Tageblatt Montag, 10. März 2014 • Nr. 58 KULTUR 13

Trost statt Trauer: Brahms’ „Ein deutsches Requiem“ der „Chorale Uelzecht“ und des Orchesters Estro Armonico Eine erstklassige, souveräne Darbietung

Delia Pifarotti Aus dem künstlerischen Kon- nubium zwischen der „Chorale municipale Uelzecht“, dem Or- chester Estro Armonico und den Solisten Danièle Patz (So- prano) und Luc Nilles (Bary- ton) entstand, unter der Lei- tung von Jeff Speres, eine hockkarätige musikalische Darbietung, die den Zuhörern in der prall gefüllten Escher St.-Josef-Kirche lange in Erin- nerung bleiben wird.

Die vielen Proben, die das Ein- studieren eines so anspruchsvol- len Werkes wie „Ein deutsches Requiem“ wohl benötigt hat, sind der Mühe wert gewesen. Chor, Solosänger und Orchester haben ihre Talente fruchtbar zusam- mengeschlossen und Jeff Speres, der seit 1998 die „Chorale Uel- zecht“ leitet, hat an die Erfolge seiner vergangenen Konzerte an- geknüpft. Leicht und souverän

Die majestätische und gleichsam besinnliche Kulisse der neogoti- schen Dekanatskirche, deren Bauzeit (1873-1877) der Urauf- Die Escher „Chorale Uelzecht“ und das Orchester Estro Armonico: Im Vordergrund (Bildmitte) die Solisten Danièle Patz und Luc führungszeit des Brahmschen Nilles sowie Dirigent Jeff Speres (v.l.n.r.)

Requiems entspricht (1868), ge- von Brahms angegebenen Tempi währte dem speziellen Abend reichen von eingangs „ziemlich den gebührenden visuellen und langsam und mit Ausdruck“, akustischen Gesamteindruck. über „etwas bewegter“ und „alle- Da man unter „Requiem“ eine gro non troppo“, bis hin zu „viva- Heiligenmesse für Verstorbene ce“, „allegro“ und „feierlich“, was sowie auch eine kirchenmusika- den hoffnungs- und trostbringen- lische Komposition zum Geden- den Charakter seiner Kompositi- ken an die Toten versteht und die on unterstreicht. Texte gewöhnlich in Latein ge- schrieben sind, hat Brahms sein Werk „Ein deutsches Requiem“ Kräftiger Applaus genannt, um auf die deutsche Sprache seiner Texte hinzuwei- Das renommierte Orchester sen. Estro Armonico, die erfahrenen Die sieben Teile (Sätze) seines Sänger der „Chorale Uelzecht“ Requiems bestehen aus Auszü- und die talentierten Solisten ha- gen des Neuen und Alten Testa- ben, unter der professionellen ments der Lutherbibel und sind, Leitung von Jeff Speres, den An- rd

ha anders als erwartet, keine weisungen des deutschen Meis-

sc schwermütigen Trauerverse, son- ters der Hochromantik voll und Ri

n dern sie bestehen aus trostbrin- ganz Rechnung getragen und am ai gende Psalmen und Zitate für die Samstag ein erstklassiges Kon- Al

s: Lebenden. zert geboten, das mit viel Auf- to Insofern ist auch die Musik kei- merksamkeit und anschließen- Fo nesfalls bedrückend, sondern zu- dem langanhaltenden, kräftigen Höchst zahlreich hatte sich das Publikum zu dem Konzertereignis eingefunden gleich leicht und souverän. Die Applaus gewürdigt wurde.

Décès de Gerard Mortier à 70 ans Un brillant artisan d’un opéra innovant

Le Belge Gerard Mortier est suisse Luc Bondy, qui a collaboré Salzbourg, qui l’enrôle (1992- remporte de nouveaux succès décédé à l’âge de 70 ans après avec lui à plusieurs reprises. „Il a 2001) à l’issue du long règne du avec des opéras comme „Cosi fan avoir mené la carrière de pa- été très important pour l’opéra, il maestro autrichien Herbert von Tutte“ de Mozart, mis en scène tron d’opéra la plus brillante et a fait beaucoup bouger les cho- Karajan. Gerard Mortier pro- début 2013 par le réalisateur au- tumultueuse des trente derniè- ses. Il n’était pas consensuel du clame la naissance d’un „Nou- trichien . Visi- res années, défendant sans re- tout, il avait une grande person- veau Salzbourg“ en s’en prenant blement affaibli, il avait tenu à lâche la modernité de l’art lyri- nalité, mais en même temps il ré- à l’influence des maisons de dis- être présent à la présentation de que et sa dimension théâtrale. fléchissait beaucoup à la cohé- ques et aux conservatismes lo- l’opéra „“ Gerard Mortier, directeur artis- rence de ses programmations“, a caux avec des productions radi- en janvier dernier à Madrid, pro- tique du Teatro Real de Ma- ajouté celui qui dirige depuis cales. duction qu’il avait commandée drid jusqu’en septembre 2013, 2012 le Théâtre de l’Odéon, à Pa- en 2008 au compositeur améri- souffrait d’un cancer. ris. cain . Le Tea- Né à Gand le 25 novembre „Mortier au bûcher!“ tro Real a décidé de mettre en Il est décédé samedi, „dans la 1943, fils de boulanger éduqué berne les drapeaux ornant sa fa- nuit, chez lui à Bruxelles“, a indi- chez les jésuites, Gerard Mortier Après un intermède durant lequel çade et de lui dédier la représen- qué hier dans un communiqué fait ses classes en Allemagne il lance en Allemagne la novatrice tation d’„Alceste“, de Gluck, hier l’établissement madrilène, en fai- (Düsseldorf, Francfort, Ham- RuhrTriennale (2002-2004), le après-midi, durant laquelle une Gerard Mortier sant part de „sa profonde douleur bourg) avant d’être engagé Gantois prend les rênes de minute de silence était prévue. et sa consternation“. comme conseiller (1979-1981) de l’Opéra de Paris, capitale où l’on La ministre française de la Cul- Ce brillant directeur globe-trot- et Hugues Gall doit, selon lui, „lutter pour ouvrir ture, Aurélie Filippetti, a salué la du 8 avril. Stéphane Lissner, qui teur – passé par le Théâtre royal à la direction de l’Opéra de Paris. les esprits“. L’accueil est parfois „politique artistique exigeante et prendra la tête de la maison pari- de à Bruxelles, le Fes- Pendant onze ans (1981-1992) à houleux. Pour „Iphigénie“, un couronnée de succès“ d’un diri- sienne cet été, a également rendu tival de Salzbourg mais aussi la tête du Théâtre royal de la spectateur crie: „Mortier au bû- geant „visionnaire“ qui „aura su hommage au „défenseur d’un art l’Opéra de Paris jusqu’en 2009 Monnaie, il replace la maison cher!“. faire entrer dans le XXIe siècle“ lyrique résolument inscrit dans le avant de rejoindre Madrid – s’est bruxelloise sur l’échiquier euro- „J’ai mes détracteurs, j’ai mes l’Opéra national de Paris. XXe puis dans le XXIe siècle“ illustré par ses choix radicaux. péen avec des metteurs en scène hooligans (...) mais j’ai aussi un L’Opéra de Paris, faisant part de ayant „combattu les conservatis- „C’était un grand innovateur et inventifs (Luc Bondy, Herbert public très fidèle, d’aficionados“, sa „grande tristesse“, lui dédiera mes, les routines et les traditions un grand directeur d’opéra“, a Wernicke ...). Ses succès assure l’intéressé en quittant Pa- la reprise de „Tristan et Isolde“ dans ce qu’elles ont de plus rétro- confié à l’AFP le metteur en scène n’échappent pas au Festival de ris en 2009. A Madrid, le Gantois donnée à l’Opéra Bastille à partir grade“.