Anthropologieet Préhistoire,107, 1996, 197 -2Il

30 000 ans d'occupatior, 6 mois de fouilles Shum Laka, un site exceptionnelen Afrique centrale

Philippe LavacHERy, Els ConNELrssEN, Jan MoEyERSoNSet pierre og MeRET

Résumé

L abri sousroche de Shum Laka, au Cameroun(Province du Nord-Ouest),se situe dans la région volcaniquedes Grassfields. Des fouilles récentesont montré que le site.avaitété occupédepuis plus de 30000ans, du aOU"tde l,Âge àe la pierre Récent jusqu'à l'Âge du Fer'Tout en mettanten évidencel'anciennàte a" p""it"ment danscette région clé du continentafricain, berceau des languesbantoues, les nouvellesdonnées de Shum Laka nous permettentd'aborder de nombreusesquestions archéologiques de portée régionale. Abstract (North-Western The rock shelterof Shum l-aka in Proaince)is situatedin the aolcanicregion of the Grassfields.Recent excaaationsreueal an ocuryation of morethan 30,000years spanning the transition from thebeginning of theLte StoneAge to thelron Age. Besides confirmingthe great antiquity of the archaeologicalrecord in thiskey area-of the African con"tiient,craddle of thîBantn langttages, the new euidenceat Shumlakn enablesus to addressseaeral regional archaèologicai isstres.

1. IrrlrnoDucrroN 1963; Ehret, 1982; Bastin et a1.,1983;Heine, I9B4). L étude du lexique de la proto-langue reconstituée Depuis le début de notre aventure coloniale - concept identique à celui de l'indo-européen - les archéologues belges travaillant en Afrique se montre que les locuteurs Proto-Bantous étaient sont essentiellement intéressés au passé du Zaire, agriculteurs, éleveurs et potiers (Ehret, I9g2,l9g4; du Rwanda et du Burundi. Malheureusement Vansina, 7984, 1990). Ils n'auraient acquis la la situation politique et économique de ces maîtrise de la métallurgie que plus tardivement pays s'est progressivement détériorée à un point (de Maret & Nsuka, 1977). Il est important tel que le travail de terrain y est aujourd'hui de préciser que les Pygmées et leurs ancêtres, pro- devenu pratiquement impossible. Les chercheurs bables prédécesseurs des Bantous en Afrique Cen- belges ont donc porté leur intérêt vers les pays trale, n'ont jamais produit ni poterie, ni métal et avoisinants, comme le Cameroun. Cette région a sont toujours actuellement chasseurs-collecteurs en effet une importance toute particulière pour la (Bahuchet, 7993). Si la glottochronologie préhistoire africaine. est trop peu précise pour dater un phénomène culturel de L"une des problématiques fondamentales de la façon absolue, par contre l'archéologie peut nous recherche archéologique au sud du Sahara porte, y aider, pour autant que la diffusion d'une culture depuis les années soixante, sur l'identification bantoue en Afrique Centrale ait laissé des traces des traces matérielles des < migrations )) bantoues archéologiques identifiables comme telles : on (Hiernaux, 1968; Posnansky, 1968; David, 1980; pense naturellement à la poterie et la métallurgie, de Maret, 1989). À l'heure acfuelle, les quelque mais aussi aux indices d'économie de production 450 langues bantoues sont parlées par près de et de sédentarisation. L50 millions d'individus habitant au sud d'une ligne allant de l'est du au . C'est Les Grassfields, zone de hauts plateaux d,ori- leur étroit apparentement et l'homogénéité de leur gine volcanique aux terres fertiles, n'avaient fait distribution qui suggère, selon les linguistes, que l'objet d'aucune fouille archéologique jusqu,aux la répartition actuelle des langues bantoues résulte années soixante-dix : seules des collections de d'un phénomène de diffusion ou de migration surface étaient connues. Ainsi savait-on que la relativement récent à partir d'un centre unique. La région livrait de très nombreux outils lithiques région d'origine des langues bantoues se situerait bifaces, parfois échancrés, rarement polis $ef- à la frontière entre le Nigeria et le Cameroun, dans freys, 1951.,1972;Chikwendu, I9T9). Si cela laissait les Grassfields, au sud-est de la zone des langues présager un peuplement ancien, aucune chrono- Bénoué-Congo dont elles sont issues (Greenberg, logie solide n'était avancée : certains artefacts 198 Philippe LavacHERY et al.

étaient classéscomme " paléolithiques>> , d'autres considérés comme " néolithiques)> sur base de N IGER typologiques (de Maret et a1.,1987). présupposés - -*t.* '\4 a : <. )z^ t'r - -j$r, En 1977 le CNRS consacreun congrès à l'ex- ,'- -..* . -t- l o' ïÉ__* pansion bantoue. Il y sera souligné l'importance NIGERIA 12"if d'effectuer des recherchesarchéologiques dans les Grassfields afin d'en établir la séquencechrono- ",r,^-.- culturelle. Des prospectionset de sondagessont -/ 1' menés, entre 1978 et 1982, par |.-P. Wamier et ,.tl-"tt ,"' P. de Maret d'abord et R. Asombang ensuite.Ils lro3 i révèlent le potentiel archéologique énorme des FE DE GU"I Ltr Sclu ER ouN\,,'-- abris d'Abeke, de Mbi Crater et de Shum Laka ?---;-^-f.----,!' (de Maret, 1980; Wamier, 1984; de Maret et al., ?--'t i g,1988,1995).Un projetpluridisci- 1987; Asomban ( plinaire de fouilles extensivesdans la région est \"/ \ ,-^'--J i( finalementmis sur pieds ent99l, sousla conduite -, ,ù de P. de Maret et R. Asombang. Il se focalisera Laka. Cettecollaboration entre sur le site de Shum Fig. 1 - Carte des sites mentionnés dans le texte' l'Université Libre de Bruxelles, le Musée Royal 1. Shum Laka; 2. IUbi Crater; 3. Abeke; 4' Ukpa; de l'Afrique Centrale et l'Université de Yaoundé 5. Iwo Eleru; 6. Taruga; 7. Dutsen Kongba; 8. Termit; permettra Ia réalisation de deux camPagnesde 9. Bosumpra; 10. Kintampo; L1. Nkpone; 1'2. Konduga. fouille de trois mois (de Maret et aL,1993,1995). Il s'agit, par son amPleur, de la plus importante !994, s'est attachée à la compréhension de la fouille archéologique jamais réalisée en Afrique stratigraphieet de la chronologiedu site (de Maret Centrale. et aL, rigs) Ipl. 1 : 21. À l'issue de ces deux campagnesaucun sol d'habitat véritablementnon perturbé n'a été identifié. Toutefois nous avons eu la bonne fortune de mettre en évidence 2. Ln SITE la plus longue séquence culturelle Pour toute l'Afrique Occidentaleet Centrale,englobant la fin Shum Laka est situé, au Cameroun, à une du Pléistocèneet l'Holocène, ainsi que la plus quinzaine de kilomètres au S.-O. de la ville de ancienne ( nécroPole" du sous-continent. Bamenda,chef-lieu de la province du Nord-Ouest (h9.2), Moeyer- (fig. 1). Labri s'ouvre derrière une chute de la La stratigraphie étudiée Par I. 19961, se présente rivière Laka, à une altitude de L 650 m ASL, dans sons (MRAC) [Moeyersons, un escarpementde tufs consolidét (pl. 1 : 1).C'est comme suit : - une vaste cavité : de 50 m de latge, de 20 m de Les couches pléistocènes se divisent en profondeur et présentant une ouverture de 8 m de deux unités. À la base de la stratigraphie, iraut, ,u t.tp"tficie est d'environ 1 200m2 1deMaret on rencontre les dépôts P, Provenant de la et a1.,1987;Moeyersons, 1.996). désintégrationdes parois de la cavité. Ils ne sont La première campagnede fouille, de décembre pas encoredatés mais sont antérieursà 32000B.P. 1991à février 1992,a eu comme priorité la fouille L unité sédimentaire sus-jacente comporte un " paléo-ethnographique" de la couche supérieure mélangedes dépôts S, dont l'origine est similaire de l'abri. En effet les sondagesde 1978 et 1980 a celle des dépôts P, et des dépôts Si, transportés laissaient augurer de la découverte de niveaux de l'extérieur par l'eau de ruissellement. Ces d'occupation en place (de Maret et aL, 1993).La dépôts S/Si sont datés entre 32000et L3000B.P. seconde camPagne, de décembre 1993 à février Les donnéesfauniques et botaniques évoquent un

PLANCHE 1 1 : Vue extérieure de l'abri de Shum Laka. E 2: Début des fouilles 1993-1994. 3 : Sépulture double : phase d'inhumation ancienne( t 7000B'P')' E E .rr"tl :,j ,:-*rt -':

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Fig.2 - Shum Laka : coupe schématiquede la stratigraphie.

environnement mixte de savaneet forêts galeries de transition qui n'est pas encore datée mais de type montagnard. Le climat du Pléistocène dont le dépôt doit se situer chronologiquement final ne différerait donc guère de celui qui prévaut quelque part entre 6000 et 4000 B.P.Tout au long actuellement dans la région. de l'Holocène, les restes fauniques et botaniques - Les dépôts holocènes sus-jacentspeuvent indiquent un envirorurement mixte de savane être scindés en deux unités. Les dépôts T, dont la et de forêt. La partie supérieure de la couche base date des alentours de 10000B.P. et suggère cendreusegrise, qui a fourni des dates comprises une phase plus humide, provierment de Ia chute entre 2150 B.P. et l'époque moderne, a été d'eau. Vers 9000 8.P., les dépôts T font place remaniée après 3000B.P. par une phase d'érosion. latéralement à la coucheA, quirePosedirectement Cela signifie que les échantillons datés ne sont sur les dépôts S/Si, à l'intérieur de l'abri. La probablement pas en place. partie inférieure de la coucheA,la couchecendreuse ocre, est datée entre 9000 et 6000 B.P. et consiste La séquenceculturelle, dont la phase pléisto- cène est étudiée par E. Cornelissen (MRAC) et la en un mélange de sédiments ProvenÉrnt du (ULB), remaniementdu substrat Pléistocèneet de cendres phase holocènepar Ph. Lavachery s'établit d'origine anthropique. La partie supérieure de la comme suit (de Maret et aI.. 1987; Cornelissen, couche A, la couchecendreuse grise, datée entre L996;Lavachery, L996): 4000 et 3000 8.P., comprend des cendres ocrles - Dès avant 32000 B.P. dans les dépôts P, remaniées ainsi qu'un nouvel apport de cendres et jusqu'à 13000B.P. dans le sommet des dépôts anthropiques. Entre les deux s'intercaleune couche S/Si, on observe des industries essentiellement Shum Laka, un site exceptionnelen Afrique centrale 201 microlithiques dont l'outillage est façonné par des nucléus ayant fourni pointes ef lames aient retouche abrupte sur éclats de quartz, silice et été identifiés (fig. 5 : 5). La céramique est plus obsidienne. Celui-ci comprend des segments, des fréquente et est décorée d'impressions simples ou lamelles à bord abattu (fig. 3 :15-16,18), des éclats pivotantes au peigne et de traçage au peigne ou appointés (" perçoirs "; fig. 3 : 10-13), des petits au bâtonnet (fig. 5 : 12-19). D'un point de vue discoïdes (fig. 3 :8-9), des petits grattoirs réalisés strictement technologique, cet assemblage n'est par retouche abrupte et des pièces retouchées plus caractéristique du LSA stricto sensu. (fig. 3 : 74, I7). Le débitage est majoritairement - Dans la partie moyenne des cendres grises, indéterminé (fig. 3 : 4,7) mais quelques nucléus qui a livré des dates comprises entre 2150 et à lamelles (fig. 3 : 1-3) et nucléus discoïdes 900 8.P., apparaissent les premiers témoins de (fig. 3 : 5-6) sont présents. Cette technologie est l'Age du Fer. Ils sont malheureusement mêlés à de typique de l'Âge de la Pierre Récent (Lati Stone petits artefacts lithiques des niveaux sous-jacents Age ou LSA). L étude en cours vise à identifier qui ont été déplacés par l'érosion. Un fragment de d'éventuelles variations chronologiques au sein bracelet et une bague en métal y ont été découverts de ce complexe microlithique. en 7982 (Asombang, 1988). La céramique est - Cette même technologie LSA reste prédo- très différente de celle des couches inférieures : minante durant la première moitié de l'Holocène, la décoration la plus fréquente est maintenant entre 10000 et 6000 8.P., dans les dépôts T et la réaliséeà la roulette en bois taillée (fig. 6 : I,2,5). couchecendreuse ocre. U industrie, majoritairement Il n'est pas possible d'isoler de façon satisfaisante façonnée sur quartz, reste avant tout microli- l'industrie lithique de l'Âge du Fer Ancien de thique. Toutefois, aux alentours de 7000 8.P., de la phase précédente étant donnés les mélanges nouvelles techniques font leur apparition dans les entre les deux niveaux (Lavachery, sous presse) cendres ocres : le façonnage bifacial macrolithique, mais deux nouveaux types d'outils apparaissent le polissage et, semble-t-il, les toutes premières néanmoins dans ces couches : une herminette céramiques. Il s'agit de rares outils macrolithiques entièrement bouchardée et polie (fig. 6 : 7) et bifaces en basalte et tufs (fig. 4 : 1) et de une pointe de flèche biface (fig. 6 : 6). Dans la plusieurs fragments polis dont l'un a été aménagé partie supérieure des cendres grises, datée de ultérieurement (fig. en racloir 4 : 2). Quelques 200 8.P., apparaissent des récipients présentant tessons ont été exhumés au même niveau qu'une une nouvelle technique décorative : la roulette sépulture datée aux alentours de 6900 B.P. Leur en fibre tressée (fig. 6 : 3). Ils sont mélangés décor pourrait avoir été exécuté d'impressions avec des artefacts lithiques et des tessons des au peigne. Des datations en cours viendront phases antérieures, mais ils sont certainement confirmer l'âge du niveau lui-même. récents. Rappelons que la chronologie de ces La tendance macrolithique s'accentue progres- phases d'occupation de l'Âge du Fer ne peut sivement dans la couchede transition. A la base la pas être établie de manière précise puisque les couchecendreuse grise, entre 4000 et 3000 B.P.,les dépôts ont été remaniés après 3000 B.P. et que les outils macrolithiques sur basalte et tufs sont deve- échantillons de charbon de bois datés ne sont pas nus majoritaires. Les outils bifaces sont devenus le nécessairement en place. type le plus fréquent, certains rappelant parfois des pièces de l'Âge de la Pierre Moyen d'Àfrique Quelle était la stratégie de subsistance des Centrale (fig. 4 : 4). Toutefois les ,, haches,' à occupants de Shum Laka? Pour le Pléistocène, échancrures (zoaisted axes), parfois partiellement les données sont encore malheureusement inexis- polies, sont maintenant bien représentées(fig. 4: tantes. Pendant l'Holocène, l'activité principale 3, 5, 6). L outillage sur éclat consiste surtout en dans l'abri semble être la chasse : la paléo-faune grandes lames et pointes de basalte retouchées reconnue dans toutes les couches montre que les (fig. 5 : 10, 11) alors que les microlithes sont gibiers de prédilection sont des espècesforestières devenus rares (fig. 5 : 6-9). Le débitage reste comme le buffle nain (Syncerus cffir nanus) et majoritairement indéterminé mais la technique l'hylochè re (Hylochoerusmeiner tzhageni) [de Maret laminaire, surtout pratiquée sur basalte et tufs, est et aL,7987). Mais de nombreux fragments d'endo- bien développée (fig. 5 :3,4). La présenced'éclats ca{pes d'une noix oléagineuse, le canarium (Cana- triangulaires très caractéristiques (fig. 5 : 7,2) a rium Schweinfurthii), ont aussi été identifiés (Asom- fait penser à l'existence de la méthode Levallois. bang, 1988). Ils apparaissent dans la couche cen- Toutefois, elles paraissent plutôt procéder de la dreuse ocre, entre 7000 et 6000 B.P.,et deviennent même chaîne opératoire que les lames classiques fréquents dans la couche cendreuse grise, à partir étant donné le continuum morphologique que de 4000 B.P. Oç on considère que l'exploitation l'on observe entre les deux types et le fait que intensive de fruits comme le canari.t- èt la noix 202 Philippe LavacHERY et al. WW 2 wI ffi W W3W vA w

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Fig. 3 - Shum Laka, industrie sur quartz datant du Pléistocènetardif. Shum Laka, un site exceptionnelen Afrique centrale 203

- Fig. a Shum Laka, industrie lithique holocène. 1-2. couche cendreuse ocre; 3-6. couche cendreuse grise. 204 Philippe LevacHERv et aI.

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Laka, industrie lithique et céramiqueholocènes de la couche cendreusegrise. Shum Laka, un site exceptionnel en Afrique centrale 205

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Fig. Shum Laka, industrie lithique et céramique holocènes. L,2, S-7. Âge du Fer Récent. 206 Philippe LavecHsRY et al. de palme (Elaeis guineensis) pourrait constituer stratégie relève donc bien d'un choix culturel et l'indice des débuts de l'agriculture dans le Golfe non pas d'une adaptation à l'environnement. de Guinée (Smith, 1975; Shaw, 7976; de Maret, 2. Macrolithisme et pointes triangulaires ., Le- 198e). vallois > sont exclusivement holocènes et suc- L abride ShumLaka a aussiservi épisodique- cèdent à plus de 20 000 ans de microlithisme à ment de site funéraire durant l'Holocène (de Ma- Shum Laka. Ces technologies ne peuvent donc pas rct et a\.,1995;de Maret,7996; Orban et a\.,1996). être considéréescomme des indices d'un Age de Dix-huit squelettes humains y ont été découverts, la Pierre Moyen (Middle StoneAgr) du Pléistocène ce qui constitue, de loin, la plus importante collec- final quand ils sont identifiés dans des collections tion de restes humains de cette époque en Afrique de surface (McDonald & Allsworth-Jones, 1994; Occidentale et Centrale. La majorité des individus Lavachery, sous presse). L Âge de la Pierre Moyen inhumés dans l'abri sont des juvéniles. Toutes du Golfe de Guinée doit être beaucouP plus ancien les sépultures ont été datées et elles peuvent qu'on ne l'a cru généralement (Cornelissen, sous être scindées en deux phases d'inhumation. La presse b). À Shum Laka, le macrolithisme semble première, aux alentours de 7000 B.P.,est associéeà être apparu au sein d'une industrie microlithique l'occupation de la couche cendreuseocre (pl. 1 : 3). aux alentours de 7000 8.P., peut-être en même La seconde, vers 3000 B.P., est contemporaine de temps que la céramique. Il s'y serait développé l'assemblage macrolithique des cendres grises. Les très progressivement, jusqu'à supplanter presque rites funéraires sont extrêmement variés dans les totalement la technologie dite de l'Âge de la Pierre deux phases (inhumations simples, doubles, fosse Récent entre 5000 et 4000 B.P. Ce phénomène est commune, inhumations secondaires, crémation), confirmé dans les sites voisins d'Ukpa (fig. I : 4; à tel point qu'il n'est pas encore possible de Hartle, 1980), d'Abeke (fig. 1 : 3; de Maret et al., démontrer une quelconque évolution entre 7000 et 7987)et de Mbi Crater (fig. I:2; Asombang, L988). 3000 B.P. Signalons que l'un des enfants enterré 3. Il semblerait - si l'âge de la plus ancienne dans une fosse commune de la phase récente céramique de Shum Laka est confirmé Par avait l'os iliaque percé d'une pointe de flèche : des datations ultérieure que la poterie soit s'il peut s'agir d'un simple accident, c'est aussi timidement apparue dès 7000 B.P. dans le Golfe peut-être l'indice de l'ancienneté des conflits entre de Guinée. Auparavant, les premières traces de les différents groupes peuplant les Grassfields cette technique au sud du Sahara étaient datées (de Maret,1996). aux environs de 6000 B.P.au sud du Ghana dans les sites de Nkpone (fig. 1 : 11) et de Kintampo (fig. 1 : 10; Calvocoressi & David, 1979; Stahl, 1985) et au nord-est du Nigeria à Konduga, près du lac Tchad (fig. 1 : 12; Breunig, 1995). 3. DTSCUSSION La technique de la poterie, toujours décorée au Vu la rareté des sites anciens connus à ce jours peigne avant 2500 B.P. dans le Golfe de Guinée, à ta périphérie du Golfe de Guinée, les fouilles pourrait provenir du Sahara où certains sites de l'abri de Shum Laka et l'étude archéologique livrent des dates encore plus anciennes Pour générale des Grassfields ont permis, Pour la des assemblages technologiquement comparables première fois, de préciser un certain nombre (Roset, 7987; Muzzolini,1993; Close, L995). de points capitaux concernant le peuplement de l'Afrique Occidentale et Centrale : La meilleure connaissance de la séquence L. Auparavant,la plus ancienne industrie LSA chrono-culturelle des Grassfields, comparée à du Golfe de Guinée avait été datée aux alentours celles du Nigeria et du Ghana, nous permet de de 12000 B.P. à Iwo Eleru (fig. 1 : 5; Shaw préciser quelques hypothèses et d'en formuler & Daniels, L984). Le microlithisme y était donc d'autres : considéré comme un phénomène uniquement 1. À la périphérie du golfe de Guinée, les Holocène. Aujourd'hui la séquence culturelle de industries devenues entièrement macrolithiques Shum Laka démontre que l'Age de la Pierre vers 5000 B.P. ne se rencontrent, en stratigraphie, Récent remonte en réalité à la fin du Pléistocène que dans les Grassfields et le sud-est du Nigeria. (Cornetissen, 1996, sous presse). On peut affirmer Elles sont représentées dans les sites d'Ukpa, que le caractère microlithique de l'industrie n'est de Mbi Crater, d'Abeke et de Shum Laka. Vers pas déterminé par la nature de la matière l'ouest, dans le restedu Nigeria et jusqu'au Ghana, première. En effet, les tufs étaient accessibles poterie et hachespolies d'avant l'Âge du Fer n'ont depuis toujours dans l'abri et ils ont été ignorés jamais été découvertes qu'au sein d'industries au profit du quartz entre 32000 et 9000 B.P. Cette microlithiques. Significatifs à cet égard sont les Shum Laka, un site exceptionnel en Afrique centrale 207

sites d'Iwo Eleru, de Dutsen Kongba (fig. I : T; pris place entre 3500 et 2500 B.p. (Livingstone- York, 1978),de Bosumpra (fig. 1 : 9; Smith,ISTS) et Smith et aL, 1995). D'autre part, jusqu'à présent de Kintampo. Quelle peut être la signification de aucun fourneau de fonte de fer n'a été daté cette répartition géographique? Il est évidemment antérieurement à 2500 B.P. dans cette région. Ce trop tôt pour avancer une explication définitive. fait était interprété comme une indication que Mais il est déjà intéressant de constater que la la métallurgie n'était pas pratiquée avant cette frontière entre ces deux ensembles correspond, date (de Maret & Thiry, 7996). Mais la disparition non pas à une limite enaironnementaleentre zone soudaine et quasi généralisée du débitage de la de savane et zone de forêt (Shaw, I9Z7; Stahl, pierre, dès 3500 8.P., donne pourtant à penser - 1993) puisque les deux groupes pouvaient que les locuteurs bantous utilisaient déjà le fer apparemment exploiter un milieu mixte très comme substitut à l'outillage lithique sur éclat. similaire (Talbot et aL, 7984; de Maret et aI., L absence de fours de fonte indiquerait simple- 7987, 7995) mais plutôt à une frontière ment qu'ils n'étaient pas encore producteurs de culturelle: celle qui sépare aujourd'hui encore les métal. Avant 25008.P., les populations du Golfe de langues Bénoué-Congo occidentales et orientales Guinée se procuraient peut-être le métal par voie n'est pas très éloignée (Blench, 1993). S'il s'agit commerciale en provenance du sud du Sahara. bien de la même ligne de démarcation, cela Dans le massif de Termit, au Nigea des traces de présupposerait une très surprenante permanence fonte du fer sont datées d'avant 3000 B.p. (paris de la répartition du peuplement depuis plusieurs et aL, 1992; Quechon, 1995). Il en découle que millénaires. Cette hypothèse pourrait pourtant la phase pendant laquelle les techniques macro- être partiellement étayée par les résultats issus de lithique et céramique supplantent les industries l'analyse des langues bantoues des Grassfields. LSA, antérieure à la diffusion de la céramique Ceux-ci montrent en effet que ces langues se et du métal vers le sud, identifiée à la frontière seraient développées sur place depuis au moins Nigeria-Cameroun entre 5000et 4000B.p., pourrait 3000 ans (Stallcup, 1980; Ehret, \982; Warnier, correspondre à l'époque où s'y parlait la langue 1984). bantoue ancestralecommune (de Maret, 1989). 3. Si les artisans des industries macrolithiques 2. Le développement du macrolithisme et de des Grassfields étaient peut-être proto-Bantous, la poterie dans les Grassfields semble bien pouvoir les indices d'économie de production n'en restent être mis en relation avec celui d'une culture proto- pas moins conjecturaux. Deux raisons expliquent Bénoué-Congo orientale, voire Proto-Bantoue. De- ce fait : (1) l'igname, tubercule identifié par les lin- puis longtemps, l'arrivée de la poterie en Afrique guistes comme étant cultivé dès la période proto- Centrale, au sud des Grassfields, est associéeaux Bénoué-Congo occidental (Ehret, 1984; William- < migrations >)des locuteurs Bantous, ou du moins son, 1993), ne laisse aucune trace archéologique à la diffusion de leur culture (Hiernaux, 1968; identifiable par les méthodes d'analyse appliquées Posnansky, L968; David, 1980; de Maret, 1989). jusqu'à présent en Afrique; (Z) les abris sous La céramique n'apparaît en Afrique Centrale que roche, seuls sites fouillés jusqu'à présent dans vers 3500-3000 8.P., dans un contexte de vastes le Golfe de Guinée, servaient apparemment de villages sédentaires. Parallèlement les industries haltes de chasse et/ou de sites funéraires. Il est lithiques subissent un profond déclin : seules les peu probable qu'ils livrent jamais des preuves tan- " haches " polies continuent à y être produites gibles que l'agriculture était connue. Les indices alors que l'outillage sur éclat disparaît presque sont donc indirects : la linguistique historique et totalement de façon générale (Lavachery, t99 6) . La l'ethnographie nous indiquent que les noix de poterie d'Afrique Centrale, des origines jusqu'à palme et de canarium sont consommées en asso- l'heure actuelle, est décorée au peigne et au ciation avec l'igname depuis des millénaires dans bâtonnet. Or, dans la zone qu'auraient occupé le Golfe de Guinée (Coursey, 1976; Harlan, 1992; les Proto-Bantous, le décor à la roulette en bois Vansina, 1990). Or les données archéologiques apparaît, à Târuga, âu Nigeria, vers 2500 B.p. provenant d'abris du Ghana (Bosumpra, Kin- avec les premiers métallurgistes de la Culture tampo) et du Cameroun (Shum Laka) montrent Nok (fig. 1 : 6; Fugg, 1968) et est très abondant que leur exploitation s'est accentuée entre 6000 dès 2150 B.P. à Shum Laka, dans les Grassfields et 3000 B.P.(Smith,1975; Asombang,ISBS; Stahl, (de Maret et aL, 1987; Lavachery 1996). Afin 1985). La présence de ces noix peut-elle être d'expliquer l'absence de la roulette en Afrique considérée, par analogie, comme une indication Centrale, il faudrait donc admettre que les pre- que l'igname était déjà cultivé à l,époque (Shaw, < mières migrations )> des potières bantoues, ou 1977)? Les " haches, bifaces, qui apparaissent la diffusion de leur technologie, doivent avoir simultanément, étaient toujours utilisées comme 208 Philippe LavacHERY et aI. des outils de défrichement lors de la préparation Par la longueur de sa séquence culturelle, par de nouveaux champs au début du xxe siècle, la richesse et la variété des données archéolo- entre autres chez les Bubi de Bioko (Vansina, giques, climatologiques et anthropologiques qu'il 1985). Celles qui ont été découvertes dans les recèle, l'abri de Shum Laka apparaît de plus en abris sous roche sont-elles la trace matérielle des plus comme un site exceptionnellement riche Pour débuts de l'agriculture dans le Golfe de Guinée reconstituer le passé de la majeure partie des entre 7000 et 3000 B.P.? C'est certainement pen- habitants de l'Afrique noire. dant cette période que ces populations passèrent d'une économie de prédation à une économie Remerciements Néanmoins il est encore de production partielle. Cette recherchea été menée sur le terrain et en impossible de dire si on peut établir un lien direct laboratoirepar une équipe pluridisciplinaire qui, outre entre les évolutions économique et technologique les auteurs et l'archéologueR. Asombang, comprend de la région. Le manque de données directes, et un paléozoologue(Dr. W. Van Neer, MRAC), des pa- le fait qu'il n'existe pas de distinction nette entre léoanthropologues(Dr. R. Orban et I. Ribot,IRSNB),un les économies de prédation et de production en palynologue(Dr. |. Maley,ORSTOM, Montpellier) et un Afrique sub-saharienne, nous interdit aujourd'hui technicienchargé de la logistique et des identifications anthracologiques(H. Doutrelepont,MRAC). Une aide encore de parler de ,, néolithique " dans le sens précieusea été apportéesur le terrain et en laboratoire socio-économique du terme (Shaw, 7977; Stahl, par desétudiants et deslicenciés en archéologie(N. Col- le 1993). Ainsi, nous utilisons provisoirement lard, S. Collette, E. De Crits, S. Fagnard, S. Fenaux, terme "Âge de la Pierre au Métal ,, (Stoneto Metal F.Renoirte et Z. Rosinsky(ULB), S. Boulay et C. Garreau Age) ahn de caractériser l'époque où apparaissent (ParisX), A. Dweazoniet E. Keumaleu(U.Y.) ainsi que macrolithisme et céramique en Afrique Occiden- N. Nyst (ULB). Les illustrations ont été réaliséespar tale et Centrale (de Maret,7994-1995). Y. Paquay (MRAC). Enfin nous avons reçu le concours (MESIRES) 4. L étude des indices géomorphologiques, des autorités camerounaises qti nous ont accordéles autorisationsde recherche.Sur le site nous fauniques et botaniques portant sur l'environne- avons bénéficiéde l'hospitalité et de l'aide du Fon et ment permet de mettre en évidence la faiblesse de la population de Bafotchu-Mbu.Qu'ils trouvent tous des variations climatiques depuis 30000 B.P.dans ici l'expressionde notre gratitude. les Grassfields (de Maret et aI., t987; Giresseet al., 1994; Kadomura et Kiyonaga , 1994; Moeyersons, Note t996). La période aride autour de 18000 B.P. été effec- et les oscillations plus sèches de l'Holocène y Les datations au radiocarbone ont tuées par le NiedersiichsischesLandesamt Bodenfor- sont assez peu sensibles. La stabilité d'un climat fùr schungd'Hanovre (numéros de référence: Hv-8963-5, chaud et humide est probablement relativement Hv-10587-8),par BetaAnalytic lnc. (numéros de réfé- du golfe due à la fois à l'altitude et à l'influence rence: Beta-Sl83 4-7) et par l' Oxfor d RadiocarbonAccelera- de Guinée. Ce phénomène a Peut-être contribué for (numéros de référence: OxA-1362, 4538-9,49U-5, à la permanence du peuplement dans la région 5200-5207et 5635-5636). depuis la fin du Pléistocène, alors que d'autres zones plus exposées pourraient avoir été plus sévèrement perturbées, voire dépeuplées, entre Bibliographie 20000et 150008.P., pendant le maximum glaciaire (Brooks et Robertshaw 1990). Plus tard, durant Asovtneruc R. N., 1988. Bamenda in Prehistory l'Holocène, la clémence la seconde moitié de (eaidencefrom Fiye Nkwi, Mbi Crater and Shum de ce climat et la fertilité des terres arables a Laka rockshelters).Ph.D. Thesis, University of pu favoriser une haute densité de population London, London. et le développement, dans cette zone-là plutôt BaHUcHET S., 1993. History of the inhabitants of qu'une autre, d'une agriculture Bénoué-Congo the Central African rain forest: perspectives autochtone très ancienne (Shaw 1977; Wamier from comparative linguistics. In : C.M. Hla- t984; de Maret 1989, sous presse b). dik, O. F. Linares, H. Pagezy, A. Semple & 5. Enfin, l'étude anthropométrique des osse- M. 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Adressedes auteurs :

E. ConNELISSEN Afdeling Prehistorieen Archeologie Koninklijke Museum voor Midden-Afrika B-3080 Tervuren (Belgique)

P. os Mansr et ph. LevecsEny Centred'Anthropologie Culturelle (Cp 124) Université Libre de Bruxelles Avenue ]eanne, 44 B-1050 Bruxelles (Belgique)

f. MoEvrnsoNs Afdeling Bos-en Landbouweconomie Koninklijke Museum voor Midden-Afrika 8-3080 Tervuren (Belgique)