa législation alimentaire, Coca-Cola sponsorise la présidence roumaine du Conseil de l'Union européenne et est officiellement « partenaire platine », c’est-à-dire un des plus généreux donateurs, aux côtés d’entreprises comme Renault, Mercedes-Benz… ou encore le géant pétrolier OMV Petrom ! Le géant des sodas se place ainsi au cœur du pouvoir, des instances européennes.